quarta-feira, 3 de junho de 2009

1856, 3 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XLIII
Nº. 18
Pag. 874, 875, 876, 877, 878, 879
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PHYSIQUE APPLIQUÉE – Mémoire sur la gravure héliographique sur marbre et sur pierre lithographique ; par M. Niepce de Saint-Victor.

§ Ier– Gravure sur marbre et sur pierre lithographique comme ornement.

« Ayant eu l’idée d’appliquer mon vernis héliographique sur marbre pour faire de la gravure en creux et en relief, j’ai obtenu des résultats qui, je crois, seront d’une grande ressource pour les marbriers-sculpteurs, lorsqu’ils voudront orner les marbres qu’ils emploient à faire des pendules, des socles de bronzes d’arts, des presse-papiers, et même des cheminées.
» Tous les marbres ne sont pas convenables à ce genre de gravure, parce qu’ils doivent être durs, d’un graïn trés-fin et d’une seule couleur, conséquemment sans taches ni veines, comme sont, par exemple, le marbre noir fin et les calcaires lithographiques jaunes et bleus employés par les marbriers-sculpteurs. Le marbre blanc de Carrare n’est pas trés-propre à la gravure, parce que, quoique très-dur, il est d’un grain trop gros; cependant il peut être employé pour former, des mosaïques, en y gravant des ornements à gros traits et à teintes plates.
» Cette nouvelle application du vernis héliographique m’a fait étudier les bitumes de Judée, et je crois apporter un grand perfectionnement au procédé de la gravure hélkgraphique en donnant les moyens de préparer avec certitude un excellent vernis. La difficulté du procédé tient à la difficulté même d’avoir un vernis qui donne toutes les demi-teintes dans la reproduction d’une épreuve photographique ou d’une gravure, en même temps que la résistance à l’action de l’eau-forte. Aujourd’hui j’obtiens ce résultat par l’expérience que j’ai acquise, et qui me permet de distinguer facilement le bitume convenable pour obtenir ces deux effets.
« Je distingue trois sortes de bitumes de Judée: 1º celui qui vient incontestablement de Judée. L’échantillon que je possède, je le dois à l’obligeance de M. Guibourt, de 1’Ecole de Pharmacie. Ce bitume a la cassure vitreuse, brillante comme du jais, et n’exhalant presque aucune odeur, à moins d’être chauffé; dans ce cas, il a une légère odeur de bitume de momie. Pulvérisé, il est d’un brun marron foncé. Ce bitume est le plus sensible de tous à s’impressionner à l’air et à la lumière; très-bon pour opérer dans la chambre obscure, quand toutefois il n’est pas trop sensible, parce que dans ce cas iI produit des images trop voilées.
« Dans le commerce de Paris on trouve deux sortes de bitumes, qui se distinguent par des caractères particuliers, et qui diffèrent par leur degré de sensibilité. A l’action de l’air et de la lumiére, l’un est très-sensible et l’autre l’est très-peu.
» Il y a, entre ces deux variétés, des bitumes de différents degrés de sensibilité.


§ II - Vernis pour ornement des marbres, et pour toutes les opérations par contact.

