domingo, 12 de abril de 2009

1863, Abril - LE MAGASIN PITTORESQUE

1863
Abril
LE MAGASIN PITTORESQUE
XXXI Année,
Nº. 17
Pag, 135, 136
*
LA PHOTOGRAPHIE (1) ([i]).
Suite. -Voy. p. 43, 78.

IV. - DE LA PERSPECTIVE.

Il ne s'agit pas, pour obtenir un portrait, de mettre l'instrument en face do modèle et d'en faire une éprenve telle quelle. Un portrait n'est bon qu’autant que certaines règles ont présidé à sa formation. Ces règles sont la base de tous les genres de dessin, et par conséquent doivent s' appliquer a la photographie ; ce sont les règles élémentaires de la prespective. Sans doute, la construction elle-même de l’objectif les simplifie plus que quand nous ne sommes guidés que par notre œil pour faire obéir notre main, mais il en est qui restent indispensables et que nous allons essayer de faire comprendre.
Tout le monde sait que la perspective a pour objet de représenter sur une surface donnée, tableau, dessin, photograhie, l'ensemble et les détails des objets extérieurs que la nature nous offre dispersés à des distances différentes et inégales de notre œil. Or la forme et la couleur sont les deux maniéres par lesquelles le monde extérieur se manifeste à nos sens. Il faudra donc, dans la perspective, nous occuper de ces deux aspects qui donnent naissance à deux branches distinctes: - la perspective linéaire, qui applique les principes simples de la géométrie, et qui, pour la photographie, est donnée en partie par l'objectif; - en second lieu, la perspective aérienne, dont le photographe est beaucoup plus maître, tant à cause du procédé qu'il choisit que de l'éclairage approprié dont il dispose.
Le choix de l'angle visuel (on appelle ainsi l'espace embrassé par l'oeil sans déplacement sur la ligne d'horizon) est ici une donnée invariable, puisque son amplitde est fixée par l'objectif; mais le choix de l'horizon rationnel est une donnée variable qui reste à l'artiste et qui est d'une grande importance, parce que, une fois cet horizon fixé, l'instrument donne le reste: par conséquent, si l'opérateur le fixe mal, tout est mauvais; s'il le choisit bien, tout est bon.
La ligne d’horizon, presque toujours fictive dans le portrait, doit se trouver à la hauteur de l'oeil du dessinateur, et, suivant que ce dernier monte ou descend, cette ligne s'élève ou s'abaisse avec lui.
L'oeil qui dessine, pour le photographe c'est l'objectif. Par conséquent le plan d'horizon réel ou fictif passera toujours par le centre de cet instrument, et s'élèvera ou s’abaissera suivant le mouvement ou la position que nous lui ferons prendre. Fait sans discernement, le choix de l'horizon rend difformes ou désagréables, difficiles même à reconnaître au premier coup d'oeil, des objets que l'objeclif a reproduits cependant avec une exacte vérité.
D’autre part, le point de vue étant le sommet de l'angle optique qui embrasse un objet (l'angle optique est celui formé par les axes principaux des deux yeux lorsqu'ils sont dirigés vers un même point), il est naturellement sur une ligne passant au centre de l'objectil, et dont le prolongement peut être marqué d'avance sur la glace dépolie comme point de centre de figure, qu'il suffira de placer alors avec intelligence sur l'image du modèle pour chercher et obtenir le meilleur effet possible.
La hauteur de l'horizon étant déterminée, le point de vue peut à volonté être placé sur chaque point de son étendue; mais, pour le photographe, il sera presque tonjours central, afin qu'on puisse éviter les déformations. On a ainsi le point de vue

Fig. 7. – Point de vue trop en dessous



Fig. 8. – Point de vue trop en dessus

principal en face du portrait, et comme nous avons dit que ce point est un des points de la ligne d'horizon, il s'élèvera ou s'abaissera avec elle.
Si le modéle est assis, le photographe debout, ou, ce qui revient au même, l'objectif à hauteur des yeux du photographe debout, l'horizon passant beaucoup au-dessus de la tête do modéle, les lignes seront défomées, et la tête vue en dessus offrira un ovale trop court et des angles trop saillants. Le même effet se produirait en

Fig. 9. –Préparateur nettoyant une glace

sens inverse (fig, 7 et 8) si, le modéle étant debout, le photographe était assis; l'horizon étant à mi-hauteur du sujet, l'ovale et les lignes du visage seraient nécessairement raccourcis et déformés.
En général, la ligne d'horizon doit varier entre la ligne des yeux et celle des seins; plus elle est basse, plus le portrait a grand air, mais plus il tend à se déformer. Il faut ici du goût et du jugement. Il ne faut pas perdre de vue que la ligne d'horizon uie l'on voit ordinairement aux environs des genoux dans les portraits photographiés n'est pas la véritable, mais l'intersection du plan de fond avec le sol. Comme le fond est indispensable, de quelque couleur qu’on le choisisse, et comme il doit venir en même temps que le portrait, il s'ensuit qu'il forme une ligne d'horizon factice et de convention, placée d'autant plus bas que le modèle est plus prés de lui. Si nous opérions en rase campagne, la ligne d'horizon remonterait tellement qu'elle se confondrait avec l'horizon réel, et se trouverait couper le modèle à la hauteur exacte que nous aurions choisie.
Le choix de la ligne d'horizon est aussi important dans les portraits que dans les paysages et les diverses scénes de la nature. En général, plus on voudra de développement, plus l'horizon s'élévera; ce qui est rationnel, puisque alors on est censé ni monter avec lui et découvrir la plaine d'un point culminant. Cela n'est que bien rarement favorable à la photographie. En général, l’horizon placé au-dessous de la stature d'homme lui permet des effets plus gracieux.

