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quinta-feira, 17 de junho de 2010

LE MAGASIN PITTORESQUE

1839

30 Novembro

LE MAGASIN PITTORESQUE

7º Ano

Nº. 47

Pag. 374, 375, 376

LA PHOTOGRAPHIE,

OU LE DAGUERRÉOTYPE

 

Parmi les inventions qui depuis le commencement de ce siècle ont excité un intérêt universel; celle du Daguerréotype est certainemënt l’une des plus extraordinaires. Pendant long-temps elle a été entourée d’un mystère favorable à l’incrédulité; mais l’admiration seule maintenant est permise. L’Etat, qui vient d’en acquérir la proprieté dans l’intérêt des sciences et des arts, a donné le signal de la publicité; c’est donc un devoir en quelque sorte pour les organes de la presse de porter la découverte de M. Daguerre à la connaissance du plus grand nombre possible de personnes, et de populariser ses procédés, pour que les esprits curieux et ingénieux soient en tous lieux appelés a en jouir, et à se mettre sur la voie des perfectionnements.

Pour bien comprendre la photographie, il est nécessaire d’avoir préalablement quelque notion de la chambre noire, qu’on appelle aussi chambre obscure. Voici comment M. Arago raconte l’histoire de cette derniere invention.

Un physicien napolitain, Jean-Baptiste Porta, reconnut, il y a environ deux siècles, que si l’on perce un très petit trou dans le volet de la fenetre d’une chambre bien close, ou, mieux encore, dans une plaque métallique mince appliquée à ce volet, tous les objets extérieurs dont les rayons peuvent atteindre le trou vont se peindre sur le mur de la chambre qui lui fait face, avec des dimensions reduites ou agrandies suivant les distances, et avec les couleurs naturelles. Porta decouvrit, peu de temps après, que le trou n’a nullement besoin d’être petit; qu’il peut avoir une largeur quelconque quand on le couvre d’un de ces verres bien polis qui, à raison de leur forme, ont eté appelés des lentilles.

Dès lors Porta fit construire des chambres noires portatives. Chacune d’elles etait composée d’un tuyau plus ou moins long armé d’une lentille; l’écran blanchâtre en papier ou en carton, sur lequel les images allaient se peindre, occupait le foyer. Cet appareil a été depuis perfectionné: une glace dépolie remplace l’éran blanchâtre, et sur cette glace la lumière trace des vues parfaitement exactes des objets les plus compliqués avec netteté parfaite de contours, avec la dégradation naturelle des teintes. Mais on sait que ces images sont fugaces comme les reflets, comme l’ombre; dès qu’on déplace l’appareil, dès qu’on enlève la glace, elles disparaissent.

Or ce sont ces images de la chambre obscure qui, par la découverte de M. Dagucrre, s’impriment maintenant elles-mêmes sur une surface métallique qui remplace le verre dépoli, et, une fois produites et fixées, elles se conservent pour toujours. En d’autres termes, dans le Daguerréotype, la puissance de la lumière crée, en quatre on cinq minutes, des dessins ou les objets conservent mathématiquement leurs formes jusque dans les plus petits détails, où les effets de la perspective linéaire, et la dégradation des tons provenant de la perspective aérienne, sont accusés avec une delicatesse que l’art n’a jamais connue.

Ainsi nul doute, nulle ambiguité. Une personne qui ignore completement  le dessin peut, à l’aide du Daguerréotype, obtenir en quelques minutes des images parfaites et durables de tous les objets ou de toutes les vues qui lui plaisent. Il lui suftit de placer l’appareil devant un paysage, devant un monument, devant une statue, ou dans sa chambre devant les curiosités ou les tableaux qui l’ornent, et en quelques instants il en a la reproduction parfaite: il a un dessin qu’il encadre, qu’il met sous verre, qu’il suspend a la muraille comme une estampe qui aurait été executée lentement, patiemment et à grands frais. Chacun peut, avec cette admirable invention, s’entourer de tous les souvenirs qui lui sont chers; avoir une représentation fidèle de sa maison paternelle, des lieux ou il a vécu, ou qu’il a admirés dans ses voyages.

On s’exposerait toutefois à une sorte de déception si l’on imaginait que toute image de la nature obtenue par le moyen du Daguérreotype est nécessairement une  œuvre d’art remarquable, une estampe belle et séduisante. D’abord, tous les objets et toutes les vues de la nature ne sont pas agréables; il faut savoir choisir. Puis, dans les épreuves du Daguerréotype, les images se reproduisent sans leurs couleurs: on croirait voir des dessins à la manière noire, ou plutôt à la mine de plomb estompée; ce ne sont pas des tableaux. Enfin, il faut tout dire; dans l’état actuel de l’invention, la lumière de l’image n’a pas encore toute la vivacité, toute la chaleur de la lumiére du jour. L’effet est le plus ordinairement froid et sombre comme s’il était donné par un crépuscule d’hiver: le soleil semble absent; on croirait an plus que la lune était au ciel tandis que se formait dans la chambre obscure le dessin mystérieux. Aussi nous confesserons quelles plus blles épreuves du Daguerréotype que nous ayons encore vues sont celles qui représentaient, soit des monuments d’une architecture riche et fleurie saisis dans des conditions favorables, soit des interieurs de cabinets d’art où se trouvaient des bas-reliefs, des statuettes, des médailles, des objets precieux, groupés avec intention et avec goût. Ces derniers sujets sont reproduits avec une perfection et un charme a désesperer les plus habiles disciples de Gerard Dow, de Mieris ou de Metzu.

Malgré ces restrictions, la découverte est admirable, et on l’eût regardée autrefois comme un miracle ou comme un sortilége. Ce n’est point par le hasard qu’elle à été produite, mais par la force de la volonté, et après quinze ans de veilles et de tâtonnements. Essayons en partie de l’expliquer, nous aidant du rapport lu par M. Arago à la Chambre des députés, et de la communication qu’il a faite depuis à l’Académie des sciences.

Les alchimistes réussirent jadis à unir l’argent à l’acide marin; le produit de la combinaison était un sel blanc qu’ils appelèrent lune ou argent corné. Ce sel jouit de la propriété remarquable de noircir à la lumière, de noircir d’autant plus vite que les rayons qui le frappent sont plus vifs. Couvrez une feuille de papier d’une couche d’argent corné, ou, comme on dit aujourd’hui, d’une couche de chlorure d’argent; formez sur cette couche, à l’aide d’une lentille, l’image d’un objet: les parties obscures de l’image, les parties sur lesquelles ne frappe aucune lumière resteront blanches; les parties fortement eclairées deviendront complétement noires; les demi-teintes seront représentées par des gris plus ou moins foncés.

Ces applications de la curieuse propriété du chlorure d’argent découverte par les anciens alchimistes, ont préoccupé, au commencement de notre sièc,e; plusieurs savants illustres, entre autres notre célebre physicien Charles, Wedgwood (voy. p. 93), et Humphry Davy. Mais il était réservé à nos compatriotes MM. Niepce et Daguerre de féconder ces essais et d’en faire sortir la découverte.

M. Niepce était un proprietaire retiré dans les environs de Châlons-sur-Saône. Il consacrait ses loisirs a des recherches scientifiques. Il paraît s’être occupé dès 1814 des moyens de fixer les images de la chambre obscure. Plus tard, il unit ses efforts à M. Daguerre, qui fit des progrés plus rapides vers la découverte, et qui, après la mort de son associé, survenue il y a quelques années, acheva de lui donner le caractére précis qu’elle a maintenant. Une correspondance authentique entre ces deux physiciens ne permet pas en effet de douter que, par la supériorité de sa méthode, par le meilleur choix des enduits, M. Daguerre n’ait plus particulièrement droit au titre d’inventeur.

Voici la description du procédé employé par M. Daguerre.

Les épreuves se font sur des feuilles d’argent plaquées sur cuivre. L’épaisseur des deux métaux ne doit pas excéder celle d’une forte carte.

Le procédé se divise en cinq operations : - la première consiste a polir et à nettoyer la plaque pour la rendre propre à recevoir la couche sensible sur laquelle l’image doit se fixer; - la seconde, à appliquer cette couche; - la troisième, à soumettre, dans la chambre noire, la plaque préparrée à l’action de la lumière pour y recevoir l’image de 1a nature; - la quatriéme, à faire paraître cette image qui n’est jamais visible en sortant de la chambre noire; - Ia cinquième a pour but d’enlever la couche sensible qui continuerait a être modifiée par la lumière et tendrait à détruire 1’épreuve.

Première opération.- Il faut pour cette opération: un petit flacon d’huile d’olives, du coton carde très fin, de la ponce broyée excessivement fine, enfermée dans un nouet de mousseline assez claire pour que la ponce puisse passer facilement en secouant le nouet; un flacon d’acide nitrique étendu d’eau dans la proportion d’une partie (en volume) d’acide, contre seize parties (également en volume) d’eau distillée; un châssis en fil de fer sur lequel on pose les plaques pour les chauffer à l’aide d’une lampe à esprit-de-vin; enfin une petite lampe à esprit-de-vin.

On commence par bien polir la plaque; à cet effet on la saupoudre de ponce (en secouant sans toucher la plaque), et avec du coton imbibé d’un peu d’huile d’olives, on la frotte légèrement en arrondissant. Quand la plaque est bien polie, il s’agit de la dégraisser, ce qui se fait encore en la saupoudrant de ponce et en la frottant à sec avec du coton, toujours en arrondissant. On fait ensuite un petit tampon de coton qu’il faut imbiber d’un peu d’acide étendu d’eau. Alors on frotte la plaque avec le tampon, en ayant soin d’étendre parfaitement l’acide sur toute la surface de la plaque. On s’aperçoit que l’acide est bien également etendu lorsque la surface de la plaque est couverte d’un voile régulier sur toute son étendue. Ensuite on saupoudre la plaque de ponce, et, avec du coton qui n’a pas servi on la frotte tres légèrement.

