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quarta-feira, 3 de junho de 2009

1856, 3 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XLIII
Nº. 18
Pag. 874, 875, 876, 877, 878, 879
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PHYSIQUE APPLIQUÉE – Mémoire sur la gravure héliographique sur marbre et sur pierre lithographique ; par M. Niepce de Saint-Victor.

§ Ier– Gravure sur marbre et sur pierre lithographique comme ornement.

« Ayant eu l’idée d’appliquer mon vernis héliographique sur marbre pour faire de la gravure en creux et en relief, j’ai obtenu des résultats qui, je crois, seront d’une grande ressource pour les marbriers-sculpteurs, lorsqu’ils voudront orner les marbres qu’ils emploient à faire des pendules, des socles de bronzes d’arts, des presse-papiers, et même des cheminées.
» Tous les marbres ne sont pas convenables à ce genre de gravure, parce qu’ils doivent être durs, d’un graïn trés-fin et d’une seule couleur, conséquemment sans taches ni veines, comme sont, par exemple, le marbre noir fin et les calcaires lithographiques jaunes et bleus employés par les marbriers-sculpteurs. Le marbre blanc de Carrare n’est pas trés-propre à la gravure, parce que, quoique très-dur, il est d’un grain trop gros; cependant il peut être employé pour former, des mosaïques, en y gravant des ornements à gros traits et à teintes plates.
» Cette nouvelle application du vernis héliographique m’a fait étudier les bitumes de Judée, et je crois apporter un grand perfectionnement au procédé de la gravure hélkgraphique en donnant les moyens de préparer avec certitude un excellent vernis. La difficulté du procédé tient à la difficulté même d’avoir un vernis qui donne toutes les demi-teintes dans la reproduction d’une épreuve photographique ou d’une gravure, en même temps que la résistance à l’action de l’eau-forte. Aujourd’hui j’obtiens ce résultat par l’expérience que j’ai acquise, et qui me permet de distinguer facilement le bitume convenable pour obtenir ces deux effets.
« Je distingue trois sortes de bitumes de Judée: 1º celui qui vient incontestablement de Judée. L’échantillon que je possède, je le dois à l’obligeance de M. Guibourt, de 1’Ecole de Pharmacie. Ce bitume a la cassure vitreuse, brillante comme du jais, et n’exhalant presque aucune odeur, à moins d’être chauffé; dans ce cas, il a une légère odeur de bitume de momie. Pulvérisé, il est d’un brun marron foncé. Ce bitume est le plus sensible de tous à s’impressionner à l’air et à la lumière; très-bon pour opérer dans la chambre obscure, quand toutefois il n’est pas trop sensible, parce que dans ce cas iI produit des images trop voilées.
« Dans le commerce de Paris on trouve deux sortes de bitumes, qui se distinguent par des caractères particuliers, et qui diffèrent par leur degré de sensibilité. A l’action de l’air et de la lumiére, l’un est très-sensible et l’autre l’est très-peu.
» Il y a, entre ces deux variétés, des bitumes de différents degrés de sensibilité.


§ II - Vernis pour ornement des marbres, et pour toutes les opérations par contact.

» Je prends pour cela le bitume le plus lent à s’impressionner à l’air et à la lumière; je compose mon vernis de 4 grammes de bitume dans 80 de benzine et 10 d’essence de citron, comme je l’ai dit dans mon Traité de gravure héliographique sur acier, auquel je renverrai pour tous les détails des opérations. Ce Traité se trouve chez l’éditeur Victor Masson. Ce vernis, composé de bitume très-peu sensible à la lumière, a l’avantage de donner toutes les demi-teintes; mais il ne résisterait pas à l’action de l’eau-forte si, avant de l’employer, on ne l’exposait pas un quart d’heure ou une demi-heure au soleil, et même plus, selon l’intensité de la lumière, ce qui lui donne de la résistance en même temps qu’un peu de sensibilité; mais il faut éviter de le rendre trop sensible, parce qu’il ne donnerait plus de demi-teintes. On peut aussi donner de la résistance au vernis en le conservant au moins à une faible lumière diffuse, et ce dernier moyen est peut-être préférabIe, en ce qu’il donne de l’imperméabilité au vernis sans lui donner une trop grande sensibilité. Si un vernis devient trop sensible, et que par ce fait il ne donne plus que des images voilées, on peut y ajouter un peu de nouveau bitume, en même temps qu’une certaine quantité de benzine et d’essence pour ramener le vernis au même degré de fluidité; on obtient ainsi un bon vernis. Les bitumes les plus sensibles à la lumière sont ceux qui offrent naturellement le plus de résistance à l’eau-forte; mais, comme ils ne donnent que des images voilées, ils ne sont bons que pour opérer dans la chambre obscure, et pour cela il ne faut faire entrer que 2 grammes de bitume dans la composition du vernis. Ce même vernis peut être employé avec avantage pour la reproduction par contact des dessins d’ornements à teintes plates. Je dirai également, dans l’intérêt des graveurs à l’eau-forte, que le bitume le plus sensible est le meilleur pour composer le vernis pour graver à la mécanique; et le bitume le plus lent à s’impressionner est préférable pour la gravure ordinaire.
» Maintenant, je suppose opérer sur une tablette de marbre ou de pierre lithographique. La pierre étant parfaitement polie et nettoyée avec de la benzine, et de l’alcool pour terminer, je la recouvre d’une couche de vernis héliographique, et, lorsqu’elle est séche, j’applique dessus soit un dessin d’ornement, soit une épreuve photographique (positive) sur verre albuminé ou sur papier mince; les dessins d’ornement doivent être imprimés sur papier de Chine, ou très-mince comme celui que l’on emploie en photographie, ce qui est préférable au papier de Chine, parce qu’il faut décoller celui-ci, qui est toujours appliqué sur papier fort, et, de plus, le décolorer en le plongeant dans l’eau de Javel, afin que la lumière agisse librement sur le vernis, qui doit préserver le fond du dessin à reproduire.
» Je préviens que l’exposition à la lumière doit être plus prolongée que lorsqu’on opére sur métal, surtout pour les épreuves sur marbre noir; car il en est de la couleur des pierres comme de celle des métaux, que j’ai signalés dans mon Traité de gravure héliographique, et je dirai de plus que, toutes choses égales d’ailleurs, l’action de la lumière est beaucoup plus lente sur pierre que sur métal.
« L’application du dissolvant et le lavage se font comme si on opérait sur métal; mais je recommande bien de ne jamais employer le dissolvant avant que la pierre soit refroidie, parce que si elle a été longtemps exposée aux rayons solaires, elle aura acquis souvent une très-forte chaleur, qui ferait que dans cet état le vernis se détacherait en versant l’eau pour en arrêter l’action, à moins de prendre de l’eau à la température de la pierre.
» La morsure des marbres se fait ainsi: on prend de l’eau acidulée d’acide azotique (qui est préférable à tous les autres) très-étendu d’eau, car il est préférable de prendre un acide faible et de prolonger son action plus longtemps.
« S’il s’agie, par exemple, de graver une épreuve photographique, on ne fera qu’une faible morsure afin de conserver toutes les finesses et les demi-teintes de l’image. Il suffit dans ce cas d’un faible creux pour dépolir la pierre et donner une image par réflexion de lumière comme dans l’image daguerrienne.
« Si l’on grave un dessin d’ornement qui n’ait que des teintes plates, on fera une morsure beaucoup plus profonde, afin que les creux puissent retenir solidement les corps étrangers que l’on y introduira pour faire ressortir le dessin., tels que dorure, mastics ou encres grasses de différentes couleurs.
» Pour creuser très-profondément un dessin d’ornement qui n’a que des teintes plates, on peut employer le rouleau pour vernir une seconde fois la pierre; on fait alors mordre de nouveau, et, en répétant cette opération, on peut obtenir des creux très profonds. A cet effet, j’ai découvert un nouveau moyen, qui m’a toujours réussi lorsqu’il était employé dans de bonnes conditions : il consiste à recouvrir l’épreuve d’une seconde couche de vernis héliographique, à l’exposer de nouveau à la lumière pendant un temps suffisant pour consolider le vernis, et verser ensuite le dissolvant, qui vient enlever le vernis dans tous les creux obtenus par la première morsure.
« Lorsque l´on fait mordre une épreuve héliographique sur marbre, on juge l’action de l’eau-forte de la manière suivante : Si l’eau acidulée attaque la pierre calcaire, il se produit une multitude de petites perles ou bulles d’air produites par l’acide carbonique qui se dégage à mesure que la morsure se fait ; il faut que cette effervescence soit très-faible, car, si elle est forte, c‘est une preuve que l’eau est trop acidulée: la morsure, dans ce cas, se fait trop vite, elle devient promptement trop forte pour certains sujets où il ne faut qu’une faible morsure, et pour cela il faut suivre avec un loupe l’action de l’eau-forte, afin de pouvoir l’arrêter à temps.
« Quant à la résistantie du vernis, j’ai indiqué les moyens de l’obtenir, et, pour s’en assurer, il est bon de faire quelques essais de son vernis, sans cela il est impossible d’opérer avec certitude; de même qu’il faut par un coup d’oeil exercé juger si le temps d’exposition à la lumière a été convenable sous tous les rapports, enfin si l’épreuve réunit toutes les conditions d’une bonne morsure; car sur marbre il faut obtenir des résultats complets, sans qu’il y ait besoin de la moindre retouche. Tels sont les spécimens que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie.
« Je reviens a mon sujet. En placant dans la chambre noire une tablette de marbre ou de pierre lithographique, on obtient un dessin d’après nature, et si, dans ce las, on reproduit un bas-relief ou un médaillon, on aura un efet de relief des plus frappants, surtout en ne faisant q’une faible morsure. On peut en juger par la reproduction du médaillon de S. M. l’Impératrice, que j’ai reproduit ainsi.
» Je crois ce procédé de gravure sur marbre susceptible d’une très-grande application industrielle, parce que l’on peut varier à l’infini les effets que l’on veut obtenir.
« Dans mon opinion, une légère gravure sur marbre, dans laquelle on ne mettra rien, sera celle que l’on devra préférer: la simplicité et l’inatérabilité seront ses avantages. »
(La suite du Mémoire est renvoyée au cahier prochain, avec une Note de M. Chevreul.)

