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segunda-feira, 16 de março de 2009

1891 - Edgar Debas

Morte de Edgar Debas, em Madrid com a idade de 47 anos.

1891, 2 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 5
Pag. 274, 275, 276, 277
*
PHOTOGRAPHIE. - La photographie des couleurs. Note de M. G. Lippmann.

« Je me suis proposé d’obtenir sur une plaque photographique l’image du spéctre avec ses couleurs, de telle façon que cette image demeurât désormais fixee et pût rester exposée indéfiniment au grand jour sans s’altérer.
« J’ai pu résoudre ce problème en opérant avec les substances sensibles, les développateurs et les fixatifs courants en Photographie, et en modifiant simplement les conditions physiques de l’expérience. Les conditions essentielles pour obtenir les couleurs en Photographie sont au nombre de deux : 1º continuité de la couche sensible; 2º présence d’une surface réfléchissante adossée à cette couche.
» J’entends par continuité l’absence de grains: il faut que l’iodure, le bromure d’argent, etc., soient disséminés à l’intérieur d’une lame d’albumine de gélatine ou d’une autre matière transparente et inerte, d’une maniére uniforme et sans former de grains qui soient visibles même au microscope; s’il y a des grains, il faut qu’ils soient de dimensions négligeables par rapport à la longueur d’onde lumineuse.
« L’emploi des grossières émulsions usitées aujourd’hui se trouve par là exclu. Une couche continue est transparente, sauf ordinairement une légère opalescence bleue. J’ai employé comme support l’albumine, 1e collodion et la gélatine; comme matières sensibles, l’iodure et le bromure d’argent; toutes ces combinaisons donnent de bons résultats.
» La plaque, sèche, est portée par un châssis creux où l’on verse du mercure; ce mercure forme une lame réfléchissante en contact avec la couche sensible. L’expoisition, le développement, le fixage se font comme si l’on voulait obtenir un négatif noir du spectre; mais le résultat est différent : lorsque le cliché est terminé et séché, les couleurs apparaissent.
» Le cliché obtenu est négatif par transparence, c’est-à-dire que chaque couleur ést représentée par sa. complémentairre. Par réflexion, il est posïtif, et on voit la couleur elle-même, qui peut s’obtenir très brillante. Pour obtenir ainsi un positif, il faut révéler ou parfois renforcer l’image de façon que le dépôt photographique ait une couleur claire, ce qui s’obtient, comme l’on sait, par l’emploi de 1iqueurs acides.
» On fixe à l’hyposulfite de soude suivi de lavages soignés; j’ai vérifié qu’ensuite les couleurs résistaient à la lumière électrique la plus intense.
« La théorie de l’expérience est très simple. La lumière incidente, qui forme l’image dans la chambre noire, interfère avec la lumière réfléchie par le mercure. II se forme, par suite, dans l’intérieur de la couche sensible, un système de franges, c’est-a-dire de maxima lumineux et de minima obscurs. Les maxima seuls impressionnent la plaque; à la suite des opérations photographiques, ces maxima demeurent marqués par des dépôts d’argent plus ou moins réfléchissants, qui occupent leur place. La couche sensible se trouve partagée par ces dépots en une série de lames minces qui ont pour épaisseur l’intervalle qui séparait deux maxima, c’est-à-dire une demi-longueur d’onde de la lumière incidente. Ces lames minces ont donc précisément l’épaisseur nécessaire pour reproduire par réflexion la couleur incidente.
« Les couleurs visibles sur le cliché sont ainsi de même nature que celles des‘bulles de savon. Elles sont seulement plus pures et plus brillantes, du moins quand les opérations photographiques ont donné un dépôt bien réfléchissant. Cela tient à ce qu’il se forme dans l’épaisseur de la couche sensible un très grand nombre de lames minces superposées: environ 200, si la couche a, par exemple, 1/20 de millimètre. Pour les mêmes raisons, la couleur réfléchie, est d’autant plus pure que le nombre des couches réfléchissantes augmente. Ces couches forment, en effet, une sorte de réseau en profondeur, et, pour la même raison que dans la théorie des réseaux par réflexion, la pureté des couleurs va en croissant avec le nombre des miroirs élémentaires. «


PHOTOGRAPHIE. - Observations de M. Edm.Becquerel sur la Conamunication de M. Lippmann au sujet de la reproduction photographique des couleurs.

