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quarta-feira, 2 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1846

22 de Junho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XXII

 Nº. 25

Pag. 1061

« M Chevreul, au nom de M. Niepce, lieutenant de cavalerie dans la garde municipale, prie l’Académie de vouloir bien recevoir en dépôt la boîte scellée du seau de M. Niepce qu’il remet sur le bureau.

« Elle renferme, 1º la description d’un procédé nouveau au moyen duquel on peut reproduire sur différents corps, tels que la plaque de cuivre, papier à la mécanique, etc., une gravure, une lithographie, des caractères imprimés ou tracés à l’encre ordinaire, etc. ; 2º plusieurs reproductions de gravures exécutées par ce procédé. »

Le dépôt en est accepté.

terça-feira, 1 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1847

25 de Outubro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XXV

Nº. 17

Pag. 579, 580, 581, 582, 583, 584, 585, 586, 587, 588, 589

MÉMOIRES PRÉSENTÉS.

CHIMIE. - Mémoire de M. Niepce de Saint-Victor, lieutenant de cavalerie dans la garde municipale, sur des propriétés particuliéres de l’iode, du phosphore, de l’acide azotique, etc. (Déposé en deux parties à l’Institut, le 22 juin 1846 et le 11 janvier 1847.) [Extrait.]

Première partie . - De l’iode et de ses effets.

« Je crois être le premier qui aie découvert dans l’iode une propriété que l’on était loin d’y soupçonner, la propriété de se porter sur les noirs d’une gravure, d’une écriture , etc., à l’exclusion des blancs. Ainsi, une gravure est soumise à la vapeur d’iode pendant cinq minutes environ’ à une température de 15 à 20 degrés; on emploie 15 grammes d’iode par décimètre carré (il faudrait plus de temps si la température était moins élevée) ; on applique ensuite cette gravure sur du papier collé à l’amidon, en ayant soin préalablement de le mouiller avec une eau acidulée à 1 degré d’acide sulfurique. C’est la seule substance qui, jusqu’à présent, donne un peu de solidité aux dessins: malgré cela, ils finissent par disparaître à l’air et à la lumière; mais en les collant sous une feuille de verre, on peut les conserver très-longtemps. Les épreuves, après avoir été pressées avec un tampon de linge, présentent un dessin d’une admirable pureté; mais, en séchant, il devient vaporeux. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que l’on peut tirer plusieurs exemplaires de la même gravure sans lui faire subir de nouvelles préparations, et les dernières épreuves sont toujours les plus nettes; car en laissant très-longtemps la gravure exposée à la vapeur d’iode, les blancs finissent par s’en imprégner, si le papier est collé à l’amidon; mais les noirs dominent toujours, quelle que soit la durée de l’exposition.

« Il est bien entendu que la gravure n’est nullementaltérée, et que l’on peut la reproduire à l’infini.

» J’ai trouvé le moyen de reproduire par le même procédé toute espèce de dessin, soit que celui-ci ait été fait à l’encre grasse ou aqueuse (pourvu que celle-ci ne contienne pas de gomme), soit qu’il l’ait été à l’encre de Chine ou à la mine de plomb; en un mot, tout ce qui a trait peut être reproduit, seulement il faut faire subir à ces dessins les préparations suivantes: On les plonge pendant quelques minutes dans une eau légèrement amoniacale, puis on les passe dans une eau acidulée avec les acides solfurique, azotique et chlorhydrique, et on les laisse sécher: c’est alors qu’on les expose à la vapeur d’iode , et qu’on répète le procédé décrit plus haut. Par ce moyen, on parvient à décalquer des dessins qui jusqu’ici n’auraient pu l’être autrement, lors même qu’ils seraient dans la pâte du papier. On peut aussi ne reproduire qu’une des deux images qui se trouvent sur le recto et le verso d’une même feuille de papier.

« J’ai indiqué la nécessité que le papier qui doit recevoir le dessin d’une gravure eût été collé avec de l’amidon, parce qu’en effet, la matière colorée du dessin est l’iodure d’amidon; d’après cela, j’ai eu l’idée d’enduire d’empois la surface de plaques de porcelaine, de verre opale, d’albâtre et d’ivoire, et d’opérer ensuite comme j’opérais sur le papier : le résultat, comme je l’avais prévu, a été d’une supériorité incontestable, relativement aux dessins produits sur simple papier collé à l’amidon.

« Lorsque le dessin résultant de cette opération est parfaitement sec, on y passe un vernis à tableau; et si on peut le mettre sous verre, il acquiert une telle fixité, que j’en ai conservé depuis plus de huit mois sans aucun changement notable.

« Lorsque je veux reproduire une gravure, je me sers de préférence de verre opale, derrière lequel je colle une feuille de papier pour le rendre moins transparent: on obtient sur cette plaque une épreuve renversée; mais en opérant sur une feuille de verre ordinaire que l’on retourne ensuite, l’épreuve se trouve alors redressée, et il suffit de placer une feuille de papier derrière, pour faire ressortir le dessin. On peut aussi le conserver comme vitrail; mais, dans ce cas, il faut placer le dessin entre deux feuilies de verre, afin de le préserver de tout contact et en assurer la solidité.

» Cette derniére application sera très-avantageuse pour la fantasmagorie.

« On peut obtenir des dessins de plusieurs couleurs, telles que du bleu, du violet et du rouge, suivant que l’amidon est plus ou moins cuit; dans le premier cas, il porte au rouge.

« On obtient du bistre plus ou moins foncé en soumettant une épreuve à la vapeur d’ammoniaque; mais elle reprendrait sa.couleur primitive, si on la vernissait après cette opération. Conséquemment , on ne peut donc vernir une épreuve ainsi modifiée par l’ammoniaque.

« Je parlerai maiatenaat des épreuves que l’on peut obtenir sur différents métaux. Ainsi, en exposant une gravure à la vapeur d’iode (pendant quelques minutes seulement, afin d’éviter que les blancs s’en imprègnent); l’appliquant ensuite (sans la mouiller) sur une plaque d’argent, la mettant sous presse, on a, au bout de cinq à six minutes, une reproduction des plus fidèles de la gravure; en exposant ensuite cette plaque à la vapeur du mercure, on obtient une image semblable à l’épreuve daguerrienne.

« Sur le cuivre, on opère comme il vient d’être dit pour l’argent, et l’on soumet ensuite cette plaque à la vapeur, de l’ammoniaque liquide, que l’on chauffe un peu afin que le dégagement soit plus fort; mais il faut avoir l’attentiou de n’exposer la plaque de cuivre que lorsque les premières vapeurs se sont échappées de la boîte: car, pour cette opération, il en faut une dans le genre de celle dont on se sert pour le mercure. On nettoie ensuite cette même plaque avec de l’eau pure et un peu de tripoli. Aprés cette opération, l’image apparaît en noir comme la précédente; et, de plus, la modification produite par le contact de l’ammoniaque s’étend à une telle profondeur dans la plaque, qu’elle ne peut disparaître qu’en usant sensiblement le métal même.

« Ce dernier procédé pourra faciliter le travail de la gravure au burin.

« On peut aussi reproduire sur du fer, du plomb, de l’étain et du laiton; mais je ne connais pas de moyen d’y fixer l’image.

« Des nombreuses et nouvelles expériences que j’ai faites sur l’iode, je ne citerai ici que celles dont les résultats sont certains. Ainsi, j’ai huilé une gravure à l’encre grasse, et lorsqu’elle a été sèche, je l’ai exposée à la vapeur d’iode. Les épreuves ont été analogues aux précédentes, sauf que le dessin était moins apparent. J’ai ensuite crayonné des dessins sur une feuille de papier blanc (collé à l’amidon) avec du fusain, de l’encre aqueuse (sans gomme) et du plomb: eh bien, tous se sont reproduits et se reproduisent encore plus nettement lorsqu’ils ont été tracés sur papier préparé pour la peinture à l’huile. J’ai pris ensnite un tableau à l’huile (non verni) et je l’ai reproduit également, à l’exception de certaines couleurs composées de substances qui ne prennent pas l’iode. Il en est de même des gravures coloriées. On comprendra cela quand je dirai qu’une gravure soumise à la vapeur de mercure ou du soufre ne prend plus l’iode; il en est de même si on la trempe dans du nitrate de mercure étendu d’eau, dans du nitrate d’argent, dans des sulfates de cuivre, de zinc, etc.; l’oxyde de cuivre, le minium , l’outremer, le cinabre , l’orpin, la céruse, la gélatine, l’albumine et la gomme produisent le même effet. Cependant des dessins faits avec ces matiéres peuvent se reproduire en leur faisant subir, avec quelques modifications, la préparation indiquée plus haut; aussi, puis-je dire que je n’ai pas trouvé de dessins que je n’aie pu reproduire, à l’exception de ceux qui sont faits avec l’iodure d’amidon.

« Je parlerai maintenant d’une seconde propriété que j’ai reconnue à l’iode, et qui est tout à fait indépendante de la première: c’est celle dont elle jouit de se porter sur les dessins en relief et sur tous les corps qui offrent des tranches, quelles qu’en soient la couleur et la composition.

« Ainsi, tous les timbres secs sur papier blanc se reproduisent parfaitement.

« Les tranches d’une bande de verre ou de marbre se reprodnisent également; les mêmes effets ont lieu avec d’autres fluides élastiques, gaz ou vapeurs, tels que la fumée du phosphore exposé à l’air et la vapeur de l’acide azotique. Mais l’iode n’en a pas moins la propriété dont j’ai parlé au commencement, puisque j’ai obtenu les résultats suivants, J’ai réuni un morceau de bois blanc et un morceau d’ébène; après les avoir collés, je les ai rabotés ensemble, ce qui m’a donné une tablette blanche et noire parfaitement plane; je l’ai ensuite soumise à la vapeur d’iode, puis appliquée sur une plaque de cuivre: la bande noire seule s’est reproduite. J’ai fait de pareils assemblages avec de la craie et une pierre noire, avec de la soie blanche et de la noire, et j’ai toujours obtenu les mêmes résultats.

« Tous ces phénomènes se manifestent dans l’obscurité la plus grande que l’on puisse obtenir, aussi bien que dans le vide.

« Je répéterai ici que, si on laisse trop longtemps les objets exposés à la vapeur d’iode, les blancs finissent par s’en imprégner, mais les noirs se distingueront toujours sur la plaque du métal d’une manière frappante.

« J’ai fait également des expériences avec le chlore et le brome: le premier m’a donné les mêmes résultats que l’iode; mais le dessin reproduit est si faible, qu’il faut souffler sur le métal pour l’apercevoir, ou bien soumettre la plaque de cuivre à la vapeur d’ammoniaque, et la plaque d’argent à la vapeur du mercure, pour qu’il apparaisse visiblement.

« Je n’ai rien obtenu avec le brome: toutes mes expériences ont été faites sur des plaques d’argent ou de cuivre.

« Il est une expérience que je crois devoir citer dans l’intérêt de la théorie: c’est qu’ayant appliqué une couche d’empois sur du plaqué d’argent propre au daguerréotype et sur du cuivre, le dessin d’une gravure que je comptais reproduire sur la couche d’empois s’est fixe sur le métal sans laisser de trace sensible sur la couche d’empois: il est donc clair que l’iode a passé au métal, en faveur d’une affinité supérieure à celle qu’il a pour l’amidon.

