1839 7 de Janeiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 1 Janvier-Juin | | ||
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1839 7 de Janeiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 1 Janvier-Juin Pags. 4,5,6,7. | PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Fixation des images qui se forment au foyer d'une chambre obscure M. Arago prend la parole pour donner verbablement à l'Académie une idée générale de la belle découverte que M. Daguerre a faite, et sur laquelle la majeure partie du public n'a eu jusqu'ici que des notions erronées. Tout le monde, dit M. Arago, connaît l'appareil d'optique appelé chambre obscure ou chambre noire, et dont l'invention appartient à J.-B. Porta; tout le monde a remarqué avec quelle netteté, avec quelle vérité de formes, de couleur et de ton, les objects extérieurs vont se reproduire sur l'écran placé au foyer de la large lentille qui constitue la partie essentielle de cet instrument; tout le monde après avoir admiré ces images, s'est abandonné au regret qu'elles ne pussent pas être conservées. Ce regret sera désormais sans objet: M. Daguerre a découvert des écrans particuliers sur lesquels l'image optique laisse une empreinte parfaite; des écrans où tout ce que l'image renfermait se trouve reproduit jusque dans les plus minutieux détails, avec une exactitude, avec une finesse incroyables. En vérité, il n'y aurait pas d'exagération à dire que l'inventeur a découvert les moyens de fixer les images, si sa méthode conservait les couleurs; mais, il faut s'empresser de le dire pour détromper une partie du public, il n'y a dans les tableux, dans les copise de M. Daguerre, comme dans un dessin au crayon noir, comme dans une gravure au burin, ou, mieux encore (l'assimilation sera plus exacte), comme dans une gravure à la manière noire ou à l'aquatinta, que du blanc, du noir et du gris, que de la lumière, de l'obscurité et des demi-teintes. En un mot, dans la chambre noire de M. Daguerre, la lumière reproduit elle-même les formes et les proportions des objets extérieurs, avec une précision presque mathématique; les rapports photométriques des diverses parties blanches, noires, grises, sont exactement conservés; mais des demi-teintes représentent le rouge, le jaune, le vert, etc., car la méthode crée des dessins et non des tableaux en couleur. Les principaux produits de ses nouveaux procédés que M. Daguerre a mis sous les yeux de trois membres de l'Académie, MM. de Humboldt, Biot et Arago, sont une vue de la grande galerie qui joint le Louvre aux Tuileries; une vue de la Cité et des tours de Notre-Dame; des vues de la Seine et de plusieurs de ses ponts, des vues de quelques- -unes desbarrières de la capitale. Tous ces tableaux supportent l'examen à la loupe, sans rien perdre de leur pureté, du moins pour les objets qui étaient immobiles pendant que leurs images s'engendraient. Le temps nécessaire à l'exécution d'une vue, quand on veut arriver à de grandes vigueurs de ton, varie avec l'intensité de la lumière et, dès-lors, avec l'heure du jour et avec la saison. En été et en plein midi, huit à dix minutes suffisent. Dans d'autres climats, en Egypte, par exemple, on pourrait probablement se borner à deux ou trois minutes. Le procédé de M. Daguerre n'a pas seulement exigé la découverte d'une substance plus sensible à l'action de la lumière que toutes celles dont les physiciens et les chimistes se sont déjà occupés. Il a fallu trouver endore le moyen de lui enlever à volonté cette propriété; c'est ce que M. Daguerre a fait: ses dessins, quand il les a terminés, peuvent être exposés en plein soleil sans en recevoir aucune altération. L'extrême sensibilité de la préparation dont M. Daguerre fait usage, ne constitue pas le seul caractère par lequel sa d´rcouverte diffère des essais imparfaits auxquels on s'était jadis livré pour dessiner des silhouettes sur une couche de chlorure d'argent. Ce sel est blanc, la lumière le noircit, la partie blanche des images passe donc au noir, tandis que les portions noires, au contraire, restent blanches. Sur les écrans de M. Daguerre, et l'objet sont tout pareils: le blanc correspond au blanc, les demi-teintes aux demi-teintes, le noir au noir. M. Arago a essayé de faire ressortir tout ce que l'invention de M. Daguerre offrira de ressources aux voyageurs, tout ce qu'en pourront tirer aujourd'hui, surtout, les sociétés savantes et les simples particuliers qui s'occupent avec tant de zèle de la représentation graphique des monuments d'architecture répandus dans les divers parties du royaume. La facilité et l'exactitude qui résulteront des nouveaux procédés, loin de nuire à la classe si intéressante des dessinateurs, leur procurera un surcroît d'occupation. Ils travailleront certainement moins en plein air, mais beaucoup plus dans leurs ateliers. Le nouveau réactif semble aussi devoir fournir aux physiciens et aux astronomes des moyens d'investigation très précieux. A la demande des Académiciens déjà cités, M. Daguerre a jeté l'image de la lune, formée au foyer d'une médiocre lentille, sur un de ses écrans, et elle a laissé une empreinte blanche évidente. En faisant jadis une semblable expérience avec le chlorure d'argent, une Commission de l'Académie composée de MM. Laplace, Malus et Arago, n'obtint aucun effet appréciable. Peut-être l'exposition à la lumière ne fut-elle pas assez prolongée. En tout cas, de M. Daguerre aura été le premier à produire une modification chimique sensible à l'aide des rayons lumineux de notre satellite. L'invention de M. Daguerre est le fruit d'un travail assidu de plusieurs années, pendant lesquelles il a eu pour collaborateur son ami, feu M. Niece, de Châlons-sur-Saône. En cherchantcomment il pourrait être dédommagé de ses peines et de ses dépenses, ce peintre distingué n'a pas tardé à reconnaître qu'un brevet d'invention ne le conduirait pas au but: une fois dévoilés, ses procédés seraient à la disposition de tout le monde. Il semble donc indispensable que le Gouvernement dédommage directement de M. Daguerre et que la France, ensuite, dote noblement le monde entier d'une découverte qui peut tant contribuer aux progrès des arts et des sciences. M. Arago annonce qu'il adressera à ce sujet une demende au Ministère ou aux Chambres, dès que M. Daguerre, qui a proposé de l'initier à tous les d'étails de sa méthode, lui aura prouvé qu'aux admirables propriétés dont les résultats obtenus sont une manifestation si éclatante, cette méthode joint, comme l'annonce l'inventeur, le mérite d'être économique, d'être facile, de pouvoir être employée en tout lieu par les voyageurs. « M. Biot déclare s'associer complétement à l'exposition que M.Arago vient de faire des étonnants résultats obtenus par M. Daguerre. Ayant eu plusieurs fois l'avantage de les voir, et d'entendre M. Daguerre raconter quelques-unes des nombreuses expériences qu'il a faites sur la sensibilité optique de la préparation qu'il est parvenu à composer, M. Biot pense avec M. Arago qu'elle fournira des moyens aussi nouveaux que désirables pour étudier les propriétés d'un des agents naturels qu'il nous importe le plus de connaître et que jusqu'ici nous avions si peu de moyens de soumettre à des épreuves indépendantes de nos sensations. Et il ne peut exprimer mieux sa pensée sur cette invention qu'en la comparant à une rétine artificielle mise par M. Daguerre à la disposition des physiciens. » |