« Je désire faire remarquer toute la différence qui existe entre le procédé entièrement physique que vient d’exposer M. Lippmann pour reproduire photographiquement les couleurs de la lumière, et le procédé photochimique que j’ai découvert en 1848 pour obtenir les images colorées du spectre lumineux ainsi que les images des objets avec leurs couleurs propres; c’est à l’aide d’une même substance chimique, le sous-chlorure d’argent, formé à la surface de lames d’argent, et dont j’ai indiqué la préparation et les modifications si curieuses sous diverses influences et notamment sous l’action de la chaleur, que j’ai pu atteindre ce but (1) ([i]) .
» On peut du reste, lors de la préparation de la substance sensible, déterminer avec exactitude, comme je l’ai fait voir, l’épaisseur de la couche nécessaire à la production de ces effets dans les meilleures, conditions possibles; cette épaisseur peut varier entre 1/4000 et 1/600 de millimètre.
« Ces images sont absolument inaltérables dans l’obscurité et je possède encore les reproductions du spectre solaire faites il y a plus de quarante ans, ainsi que celles des images colorées par la lumière qui ont servi de bases à Regnault pour la rédaction du Rapport qu’il a présenté à l’Académie en 1849; elles ne s’altèrent que lors de l’action ultérieure de la lu-mière, parce que la substance sensible sur laquelle elles sont obtenues n’est pas complétement transformée et peut subir encore l’influence des différents rayons colorés. C’est le même composé dont plus tard, en 1865, M. Poitevin a fait usage pour obtenir, sur papier, les images.colorées que je proidusais sur plaques métalliques.
» Lorsqu’on soumet les images photographiques ainsi colorées a l’action réductrice d’un des dissolvants du chlorure d’argent, tels que l’ammoniaque ou l’hyposulfite de soude, les nuances colorées disparaissent et, la où les rayons lumineux ont exercé leur action, il reste à la surface des lames d’argent une légère trace formée par une lame mince d’argent metallique, qui, lorsqu’elle est encore humide, manifeste de faibles teintes, complémentaires de celles qui existaient auparavant aux mêmes places. Ces effets, dont il est difficile de se rendre compté a priori, montrent que peut-être les épaisseurs des couches déposées jouent un rôle dans la production des phénomènes de coloration (1) ([ii])
» Cette matière jouit de la curieuse propriété, quand elle est préparée convenablement, non seulement d’être sensible à l’action des divers rayons colorés, depuis le rouge jusqu’au violet, en reproduisant leurs teintes propres, mais encore de recevoir une impression qui semble sensiblement proportionnelle à l’intensité des impressions lumineuses correspondantes sur la rétine.
» Je rappellerai encore que cette substance photochromatiquement impressionnable donne lieu, au moment de la réaction chimique qui la transforme, à un courant électrochimique dont l’intensité et la force électromotrice peuvent être mesurées avec l’actinomètre électrochimique que j’ai fait connaître (1) ([iii]); ce courant peut être, utilisé pour comparer très exactement les intensités des différents rayons colorés actifs, par exemple des rayons rouges et des rayons bleus, alors que les méthodes optiques basées sur les impressions exercées par les mêmes rayons lumineux sur la rétine ne permettent de le faire qu’avec fort peu d’exactitude.
([i]) (1) Comptes rendus, t. XXVI, p. 181, et t. XXVII, p. 483 ; 1848. – Ibid., Rapport de Regnault, t. XXVIII, p. 200; 1849. - Annales de Chimie et de Physique, 3: série, t. XXII, p. 451; 1848. - Ibid., t. XXV, p. 447. - Ibid., t.. XLII, p. 81. – Edm. Becquerel, La lumière, ses causes et ses efets, t. II, p. 209.
([ii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p. 232.
([iii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p.131.

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Science
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 5
Pag. 274, 275, 276, 27*

PHOTOGRAPHIE. - La photographie des couleurs. Note de M. G. Lippmann.

« Je me suis proposé d’obtenir sur une plaque photographique l’image du spéctre avec ses couleurs, de telle façon que cette image demeurât désormais fixee et pût rester exposée indéfiniment au grand jour sans s’altérer.
« J’ai pu résoudre ce problème en opérant avec les substances sensibles, les développateurs et les fixatifs courants en Photographie, et en modifiant simplement les conditions physiques de l’expérience. Les conditions essentielles pour obtenir les couleurs en Photographie sont au nombre de deux : 1º continuité de la couche sensible; 2º présence d’une surface réfléchissante adossée à cette couche.
» J’entends par continuité l’absence de grains: il faut que l’iodure, le bromure d’argent, etc., soient disséminés à l’intérieur d’une lame d’albumine de gélatine ou d’une autre matière transparente et inerte, d’une maniére uniforme et sans former de grains qui soient visibles même au microscope; s’il y a des grains, il faut qu’ils soient de dimensions négligeables par rapport à la longueur d’onde lumineuse.
« L’emploi des grossières émulsions usitées aujourd’hui se trouve par là exclu. Une couche continue est transparente, sauf ordinairement une légère opalescence bleue. J’ai employé comme support l’albumine, 1e collodion et la gélatine; comme matières sensibles, l’iodure et le bromure d’argent; toutes ces combinaisons donnent de bons résultats.
» La plaque, sèche, est portée par un châssis creux où l’on verse du mercure; ce mercure forme une lame réfléchissante en contact avec la couche sensible. L’expoisition, le développement, le fixage se font comme si l’on voulait obtenir un négatif noir du spectre; mais le résultat est différent : lorsque le cliché est terminé et séché, les couleurs apparaissent.
» Le cliché obtenu est négatif par transparence, c’est-à-dire que chaque couleur ést représentée par sa. complémentairre. Par réflexion, il est posïtif, et on voit la couleur elle-même, qui peut s’obtenir très brillante. Pour obtenir ainsi un positif, il faut révéler ou parfois renforcer l’image de façon que le dépôt photographique ait une couleur claire, ce qui s’obtient, comme l’on sait, par l’emploi de 1iqueurs acides.
» On fixe à l’hyposulfite de soude suivi de lavages soignés; j’ai vérifié qu’ensuite les couleurs résistaient à la lumière électrique la plus intense.
« La théorie de l’expérience est très simple. La lumière incidente, qui forme l’image dans la chambre noire, interfère avec la lumière réfléchie par le mercure. II se forme, par suite, dans l’intérieur de la couche sensible, un système de franges, c’est-a-dire de maxima lumineux et de minima obscurs. Les maxima seuls impressionnent la plaque; à la suite des opérations photographiques, ces maxima demeurent marqués par des dépôts d’argent plus ou moins réfléchissants, qui occupent leur place. La couche sensible se trouve partagée par ces dépots en une série de lames minces qui ont pour épaisseur l’intervalle qui séparait deux maxima, c’est-à-dire une demi-longueur d’onde de la lumière incidente. Ces lames minces ont donc précisément l’épaisseur nécessaire pour reproduire par réflexion la couleur incidente.
« Les couleurs visibles sur le cliché sont ainsi de même nature que celles des‘bulles de savon. Elles sont seulement plus pures et plus brillantes, du moins quand les opérations photographiques ont donné un dépôt bien réfléchissant. Cela tient à ce qu’il se forme dans l’épaisseur de la couche sensible un très grand nombre de lames minces superposées: environ 200, si la couche a, par exemple, 1/20 de millimètre. Pour les mêmes raisons, la couleur réfléchie, est d’autant plus pure que le nombre des couches réfléchissantes augmente. Ces couches forment, en effet, une sorte de réseau en profondeur, et, pour la même raison que dans la théorie des réseaux par réflexion, la pureté des couleurs va en croissant avec le nombre des miroirs élémentaires. «