» Je prends pour cela le bitume le plus lent à s’impressionner à l’air et à la lumière; je compose mon vernis de 4 grammes de bitume dans 80 de benzine et 10 d’essence de citron, comme je l’ai dit dans mon Traité de gravure héliographique sur acier, auquel je renverrai pour tous les détails des opérations. Ce Traité se trouve chez l’éditeur Victor Masson. Ce vernis, composé de bitume très-peu sensible à la lumière, a l’avantage de donner toutes les demi-teintes; mais il ne résisterait pas à l’action de l’eau-forte si, avant de l’employer, on ne l’exposait pas un quart d’heure ou une demi-heure au soleil, et même plus, selon l’intensité de la lumière, ce qui lui donne de la résistance en même temps qu’un peu de sensibilité; mais il faut éviter de le rendre trop sensible, parce qu’il ne donnerait plus de demi-teintes. On peut aussi donner de la résistance au vernis en le conservant au moins à une faible lumière diffuse, et ce dernier moyen est peut-être préférabIe, en ce qu’il donne de l’imperméabilité au vernis sans lui donner une trop grande sensibilité. Si un vernis devient trop sensible, et que par ce fait il ne donne plus que des images voilées, on peut y ajouter un peu de nouveau bitume, en même temps qu’une certaine quantité de benzine et d’essence pour ramener le vernis au même degré de fluidité; on obtient ainsi un bon vernis. Les bitumes les plus sensibles à la lumière sont ceux qui offrent naturellement le plus de résistance à l’eau-forte; mais, comme ils ne donnent que des images voilées, ils ne sont bons que pour opérer dans la chambre obscure, et pour cela il ne faut faire entrer que 2 grammes de bitume dans la composition du vernis. Ce même vernis peut être employé avec avantage pour la reproduction par contact des dessins d’ornements à teintes plates. Je dirai également, dans l’intérêt des graveurs à l’eau-forte, que le bitume le plus sensible est le meilleur pour composer le vernis pour graver à la mécanique; et le bitume le plus lent à s’impressionner est préférable pour la gravure ordinaire.
» Maintenant, je suppose opérer sur une tablette de marbre ou de pierre lithographique. La pierre étant parfaitement polie et nettoyée avec de la benzine, et de l’alcool pour terminer, je la recouvre d’une couche de vernis héliographique, et, lorsqu’elle est séche, j’applique dessus soit un dessin d’ornement, soit une épreuve photographique (positive) sur verre albuminé ou sur papier mince; les dessins d’ornement doivent être imprimés sur papier de Chine, ou très-mince comme celui que l’on emploie en photographie, ce qui est préférable au papier de Chine, parce qu’il faut décoller celui-ci, qui est toujours appliqué sur papier fort, et, de plus, le décolorer en le plongeant dans l’eau de Javel, afin que la lumière agisse librement sur le vernis, qui doit préserver le fond du dessin à reproduire.
» Je préviens que l’exposition à la lumière doit être plus prolongée que lorsqu’on opére sur métal, surtout pour les épreuves sur marbre noir; car il en est de la couleur des pierres comme de celle des métaux, que j’ai signalés dans mon Traité de gravure héliographique, et je dirai de plus que, toutes choses égales d’ailleurs, l’action de la lumière est beaucoup plus lente sur pierre que sur métal.
« L’application du dissolvant et le lavage se font comme si on opérait sur métal; mais je recommande bien de ne jamais employer le dissolvant avant que la pierre soit refroidie, parce que si elle a été longtemps exposée aux rayons solaires, elle aura acquis souvent une très-forte chaleur, qui ferait que dans cet état le vernis se détacherait en versant l’eau pour en arrêter l’action, à moins de prendre de l’eau à la température de la pierre.
» La morsure des marbres se fait ainsi: on prend de l’eau acidulée d’acide azotique (qui est préférable à tous les autres) très-étendu d’eau, car il est préférable de prendre un acide faible et de prolonger son action plus longtemps.
« S’il s’agie, par exemple, de graver une épreuve photographique, on ne fera qu’une faible morsure afin de conserver toutes les finesses et les demi-teintes de l’image. Il suffit dans ce cas d’un faible creux pour dépolir la pierre et donner une image par réflexion de lumière comme dans l’image daguerrienne.
« Si l’on grave un dessin d’ornement qui n’ait que des teintes plates, on fera une morsure beaucoup plus profonde, afin que les creux puissent retenir solidement les corps étrangers que l’on y introduira pour faire ressortir le dessin., tels que dorure, mastics ou encres grasses de différentes couleurs.
» Pour creuser très-profondément un dessin d’ornement qui n’a que des teintes plates, on peut employer le rouleau pour vernir une seconde fois la pierre; on fait alors mordre de nouveau, et, en répétant cette opération, on peut obtenir des creux très profonds. A cet effet, j’ai découvert un nouveau moyen, qui m’a toujours réussi lorsqu’il était employé dans de bonnes conditions : il consiste à recouvrir l’épreuve d’une seconde couche de vernis héliographique, à l’exposer de nouveau à la lumière pendant un temps suffisant pour consolider le vernis, et verser ensuite le dissolvant, qui vient enlever le vernis dans tous les creux obtenus par la première morsure.
« Lorsque l´on fait mordre une épreuve héliographique sur marbre, on juge l’action de l’eau-forte de la manière suivante : Si l’eau acidulée attaque la pierre calcaire, il se produit une multitude de petites perles ou bulles d’air produites par l’acide carbonique qui se dégage à mesure que la morsure se fait ; il faut que cette effervescence soit très-faible, car, si elle est forte, c‘est une preuve que l’eau est trop acidulée: la morsure, dans ce cas, se fait trop vite, elle devient promptement trop forte pour certains sujets où il ne faut qu’une faible morsure, et pour cela il faut suivre avec un loupe l’action de l’eau-forte, afin de pouvoir l’arrêter à temps.
« Quant à la résistantie du vernis, j’ai indiqué les moyens de l’obtenir, et, pour s’en assurer, il est bon de faire quelques essais de son vernis, sans cela il est impossible d’opérer avec certitude; de même qu’il faut par un coup d’oeil exercé juger si le temps d’exposition à la lumière a été convenable sous tous les rapports, enfin si l’épreuve réunit toutes les conditions d’une bonne morsure; car sur marbre il faut obtenir des résultats complets, sans qu’il y ait besoin de la moindre retouche. Tels sont les spécimens que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie.
« Je reviens a mon sujet. En placant dans la chambre noire une tablette de marbre ou de pierre lithographique, on obtient un dessin d’après nature, et si, dans ce las, on reproduit un bas-relief ou un médaillon, on aura un efet de relief des plus frappants, surtout en ne faisant q’une faible morsure. On peut en juger par la reproduction du médaillon de S. M. l’Impératrice, que j’ai reproduit ainsi.
» Je crois ce procédé de gravure sur marbre susceptible d’une très-grande application industrielle, parce que l’on peut varier à l’infini les effets que l’on veut obtenir.
« Dans mon opinion, une légère gravure sur marbre, dans laquelle on ne mettra rien, sera celle que l’on devra préférer: la simplicité et l’inatérabilité seront ses avantages. »
(La suite du Mémoire est renvoyée au cahier prochain, avec une Note de M. Chevreul.)

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