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segunda-feira, 30 de agosto de 2010
1839, 7 de Janeiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1839, 8 de Janeiro – JOURNAL des DÉBATS POLITIQUES et LITTÉRAIRES
1839 8 de Janeiro | JOURNAL DES débats politiques et littéraires Pag. 1 | M. Arago a rendu compte à l’Académie des Sciences, dans la séance d’aujourd’hui, de la belle découverte de M. Daguerre dont le monde, les artistes et les savants eux-mêmes s’entretiennent avec intérêt depuis quelque temps ; cette découverte a été annoncée, dit M. Arago, dans des termes inexacts et que l’auteur ne peut accepter ; il lui paraît donc convenable de donner à l’Académie des détails précis sur cette merveilleuse invention. Tout le monde connaît les effets de la chambre noire et la netteté avec laquelle les objets extérieurs viennent se peindre en miniature sur le tableau au moyen d'une lentille. Eh bien! on ne peut pas donner une idée plus juste de la découverte de M. Daguerre, qu'en disant qu'il est parvenu à fixer sur le papier ce dessin si vrai, cette représentation si fidèle des objets de la nature ou des arts, avec toute la dégradation des teintes, la délicatesse des lignes et la rigoureuse exactitude des formes, de la perspective et des différens tons de la lumière. Quelle que soit l'étendue du tableau, il ne lui faut pour le reproduire que dix minutes ou un quart d'heure suivant l'éclat du jour ; la lumière étant elle-même l'agent de cette merveilleuse gravure, elle agit plus ou moins vite suivant son intensité; c'est ainsi que M. Daguerre, placé sur le pont des Saints- Pères, a pu fixer avec tous ses détails l'immense galerie du Louvre, de même que du pont de l'Archevêché il a dessiné Notre-Dame; aucun objet, aucun aspect de la nature et des choses n'échappent à ce procédé; le matin se reproduit avec sa fraîcheur de même que l'éclatante lumière du jour et la teinte sombre du soir ou mélancolique d'un temps de pluie. Dans cette gravure singulière, les couleurs sont indiquées par la nuance des ombres et par une dégradation insensible comme dans l'aquatinta. Maintenant quel est donc l'ingénieux moyen employé par M. Daguerre pour réaliser cette espèce de miracle? Ce que nous venons de dire ne peut manquer d'exciter vivement la curiosité; nous ne connaissons pas ce procédé, et M. Arago n'a pas non plus voulu pénétrer le secret de l'auteur; mais on peut facilement en donner l'idée de manière à faire concevoir ce qui au premier abord paraît incompréhensible. La chimie moderne possède certaines substances ayant la propriété de changer de couleur au contact de la lumière; et un composé d'argent que l'on nomme le chlorure d'argent est dans ce cas. Si donc un papier préparé avec cette matière offre quelques uns de ses points exposés à la lumière, les autres étant tenus à l'abri, il est clair que l'on produira un dessin quelconque au moyen des différentes teintes que prendront les parties éclairées et les parties soustraites à l'influence du jour; c'est le principe sur lequel M. Daguerre paraît avoir travaillé pendant de longues années, avec une persévérance et une intelligence qui l'ont enfin conduit au but qu'entouraient de nombreuses difficultés; et maintenant que le résultat est obtenu maintenant qu'il est parvenu à rendre inaltérables ces effets produits par la lumière, ce procédé de M. Daguerre se trouve être tellement simple tellement à la portée de tout le monde, qu'il risque de ne pas trouver dans l'exploitation de sa découverte le fruit de ses études et de ses efforts; un brevet d'invention serait impuissant à lui garantir la propriété d'une idée que chacun peut mettre à exécution de soi-même une fois qu'elle sera répandue. M. Arago se propose donc de demander au ministre de faire l'acquisition du procédé de M. Daguerre et de lui en donner une juste récompense ; cet appel sera probablement entendu, si tous les détails de l'exécution répondent aux effets obtenus qui ont été soumis à l'examen de M. Arago. M. Biot exprime la même admiration pour cette invention, dont il ne peut rendre le mérite qu'en la comparant à une sorte de rétine physique aussi sensible que la rétine de notre œil. |
1839, 12 de Janeiro - THE LITERARY GAZETTE AND JOURNAL OF BELLES LETTRES, ARTS, SCIENCES
1839 12 de Janeiro | THE LITERARY GAZETTE AND JOURNAL OF BELLES LETTRES, ARTS, SCIENCES No. 1147 London, Saturday, January, 12, 1839 pAG.28 | FINE ARTS THE DAGUEROTYPE. Paris, 6th January, 1839 We have much pleasure in announcing an important discovery made by M. Daguerre, the celebrated painter of the Diorama. This discovery seems like a prodigy. It disconcerts all the theories of science in light and optics, and, if borne out, promises to make a revolution in the arts of design. M. Daguerre has discovered a method to fix the images which are represented at the back of a camera obscura; so that these images are not the temporary reflection of object, but their fixed and durable impress, which may be removed from the presence of those objects like a picture or an engraving. Let our readers fancy the fidelity of the image of nature figured by the camera obscura, and add to it an action of the solar rays which fixes this image, with all its gradations of lights, shadows, and middle tints, and they will have an idea of the beautiful designs, with a sight of which M. Daguerre has gratified our curiosity. M. Daguerre cannot act on paper; he requires a plate of polished metal. It was on copper that we saw several points of the Boulevards, Pont Marie, and the environs, and many others spots, given with a truth which Nature alone can give to her works. M. Daguerre shows you the plain plate of copper: he places it, in your presence, in his apparatus and, in three minutes, if there is a bright summer sun, and a few more, if autumn or winter weaken the power of its beams, he takes out the metal and shows it you, covered with a charming design representing the object towards which the apparatus was turned. Nothing remains but a short mechanical operation – of washing, I believe – and the design, which has been obtained in so few moments, remains unalterably fixed, so that the hottest sun cannot destroy it. Messrs. Arago, Biot, and Von Humboldt, have ascertained the reality of this discovery, which excited their admiration; and M. Arago will, in a few