Alors la plaque doit être soumise à une forte chaleur; on la place sur le chassis de fil de fer, et on promène dessous la lampe à l’esprit-de-vin jusqu’à ce qu’il se forme à la surface de l’argent une légère couche blanchâtre. On fait ensuite refroidir promptement la plaque en la placant sur un corps froid, tel qu’une table de marbre. Lorsqu’elle est refroidie, il faut la polir de nouveau, c’est-a-dire enlever la couche blanchâtre. Lorsque l’argent frotté à sec avec le tampon est bien bruni, on le frotte avec l’acide étendu d’eau, et on le saupoudre de nouveau d’un peu de ponce en frottant très légèrement avec un tampon de coton. Il faut eviter la vapeur humide de l’haleine, ainsi que les taches de salive et le frottement des doigts.

Deuxième opération. - Pour cette operation, il faut la planchette fig. t1  (p. 376), la boîte fig. 2, et un flacon d’iode. Après avoir fixé la plaque sur une planchette au moyen de bandes métalliques et de petits clous, comme elle est indiquée figure 1, il faut mettre de l’iode divisé dans la capsule qui se trouve au fond de la boîte. On place la planchette, le métal en dessous,sur les petits goussets placés aux quatre angles de la boîte dont on ferme le couvercle. Dans cette position, il faut la laisser jusqu’à ce que la surface de l’argent soit couverte d’une belle couche jaune d’or. II est indispensable de regarder de temps en temps pour s’assurer si elle atteint le degré de jaune nécessaire; mais la lumière ne doit pas frapper directement dessus. Aussi faut-il mettre la boîte dans une pièce obscure où le jour n’arrive que très faiblement, et lorsqu’on veut regarder la plaque, après avoir ôté le couvercle de la boîte, on prend la planchette par les extrémités avec les deux mains, et on la retourne promptement; il uffit alors que la plaque réfléchisse un endroit peu éclairé et autant que possible éloigné pour qu’on s’aperçoive si la couleur jaune est assez foncée. On remet très promptement la plaque sur la boîte si la couche n’a pas atteint le ton jaune d’or; si, au contraire, cette teinte était dépassée, la couche ne pourrait pas servir, et il faudrait recommencer entièrement la première opération. Lorsque la plaque est arrivée au degré de jaune nécessaire, il faut emboîter la planchette dans un châssis, comme il est indiqué dans la figure 5. Le jour ne doit pas frapper sur la planche; tout au plus peut-on se servir d’une bougie. On passe ensuite à la troisieme opération. Si l’intervalle entre la deuxième et la troisiéme operation était de plus d’une heure, la combinaison de l’iode et de l’argent n’aurait plus la même proprieté.

Troisième opération. - L’appareil nécessaire à cette opération se borne à la chambre noire figure 4. On place la boîte de la chambre noire devant la vue que l’on veut reproduire, en choisissant de préference les objets eclairés vivement par le soleil. Les moments les plus favorables sont entre sept heures du matin et trois heures après midi. Après avoir placé convenablement la chamhre obscure, il est essentiel de bien mettre au foyer, c’est-à-dire de reculer ou  avancer la double boîte BB de l’appareil jusqu’à ce que l’image de la nature apparaisse en traits parfaitement distincts sur la glace depolie A. Lorsqu’on a atteint une grande précision, on remplace cette glace dépolie par le châssis figure 3, et on en ouvre les portes AA de manière à ce quela couche d’iode recoive l’impression de la vue ou des objets que l’on a choisis. Il ne reste plus alors qu’a ouvrir le diaphragme E et à laisser agir la nature.

Cette opération est très delicate; et l’on n’y réussit qu’après avoir acquis une certaine expérience. En effet, il est de toute impossibilité de déterminer le temp  necessaire à la reproduction, puisqu’il depend entièrement de l’intensité de lumière des objets que l’on veut reproduire, et que l’action de cette lumière est complétement invisible. Cependant il est très important de ne point dépasser le temps nécessaire pour la reproduction, parce que les clairs ne seraient plus blancs; ils seraient noircis. Si, au contraire, le temps n’était pas suffisant, l’épreuve serait vague et sans details. Ce temps peut varier pour Paris de trois on quatre minutes aux mois de juin et de juillet, et de cinq ou six minutes dans les mois de mai et d’août, de sept à huit en avril  et en septembre, et ainsi de suite dans la même proportion, à mesure qu’on avance dans la saison. Ceci n’est, du reste, qu’une donnée générale pour les objets très éclairés; car il arrive souvent qu’il faut vingt minutes dans les mois les plus favorables, lorsque les objets sont entiérement dans la demi-teinte.

Quatrième opération. - Il faut pour cette opération l’appareil fig. 5, un flacon de mercure contenant au moins un kilo, une lampe à l’esprit-de-vin, un entonnoir. La plaque, lorsqu’on la retire de la chambre noire, a conservé sa teinte uniforme de jaune d’or, et semble n’avoir subi aucune modification. L’empreinte de l’image de la nature existe sur la plaque; mais elle n’est pas visible. Il s’agit, dans la quatrième opération, de la rendre visible. C’est pourquoi l’on transporte subitement la plaque dans la boîte (fig. 5), où, placée sur des lasseaux qui la tiennent inclinée à 45 degrés, elle est exposée (A) à un courant ascendant de vapeur mercurielle qui s’élève d’une capsule (B) dans laquelle le liquide est monté par l’action d’une lampe à esprit-de-vin (C). Catte vapeur s’attache en abondance aux parties de la surface de la plaque qu’une vive lumière a frappées; elle laisse intactes les régions restées dans l’ombre; enfin elle se précipite sur les espaces qu’occupaient les demi-teintes. Un verre adapté à la boîte (P) permet de suivre du regard, à faible lumière d’une bougie, la formation graduelle de l’image. On voit la vapeur mercurielle, comme un pinceau de la plus extrême délicatesse, marquer du ton convenable chaque partie de la plaque.

Un thermomètre adapté à la boîte indique le moment où l’on doit retirer la lampe à esprit-de-vin; c’est 1orsqu’il marque 60 degrés centigrades. En général, il faut laisser la plaque dans l’appareil jusqu’à ce que le thermomètre soit descendu à 46 degrés, quelquefois auparavant si la lumière a été très vive.

Cinquième opération. -  L’image est alors reproduite; mais il faut empêcher que la lumière du jour ne l’altère. On arrive à ce résultat en agitant la plaque dans de l’eau saturée de sel marin, ou dans une solution d’hyposulfite de soude, et en la lavant ensuite avec de l’eau distillée chaude. Après ce lavage qui exige beaucoup de précautions, l’épreuve est terminée. Il ne reste plus qu’à préserver la plaque de la poussière et des vapeurs qui pourraient tenir l’argent. Le mercure qui dessine les images est en partie décomposé; il adhère à l’argent, il réiste à l’eau qu’on verse dessus; mais il ne peut soutenir aucun, frottement. Pour conserver les épreuves, il faut les mettre sous verre et les coller; elle sont alors inaltérables, même au soleil.

1

(Daguerréotype. - Fig,1.)

A Feuille d’argent plaqué fixée sur une planchette au moyen de quatre petites bandes B B B B en argent plaqué, de même épaisseur que la plaque. On fixe ces bandes avec de petits clous; elles retiennent la plaque par de petiles saillies sondées dessus. Leur utilité est de faciliterl’égalisation de la couche d’iode, qui sans elles serait beaucoup plus intense sur les bords de la plaque que dans le centre.

2

(Fig. 2.- Coupe de la bolte qui sert à fixer la couche d’iode sur la feuille d’argent plaqué.)

A Planchette garnie de la plaque (comme elle est désignée fig. 1). Elle se pose, pour obtenir la couche, sur les goussets B qui sont aux quatre angles de la boite. - C Couvercle qui, avant que l’on n’opére, ferme parfaitement la partie inférieure de la boîte, et sert à concentrer l’évaporation de l’iode. On l’enlève au moment où l’on place la planchette sur les goussets.- D Capsule dans laquelle on dépose l’iode. - EE Cercle garni de gaze, que l’on pose sur la capsule pour égaliser la vapeur de l’iode et pour empècher qu’il ne s’en détache des parcelles. - F Couvercle de la boîte, qui doit toujours rester fermée. - GGGG Garniture en bois formant dans l’intérieur une seconde boîte en forme d’entonnoir.

3

( Fig. 3. - Châssis dans lequel est renfermée la planchette garnie de la plaque, pour la garantir de la lumiére, aussitôt qu’elle a reçu la couche d’iode dans la boîte fig. 2. On n’ouvre plus les portes de ce châssis AA de manière à découvrir la planchette qu’après l’avoir mis, à la place de la glace dépolie, dans la chambre noire.)

4

 (Fig. 4. – Chambre noire.)

 A Glace dépolie qui reçoit l’image de la nature. On l’avance ou on la recule, avec la double boite B à laquelle elle est attachée, pour bien mettre au foyer, c’est-a-dire pour obtenir que les objets dont on désire fixer l’image se reproduisent sur la glace avec une grande netteté. Ensuite on remplace la glace par le châssis contenant la plaque fig. 3. - C Miroir qui sert à redresser les objets, et qu’on incline à 45 degrés, tandis que 1’on cherche le poin de vue.- D Objectif achromatique et périscopique (la partie concave doit être en dehors de la chambrc noire). Son diamétre est de 81 millimètres, et son foyer de 38 centimètres. - E Diaphragme placé en avant de l’objectif, à une distance de 68 millimètres.

 

5 (Fig. 5. - Appareil dans lequel on enferme la plaque, après l’avoir retirée avec son châssis de la chambre noire, pour la soumettre à l’action de la vapeur mercurielle.)

