1839 7 de Janeiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 1 Janvier-Juin | | ||
| | |||
1839 7 de Janeiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 1 Janvier-Juin Pags. 4,5,6,7. | PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Fixation des images qui se forment au foyer d'une chambre obscure M. Arago prend la parole pour donner verbablement à l'Académie une idée générale de la belle découverte que M. Daguerre a faite, et sur laquelle la majeure partie du public n'a eu jusqu'ici que des notions erronées. Tout le monde, dit M. Arago, connaît l'appareil d'optique appelé chambre obscure ou chambre noire, et dont l'invention appartient à J.-B. Porta; tout le monde a remarqué avec quelle netteté, avec quelle vérité de formes, de couleur et de ton, les objects extérieurs vont se reproduire sur l'écran placé au foyer de la large lentille qui constitue la partie essentielle de cet instrument; tout le monde après avoir admiré ces images, s'est abandonné au regret qu'elles ne pussent pas être conservées. Ce regret sera désormais sans objet: M. Daguerre a découvert des écrans particuliers sur lesquels l'image optique laisse une empreinte parfaite; des écrans où tout ce que l'image renfermait se trouve reproduit jusque dans les plus minutieux détails, avec une exactitude, avec une finesse incroyables. En vérité, il n'y aurait pas d'exagération à dire que l'inventeur a découvert les moyens de fixer les images, si sa méthode conservait les couleurs; mais, il faut s'empresser de le dire pour détromper une partie du public, il n'y a dans les tableux, dans les copise de M. Daguerre, comme dans un dessin au crayon noir, comme dans une gravure au burin, ou, mieux encore (l'assimilation sera plus exacte), comme dans une gravure à la manière noire ou à l'aquatinta, que du blanc, du noir et du gris, que de la lumière, de l'obscurité et des demi-teintes. En un mot, dans la chambre noire de M. Daguerre, la lumière reproduit elle-même les formes et les proportions des objets extérieurs, avec une précision presque mathématique; les rapports photométriques des diverses parties blanches, noires, grises, sont exactement conservés; mais des demi-teintes représentent le rouge, le jaune, le vert, etc., car la méthode crée des dessins et non des tableaux en couleur. Les principaux produits de ses nouveaux procédés que M. Daguerre a mis sous les yeux de trois membres de l'Académie, MM. de Humboldt, Biot et Arago, sont une vue de la grande galerie qui joint le Louvre aux Tuileries; une vue de la Cité et des tours de Notre-Dame; des vues de la Seine et de plusieurs de ses ponts, des vues de quelques- -unes desbarrières de la capitale. Tous ces tableaux supportent l'examen à la loupe, sans rien perdre de leur pureté, du moins pour les objets qui étaient immobiles pendant que leurs images s'engendraient. Le temps nécessaire à l'exécution d'une vue, quand on veut arriver à de grandes vigueurs de ton, varie avec l'intensité de la lumière et, dès-lors, avec l'heure du jour et avec la saison. En été et en plein midi, huit à dix minutes suffisent. Dans d'autres climats, en Egypte, par exemple, on pourrait probablement se borner à deux ou trois minutes. Le procédé de M. Daguerre n'a pas seulement exigé la découverte d'une substance plus sensible à l'action de la lumière que toutes celles dont les physiciens et les chimistes se sont déjà occupés. Il a fallu trouver endore le moyen de lui enlever à volonté cette propriété; c'est ce que M. Daguerre a fait: ses dessins, quand il les a terminés, peuvent être exposés en plein soleil sans en recevoir aucune altération. L'extrême sensibilité de la préparation dont M. Daguerre fait usage, ne constitue pas le seul caractère par lequel sa d´rcouverte diffère des essais imparfaits auxquels on s'était jadis livré pour dessiner des silhouettes sur une couche de chlorure d'argent. Ce sel est blanc, la lumière le noircit, la partie blanche des images passe donc au noir, tandis que les portions noires, au contraire, restent blanches. Sur les écrans de M. Daguerre, et l'objet sont tout pareils: le blanc correspond au blanc, les demi-teintes aux demi-teintes, le noir au noir. M. Arago a essayé de faire ressortir tout ce que l'invention de M. Daguerre offrira de ressources aux voyageurs, tout ce qu'en pourront tirer aujourd'hui, surtout, les sociétés savantes et les simples particuliers qui s'occupent avec tant de zèle de la représentation graphique des monuments d'architecture répandus dans les divers parties du royaume. La facilité et l'exactitude qui résulteront des nouveaux procédés, loin de nuire à la classe si intéressante des dessinateurs, leur procurera un surcroît d'occupation. Ils travailleront certainement moins en plein air, mais beaucoup plus dans leurs ateliers. Le nouveau réactif semble aussi devoir fournir aux physiciens et aux astronomes des moyens d'investigation très précieux. A la demande des Académiciens déjà cités, M. Daguerre a jeté l'image de la lune, formée au foyer d'une médiocre lentille, sur un de ses écrans, et elle a laissé une empreinte blanche évidente. En faisant jadis une semblable expérience avec le chlorure d'argent, une Commission de l'Académie composée de MM. Laplace, Malus et Arago, n'obtint aucun effet appréciable. Peut-être l'exposition à la lumière ne fut-elle pas assez prolongée. En tout cas, de M. Daguerre aura été le premier à produire une modification chimique sensible à l'aide des rayons lumineux de notre satellite. L'invention de M. Daguerre est le fruit d'un travail assidu de plusieurs années, pendant lesquelles il a eu pour collaborateur son ami, feu M. Niece, de Châlons-sur-Saône. En cherchantcomment il pourrait être