days, make it known to the Academy of Sciences. I add some further particulars. Nature in motion cannot be represented, or at least not without great difficulty, by the process in question. In one of the views of the Boulevards, of which I have spoken, all that was walking or moving does not appear in the design; of two horses in a backney coach on the stand, one unluckily moved its head during the short operation; the animal is without a head in the design. Trees are very well represented; but their colour, as it seems, hinders the solar rays from producing their image as quickly as that of houses, and other objects of a different colour. This causes a difficulty for landscape, because there is a certain fixed point of perfection for trees, and another for all objects the colours of which are not green. The consequence is, that when the houses are finished, the trees are not, and when the trees are finished, the houses are too much so. Inanimate nature, architecture, are the triumph of the apparatus which M. Daguerre means to call after his own name – Daguerotype. A dead spider, seen in the solar microscope, is finished with such detail in the design, that you may study its anatomy, with or without a magnifying glass, as if it were nature itself; not a fibre, not a nerve, but you may trace and examine. For a few hundred francs travelers may, perhaps, be soon able to procure M. Daguerre’s apparatus, and bring back views of the finest monuments, and of the most delightful scenery of the whole world. They will see how far their pencils and brushes are from the truth of the Daguerotype. Let not the draughtsman and the painter, however, despair – the results obtained by M. Daguerre are very different from their works, and, in many cases, cannot be a substitute for them. The effects of this new process have some resemblance to line engraving and mezzotinto, but are much near to the latter: as for truth, they surpass every thing. I have spoken of the discovery only as it regards art. If what I have heard is correct, M. Dagurre’s discovery tends to nothing less than a new theory on an important branch of science. M. D. generously owns that the first idea of his process was given him, fifteen years ago, by M. Nieps, of Chalons-sur-Saone; but in so imperfect a state, that it has cost him long and persevering labour to attain the object. H. GAUCHERAUD. [From the “ Gazette de France”, of January 6, 1839.] Previously to receiving the above, we had written the following paragraph. – Ed. L.G. Nature Painted by Herself. – A French journal contains a remarkable account of experiments with the Camera Lucida, the result of which is the exact and actual preservation of the impressions reflected by natural images upon copper plates. What the process is we are not told, but, as far as we understand it, by exposing the copper to these reflections, and immediately rubbing it over with a certain material, the likeness of whatever is so impressed is retained with perfect accuracy. Some difficulties occur where there is motion in the objects, whether animals, or leaves of trees stirered by the wind, &c.; but, if really true, this is a very extraordinary discovery for the fine arts. Some of our readers may be aware that, some fourteen or fifteen years ago, Sir H. Davy and other scientific men amongst us, strenuously endeavoured to attain this desideratum; and by means of nitrate of silver, upon which light and shade produced certain effects, seemed to have all but accomplished their end. It was not however complete; for the changes in colour were too evanescent to admit of permanent fixture. We shall be glad to find the French experimenters more successful. |
1839, 19 de Janeiro - THE LITERARY GAZETTE AND JOURNAL OF BELLES LETTRES, ARTS, SCIENCES
1839 19 de Janeiro | THE LITERARY GAZETTE AND JOURNAL OF BELLES LETTRES, ARTS, SCIENCES No. 1148 London, Saturday, January, 19, 1839 pAG.43, 44 | FINE ARTS THE DAGUEROTYPE. Paris, 9th January, 1839 M. Arago made, on the 7th of this month, a verbal communication to the Academy of Sciences, on the fine discovery of M. Daguerre, which confirms all the important points of the report which we gave last week. We extract some passages – “ In the camera obscura, the image is perfectly defined when the lens is achromatic; the same precision is seen in the images obtained by M. Daguerre, which represent all objects with a degree of perfection which no designer, however skilful, can equal, and finished, in all the details, in a manner that exceeds belief. It is the light which forms the image, on a plate covered with a particular coating. Now, how long a time does the the light require to execute this operation? In our climate, and in ordinary weather, eight or ten minutes; but, under a pure sky, like that of Egypt, two, perhaps one minute, might suffic to execute the most complex design.” Consideraring the great utility of the discovery to the public, and the extreme simplicity of the processus, which is such that any person may practise it, M. Arago is of opinion, that it would be impssible, by means of a patent or otherwuise, to secure to the inventor he advantages which he ought to derive from it; and thinks that the best way would be for the government to purchase the secret, and make it public. M. Arago mentions the attemps formerly made to obtain images in a simiar manner, by the action of the light on nitrate of silver:on this point he says, - “M. Daguerre has found a substance infinitely more sensible to the light than the chlorure of silver, wich is altered in a inverse manner, than is to say, which leaves on the several parts of the plate, corresponding to the several parts of the object, dark tints for the shadowy, half tints for the lighter parts, and no tint whatever for the parts that are quite luminous. When this action of the light on he differents parts of the plate has produced the desired effect, M. Daguerre stops it at once, and the design, which he withdraws from the camera-obscura, may be exposed to the full light of the day, without undergoing any alteration. “ If we consider M. Daguerre’s discovery with respect to the utility which it may have in the sciences, it is evident that so sensible a reagent as that which he has found, may enable us to make photometrical experiments, which have hitherto been reputed imposible. Such, “said M. Arago, “are experiments on the light of the moon; which the Academy had deemed of sufficient importance for it to appoint a committee, composed of M. de Laplace, M. Malus, and myself, to make them. The light of the moon is known to be 300,000 time weaker than that of the sun: yet we did not despair of obtaining some sensible effects, by means of a lens of very large dimensions. We made use of a very large lens, brought from Austria; and, placing some chlorure of silver in the focus, that