A La plaque avec la planchette enfermée dans une planche noire à rainures, et posée sur des tasseaux qui ta tiennent inclinée à 45 degrés; le métal placé en dessous. - B Capsule contenant le mercure. – C Lampe à l’esprit-de-vin. - D Glace à travers laquelle on peut voir l’mage de la nature apparaître peu à peu sur la plaque à mesure que monte et agit la vapeur mercurielle. – E Couvercle de l’appareil. - Cet appareil est garni intérieurement d’on thermomètre F dont la boule plonge dans le mercure, et d’un robinet par lequel on retire le mercure. Tout l’intérieur de l’appareil doit être en noir verni.

 

Ajoutons que le moyen de convertir les épreuves du Daguerréotype en planches gravées vient d’etre découvert. Ainsi chaque dessin obtenu par les procédés que nous venons d’indiquer pourra êre reproduit, comme toute espèce de gravure, à un nombre considérable d’exemplaires.

sábado, 18 de abril de 2009

1863, Fevereiro - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Fevereiro
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année
Nº. 6
Pag, 43, 44, 45, 46
*
LA PHOTOGRAPHIE.

Premier article.

La photographie est, pour l’homme de loisir, une intéressante distraction; pour le voyageur, un moyen de fixer ses souvenirs avec une vérité saisissante; pour l’adolescent, une occasion d’exercer les connaissances en physique et en chimie qu’il a acquises pendant le cours de ses études. Les femmes mêmes parfois bravent quelques taches à leurs mains pour le plaisir de se donner, a l’aide d’un rayon de soleil, les portraits fidéles de la famille.
L’installation couteuse et compliquée des ateliers publics de photographie ne doit pas inquiéter les amateurs. On peut aisément photographier à beaucoup moins de frais. Peut-étre même aurions-nous dû indiquer en commençant les moyens les plus simples et les moins dispendieux de se livrer à ce genre de divertissement utile. Nous avous vu de jolis portraits qu’on obtenait à l’aide d’un petit appareil grand comme une souriciére, et de produits qui étaient au large dans un des tiroirs d’une petite commode. Nous viendrons à ce genre d’operations. Mais il nous a paru qu’il y avait, en somme, avantage à donner, dés le début, une idée plus générale, et, en représentant un aménagement de quelque importance, à offrir tout d’abord un modèle à peu près complet, que l’on n’imitera, si l’on veut, que dans ses parties essentielles.
Commençons donc par quelques indications sur l’établissement d’un bon laboratoire.
1. - LE LABORATOIRE.
Il est peu de maisons, surtout en province, où l’on ne puisse disposer d’un cabinet: cela suffit, pourvu que ce cabinet ait une fenêtre, petite ou grande, qui ne soit pas placée trop haut; même sans cette condition, elle aurait son utilité petite ou grande, qui ne soit pas placée trop haut; même sans cette condition, elle aurait son utilité.
Photographie : Fig. 1. – Cabinet laboratoire pour la production des surfaces sensibles

Si la fenêtre regarde le nord, c’est tant mieux. Quelle que soit sa direction, il faut la couvrir entièrement, A l’exception d’un carreau de 30 à 40 centimétres de côté, avec du papier épais, collé, on avec une étoffe opaque choisie de manière à intercepter absolument la lumiére.
Le carreau libre sera fermé à l’aide d’une étoffe jaune-orange ou rouge, transparente; mieux encore, au moyen d’une ou deux feuilles de papier jaune-orange collées l’une sur l’autre si une seule est trop mince. Il est indispensable que le laboratoire soit éclairé seulement par cette lumière jaune, qui ne doit pas être assez intense pour empêcher de distinguer parfaitement les objets.
Dans ce cabinet, des tables ou des planches seront clouées aux murs en quantité suffisante pour qu’il soit facile d’y placer les cuvettes, flacons, entonnoirs nécessaires: plus on se ménagera ainsi d’espace, mieux cela vaudra pour le succés des opérations. On y transportera également une fontaine filtrante ou des vases pouvant contenir une certaine provision d’eau.
Si l’on s’occupé de paysage, il faudra bien, a cause de la nécessité de chercher des modéles au loin, simplifier, autant que possible, les éléments du laboratoire, quoique, même alors, une installation large et commode valût mieux. Pour le portrait ou les reproductions d’autres objets mobiles, ont devra se choisir, en dehors du laboratoire, un coin dans un jardin, un enclos, où l’on pourra poser son modèle sans être dérangé, une chambre même, pourvu qu’elle soit éclairée par une grande fenêtre qui, au moment de la pose, ne soit pas sous la lumiére du soleil.
Cette installation n’exige d’ailleurs aucun préparatif.
Si l’on a à sa disposition du verre jaune-orange, comme cette substance laisse passer beaucoup plus de lumière que le papier, on pourra réduire l’ouverture du carreau libre à un carré de de 1 à 2 décimétres au plus de côté.
La lumiére jaune étanf celle qui, dans le spectre solaire, a le moins d’action, une action presque nulle sur les substances sensibles, on peut, avec son aide, opérer sans crainte d’accident, absolument comme on le ferait dans l’obscurité: les rayons jaunes équivalent à l’obscurité pour la photographie. Le point principal est de se dispenser de l’usage des lumiéres artificielles, qui sont d’un maniement peu commode et souvent dangereux; car si l’on veut se servir de produits it base d’éther, il est essentiel d’être averti que l’éther, en se vaporisant dans l’air atmosphérique, forme un composé q’une lumiére peut enflammer en produisant une détonation dangereuse.
Pour éviter ces accidents, on installe dans les grands ateliers, lorsqu’ils doivent servir le soir à des préparations, une hotte de tirage que l’on voit au fond, à droite de la gravure (fig. 1). Cette hotte communique à une cheminée, et enléve, au fur et a mesure de leur formation, les vapeurs d’éther on d’autres corps qui se produisent dans le laboratoire.
Au fond, à gauche, on aperçoit: - le carreau jaune; - dans l’intervalle qui le sépare
Fig. 2. - Cabinet laboratoire pour le fixage.

de la hotte, une fontaine en gutta-percha qui contient de l’eau destinée au lavage des épreuves négatives, que l’on prépare en face du carreau et au-dessus de la grande cuvette dont on voit le côté; - enfin, le tube de décharge conduisant les eaux dans un baquet placé sous la table.
Evidemment tout celâ peut être simplifié: pour cuvette on peut prendre un grand plat en terre vernissée, comme on en trouve partout; pour fontaine, une cruche de grés;et pour baquet, un seau de bois.
A droite du cabinet obscur, on voit sur les tablettes et au-dessous des boîtes contenant des provisions de glaces neuves ou couvertes d’images, des flacons qui contiennent les préparations, et en haut des châssis dont nous expliquerons plus loin l’usage. Il y a même des tiroirs sous les planches pour serrer les petits objets qui pourraient être égarés et faire faute au moment du travail.
Ordre et propreté est une devise qu’il faudrait inscrire aux quatre coins du cabinet laboratoire. C’est le secret de la réussite en bien des choses, de l’aisance dans beaucoup de familles; mais ce secret, souvent on ne l’apprend que peu à peu et á ses dépens. En photographie, l’ordre et la propreté sont absolument nécessaires dès le début. On n’obtient pas le moindre résultat si l’on manque de ces deux grandes qualités.
La figure 2 représente un cabinet laboratoire qui sert spécialement au fixage des épreuves développées. Comme les agents de fixage sont délétéres pour les surfaces sensibles, il est tout naturel, quand on fait un grand nombre d’épreuves, de séparer ces deux classes de produits.
Pour nous, simples amateurs qui n’en faisons pas la même consommation et qui, la pluparl du temps, opérons nous-mêmes, nous nous contenterons de reléguer les cuvettes à fixage par terre, à un bout du cabinet; et, pour seul luxe, si nous le pouvons, si nous nous laissons entraîner à une installation luxueuse, nous les enfermerons dans une case a part, au moyen d’une cloison en bois ou même en papier goudronné tendu sur dos ficelles. La seule chose indispensable, c’est l’isolement des produits.
Dans la figure 2, on voit, à gauche de l’armoire fermée, des produits chimiques. Il est toujours bon d’avoir une cassette, une petite armoire, un tiroir fermant à clef pour y enfermer les produits qui ne doivent pas rester sous la main de tout le monde, car plusieurs sont ou peuvent devenir dangereux pour l’ignorant ou l’imprudent.
Il faudra se procurer une petite balance munie de ses poids, et une grande bouteille ou cruche pour conserver la provision d’eau distillée.
Ces préparatifs du laboratoire étant faits le plus simplement possible et sans grandes dépenses, il faut s’occuper de l’instrument utile, indispensable la chambre noire.
La suite à une prochine livraison.

terça-feira, 14 de abril de 2009

1863, Março - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Março
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année
Nº. 10
Pag, 78, 79, 80
*
LA PHOTOGRAPHIE
Suite. – Voy. P. 43.