PHOTOGRAPHIE. - Observations de M. Edm.Becquerel sur la Conamunication de M. Lippmann au sujet de la reproduction photographique des couleurs.

« Je désire faire remarquer toute la différence qui existe entre le procédé entièrement physique que vient d’exposer M. Lippmann pour reproduire photographiquement les couleurs de la lumière, et le procédé photochimique que j’ai découvert en 1848 pour obtenir les images colorées du spectre lumineux ainsi que les images des objets avec leurs couleurs propres; c’est à l’aide d’une même substance chimique, le sous-chlorure d’argent, formé à la surface de lames d’argent, et dont j’ai indiqué la préparation et les modifications si curieuses sous diverses influences et notamment sous l’action de la chaleur, que j’ai pu atteindre ce but (1) ([i]) .
» On peut du reste, lors de la préparation de la substance sensible, déterminer avec exactitude, comme je l’ai fait voir, l’épaisseur de la couche nécessaire à la production de ces effets dans les meilleures, conditions possibles; cette épaisseur peut varier entre 1/4000 et 1/600 de millimètre.
« Ces images sont absolument inaltérables dans l’obscurité et je possède encore les reproductions du spectre solaire faites il y a plus de quarante ans, ainsi que celles des images colorées par la lumière qui ont servi de bases à Regnault pour la rédaction du Rapport qu’il a présenté à l’Académie en 1849; elles ne s’altèrent que lors de l’action ultérieure de la lu-mière, parce que la substance sensible sur laquelle elles sont obtenues n’est pas complétement transformée et peut subir encore l’influence des différents rayons colorés. C’est le même composé dont plus tard, en 1865, M. Poitevin a fait usage pour obtenir, sur papier, les images.colorées que je proidusais sur plaques métalliques.
» Lorsqu’on soumet les images photographiques ainsi colorées a l’action réductrice d’un des dissolvants du chlorure d’argent, tels que l’ammoniaque ou l’hyposulfite de soude, les nuances colorées disparaissent et, la où les rayons lumineux ont exercé leur action, il reste à la surface des lames d’argent une légère trace formée par une lame mince d’argent metallique, qui, lorsqu’elle est encore humide, manifeste de faibles teintes, complémentaires de celles qui existaient auparavant aux mêmes places. Ces effets, dont il est difficile de se rendre compté a priori, montrent que peut-être les épaisseurs des couches déposées jouent un rôle dans la production des phénomènes de coloration (1) ([ii])
» Cette matière jouit de la curieuse propriété, quand elle est préparée convenablement, non seulement d’être sensible à l’action des divers rayons colorés, depuis le rouge jusqu’au violet, en reproduisant leurs teintes propres, mais encore de recevoir une impression qui semble sensiblement proportionnelle à l’intensité des impressions lumineuses correspondantes sur la rétine.
» Je rappellerai encore que cette substance photochromatiquement impressionnable donne lieu, au moment de la réaction chimique qui la transforme, à un courant électrochimique dont l’intensité et la force électromotrice peuvent être mesurées avec l’actinomètre électrochimique que j’ai fait connaître (1) ([iii]); ce courant peut être, utilisé pour comparer très exactement les intensités des différents rayons colorés actifs, par exemple des rayons rouges et des rayons bleus, alors que les méthodes optiques basées sur les impressions exercées par les mêmes rayons lumineux sur la rétine ne permettent de le faire qu’avec fort peu d’exactitude.
([i]) (1) Comptes rendus, t. XXVI, p. 181, et t. XXVII, p. 483 ; 1848. – Ibid., Rapport de Regnault, t. XXVIII, p. 200; 1849. - Annales de Chimie et de Physique, 3: série, t. XXII, p. 451; 1848. - Ibid., t. XXV, p. 447. - Ibid., t.. XLII, p. 81. – Edm. Becquerel, La lumière, ses causes et ses efets, t. II, p. 209.
([ii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p. 232.
([iii]) (1) La lumière, ses causes et ses effets, t.II, p.131.

1891, 9 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 6
Pag. 331
*
M. Edmond Beqcquerel, à l’appui de la Note qu’il a publiée dans la derniére séance sur la reproduction photographique des couleurs, montre quelques-unes des épreuves du spectre solaire avec ses couleurs propres, épreuves faites il y a plus de quarante ans, et qui sont restées intactes en les laissant à l’obscurité;
On peut juger de leur parfaite conservation, bien qu’à différentes reprises elles aient été examinées et étudiées a la lumière du jour; il faut un temps d’exposition prolongée à la lumière diffuse pour que les images disparaissent.