being the most sensible reagent known, not the slighest discoloration was perceptible. It occurred to me, that M. Daguerre might have more success with his new reagent; and, in fact, he obtained, in twenty minutes, on his dark ground, a white image of the moon, with a lens for less owerful than ours.” M. Biot added some details to those given by M. Arago. “I have several times, “said he, “seen M. Daguerre, and I can say, that in the numerous trials which he hasmade to attain these astonisshing results, he has discovered several extremely interesting properties of light, some of which might have been foreseen by natural philosophers, as soon as they inquired what must happen in certain given circumstances, but of wich others were completely unexpected.” As for the principal discovery, I can speak of the perfection of the results obtained, not after my own judgement, but after that of a celebrated artist, M. Paul Delaroche, in whose company I have examined some of the designs taken by the new process. M. Delaroche thinks they may give, in the manner of expressing by light and shade, not only the relief of objects, but the local tint; the same basrelief in plaster and in marble, will be differently represented in the two designs, and you can tell, at the first glance, which is the image of the plaster. In one of these designs,you may almost tell the hour of the day. Three views of the same monument are taken; one in the morning, one at noon, and the other in the evening; and nobody will mistake the effect of the morning for that of the evening, though the sun’s altitude, and, consequently, the relative lenghts of the shadows, are the same in both. – Le Temps Paris, 12th January, 1839 The discovery of M. Daguerre has been for some time past the subject of marvelous statements. The ingenious contriver of the Diorama had devoted himself to the study of the properties of light, with the ardour and perseverance of which genius alone is capable. Yet the accounts, fabulous as they appeared, are conformable to the truth, except that M. daguerre’s pictures do not give the colour, but only the outlines – the lights and shadows of the model. It is not painting, it is drawing, but drawing carried to a degree of pefection which art can never attain. The facsimlle is fauldess. Every picture that was shown us produced an excamation of admiration. What fineness in the strokes ! What knowledge of the chiaro-scuro! What delicacy! What exquisite finish! How soft isthat stuff! How salient those bas-reliefs! There is a Venus crouching down, seen in different points of view. How admirably are the foreshortenings given: it is nature itself. All this is wonderful. But who will say that it is not thework of some able draughtsman? Who will assure us that they are not drawings in bistre or sepia? M. Daguerre answers by putting an eyeglass into our hand. Then we perceive the smallest folds of a piece of drapery; the lines of a landscape invisible to the naked eye. With the aid of a spying-glass, we bring the distances near. In the mass of buildings, of acessories, of imperceptible traits, which compose a view of Paris taken from the Pont des Arts, we distinguish the smallest details; we count the paving-stones; we see the humidity caused by the rain; we read theinscription on a shop sign. The effect becomes more astonishing if you employ the microcospe. An insect of the size of a pea, the garden spider, enormously magnified by a solar microscope, is reflected in the same dimensions y the marvellous mirror, and with the most minute accuracy. It is manifest how useful m. daguerre’s discovery will be in the study of natural history. The artist has already enriched science with the solution of several problems. The experiments on the light of sirius have confirmed the testimony of natural philosophy, and abundantly proved that the stars are bodies of the same nature as the sun. At the request of M. Biot, M. Daguerre has submitted his apparatus to the influence of the light of the moon, and has succeded in fixing the image of that light, something like the tail of a comet, and we ascribed it to the movement of the body during the operation, which is of much longer duration than that by the light of the sun. We have seen that the impression of the image is made with more or less rapidity, according to the intensity of the light, which is more powerful a soon than the morning or evening, in summer than in winter, in a latitude near the equator than near the pole. M. Daguerre has hitherto made his experiments in paris ony; and, even under the most favourable circumstances, they have always proceeded with a slowness, which has not allowed him to obtain complete success, except with inanimate nature, or nature in repose. Motion escapes him, or leaves only indefinite and vague traces. It may be presumed that the sun of Africa would give him instantaneous autographs, - images of nature, in motion and life. – Le Commerce. |
1839, 5 de Fevereiro - JOURNAL des DÉBATS POLITIQUES et LITTÉRAIRES
1839 5 de Fevereiro | JOURNAL DES dÉBATS politiques et littéraires Pag.1 | Feuilleton du Journal des Débats ____________ ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 4 février La belle découverte M. Daguerre soulève des réclamations, et pous n'en sommes point étonnés. Quand, un fait important est annoncé, il se trouve à l'instant même une foule d'inventeurs qui jusque-là gardaient le silence, et qui tout-à-coup réclament pour eux l'invention; les uns là trouvent consignée tout au long dans quelque passage de leurs nombreux ouvrages ; lorsqu'elle ne s'y trouve pas explicitement, et, en toutes lettres, ils votus la montrent au moins sous forme do doute ou de prophétie; moyen commode et facile de s'attribuer le mérite de ce que le travail, la persévérance ou le génie feront réellement un jour sortir du néant; d'autres trouvent le moyen de donner instantanément du corps et de la vie à une idée vague qu'ils ont émise et qu'ils n'ont su poursuivre ni démontrer. C'est là ce qui attend les inventeurs de la part des esprits médiocres, à moins qu'on ne trouve plus simple encore de nier leur découverte, sans même se donner la peine de l'étudier ou d'y aller voir. Ce serait décourageant si tout homme qui découvre une vérité ne senttit pas on même temps dans sa conviction la force et la patiance nécessaires pour la faire triompher. Nous n'appliquons pas ces réflexions à l'auteur de la réclamation relative l'invention de M. Daguerre. Le savant anglais qui l'adresse à l'Académie, M. Talbot, est un homme do mérite au-dessus d'une étroite jalousie; mais il est mal informé des faits ainsi que l’ont démontré MM. Arago et Biot, et il ne poussera sans doute pas plus loin ses prétentions à ce sujet ; le Mémoire de M. Talbot n'eit pas encore lu à la société royale de Londres, et on sait que M. Daguerre