II. – CHAMBRE NOIE. – LE PIED. – L’OBJECTIF

Sans qu’il soit nécessaire de faire emplette d’un instrument aussi complet que celui dont nous donnons le dessin, il est cependant utile de choisir un appareil assez bon pour qu’on ne soit pas arrêté dans les opérations au bout d’un très-court laps de temps. Du reste, la vogue toujours croissante de la photographie a fait créer des fabriques d’instruments, chambres noires, pieds, etc., établis à très-bon compte, avec une solidité moyenne et suffisante, et qui ne diffèrent guére les uns des autres: leur prix d’achat est, en généra1, modéré.
Autant que possible, on choisira sec et exempt de nœuds le bois qui composera la chambre noire; on tâchera qu’il soit débité depuis le plus de temps possible, afin qu’il n’obéisse pas aux influences atmosphériques de chaleur et d’humidité, et n’ait pas l’inconvénient de se fendre et de se tourmenter.
La chambre noire (fig. 3, 4 et 5) que nous avons dessinée comporte tous les perfectionnements utiles; elle est, en outre, de grande taille et se compose de deux ou trois tiroirs rentrant l’un dans l’autre. Cette combinaison, imaginée pour permettre sur une même chambre noire l’usage d’objectifs différents à long et court foyer, est inutile au modeste amateur. II n’a qu’un objectif ou deux de même foyer; nous les examinerons tout à l’heure: aussi sa chambre noire n’a-t-elle qu’un seul tiroir (c’est tout ce qu’il faut); elle n’a point par devant (fig. 4) des planchettes de rechange pour des objectifs divers: tous deux se montent sur le même pas de vis.
A la face opposée àcelle qui porte l’objectif, on voit (fig. 3) une glace dépolie marquée de raies au crayon, figurant des rectangles tracés sur le prolongement des mênes diagonales: ce sont les grandeurs diverses adoptées par l’usage pour la dimension des images photographiques. Ces dimensions correspondent au pouvoir optique des divers objectifs; on les désigne ainsi:

1/1 = Plaque entière ou normale ………18 c x 24 c
1/2 = Plaque demi ……………………......…13 x 18
1/3 = Plaque tiers ……………….............…12 x 16
1/4 = Plaque quart …………………....….…10 x 13
Etc., jusqu’au 1/2 et 1/16.

Au-dessus de la plaque entiére ounormale, on désigne les grandeurs par le nombre de centimètres des côtés du rectangle: 21 x 27, 25 x 30, 30 x 40, etc. Remarquons en passant que, dans une certaine limite de petitesse, un objectif donné, 1/2, par exemple, pourra produire 1/3, 1/4, 1/6, peut-être 1/9 certainement moins net, mais il ne pourra pas faire 1/1 plaque entiére.
La glace dépolie (fig. 3) est montée sur un châssis mobile, que l’on remplace à certain moment par un autre châssis semblable comme contour, mais creux, et contenant dans son intérieur la surface sensible destinée à recevoir l’impression lumineuse.
Un voile opaque (fig. 4) est attaché a la chambre noire et sert à couvrir la tête de l’opérateur pendant certaines opérations que nous décrirons plus loin, quand nous traiterons de la mise au point.
Le mouvement du tiroir dans la chambre est à frottement doux. Quand il s’agit d’une glace 1/4 ou 1/2 , comme celle qui suffit à notre rôle d’amateur, ce louvement s’exécute toujours avec facilité, surtout en frottant les angles avec du savon bien sec; mais lorsquïl s’agit de faire mouvoir une chambre volumineuse, comme celle des figures 3 et 4, on est obligé d’adopter un mécanisme plus compliqué.
On voit à l’arrière près de la glace dépolie, deux boutons de vis sur la planchette horizontale qui relie la chambre au pied: l’un de ces boutons porte un pignon denté, engrenant à une crémaillère fixée dans la tablette; le pignon tient au tiroir; il approche ou éloigne donc celui-ci quand on le fait mouvoir. A côté est un second bouton d’arrêt lorsqu’on a obtenu la position nécessaire.
Le pied que nous représentons (fig. 3) est ce qu’on nomme un pied d’atelier. Nous décrirons les pieds et les appareils de campagne. Un bon pied est assez difficile à faire: il doit unir beaucoup de fixité à unc mobilité complète e dans tous les sens.
Notre modèle répond à peu près à tous les besoins: le mouvement de translation générale est donné par les trois roulettes libres, une sous chaque pied; le mouuement vertical, par l’engrenage à manivelle, semblable à celui des instruments d’astronomie. L’axe de la manivelle porte un fragment de vis sans fin, commandant une roue dentée fixée a un second axe perpendiculaire au premier; celui-ci porte a chaque estremité un pignon engrenant dans deux crémaillères fixées aux deux grands montants verticaux. On arrête le mouvement par une vis de pression située entre les deux tablettes. Le mouvement d’inclinaison dans le plan vertical est donné par une vis sans fin, engrenant dans une crémaillére courbe fixée à l’un des deux demi cercles, tandis qu’une vis de pression sur l’autre arrête le mouvement ; enfin le mouvement azimuthal, ou dans le plan horizontal, est donné par une double tablette. Celle à laquelle tiennent les demi-cercles porte à l’avant un axe fixé dans la supérieure, et à l’arrière une fente circulaire où passe une vis de pression.
On fixe la tablette inférieure de la chambre à la tablette supérieure du pied par une petite presse à main.
Un pied de cette sorte est commode, mais n'est pas indispensable; on peut parfaitement opérer au moyen du pied à trois branches ployantes, dit pied de campagne, que nous verrons plus loin (fig. 19), et que les fabricants d'appareils photographiques vendent à trés-bon marché en même temps que la chambre noire (1) ([i]).
L'objectif, cet œil de la photographie, mérite aussi qu'on le choisisse avec le plus grand soin: on en construit de mille formes et de mille manières; les meilleurs sont jusqu'à présent les objectifs allemands: on peut l'avouer sans que notre amour-propre national en doive souffrir, car la supériorité de ces instruments tient surtout à celle des verres, et la nature ne nous a pas accordé de matières premières aussi pures que celles de la Bohême. On fait aussi de bons objectifs en France; mais, comme rapidité d'impression et comme pureté, on est encore obligé de préférer les allemands; seulement leur prix est exagéré. Pour commencer à faire de la photographie, ce serait une folie d'acheter tin objectif aussi cher que le sont les instruments étrangers; il vaut mieux choisir un bon objectif français, de grandeur assortie à la chambre noire (1/4 ou 1/2) que l'on achète, et d'une longueur de foyer plus petite, pour les objets à l'infini, que la longueur du tirage de la chambre noire.
Il ne faut pas chercher à faire d'économie dans le choix de cet instrument; quelques francs de plus ou de moins font une énorme diffèrence sur la fabrication, et, partant, sur la bonté des objectifs. Or on doit bien se pénétrer de cette vérité que si l'objectif est mauvais, le travail ne peut être bon.
On se munira d'un objectif double ou à verres combinés pour faire les portraits, et d'un objectif simple, conique, de même longueur de foyer, pour faire les paysages et les reproductions. Si l'on choisit one chambre noire 1/2 et un objectif double 1/2 pour faire des portraits (c'est déjà une grandeur raisonnable pour un amateur), on pourra prendre un objectif simple, seulement 1/4, mais de même foyer que le double; il coûtera moins cher et couvrira encore parfaitement la glace dépolie de grandeur 1/2.
Le but de 1'objectif est de recevoir les rayons lumineux réfléchis par les objcts extérieurs ou émanant d'eux, de les faire converger suivant certaines règles; et de les amener à un point ou foyer commun, où ils produisent une image très-nette, mais plus petite et renversée, de ces mêmes objets.
La glace dépolie (fig. 3), qui garnit l'arrière de la chambre noire, est la surface sur laquelle on rerçoit ces rayons convergents, et c'est à travers sa substance qu'on voit l'image obtenue.
III. - MISE AU POINT OU AU FOYER.

L’opération très-importante pour laquelle on fait avancer ou reculer cette glace par le bouton dont avons parlé plus haut, de maniére à trouver le maximum de neteté de l’ouvrage, se nomme la mise au point ou au foyer.
II serait impossible, sans entrer dans des démonstrations mathématiques, d’expliquer la marche exacte des rayons lumineux dans les objectifs. Il suffit de remarquer que si nous remplaçons après la mise au point, et sans rien changer à l'allongement de la chambre, la glace dépolie par une surface sensible, celle-ci recevra l’impression lumineuse des objets eux-mêmes et en gardera l'empreinte.
Ici se présente un phénomène trés-intéressant. Parmi les lumières de toutes couleurs qu'envoient les objets extérieurs à l'objectif, il existe une lumière obscure que nous ne voyons pas et qui a sur la surface sensible une bien plus grande action que la lumière visible.
Ces rayons, appelés rayons chimiques, traversant les verres comme les autres, mais ne se réunissent pas au même point que les rayons visibles. Il arriverait donc, si les opticiens n'étaient parvenus à corriger ce défaut, que, quoiqu'on eût parfaitement mis au point sur la glace dépolie avec les rayons visibles, on n'obtiendtait q’une image troublée ou flou sur la substance sensible mise à la même place, et l'on ne pourrait trouver que par tâtonnement le foyer invisible ou chimique, précisément le plus actif des deux.
II importe donc beaucoup, en choisissant un objectif, de s'assurer qu'il ne forme qu'un seul foyer, c'est-à-dire que les rayons chimiques se réunissent dans le même plan que les rayons visibles.
Les objectifs qui servent pour le portrait et les reproductions portent le nom d'objectifs doubles parce qu'ils sont composés d'un double, système de verres. Pour le paysage, on emploie des verres simples ou des objectifs orthoscopiques qui, quoique doubles, ont un systéme convergent et un divergent accouplés.
Dans tous les objectifs, simples ou doubles, on augmente la finesse de l'image obtenue en interposant des diaphragmes sur le trajet des rayons lumineux; ce sont des plaques opaques en métal, percées à leur centre d'ouvertures de plus ou moins grands diamètres. Ces plaques ont pour objet d'éliminer les rayons marginaux et de ne laisser passer que le pinceau central. En effet, l'homogénéité des verres n'est jamais absolue, et même en raison de leur courbure, abstraction faite de la matière, les rayons qui passent vers les bords tendent à se disperser inégalement et, par suite, déformer l'image. Mais plus on resserre l’ouverture, moins on reçoit de lumière, plus par conséquent on diminue l'action utile sur la couche sensible. Il est donc évident qu'à éclairage égal, pour obtenir la même intensité d'impression, le temps de pose devra augmenter en proportion de la petitesse de l'ouverture da diaphragme.
Dans la figure 6, on voit un diaphragme antérieur, tel qu'il est monté sur les objectifs allemands. Nous croyons que la manière la plus efficace est de le placer, en général; entre les deux systèmes de verres et très-prés de la surface postérieure du système antérieur. On peut facilement exécuter cette amélioration soi-même en découpant des rondelles de carton percées au centre, et en les entrant à frottement contre les parois intérieures du tube; elles y tiennent suffisamment. Nous verrons plus tard comment on place les diaphragmes des objectifs simples et des objectifs orthoscopiques.
Pour mettre au point facilement, on s'entoure la tete voile noir attaché à la
chambre (fig. 4); de cette maniére, on n’admet sur la glace dépolie d’autre lumière que celle qui vient de l’intérieur et traverse l’objectif; l’image apparaî alors dans tout son éclat, et la mise exacte au point est plus facile et plus précise.
La plaque à bouton qui sert à fermer la partie antérieure de l’objectif (fig. 6) porte le nom d’obturateur.
Lorsque nous avons dit que les objets extérieurs se peignaient très-nettement au foyer de l’objectif cela n'est vrai que dans une certaine limite et, surtout avec les objectifs doubles, pour des objets situés à peu prés dans un même plan parallèle à la glace dépolie. Or, quand nous faisons le portrait d'une personne assise, si nous mettons au point la figure, les genoux, qui sont en avant, ne produiront pas une image nette. II faudrait, pour que tout fût également au point, que la glace dépolie fût parallièle au plan oblique touchant le front et les genoux.
On arrive à ce résullat (fig. 5) au moyen de la combinaison indiquée en coupe à l'arrière de la chambre noire. On voit (fig. 6), sur le côté, les deux boutons de vis qui servent à opérer et maintenir ces mouvements. La glace dépolie est placée dans un châssis mobile autour d'un axe horizontal; sa marche en avant ou en arrière jusqu'aux tringles d'arrêt formant un K est commandée par une petite crémaillère dont le pignon porte le bouton supérieur. L'inférieur est une vis de pression qui arrête le rnouvement et fixe le cadre dans la position d'obliquité choisie. Le châssis portant la surface sensible et se mettant à la place de la glace dépolie garde donc l’obliquité convenable pour que toutes les parties du modéle soient nettes.