terça-feira, 17 de março de 2009

1889, 11 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CVIII
Nº. 10
Pag. 513, 514
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PHOTOGRAPHIE. - Emploi du sulfie de soude en Photographie, comme révélateur. Note de M. Paul Poiré, présentée par M. Mascart.

« Dans une précédente Cormmunication sur l'emploi du sulfite de soude en Photographie (1) ([i]), j'indiquais que les résultats obtenus par une dissolution de sulfite de soude et d’acide pyrogallique, comme bain révélateur, pouvaient être dus à l'action de l'acide sur le sulfite, ou à celle de l'acide sur le carbonate que pouvait contenir le sulfite. De nouvelles recherches ont permis de résoudre la question.
» L’analyse d'un grand nombre de sulfites commerciaux vendus comme purs montrant que ce corps est toujours accompagné de carbonate provenant du mode de fabrication, j’ai opéré avec un sulfite spécialement préparé et ne contenant pas trace de carbonate de soude. J’ai constaté qu'une dissolution de ce sulfite à 25 pour 100 et additionnée de 1gr à 1gr, 5 d'acide pyrogallique pour 100CC développait l'image photographique dans les conditions normales. Le développement est plus lent qu’avec les bains ordinaires, ou avec les dissolutions de sulfites commerciaux contenant du carbonate; mais, avec le temps, l'image acquiert toujours l'intensité voulue. J’ai vérifié par un grand nombre d’expériences que ce révélateur ne produit jamais le voile, qui se développe avec les bains ordinaires, par l’action prolongée du carbonate sur les plaques manquant de pose. Des épreuves faites dans des conditions de lumière exceptionnellement mauvaises ont pu rester huit et neuf heures dans le bain, sans se voiler ni se décoller. Le bain de sulfite de soude et d'acide pyrogallique peut servir à développer successivement plusieurs plaques. Il se conserve sans altération, si on le maintient à l'abri de l'air dans des flacons bouchés. Je me suis servi de bains ayant cinq mois d’existence, qui s'étaient à peine colorés et qui avaient conservé toute leur vigueur, quoique ayant déjà développé huit et dix plaques.
» Au point de vue pratique, il résulte d'un grand nombre d'expériences: 1º qu’avec les sulfites commerciaux il y a toujours avantage à prendre comme bain révélateur une dissolution de sulfite de soude à 25 pour 100, additionnée de 1gr, 5 d'acide pyrogallique pour 100CC: 2º qu'il n'y a lieu d'ajouter de carbonate que lorsque l'on constatera que le développement est trop lent et qu'on voudra l’activer. »
([i]) (1) Comptes rendus, 1er octobre 1888.

1889, 11 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CVIII
Nº. 10
Pag. 514, 515
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PHOTOGRAPHIE. - Sur un petit appareil portatif pour la production facile et sans danger de l'éclair magnésique. Note de MM. Ad. Guébhard et P. Ranque, présentée par M. Lippmann.
« Si l'usage des photopoudres, mélanges explosifs photogéniques à base de magnésium, a plus que doublé le champ d'activité de la photographie instantanée, en ajoutant la nuit au jour et l'intérieur au plein air, il offre de très grands inconvénients, des dangers même, à cause de l'explosibilité des substances détonantes qui entrent dans les formules, ainsi que de l'action irritante qu'exercent sur les bronches les nuages de fumée produits par la combustion dans une atmosphère confinée.
« L'inflammation directe de la poudre de magnésium brusquement projetée sur une flamme supprimant tous ces inconvénients, nous nous sommes proposé de remplacer par un petit appareil portatif, facile à construire et à employer, les dispositifs plus ou moins complexes, encombrants et coûteux, qui ont été mis dans le commerce jusqu'à ce jour.» Un pelit tube de 10cm environ de longueur et 0cm,4 de calibre, contourné en forme de cor de chasse, voilà tout l'appareil (fig. 1 et 2). Par l'un des bouts, légèrement évasé, on introduit la petite dose de poudre nécessaire: 0gr, 2 (quantité que deux repères gravés sur le tube peuvent permettre de retrouver toujours facilement) produiront un éclairage amplement suffisant à 3m de distance pour un objectif de 2 cm d'ouverture et

10cm de distance focale. Au bout opposé du tube, s'adapte le tuyau en caoutchouc de la poire habituellement employée pour la manoeuvre des obturateurs pneumatiques. La petite bague de verre étant alors simplement passée au doigt indicateur ou au pouce d'une main tenant une bougie allumée (fig. 1 et 2), le pavillon braqué obliquement de bas en haut sur la grande largeur de la flamme, il suffira d'une pression de la main libre sur la poire pour provoquer la projection de la poudre et sa subite inflammation, sous forme d'éclair photogénique assez puissant pour permettre aux objets situés dans le champ de l'objectif, préalablement ouvert, d'impressionner instantanément la plaque au gélatinobromure d'argent.« Par des procédés d'attache ou des modifications de forme extrêmêment simples (fig. 3 à 7), on peut établir à poste fixe un ou plusieurs de nos photospires qui, commandés à distance par une même poire, permettront de produire, l'instant précis que l'on désire, plusieurs foyers simultanés, d'intensités et de positions quelconques, résultat fort difficile à obtenir par tout autre procédé. »

1889, 29 de Abril - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CVIII Nº. 17
Pag. 871, 872, 873
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PHOTOGRAPHIE . – Sur l'obtention de photographies en valeurs justes par l'emploi de vemes colorés ; par M. G. Lippmann.