est occupé depuis plus ds dix ans da son travail, dont tout Paris a pu maintenant apprécier les étonnans résultats. D'ailleurs le procédé de M. Daguerre est surtout remarquable par l'extrême sensibilité de la matière qu'il emploie et sur laquelle il fait agir la lumière ; c'est là sa véritable propriété, sa véritable découverte, qui lui a permis de porter à un si haut degré de perfection les merveilleux effets de son instrument. Il ne réclame pas même pour lui seut l'idée première de fixer les images de la chambre claire ; dès l'année 1814 M. Nieps s'occupait de réaliser cette pensée, et M. Daguerre s’est, en 1814, associé au fils de M. Nieps pour l'exécuter ; mais alors on n'avait encore obtenu qua des ébauches très imparfaites, la matière employée étant si peu sensible à l'action de la lumière, qu'elle devait y rester exposée pendant douze haures pour se décolorer ; cette lenteur de l'opération rendait le procédé impraticable attendu que pendant un aussi long espace de temps, les ombres, comme on le conçoit, se déplaçaient avec le mouvement du soleil, et que les demi-teintes se confondaient avec les ombres. Après une série de recherches intelligentes et d’expériences bien calculées, M. Daguerre est au contraire parvenu à composer une substace d’une telle sensibilité sous l’influence de la lumière, que rien n’échappe à son action ; les plus petits objets, les parties les plus déliées dessinent l’ombre microscopique qu’ils projettent sur le tableau, avec une exactitude que l'œil même ne peut pas suivre et qu’il reconnaît qu’avec l’aide de la loupe ; on en jugera quand on saura que sur une maison réduite à la dimension d’un pouce, chaque tuile ou chaque ardoise est reproduite avec sa lumière, et qu'au dernier étage de cette maison il existe une petite fenêtre que l'œil aperçoit à peine ; et si l'on prend une loupe, on découvre dans cette fenêtre un carreau cassé raccommodé avec des bandes de papier ! M. Daguerre a communiqué son secret à M. Arago, qui s'est chargé, comme on sait, de solliciter, auprès du gouvernement la juste récompense que doit le pays à une découverte d'un si haut prix, qui fait honneur à la France et que les pays voisins semblent déjà nous envier. M. Arago a opéré lui-même avec l'appareil et la préparation de M. Daguerre; il a pris, par le temps sombre qu'il fait à cette époque, une vue du boulevard, dont aucun détail n'a échappé à l'exactitude du merveilleux artiste que M. Daguerre a soumis à sa loi ; à tel point qu'un paratonnerre, situé sur un édifice éloigné qui, par la proportion geométrique, était réduit dans la chambre noire à des dimensions tout-à-fait inappréciables pour l'œil de M.Arago, n'en a pas moins dessiné son image avec une précision et une netteté que la loupe seule a permis de juger ; et tout cela en dix minutes, c'est-à-dire dans un espace da temps assez court pour que le déplacement des ombres soit tout-à-fait insensible. Enfin M. Arago ne doute pas que la faible lumière de la une n'impressionne elle-même la substance de M. Daguerre, et que l'on n'obtienne par ce moyen une fidèle image de cet astre, avec toutes les variétés de lumières résultant des accidens de sa surface. Beaucoup d'autres expériences intéressantes sur la lumière se sont sans doute réalisées de même en faveur de M. Biot, qui les réclame. |
1839, 11 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 11 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 6 Pags.207, 208 | CORRESPONDANCE PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Fixation des images de la chambre obscure M. Arago dit qu'il vient de recevoir le numéro de l'Athenoeum où se trouve en entier le Mémoire que M. Talbot a communiqué à la Société royale de Londres, le 30 janvier 1839, et il donne une analyse succincte de ce travail intéressant: M. Talbot reçoit les images de la chambre noire sur du papier imprégné d'une substance particulière; il ne dit encore ni qelle est cette substance, ni par quel procédé le papier est préparé, ni par quelle méthode, après une première exposition à la lumière, on lui enlève sa sensibilité. D'après le Mémoire du célèbre physicien anglais, on serait porté à croire que sur ses dessins, du blanc correspond aux régions éclairées, et le noir aux parties privées de lumière; mais le contraire semble résulter d'un article de la Literary Gazette du 2 février, où l'on rend compte de l'exhibition de divers dessins qui a eu lieu dans les salons de l'Institution royale. Sur ce point, encore, il faut donc attendre de plus amples renseignements. M. Talbot se sert de ses procédés pour obtenir des copies exactes, des fac simile de dessins, de gravures ou de manuscrits. La feuille dont on désire une épreuve, est pressée, les traits en dessous, sur le papier préparé. La lumière du soleil la traverse graduellement, excepté dans les lignes noires et opaques de la gravure, du bois ou de l'écriture, et dés-lors elle en trace une représentation exacte, mais où le noir correspond au blanc et réciproquement. En copiant la copie renversée, tout se trouve dans l'ordre naturel. Dans cette dernière application de l'action lumineuse, M. Talbot éprouvera encore le déplaisir d'avoir été devancé par M. Niépce. Les personnes qui ont eu des relations avec M. Charles Chevalier, opticien, peuvent se rappeler avoir vue, chez lui, sur une plaque métallique, une figure de Christ transportée d'une gravure sur le métal à l'aide des rayons solaires. La planche en question avait été donnée à M. Chevalier en 1829. Ce jeune artiste a bien voulu, depuis quelques jours, la déposer dans les mains de M. Arago. Les blancs et les ombres s'y trouvent reproduits comme dans l'original, c'est-à-dire sans inversion. M. de Laguiche avait une planche du même genre qu'il tenait aussi de M. Niépce. M. Arago, en terminant sa communication, proteste de nouveau de sa profonde estime pour M. Talbot. Il a discuté les titres de cet habile physicien et ceux de M. Daguerre, avec la ferme volonté de rester dans les limites de la plus stricte justice. Personne, et M. Arago moins encore que tout autre, n'a pu mettre en doute la parfaite sincérité de M. Talbot; mais lorsque, mal informé, ce savant ingénieux réclamait formellement la priorité d'invention, MM. Arago et Biot auraient manqué à leur devoir, s'ils n'avaient pas fait connaître des détails qu'ils tenaient de la confiance de M. Daguerre et qui démontrent, avec une entière évidance, que la priorité, au contraire, appartient sur tous les points à nos deux compatriotes. Au surplus, les procédés actuels de M. Talbot, autant qu'il est possible d'en juger, sont ceux que MM. Niépce et Daguerre ont essayés à l'origine et auxquels M. Daguerre a substitué la méthode, beaucoup plus parfaite, dont le public a admiré les résultats. (Il s'est glissé dans le précédent cahier, une erreur de date que nous nous empressons de rectifier. Page 171, à l'avant-dernière ligne, au lieu de : remontent à 1830, lisez : remeontent à 1832) |