La suite à une autre livraison.
([i]) (1) Il faut avoir soin de prendre ce pied assez élevé pour que la chambre noire se trouve solidement placée à peu prés à hauteur de l'œil de l'opérateur debout.

domingo, 12 de abril de 2009

1863, Abril - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Abril
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année,
Nº. 17
Pag, 135, 136
*
LA PHOTOGRAPHIE (1) ([i]).
Suite. -Voy. p. 43, 78.

IV. - DE LA PERSPECTIVE.

Il ne s'agit pas, pour obtenir un portrait, de mettre l'instrument en face do modèle et d'en faire une éprenve telle quelle. Un portrait n'est bon qu’autant que certaines règles ont présidé à sa formation. Ces règles sont la base de tous les genres de dessin, et par conséquent doivent s' appliquer a la photographie ; ce sont les règles élémentaires de la prespective. Sans doute, la construction elle-même de l’objectif les simplifie plus que quand nous ne sommes guidés que par notre œil pour faire obéir notre main, mais il en est qui restent indispensables et que nous allons essayer de faire comprendre.
Tout le monde sait que la perspective a pour objet de représenter sur une surface donnée, tableau, dessin, photograhie, l'ensemble et les détails des objets extérieurs que la nature nous offre dispersés à des distances différentes et inégales de notre œil. Or la forme et la couleur sont les deux maniéres par lesquelles le monde extérieur se manifeste à nos sens. Il faudra donc, dans la perspective, nous occuper de ces deux aspects qui donnent naissance à deux branches distinctes: - la perspective linéaire, qui applique les principes simples de la géométrie, et qui, pour la photographie, est donnée en partie par l'objectif; - en second lieu, la perspective aérienne, dont le photographe est beaucoup plus maître, tant à cause du procédé qu'il choisit que de l'éclairage approprié dont il dispose.
Le choix de l'angle visuel (on appelle ainsi l'espace embrassé par l'oeil sans déplacement sur la ligne d'horizon) est ici une donnée invariable, puisque son amplitde est fixée par l'objectif; mais le choix de l'horizon rationnel est une donnée variable qui reste à l'artiste et qui est d'une grande importance, parce que, une fois cet horizon fixé, l'instrument donne le reste: par conséquent, si l'opérateur le fixe mal, tout est mauvais; s'il le choisit bien, tout est bon.
La ligne d’horizon, presque toujours fictive dans le portrait, doit se trouver à la hauteur de l'oeil du dessinateur, et, suivant que ce dernier monte ou descend, cette ligne s'élève ou s'abaisse avec lui.
L'oeil qui dessine, pour le photographe c'est l'objectif. Par conséquent le plan d'horizon réel ou fictif passera toujours par le centre de cet instrument, et s'élèvera ou s’abaissera suivant le mouvement ou la position que nous lui ferons prendre. Fait sans discernement, le choix de l'horizon rend difformes ou désagréables, difficiles même à reconnaître au premier coup d'oeil, des objets que l'objeclif a reproduits cependant avec une exacte vérité.
D’autre part, le point de vue étant le sommet de l'angle optique qui embrasse un objet (l'angle optique est celui formé par les axes principaux des deux yeux lorsqu'ils sont dirigés vers un même point), il est naturellement sur une ligne passant au centre de l'objectil, et dont le prolongement peut être marqué d'avance sur la glace dépolie comme point de centre de figure, qu'il suffira de placer alors avec intelligence sur l'image du modèle pour chercher et obtenir le meilleur effet possible.
La hauteur de l'horizon étant déterminée, le point de vue peut à volonté être placé sur chaque point de son étendue; mais, pour le photographe, il sera presque tonjours central, afin qu'on puisse éviter les déformations. On a ainsi le point de vue

Fig. 7. – Point de vue trop en dessous



Fig. 8. – Point de vue trop en dessus

principal en face du portrait, et comme nous avons dit que ce point est un des points de la ligne d'horizon, il s'élèvera ou s'abaissera avec elle.
Si le modéle est assis, le photographe debout, ou, ce qui revient au même, l'objectif à hauteur des yeux du photographe debout, l'horizon passant beaucoup au-dessus de la tête do modéle, les lignes seront défomées, et la tête vue en dessus offrira un ovale trop court et des angles trop saillants. Le même effet se produirait en

Fig. 9. –Préparateur nettoyant une glace

sens inverse (fig, 7 et 8) si, le modéle étant debout, le photographe était assis; l'horizon étant à mi-hauteur du sujet, l'ovale et les lignes du visage seraient nécessairement raccourcis et déformés.
En général, la ligne d'horizon doit varier entre la ligne des yeux et celle des seins; plus elle est basse, plus le portrait a grand air, mais plus il tend à se déformer. Il faut ici du goût et du jugement. Il ne faut pas perdre de vue que la ligne d'horizon uie l'on voit ordinairement aux environs des genoux dans les portraits photographiés n'est pas la véritable, mais l'intersection du plan de fond avec le sol. Comme le fond est indispensable, de quelque couleur qu’on le choisisse, et comme il doit venir en même temps que le portrait, il s'ensuit qu'il forme une ligne d'horizon factice et de convention, placée d'autant plus bas que le modèle est plus prés de lui. Si nous opérions en rase campagne, la ligne d'horizon remonterait tellement qu'elle se confondrait avec l'horizon réel, et se trouverait couper le modèle à la hauteur exacte que nous aurions choisie.
Le choix de la ligne d'horizon est aussi important dans les portraits que dans les paysages et les diverses scénes de la nature. En général, plus on voudra de développement, plus l'horizon s'élévera; ce qui est rationnel, puisque alors on est censé ni monter avec lui et découvrir la plaine d'un point culminant. Cela n'est que bien rarement favorable à la photographie. En général, l’horizon placé au-dessous de la stature d'homme lui permet des effets plus gracieux.

V. – Le Collodion. – Le lavage des plaques

Collodion. - L'on a donne le nom de collodion à une dissolution de coton-poudre dans un mélange d'éther et d'alcool. Cette dissolution, de consistance sirupeuse et semblable à de la gomme, est, en quelque sorte, un papier liquide que l'on étend en couche trés-mince à la surface d'une glace. Cc papier liquide contient les sels impressionnables à la lumière, est doué d'une exquise sensibilité, et, par cela mêmc, exposé à une assez grande inconstance dans les résultats.
Cependant, avec de l'attention et de la pratique, on arrive assez site à un ensemble de formules et de manipulations qui laissent peu de prise à l'imprévu. Il serait imprudent d'affirmer qu'cn suivant lcs prescriptions que nous donnons aussi élémentaires que possible, on arrivcra sans encombre au but; dans quelque science que ce soit, un résultat si heureux et si prompt n'est pas possible: le commençant fera des fautes; il les payera irnmédiatcment, parce que les reactions chimiques ne pardoncnt point, et s'accomplisscnt en dépit de nous -même. Méfiez -vous donc constammcnt de ce que vous manipulez, et, avant de mettre plusieurs corps en présence, réfléchissez deux fois plutôt qu'une, ce ne sera jamais du temps perdu.
Lavage des glaces. - Le nettoyage des glaces est une, opération importante; car, avant toutes choses, il faut être certain que la surface sur laquelle on opérera ne sera pas une cause d'insuccès. Los glaces, qu'elles aient servi ou non, doivent être frottées doucement au moyen d'un chiffon imprégné de:


Eau ………………………….........…100 centigrammes cubes ;
Cyanure de potassium ..............10 grammes ;
Carbonate de potasse ...............15 grammes ;


puis plongées dans une premiére eau.
Il faut éviter surtout de les froisser los unes sur les autres, parce que leur surface assez tendre se raye facilement, et qu'une surface rayée donne une image rayée au négatif. Les glaces, enduites comme nous avons dit, seront frottées soigneusement à la main dans cette premiére eau, qui devient savonneuse; puis elles seront mises dans une seconde, frottées une seconde fois de même; ensuite dans une troisième; enfin, essuyées avec un linge de colon fin et sans peluche, et mises dans leurs boîtes.
Fig. 10. – Chassis à nettoyer les glaces