« On sait que la photographie actuelle a un grave d’efaut: elle fournit des images où les valeurs sont très mal rendues, et inême en quelque sorte renversées: le bleu, qui est la plus sombre des couleurs, vient en blanc; le jaune, le vert, le rouge viennent en noir. De sorte que l'on ne voit en clair, dans une photographie, que le bleu, qui vient en blanc, que le blanc, parce que le blanc contient du bleu; et les autres couleurs ne viennent qu'en raison de la quantité de bleu qu'elles se trouvent contenir.
» C'est qu'en effet la plaque photographique est très sensible aux rayons bleus et qu'elle l'est très peu aux autres. De sorte que le temps de pose qui est suffisant pour le bleu est très loin d'être suffisant pour les autres rayons colorés. Si, avec un appareil ordinaire, on essayait de prolonger le temps de pose de manière à permettre au vert d'impressionner la plaque, le bleu agirait environ quarante fois trop longtemps et mettrait l'épreuve hors d'usage.
« Aussi cherche-t-on depuis longtemps à modifier les couches impressionnables de manière à les rendre, s'il était possible, plus sensibles au jaune, au vert et au rouge qu'au bleu. Mais on est encore loin d'avoir résolu le problème: même les plaques dites isochromatiques ou orthochromatiques de Vogel, d'Obernetter, d’Attout-Tailfer, tout en étant plus sensibles au vert et au rouge que les anciennes, sont encore loin de l'être suffisamment.
« En attendant que l'on ait réussi à créer des couches photographiques dont la sensibilité soit semblable à celle de la rétine, j'ai constaté que l'on pouvait se servir des plaques actuelles de manière a obtenir des images à valeurs justes; il suffit de faire un usage rationnel et systématique d'un système de verres colores.
» Je mets dans la chambre noire une plaque Attout-Tailfer. Devant l'objectif je place une glace bleue et je fais poser le peu de temps nécessaire pour que les rayons bleus de l'image impressionnent les plaques. Ensuite, sans toucher d'ailleurs à l'appareil et en ayant soin de ne pas le déplacer, je substitue a la glace bleue une glace verte, et je continue la pose pendant un temps suffisant pour que le vert, à son tour, impressionne la plaque fortement. La glace verte a été choisie avec le plus grand soin, de façon qu'elle ne laisse pas passer la moindre trace de bleu. Dans ces conditions, on peut donner aux rayons verts le temps de pose qui leur est nécessaire, sans avoir a craindre que le bleu, cette fois totalement éliminé, vienne perdre l'épreuve par son action indûment prolongée. Enfin c'est au tour des rayons rouges: on les fait agir en substituant devant l'objectif une glace rouge a la glace verte. Cette glace rouge doit être choisie avec soin, de manière a ne pas laisser passer la moindre trace de rayons verts ou bleus.
« Le résultat final de cette triple pose est de donner des photographies claires, sans taches brunes, et dans lesquelles les feuillages verts, les draperies jaunes ou rouges, etc., au lieu de donner des nuances brunes, sont rendus par un dessin finement modelé comme dans une gravure bien faite.
« On sait qu'on a déjà employé en Photographie des verres jaunes placés sur le trajet des rayons en vue d'éliminer en partie la lumière bleue. M. Vogel en donne un exemple : il publie dans son Ouvrage (1) ([i]) une photographie sur plaque à l'azaline obtenue à travers un verre jaune. Le temps de pose de une seconde avait été porté à deux. On en peut conclure que les rayons bleus n'étaient que partiellement éliminés; l'action des rayons verts purgés de bleu n'eût pas exigé moins de quarante secondes, l'action des rayons rouges moins de mille secondes. »
([i]) (1) H.-W. Vogel, La Photographie des objets colorés avec leurs valeurs réelles, p.188. Paris, Gauthier-Villars ;1887.

1889, 7 de Maio - Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CVIII
Nº. 18
Pag. 931, 932, 933
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ASTRONOMIE, - Note de M. Mouchez,accompagnant la présentation du 3e fascicule du « Bulletin internalional de la Carte du Ciel ». « Le panto-graveur stellaire » de M. Isaac Roberts.

« En présentant le 3e fascicule du Bulletin du Comité international de la Carte photographique du Ciel, M. Mouchez appelle l'attention de l'Académie sur la Notice dans laquelle M. Isaac Roberts donne la description de l'instrument qu'il vient d'imaginer et d'essayer pour la reproduction gravée des clichés d'étoiles.
« On sait que la grande utilité de la Carte photographique des étoiles jusqu'à la 14e ou 15e grandeur et des Catalogues qu’on en déduira sera de pouvoir transmettre à une époque très éloignée de la nôtre l'image exacte du ciel actuel, afin de permettre au temps de rendre assez grand le déplacement si lent des étoiles pour qu'on puisse déterminer leurs mouvements propres et relatifs.
« La connaissance de l'ensemble de tous ces mouvements à peine sensibles dans le cours d’un siècle, et qui échappent presque complètement aujourd'hui à la Science par l’incertitude d’observations très délicates insuffisamment espacées et la brièveté de la vie humaine, permettra certainement de découvrir bien des points d'une haute importance pour la connaissance de l'univers.
» L’objection la plus sérieuse qu’on avait faite à ce projet, dont on poursuit aujourd'hui très activement partout les préparatifs d'exécution, était la grande difficulté, sinon l'impossibilité de conserver et d'utiliser pendant des siècles, sans altération ni avaries, de si fragiles clichés avec leur délicate couche sensible. Leur reproduction sur papier ne pouvait donner d'ailleurs une garantie d'exactitude et de durée suffisante pour qu'on pût y avoir recours.
« L'instrument que vient dimaginer M. Isaac Roberts, et qu'il désigne sous le nom de pantograveur stellaire, permet de reporter sur une plaque métallique avec une rigoureuse exactitude en grandeur et en position toutes les étoiles contenues sur un cliché. L'opération pouvant se faire d'une manière sûre, économique et suffisamment rapide, il devient donc possible de reproduire sur métal en autant d'exemplaires qu'on le voudra tous les clichés de la Carte du Ciel, et l’on pourra également en tirer un nombre indéfini d'exemplaires sur papier pour en vulgariser l'usage.
» Si, comme tout permet de le croire d’après les essais déjà faits avec le premier appareil qui a été construit, le problème est aussi complètement résolu, c'est un nouveau et grand service qu’aura rendu à l'Astronomie M. Roberts, auquel on doit déjà les magnifiques photographies de nébuleuses dernièrement présentées à l’Académie.
« Ce 3e fascicule contient également un très intéressant Mémoire de M. Van de Sande Bakhuyzen, directeur de l’observatoire de Leyde, sur les nombreuses mesures qu’il a opérées sur des clichés d’étoiles de MM. Henry.
« La conclusion de ce Mémoire, conforme aux résultats semblables déjà obtenus par M. le Dr Thiele à l'observatoire de Paris en 1887, est que les clichés de MM. Henry sont susceptibles de donner les positions des étoiles avec la plus haute précision. »