1839, 18 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 18 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº.7 Pags. 243, 244, 245, 246 | CORRESPONDANCE PHYSIQUE . – Phosphorescence du sulfate de baryte calciné ; communication de M. Arago sur quelques expériences de M. Daguerre. Dans l’innombrable série d’essais auxquels M. Daguerre s’était livré avant de découvrir le procédé qui lui sert aujourd’hui à conserver avec une si admirable précision les images de la chambre obscure, il avait un moment dirigé ses idées sur les substances phosphorescentes. D’après tout ce que cet ingénieux artiste nous a rapporté, il ne semble guère douteux que son moyen de rendre le sulfate de baryte lumineux, ne soit supérieur à ceux dont on a fait usage jusqu’ici, particulièrement à Bologne. Les physiciens nous sauront donc quelque gré de leur faire connaître le nouveau procédé. Le voici tel qu’il était textuellement consigné dans les notes de M. Daguerre. 1824 – Moyen de rendre le sulfate de baryte très phosphorescent par son exposition au soleil. « Il faut prendre un os à moelle, le choisir le plus épais possible, le dégraisser en le faisant bouillir, retirer la moelle et enfin le dessécher. On pulvérise le sulfate de baryte dans un mortier (le cuivre et la fonte ne conviennent pas, parce qu’France l’opération, des parcelles de cuivre ou de fonte adhèrent au sulfate ; le mortier de verre est le seul qu’on puisse employer à cet usage) ; on emplit de sulfate pulvérisé la partie creuse de l’os, à l’exception d’un espace laissé pour pouvoir bien luter l’ouverture. On met l’os ainsi préparé dans un bout de tuyau en tôle ou en fonte ayant un fond, et d’une auteur excédant assez celle de l’os, pour que cet os soit non-seulement entouré, mais encore garni en-dessus et en-dessous d’une terre réfractaire. » Lorsque l’appareil est ainsi disposé, on le met dans un fourneau pour le tenir rouge au moins pendant trois heures. Puis on laisse refroidir. Ensuite il faut, pour retirer l’os avec soin, renverser l’appareil, en faire tomber la terre réfractaire et saisir l’os qu’on reçoit sur une feuille de papier. L’os doit être alotrs très blanc ; s’il était noir ou seulement gris, ce serait signe qu’il n’aurait pas été assez calciné. » En sortant de l’appareil l’os étant fendu, se sépare facilement et l’on trouve au milieu le sulfate de baryte qui a pris une certaine consistance. On le sépare de l’os et on le reçoit dans une assiette ou dans une boîte de carton. Il a une petite teinte jaunâtre légèrement soufrée, et il est très phosphorescent lorsqu’il est présenté à la lumière même diffuse. Si l’on voulait l’avoir encore plus brillant, on ferait subir deux ou trois fois à ce même sulfate la calcination dans de nouveaux os et de la maniére ci-dessus décrite. Par une calcination trois fois répétée, le sulfate de baryte avait acquis une telle propriété lumineuse, qu’il éclairait la pièce : il conservait assez long-temps cette propriété phosphorescente puisque, tout en diminuant d’intensité, il était encore visible quarante- huit heures après sa présentation à la lumière. Cette propriété phosphorescente ne se perd que très lentement : au bout de trois ans elle était encore évidemment sensible à la lumière.» Après avoir exposé quelques instants à la lumière solaire une assiette remplie de la poudre phosphorescente sur laquelle reposait un petit disque de verre bleu, M. Daguerre fit une remarque singulière : la portion de poudre que le disque recouvrait, brillait notablement plus dans l’obscurité, que celle où la lumière était arrivée librement, sans affaiblissement, sans coloration aucune. Il serait important, a dit M. Arago, de répéter cette expérience en plaçant le verre bleu, non plus en contact avec la poudre, mais à une grande distance. Il serait bon aussi, pour éviter toute action calorifique, d’opérer avec la lumière diffuse atmosphérique. Si avec ces nouvelles conditions le résultat restait le même, il en faudrait conclure que parmis les divers rayons composant la lumière solaire blanche, il en est (et dans le nombre il faudrait ranger plusieurs de ceux qu’arrêtait le verre bleu en question) qui non-seulement n’excitent pas la phosphorescence quand ils sont mélés aux autres rayons, mais qui même sont un obstacle à son développement. La poudre de sulfate de baryte donna lieu à un autre phénomène qui, suivant toute probabilité, devra être rapporté, non à la phosphorescence par insolation, mais à la phosphorescence par échauffement. M. Daguerre transportant un jour sur sa main étendue et dans l’obscurité, l’assiette couverte de poudre, aperçut ses doigts comme s’ils émettaient de la lumière, et comme si l’assiette et la poudre étaient devenus transparentes. La lumière qui dessinait les doigts, qui semblait en sortir, surpassait en intensité celle dont la poudre brilla, quand l’assiette fut déposée sur la plaque échauffée d’un poèle. Après cette communication de M. Arago, M. Biot ajouta ce qui suit : « M. Daguerre m’a remis un morceau du même verre bleu avec lequel il a observé le singulier effet que vient de raconter M. Arago. Comme tout autre verre coloré, la teinte qu’il transmet n’est pas simple. Ce n’est q’une résultante formée par la somme des rayons simples que le verre transmet, parmi tous ceux qui composent la lumière blanche incidente. Pour connaître les éléments de cette somme, avec une approximation suffisante au but que je me proposais, j’ai réfracté très obliquemment la flamme d’une bougie par un prisme de flint-glass très dispersif, ayant un angle de 60º ; et j’ai interposé le verre bleu de M. Daguerre dans le trajet du spéctre, qui arrivait à mon œil. Étudiant alors la portion transmise, j’y ai remarqué d’abord deux images rouges de la bougie, nettement distinctes, que séparait un intervalle noir. Les deux extrémités du rouge étaient donc transmises et le rouge moyen absorbé. En outre, l’image rouge la plus réfrangible paraissait aussi complétement distincte et détachée du jaune qui la suivait, quoiqu’elle n’en fût pas séparée par un intervalle sensible. De sorte que l’orangé, qui occupe un très petit espace, pouvait être absorbé totalement, et même aussi une très petite portion du jaune le moins réfrangible. Toutes les autres couleurs, à partir de ce jaune, passaient très abondamment, et le reste du jaune était fort considérable ainsi que le vert. J’ai confirmé cette abondante transmission du jaune, en réfractant par le même prisme, la flamme donnée par un petit tas de sel ordinaire légèrement humecté d’alcool ; car M. Talbot a découvert que la lumière de cette flamme, quand l’alcool y est bien ménagé, est presque d’un jaune simple, auquel se joignent toutefois aussi du vert, du bleu et du violet, mais en proportions beaucoup plus faibles. Or la lumière totale de cette flamme