Deuxième partie . – Du phosphore.

« J’ai trouvé au produit de la combustion lente du phosphore exposé à l’air libre la même propriété qu’à l’iode, de se porter sur les noirs d’une gravure et de toute espèce de dessins, quelle que soit la nature chimique du noir.

« Ainsi, en soumettant une gravure à la vapeur du phosphore brûlant lentement dans l’air, et l’appliquant ensuite sur une plaque de cuivre, la mettant sous presse pendant quelques minutes, la soumettant à la vapeur de l’ammoniaque liquide, on a un dessin parfaitement net et très-bien fixé (voir l’épreuve déposée le 22 juin); le dessin n’apparaît nullement lorsqu’on sépare le dessin de la plaque de cuivre, et il faut absolument recourir à l’ammoniaque pour le rendre visible, de même que, si on veut l’avoir sur une plaque d’argent, il faut soumettre celle-ci à la vapeur du mercure.

« J’ai tracé des raies noires et blanches avec des couleurs à l’huile sur de la toile à tableaux; je les ai soumises à cette même vapeur, et les bandes noires seulement se sont reproduites sur la plaque de métal; c’est-à-dire que les noires s’étant imprégnées de vapeur, et qu’ayant été mises en contact avec du cuivre, la matière de la vapeur a agi sur le métal, et les bandes blanches qui n’en contenaient pas ont laissé le cuivre à nu. Cette plaque ayant été soumise à la vapeur d’ammoniaque, l’image est devenue très-visible.

« Quelle que soit la durée de l’exposition d’une gravure à la vapeur du phosphore, les noirs seuls s’en imprégnent; mais dans le cas où elle resterait longtemps, le dessin appapaît un peu sur la plaque, comme si l’on y avait tracé des caractères avec un morceau de phosphore; et en la soumettant à la vapeur d’ammoniaque, le dessin apparaît comme en relief.

« Une plaque d’argent ou de cuivre, soumise à cette même vapeur, reproduit par contact tonte espèce de dessins, et donne une épreuve positive. II est entendu que, pour faire paraître les dessins, il faut les exposer au mercure ou à l’ammoniaque.

» La vapeur du sulfure d’arsenic jaune (orpiment) chauffé dans l’air donne à la gravure qu’on y expose pendant cinq minutes environ la propriété d’imprimer sa propre image à une plaque de cuivre ou d’argent poli, sur laquelle on la presse sans aucune autre préparation. Cest une opération très-facile à faire, et qui, par cela même, pourra ,être très-utile au graveur au burin.

troisième partie . – De l’acide azotique

« Avec l’acide azotique, j’ai obtenu les résultats suivants :

» En soumettant une gravure (quelle que soit la composition du noir) à la vapeur qui se dégage de l’acide azotique pur, l’appliquant ensuite sur une plaque d’argent ou de cuivre, l’y laissant pendant quelques minutes, on obtient une épreuve négative très-visible. Les blancs sont chargés d’une vapeur blanche, et les noirs sont le cuivre pur.

« Une gravure huilée, et des caractères tracés avec du fusain sur du papier blanc, m’ont donné les mêmes résultats. J”ai ensuite soumis à la même vapeur une tablette composée de bois blanc et d’ébène, et la bande blanche seule s’est reproduite.

« Je préviens que si on laisse longtemps une gravure exposée à la vapeur de cet acide, les noirs finissent par s’imprégner comme les blancs, et que la plaque de métal sur laquelle on a appliqué la gravure se trouve alors recouverte d’une couche uniforme qui n’offre plus aucune trace de dessin.

« Une gravure ne peut servir qu’à faire une- on deux épreuves au plus: il faut, après cela, la laisser à l’air vingt-quatre heures avant de pouvoir opérer de nouveau, et souvent elle ne reproduit plus son image. On voit par là que l’effet n’est pas caracterisé, comme il l’est avec l’iode et le phosphore.

« Cette vapeur se porte également sur les reliefs et sur les tranches: ainsi un tableau à l’huile et des timbres secs se reproduisent très-bien par ce moyen.

» Les mêmes effets ont lieu avec le chlorure de chaux sec; seulement il faut le chauffer un peu avant d’exposer la gravure à la vapeur qui se dégage de cette substance, et qui donne, comme l’acide azotique, une épreuve négative.

Annexe au Mémoire précédent, présenté à l’Académie le 25 octobre 1847.

(Extrait.)

« Ayant pris des plumes d’oiseaux présentant du noir et du blanc ( comme celles des ailes de la pie ou de la queue du vanneau), les ayant soumises à la vapeur d'iode , les noirs se sont distingués des blancs d’une manière sensible; et j’ai fait avec la même plume huit à dix épreuves sur cuivre, qui toutes m’ont donné une ligne d.e démarcation très-prononcée entre le noir et le blanc.

« J’ai ensuite plongé une gravure dans de la teinture d’iode, et j’ai fini, après plusieurs épreuves successives sur papier collé à l’amidon, par avoir une épreuve positive parfaitement nette, comme si j’avais opéré avec la vapeur d’iode; il en est de même si l’on trempe la gravure dans de l’eau d’iode.

« Je dois prévenir que, dans la reproduction d’une gravure, tous les points noirs ou colorés qui se trouvent presque toujours dans la pâte du papier se reproduisent commé les traits de la gravure; il faut, dans ce cas, les faire disparaître de l’épreuve en les touchant avec de l’ammoniaque, ou par tout autre moyen.

« Avant de quitter les épreuves positives pour passer aux négatives, je dirai que j’ai obtenu avec la pyrite de fer ce que j’avais obtenu avec le sulfure d’arsenic; cependant ce dernier est préférable sous le rapport de la facilité de l’exécution du procédé, et parce qu’il ne laisse aucune trace sur la gravure. Ces dessins résistent à l’eau forte.

« J’ai également obtenu une épreuve positive avec le deutochlorure de mercure (sublimé corrosif); si l’on passe le dessin sur cuivre à la vapeur d’ammoniaque, il apparait beaucoup mieux et se trouve très-bien fixé.

« Je parlerai maintenant des épreuves négatives que j’ai obtenues avec des substances douées de la propriété de se porter sur les blancs d’une gravure de préférence aux noirs, telles que l’acide azotique. Voici ce que j’ai obtenu de nouveau avec cette substance: J’ai trempé des caractères d’impression dans de l’acide azotique pur (ayant eu l’atention de les retirer tout de suite); je les ai appliqués sur une plaque de cuivre, et les ayant enlevés après un certain temps, j’ai trouvé des caractères en relief ressemblant à une planche typographique

« Si l’on’trempe une gravure dans de l’eau acidulée d’acide azotique; qu’on la laisse sécher jusqu’à ce qu’elle n’ait plus qu’un peu d’humidité, et qu’on l’applique ensuite sur une plaque de métal, on a une épreuve négative habituellement très-lisible; mais, dans le cas où elle ne le serait pas, il suffit de souffler sur la plaque pour faire paraître le dessin. Une plume noire et blanche, traitée de la même manière, m’a donné également une épreuve où le blanc seul s’est reproduit: résultat inverse de celui qu’on obtient en imprimant sur le métal la plume qui a eté exposée à la vapeur d’iode.

« L’acide chlorhydrique produit à peu prés le même effet que l’acide azotique; mais ce dernier est, bien préférable.

« J’ai dit que le chlorure de chaux (hypochlorite de chaux) donnait une épreuve négative lorsqu’on soumet une gravure à la vapeur qui s’en dégage, résultat opposé à celui que produit le chlore, L’épreuve est encore négative si l’on plonge une gravure dans du chlorure de chaux liquide, tandis que l’épreuve est positive si, on la trempe dans du chlore pur.

« Lorsqu’une gravure est exposée au contact du chlorure de, chaux dissons dans l’eau ou à la vapeur qu’il exhale par sa chaleur, il arrive qu’en l’appliquant ensuite sur un papier de tournesol bleu, les blançs dela gravure sont reproduits en blanc; tandis que, si la gravure est exposée au contact de l’eau de chlore ou à la vapeur qu’elle exhale, les noirs sont reproduits, en rouge. Mais pour obtenir ces résultyats il faut surtout, pour le de chaux, élever la température à 40 degrés environ. Les mêmes effets ont lieu sur argent et sur cuivre.

De la photographie sur verre.

« Quoique ce travail ne soit qu’ébauché, je le publie tel qu’il est, ne doutant pas des rapides progrés qu’il fera dans des mains plus exercées que les miennes, et par des personnes qui opéreront dans de meilleures conditions qu’il ne m’a été permis de le faire.

« Je vais indiquer les moyens que j’ai employés, et qui m‘ont donné des résultats satisfaisants, sans être parfaits; comme tout dépend de la préparation de la plaque, je crois devoir donner la meilleur manière de préparer l’empois.

« Je prends 5 grammes d’amidon, que je délaye avec 5 grammes d’eau, puis j’y en ajoute encore 95 grammes, après quoi j’y mêle 35 centigrammes d’iodure de potassium, étendu dans 5 grammes d’eau. Je mets sur le feu: lorsque l’amidon est cuit, je le laisse refroidir, puis je le passe dans un linge, et c’est alors que je le coule sur les plaques de verre, ayant l’attention d’en couvrir toute la surface le plus également possibie. Après les avoir essuyées en dessous, je les pose sur un plan parfaitement horizontal, afin de les sécher assez rapidement au soleil ou à l’étuve, pour obtenir un enduit qui ne soit pas fendillé, c’est-à-dire pour que le verre ne se couvre pas de cercles où l’enduit est moins épais qu’ailleurs (effet produit, selon moi, par l’iodure de potassium). Je préviens que l’amidon doit toujours être préparé dans un vase de porcelaine, et que la quantité de 5 grammes que je viens d’indiquer est suffisante pour enduire une dizaine de plaques, dites d’un quart. On voit par là qu’il est facile de préparer une grande quantité de plaques à la fois. Il importe encore de ne pas y laisser de bulles d’air, qui feraient autant de petits trous dans les épreuves.

« La plaque étant préparée de cette manière, il suffira, lorsqu’on voudra opérer, d’y appliquer de l’acétonitrate, au moyen d’un papier trempé à plusieurs reprises dans cette composition; on prendra ensuite un second papier imprégné d’eau distillée, que l’on passera sur la plaque. Un second moyen consiste à imprégner préalablement la couche d’empois d’eau distillée, avant de mettre l’acétonitrate; dans ce dernier cas, l’image est bien plus noire, mais l’exposition à la lumière doit être un peu plus longue que par le premier moyen que j’ai indiqué.

« On expose ensuite la plaque dans la chambre obscure, et on l’y tient un peu plus de temps peut-être que s’il s’agissait d’un papier préparé par le procédé Blanquart. Cependant j’ai oblenu des épreuves très-noires en 20 ou 25 secondes, au soleil, et en 1 minute à l’ombre (1) ([i]). L’opération est conduite ensuite comme s’il s’agissait de papier, c’est-à-dire que l’on se sert de l’acide gallique pour faire paraître le dessin, et du bromure de potassium pour le fixer.