1889, 7 de Maio - Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CVIII
Nº. 18
Pag. 968
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PHOTOGRAPHIE.- Observations sur l'emploi des verres colorés en Photographie.
Note de M. Delaurier.
« Les recherches de M. Lippmann, pour obtenir des photographies ayant des valeurs justes de lumière, m'ont remis en mémoire des essais infructueux que j'ai faits pour obtenir des photographies en couleurs naturelles exactes, par l'action de la lumière du soleil, en me servant tour à tour de trois verres : l'un rouge, l'autre jaune et le dernier bleu ; c'est-à-dire les trois couleurs primitives qui forment le blanc. C'était la base de mes travaux, qui, naturellement, comportaient d'autres détails trop longs et inutiles à rapporter ici.
» Dans ces expériences, j'ai remarqué que la lumière traversant un verre orangé donnait une égalité d'action photogénique pour les objets à reproduire de n'importe quelle couleur.
« Il n'y avait donc plus que la différence d'intensité lumineuse réelle qui agissait et, alors, donnait des images de valeurs justes d'ombre et de lumière.
« Lorsque le verre orangé était trop épais ou trop mince, trop chargé en couleur ou trop peu, l'action était imparfaite naturellement, puisqu'il ne passait pas assez de lumière ou qu'elle était trop blanche; alors, ici, elle donnait du bleu, qui est actif.
« C'est donc par le tàtonnement que l'on peut obtenir des résultats parfaits; mais, une fois obtenus, on pourra fabriquer des verres spéciaux qui donneront toujours de bonnes photographies. Il suffira donc de mettre un verre d'épaisseur convenable devant l'objectif, ou devant le trou sans objectif d'une chambre noire, ce que j'ai proposé il y a quelque temps et qui a été fait depuis. »

1889, 28 de Setembro - The Photographic Journal

The Photographic Journal
34ª Photographic Society of Great Britain Exhibition
at 5A, Pall Mall East from 30 September to 13 November
London
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Pag. 14
596 - Landscape (Aristotype)........................................Alfred Stieglitz
597 - Oxen (Ditto)............................................................Alfred Stieglitz
598 - Their First Photograph (Aristotype)...................Alfred Stieglitz
599 - Scene in Italy (Ditto)..............................................Alfred Stieglitz

Pag. 23
Stieglitz, Alfred, 34, Paulstrasse, Berlin, 596, 597, 598, 599

segunda-feira, 16 de março de 2009

1889, 16 de Dezembro - Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CIX
Nº. 25
Pag. 949,950, 951
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PHOTOGRAPHIE. - Sur une méthode générale de virage des épreutves photographiques aux sels d'argent, au platine et aux métaux du groupe du platine. Note de M. Pierre Mercier.

« Les essais tentés jusqu’à ce jour, pour réaliser le virage au platine des épreuves à l’argent, n'avaient pas donné de résultats satisfaisants. Avec les sels de platine au maximum, l’image est rongée et disparaît, car l'argent qui la constitue passe à l’état de chlorure sans qu’un dépôt de platine vienne le remplacer

2Ag+PtCl4=2AgCl+Pt+PtCl2

« Mais, si l'on prend une solution de sel de platine au minimum, et que, contrairement au mode de préparation des virages à l'or, on y ajoute an acide, minéral ou organique, celui-ci diminuant probablement la stabilité du sel platineux en présence de l’argent, les épreuves plongées dans la solution virent rapidement jusqu’au noir, en passant par des tons pourpres très agréables. Deux atomes d'argent sont remplacés par un atome de platine

2Ag+PtCl2=2AgCl+Pt+Pt

« Les sels des métaux appartenant au groupe du platine donnent des résultats semblables. Le palladium, l’iridium, l'osmiuim fournissent, dans les mêmes conditions que le platine, des virages particuliers, et le mode général de préparation de ces bains peut être résumé dans la règle suivante, qui ne paraît pas souffrir d'exception:

« Tout virage au platine ou aux métaux du groupe du platine doit être acide et avoir pour base un sel au minimum.

VIRAGE AU PLATiNE.
« Virage aux chloroplatinites. - Les chloroplatinites solubles, très stables, donnent d'excellents bains de virage. Tous les chloroplatinites alcalins peuvent être employés.
Je donnerai comme type, la formule suirante:

Chloroplatinite de potassium.............1
Acide sulfurique pur……………………..5
Eau distillée....................................1000

dans laquelle l'acide sulfurique peut étre remplacé par tout autre acide, minéral ou organique.
« Cependant il est à remarquer que l'acide chlorhydrique, donnant (ainsi que les chlorures) de la stabilité aux chloroplatinites, ne doit être employé qu'à dose de 1gr à 3gr par litre; il est à remarquer également que les acides organiques réducteurs, comme les acides formique, tartrique, oxalique, ne donnent que des bains de virage se conservant fort peu de temps, surtout à la lumière.
« Virage au chlorure platinique. - On peut préparer directement des bains de virage avec le tétrachlorure de platine, en le traitant, en présence de la lumière ou de la chaleur, par un réducteur approprié, comme les tartrates, les hypophosphites, le tannin, etc. Mais, pour que le bain puisse conserver longtemps son activité première, il ne faut employer que la quantité de sel réducteur strictement nécessaire pour ramener le chlorure platinique à l’état cle chlorure platineux.
« Ainsi l’on prépare un excellent bain de virage, en faisant bouillir dans un ballon de verre une solution de 2gr de chlorure platinique avec 1gr de tartrate neutre de sodium, jusqu'à ce que la liqueur jaune ait pris une teinte gris terne, complétant 1gr de solution avec de l’eau distillée et acidulant convenablement.

VIRAGE AUX MÉTAUX DU GROUPE DU PLATINE.

« Virages au rhodium et au ruthénium. - Les virages au rhodium et au ruthénium ne m’ont donné jusqu'ici que des épreuves d'un ton jaune, peu différent de celui de ces mêmes épreuves non virées.
« Virage au palladium. - Une solution de 2gr de chlorure palladeux et 1gr de chlorure de sodium dans 1lit d’eau distillée, acidulée par 200gr d'acide acétique, vire rapidement jusqu'au noir les épreuves à l’argent. Mais le papier prend une teinte jaune qui, bien qu’on puisse la faire disparaître en partie par l’eau ammoniacale à 5 pour 100, réapparaît plus ou moins après le fixage et les rend peu acceptables.
« Virage à l’iridium. - Ce virage fournit des teintes à peu près semblables à celles que donne le virage à l’or. On peut le préparer en faisant une solution de 1 gr à 2gr de chlorure double d’iridium et de potassium dans 1lit d'eau distillée, et acidifiant comme à l’ordinaire. Les épreuves à l'argent virent lentement dans ce bain, mais les blancs restent très purs et l'on obtient de jolis tons violets, très doux et très agréables.
» Virage à l'osmium. - On fait la solution suivante: chlorosmite d’ammonium, lgr a 2g; acide acétique, 20gr; eau distillée, 1000grCe virage donne des résultats tout particuliers. Les épreuves, plongées dans le bain, prennent d’abord une couleur brune terre de Sienne; puis cette couleur se modifie, d'abord dans les demi-teintes de l’image, et devient d'un bleu azuré plus ou moins intense, qui envahit bientôt l'image entière. Si, au lieu de laisser les épreuves virer jusqu’au bleu, on les retire du bain au moment où cette teinte commence seulement à poindre dans les parties claires, il semble, lorsqu'on les porte ensuite dans le bain de fixage à l’hyposulfite de soude, qu'elles continuent à virer peu à peu; en les retirant du bain de fixage au moment convenable, on obtient des photographies ayant un aspect très curieux; elles présentent, outre le blanc du papier, deux tons tout différents : brun léger dans les parties foncées et bleu dans les parties peu ombrées de l'image. Avec les acides minéraux, la teinte finale donnée par le virage à l'osmium est non plus bleue, mais violet tendre, et cette teinte paraît jusque dans les blancs de l’épreuve. »