étant vue à travers le verre bleu de M. Daguerre, soit directement, soit après sa dispersion par le prisme, s’y transmettait fort abondamment. Enfin, j’ai encore vérifié ces résultats sur la lumière blanche des nuées, admise par une fente étroite dans une chambre obscure, après l’avoir dispersée par le même prisme réfringent ; mais la mauvaise saison rendait cette épreuve moins commode que les précédentes qui d’ailleurs suffisaient pour une évaluation approchée. » Alors, pour apprécier numériquement la teinte résultante transmise par ce verre, j’ai supposé que cette teinte devait contenir tous les éléments de la lumière blanche, privés de 1/3 du rouge, de tout l’orangé et de 1/5 du jaune ; puis j’ai calculé la teinte que les éléments transmis devaient donner, en me servant des formules établies pour cela dans mon Traité de Physique, tome III, p. 451, et dans les Mémoires de l’Académie, tome II pag. 67 ; tome XIII, pag. 59. La règle expérimentale donnée par Newton, sur laquelle ces formules sont fondées, est liée aux propriétés les plus intimes de la lumière ; et la justesse de son application est aujourd’hui attestée par des épreuves si multipliées, comme si délicates, qu’on ne saurait, je crois, la révoquer en doute. Or ici les valeurs des variables U et ∆ , qui s’en déduisent, et qui expriment les caractères de la teinte résultante sensible, se sont trouvées être U = 257º 52’ 32’’ ; ∆= 0,292783 ; r - ∆= 0,707017. La valeur de U indique pour la teinte résultante, un bleu approchant de la limite du bleu et de l’indigo purs. La valeur de ∆ indique que cette teinte équivaut, pour l’œil, à celle que l’on formerait directement en mêlant 29 parties de ce bleu pur, pris dans la lumière du spectre, avec 71 parties de blanc, ce qui doit composer en effet une très belle teinte bleue, comme est aussi celle que l’œil perçoit quand il regarde à travers le verre de la lumière blanche des nuées. De sorte que la perception de ce bleu n’est qu’un effect résultant, produit dans l’œil par la somme totale des rayons que le verre lui transmet, et parmi lesquels les bleus purs sont associés à beaucoup d’autres.» |
domingo, 29 de agosto de 2010
1839, 20 de Fevereiro – JOURNAL des DÉBATS POLITIQUES et LITTÉRAIRES
1839 20 de Fevereiro | jOURNAL DES débats politiques et littéraires Pag. 1,2 | Feuilleton du Journal des Débats ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 18 février Il a encore été beaucoup question de M. Daguerre dans cette séance ; nous voudrions donner une idée nette des nouveaux faits qui ont été rapportés ; mais il y a nécessairement dans tout ce que l’on nous communique sur ce sujet, un mélange de révélations et de réticences, qui donne à tout ceci un air de mystère d’où nous ne pourrons sortir que lorsque le mécanisme de cette invention sera décidément expliqué et mis au grand jour ; jusques-là, nous risquons de mal interpréter ce que nous n’entendons qu’à demi, et nous craindrions môme de chercher à l’approfondir, dans la crainte d’en dire plus qu’il n’est dans les intérêts de M. Daguerre que l’on en sache actuellement. Bornons-nous donc à raconter les faits très curieux, quoique incomplets, dont on entretient l’Académie, sans risquer une appréciation et un jugement que ne permet pas l’obscurité dont ils restent enveloppés ; les résultats des recherches de M. Daguerre n’arrivent pas directement à l’Académie, et apportés par lui-même comme cela se passe ordinairement ; c’est toujours, comme on sait, MM. Arago et Biot qui leur servent d’interprètes ; nous devons, donc accepter les faits que l’on nous rapporte, sans demander d’autres explications que celles que l’on se croit en droit de donner. Peut-être cependant ce mode de communication n’est-il pas tout-à-fait sans inconvénient dans une Académie suivie par un nombreux auditoire, et nous hasarderons à cette occasion quelques timides réflexions. Nous ne nous occuperons pas d’abord de savoir s’il est bien dans l’intérêt de l’auteur que sa découverte soit ainsi publiée par fragmens, qu’elle soit morcelée, éparpillée avant de pouvoir en donner le dernier mot ; ou bien s’il ne vaudrait pas mieux pour lui que son travail fût présenté entier, en un seul faisceau bien lié, sans aucune réserve ni réticence ? Ce point ne nous regarde pas, et l’auteur sait protablement mieux que nous ce qui lui convient à cet égard ; tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’une fois sa propriété bien assurée par la publication de ses résultats, il serait peut-être plus dans la règle des travaux académiques d’attendre qu’il n’y eût plus de secret à garder pour appeler de nouveau l’attention sur des faits qu’il n’est pas permis de discuter ; la publicité est essentiellement faite pour les découvertes de l’esprit humain, pour tout ce qui peut étendre nos connaissances ou augmenter même la somma de nos jouissances ; aussi les Académies, ces foyers de lumière et de civilisation, répugnent-elles naturellement à tout ce qui est secret et mystère ; la réserve et la réticence sont tellement contraires à l’esprit des travaux scientifiques, qu’elles ne veulent en user que le moins possible et avec ménagement. Mais en outre l’Académie des Sciences a un nombreux public, et elle ne peut plus faire abstraction des deux cents auditeurs qui l’écoutent ; or il ne nous France pas tout-à-fait sans inconvénient de publier du haut de la tribune académique des faits incomplets, dépouillés de tous les détails nécessaires à leur juste appréciation et environnés méme volontairement d’une sorte d’obscurité qui leur donne quelque chose de mystérieux st de merveilleux ; l’Académie des Sciences doit procéder dans la publication de la vérité autrement qu’on ne le fait dans le monde, et son but est précisément de donner la raison physique des phénomènes naturels extraordinaires aux yeux du vulgaire. Tel fait rapporté dans son état brut, pour ainsi dire, et privé des circonstances qui l’expliquent, aura un air de surnaturel et de miraculeux, dont la science est chargée de la dépouiller ; c’est là qu’est la différence entre un fait scientifique et un fait mondain, si l’on peut s’exprimer ainsi ; que l’on dise par exemple au monde qu’une substance qu’un métal s’enflamme au contact de l’eau, et que plus on la couvre d’eau, plus on excite sa combustion au lieu de l’éteindre, et on lui donnera l’idée d’un fait merveilleux, en dehors des lois naturelles ; qu’on lui apprenne au contraire que l’eau est composée de deux gaz dont l’un est inflammable et dont l’autre anime la combustion à un haut degré, que le métal en question a la propriété de décomposer l’eau et de s’approprier le gaz comburant qai l’échauffe au point d’enflammer le gaz combustible, et la monde ne verra plus là que ce qu’il doit y voir, un phénomène très curieux sans doute, mais très naturel et circonscrit dans les lois connues. Appliquons maintenant ces principes au fait