« Tel est le premier procédé dont je me suis servi; mais ayant eu l’idée d’employer l’albumine (blanc d’œuf), j’ ai obtenu une supériorité remarquable sous tous les rapports, et je croisque c’est à cette dernière substance qu’il faudra donner la préférence.

» Voici la manière dont j’ai préparé mes plaques : J’ai pris dans le blanc d’œuf (1) ([ii]) la partie la plus claire (cette espèce d’eau albumineuse), dans laquelle j’ai mis de l’iodure de potassium, puis, après l’avoir coulée sur les plaques, je l’ai laissée séchér à la température ordinaire (si elle était trop élevée, la couche d’albumine se gercerait). Lorsque l’on veut opérer, on applique l’acétonitrate en le versant sur la plaque, de manière à en couvrir toute la surface à la fois, mais il serait préférable de la plonger, dans cette composition pour obtenir un enduit bien uni.

« L’acétonitrate rend l’albumine insoluble dans l’eau et lui donne une grande adhérence au verre. Avec l’albumine, il faut exposer un peu plus longtemps à l’action de la lumière que quand on opère avec l’amidon; l’action de l’acide gallique est également plus longue; mais en compensation on obtient une pureté et une finésse de traits remarquables, et qui, je crois, pourront un jour atteindre à la perfection d’une image sur la plaque d’argent.

« J’ai essayé les gélatines: elles donnent aussi des dessins d’une grande pureté (surtout si l’on a la précaution de les filtrer, ce qu’il est essentiel de faire pour toutes les substances), mais elles se dissolvent trop facilement dans l’eau. Si l’on veut employer l’amidon, il faudra choisir le plus fin; pour moi, qui n’ai employé que ceux du commerce, le meilleur que j’ai trouvé est celui de la maison Groult.

» C’est en employant les moyens que je viens d’indiquer que j’ai obtenu des épreuves négatives. Quant aux épreuves positives, n’en ayant pas faites, je n’en parlerai pas; mais je présume que l’on peut opérer comme pour le papier, ou bien en mettant les substances dans l’amidon, mais non dans l’albumine, qu’il ne faudra même pas passer dans la solution de sel marin. Il faudra, pour cette dernière substance, plonger la plaque dans le bain d’argent.

« Si l’on préfère continuer à se servir de papier, j’engagerai à l’enduire d’une ou deux couches d’empois ou d’albumine, et l’on aura alors la même pureté de dessin que pour les épreuvés que j’ai faites avec l’iode; mais je crois que, pour la photographie, cela ne vaudra jamais un corps dur et poli, recouvert d’une couche sensible.

« J’ajouterai que l’on pourra obtenir de très-jolies épreuves positives sur verre opale.

« Ne peut-on pas espérer que, par ce moyen, on parvienne à tirer des épreuves de la pierre lithographique, ne serait-ce qu’en crayonnant le dessin reproduit, si l’on ne peut pas l’encrer autrement ? J’ai obtenu de très belles épreuves sur un schiste (pierre à rasoir) enduit d’une couche d’albumine. A l’aide de ce moyen, les graveurs sur cuivre et sur bois pourront obtenir des images qu’il leur sera très-facile de reproduire. «

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Après que le bureau de l’Académie a eu ouvert les paquets cachetés déposés par M. Niepce de Saint-Victor, et constaté l’existence de gravures reproduites sur papier collé en cuve, sur enduit d’amidon et sur des plaques métalliques, M. Chevreul a lu des considérations sur la reproduction, par les procèdés de M. Niepce de Saint-Victor, des images gravées, dessinées ou imprimées. Ces considérations ont pour but de définir le mérite des expériences de M. Niepce au point de vue théorique, en les rapportant aux actions dépendantes de l’AFFINITÉ que M. Chevreul appelle CAPILLAIRE.

(L’ensemble du travail est renvoyé à l’examen d’une Commission composée de MM. Biot, Arago, Thenard, Chevreul et Reguault.)

_____________________________________


([i]) (1) En chauffant un peu la plaque, on peut opérer en moins de temps.

([ii]) (1) Plus le blanc est frais, plus il a de viscosité.

segunda-feira, 16 de novembro de 2009

1847
22 de Novembro
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXV
Nº. 22
Pag. 785, 786, 787, 788, 789, 790, 791, 792, 793, 794