1889 - Les merveilles de l'Exposition de 1889

LES MERVEILLES DE L'EXPOSITION DE 1889
A LA LIBRAIRIE ILLUSTRÉE, 8 Rue Saint Joseph, Paris.
Pags. 563 - 566
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La Préfecture de police a exposé un de ses services les plus curieux, celui de l'anthropométrie, qui a été organisé par M. Bertillon, et qui a pour objet la notation des longueurs osseuses relevés sur un indidu: taille, longueur de la main, du pied, longueur et largeur de la tête. Il y a à la Préfecture de police 60,000 photographies de criminels à mine patibulaire. Le fonctionnement du service, le voici tel que l'expose M. Jean Sigaux.
«Nous sommes en présence de 60,000 photographies. La première division qui se présente à l'esprit est celle basée sur la taille, mais la taille peut se modifier avec les années, elle prête à la tricherie, elle se mesure mal; de plus elle ne varie couramment d'un individu à un autre que de 30 centmètres, doù il résulte que si nous admettons qu'on ne puisse la mesurer quà 3 centimètres près, nous ne pourrions établir que dix groupes différents de tailles: avec la tête, au contraire, qui se mesure à 1 millimètre près et qui varie de 30 millimètres, nous pourrons établir 30 catégories. De plus, le crâne, passé vingt ans d'âge, ne se développe plus que très légèrement. Pour ces raisons, c'est la longueur de la tête, de la concavité, de la racine du nez au point le plus saillant de la base occipitale, qui a prévalu comme division primordiale. Nous partagerons donc les 60,000 individus en trois divisions suivant la longueur, petit, moyenne ou grande, de la tête, et nous n'aurons déjà plus qu'à opérer sur 20,000 photographies-fiches. Mais l'expérience prouve que la largeur de la tête varie indépendamment de sa longueur, et cette différence nous permettra de diviser les 20,000 sujets d'une des séries ci-dessus en trois autres catégories, suivant la largeur, petite, moyenne ou grande, de leur tête, soit un peu plus de 6,000 photographies. La longueur du doigt médius donnera une troisième indication encore plus précise qui divisera à nouveau chacun des paquets de photographies précédentes en trois et le réduira à des séries de 2,000 divisées elles-mêmes, d'après la longueur du pied gauche, en trois autres de 600. Ces 600 partagées en trois, suivant la longueur de la coudée, il ne nous reste plus que 200 photographies, réduites à 70 avec la longueur de l'auriculaire, à 25 avec la taille, et à 9 ou 10 avec l'envergure des bras. C'est ainsi qu'au moyen des coefficients antropométriques, la collection des 100,000 photographies-fiches peut-être divisée en groupes d'une dizaine seulement qu'il est facile dès lors de parcourir rapidement. Supposons donc qu'on arrête un malfaiteur qui cache son nom et que l'on veuille savoir s'il a déjà été mesuré ou photographié: on prendra la longueur de sa tête, et l'on saura déjà dans quelle série de cartons on trouvera son portrait. La largeur de sa tête désignera plus spécialement un de ces cartons. La longueur du doigt médius, du pied, de la taille, l'envergure de ses bras, permettront d'arriver à l'endroit précis où doit être rangée cette photographie.»
Le service d'identification, anthropométrie et photographie, fonctionne au dernier étage d'un des pavillons du Palais de Justice, Arrivé dans la salle des gardes, le prévenu, revêtu de son pantalon et de sa chemise, est conduit dans la salle d'anthropométrie, où il est mesuré sur toutes les coutures, après quoi, dans une autre salle, où l'on prend sa photographie.
L'EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIE. - L'exposition de Photographie est fort mal placée. Elle figure dans le Palais des Arts libéraux, en compagnie d'oeuvres du plus haut intérêt sans doute, mais elle est juchée dans une galerie supérieure, et pour y parvenir, il faut franchir un grand diable d'escalier qui arrête bien des visiteurs. Tandis que la foule s'entasse au réz-de-chaussée occupé par les galeries de l'Histoire du travail, peu de visiteurs se décident à gravir les marches conduisant à la galerie et, faute de savoir où est installée la classe 12, bien des personnes se retirent, sans avoir pu découvrir la section de photographie.
Cela dit, entrons en matière.
Nous ne pourrions songer dans cette revue rapide des productions de l'art photographique réunis dans le Palais des Arts libéraux, à classer par ordre de mérite les oeuvres et leurs auteurs. C'est une tâche que nous laissons volontiers au jury chargé de distribuer en les justifiant les divers ordres de récompenses. Nous renfermant dans le cadre restreint de notre publication, nous nous bornerons à étudier l'exposition au point de vue de la science.
Il y aurait longuement à écrire, si l'on voulait traiter avec étendue toutes les applications récentes de la photographie, car cet ordre d'applications est représenté à l'Exposition avec une singulière profusion et par des produits d'une véritable perfection.
La photographie scientifique, dit M. Louis Figuier considérée dans son expression la plus élevée, c'est certainement la photographie astronomique qui, depuis dix ans, a rendu à l'astronomie physique, des services d'une importance hors ligne.
L'exécution d'une carte du ciel par des procédés photographiques sera l'une des oeuvres scientifiques les plus remarquables de la fin de notre siècle. On sait que, grâce aux progrès réalisés dans ces derniers temps par les procédés photographique, on a obtenue des images parfaites des étoiles et d'autres astres, et même on est parvenu à discerner sur les épreuves photographiques de la voûte du ciel, des étoiles qui ne sont pas visibles dans les lunettes. De là, le beau projet de constituer un tableau exact de l'état du ciel à notre époque, en répartissant la reproduction photographique de ses différentes parties entre un certain nombre d'opérations.
On examinera avec respect et admiration, à l'Exposition de photographie, les premières cartes ainsi relevées.Les frères Henry, do l'Observatoire de Paris, y font figurer les vues photographiques, prises par eux des constellations du Cygne, du Cocher, des Gémeaux et de la Lyre, premiers résultats d'un travail qui a pris aujourd'hui un grand développement et forme les premiers jalons de la carte photographique du ciel.
Une série d'épreuves d'un grand caractère de nouveauté et d'originalité est presentée par un savant officier, le commandant Moessard. Il s'agit de la fixation sur plaques sensibles de la trajectoire des étoiles. Une étoile suivie le 9 septembre par l'objectif photographique, depuis 11 heures jusqu'à 3 heures, a laissé, par suite du déplacement de la terre, une traînée lumineuse, dont la mesure pourrait, selon le commandant Moessard, servir à rectifier certaines mesures astronomiques, par exemple la latitude du lieu d'observation.
M. Janssen, que l'on peut considérer comme le maître et le créateur des méthodes photographiques actuelles appliquées à l'astronomie, a pris à l'Obervatoire de Meudon dont il est directeur, des vues des taches noires et de la surface du soleil. Cette dernière épreuve, où une tache de soleil prend l'asprct d'une noire et profonde cavité, est tellement vraie, qu'on dirait que c'est le doigt, enfoncé dans une masse molle, qui a produit ce trou ténébreux.
On ne considérera pas sans intérêt les desseins qui représentent le photo-revolver de M. Janssen, cet instrument historique, on peut le dire, qui servit à enregistrer par les procédés Daguerriens, les phases successives du passage de Vénus sur le disque du soleil.