1891, 31 de Março - Le Magasin Pittoresque

LE MAGASIN PITTORESQUE
2e. Série
59e Année
T. IX
Pag. 92, 93, 94
*
LES PAYSAGES ANIMES EN PHOTOGRAPHIE
On a souvent parlé d'Art en matière de Photographie, bien, que cette reproduction chimique de la nature ne permette à l'opérateur que le choix du sujet pour le paysage, la pose et l'éclairage du modèle pour le portrait. L'objectif reproduit alors avec sa fidélité brutale et sa perspective particulière tout ce qu'il a devant lui. Le reste ne comprend plus que des manipulations, presque mécaniques, dont des soins minutieux et une grande pratique peuvent assurer le succès, mais dont l'art est totalement exclu.
Jusqu'ici il était du domaine exclusif du dessinateur et du peintre de se soustraire à cette servile copie de la nature en introduisant leur personnalité et leur talent dans son interprétation, et de composer des œuvres où les fonds et les détails accessoires, plus ou moins éteints et sacrifiés, ne servent qu'à mettre en relief le motif principal qui acquiert alors toute sa valeur et toute son importance.
Les Anglais qui, en photographie, nous ont souvent précédés dans la voie des

Paysage animé d’après un nouveau procédé photographique. – Gravure de Clément Bellenger


découvertes, viennent de trouver un procédé dont ils ont gardé jusqu'à présent le secret et qui leur permet de composer des tableaux photographiques où les défauts que nous signalions tout à l'heure, c'est-a-dire la sécheresse du dessin et le manque de plans, sont non seulement atténués, mais disparaissent presque complètement.
Toulefois que nos artistes se rassurent, les temps ne sont pas encore venus, s'ils doivent jamais arriver, où un procédé industriel, quelque habile et ingénieux qu'il soit, puisse remplacer en les réunissant, le talent individuel, l'harmonie de la couleur et le charme de la composition. En attirant l'attention de nos lecteurs sur les curieux résultats obtenus par le procédé anglais, nous n'avons eu d'autre but que de leur signaler une nouvelle conquête de, l'industrie de nos voisins.
La photographie ci-contre habilement interprêtée et rendue par le burin de M. Clément Bellenger fera, mieux que les plus longues descriptions, connaître l'intérêt et le charme de ces paysages animés (c'est le nom qui leur est donné en Angleterre).
Il va sans dire qu'il ne s'agit plus ici d'une épreuve obtenue directement et d'un seul coup. Chacun de ces petits tableaux se compose de plusieurs poses que le procédé anglais atténue ou utilise tour à tour pour produire un tout harmonieux mais où, cependant, les lois de la perspective et de la lumière sont artificiellement respectées.
Qu'on veuille détacher en vigueur des personnages et des animaux sur un paysage d'une infinie profondeur, fouiller un premier plan dans un motif de peu d'étendue, montrer un village ensoleillé à travers les arbres d'une épaisse et sombre futaie, profiler le gréement compliqué des navires sur les maisons et l'horizon d'un port, et même composer de toute piéce le décor qui doit servir de cadre intime à quelques personnages, en un mot, quel que soit le choix du sujet, les résultats sont remarquables. Partout, cependant, le procédé se laisse sentir, rarement on croit l'apercevoir, nulle part on ne peut le saisir.
Mais ce qu'il faut surtout signaler, c'est le charme de ces compositions où tout est à sa place et habilement rendu, c'est la multiplicité des plans qui donne à ces paysages un relief et une profondeur inaccoutumés, c'est l'heureuse sélection d'un motif principal et de ses accessoires, pris ensemble ou séparément, c'est enfin le profond sentiment de la nature qui préside à l'arrangement des diverses parties de ce tout complet.
En France, nous avons essayé, et avec succès, de substituer des ciels, photographiés à part, aux ciels plats et incolores des paysages photographiques, mais que nous sommes loin, encore, de ces curieux résultats. Le procédé doit être simple et pratique cependant, puisque l'industrie l'applique et que le prix de ces épreuves est relativement modéré. Nous espérons qu'il suffira d'attirer sur ce sujet l'attention des chercheurs, pour qu'il nous soit bientôt donné de profiter du progrès réalisé par nos voisins. Ce serait pour les professionnels une ressource, et pour les amateurs un charme de plus que ce pas en avant vers la conquête de l'art en photographie.
S. D.

1891, 31 de Março - le Magasin Pittoresque

LE MAGASIN PITTORESQUE
2e. Série
59e Année
T. IX
Pag. 102, 103, 104
*
LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS

M. Lippmann, l'éminent professeur de physique de la Faculté des Sciences de Paris, et membre de l'Acaclémie des Sciences, vient de faire faire un progrès considérable à une question de la plus haute importance, tant au point de vue scientique qu'au point de vue pratique: la photographie des couleurs.
M. Lippmann est parti de ce principe qu'il ne fallait pas, comme l'avaient fait avant lui Lubeck, en 1810, M. Edmond Becquerel, en 1848, et Poitevin en 1865, chercher à résoudre le problème chimiquement. Agir ainsi, c'est en effet tenter de trouver un corps (pour ses prédécesseurs, ç'avait été le sous-chlorure d'argent) qui, sous l'action de rayons diversement colorés, se décomposerait de façon que les produits de la décomposition fusscnt diversement colorés eux-mêmes et présentassent précisément les couleurs des rayons incidents. C'est donc admettre qu'un corps peut posséder une infinité d'isomères de couleurs différentes. II est à. craindre que la découverte de ce corps ne soit longtemps attendue.
M. Lippmann s'est appuyé sur des considérations d'ordre essentiellement physique.
*
Les physiciens sont aujourd'hui d'accord pour admettre que la nature de la lumière est analogue à celle du son: la lumière est le résultat d'un mouvement vibratoire; elle est due à un ébranlement périodique qui se propage, de proche en proche, dans un milieu élastique appelé l'éther. Une source lumineuse S vibre dans tous les sens; et la force vive qu'elle communique à l'éther se répartit sur des sphères (figure 1). Il se produit des ondes lumineuses que l'on peut exactement comparer à ces rides circulaires concentriques qui courent à la surface d'un liquide, quand, en touchant celui-ci en un point, on détermine un ébranlement moléculaire qui va se propageant.
Il nous suffira d'étudier la propagation de la lumière dans une direction rectiligne.
Un rayon lumineux n'est autre chose que la trajectoire suivant laquelle se propage, dans une direction donnée, le mouvement vibratoire de la source lumineuse S. La molécule S vibre, dans la direction S C, suivant le chemin SA, AS, SA ... : de S en A, l'élongation, c'est-à-dire la distance de la molécule à sa position S d'équilibre est positive; de A en S, elle est négative, etc. On peut donc figurer graphiquement le mouvement de cette molécule par une courlie sinusoïdale Sa Ab B c C d D...... On appelle « longueur d'onde » la distance parcourue par l'onde pendant la durée d'une vibration, c'est donc la longueur S B = 2 S A qui représente la longueur d'onde. Elle varie avec chaque couleur Les vibrations lumineuses des molécules de l'éther sont d'une trés faible amplitude puisque les longueurs d'onde sont 0mm,00068 pour le rouge, 0mm,00055 pour le jaune et 0mm,00042 pour le violet.
Imaginons maintenant qu'en un point m de l'espace arrivent simultanément deux rayons lumineux émanant d'une même source et ayant parcouru avant d'atteindre m des chemins de longueur différente; ce point m subira de la part de chaque onde une impulsion. Le point subira donc un déplacement qui sera la résultante des deux impulsions auxquelles il est soumis. Si les élongations des deux ondes sont, en m, de même signe, elles s'ajoutent, le point m vibrera: il sera lumineux. Si les élongations des deux ondes sont en m, l'une positive, l'autre négative, elles se retranchent; et si elles sont égales et de sens contraire, la molécule m restera au repos; il y aura obscurité en ce point.
Ainsi deux rayons de même couleur, émanant d'une même source lumineuse, peuvent tantôt s'ajouter en produisant des maxima de lumière, tantôt se détruire en donnant des minima de lumière ou de l'obscurité. Il suffit - l'examen de la figure 1 le prouve - pour que ce dernier cas se produise, c'est-à-dire pour qu'il y ait



Fig. 1. – Ondes et rayons lumineux

« interférence » que les deux rayons présentent, dans le chemin parcouru jusqu'à un point m, une différence de marche qui soit un multiple impair de demi-longueur d'onde.
*
Arrivons à l'expérience de M. Lippmann. Les conditions essentielles pour obtenir par ce procédé les couleurs en photographie sont au nombre de deux : 1° continuité de la couche sensible; 2º présence d'une surface réfléchissante adossée à cette couche.
La continuité est l'absence de grains: il faut que l'iodure, le bromure d'argent, etc. (car les résultats sont indépendants de la nature de la substance puisqu'ils sont dus à des causes d'ordre purement physique) soient répartis en un état de division presque infini dans une couche transparente: collodion, gélatine ou albumine, et par suite que les grains, s'il en existe, soient de dimensions négligeables par rapport à la longueur d'onde lumineuse. Dans ce but, M. Lippmann étend sur une plaque de verre une solution de gélatine dans de l'eau chaude contenant du bromure de potassium; cette couche une fois séchée, la plaque est plongée dans un bain de nitrate d'argent; et on obtient, disséminé dans la gélatine, du bromure d'argent extrêmêment divisé.
La plaque séchée est portée par une sorte de châssis creux dans lequel on verse du mercure: la couche sensibilisée de bromure d'argent est en contact avec le mercure. Cette petite cuve est placée, après la mise au point, au fond d'une chambre noire ordinaire. Le spectre est dû à la décomposition, par un prisme à vision directe, d'un faisceau de lumière blanche qui tombe normalement sur la plaque photographique. Le développement, le fixage se font comme si on voulait obtenir un négatif noir du spectre; quand les manipulations sont terminées et que le cliché est séché, les couleurs apparaissent.
La théorie de l'expérience est facile (figure 6). Soit S R un rayon, d'une couleur déterminée, rouge par exemple, émanant du spectre. Ce rayon penètre en R dans la couche sensible que nous supposons considérablement grossie, et aboutit en R' à la surface du miroir B. Ce rayon, tombant normalement, se réfléchit suivant R'R. Chaque point de la couche sensible situé sur la droite RR' est donc soumis à l'action du rayon incident RR' et du rayon réfléchi R'R. Il se produit donc sur le parcours une suite de maxima lumineux, dans les points M1 M2 … où les deux rayons ont des vibrations concordantes, et des minima lumineux dans les points m1 m2 … où il y a discordance. A la suite des opérations photographiques, ces maxima qui, seuls, ont impressionné la plaque, sont marqués par des dépôts d'argent qui sont de véritables lames minces ayant pour épaisseur la distance de deux maxima, c'est-à-dire une demi-longueur d'onde de la lumière incidente. Il se forme, dans l'épaisseur de la couche sensible un grand nombre de lames minces superposées: environ 200 si la couche a 1/20 de millimètre d'épaisseur.
Le cliché obtenu est négatif par transparence, c'est-à-dire que chaque couleur du spectre primitive est remplacée par sa complémentaire. Par réflexion, il est positif. On s'en rend compte facilement.
Soit A B (figure 2), une des lames d'argent obtenues dans la couche sensibilisée;





Fig. 2. – Schèma d’un rayon de lumière blanche frappant sur une lame d’argent produite à l’intérieur de la couche sensibilisée.