RAPPORTS.
CHIMIE. - Rapport sur les recherches de M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR
(Commissaires, MM. Biot, Arago, Thenard, Regnault , Chevreul rapporteur.)
« L’Académie a nommé une Commission composée de MM. Biot, Arago, Thenard, Chevreul et Regnault, pour rendre compte des expériences que M. Niépce de Saint -Victor lui a communiquées dans la séance du 23 octobre dernier; excepté celles qui concernent la photographie, les autres avaient été décrites et consignées dans des paquets cachetés dont elle avait accepté le dépôt le 22 juin 1846 et le 11 janvier 1847. Ces recherches étant connues aujourd’hui des membres de cette Académie et de ceux qui en suivent les travaux, leur caractère purement expérimental les plaçant en dehors de toute discussion de théorie à l’égard de l’auteur, et, par leur nouveauté et leur nature, frappant tous les yeux qui en voient les produits et tous les esprits auxquels on en parle, la tâche de la Commission appelée à les juger est bien simple, puisque, d’après ces considérations, il lui suffira de les considérer dans leurs rapports avec la science. Telle est, en effet, l’opinion unanime de la Commission. Mais qu’il soit permis au rapporteur de dire quelques mots relatifs à un point sur lequel il n’a pu partager la manière de voir de ses honorables collegues. Il lui a semblé qu’apres la communication qu’il avait faite des travaux de M. Niépce de Saint-Victor, les détails dans lesquels il était entré à leur sujet, les inductions qu’il en avait tirées, il devait être le dernier choisi pour servir d’organe à la Commission devant l’Académie; persuadé qu’une autre voix que la sienne aurait eu plus de puissance pour parler de ces travaux, et qu’elle aurait su leur donner un nouvel intérêt du nouveau point de vue où ils auraient été envisagés. Mes honorables collègues ont pensé différemment lorsqu’ils m’ont chargé à l’unanimité du rôle de rapporteur. Il était de mon devoir de l’accepter; mais, en déférant à leur opinion, ma conviction n’a pas changé, et j’ai voulu dire les difficultés que je trouvais à parler au nom de plusieurs, et convenablement sans me répéter, d’un sujet auquel j’avais beaucoup pensé avant de venir en entretenir l’Académie en mon nom particulier.
« Il s’en faut beaucoup que les chimistes et les physiciens aient donné une égale attention aux différentes sortes d’actions moléculaires que la matière présente à l’observation.
« Les actions en vertu desquelles se font les combinaisons définies ont occupé les chimistes, pour ainsi dire, à l’exclasion des physiciens, soit qu’il s’agisse des composés résultant des affinités les plus énergiques, en vertu desquelles des corps, comme l’oxygéne, le chlore, etc., s’unissent au potassium, au sodium, etc., ou des composés résultant de la neutralisation mutuelle des acides et des alcalis; soit qu’il s’agisse des composés ternaires ou quaternaires définis, dans lesquels on expulse un de leurs éléments, l’hyidrogène par exemple, par un autre corps tel que l’oxygène le chlore, etc. Les chimistes n’ont pas borné leur étude aux phénomènes passagers de ces actions, ils l’ont étendue encore aux propriétés de leurs produits
« Les actions moléculaires en vertu desquelles se font les composés indéfinis, tels que la plupart des alliages métalliques, les solutions de corps solides ou de fluides élastiques dans des liquides neutres, et. des composés solides produits d’une cémentation , comme l’acier, ont fixé à la fois l’attention des chimistes et celte de plusieurs physiciens, parce qu’il semble, en effet, que, dans les composés indéfinis, l’affaiblissement de l’action moléculaire rapproche les phénomènes de ceux qui sont du domaine de la physique.
« Les actions moléculaires par lesquelles des corps dissous dans des liquides se fixent à des solides sans que la forme de ceux-ci en paraisse changée, comme cela arrive aux étoffes teintes dans des bains colores, n’ont guère été examinées jusqu’ici que par le petit nombre des chimistes qui sé sont livrés à l’étude de la théorie de la teinture.
« Quant aux actions moléculaires en vertu desquelles l’eau donne aux tissus des animaux les propriétés nécessaires à remplir le rôle que l’organisation leur a imposé dans les phénoménes de la vie, et à divers corps pulvérulents inorganiques, la propriété de constituer des pâtes tenaces et ductiles, elles ont été l’objet d’études plus rares encore que les précédentes.
« Enfin, des chimistes, aussi bien que des physiciens, se sont occupés de l’examen des actions que certains solides, particulièrement ceux qui sont poreux ou réduits eu poudre impalpable, exercent par leur surface sur des fluides élastiques. Leur attention s’est particuliérement fixée sur les phénomènes manifestés pendant l’action plutôt que sur les propriétés permanentes acquises par les corps qui y ont pris part; résultat tout simple, quand on considère qu’aux yeux de beaucoup de chimistes, l’affinité de laquelle on fait dépendre les combinaisons définies n’existe pas dans le cas dont nous parlons.
« En définitive, nous voyons comment, à une certaine limite des actions moléculaires, le chimiste et le physicien interviennent dans l’étude de phénomènes qui, au dire de plusieurs, seraient affranchis de l’affinité proprement dite, et rentreraient, d’après cela, dans la classe des actions purement physiques. Quoi qu’il en soit de cette opinion, les produits de ces actions n’ont point un caractère de permanence dans leurs propriétés, ou une constitution susceptible d’être déterminée d’une maniére tellement précise, qu’on puisse les comparer aux composés chimiques proprement dits, à ceux même dont les proportions des éléments sont indéfinies.
« Nous avons cru devoir rappeler cet état de la science, dans l’espérance de faire comprendre les rapports des recherches de M. Niépce de Saint-Victor avec l’état actuel de nos connaissances chimiques: car, dans les expériences qu’il a décrites, l’influence de l’affinité est incontestable; il se forme des composés définis, des composés analogues à ceux qui sont produits en teinture, lorsque des étoffes se combinent à des acides, à des bases, à des sels, à des principes colorants, sans changement de leur état solide; en outre, des vapeurs se fixent à des solides, en vertu d’une force attractive, suffisante pour vaincre une partie de leur tension seulement, de sorte que, dans le vide on dans un espace qui est au-dessous d’une certaine limite de saturation de cette même vapeur, les solides qu’on y place laissent exhaler la totalité, ou du moins une portion de celle qu’ils avaient fixée d’abord.
« Parlons maintenant de la reproduction sur papier amidonné, ou sur un enduit d’amidon, d’une gravure, d’un imprimé en encre grasse, au moyen de la vapeur d’iode.
« La reprodnction est incontestable, et certes on ne peut voir sans un sentiment d’étonnement la fidélité avec laquelle les traits les plus délicats de l’original se retrouvent dans la copie. Nous en appelons au souvenir de l’Académie, qui a eu naguère tant d’exemples remarquables d’images reproduites par M. Niépce de Saint-Victor.
« Au point de vue scientifique, l’étude de cette reproduction est très-intéressante. En effet, lorsque le modèle se trouve exposé à la vapeur diode, celle-ci se porte sur les noirs de préférence aux blancs; mais cela ne veut pas dire, comme quelques personnes l’ont compris, que ce soit à l’exclusion des blancs: car, en prolongeant l’exposition, ceux-ci se colorent en orangé-jaune-brun, par de la vapeur d’iode qui s’y condense. Qu’est-ce qu’il y a donc de vrai dans les expériences de M. Niépce?
« 1º. C’est que les noirs absorbent la vapeur d’iode plus vite que les blancs, et en proportion plus considérable; dès lors, en n’exposant une gravure à la vapeur diode qu’un temps insuffisant pour que les blancs se colorent, les noirs iodés reproduisent leur image sur le cuivre, et même sur un enduit d’amidon.
« 2º. C’est que si une gravure a été exposée à la vapeur d’iode assez longtemps pour que les blancs se soient iodés, en la tenant ensuite à l’air libre un temps convenable, l’iode abandonne les blancs, tandis qu’il en reste assez dans les noirs pour que ceux-ci reproduisent leur image.
« Tous ces effets se manifestent eu prenant les corps à une même température, en les mettant en présence à la lumière diffuse ou dans l’obscurité, au milieu de l’air ou dans le vide.
« Conclusion. - Il y a une force attractive, dans la matière des noirs, capable de surmonter la force répulsive de la vapeur d’iode. Cette force existe dans la matière blanche du papier, mais à un degré plus faible.
» Elle est identique à celle qui opère la condensation des fluides élastiques à la surface des corps.« Si on la confond avec l’affinité, son action est des plus faibles dans les phénomènes dont nous parlons.
« La force attractive en vertu de laquelle les noirs fixent la vapeur diode se manifeste encore lorsqu’on plonge une gravure dans l’eau diode pendant quatre minutes; celui-ci quitte son dissolvant pour s’unir à la matière des noirs, précisément comme les matières colorantes de la gaude, de la garance, etc., quittent l’eau pour s’unir aux parties mordancées d’une étoffe, de préférence à celles qui ne le sont pas. Mais à l’égard des corps que nous citons, la force attractive en vertu de laquelle les principes colorants se fixent à l’étoffe mordancée, est supérieure à celle qui sollicite l’iode à s’unir avec la matière noire de la gravure, puisque celle-ci, après avoir été lavée, le céde à l’amidon humide d’un papier, pour constituer l’iodure bleu-violet, connu de tous ceux qui s’occupent de chimie. Enfin, si l’on applique une gravure iodée sur un enduit d’amidon humide, adhérent à une plaque de cuivre, l’iode quitte les noirs, passe au travers de l’amidon, se porte sur le métal, s’y unit et y dessine l’image. Le même résultat est obtenu d’une manière plus élégante encore, en prenant une image d’iodure d’amidon bleu-violet sur verre, et l’appliquant, après l’avoir mouillée, sur une plaque de cuivre; l’image colorée s’évanouit peu à peu pour se reproduire sur la plaque de cuivre en iodure de ce métal.
« Certes, au point de vue de la mécanique chimique, il est peu de phénomènes aussi remarquables que cette succession de fixation et de déplacement de l’iode, relativement à une série de corps doués chacun à son égard, d’une force attractive différente. Ainsi, la matière noire d’une gravure, l’attirant plus que ne le fait le papier blanc, rappelle à la fois l’action des corps poreux sur les vapeurs, et celle des étoffes mordancées sur des principes colorants dissous dans l’eau: l’amidon humide, enlevant l’iode à la matière noire des gravures, forme un iodure bleu, dont la composition paraît bien définie; enfin, le cuivre, enlevant à son tour l’iode à l’amidon, constitue sans doute encore avec lui un composé défini, et, fait digue d’attention dans tous ses déplacements, l’iode constitue toujours l’image produite par la matière noire qui l’a absorbé en premier lieu !
« Nous croyons utile, avant de passer outre, d’ajouter quelques faits propres à démontrer qu’une force attractive est bien la cause qui condense la vapeur d’iode sur les noirs d’une gravure ou d’une impression; qu’en conséquence, on ne pourrait admettre que la vapeur d’iode s’y arrêterait comme sur un obturateur, tandis qu’elle filtrerait sans obstacle au travers des blancs.
« Si l’on applique une gravure iodée entre deux plaques de cuivre pendant huit ou dix minutes, l’image apparaît sur chacune des plaques. La plaque que touchait le recto de la gravure présente l’image en sens inverse de celle du modèle, tandis que la plaque qui touchait le verso présente l’image en sens direct. Si les noirs étaient imperméables à la vapeur d’iode; s’ils faisaient fonction d’obturateur à son égard, il n’y aurait pas eu d’image reproduite sur cette dernière plaque. M. Niépce a parfaitement constaté encore que cette reproduction de l’image a lieu au delà du contact, fait très-important pour la théorie des images de Möser.
« Enfin, si l’on enduit une gravure d’un corps gras avant de l’exposer a la vapeur d’iode, les noirs absorbent encore cette vapeur, et la gravure peut reproduire son image, quoique un peu plus faiblement que dans le cas où le papier n’a pas été huilé.
« Une différence de porosité entre des parties noires et des parties blanches ne peut expliquer la condensation de l’iode sur les unes de préférence aux autres. En effet, si une règle d’ébène, juxtaposée à une règle de bois blanc poreux, reproduit son image sur une plaque de métal à l’exclusion de celle-ci, une règle de ce même bois blanc teint en noir de chapelier, juxtaposée a une règle de buis, beaucoup plus dense, exposée à l’iode, reproduit son image à l’exclusion de la seconde.
« D’après cette double expérience, une différence de porosité ne suffit donc pas pour expliquer la différence d’aptitude à se pénétrer de vapeur diode que manifestent deux bois, dont l’un est noir et l’autre est incolore.
« Les propriétés des images produites sur les métaux par l’application d’une gravure ou d’une impression préalablement exposée, non-seulement à la vapeur d’iode, mais encore à celles du soufre, du sulfure d’arsenic, du bisulfure de fer, de l’acide azotique, du phosphore brûlant lentement à l’air, présentent à l’observateur des faits non moins dignes d’attention que ceux dont nous venons de parler.
« L’image produite par l’iode sur le cuivre tend à s’effacer. Si l’altération de l’iodure ne contribue pas à cet effet, l’oxydation du cuivre non iodé y a une part certaine.
« Mais expose-t-on l’image à la vapeur de l’ammoniaque fluor, quelques minutes; une modification profonde s’opère: le cuivre non iodé blanchit, perd son éclat métallique, tandis que le cuivre iodé brunit. L’image devient alors plus apparente qu’elle n’était, par la double raison que l’éclat spéculaire du métal est détruit, et que l’opposition entre les clairs et les ombres devient plus grande qu’elle n’était auparavant. L’observation microscopique rend, ainsi que nous le verrons plus bas, parfaitement raison de ces effets.
« Nous ignorons ce qui se passe entre le cuivre iodé et l’ammoniaque.
« Quant à la modification produite par la vapeur alcaline sur le métal non iodé, elle ne disparaît point par le contact de l’eau froide, de l’eau de prussiate jaune de potasse; mais un flocon de coton humide avec lequel on frotte le cuivre ammoniaqué se colore en bleu verdâtre, et le prussiate acidulé le teint immédiatement en rouge marron: le coton était imprégné d’oxyde de cuivre et d’ammoniaque. Cest ce qui explique pourquoi les acides phosphorique, acétique, etc., versés sur le cuivre ammoniaqué, découvrent une surface métallique et tiennent en solution de l’oxyde de cuivre et de l’ammoniaque, qu’on y démontre par le prussiate de potasse jaune et le chlorure de platine. Il est remarquable que le cuivre ammoniaqué, après avoir été soumis d’abord à l’action des acides, puis à celle du tripoli, a un aspect semblable au cuivre pur; tandis que le cuivre ammoniaqué que les acides n’ont pas touché prend, dans la même circonstance, du brillant, sans doute, mais il conserve toujours quelque chose de mat et de blanc qui le distingue du cuivre non modifié.
« C’est en raison de ce dernier effet qu’une image iodée sur plaque de cuivre, après avoir été exposée à l’ammoniaque, ne s’efface pas lorsqu’on soumet le méta1 au frottement d’un flocon de coton mouillé et imprégné de tripoli dans le sens du poli primitif de la plaque; et il y a plus: elle se conserve des années, et conséquemment bien plus longtemps qu’une image iodée sur cuivre que la vapeur d’ammoniaque n’aurait pas touchée.
« L’observation microscopique fait apercevoir une grande différence entre la surface du cuivre poli et celle de ce métal, qui a été exposée seulement à la vapeur de l’iode ou à celle de l’ammoniaque, ou bien qui l’a été successivement à ces deux vapeurs. Effectivement, la surface du cuivre poli en un même sens présente des sillons rectiliegnes et parallèles avec quelques points irisés, tandis que la surface du métal modifiée par les réactifs précités présente de petits dessins curvilignes irisés, dont les creux sont moins profonds que les sillons du cuivre poli; en un mot, elle a l’aspect de grains fins qui auraient été aplatis par une légère pression.
» Cette différence dans la manière de réfléchir la lumière, qu’on remarque entre le cuivre métallique pur et le cuivre modifié par l’ammoniaque, rend parfaitement raison de la manifestation des images de M. Niépce de Saint-Victor. Elle résulte évidemment de l’opposition existant entre les effets de la lumière réfléchie par une surface agissant comme des cylindres paralléles , et les effets de lumière réfléchie par une surface agissant comme des cylindres cannelés perpendiculairement à leur axe, ou, en d’autres termes, par une surface à points qui la rayonnent en tous sens au lieu de la réfléchir spéculairement. La théorie des effets optiques des étoffes de soie est donc applicable à l’explication de la production physique des images de M. Niépce de Saint-Victor; on peut effectivement considérer le cuivre métallique poli dans un même sens comme agissant à la manière du satin, et le cuivre modifié comme agissant à la manière du taffetas.
» Cette théorie très-simple explique comment, dans la vision de l’image résultant immédiatement de l’application d’une gravure iodée contre une plaque de cuivre, les ombres sont les parties iodées du métal, et les clairs les parties qui, ne l’ayant pas été, ont conservé leur éclat spéculaire; tandis qu’après l’exposition de la plaque à l’ammoniaque et son passage au tripoli, les ombres sont le cuivre métallique, et tes clairs le cuivre ammoniaqué. Il va sans dire que la vision distincte exige que le spectateur soit placé, dans le premier cas, de maniére que la lumière réfléchie spéculairement arrive à ses yeux, tandis que, dans le second cas, la lumière réfléchie spéculairement par le cuivre dont l’iodure a été enlevé par le tripoli ne leur parvienne pas.
« Le cuivre n’est pas le seul métal sur lequel on puisse reproduire des images avec la vapeur d’iode, car M. Niépce a démontré qu’on en fait naître sur le fer, l’étain, le plomb, le laiton et l’argent. Mais au lieu d’exposer ce dernier métal à la vapeur de l’ammoniaque pour fixer l’image, il l’expose à la vapeur du mercure.
« D’un autre caté, beaucoup de fluides élastiques partagent avec la vapeur d’iode la propriété de reproduire sur métal les images des gravuresqui ont été exposées quelques minutes à leur contact. Nous en citerons quelques-unes pour exemples.
« Le chlore se fixe aux noirs à l’instar de l’iode, mais les images qu’il forme sont moins prononcées.
« La vapeur du soufre et celle du sulfure d’arsenic, chauffés au milieu de l’air, donnent à la gravure qu’on y expose la propriété d’imprimer son image à une plaque de cuivre contre laquelle on la presse pendant dix minutes.
« La vapeur du bisulfure de fer produit un effet analogue, quoique plus difficile à obtenir et bien moins prononcé.
« Du moment où l’existence d’une attraction élective est prouvée entre des fluides élastiques et différents corps solides formant un même ensemble, comme les différentes matières noires qui sont distribuées sur un papier blanc de manière a représenter des images quelconques, matières qui ont une propriété attractive pour ces fluides élastiques supérieure à celle du papier blanc, on peut en induire qu’il pourra y avoir d’autres vapeurs qui présenteront la propriété contraire.
« Telle est, en effet, la vapeur exhalée de l’acide azotique d’une densité de 1,34: une gravure qu’on y expose imprime son image sur une plaque de cuivre. Mais la vapeur a été absorbée par les blancs du papier, et, dès lors, les ombres proviennent du cuivre métallique. La preuve qu’il en est ainsi, c’est que si la gravure eût été appliquée contre un papier bleu de tournesol, les parties blanches eussent été reproduites en rouge, et les noirs en bleu. Si cette dernière expérience ne prouve pas absolument que les noirs n’ont pas absorbé la vapeur acide, car les phénomènes se passeraient comme il vient d’être dit, dans le cas où les noirs attirant la vapeur avec plus de force que les blancs la conserveraient, lorsque les blancs l’abandonneraient à d’autres corps, l’existence d’une attraction élective de la vapeur acide, relativement à une série de corps, n’en existerait pas moins.
« Enfin, nous ajouterons que M. Niépce a constaté qu’une plume de la queue d’un vanneau, noire et blanche, exposée à l’iode, imprimait l’image de sa partie noire sur métal; tandis que, plongée dans l’acide azotique, elle y imprimait sa partie blanche.
» A une époque où tant de personnes considérent les choses au point de vue de l’utilité, on ne peut douter des applications plus ou moins importantes auxquelles conduiront les recherches de M. Niépce de Saint-Victor; et l’on peut espérer que la photographie, en particulier, ne tardera point à tirer un bon parti de l’enduit d’amidon, et, mieux encore, de l’enduit d’albumine sur plaque de verre, substitués en beaucoup de cas aux plaques métalliques ou au papier, dans la fixation des images qui se peignent au foyer de la chambre noire. Mais au lieu d’insister sur les applications proprement dites dont ce travail est susceptible, nous avons préféré le considérer au point de vue scientifique, les objets de science pure étant spécialement du ressort de l’Académie. Tel est le motif qui nous a déterminés à rattacher aux principes de nos connaissances actuelles les découvertes où M. Niépce a fait preuve de tant de persévérance et de talent. En résumé, elles nous paraissent devoir fixer l’attention des savants sous les rapports suivants :
« 1º. Sous le rapport de l’attraction élective avec laquelle une même vapeur peut être fixée par différents corps.« Ainsi, l’iode a plus de tendance à se fixer à plusieurs matières noires qu’au papier blanc, soit qu’il agisse à l’état de vapeur, soit qu’il agisse à l’état de solution liquide. Dans le premier cas, les noirs agissent à l’instar des solides poreux condensant des vapeurs; dans le second, comme des mordants fixant des matiéres colorantes sur des tissus. D’un autre côté, les matières noires cèdent leur iode à l’amidon, et celui-ci le cède enfin à des métaux.
« 2º. Sous le rapport de l’attraction élective de certaines vapeurs qui se fixent au papier blanc, de préférence aux parties noires d’une encre grasse, ainsi que cela arrive à la vapeur de l’acide azotique.
« 3º. Sous le rapport de la rapidité avec laquelle peuvent réagir une vapeur et des corps solides aussi compactes que le sont les métaux, comme on l’observe entre la vapeur de l’ammoniaque fluor, et le cuivre par exemple.« 4º . Sous le rapport de la distance à laquelle une vapeur qui se dégage de la matière d’une image est susceptible de reproduire cette image sur un plan où la vapeur vient a se condenser.« 5º . Sous le rapport de l’influence très-diverse que différents solides pourraient exercer sur l’économie animale, après avoir été exposés à une même vapeur.
Conclusions.
« C’est d’après cet ensemble de considérations que nous avons l’honneur de proposer à l’Académie l’insertion des recherches de M. Niépce de Saint-Victor dans le Recueil des Savants étrangers.
« En adoptant cette conclusion, l’Académie donnera à l’auteur un témoignage d’estime qu’il mérite par la persévérance de ses efforts, autant que par les remarquables découvertes qui en ont été les résultats. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
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1847

