segunda-feira, 30 de agosto de 2010

1839, 18 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES

1839

18 de Fevereiro

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES

T. VIII

Nº.7

Pags. 243, 244, 245, 246

CORRESPONDANCE

 

PHYSIQUE . – Phosphorescence du sulfate de baryte calciné ; communication de M. Arago sur quelques expériences de M. Daguerre.

 

Dans l’innombrable série d’essais auxquels M. Daguerre s’était livré avant de découvrir le procédé qui lui sert aujourd’hui à conserver avec une si admirable précision les images de la chambre obscure, il avait un moment dirigé ses idées sur les substances phosphorescentes.

D’après tout ce que cet ingénieux artiste nous a rapporté, il ne semble guère douteux que son moyen de rendre le sulfate de baryte lumineux, ne soit supérieur à ceux dont on a fait usage jusqu’ici, particulièrement à Bologne. Les physiciens nous sauront donc quelque gré de leur faire connaître le nouveau procédé. Le voici tel qu’il était textuellement consigné dans les notes de M. Daguerre.

 

1824 – Moyen de rendre le sulfate de baryte très phosphorescent par son exposition au soleil.

« Il faut prendre un os à moelle, le choisir le plus épais possible, le dégraisser en le faisant bouillir, retirer la moelle et enfin le dessécher. On pulvérise le sulfate de baryte dans un mortier (le cuivre et la fonte ne conviennent pas, parce qu’France l’opération, des parcelles de cuivre ou de fonte adhèrent au sulfate ; le mortier de verre est le seul qu’on puisse employer à cet usage) ; on emplit de sulfate pulvérisé la partie creuse de l’os, à l’exception d’un espace laissé pour pouvoir bien luter l’ouverture. On met l’os ainsi préparé dans un bout de tuyau en tôle ou en fonte ayant un fond, et d’une auteur excédant assez celle de l’os, pour que cet os soit non-seulement entouré, mais encore garni en-dessus et en-dessous d’une terre réfractaire.

» Lorsque l’appareil est ainsi disposé, on le met dans un fourneau pour le tenir rouge au moins pendant trois heures. Puis on laisse refroidir. Ensuite il faut, pour retirer l’os avec soin, renverser l’appareil, en faire tomber la terre réfractaire et saisir l’os qu’on reçoit sur une feuille de papier. L’os doit être alotrs très blanc ; s’il était noir ou seulement gris, ce serait signe qu’il n’aurait pas été assez calciné.

» En sortant de l’appareil l’os étant fendu, se sépare facilement et l’on trouve au milieu le sulfate de baryte qui a pris une certaine consistance. On le sépare de l’os et on le reçoit dans une assiette ou dans une boîte de carton. Il a une petite teinte jaunâtre légèrement soufrée, et il est très phosphorescent lorsqu’il est présenté à la lumière même diffuse. Si l’on voulait l’avoir encore plus brillant, on ferait subir deux ou trois fois à ce même sulfate la calcination dans de nouveaux os et de la maniére ci-dessus décrite. Par une calcination trois fois répétée, le sulfate de baryte avait acquis une telle propriété lumineuse, qu’il éclairait la pièce : il conservait assez long-temps cette propriété phosphorescente puisque, tout en diminuant d’intensité, il était encore visible quarante- huit heures après sa présentation à la lumière. Cette propriété phosphorescente ne se perd que très lentement : au bout de trois ans elle était encore évidemment sensible à la lumière.»

Après avoir exposé quelques instants à la lumière solaire une assiette remplie de la poudre phosphorescente sur laquelle reposait un petit disque de verre bleu, M. Daguerre fit une remarque singulière : la portion de poudre que le disque recouvrait, brillait notablement plus dans l’obscurité, que celle où la lumière était arrivée librement, sans affaiblissement, sans coloration aucune.

Il serait important, a dit M. Arago, de répéter cette expérience en plaçant le verre bleu, non plus en contact avec la poudre, mais à une grande distance. Il serait bon aussi, pour éviter toute action calorifique, d’opérer avec la lumière diffuse atmosphérique. Si avec ces nouvelles conditions le résultat restait le même, il en faudrait conclure que parmis les divers rayons composant la lumière solaire blanche, il en est (et dans le nombre il faudrait ranger plusieurs de ceux qu’arrêtait le verre bleu en question) qui non-seulement n’excitent pas la phosphorescence quand ils sont mélés aux autres rayons, mais qui même sont un obstacle à son développement.