elle a pour épaisseur une demi longueur d'onde de la couleur du spectre qui a fait déposer cette couche, soit le rouge. Figurons un rayon SS' de lumière blanche frappant cette lame. Une partie du rayon se réfléchit à la première surface en S' suivant S'S; une autre partie se réfléchit à la seconde surface en s" suivant S''S'S. Ces deux rayons réfléchis, pour l'observateur placé en S, présentent une différence de marche qui est S'S"S', c'est-à-dire deux fois l'épaisseur de A B, ou une longueur d'onde du rouge. II en résulte que les vibrations des deux rayons concordent pour le rouge, sont discordantes pour les autres couleurs; et l'œil aperçoit une coloration rouge.
Cette théorie peut expliquer l'expérience de M. Becquerel en, 1848: la plaque argentée de ce savant jouerait le rôle du mercure dans l'expérience de M. Lippmann.
Notre figure3 montre que le faisceau lumineux, avant d’être décomposé par le passage à travers le prisme, traverse une petite cuvette contenant des solutions différentes. Ce dispositif est rendu nécessaire par l'impossibilité d'obtenir des plaques vraiment isochromatiques, c'est-à-dire uniformément sensibles à toutes les couleurs. Le jaune et le rouge impressionnent lentement, et le violet, rapidement. Il fallait donc s'efforcer de soumettre la plaque moins-longtemps à l'action du violet qu'à celle des autres couleurs. Dans ce but, M. Lippmann interpose sur le trajet du faisceau lumineux une cuve en verre à faces parallèles contenant une dissolution d'hélianthine. Ce corps arrête les rayons bleus, violets et verts et ne laisse passer que les rayons rouges et jaunes; ces derniers seuls impressionnent donc la plaque au début. On remplace, après le temps nécessaire, la pemière solution par une dissolution de bichromate de potasse: les rayons bleus et violets sont encore arrêtés; les autres passent et impressionnent la plaque. Puis-on interpose une dissolution plus faible arrêtant les seuls rayons violets; enfin on enlève la cuve et la plaque est soumise,


La photographie des couleurs. – Fig. 3. – Ensemble de l’appareil servant à l’obtention des photographies colorées du spectre, par le procédé Lippmann.
L. Lampe donnant le faisceau de lumière blanche. – A. Cuve pleine d’eau dans laquelle sont placées les petites cuves B contenant les solutions d’hélianthine ou de bichromate de potasse. – C. Spectroscope à vision directe. – D. Chambre noire. – F. Plaque photographique accolée à un bain de mercure.

pendant un instant, à l'aclion de tous les rayons. La durée de pose a été ainsi: très longue pour le rouge et le jaune; moins longue pour le vert; moins encore pour le




La photographie des couleurs. - Fig 4. Représentant, en grandeur exacte, la plaque photographique avec laquelle opère M. Lippmann, et la photographie obtenue du spectre.


bleu; et très courte pour le violet. Cette série d'opérations durait, au début, plus d'une heure. M. Lippmann a eu, ces jours derniers, l'idée de plonger un instant les plaques dans une solution de cyanine, corps jouissant de la propriété de rendre les sels d'argent plus facilement impressionnables aux rayons rouges. La durée de pose est réduite actuellement à deux minutes. Ce nouveau progrès permet d'espérer qu'avant


La photographie des couleurs


Fig. 5. – A. Plaque photographique. La face interne, qui porte la couche de gélatino-bromure d’argent, est baignée par le mercure B et constitue avec la lame de verre C une petite cuve. – D. Pinces servant à fixer aux montants les parois de cette cuve. – S. Photographie du spectre.




Fig. 6. – Schéma : A. Face interne de la plaque de verre qui supporte la pellicule impressionable dont l’épaisseur RR’ est considérablement grossie. – B. Mercure.


peu, le savant physicien saura compléter par la photographie colorée des paysages et des portraits l'admirable découverte dont il est l'auteur.

1891, 1 de Junho - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 22
Pag. 1248
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MÉMOIRES PRÉSENTÉS

M. Louis Ducos du Hauron soumet au jugement de l’Académe un travail sur la photographie en couleurs.

(Commissaire : MM Lippmann, H. Becquerel.)

1891, 8 de Junho - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T.CXII, Nº. 23
Pag. 1300
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M. Baudran adresse, par l’entremise de dom Pedro d’Alcantara, un Mémoire sur la photographie en couleurs.

(Commissaires : MM. Fizeau, dom Pedro d’Alcantara, Lippmann.)

1891, 15 de Junho - Le Magasin Pittoresque

LE MAGASIN PITTORESQUE
2e. Série
59e Année
T. IX
Pag. 177, 178, 179
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LA PHOTOGRAPHIE DES ASTRES