ABEL NIÉPCE de St. VICTOR , primo de Nicéphore Niépce, inventa o negativo sobre vidro albuminado, utilizando albumina de ovo para sensibilizar as placas de vidro.
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domingo, 15 de novembro de 2009

1848
12 de Junho
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXVI
Nº. 24
Pag. 637, 638, 639
CORRESPONDANCE
CHIMIE. - Note sur la photographie sur verre; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR.
« Dans le Mémoire qne j’ai eu l’honneur de présenter à l’Académie au mois d’octobre dernier, j’ai publié ce que j’avais fait alors sur ce sujet. Aujourd’hui je viens ajouter les nouveaux résultats que j’ai obtenus.
« Les épreuves que j’ai l’honneur de présenter ne sont encore que des reproductions de gravures et de monuments d’après nature, la longueur de l’opération ne m’ayant pas permis de faire le portrait en employant l’albumine seule; cependant, j’ai obtenu des épreuves de paysages en 80 à 90 secondes à l’ombre, et si l’on mélange du tapioka avec l’albumine, on accélére l’opération, mais l’on perd en pureté de traits ce que l’on gagne en vitesse.« J’ai indiqué dans mon Mémoire deux substances propres à la photographie sur verre: l’amidon et l’albumine. J’ai donné les moyens de préparer l’amidon; mais comme l’albumine lui est bien préférable, je ne parlerai que de celle-ci.
« Voici la maniére de procéder: On prend deux ou trois blancs d’œufs (selon le nombre de plaques à préparer), dans lesquels on verse de douze à quinze gouttes d’eau saturée d’iodure de potassium, selon la grosseur des œufs; on bat ensuite les blancs en neige, jusqu’à ce qu’ils aient assez de consistance pour tenir sur le bord d’une assiette creuse. On nettoie parfaitement la partie de l’assiette restée libre, afin d’y laisser couler l’albumine liquide qui s’échappe de la mousse en plaçant l’assiette sur un plan incliné. Après une heure ou deux, le liquide est versé dans un flacon de verre pour s’en servir au besoin.
« On peut conserver l’albumine pendant quarante-huit heures au moins en la tenant au frais.
« Une grande difficulté existe pour étendre l’albumine également sur la plaque de verre; le procédé qui m’a le mieux réussi est celui-ci:
« Je mets l’albumine dans une capsule de porcelaine plate carrée, de manière que le fond en soit recouvert d’une couche de 2 à 3 millimètres d’épaisseur; je place la feuille de verre verticalement contre une des parois de la bassine, je l’incline ensuite en la soutenant avec un crochet, de facon à lui faire prendre tout doucement la position horizontale; je la relève avec précaution au moyen du crochet, et je la place sur un plan parfaitement horizontal.
» Tel est le moyen qui m’a donné les meilleurs résultats, el avec lequel on peut obtenir une couche d’égale épaisseur; chose essentielle, car s’il y a excès d’albumine dans certaines parties de la plaque, elles s’écailleront sur le cliché.« Lorsque l’albumine aura été appliquée comme je viens de le dire, on la fera sécher à une température qui ne doit pas dépasser 15 à 20degrés; sans cette précaution, la couche se fendillerait et ne donnerait plus que de mauvais résultats. C’est pour cela que, dans le cas où la température dépasserait 20 degrés, il conviendrait de ne préparer les plaques que le soir et de les placer sur un marbre recouvert d’un linge mouillé; elles séchent alors lentement la nuit, et le lendemain matin on les place dans un lieu frais jusqu’à ce que l’on veuille s’en servir. Sans cette précaution, la couche, quoique sèche, se fendillerait aussitôt qu’elle serait exposée à une température un peu élevée; mais pour obvier à cet inconvénient, on passe les plaques, dès qu’elles sont sèches, dans l’acéto-azotate d’argent, et on les conserve à l’abri de la lumière.
« L’expérience m’a appris que l’image venait tout aussi bien, la couche étant sèche que si elle était mouillée; seulement l’opération est un peu plus longue dans le premier cas; mais cet inconvénient est bien compensé par la facilité que l’on a de transporter les plaques pour opérer au loin.
« La feuille de verre étant enduite d’une couche d’albumine qui contient de l’iodure de potassium, on la passe dans la composition d’acéto-azotate d’argent en employant les mêmes moyens que j’ai indiqués pour l’application de l’albumine, et on la lave avec de l’eau distillée, puis on l’expose dans la chambre obscure. On se sert d’acide gallique pour faire paraître l’image, et du bromure de potassium pour la fixer.
« Quant à la supériorité du cliché sur verre à celui du papier, je crois qu’elle est (sauf la vitesse) incontestable sous tous les rapports.
« Pour les épreuves positives, il est reconnu que le papier est plus avantageux que le verre; mais pour obtenir une grande pureté de traits et de plus beaux tons, il faut fortement l’encoller avec de l’amidon.
« Je crois devoir appeler l’attention de l’Académie sur l’avantage que ce nouvel art peut avoir pour l’histoire naturelle et la botanique; je veux parler d’une foule de sujets qu’il est difficile aux dessinateurs et aux peintres de retracer fidèlement: par exemple, les insectes, et particulièrement les lépidoptéres, les quadrupèdes et les oiseaux empaillés seront très-faciles à reproduire.
« La botanique pourra également acquérir ainsi des figures de fleurs et de plantes d’une fidélité parfaite, qu’un cliché sur verre permettra de reproduire à l’infini, et que l’on pourra ensuite colorier.« Tel est le résultat où mes nombreuses recherches m’ont amené, et que je m’empresse de livrer à la publicité.
« J’annoncerai que j’ai l’espoir de trouver bientôt une substance accélératrice qui me permettra d’opérer sur papier aussi promptement que sur le plaqué d’argent; déjà j’ai obtenu des résultats qui me font espérer de pouvoir présenter avant peu des épreuves de portraits d’après nature. »
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quinta-feira, 5 de novembro de 2009

1850
3 de Junho
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXX
Nº. 22
Pag. 709, 710, 711

PHYSIQUE. - Note sur des images du Soleil et de la Lune obtenues pas la photographie sur verre; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR

(Commissaires, MM. Chevreul, Regnault, Babinet.)