V. – Le Collodion. – Le lavage des plaques

Collodion. - L'on a donne le nom de collodion à une dissolution de coton-poudre dans un mélange d'éther et d'alcool. Cette dissolution, de consistance sirupeuse et semblable à de la gomme, est, en quelque sorte, un papier liquide que l'on étend en couche trés-mince à la surface d'une glace. Cc papier liquide contient les sels impressionnables à la lumière, est doué d'une exquise sensibilité, et, par cela mêmc, exposé à une assez grande inconstance dans les résultats.
Cependant, avec de l'attention et de la pratique, on arrive assez site à un ensemble de formules et de manipulations qui laissent peu de prise à l'imprévu. Il serait imprudent d'affirmer qu'cn suivant lcs prescriptions que nous donnons aussi élémentaires que possible, on arrivcra sans encombre au but; dans quelque science que ce soit, un résultat si heureux et si prompt n'est pas possible: le commençant fera des fautes; il les payera irnmédiatcment, parce que les reactions chimiques ne pardoncnt point, et s'accomplisscnt en dépit de nous -même. Méfiez -vous donc constammcnt de ce que vous manipulez, et, avant de mettre plusieurs corps en présence, réfléchissez deux fois plutôt qu'une, ce ne sera jamais du temps perdu.
Lavage des glaces. - Le nettoyage des glaces est une, opération importante; car, avant toutes choses, il faut être certain que la surface sur laquelle on opérera ne sera pas une cause d'insuccès. Los glaces, qu'elles aient servi ou non, doivent être frottées doucement au moyen d'un chiffon imprégné de:


Eau ………………………….........…100 centigrammes cubes ;
Cyanure de potassium ..............10 grammes ;
Carbonate de potasse ...............15 grammes ;


puis plongées dans une premiére eau.
Il faut éviter surtout de les froisser los unes sur les autres, parce que leur surface assez tendre se raye facilement, et qu'une surface rayée donne une image rayée au négatif. Les glaces, enduites comme nous avons dit, seront frottées soigneusement à la main dans cette premiére eau, qui devient savonneuse; puis elles seront mises dans une seconde, frottées une seconde fois de même; ensuite dans une troisième; enfin, essuyées avec un linge de colon fin et sans peluche, et mises dans leurs boîtes.
Fig. 10. – Chassis à nettoyer les glaces

Au moment de faire l'épreuve, on fixe la glace sur un porte-glace (fig. 10), on la frotte (fig. 9) d'un peu d'alcool contenu dans un flacon dont le bouchon est traversé. d'une plume; on étend et on sèche ce liquide avec un linge de coton usé trés-propre et très-mince. Alors si, en hâlant sur la surface, on voit un léger nuage formé par l'humidité se retirer également, la glace est pure et prete à servir.
La suite à une autre livraison.
([i]) (1) Remarquons qu'il existe entre la daguerréotype et la photographie une différence essentielle. Le daguerréotype arrive directement à une épreuve finale ou positive, tandis que pour la photographie il faut obtenir d'abord une épreuve inverse de la nature, ou négative, qui sert à son tour à créer l'épreuve finale, ou positive, en nombre aussi grand qu'on le veut. Cette distinction indique donc entre ces deux procédés une dissemblance radicale.
On accorde au daguerréotype la finesse des lignes, un modelé merveilleux et une vérité saisissante; mais on lui reproche un miroitage fatigant fit disgracieux, l'inconvénient de ne fournir qu'une image, enfin sa fragilité extrême et l'impossibilité d'épreuves un peu grandes.
A la photographie on doit reconnaître une finesse sufisante et au delà un modelé plus puissant, pas de miroitage, moins de poids, pas de fragilité, l'avantage de multiplier à volonté les épreuves et de les pouvoir faire aussi grandes que possible; mais on trouve dans la photographie une moins grande certitude de durée, par suite de la nature même de la feuille de papier et des produits qui forment l’image. En somme, elle a moins dinconvéniénts et d'avantages: elle constitue donc un véritable progrès.
Résumons-nous. Deux, grandes divisions scindent l'étude de la photographie: l'épreuve négative, qu'on appelle aussi, quoique improprement, cliché, et l'épreuve finale ou positive, qui est, en définitive, le but auquel on atteint et la forme sous laquelle la photographie se présente au public.

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