Il y a peu d'années encore, lorsque les astronomes voulaient fixer certaines particularités d'un astre, à une époque donnée, afin d'en suivre les variations ou d'en démontrer au contraire la fixilé, ils devaient reproduire par le dessin les details qu'ils avaient observés dans leurs appareils télescopiques. On conçoit que ces reproductions étaient, presque nécessairement, peu exactes; et, en effet, les dessins que des astronomes différents donnaient d'un même astre, à un même moment, concordaient rarement. Il en résultait que l'étude et la discussion des phénomènes célestes manquaient de base précise. Aujourd'hui une science nouvelle, l'astrophotographie, pour l'appeler par son nom un peu barbare, permet aux observateurs de suivre, avec tonte la précision souhaitable, les variations que subissent les astres, soit au cours de leur révolution, soit à la même période de révolutions successives.
Une application importante de l'astrophotographie sera prochainement réalisée. Les observatoires des différents pays ont récemment envoyé à Paris des représentants à un congrès international où ont été discutés les procedés à employer pour dresser la carte du ciel. Chaque directeur d'observatoire à donné des renseignements sur l'instrument qu'il a fabriqué en vue de la photographie du ciel et a indiqué la date il laquelle il pourra commencer ses expériences: les événements politiques du Chili et les troubles qui existent actuellement dans différents États ne permettront malheureusement pas de commencer les travaux en même temps dans le monde entier. L’installation astrophotographique de l'observatoire de Paris est prête depuis longtemps déjà; et grâce à MM. Henry frères, les habiles astronomes - opticiens, de nombreux clichés photographiques ont été obtenus. Nous en mettons un sous les yeux de nos lecteurs, représentant une partie de la lune.
L'appareil dont se servent MM. Henry pour la photographie du ciel est extrêmêment simple. C'est un équatorial ordinaire, mais dont l'extrémité opposée à celle qui regarde le ciel est divisée par une cloison en deux parties, formant ainsi comme deux lunettes justaposées. L'observateur regarde 1'image de l'astre par l'oculaire d'une de ces deux lunettes; cette même image se forme au foyer principal de la seconde lunette, la lunette photographique, où on peut la recevoir soit sur un verre dépoli, soit, si on veut la photographier, sur une plaque portant une couche

Photographie des astres
Photographie lunaire exécutée le 27 mars 1890, à l’Observatoire de Paris, par MM. Henry.
Corne Sud. – Âge de la lune, 167 heures. Agrandissement direct, 15 fois.

sensible au gélatino-bromure d'argent. Cette plaque doit être disposée, bien exactement, perpendiculaire à l'axe de la lunette.
Le mouvement d'horlogerie de l'équatorial est réglé pour l'astre que l'on veut photographier: il le suit dans sa marche; et, par suite, l'image obtenue sur la plaque photographique est fixée. L'astronome observe d'ailleurs attentivement dans la lunette; il veille à ce que l'astre étudié reste toujours stationnaire au réticule et fait mouvoir l'appareil si cela est nécessaire au cours de l'expérience qui, dans le cas des étoiles de 14e grandeur, les moins lumineuses de celles qui doivent figurer sur la carte du ciel, ne dure pas moins de quarante minutes.
La photographie de la lune - puisque c'est notre satellite que nous reproduisons ici - que l'on obtient dans l'équatorial photographique de l'Observatoire de Paris mesure trois centimètres de diamètre, Ces dimensions sont insuffisantes pour qu'il soit possible de suivre sur une photographie de cette grandeur les variations des cirques immenses,des cratères béants, des montagnes de cette planète. L'agrandissement, par la photographie, de l'image de trois centimétres, donnerait de peu satisfaisants résultats. MM. Henry ont obtenu des photographies de la lune mesurant 60 centimètres de diamètre, en adaptant au foyer principal de la lunette photographique un oculaire qui va grossir l'image formée en ce point. Cet oculaire est fixé à une des extrémités d'une cage en bois dont la longueur est déterminée de façon qu'à l'autre extrémité se forme précisément l'image agrandie: on la reçoit sur une plaque photographique. La durée de pose se trouve, dans ce cas, considérablement accrue, une partie de la lumière de l'astre étant absorbée par l'oculaire supplémentaire nécessité par le grossissement: par un temps ordinaire, le gélatino bromure est parfaitement sensibilisé au bout de soixante à cent secondes.
La photographie de la lune que nous publions aujourd'hui représente la corne Sud de notre satellite, âgé de, 167 heures. On sait que l'âge de la lune est le temps qui s'est écoulé depuis la nouvelle lune, c'est-à-dire depuis la phase dans laquelle, se trouvant placée entre le soleil et la terre, elle nous offre sa face obscure. La révolution synodique de cet astre, temps qui s'écoule entre deux nouvelles lunes, étant de 29 jours 12 heures 44 minutes, et notre photographie figurant une partie de la lune âgée de près de 7 jours, notre satellite est approximativement dans son premier quartier. On distingue d'une façon très nette, a sa surface, les hautes montagnes dont la forme est si caractéristique: celle d'un bourrelet circulaire enveloppant une cavité profonde, et représentant au centre une petite éminence de forme conique. Ces concavités et ces aspérités sont toutes éclairées du côté tourné vers le soleil.
Perreac.

1891, 20 de Julho - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet - Décembre
T.CXIII, Nº. 3
Pag.
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OPTIQUE. - L’absorption et la photographie des couleurs. Note de M. Labatut, présentée par M. Lippmann.