« Ayant entendu dire à M Arago, dernièrement à l’Académie, que des épreuves du Soleil avaient été faites sur plaque d’argent, j’ai voulu voir l’effet que l’on obtiendrait sur une feuille de verre enduite d’une couche d’albumine coagulée, qui donne, comme l’on sait, une épreuve inverse ou négative.
« Voici comment j’ai opéré: après avoir préparé ma plaque de verre, sans employer de moyens d’accélération, je l’ai exposée dans la chambre obscure dont l’objectif (j’ai opéré avec un objectif pour quart de plaque) était dans la direction du Soleil, et dont ,j’avais placé l’image au foyer visuel, qui, dans cet objectif, correspond exactement au foyer photogénique.
« Mes premières expériences ont été faites le plus rapidement possible, c’est-à-dire le temps de découvrir et couvrir l’objectif, en opérant avec un diaphragme de 5 millimètres de diamètre. Maigré cela, l’image venait trop vite; lorsqu’on sommettait la plaque àl’action de l’acide gallique, elle passait complétement au noir. J’ai eu alors l’idée d’enlever le diaphragme et de découvrir l’objectif assez longtemps pour que l'image apparût sans le secours de l’acide gallique, et cela m’a réussi.« La première plaque a été exposée cinq secondes, et la deuxième dix secondes,
« Voici les résultats que j’ai obtenus: la première plaque offrait une image trés-visible et très-nette, d’une couleur rouge sanguin, et dont le centre avait une intensité de couleur beaucoup plus forte que les bords, comme l’on peut s’en convaincre en examinant la plaque.
« La seconde plaque offrait la même différence du centre à la circonférence, mais avec plus d’intensité; et, en outre, il y avait un cercle autour de l’image, eu forme d’auréole.
« La différence d’intensité du centre au bord est d’autant plus grande que, malgré l’effet du contraste, elle est encore trés-sensible, surtout en l’examinant à la loupe. Et, par le même effet du contraste, si l’on fait noircir l’image par l’acide gallique, l’effet inverse a lieu.
« J’ai fait plus de vingt épreuves, et presque toutes m’ont donné les mêmes résultats.
« II résulte donc de ces expériences qui les résultats obtenus sont tout à fait conformes à l’opinion émise par M. Arago, c’est-à-dire que les rayons photogéniques émanant du centre du Soleil ont plus d’action que ceux des bords ou de la circonférence.
« J’ai essayé et je suis parvenu à prendre l’image de la Lune en vingt secondes, la Lune étant dans son plein et parfaitement au foyer de mon objectif; et, sans m’être servi d’héliostat, j’ai obtenu une image trés-ronde. Mais la rapidité avec laquelle j’ai opéré fait que la Lune n’a pas eu le temps de marcher d’une manière sensible; car je dirai que si l’on pose trente secondes, on a déjà une image un peu ovale.
« Il m’a fallu, pour avoir l’image de la Lune, employer mes plus grands moyens d’accélération : ceux qui me permettent de prendre une épreuved’un paysage éclairé par la lumière diffuse en une seconde ou deux au plus.
« J’ai obtenu cette grande rapidité avec les nouveaux moyens que j’ai consignés dernièrement à l’Académie dans un dépôt cacheté. Ce dépôt renferme aussi un moyen analogue à celui que M. Blanquart vient de publier pour opérer à sec sur papier; de même que j’indique la manière de glacer un papier avec l’albumine pour les épreuves positives.
« Je me propose de faire connaître ces moyens lorsque j’aurai terminé les travaux qui m’occupent dans ce moment. «

quarta-feira, 4 de novembro de 2009

1850
19 de Agosto
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXXI
Nº. 8
Pag. 245, 246, 247, 248


PHYSIQUE APLIQUÉE- Note sur la photographie sur serre et sur quelques faits nouveaux; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR
« J’ai entendu lundi annoncer à l’Académie un procédé d’accélération qui est le même que celui que j’ai consigné dans un paquet cacheté, le 20 mai dernier. Je l’aurais publié plus tôt si je n’avais pas tenu à montrer des épreuves des portraits sur grande plaque. Celles que j’ai l’honneur de présenter, quoique imparfaites, suffiront pour constater la rapidité avec laquelle on a opéré.
« Le procédé consiste à mélanger avec l’albumine 2 ou 3 grammes de miel par chaque blanc d’œuf, selon leur grosseur, de même qu’il faut mettre de 30 à 40 centigrammes d’iodure de potassium cristallisé; avant de battre les œufs, il est essentiel que l’albumine soit complétement à l’état de mousse, afin de l’avoir très-pure.
« C’est toujours, jusqu’a présent, une opération assez difficile que d’é-tendre également la couche d’albumine sur la plaque de verre; peu de per-sonnes l’appliquent convenablement. On se sert ordinairement d’une baguette de verre ou d’une pipette; on bien on l’étend par un mouvement de la main : mais tout cela demande une très-grande habitude; tandis que si l’on parvient à l’appliquer par un moyen mécanique, on rendra la chose constante et facile: c’est ce que j’espère pouvoir démontrer bientôt.
« La couche d’albumine étant sèche, on passe la plaque dans la composition d’acéto-azotate d’argent qui doit être composée ainsi:

« On ne doit laisser immerger la plaque dans cette composition que pendant dix secondes au plus, et la laver ensuite dans de l’eau distillée.

« Après cette opération, on laisse sécher les plaques dans la plus grande obscurité, pour opérer ensuite par la voie sèche; mais, comme les plaques s’impressionnent facilement , il faut autant que possible les conserver simplement albuminées.
« Il est utile, en exposant dans la chambre obscure, de placer une planchette avec un fond blanc derrière la plaque de verre, et, pour faire paraître l’image, il est nécessaire aussi de faire chauffer un peu l’acide gallique, afin d’en activer l’action sans cependant trop presser cette opération; car il arrive souvent que les plus belles épreuves négatives sont celles qui sont restées plusieurs heures sous l’influence de l’acide gallique, et sur lesquelles on croyait qu’il n’y avait pas d’image.
« On fixe les épreuves négatives soit avec du bromure de potassium, soit avec de l’hyposulfite de soude, et, afin d’empêcher le cliché de s’écailler (ce qui arrive avec une couche d’albumine trop épaisse ou avec de l’albumine de vieux oeufs), on l’enduit d’une légère couche de gélatine ou d’un vernis à tableau, ce qui lui donne encore plus de solidité.
« De toutes les substances accélératrices que j’ai employées, je n’en ai pas trouvé de meilleures que le miel (celui de Narbonne m’a paru préférable), parce qu’il donne plus d’accélération sans avoir les inconvénients de toutes les autres substances, telles que les fluorures , par exemple, dans lesquels j’ai reconnu, depuis longtemps, une propriété accélératrice; mais leur action corrosive (qui se manifeste par un très-fort fendillement dans la dessiccation de l’albumine) m’y avait fait renoncer pour l’albumine. Cependant on peut les employer sans inconvénient en les mélangeant avec du miel, entre autres le fluorure d’ammoniaque; et si l’on se sert avec cela d’alburmine de vieux œufs, on aura, par la réunion de ces moyens, une plus grande accélération. Mais je préviens que la vieille albumine est sujette à s’écailler plus que la fraîche; il faut, pour éviter cet inconvénient, laisser sécher complétement le cliché avant de l’exposer au soleil ponr tirer l’epreuve positive, et, pour plus de sureté, le couvrir d’un vernis.
« Le mélange du miel à l’albumine donne à l’epreuve négative une trés-grande douceur dans les traits, ce qui prévient, par conséquent, la dureté que l’on reproche à ce procédé. On aura donc, par ce moyen, des demi-teintes et des tons parfaitement fondus, et l’on obtiendra, par la dessiccation de ce mélange, une couche parfaitement homogène, très-lisse, ne se fendillant plus, lors même qu’on l’expose à la chaleur, et donnant l’image d’un objet éclairé par la lumière diffuse, dans l’espace de deux à trois secondes au plus pour un paysage, et de cinq à huit pour un portrait, en opérant avec un objectif double (français) pour quart de plaque; pour la grande plaque normale il faut de quarante à cinquante secondes, et de vingt-cinq à trente avec un objectif allemand.
« Tels sont les résnltats obtenus par MM. Vigier et Mestral, qui ont fait les épreuves que j’ai l’honneur de présenter.
« On peut encore opérer plus promptement que cela si I’on réunit tous les moyens naturels d’accélération que l’expérience m’a fait reconnaître.
» 1º. Plus la couche d’albumine est épaisse, plus il y a d’accélération.
« 2º. Plus les oeufs sont vieux, plus il y a d’accelération.
« 3º. Plus la composition d’acéto-azotate d’argent a servi, plus il y a d’accélération.« Enfin il existe aussi une très-grande diffdrence dans les différentes natures d’albumine, qui varie, d’après moi, selon la nourriture de la poule. Je dirai que l’albumine d’œuf de cane se fendille moins que celle d’ œuf de poule. Quant à l’albumine du sang, elle est très-accélératrice, mais on ne peut pas l’employer seule parce qu’elle ne se coagule pas assez avec l’acéto-azotate d’argent pour adhérer au verre; il faudrait préalablement la coaguler avec l’acide azotique.
« Du lavage de la plaque dépend aussi une partie de l’accélération; car si l’on ne lave pas assez, il se forme une couche couleur de rouille lorsqu’on verse l’acide gallique; si on lave trop, on enlève une grande partie de l’accélération.
« J’ai consigné également, dans le paquet que j’ai déposé, les moyens de glacer le papier avec de l’albumine, ainsi que pour préparer un papier négatif pour opérer par la voie séche, Mais divers procédés analogues ayant été publiés par différentes personnes, je n’en parlerai que pour constater la priorité, ainsi que l’on peut s’en assurer en ouvrant le paquet cacheté que j’ai déposé, et qui renferme, en outre, quelques faits nouveaux que je crois devoir publier, comme pouvant offrir quelque intérêt, et que je vais rapporter ici.« J’ai constaté que, si l’on chauffait l’albumine au bain-marie à une température de 45 degrés, pendant cinq à six heures, on obtenait une très-grande accélération comparativement à celle qui ne l’a pas été. Ce fait paraît avoir beaucoup d’analogie avec les modifications obtenues par M. Chevreul dans l’huile de lin.
« Je parlerai aussi de quelques faits qui m’ont paru assez curieux pour être mentionnés. Si l’on mêle une solution d’azotate d’argent avec une solution de sel marin ou avec de l’hydrochlorate d’ammoniaque, il se produit du chlorure d’argent. Ce précipité, resté dans la liqueur où il s’est formé se colore par une exposition à la lumière; si, alors, on l’expose à la chaleur, le chlorure redevient blanc.
« Tout le monde sait que l’alcool coagule l’albumine; eh bien, si l’on met de l’iode dans le même alcool pour en former une teinture d’iode, elle ne se coagule plus.
« Si l’on met du brome dans l’albumine ; le brome se trouve tout de suite enveloppé par l’albumine sans qu’elle se coagule, et il n’y a plus d’exhalations de vapeurs de brome.
« J’ai l’honneur de mettre sous les yeux de l’Academie quelques épreuves de paysage faites par M. Martens, d’après mon procédé. «
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1850
30 de Setembro
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXXI
Nº. 14
Pag. 491, 492