Qui aurait jamais pensé que les éclairs qui sillonnent le ciel aux jours d'orage pourraient être saisis et conservés par la plaque sensible? Ce tour de force a été accompli d'abord par un photographe de Passy, M. Moussette, qui a envoyé à l'Exposition les curieux spécimens de ses divers travaux. De son côté, le commandant Moessard a photographié des éclairs et l'on voit dans la première salle de l'exposition les éclairs de la journée du 24 juillet 1888, photographiés par ce savant à côté des épreuves semblables faites par M. Moussette pendant les orages du 12 mai 1886, du 25 juin 1887 et du 30 juin 1888. L'éclair a laissé sa trace par une ligne sinueuse qui ressemble absolument à celle que fournit l'étincelle des machines électriques à frottement, preuve nouvelle, si cela était nécessaire, de l'identité de l'étincelle électrique et de la foudre.

La photographie instantanée, la plus belle conquête et le couronnement de l'art qui nous occupe, est largement représentée à l'Exposition. Toutes les applications de la photographie extra-rapide se voient dans les cadres des photographes ou des savants qui ont appliqué la photographie instantanée à différentes études de corps et mouvement.
Au premier rang des physiologistes qui se sont caractérisés en ces travaux, se trouve, on le sait, le professeur Marey, qui a pu élucider beaucoup de questions controversées par des séries sucessives d'épreuves instantanées. M. Marey a réuni dans un cadre les spécimens de ses photographies instantanées les plus intéressantes. On saisit les attitudes sucessives d'un sauteur franchissant une corde, d'un enfant jouant au saut-de-mouton, au ballon ou à la corde. Un détachement de soldats passe devant une séries d'objectifs convenablement disposés, et M. Marey nous montre tout le peloton, une jambe en l'air. Nous donnerons une idée des ressources de la photographie instantanée por les opérations de ce genre en disant que M. Marey peut prendre vingt épreuves dans une seconde et qu'il est même arrivé à prendre jusqu'à 50 par seconde.
La physiologie a empruté les secours de la photographie instantanée pour saisir divers mouvements musculaires trop fugitifs pour être fixés par le dessein. Sous ce rapport, M. Albert Londe, directeurdu service de la photographie à l'hospice de la Salpêtrière, a trouvé nombre d'occasions de mettre à profit son habilité. Dans le service du Dr. Charcot, M. Albert Londe a pris une série de vues de contractions musculaires propres à la catalepsie. Il a également fixé sur la plaque les attitudes de femmes en proie à des attaques hystériques ou épileptiformes.
Le même M. Londe montre par quelques échantillons les avantages de la photographie judiciaire, qui est pratiquée au dépôt de la Préfecture de police de Paris. Il y a là une jolie série de gredins dont la police tient les portraits en réserve dans ses cartons, prête à les fournir à dame Justice.
Une des plus intéressantes applications de la photographie instantanée se trouve dans les images de la terre prises du haut d'un ballon. Avant l'invention du gélatino-bromure d'argent, qui donne une impression lumineuse dans un intervalle de temps prodigieusement court, c'est-à-dire dans des fractions de secondes, on n'avait pu songer sérieusement à photographier la terre ou à lever un plan du haut d'un ballon. Aujourd'hui cette opération est devenue facile. M. Nadar fils et M. Gaston Tissandier mettent sous les yeux du public des photographies prises par eux du haut d'un aérostat. M. Nadar expose les vues de Champigny, du parc de Saint-Maur, de Versailles, etc... M. Gaston Tissandier expose des vues semblables transformées en gravures. Nous signalerons spécilement une gravure donnant l'aspect de la terre du haut d'un ballon, d'après les épreuves photographiques de M. Gaston Tissandier. Une société d'amateurs, d'excursionnistes en photographie a d'ailleurs réuni dans un seul cadre une série d'épreuves photographiques prises en ballon que le visiteur examine avec curiosité.
Au parc de l'aérostation militaire de Meudon, on se livre souvent à des levés de plans et à des vues de terrains de remparts ou de fortifications. Dans ses ascensions aérostatiques, M. le commandant Renard a pris un grand nombre de vues de ce genre que lon retrouve à l'Exposition. Telles sont les vues de la ville de Senlis, de Compiègne, de Cherbourg, une vue des Champs--Élysées, etc...
Des levés topographiques les accompagnent et donnent des spécimens curieux de ce nouveau moyen topographique.
Une intéressante application de la photographie instantanée, c'est la production extra-rapide des portraits, et, comme conséquence, la facilité acquise aujourd'hui de photographier les gens malgré eux. Les appareils de poche et les appareils à main abondent aujourd'hui dans le commerce de l'optique photographique. Aussi, voit-on dans les vitrines des expositions une interminable série de ces appareils, qui permettent de saisir au vol, pour ainsi dire, un paysage, un monument, un portrait.
L'appareil à main tend de plus en plus à s'introduire dans les habitudes des amateurs de photographie. On peut, grâce à ces minuscules instruments, opérer instantanément et, pour ainsi dire, sans s'arrêter dans sa marche. Il est possible, en effet de saisir et de fixer le portrait d'une personne sans qu'elle soit aucunement prévenue.
L'appareil de poche a un objectif toujours prêt á fonctionner et une chambre obscure disposée de telle sorte que l'opérateur n'ait qu'à viser l'objet, et à lâcher la détente, qui découvre l'obturateur. C'est un fusil chargé toujours prêt à partir à la volontè du chasseur.
Les appareils de poche ou à main sont nombreux aujourd'hui, ce qui ne veut pas dire qu'ils soient parfaits. Nous les signalons seulement pour donner une idée des immenses progrès de la photographie et de la révolution qui s'est faite dans cet art, depuis qu'il est sorti des mains de Niepce et de Daguerre. On a peine à croire que la photographie, telle qu'elle existe aujourd'hui, ait eu pour origine les ébauches de ses premiers créateurs.
Les agrandissements d'épreuves ne nous ont présenté rien de particulièrement neuf. M. Malteni expose son appareil, aujourd'hui si généralement répandu, pour l'agrandissementdes épreuves et des projections, et M. Nadar présente des spécimens d'agrandissement tout à fait remarquables.
Une des curiosités qui frappent le plus les amateurs de photographies, c'est la photographie sans objectif, c'est-à-dire la manière d'obtenir une photographie à travers un trou d'épingle, sans faire usage d'appareil d'aucun genre. Le capitaine Colson s'est fait un nom dans cet ordre si original de travaux. Il y a, selon cet opérateur, une dimension de trou qui donne un maximum d'effet, pour chaque cas particulier. L'adresse de l'opérateur consiste à reconnaître les dimensions précises à donner à l'orifice lumineux, pour obtenir l'effet dont il s'agit, effet qui, d'aprés les épreuves exposées par le capitaine Colson, n'est paradoxal qu'en apparence.