signalé par M. Arago dans la séance de ce jour, et résultant des expériences de M. Daguerre sur la phosphorescence, et l’on appréciera la valeur de nos observations. Et d’abord il faut rappeter que la phosphorescence est la propriété qu’ont certaines substances de briller dans l’obscurité, et de conserver dans l’ombre un éclat lumineux, après avoir été exposées à l’action du soleil ; les écailles d’huîtres sont particulièrement dans ce cas ; cette matière réduite en poudre et calcinée au feu conserve pour ainsi dire, pendant un certain temps, la lumière qu’elle a absorbée au soleil, et la refléte quand on vient à la placer aussitôt après dans un lieu parfaitement sombre ; MM. Biot et Becquerel vont nous montrer tout à l’heure a quelle cause il faut probablement rapporter ce phénomène. M. Daguerre paraît avoir fait d’ingénieuses recherches sur les mattères propres à produire la phosphorescence, et sur les circonstances capables de la déterminer a un haut degré ; le sulfate de baryte, vulgairement appelé phosphore de Bologne, lui a surtout fourni des résultats très singuliers ; en traitant cette pierre d’une certaine manière, en la chauffant daus un tube fait avec la substance des os etc., M. Daguerre obtient une matière éminemment phosphorescente ; un jour, France l’avoir exposée au soleil, il la place dans une assiette de porcelaine, puis en portant cette assiette posée sur sa main, dans un lieu obscur, il vit dit M. Arago, sa main à travers l’assiette, ou se dessiner sur le fond de l’assiette. Est-ce la chaleur de la main qui produisit cet effet ? Non, car il ne se passa rien d’analogue en mettant l’assiette avec la substance sur un poële. C’est au rayonnement de la main agissant sur la matière phosphorescente qu’il taut attribuer cet effet ; mais quelle espèce de rayonnement ? Est-ce un rayonnement calorifique, électrique ou de quelque principe inconnu jusqu’ici dans sa nature et dans ses effets ? Nous ne pouvons rien dire, nous ne le savons pas, nous sommes absolument dans la position d’un homme ignorant la composition de l’eau et l’action de l’oxigène, auquel on raconterait le fait brut du potassium brûlant sur l’eau. En attendant les explications ultérieures, les imaginations et les esprits ardens ne vont-ils pas avoir beau jeu pour se donner carrière sur les analogies entre cette expérience et les prétendus faits de visions à travers les corps opaques, jusqu’ici repoussés par la raison froide et sans passion ? N’y a-t-il pas le plus légitime rapprochement à établir entre la main de M. Daguerre se dessinant dans le fond d’une assiette sous laquelle elle est placée, et certains phénomènes magnétiques dont on a fait grand bruit ? N’est-ce pas enfin le magnétisme dévoillé, ou du moins de quel droit rejettera-t-on maintenant des faits attestés par un si grand nombre de personnes, sous prétexte qu’ils sont inexplicables, miraculeux, en dehors des lois connues, en présence de cette assiette devenant transparente, ou de cette main se dessinant a travers un corps opaque, et laissant une empreinte immatérielle par l’action d’un agent inconnu ! On voit combien cette expérience ainsi présentée prête au merveilleux, combien elle tend à jeter les esprits en dehors de la vérité, tandis qu’il ne s’agit bien certainement ici que d’un fait ni plus ni moins extraordinaire, ni plus ni moins explicable, qu’une multitude d’autres phénomènes physiques quand on aura fourni tous ses élémens ; c’est pour exprimer notre pensée d’un mot, l’inconvénient de donner une serrure, sans donner en même temps la clef ; c’est plus piquant, mais c’est moins selon l’esprit de 1a science. La même matière phosphorescente a été, de la part de M. Daguerre l’objet d’autres observations non moins curieuses, mais d’un ordre moins éloigné des phénomènes physiques connus. Le sulfate da baryte préparé comme nous avons dit s’est montré plus brillant sous un verre bleu que sous un verre blanc ; il y aurait donc dans la lumière des rayons plus favorables les uns que les autres au phénomène de la phosphorescence ? Ce serait un fait nouveau et d’un grand intérêt. M. BIOT a également rendu compte à l’Académie d’expériences faites sous ses yeux par M. Daguerre au moyen de ses préparations extrêmement sensibles à l’action de la lumière ; il ne s’agit pas ici, bien entendu, de celle qu’emploie M. Daguerre à la confection de ses admirables dessins ; celle-ci est noire, comme on sait, puisque la lumière l’enlève dans les points qu’elle frappe suivant son degré d’intensité, et qu’elle ménage les points protégés par l’ombre des objets dont l’image est projetée au foyer de la chambre noire ; c’est la même le grand mérite de la matière employée par M. Daguerre ; elle lui permet de retracer la nature comme elle est, avec ses teintes et ses demi-teintes en noir ; tandis que dans tous les essais tentés jusqu’ici, et à ce qu’il paraît dans ceux même de M. Talbot à Londres, la préparation employée étant blanche, et susceptible de noircir à la lumière, les parties éclairées se teignent en ombre, et les objets reflétés dans la chambre noire, sa dessinent en blanc sur ce fond noir ; c’est, comme on voit, la nature renversée. Mais la préparation dont se sert M. Daguerre pour obtenir les merveilleux effets qu’il a eu la complaisance d’exposer aux yeux detout Paris, est un secret qu’il doit garder précieusement jusqu’à ce que l’on décidé du sort de sa découverte. Les expériences, qu’il a répétées avec M. Biot, ne concernent que des concernent que des comprsitions blanches, d’une extrême sensibilité à la lumière, et capables de se colorer rapidement au moindre jour. Ces préparations pouvant rendre de grands services dans plusieurs expériences de physique, M. Daguerre s’empresse d’en faire connaître la composition : Du papier non collé, trempé dans de l’éther muriatique, et bien séché à une douce chaleur, puis trempé, de nouveau dans une dissolution de nitrate d’argent, et mis à sécher dans un endroit obscur, se colore rapidement en noir ou en brun plus ou moins foncé sous l’influence d’une lumière même aussi faible que celle dont nous jouissons pendant ces jours sombres et pluvieux. Cette sorte de papier-réactif acquiert plus ou moins de sensibilité, il prend une teinte plus ou moins foncée diversement mélangée de brun rougeâtre, suivant qu’au lieu d’éther on emploie pour le tremper, diverses autres liqueurs. Lorsque la lumière a produit son effet sur quelques points de sa surface, il suffit de le bien laver pour le soustraire toute action ultérieure de la lumière. On voit qu’avec un papier semblable on obtiendrait, ainsi que nous l’avons dit, au moyen de la chambre noire, des dessins en blanc sur un fond obscure ; les parties sur lesquelles porterait l’ombre des objets, étant préservées de l’action de la lumière, resteraient blanches, tandis que celles frappées par le jour se coloreraient en noir ou en brun. |