PHYSIQUE. - Note sur un nouveau procédé pour obtenir des images photographiques sur plaqué d’argent; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR.
(Communiquée par M. CHEVREUL)
« En m’occupant des belles expériences de M. Edmond Becquerel, et cherchant à fixer les couleurs si fugaces qu’elles font naître, j’ai reconnu qu’on peut obtenir des images identiques à l’épreuve daguerrienne, sans employer ni l’iode ni le mercure.
« Il suffit de plonger une plaque d’argent dans un bain composé de chlorure de sodium, de sulfate de cuivre, de fer et de zinc (les deux derniers ne sont pas indispensables pour l’effet), de l’y laisser quelques secondes, de laver à l’eau distillée et de sécher la plaque sur une lampe à alcool.
« On applique contre cette plaque le recto d’une gravure, on recouvre celle-ci d’un verre, et l’on expose une demi-heure au soleil ou deux heures à la lumiére diffuse, puis on enlève la gravure. L’image n’est pas toujours visible; mais, en plongeant la plaque dans l’ammoniaque liquide faiblement étendue d’eau, l’image apparaît toujours d’une manière distincte (le cyanure de potassium et l’hyposulfite de soude produisent le même effet). L’ammoniaque, enlevant toutes les parties du chlorure d’argent qui ont été préservées de l’action de la lumière, laisse intactes toutes celles qui y ont été exposées; on lave ensuite à grande eau. Afin de réussir parfaitement, il faut que le contact de l’ammoniaque ne soit pas prolongé au delà du temps nécessaire pour enlever le chlorure d’argent qui n’a pas été modifié par la lumière.
« L’épreuve, après cette opération, présente le même aspect que l’image daguerrienne, regardée, dans la position où elle est vue, d’une maniére distincte, c’est-à-dire que les ombres sont données par le métal à nu, et les clairs par les parties qui, ayant été modifiées par la lumière, sont devenues mates.
« On peut employer, comme pour l’épreuve daguerienne, le chlorure d’or, si l’on veut fixer l’image, en lui donnant plus de vigueur qu’elle n’en aurait sans cela.« Je me suis assuré que l’on peut obtenir l’image daguerrienne, en exposant la plaque d’argent chlorurée dans la chambre noire, en une heure au soleil, ou deux ou trois heures à la lumière diffuse, puis plongeant la plaque dans l’eau ammoniacale; conséquemment, l’image apparaît sans qu’on soit obligé de recourir à la vapeur mercurielle, laquelle, dans ce cas, ne produirait aucun effet.
« Avant peu, j’espère pouvoir opérer plus promptement et montrer des épreuves faites dans la chambre obscure, qui seraient aussi belles que celles que l’on obtient avec l’iode et le mercure. Je publierai en même temps tous les détails nécessaires à assurer le sucès de ce procédé, et je montrerai aussi la possibilité de fixer l’image sur une plaque d’argent iodée, au moyen de l’ammoniaqne, c’est-à-dire sans recourir pour cela aux vapeurs mercurielies et à l’hyposulfite de soude.
« P. S. J’ai reconnu que la plaque chlorurée chaude est plus sensible A l’action de la lumière que la plaque chlorurée froide. «
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segunda-feira, 19 de outubro de 2009

1851
2 de Junho
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Janvier-Juin
T. XXXII
Nº. 22
Pag. 834, 835, 836, 837, 838, 839, 840, 841



PHOTOGRAPHIE. - Extrait d'un Mémoire sur une relation existant entre la couleur de certaines flammes colorées, avec les images héliographiques colorées par la lumière; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR.


« J'ai déposé à l'Académie des Sciences, le 24 mars dernier, un Mémoire tres-détaillé sur ce sujet. Je vais aujourd'hui en donner l'analyse le plus succinctement possible.
» On sait qu'une plaque d'argent, plongée dans une solution de sulfate de cuivre et de chlorure de sodium, en même temps qu'on la rend électropositive au moyen de la pile, se chlorure et devient susceptible de se colorer lorsque, l'ayant retirée du bain, elle reçoit l'action de la lumière.
« On sait, en outre, que M. Edmond Becquerel, en exposant cette plaque aux rayons colorés du spectre solaire, a obtenu une image de ce spectre de manière que le rayon rouge produisait sur la plaque une image rouge, et le rayon violet une image violette, et ainsi des autres.
» Ayant pensé, d'après mes observations, qu'il pouvait y avoir une relation entre la couleur que communique un corps à une flamme et la couleur que la lumière développe sur une plaque d'argent qui aurait été chlorurée avec le corps qui colore cette flamme, j'ai entrepris la série d'expériences que je vais soumettre à l'Académie.
« Le bain dans lequel j'ai plongé la plaque d'argent était formé d'eau saturée de chlore à laquelle j'ajoutais un chlorure doué de la propriété de colorer la flamme en la couleur que je voulais reproduire sur la plaque.
« Par exemple, on sait que le chlorure de strontium colore en pourpre les flammes en sénéral, et celle de l'alcool particulièrement. Si l'on prépare une plaque d'argent en la passant dans de l'eau saturée de chlore à laquelle on ajoute du chlorure de strontium, et si, ensuite, appliquant le recto d'un dessin coloré en rouge et autres couleurs contre la plaque, on l'expose la lumière du soleil, après dix à quinze minutes, on remarque que les couleurs de l'image sont reproduites sur la plaque, mais que les rouge, sont beaucoup plus prononcés que les autres couleurs.
» Lorsqu'on veut reproduire successivement les six autres rayons du spectre solaire, on opère de la même manière qu'il vient d'être indiqué pour le rayon rouge, en employant pour l'orangé le chlorure de calcium ou celui d'uranium, pour le jaune l'hypochlorite de soude ou les chlorures de sodium ou de potassium, ainsi que le chlore liquide pur; car si l'on plonge une plaque d'argent pur dans du chlore liquide pendant quelque temps, et qu'on l'expose ensuite à la flamme d'une lampe à alcool, il se produira une belle flamme jaune.
» Si l'on plonge une plaque d'argent dans du chlore liquide, ou qu'on expose la plaque a sa vapeur (mais, dans ce dernier cas, le fond de la plaque reste toujours sombre, quoique les couleurs se soient reproduites), on obtient toutes les couleurs par la lumière, mais le jaune seul a de la vivacité. J'ai obtenu de très-beaux jaunes avec un bain composé d'eau légèrement acidulée d'acide chlorhydrique avec un sel de cuivre. Le rayon vert s'obtient avec l'acide borique ou le chlorure de nickel, ainsi qu'avec tous les sels de cuivre. Le rayon bleu s'obtient avec le chlorure double de cuivre et d'ammoniaque.
» Le rayon indigo s'obtient avec la même substance.
« Le rayon violet s'obtient avec le chlorure de strontium et le sulfate de cuivre.
« Enfin, si l'on brûle de l'alcool aiguisé d'acide chlorhydrique, on obtient une flamme jaune, bleue et verdâtre, et si l'on prépare une plaque d'argent avec de l'eau acidulée d'acide chlorhydrique, on obtient, par la lumière, toutes les couleurs; mais le fond de la plaque est toujours noir, et cette préparation de la plaque ne peut avoir lieu qu'au moyen de la pile.
« Voilà donc toutes les substances qui donnent des flammes colorées, qui donnent aussi des images colorées par la lumière!
« Si je prends, maintenant, toutes les substances qui ne donnent pas de coloration à la flamme, je n'aurai également pas d'images colorées par la lumière, c'est-à-dire qu'il ne se produira sur la plaque qu'une image négative, et qui ne sera composée que de noir et de blanc, comme dans la photographie ordinaire.
« Quelques substances donnent des flammes blanches, telles que le chlorure d'antimoine, le chlorate de plomb et le chlorure de zinc. Les deux premiers donnent me flamme blanche azurée, et le dernier une flamme blanche faiblement colorée en vert et en bleu. Ces trois chlorures ne donnent pas de couleur par la lumière si on les emploie seuls; mais si on les mélange avec d'autres substances qui produisent des couleurs, on obtiendra, en outre, des fonds blancs: chose très-difficile, parce que, par le fait, il n'existe pas de noir ni de blanc proprement dit dans ces phénomènes de colorations; et si je suis parvenu à en obtenir, ce n'est qu'au moyen du chlorure de zinc ou du chlorate de plomb que j'ajoute à mes bains, mais en très-faible quantité, parce qu'ils empêchent la reproduction des couleurs.
« J'ai reproduit toutes les couleurs du modèle en préparant la plaque avec un bain composé de deutochlorure de cuivre. Ce résultat s'explique bien, ce me semble, par l'observation qu'une flamme d'alcool ou de bois dans laquelle on a projeté du chlorure de cuivre, ne présente pas seulement du vert, mais encore successivement toutes les autres couleurs du spectre, selon l'intensité du feu; il en est de même de presque tous les sels de cuivre mélangés à du chlore.
» Je renverrai actuellement au supplément de mon Mémoire que l'on trouvera en entier à la fin de cet extrait, et dans lequel j'ai placé par catégories toutes les substances qui, à l'état de chlorures ou de chlorates, ont une action dans ces phénomènes de coloration. Les substances qui ne donnent pas de flammes colorées ne donnent pas non plus d'images colorées par la lumiére.
» Je donne, dans mon Mémoire, la composition des bains avec lesquels on prépare la plaque d'argent; mais comme il y en a beaucoup, et que, cependant, je n'ai pas signalé toutes les combinaisons que j'ai faites, j'en ai choisi deux ou trois qui m'ont paru préférables, surtout pour préparer la plaque sans £aire usage de la pile.
« J'ai déjà dit que le chlore liquide impressionnait la plaque d'argent par une simple immersion et donnait toutes les couleurs, mais elles sont faibles (à l'exception du jaune); cela tient à ce que la couche est trop mince, et l'on ne peut la rendre épaisse qu'au moyen de la pile.
« Si l'on met un sel de cuivre dans du chlore liquide, on obtiendra une couche tres-épaisse par une simple immersion, mais le mélange du cuivre et du chlore liquide se fait toujours mal; je préfère prendre du deutochlorure de cuivre, auquel j'ajoute trois quarts en poids d'eau. Ce bain donne de très-bons résultats; cependant il est un mélange que je préfère, c'est de mettre parties égales de chlorure de cuivre et de chlorure de fer avec trois quarts d'eau. Le chlorure de fer a, comme celui de cuivre, la propriété d'impressionner la plaque d'argent et de produire plusieurs couleurs; mais elles sont infiniment plus faibles, et c'est toujours le jaune qui domine: cela est d'accord avec la couleur jaune de la flamme produite par le chlorure de fer.
« Si l'on forme un bain composé de toutes les substances qui, séparément, donnent une couleur dominante, on obtiendra des couleurs très-vives; mais la grande difficulté est de les mélanger en proportions convenables, car il arrive presque toujours que quelques couleurs se trouvent exclues par d'autres: cependant on doit arriver à les reproduire toutes.
« Je dois dire qu'il existe de très-grandes difficultés dans l'obtention de ces couleurs, plus encore que dans tous les autres procédés de photographie; car, quoique préparant les plaques de la même manière, on n'est pas toujours sûr d'obtenir les mêmes résultats: cela tient en outre à l'épaisseur de la couche de chlore et à son degré de concentration, qui varie selon les chlorures que l'on a employés.
« De l'influence de l'eau et de la chaleur dans ces phénomènes de colorations par la lumière. - L'influence de l'eau est incontestable, puisque le chlore sec ne produit aucun effet, tandis que si l'on emploie le chlore liquide par immersion ou en vapeur aqueuse, on obtient la reproduction de toutes les couleurs, telle que nous l'avons signalée.
« Dans le rapport que j'ai cru remarquer entre le calorique et ces effets de lumière, j'ai observé ceux-ci: c'est que, lorsque la plaque a été soumise a l'action du chlore, il faut la chauffer au-dessus d'une lampe à alcool, et elle prend alors successivement toutes les teintes produites par la chaleur. Ainsi la plaque qui, au sortir du bain, a une couleur obscure, prend par la chaleur successivement les teintes suivantes: rouge-brun, rouge-cerise, rouge vif, rouge-blanc ou teinte blanche; dans ce dernier état, elle ne produit plus d'effet étant exposee à la lumière; c'est a la couleur rouge-cerise qu'il faut l'exposer.
« Observations générales sur ces phénomènes. - Chose remarquable, c'est que, pour obtenir ces effets de colorations, il faut absolument opérer sur de l'argent métallique préparé comme je l'ai dit, car l'azotate, le chlorure, le cyanure et le sulfate d'argent étendus sur papier ou enduit d'amidon, ne donnent que du noir et du blanc; peut-être, en employant la poudre d'argent mélangée aux substances que j'ai indiquées, obtiendrait-on quelque résultat en enduisant une feuille de papier: c'est une expérience que je me propose de faire. J'ai déjà essayé le papier argenté, et cela m'a donné d'assez hons résultats, mais inférieurs à la plaque métallique.
» Nous avons vu que toutes les substances qui donnaient des flammes colorées, donnaient aussi des images colorées et presque toujours en rapport avec leurs couleurs respectives; car si je ne suis pas parvenu à isoler complétement rayon, c'est-à-dire à n'obtenir qu'une seule couleur sur la plaque, à l'exclusion de toutes les autres, j'ai toujours obtenu une couleur dominante, selon la substance que j'employais; et si l'on ne peut pas obtenir une seule couleur, c'est que le chlore, qui est la substance indispensable pour les obtenir, les produit toutes par lui-même, comme nous l'avons vu en opérant avec du chlore liquide pur: mais, dans ce cas, les couleurs sont toujours très-faibles, tandis qu'elles prennent séparément beaucoup de vivacité, selon la substance que l'on a employée en mélange avec le chlore liquide.
« L'iode et le brome, en cela bien différents du chlore, ne peuvent être employés; ni l'un ni l'autre ne produisent de couleurs, ils ne produisent pas de flammes colorées : même lorsqu'ils sont combinés à du cuivre, ils ne donnent qu'une flamme verte. Le chlore, à l'état de chlorure ou de chlorate, est la seule substance qui donne à l'argent métallique la propriété de se colorer par la lumière.
« J'ai observé aussi que certaines couleurs étaient plus longues à paraître et que, pendant ce temps-là, d'autres avaient disparu.
« Manière d'opérer. - J'ai formé tous mes bains au quart en poids de chlorure et de trois quarts d'eau; ce sont les proportions qui m'ont paru les plus convenables. Quand on emploie l'acide chlorhydrique avec un sel de cuivre, il faut l'étendre d'un dixième d'eau. Le chlore liquide ne doit pas être trop concentré si l'on veut obtenir de beaux jaunes.
« Dans les bains composés de plusieurs substances, il est essentiel de filtrer ou de décanter la liqueur afin de l'avoir très-claire; on la renferme ensuite dans un vase pour s'en servir au besoin.« On ne doit prendre de cette liqueur que la quantité nécessaire pour préparer deux plaques au plus, parce que le bain s'affaiblit considérablement à chaque opération; cependant on peut le renforcer en y mettant quelques gouttes d'acide chlorhydrique.
» Ayant opéré sur de l'argent au 1000e, j'ai obtenu des couleurs plus vives que sur une plaque qui contenait un dixième de cuivre. J'ai ensuite opéré sur une plaque d'argent au 718e, et je n'ai obtenu que des couleurs très-obscures; de sorte que l'argent le plus pur sera toujours préférable pour ces expériences.
« La plaque étant parfaitement décapée (et pour cela il faut se servir d'ammoniaque et de tripoli), on la plonge dans le bain d'un seul coup, et on l'y laisse pendant quelques minutes, afin d'avoir une couche assez épaisse. En sortant la plaque du bain, on la rince a grande eau, puis on la sèche avec une lampe à alcool. Elle a pris dans le bain une couleur obscure, presque noire, et, si on l'exposait ainsi à la lumière, les couleurs se produiraient également, mais beaucoup plus lentement, et le fond serait toujours noir; il faut, pour avoir un fond clair et pour que l'opération soit plus rapide, que la plaque soit amenée par la chaleur à une teinte rouge-cerise: c'est la chaleur à laquelle, comme je l'ai dit, il faut l'exposer à la lumière. La durée de l'exposition varie beaucoup, selon la préparation de la plaque; mais on peut calculer qu'il faut deux ou trois heures pour obtenir une épreuve dans la chambre obscure. C'est très-long sans doute: mais la question d'accélération étant tout à fait secondaire, je ne m'en suis pas encore occupé; cependant j'indiquerai déja le fluorure de sodium comme accélérant beaucoup l'opération; il en est de même de l'acide chlorique et de tous les chlorates.
« Du fixage des épreuves. - Jusqu'à ce jour, je ne suis pas encore parvenu à fixer les couleurs; elles disparaissent très-promptement, même à la lumière diffuse: rien ne peut les maintenir. J'ai fait plus de cent essais, sans avoir pu obtenir le moindre résultat satisfaisant. J'ai passé en revue tous les acides et tous les alcalis; les premiers avivent les couleurs, et les seconds les enlèvent, en détruisant le chlore pour ne laisser qu'une image noire. C'est par ce moyen que j'ai obtenu des épreuves identiques à l'image daguerrienne, et d'autres sans miroitage; il suffit, pour obtenir ces derniers, d'avoir une couche très-épaisse sur la plaque, et de la laisser moins de temps exposée à la lumière.
» Le problème de la fixation des couleurs me paraît bien difficile à résoudre; cependant je n'en continue pas moins mes recherches, et je suis déja parvenu à les fixer momentanément par une exposition des couleurs à la flamme de l'alcool contenant du chlorure de sodium ou de l'hydrochlorate d'ammoniaque.