« Dans ces dernières années, on a cherché à déterminer l’impression des plaques photographiques pour les radiations visibles, en colorant ces plaques. On s’attendait à les voir présenter des maxima d’impression pour les bandes d’absorption des dissolutions employées. Cette théorie n’a pas toujours été exactement vérifiée; ces maxima d’impression sont, en gé-néral, plus avancés vers le rouge que les bandes d’absorption des dissolutions (1) ([i]). Mais l’absorption par une pellicule teinte peut ne pas être la même que celle de la dissolution qui a servi à la teindre. L’absorption de pellicules transparentes colorées est un fait abordable à l’expérience, et, si l’on emploie ces mêmes pellicules pour recevoir l’impression photographique, on pourra comparer les deux phénomènes.
» Prenons d’abord une pellicule transparente (2) ([ii]) non colorée; soumettons cette plaque à l’impression du spectre, par la méthode découverte par M. Lippmann: nous observerons que l’impression est très lente à se produire. Dans cette expérience, on n’emploie pas d’écran coloré.
» Cette lenteur est détruite qnand l’on teinte ces mêmes plaques au moyen de matières colorantes à bandes d’absorption très nettes. Après développement et séchage, la plaque présente des bandes colorées.
« L’impression photographique se produit pour les radiations absorbées, car, si l’on interpose sur le trajet de la lumière une pellicule de même nature que celle de la plaque sensible, colorée avec la même substance, mais plus fortement, l’impression photographique ne se produit pas.
» De cette concordance exacte entre l’absorption et l’impression photographique, il résulte que, dans l’expérience de M. Lippmann, si l’on se propose d’impressionner pour une radiation donnée, il suffit de choisir une plaque sensible colorée , absorbant cette radiation, et que l’on peut supprimer tout écran coloré antérieur à la plaque.
« Par exemple, une pellicule teinte avec du vert Victoria absorbe le rouge orangé; sans écran coloré antérieur, une plaque sensible, teintée de ce vert, s’impressionne pour le rouge orangé seul, et l’on voit cette couleur sur la face externe de la pellicule. Ou encore: une pellicule colorée avec de la cyanine absorbe le jaune orangé et le vert; par elle-même, la plaque colorée à la cyanine s’impressionne pour ces radiations que l’on voit sur la face externe de la pellicule.
» Remarquons ce fait, que l’on voit les radiations absorbées sur la face de la pellicule qui a été, pendant la pose, en contact avec le miroir de mercure.
» Retournons maintenant la plaque et regardons par réflexion sur la face verre. On voit encore des couleurs, tout aussi brillantes que celles de l’autre face, mais tout à fait différentes. Elles semblent même, en un point quelconque être complémentaires de celles qu’on voit en ce point sur l’autre face. Il y a donc dissymétrie dans la disposition des surfaces réfléchissantes quand on regarde sur l’une ou l’autre face.
« Comment interpréter cette double coloration, dans la théorie élémentaire des anneaux colorés? Prenons d’abord les colorations vues sur la face externe et, pour préciser, supposons que la plaque ait été teintée au vert Victoria qui absorbe le rouge.
« Pendant la pose, cette face externe, en contact avec le miroir de mercure, est un noeud de vibration; le premier ventre s’en trouve distant de λ/ 4 du rouge, le deuxième de 3λ/4, le troisiéme de 5λ/4, etc. Admettons, pour un instant, que les plans de réduction photographique soient situés aux ventres de vibration (1) ([iii]); les lames minces comprises entre ces plans de réduction et la surface ont des épaisseurs croissantes, égales aux multiples impairs successifs de λ/4 du rouge; cette couleur sera donc produite quand la plaque sera éclairée avec de la lumière blanche.
» Cette théorie admet que la lumiére réfléchie sur la surface même de la pellicule interfére avec la lumière issue de chacun des plans de réduction, et de fait la surface de la pellicule présente un bon plan de réflexion. Si les plans de réduction se formaient aux noeuds de vibration, on aurait des lames minces dont les épaisseurs seraient des multiples pairs de λ/4 du rouge, et cette couleur manquerait dansla lumière réfléchie; la bande paraitrait verte, ce qui est contraire à l’expérience.
» Considérons maintenant les colorations par réflexion sur la face verre; elles sont plus délicates a interpréter. Comme on l’a dit, elles présentent l’apparence des couleurs complémentaires des précédentes.
» Par exemple, la plaque colorée au vert Victoria donne du rouge sur la face pellicule et du vert sur l’autre face; la cyanine, qui donne du jaune orangé et du vert sur la face pellicule, présente du bleu vert et du rouge violacé sur la face opposée.
« Ce caractère spécial s’expliquerait simplement, si l’on admettait que, pendant l’impression, la surface pellicule-verre correspond toujours à un ventre de vibration, ce qui reviendrait à assimiler cette pellicule à un tuyau sonore fermé. Il est encore possible que l’indice de la pellicule qui est constituée par un mélange de gélatine et d’albumine soit très sensiblement celui du verre, auquel cas la surface pellicule-verre n’interviendrait pas, et la lumière aborderait directement les plans de vibration. Cette dernière hypothèse est à vérifier (1) ([iv]).
« La concordance entre l’absorption et la réduction photographique a encore amené à conclure que l’emploi du spectroscope n’est pas nécessaire pour obtenir des plaques à couleurs de lames minces.
» Si l’on fait tomber un faisceau de lumière blanche sur une plaque colorée, en contact avec le miroir de mercure, il y a interférence; les radiations absorbées impressionnent seules la matière sensible, les autres sont transmises à l’aller et au retour; elles sont sans effet. Le résultat de l’impression est une coloration qui est la synthèse de celles qu’on eût obtenues par l’emploi du spectroscope. L’expérience a été faite avec le vert Victoria: on voit, sur la face externe, le rouge absorbé. La, cyanine donne sur cette face une coloration vert jaune.
« Sur la face verre de ces plaques, on voit, comme précédemment, des couleurs qui apparaissent comme complémentaires de celles de l’autre face, en sorte que, par réflexion sur la face verre, tout se passe comme si la lumière blanche avait fixé la couleur de la pellicule. Le vert Victoria donne, sur cette face, du vert; la cyanine produit sa couleur bleu violacé. «
([i]) (1) Ch. Fabre, Traité encyclopédique de Photographie, t. Il, p. 328.
([ii]) (2) Ces expériences ont été faites au laboratoire de Physique de la Faculté de Grenoble.
([iii]) Voir une récente discussion qui a eu lieu à l’Académie des Sciences, au sujet des expériences de M. Wiener.
([iv]) (1) L’indice de la pellicule est égal à 1,5.