Un intérêt de premier ordre s'attachait à apprécier, à l'Exposition, les progrés de la gravure photographique, c'est-à-dire de l'emploi des procédés photographiques, pour remplacer la gravure sur bois et les métaux.
Aujourd'hui, l'imprimerie fait un emploi considérable de la photographie appliquée à produire les clichés en relief, soit en zinc, soit en cuivre. Les livres de sciences, d'art ou d'industrie sont maintenant remplis de gravures qui viennent éclairer et compléter les descriptions de l'auteur. Les ouvrages de pure imagination ont même recours aux illustrations, le récit a bien plus d'attrait, quand un dessinateur de talent vient presque à chaque page, mettre pour ainsi dire le sujet du récit sous nos yeux. A quelles dépenses n'aurait pas entraîné ce déluge d'illustrations, s'il eût fallu employer comme autrefois la gravure sur bois. La gravure par la photographie a permis de supprimer le plus souvent, les deux intermédiaires entre la création el l'exécution de l'oeuvre, c'est-à-dire le graveur sur bois, et quelque fois le dessinateur lui- même.
Il était donc fort important de connaître l'état actuel de la gravure photographique.
Les moyens d'obtenir des clichés en relief applicables à la typographie, c'est-à-dire donnant des desseins que l'on tire en typographie, en même temps que les pages de texte, ce qui procure une économie considérable, peuvent être réduits à deux:

1º La production d'un cliché en relief en zinc, qui rend avec une fidélité rigoureuse, le dessin tracé par l'artiste;
2º La production d'un cliché en relief, en cuivre, qui rend très fidèlement une vue photographique quelconque, paysage, portrait, monument etc... sans aucune intervention du dessinateur.

Le premier cas de ces procédés s'appelle gillotage, du nom de l'inventeur Gillot; le second porte le nom de photogravure directe.
Tels sont les deux procédés qui servent à donner les clichés en relief applicables aux tirages photographiques.
Quant aux procédés permetant d'obtenir des gravures en taille-douce, c'est-à-dire des plaques portant la gravure en creux, ils ont beaucoup perdu de leur importance. La gravure typographique (gillotage et photogravure directe) joue maintenant un très grand rôle dans l'imprimerie, tandis que la photolithographie et la gravure photographique en creux ne trouvent ne trouvent que de rares débouchés. Tandis que la plupart des ouvrages de science et d'art se remplissent de gravures dérivant de la photographie et s'imprimant avec le texte, au contraire les photographies et les gravures en taille-douce qu'ilfaut tirer à part, et qui dès lors, reviennent à un prix élevé ne se voient que très rarement dans les publications des éditeurs et ne servent qu'à des besoins vraiment artistiques.
Tous les produits de la gravure photographique, soit qu'ils présentent une utilité commerciale par le guillotage et la gravure photographique en relief, ou qu'ils répondent à des besoins purement artistiques par la gravure en creux, sont très largement représentés à l'Exposition actuelle.
M. Gillot fils, M. Michelet, M. Ch. Petit présentent de magnifiques spécimens de guillotage.
M. Dujardin produit, on le sait, d'adorables oeuvres par la gravure en creux. M. Lumière, de Lyon, s'est également distingué par l'exécution de gravures photographiques.
Ce serait une tâche trop délicate que de chercher à décerner la palme à l'un ou à l'autre de ces divers artistes. Le jury de l'Exposition nous a éclairé sur la valeur comparée de leurs oeuvres. Il nous a dit en même temps quels progrès a fait récemment la gravure photographique et l'avenir qui peut lui être réservé dans l'industrie et les arts.
Autrefois le procédé employé pour imprimer un dessin était le suivant: l'artiste dessinait son sujet sur une plaque de bois très dur, du buis; le graveur à l'aide d'instruments spécieux, taillait ce bois, le creusait de lignes, évidant les parties claires du dessin, laissant en relief les parties sombres. Puis, ce bois enduit d'encre d'imprimerie servait à obtenir des épreuves du dessin. Au bout de très peu de temps, le bois se fatiguait, les traits délicats, continuellement pressés, finissaient par s'écraser, et la gravure ne pouvait plus être reproduite.
Alors apparaît l'électrotypie. Le bois gravé n'est plus porté á la presse d'imprimerie. Une couche de cire coulée sur ce bois prend l'empreinte de la gravure, et cette empreinte, portée dans un bain galvanoplastique, se recouvre d'un dépôt de cuivre reproduisant absolument tous les détails du bois gravé. Lorsque ce dépôt a atteint une certaine consistance, il est monté sur une plaque de bois, mis sous la presse d'imprimerie, et les épreuves sont obtenues. Ce cliche métallique, beaucoup plus dur et plus résistant que le bois, donne beaucoup plus d'épreuves avant d'être fatigué. De plus, le bois original, conservé, peut donner autant de clichés que l'on veut et la vente de ces clichés constitue une source de bénéfices. Mais là, comme précédemment, l'oeuvre de l'artiste, son dessin qui, souvent, est de grande valeur, se trouvait détruit par le graveur.
La photographie a changé tout cela. L'artiste exécute son travail sur du papier, au crayon et au pinceau. Ce dessin est alors livré au graveur qui commence par le photographier sur bois. La photographie présente un immense avantage: elle permet d'agrandir ou de réduire le dessin. Dans la pratique, on n'agrandi jamais, mais la réduction d'un grand dessin est une opération de chaque jour. Le bois portant une reproduction exacte du dessin original est alors gravé par la méthode habituelle, puis cliché. Cette fois-ci, l'oeuvre de l'artiste est restée intacte et possède une valeur dépendant du talent de son auteur.
Mais ce n'est pas le seul changement introduit par la photographie dans l'art du graveur. Une grande partie des gravures qui illustrent nos journaux ont été dessinées et photographiées, puis portées à l'imprimerie sans avoir passé par les mains du graveur. Il semble assez extraordinaire que l'image fragile formée par la lumière sur la plaque de verre de la chambre noire, image si fragile qu'elle est souvent détruite par un attouchement maladroit, puisse être changée en une plaque métallique assez dure et résistante pour qu'on en obtienne facilement des milliers de copies. Ce n'est cependant que la pure vérité, et la plupart des gravures qui illustrent nos romans n'ont point passé par les mains du graveur. Les journaux quotidiens donnent de temps à autre des dessins gravés ainsi par des moyens mécaniques, et, un jour ou l'autre, grâce aux progrès incessants de cet art, nous verrons se créer un journal illusté quotidien.
Le procédé qui permet de reproduire directement les dessins est assez simple.
Il repose sur la propriété qu'ont certains sels chimiques, comme le bicromate de potasse, de rendre la gélatine ou autres substances colloides insolubles dans l'eau chaude après leur exposition à la lumière. Nous allons indiquer rapidement la marche de l'opération.
Tout d'abord une solution chaude de gélatine et d'eau est chargée de bichromate de potasse. Ce mélange est étendu au pinceau sur une feuille de papier qui est ensuite mise à sécher dans un appartement obscur. Pendant ce temps, une image négative du dessin a été prise sur une plaque de verre; les traits noirs du dessin sont clairs et les parties blanches sont obscures. Ceete épreuve négative est portée sur la feuille de papier recouverte de la couche de gélatine; puis le tout est exposé à la lumière pendant quelques minutes. Les seules portions de la gélatine qui reçoivent les rayons lumineux sont celles qui correspondent aux traits noirs du dessin, l'épreuve négative n'étant transparente que pour ces parties.
Quand le temps d'exposition a suffisamment duré, tout l'appareil est transporté dans une pièce obscure ou éclairée seulement par une lumière rouge qui n'a aucune action sur les produits chimiques employés. Le papier est alors recouvert d'une couche uniforme d'encre grasse et transporté dans un bain d'eau chaude. Certaines parties de la gélatine bichromatée ont été rendus complètement insolubles par l'action de la lumière et ces parties correspondent aux lignes noires du dessin. Le reste de la surface est entièrement soluble dans l'eau chaude et commence immédiatement à se dissoudre. En quelques minutes le travail est achevé et le dessin original se révèle en lignes insolubles couvertes d'encre grasse. Une plaque de zinc est appliqué sur cette gélatine et l'image du dessin s'y imprime. Le zinc est plongé dans un bain acidulé et le métal qui n'est pas recouvert par l'encre grasse est attaqué aussitôt: le dessin s'y trouve ainsi gravé en relief. Cette plaque de zinc peut être alors montée sur une pièce de bois et mise directement dans la presse d'imprimerie. On peut aussi en prendre des empreintes à la cire pour en tirer un nombre de clichés indéfini. Le prix de revient d'une telle gravure est infiniment moins élevé que celui d'un bois gravé à la main.