Supplément au Mémoire déposé à l’Académie le 24 mars 1851.


» J'ai constaté que ces phénomènes de coloration par la lumière se manifestaient également dans le vide comme dans l'air; par conséquent, l'oxygène ne joue aucun rôle. Il reste donc trois agents: l'eau, la chaleur et la lumière, qui est le principal.
« J'ai étudié la propriété de chaque chlorure, soit séparément, soit simultanément, avec le chlore liquide ou avec un sel de cuivre; car si l'on ne prépare pas la plaque d'argent par le moyen de la pile, un sel de cuivre est indispensable pour obtenir une couche d'une certaine épaisseur, et, dans ce cas, les couleurs sont beaucoup plus vives.
« Je vais donner la nomenclature de tous les chlorures que j'ai employés, en les plaçant par catégorie.
« Action et propriété de chaque chlorure. - Première catégorie: Chlorures qui, étant employés seuls, impressionnent la plaque d'argent de maniere à lui faire prendre toutes ou plusieurs couleurs du modèle. Ce sont les chlorures de cuivre, de fer, de nickel, de potassium, et les hypochlorites de soude et de chaux, ainsi que le chlore liquide par immersion ou en vapeur.
« Deuxième catégorie: Chlorures qui, étant employés seuls, impressionnent la plaque d'argent, et qui cependant ne donnent pas d'images colorées par la lumière. Ce sont les chlorures d'arsenic, d'antimoine, de brome, de bismuth, d'iode, d'or, de platine et de soufre.
« Troisième catégorie: Chlorures qui, employés seuls, n'impressionnent pas la plaque d'argent, mais qui l'impressionnent si on les mélange à un sel de cuivre (surtout avec le sulfate ou le nitrate de cuivre), et qui alors donnent des chlorures par la lumière. Ce sont les chlorures d'aluminium, d'argent, de barium, de cadmium, de calcium, de cobalt, d'étain, de manganèse, de magnésium, de phosphore, de sodium, de strontium et de zinc. L'acide chlorhydrique étendu d'un dixième d'eau, et mélangé à du nitrate de cuivre, impressionne la plaque et donne toutes les couleurs.
» Quatrième catégorie: Chlorures ou chlorates qui, quoique mélangés à un sel de cuivre, et impressionnant la plaque d'argent, ne donnent pas de couleurs par la lumière. Ce sont le chlorure de mercure et le chlorate de plomb.
»En résumé, la première catégorie contient les chlorures qui, étant employés seuls, impressionnent la plaque d'argent de manière à lui faire prendre toutes ou plusieurs couleurs; et, chose remarquable, c'est que tous ces chlorures donnent également, par la combustion, des flammes colorées.
« La deuxième catégorie contient des chlorures qui cependant impressionnent la plaque d'argent étant employés seuls; mais comme aucun d'eux ne donne de flammes colorées, ils ne donnent également pas d'images colorées par la lumière, lors même qu'on les melange à un sel de cuivre.
» La troisième catégorie contient les chlorures qui, étant seuls, n'impressionnent pas la plaque d'argent, et qui ne donnent pas de flammes colorées (à l'exception de ceux de barium et de zinc, qui donnent de faibles couleurs); mais, en les mélangeant avec un sel de cuivre, il se forme un chlorure de cuivre: alors ils deviennent, dans ce cas, susceptibles d'impressionner la plaque, et de produire des couleurs par la lumière.
« La quatrième catégorie contient les chlorures qui, quoique mélangés à un sel de cuivre, et impressionnant, dans ce cas, la plaque d'argent, ne produisent pas de couleur par la lumière; ils ne donnent également pas de flammes colorées si on les brûle seuls, et combinés à un sel de cuivre ils ne donnent qu'une flamme verte.
» Il existe encore un grand nombre de chlorures que je n'ai pas expérimentés, parce qu'ils sont d'un prix trop élevé pour que j'aie pu les employer, surtout à former des bains.
« Ces chlorures sont ceux de carbone, de cérium, de chrome, de cyanogène, d'iridium, de molybdène, de palladium, de silicium, de rhodium, de titane, de tungstène et de zirconium.
« Conclusion. - Depuis près d'un an que je m'occupe de ces expériences, j'ai observé bien des faits. J'ai répété un grand nombre de fois les mêmes expériences, et ce n'est qu'après cela que j'ai écrit le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
« Maintenant, d'après les faits que j'ai observés, il paraît bien que, s'il n'y a pas similitude complète entre les flammes colorées et les images colorées obtenues par la lumière sur une plaque d'argent préparée avec les chlorures ou chlorates qui colorent les flammes, il y a une grande analogie entre ces couleurs. »
Conformément a la demande de l'auteur, le paquet cacheté déposé par lui, en date du 24 mars 1851, est ouvert; le Mémoire qui y était renfermé, reconnu conforme pour tous les faits essentiels avec le Mémoire présenté dans la présente séance, est paraphé par M. le Secrétaire perpétuel.
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