La poudre de sulfate de baryte donna lieu à un autre phénomène qui, suivant toute probabilité, devra être rapporté, non à la phosphorescence par insolation, mais à la phosphorescence par échauffement. M. Daguerre transportant un jour sur sa main étendue et dans l’obscurité, l’assiette couverte de poudre, aperçut ses doigts comme s’ils émettaient de la lumière, et comme si l’assiette et la poudre étaient devenus transparentes. La lumière qui dessinait les doigts, qui semblait en sortir, surpassait en intensité celle dont la poudre brilla, quand l’assiette fut déposée sur la plaque échauffée d’un poèle.

Après cette communication de M. Arago, M. Biot ajouta ce qui suit :

« M. Daguerre m’a remis un morceau du même verre bleu avec lequel il a observé le singulier effet que vient de raconter M. Arago. Comme tout autre verre coloré, la teinte qu’il transmet n’est pas simple. Ce n’est q’une résultante formée par la somme des rayons simples que le verre transmet, parmi tous ceux qui composent la lumière blanche incidente. Pour connaître les éléments de cette somme, avec une approximation suffisante au but que je me proposais, j’ai réfracté très obliquemment la flamme d’une bougie par un prisme de flint-glass très dispersif, ayant un angle de 60º ; et j’ai interposé le verre bleu de M. Daguerre dans le trajet du spéctre, qui arrivait à mon œil. Étudiant alors la portion transmise, j’y ai remarqué d’abord deux images rouges de la bougie, nettement distinctes, que séparait un intervalle noir. Les deux extrémités du rouge étaient donc transmises et le rouge moyen absorbé. En outre, l’image rouge la plus réfrangible paraissait aussi complétement distincte et détachée du jaune qui la suivait, quoiqu’elle n’en fût pas séparée par un intervalle sensible. De sorte que l’orangé, qui occupe un très petit espace, pouvait être absorbé totalement, et même aussi une très petite portion du jaune le moins réfrangible. Toutes les autres couleurs, à partir de ce jaune, passaient très abondamment, et le reste du jaune était fort considérable ainsi que le vert. J’ai confirmé cette abondante transmission du jaune, en réfractant par le même prisme, la flamme donnée par un petit tas de sel ordinaire légèrement humecté d’alcool ; car M. Talbot a découvert que la lumière de cette flamme, quand l’alcool y est bien ménagé, est presque d’un jaune simple, auquel se joignent toutefois aussi du vert, du bleu et du violet, mais en proportions beaucoup plus faibles. Or la lumière totale de cette flamme étant vue à travers le verre bleu de M. Daguerre, soit directement, soit après sa dispersion par le prisme, s’y transmettait fort abondamment. Enfin, j’ai encore vérifié ces résultats sur la lumière blanche des nuées, admise par une fente étroite dans une chambre obscure, après l’avoir dispersée par le même prisme réfringent ; mais la mauvaise saison rendait cette épreuve moins commode que les précédentes qui d’ailleurs suffisaient pour une évaluation approchée.

» Alors, pour apprécier numériquement la teinte résultante transmise par ce verre, j’ai supposé que cette teinte devait contenir tous les éléments de la lumière blanche, privés de 1/3 du  rouge, de tout l’orangé et de 1/5 du jaune ; puis j’ai calculé la teinte que les éléments transmis devaient donner, en me servant des formules établies pour cela dans mon Traité de Physique, tome III, p. 451, et dans les Mémoires de l’Académie, tome II pag. 67 ; tome XIII, pag. 59. La règle expérimentale donnée par Newton, sur laquelle ces formules sont fondées, est liée aux propriétés les plus intimes de la lumière ; et la justesse de son application est aujourd’hui attestée par des épreuves si multipliées, comme si délicates, qu’on ne saurait, je crois, la révoquer en doute. Or ici les valeurs des variables U et ∆ , qui s’en déduisent, et qui expriment les caractères de la teinte résultante sensible, se sont trouvées être

 

U = 257º 52’ 32’’ ;      ∆= 0,292783 ;       r - ∆= 0,707017.

 

La valeur de U indique pour la teinte résultante, un bleu approchant de la limite du bleu et de l’indigo purs. La valeur de ∆ indique que cette teinte équivaut, pour l’œil, à celle que l’on formerait directement en mêlant 29 parties de ce bleu pur, pris dans la lumière du spectre, avec 71 parties de blanc, ce qui doit composer en effet une très belle teinte bleue, comme est aussi celle que l’œil perçoit quand il regarde à travers le verre de la lumière blanche des nuées. De sorte que la perception de ce bleu n’est qu’un effect résultant, produit dans l’œil par la somme totale des rayons que le verre lui transmet, et parmi lesquels les bleus purs sont associés à beaucoup d’autres.»

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