Nous voyons donc qu'une gravure peut être mise sous la presse d'imprimerie sans avoir passé par les mains du graveur. Il a suffi l'action de la lumière et de certaines opérations chimiques ou mécaniques. Un bois peut être exécuté soit au moyen de lignes, soit au moyen de points, soit par une combinaison des deux procédés. Beaucoup d'essais ont été tentés pour arriver a combiner ces deux méthodes de façon à reproduire les demi-tons. Le meilleur procédé consiste peut-être à employer un papier spécial pour le bois original. Une des faces de ce papier est couverte de lignes noires parallèles, semblables à celles par lesquelles les graveurs représentent un ciel pur. Sur ce papier l'artiste dessine à la plume comme sur du papier ordinaire. De plus, avec un bon canif, il peut gratter le papier de façon à le rendre absolument blanc. Les portions grattées représentent les parties claires du dessin, les traits à la plume sont les ombres les plus marquées, les lignes primitives du papier restées intactes donnent les demi-tons. D'autres effects peuvent être obtenus avec des papiers quadrillés de différentes manières.

La production de ces «gravures au procédé», commo on les appelle pour les distinguer des gravures sur bois, est devenue une branche importante d'industrie. Les épreuves obtenues n'ont généralement pas la beauté des gravures sur bois; mais employé par des artistes exercés, ce procédé a donné des résultats excellents. D'ailleurs on s'attache à le perfectionner chaque jour, et les résultats obtenus sont de plus en plus satisfaisants.
Ce qui nous a frappé, et ce que nous voulons faire ressortir en terminant, c'est précesément le caractère éminemment artistique que présentent beaucoup de ces gravures, obtenus par la photographie. Il nous semble qu'à l'heure qu'il est la photographie s'arrache aux sentiers battus du mercantilisme, et s'élève dans une région plus haute, qu'elle arrive, sans prétendre à remplacer la gravure à constituer (toutefois sur une échelle inférieure) une forme particulière de cette manifestation de l'art.
Aujourd'hui, l'appareil photographique nous apparaît comme un moyen nouveau dont nous pouvons disposer, un procédé, jusqu'ici sans analogue, pour traduire matériellement l'impression que fait sur nous l'aspect de la nature. Jusqu'ici l'artiste a eu à sa disposition le pinceau, le crayon, le burin, la surface lithographique; il a de plus maintenant l'objectif de la chambre obscure.
L'objectif est un instrument comme le crayon ou le pinceau; la photographie est procédé comme le bois et la gravure, car ce qui fait l'artiste, c'est le sentiment et non le procédé. Tout homme heureusement et convenablement doué peut donc obtenir les mêmes effects avec l'un quelconque de ces de ces moyens de reproduction.
Aux personnes que cette assimilation pourrait surprendre, nous ferons remarquer qu'un photographiste habile a toujours la manière propre tout aussi bien qu'un dessinateur ou un peintre, de telle sorte qu'avec un peu d'habitude on reonnaît toujours au premier coup d'oeil l'oeuvre de tel ou tel opérateur, et, bien plus, le caractère propre à l'esprit artistique de chaque nation se décèle avec une singulière et frappante évidence dans les oeuvres sorties des différents pays. Vous devineriez d'une lieue un paysage photographique dû à un artiste anglais, à sa couleur froide guindée et monotone; à la presque identité qu'il présente avec une vignette anglaise. Jamais un photographiste français ne pourra être confondu sous ce rapport, avec un de ses confrères d'outre-Manche.
Nous ajouterons que l'individualité de chaque photographe demeure toujours reconnaissable dans son oeuvre. Faites reproduire par différents opérateurs, un même site naturel, demandez à différents artistes le portrait de la même personne, et aucunne de ces oeuvres reproduisant partout un modèle identique ne ressemblera à l'autre; dans chacune d'elles, tout ce que vous connaîtrez, c'est la manière ou plutôt le sentiment de celui qui l'a exécutée.
Si donc l'objectif n'est qu'un instrument de plus dont nous disposons pour traduire l'aspect de la nature, si le photographe conserve dans ses oeuvres son individualité, sa manière propre, le sentiment qui le distingue et l'anime, on est bien forcé de reconnaître que la photographie fait véritablement partie du domaine des beaux-arts. Au lieu de n'y voir qu'un simple mécanisme à la portée du premier venu, il faut donc s'efforcer de la pousser plus avant encore dans la direction artistique; il faut applaudir aux efforts de ceux qui travaillent dans cet esprit élevé et souhaiter que leur exemple trouve beaucoup d'imitateurs.

Nous avons signalé les plus intéressantes nouveautés que l'on rencontre dans les vastes salles de l'exposition de photographie, celles qui marquent les progrés récents de ses applications aux sciences et aux arts.
Un très curieux musée rétrospectif est annexé à cette exposition. C'est une collection d'appareils qui remontent aux premiers temps et à l'origine de la photographie. Les personnes qui ont le culte des souvenirs dans les sciences et dans les arts ne verront pas sans intérêt cette évocation historique des débuts et des progès successifs de la photographie.
Les appareils et les spécimens des épreuves métalliques de Daguerre, les gravures photographiques sur papier de Niepce, de Talbot, de Bayard, sont réunis dans les premières vitrines. On voit dans d'autres les épreuves et les appareils de Niepce de Saint-Victor, l'inventeur du négatif sur verre albuminé. Plus loin, se trouvent les appareils de Poitenir (1), un des maîtres de cet art, inventeur du procédé à la gélatine chromatée, qui a servi de point de départ et serve encore de base à la gravure photographique
Cette collection qui forme comme une histoire de la photographie est d'un intérêt sans égal. Or, on ne peut se défendre d'un sentiment de surprise, si l'on met en parallèle la première ébauche de Daguerre et de Niepce avec les épreuves merveilleuses que nous avons aujourd'hui. Du daguerréotype, qui exigeait un temps considérable de pose et ne donnait qu'une image fugace et unique aux appareils qui produisent une image permanente en un cinquantième de seconde, qu'elle merveilleuse enjambée!...

(1) Deve trata-se de Poitevin (nota minha)