Au moment de faire l'épreuve, on fixe la glace sur un porte-glace (fig. 10), on la frotte (fig. 9) d'un peu d'alcool contenu dans un flacon dont le bouchon est traversé. d'une plume; on étend et on sèche ce liquide avec un linge de coton usé trés-propre et très-mince. Alors si, en hâlant sur la surface, on voit un léger nuage formé par l'humidité se retirer également, la glace est pure et prete à servir.
La suite à une autre livraison.
([i]) (1) Remarquons qu'il existe entre la daguerréotype et la photographie une différence essentielle. Le daguerréotype arrive directement à une épreuve finale ou positive, tandis que pour la photographie il faut obtenir d'abord une épreuve inverse de la nature, ou négative, qui sert à son tour à créer l'épreuve finale, ou positive, en nombre aussi grand qu'on le veut. Cette distinction indique donc entre ces deux procédés une dissemblance radicale.
On accorde au daguerréotype la finesse des lignes, un modelé merveilleux et une vérité saisissante; mais on lui reproche un miroitage fatigant fit disgracieux, l'inconvénient de ne fournir qu'une image, enfin sa fragilité extrême et l'impossibilité d'épreuves un peu grandes.
A la photographie on doit reconnaître une finesse sufisante et au delà un modelé plus puissant, pas de miroitage, moins de poids, pas de fragilité, l'avantage de multiplier à volonté les épreuves et de les pouvoir faire aussi grandes que possible; mais on trouve dans la photographie une moins grande certitude de durée, par suite de la nature même de la feuille de papier et des produits qui forment l’image. En somme, elle a moins dinconvéniénts et d'avantages: elle constitue donc un véritable progrès.
Résumons-nous. Deux, grandes divisions scindent l'étude de la photographie: l'épreuve négative, qu'on appelle aussi, quoique improprement, cliché, et l'épreuve finale ou positive, qui est, en définitive, le but auquel on atteint et la forme sous laquelle la photographie se présente au public.

quarta-feira, 8 de abril de 2009

1863, Junho - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Junho
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année,
Nº. 24
Pag, 191, 192
*
LA PHOTOGRAPHIE
Suite. -V. p. 43, 78, 135
VI. – CHASSIS NÉGATIF. – COLLODION. – BAIN D’ARGENT.

Châssis négatif. -- La figure 11 représente la face postérieure du châssis négatif à collodion ;la porte en est retirée pour laisser voir les feuillures intérieures sur lesquelles se place la glace recouverte de la couche sensible. Le volet antérieur est fermé, et on aperçoit plusieurs cadres retenus par des taquets et permettant de se servir, avec le même châssis, de glaces de plusieurs dimensions.
Les figures 12 et 13 montrent, au contraire, le volet antérieur ouvert. Dans la

Fig. 11. - Châssis négatif à collodion ; face postérieure. Fig. 12. - Le même ; en coupe. Fig. 13. - Le même ; face antérieure.

figure 13, on voit les coins en ivoire ou en verre qui isolent la glace, et le ressort placé sur la porte pour maintenir cette glace appuyée contre les feuillures et les coins.
Composition du collodion; Extension de la couche. - II est inutile que l'amateur cherche à faire le coton-poudre lui-même. C'est une opération chimique délicate, quoique simple; il vaut mieux se procurer du coton-poudre bien préparé et se souvenir que c'est un corps éminemment explosible, par conséquent dangereux au même degré que la poudre. II faudra donc tenir ce corps dans un flacon à large ouverture, fermé, et ne le garder que le moins longtemps possible en cet état. Transformé en collodion, il expose à moins de danger, et ne risque pits de se décomposer spontanément. Mettez à dissoudre dans :

Éther sulfurique à 62 degrés …………………...100cc
Coton-poudre …………………………………..............3gr

Une partie seulement du coton fondra en agitant; ajoutez alors de l'alcool à 40 degrés, peu à peu, et le moins possible, jusqu'à ce que vous voyiez que les fibres seules les plus épaisses ne se dissolvent plus. Laissez reposer deux ou trois jours ce collodion épais, et décantez.
Préparez en même temps la liqueur sensibilisatrice suivante :

Iodure de cadmium …………………………7gr,50
Bromure de cadmium ………………………1gr,25
Chlorure de cadmium ………………………0gr,25
Alcool à 40 degrés ………………………….100cc

Pour composer le collodion photographique, mesurez à l’éprouvette graduée :

Collodion épais ci-dessus….......................100cc
Éther sulfurique à 62 degré………………..100cc
Liqueur sensibilisatrice …………………..20 à 25cc


Fig 14. – Extension du collodion ; premier mouvement

Agitez et conservez à l'obscurité. Ce collodion est plus sensible trois ou quatre jours après sa préparation que le lendemain.
Les figures 14 et 15 donnent une idée exacte de la maniére dont on coule la couche de collodion à la surface de la glace, et dont on renverse le surplus dans le flacon. Ces opérations doivent se faire sans temps d'arrêt, sans se presser néanmoins, et, autant que possible, à l'abri de la poussière. II faut éviter que les mouvements brusques ne fassent revenir le collodion sur lui-même, ce qui produit des bourrrelets, rides et inégalités dans la couche.
Ceci fait, on laisse quelques secondes la surface enduite de collodion se raffermir, et on plonge la glace au bain d'argent, la couche cn dessus, comme nous la voyons dans la figure 16.
Dans la position indiquée par cette figure, si on laisse rctombcr rapidemcnt la glace et la cuvette, il est facile de se rendre compte que le liquide couvrira cn nappe et sans temps d'arrêt la surface du collodion.
Bain d'argent. - Dissolvez dans un flacon contenant :

Eau distillée ……………………………... 100gr
De l’azotate d’argent cristallisé ………10gr

Quand l'azotate sera dissous, versez dans le flacon qui le contient, et goutte à goutte, la liqueur sensibilisatrice; il se produit un abondant précipité jaunâtre qui se dissout en agitant. On arrête l'addition des gouttes de liqueur lorsque le précipité ne se dissout plus. On filtre le bain avant de le vcrser dans la cuvette. La glace étant plongée dans le liquide, comme nous l'avons dit tout à l’heure, on s'apercevra, en la soulevant de temps en temps au moyen du crochet d’argent représenté dans la figure 16,

Fig. 15. – Extension du collodion ; deuxième mouvement

que la surface du collodion devient complétement et également mouillé, et que le bain ne se retire plus

Fig. 16. – Mise au bain d’argent

par places comme sur une surface grasse. C’est le moment où la combinason est effectuée : on retire la glace avec le même crochet passé dessous ; on la laisse égoutter un instant, et on la met dans le châssis (fig. 11) Il est bon de placer par derrière, à sa partie inférieure, une bande de papier buvard pour absorber l’excés de nitrate qui, s’accumulant vers le bas et dans la feuillure du châssis, le détériorerait et le mettrait promptement hors de service.
La suite à une autre livraison

1863, Julho - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Julho
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année,
Nº. 29
Pag, 230, 231
*
LA PHOTOGRAPHIE
Suite. - Voy. p. 43, 78, 135, 191

Pose du modèle. – opérations après la pose

Pose. - C'est à ce montent qu'il faut appeler à son aide toutes ses connaissances artistiques. Le dessin, la perspective, doivent aider à trouver, pour le modéle, s'il s'agit d'un portrait, une pose heureuse quoique simple; s'il s'agit d'un paysage, un point de vue sagement choisi. Il faut recourir, pour cette étude, aux ouvrages qui traitent de cette matière.
Pendant que la glace est dans le bain d'argent, on prend soin de disposer le modéle, parce que la surface, une fois sensibilisée, ne peut attendre plus de cinq minutes sans danger de taches. C'est plus de temps qu'il n'en faut. On doit remarquer que dans la série des opérations photographiques il s’agit d'aller vite, et cependant sans se presser, résultat auquel on arrive par le soin, la présence d'esprit, l'adresse et l'ordre.
Il est impossible de donner, même approximativement, une évaluation du temps d'exposition; mille causes le modifient continuellement: la couleur, la qualité de la lumière ambiante; la couleur, l'éloignement du modèle; le foyer, le diamètre de l'objectif, l'ouverture du diaphragme; la rapidité et la sûreté des opérations; la puissance du développement, etc., telles sont les principales causes de variation de la durée de la pose. Quelques essais en apprennent plus que tous les discours du monde. Il faut commencer par poser trop peu, une ou deux cecondes, par exemple, faire quelques épreuves en augmentant régulirement la durée, et se fixer au temps qui a fourni la meilleure image, vigoureuse et abondante en détails.
Développement de l’image. - Le châssis négatif étant rapporté dans le cabinet obscur, on en sort la glace avec précaution et l'on verse rapidement à la surface un flot du liquide suivant, contenu dans un verre à expériences.
On a eu soin, depuis quelques jours, de mettre dans un grand flacon assez de protosulfate de fer, ou couperose verte, pour qu'en le remplissant d'eau il reste au fond un peu de ce sel non dissous: c'est ce qu'on appelle une solution saturée.
Prenez alors pour le développement do l'épreuve le mèlange suivant :

Eau saturée de protosulfate de fer ……….50 cc
Eau distillée ……………………………...........400
Alcool à 36 degrés ………………..........………25
Acide acétique cristallisable ……………......45

filtrez le tout, et ne craignez pas d'en couvrir abondamment la surface à développer.
Lorsque l'épreuve, après s'être complétée dans ses détails, restera stationnaire, ajoutez à la solution, dans le verre, quelques gouttes d'une solution d'azotate d'argent à 2 pour 100. Les noirs prendront de l'intensité, et sous aménerez i'épreuve à être compléte et vigoureuse dans toutes ses parties.
Lavage. - A ce point des opérations, il faut laver abondamment la surface du collodion pour la débarrasser du liquide acide qui l'inonde, et qui décomposerait les corps alcalins qui doivcnt servir au fixage.
On voit dans la figure 1 (p. 44), au-dessous de la petite fenêtre garnie de verre jaune, la grande cuvette au-dessus de laquelle se fait le développement, la glace étant tenue dans la main, ou, si elle est tropgrande, posée au milieu sur un support. A droite est le flacon laveur, dont le détail s'aperçoit encore mieux dans la figure 2 (p. 45), entre les balances et la cuvette au-dessus de laquelle se fait le fixage. C'est un flacon ordinaire, dont le bouchon est traversé par deux tubes recourbés dont l'un gagne le fond du vase pour y amener l'air néecssaire à l'écoulement, et dont l'autre, par lequel sort l'eau, traverse seulement le bouchon. Ce flacon laveur sert constamment: avant, après le fixage; avant, aprés le renforcement. Il fournit un jet continu, sans secousses, d'une roideur moyenne , déterminée, du reste, par la grandeur du vase, et qui permet, si l'eau est exempte de corps étrangers, de ne jamais entamer la couche de collodion.
L'épreuve étant développèe et lavée au-dessus du grand plat verni qui sert à recevoir les eaux de lavage, on la met au-dessus de la cuvette de fixage, dans le petit compartiment que l'on a disposé à cet effet à l'extrémité du cabinet obscur. Là on verse sur la surface du collodion une couche suffisante d'eau saturée d'hyposulfite de soude ou d'eau contenant 2 à 3 pour 100 de cyanure de potassium. Le sel jaune d'iodure d'argent qui rendait la couche demiopaque étant enlevé complétement et partout, il faut laver encore abondamment,et, comme l’épreuve s'est affaiblie, procéder, s'il est nécessaire, à son renforcement.
Renforcement. - Le plus simple consiste à verser sur l'image une solution de bichlorure de mercure à 1 pour 100 dans l'eau distillée.
Ce corps, de même que le cyanure de potassium, est un poison très-violent, et ne doit être manié qu'avec précaution. On répand ce liquide rapidement et également à la surface de l'épreuve; elle noircit immédiatement sous son contact. On rejette la solution, et on examine en transparence si le renforcement est suffisant, c'est-à-dire si les lignes sont noires et bien opaques. Si ce résultat n'est pas atteint, on lave et on reverse une nouvelle couche de solution de bichlorure. On lave avec soin.
L'action de ce renforcement ne doit pas être prolongée, parce que l’image blanchirait; si cet accident arrivait, on la laverait abondamment, puis on la porterait au-dessus de la cuvette de fixage et on la couvrirait d'un seul coup avec la solution d'hyposulfite. L'épreuve prendrait immédiatement un ton noir très-intense. C'est même le moyen d'obtenir le renforcement le plus fort possible sur une épreuve trop faible.
Gommage et vernis. - L'épreuve étant parfaitement développée, fixée, renforcée et lavée: pendant qu'elle est encore humide, versez à sa surface un mucilage de gomme arabique à 10 pour 100. Dressez la glace alors contre un mur sur des feuilles de papier buvard.
Lorsque l'épreuve est entiéreinent sèche, on fait tiédir la glace au-dessus de quelques charbons enflammés, et l'on y verse, comme du collodion, une couche de vernis que l'on peut faire soi-même en se procurant les substances suivantes.
Mettez dans un matras en verre, sur un fourneau au bain-marie:

Alcool à 36 degrés ……………………..100gr
Gomme laque blanche pulvérisée …….. 4
Benjoin choisi ………………………...........….2
Gomme élémi ………………………..........….2
Sandaraque pulvérisée …………….....……2
Camphre ……………………………….............0,50
Térébentine de Venise ……………......……0,50

Ajoutez quelqnes morceaux de verre cassé très-fin, et faites bouillir au moins une heure, en remplaçant l'alcool évaporé. Le verre pilé a été ajouté pour empêcher les résines d'adhérer au vase, surtout quand on n'emploie pas le bain-marie; si on l'emploie, on peut se passer de cette addition.
On laisse reposer douze heures, et l'on décante la partie claire pour l'image.
Accidents. - Le nombre des accidents qui embarrassent la marche des opérations est considérable. Tantôt ce sont des taches, des points, des rides de diverse nature et de diverses couleurs; tantôt pas d'image, ou une image terne, voilée et incomplète. Il faut encore, pour apprendre à remédier à tout cela, recourir aux ouvrages spéciaux.
Images amphipositives. --Ces images, singulier jeu du développement appliqué sur la couche du collodion impressionnée, ont été étudiées pour la première fois et dérites par M. H. de la Blanchère, dès 1856. Elles consistent en ce que l'image, au lien de se développer négativement, apparaît positive par transparence ou transmission de la lumière, et en mème temps positive par réflexion.
L'étude de ce phénomène curieux, continuée maintenant par les opérateurs anglais et français, doit conduire à des faits intéressants pour le mode de formation des épreuves photographiques, mais ne peut trouver place dans ces études élémentaises.

ALBUMINE NÉGATIVE

Lavage et chois des glaces. - Les glaces qui servent dans le procédé à l'albumine négative sont les mêmes que celles qu'on emploie pour le collodion. Les bords doivent en étre rodés avec soin pour assurer l'adhérence de l'al- bumine que l'on fait déborder. Il faut que le lavage de ces glaces soit rigomeusement fait; leur séchage, qui doit être suffisant, est cependant d'une importance moindre que pour le collodion; mais il est bon que le dernier nettoyage soit opéré avec un mélange de craie, d'ammoniaque et d'alcool, afin d'être sûr que la surface de la glace est parfaitement dégraissée.
La suite à une prochine livraison.

1863, Julho - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Julho
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année,
Nº. 30
Pag, 234, 235, 236
*
LA PHOTOGRAPHIE
Suite. - Voy. p. 43, 78, 135, 191, 230

ALBUMINE NÉGATIVE
Suite

Préparation de l'albumine. - C'est la préparation au moyen des œufs frais qui est employée en photographie: on met les blancs d' œufs, privés de jaune, dans un vase de terre vernie ou de porcelaine; on les bat au balai d'osier jusqu'à cc qu'on obtienne une mousse épaisse et consistante, ce qu'on appelle des œufs en neige. Il faut descendre le vase dans la cave, le couvrir d'un linge humide et le laisser reposer douze heures.
Pendant ce repos, on fait la solution suivante :

Eau distillée 50gr
Iodure d’ammonium 20
Iode pur 1

On la mêle à un litre d'albumine lorsqu'elle est claire et déposée sous la mousse; on ajoute 10 grammes de miel blanc, on mélange les deux liqueurs en agitant doucement, et on laisse reposer vingt-quatre heures. On filtre alors sur un tampon de coton, et l'on en remplit complétement de petits flacons isolés. Celte albumine se conserve bonne tant qu'elle reste transparente dans les flacons.
Albuminage. - Quand on projette doucement l'haleine à la surface de la glace, il s'y dépose une couche d'humidité suffisante pour permettre l'extension de l'albumine, qu'on verse comme da collodion (fig. 14 et 15); on chasse brusquement l'excés dans un flacon surmonté d'un entonnoir garni de coton, on égoutte, et l'on place verticalement la glace sur un de ses angles, le long d'un mur, sur on coussin de papier buvard.
La couche d'albumine ayant séché naturellement, ce qui demande vingt-quatre heures, il faut la coaguler en la chauffant au-dessus d'un réchaud rempli de charbons allumés. Il est important que la chaleur de la glace ne dé- passe pas celle que la main peut supporter sans doulleur, c'est-à-dire +60º environ.
Cette déssiccation amenant un fendillement général dans la couche d'albumine, on lui restitue son homogénéité en projetant l'haleine it sa surface avant de renfermer les glaces refroidies dans la boite qui doit les préserver de la poussière et de l’humidité.
Bain d'argent sensibilisateur. –

Eau distillée ………………………...100gr
Azotate d’argent cristallisé …………10
Acide acétique cristallisable ………..8

Plongez-y la glace lorsque la couche d'albumine est parfaitement sèche; retirez au bout de vingt-cinq à trente secondes, lavez abondamment et remettez à sécher verticalement sur du papier buvard neuf: toutes ces opérations se font dans le cabinet obscur.
Les glaces ainsi sensibilisées se conservent presque indéfiniment à l'abri de la lumière et de l'humidité.
Temps de pose. - L'albumine ne servant que pour la reproduction des paysages et des objets immobiles, on pourra fortement diaphragmer l'objectif afin d'obtenir toute la netteté possible, et ne pas craindre d'augmenter ainsi le temps de pose; il est en moyenne de cinq à quinze minutes pour un paysage.
Développement de l'image. - Plongez la g1ace dans une cuvette en porcelaine remplie d'eau distillée tiède contenant en dissolution 0gr,25 d'acide gallique par litre, en ayant soin de maintenir la température de la cuvette à l'aide d'un réchaud de feu peu actif ou d'un bain-marie. Au bout de quelques heures l'épreuve aura apparu. II est bon de sortir de temps à autre la glace du bain et de la laisser exposée à l'air une ou deux minutes, ce qui favorise la production de l'image. Lorsque celle-ci est bien dessinée dans toutes ses parties, on ajoute au bain quelques gouttes de solution neutre à 4 pour 100 de nitrate d'argent fondu, on replonge la glace et on laisse l’image en repos se développer, en veillant pour l'arrêter, lorsqu'il en est besoin, par un lavage à l'eau pure.
Fixage. - On couvre la couche lavée d'une solution d'hyposulfite à 30 pour 100 que l'on renouvelle trois ou quatre fois; en dix à quinze minutes, la glace étant débarrassée de ses sels sensibles, l'épreuve devient transparente. On lave abondamment et on laisse sécher la glace, posée verticalement sur du papier buvard.
Accidents. -L'accident le plus ordinaire est le dépôt
de réductions moirées métalliques à la surface de l'albumine lors du développement. Lorsqu'elles sont légères et qu'elles viennent de se former, on peut les enlever en frottant légèrement avec un petit tampon de coton mouillé; si elles résistent à cette action mécanique, il faut essayer de les dissoudre en versant à la surface de la glace une partie de développement au sulfate de fer (voy. Collodion), mélangée au moment même avec une partie du bain d'hyposulfite d'or et de soude employé pour le virage des positifs (voy. Virage). Nous ne parlons pas des traces de poussière que l'on s'attachera toujours à éviter par un nettoyage soigneux du cabinet obscur, et qui formeraient sur 1'épreuve des taches ou des points noirs.
Le procédé par l'albumine est surtout utile pour la production des épreuves positives transparentes pour le stéréoscope, et des négatifs qui servent à imprimer les épreuves destinées à cet instrument.

PAPIER NÉGATIF.

Choix du papier. - L'idée de se servir de papier comme surface sensible, due aux Anglais, a coïncidé avec l'invention française du daguerréotype. Le procédé qui en a découlé n'est devenu réellement pratique que du jour où l'emploi de la cire a permis l'usage des feuilles sensibles impressionnées à sec.
Il est très-dificile de trouver un papier négatif exempt de taches, de trous et d'inégalités dans son épaisseur; il faut d'ailleurs qu'il soit-i la fois mince et résistant.
On marquera l'envers de chaque feuille, qu'il est facile de reconnaître en regardant la feuille sous un jour frisant: côté où paraît la trace de la toile métallique sur laquelle le papier a été fait, est l'envers.
Cirage de la feuille. - Il faut se procurer de la cire vierge très-pure; plarcer la feuille négative sur un matelas de papier buvard neuf; faire chauffer un fer à repasser ordinaire dont la surface soit très-propre, l'enduire de cire, et en le passant sur la feuille l'imbiber très-également. On place alors cette feuille entre deuxpapiers buvards, et à l’aide du fer chaud on fait dégorger l'excédant de cire qui quitte la feuille négative pour imbiber le papier buvard.
Ioduration. - Dans un litre d'alcool faites bouillir 15gr de cire coupée en petits morceaux, laissez refroidir et filtrez. La cire décomposée laissera dissoudre une portion soluble appelée céroléine. Les portions insolobles (cerine et myricine) resteront sur le filtre et serviront à cirer le papier.

Prenez :
Alcool céroléiné, ci-dessus ……100gr
Iodure de potassium …………...2,50
Bromure de potassium ………...0,25

Mettez cette liqueur dans une cuvette plate de porcelaine et couvrez-la d'un verre plan; immergez-y sans bulles d'air les feuilles cirées dix minutes, ce qui se fait très-facilement en les plongeant obliquement, et prenez garde de ne pas produire dans la feuille des cassures qui se traduiraient sur l’épreuve par des raies ou des étoiles noires.
La feuille, étant retirée du bain alcoolique, est transparente; mais on la suspend, et au moment de l'évaporation, qui est rapide, la saponification de la cire devient visible, et l'ioduration se manifeste par un ton blanc laiteux, translucide et d'un grain toujours très-fin. Ce papier se conserve plusieurs mois sans altération.
Sensibilisation. - Composez le bain suivant:

Eau distillée ………………………………100gr
Azotate d'argent cristallisé ……………….6
Acide acétique cristallisable ……………...9

Plongez les feuilles une à une dans ce bain, qui doit être assez abondant pour les recouvrir parfaitement; évitez les bulles d'air entre les feuilles et à leur surface, et laissez-les au moins vingt minutes dans le liquide. Evitez de toucher les angles des feuilles avec des doigts chargés de matiéres étrangères; les taches sont toujours à craindre, et la plus minutieuse propreté est de rigueur. Ayez, à côté de la cuvette au bain d'argent, deux autres cuvettes remplies d'eau distillée en quantité au moins égale à celle du bain. Sortez chaque feuille l'une après l'autre, laissez-les égoutter un moment au-dessus du bain, et mettez-les dans la première cuvette d'eau distillée: il faut qu'elles restent dans cette cuvette environ dix minutes; vous les transporterez ensuite dans la seconde et les y laisserez au moins autant de temps, puis vous les sortirez enfin les unes après les autres, et, les plaçant successivement entre du papier buvard neuf, vous épongerez l'eau qui couvre leur surface. Vous les mettrez enfin dans un troisième papier buvard neuf, où elles achèveront de sécher doucement.
Il est entendu que toutes ces opérations se font à l'abri de la lumière, ou dans un endroit éclairé par des rayons jaunes.
Les feuilles ainsi sensibilisées se conservent deux ou trois jours dans un cahier de papier buvard renfermé dans un étui ou un portefeuille noir.
Le châssis négatif qui sert à exposer ces feuilles se compose de deux glaces juxtaposées, entre lesquelles on place la feuille de papier sensible qui reçoit l'impression lumineuse à travers la glace antérieure. Il est donc impor- tant que celle-ci soit choisie très-pure, très-blanche et le plus mince possible.
Temps de pose. -L'espace de temps nécessaire pour impressionner une feuille dépend: de la puissance particulière de l'objectif, de l'ouverture du diaphragme qu'on a choisi, de la quantité et de la qualité de la lumière ambiante, de la nouveauté de l'impressionnement de la feuille, et de la couleur des objets à reproduire. Faire l'énumération de ces causes diverses, c'est dire qu'aucune régle fixe ne peut être indiquée. Il faut opérer, tâtonner, se tromper quelquefois avant de réussir.
Développement de l'image. - Plus tôt on fait apparaître l'image aprés l'impressionnement de la feuille, plus on a de chances d'éviter les insuccès. En général, c'est une opération qu'il faut faire le soir, aprés une journée bien remplie de courses photographiques; car le temps de pose est rela- tivement long quand on se sert du papier ciré, principalement employé pour le paysage et les objets inanimés. Au moment où l'on a sorti les feuilles sensibilisées des deux eaux de lavage, on a dû ramasser ces deux eaux ensemble dans un grand flacon. Ces eaux, qui contiennent une quantité de nitrate d'argent proportionnelle à la surface de la feuille qu'elles ont lavée, serviront dans l'opération qui doit faire apparaître l'image.
Prenez une cuvette de porcelaine parfaitement nettoyée, faites-y filtrer une portion d'eau de lavage suffisante pour former une couche d'un centimètre d'épaisseur. Mettez dans l'entonnoir, en même temps que la première portion d'eau, une quantité approximative d'acide gallique qui représente environ 1 gramme pour 100 d'eau. Nous nous abstenons à dessein de donner un poids exact: moins on mettra d'acide gallique, pourvu que l'image apparaisse et se développe, plus on sera sûr d'éviter les taches et les réductions.
Il faut plonger dans ce bain la feuille à développer rapidement et sans bulles d'air, prendre garde qu'elle n'émerge, et remuer la cuvette de temps en temps, en évitant de toucher la feuille trop souvent par les angles. L'épreuve apparaît ordinairement noire sur un fond jaune; elle se compléte peu à peu, d'une maniére lente mais continue. Si le développement se ralentit, on ajoute quelques gouttes de solution faible de nitrate d'argent à 4 pour 100. Si l'opération marche bien, le bain doit conserver sa limpidité en se teignant légèrement en jaune. Si l'on voit des moirures d'argent métallique se développer à sa surface , il faut faire sortir l'épreuve avec précaution, parce que si ces moirures d'argent métallique s'attachaient à sa surface, elles y adhéreraient et l'épreuve serait perdue; puis on la plonge dans une cuvette contenant un bain semblable, mais plus faible. Le développement de l'image continue dans ce second bain. On peut, pour sortir la feuille du bain sans enlever de moirures, appliquer d'abord à la surface du bain une feuille de papier buvard et la relever vivement avec l'argent qui s'y est attaché.
Fixage. -Priéparez dans une cuvette placée le plus loin possible de celle où doit se faire le développement de l'image la solution suivante:

Eau ordinaire filtrée ……………400gr
Hyposulfite de soude ………….....25

Lorsqu'en regardant en transparence la feuille négative l'image paraît complète, et plutôt trop chargée de détails,sortez-la du bain où elle s'est développée et plongez-la quelques minutes dans une grande bassine pleine d'eau ordinaire. Elle peut sans inconvénient y rester une minute. Vous la mettez alors dans le bain d'hyposulfite, et vous voyez peu à peu les sels d'argent sensibles que décèle leur couleur jaune se dissoudre par places, et l'image rester intacte et vigoureuse sur une feuille parfaitement transparente. Lavez à plusieurs eaux, égouttez, et laissez sécher dans un cahier de papier buvard neuf. Rappelons encore que toutes ces opérations ont dû se faire à l'abri de la lumiére.
Recirage de la feuille. - La feuille négative qui porte l'image étant sèche, approchez-la avec précaution d'un feu clair de charbon, afin de refondre et de révivifier la cire qu'elle contient. Cette opération terminée, le négatif est prêt à donner des épreuses positives.
Accidents. - Il serait trés-difficile de faire un recueil exact de tous les accidents qui peuvent arriver en suivant une méthode qui paraît si simple; presque tous viennent du défaut de propreté ou d'une mauvaise appréciation du temps nécessaire à la pose. Si l'épreuve vient trop vite et sans opposition des ombres aux lumières, le temps de pose a été trop prolongé: il sera très-difficile, sinon impossible, même en augmentant la dose d'argent du bain révélateur, d'empêcher l'épreuve d'être grise. Si le développement se fait très-lentement, ce sera le signe que le temps de pose n'a pas été assez long; il faudra alors laisser la feuille longtemps sous l'action de l'acide gallique, et il en résultera que sa surface se couvrira de réductions, et que le précipité qui forme l'image sera grenu et sans finesse.
La suite à une autre livraison.