dédommagé de ses peines et de ses dépenses, ce peintre distingué n'a pas tardé à reconnaître qu'un brevet d'invention ne le conduirait pas au but: une fois dévoilés, ses procédés seraient à la disposition de tout le monde. Il semble donc indispensable que le Gouvernement dédommage directement de M. Daguerre et que la France, ensuite, dote noblement le monde entier d'une découverte qui peut tant contribuer aux progrès des arts et des sciences. M. Arago annonce qu'il adressera à ce sujet une demende au Ministère ou aux Chambres, dès que M. Daguerre, qui a proposé de l'initier à tous les d'étails de sa méthode, lui aura prouvé qu'aux admirables propriétés dont les résultats obtenus sont une manifestation si éclatante, cette méthode joint, comme l'annonce l'inventeur, le mérite d'être économique, d'être facile, de pouvoir être employée en tout lieu par les voyageurs. « M. Biot déclare s'associer complétement à l'exposition que M.Arago vient de faire des étonnants résultats obtenus par M. Daguerre. Ayant eu plusieurs fois l'avantage de les voir, et d'entendre M. Daguerre raconter quelques-unes des nombreuses expériences qu'il a faites sur la sensibilité optique de la préparation qu'il est parvenu à composer, M. Biot pense avec M. Arago qu'elle fournira des moyens aussi nouveaux que désirables pour étudier les propriétés d'un des agents naturels qu'il nous importe le plus de connaître et que jusqu'ici nous avions si peu de moyens de soumettre à des épreuves indépendantes de nos sensations. Et il ne peut exprimer mieux sa pensée sur cette invention qu'en la comparant à une rétine artificielle mise par M. Daguerre à la disposition des physiciens. » |
- ACONTECIMENTOS - ANTOLOGIA – CRONOLOGIA – MISCELÂNIA - NOTÍCIAS - ... – SEC. XIX (Desde 1971, que tenho recolhido em diversas publicações e jornais de época, textos e informações diversas, de assuntos referentes à Fotografia, num período que limitei até ano de 1900,constituindo uma cronologia e antologia. Dada a enorme quantidade de informação que recolhi, este blog encontra-se em ainda organização.)
segunda-feira, 30 de agosto de 2010
1839, 7 de Janeiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1839, 4 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 4 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 5 Janvier-Juin 1839 Pags.170,171,172,173, 174. | PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Procédé de M. DAGUERRE M. Arago annonce que M. Talbot, physicien anglais de beaucoup de mérite, lui a écrit au sujet du procédé de M. Daguerre. M. Arago s'est trouvé d'abord quelque peu embarassé sur la question de savoir si M. Talbot désirait que sa lettre fût communiquée à l'Académie; mais il n'a plus conservé de doute dés qu'il a vu qu'une seconde expédition de la même lettre avait été adressée à M. Biot. Voici textuellement ce que M. Talbot mande aux deux académiciens: « Londres, le 29 janvier 1839. « Messieurs , « Dans peu de jours j'aurai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, une réclamation "formelle de priorité, de l'invention annoncée par M. Daguerre dans ses deux points principaux: « (I.) La fixation des images de la camera obscura; « (2.) La conservation subséquente de ces images, de sorte qu'elles peuvent soutenir le plein "soleil. « Très occupé, en ce moment, d'un Mémoire sur ce sujet, dont la lecture sera faite à la "Société royale après-demain, je me borne à vous prier d'agréer l'expression de toute ma "considération. « H. F. Talbot , "Membre de la Société royale de Londres." M. Talbot, dit M. Arago, est un esprit trop éminent, un trop bon logicien, pour vouloir, dans une question de priorité, tirer parti du Mémoire dont il était très occupé à la date du 29 janvier 1839, contre une communication académique de M. Daguerre qui remonte à plus d'un mois. M. Talbot doit incontestablement posséder d'autres titres. Voici quelques détails qu'il sera appelé à discuter: La première idée de fixer les images de la chambre obscure ou du microscope solaire sur certaines substances chimiques, n'appartient ni à M. Daguerre ni à M. Talbot. Nous aurons à rechercer plus tard, si M. Charles, de l'Académie des Sciences, qui faisait des silhouettes dans ses cours publics, a précédé ou suivi M. Wedgewood. Les premiers essais de M. Niépce, de Châlons-sur-Saône, pour perfectionner le procédé de M. Charles ou de M. Wedgewood, sont de 1814. Nous avons des preuves authentiques, des preuves légales, qu'en 1826, M. Niépce savait engendrer des images qui, après une certaine opération que nous ferons connaître en temps et lieu, résistaient à l'action ultérieure des rayons solaires. Nous produirons des desseins, exécutés sur divers substances, par la méthode de M. Niépce, avec des perfectionnements de M. Daguerre, qui remontent à 1830. Nous publierons l'acte d'association du 14 Décembre 1829, ENREGISTRÉ suivant les prescriptions de la loi, à la date du 13 mars 1830, et par lequel MM. Niépce et Daguerre s'étaient associés pour exploiter le procédé à l'invention duquel ils avaient concouru l'un et l'autre. Nous prouverons enfin, par la correspondance de M. Niépce, mort le 5 juillet 1833, que M. Daguerre était déjà, du vivant de son ami, en pleine possession du procédé, entièrement neuf, dont il se sert aujourd'hui, et que plusieurs des dessins que le public a tant admirés, existaient à cette époque. Depuis cinq à six ans la méthode de M. Daguerre n'a guère reçu que des légères améliorations dont un artiste éminent pouvait seul sentir la nécessité. M. Talbot a dû être bien mal informé de l'état des choses, puisqu'il ne parle pas dans sa lettre que d'une invention annoncée. M. Daguerre a fait infiniment plus qu'annoncer sa découverte; il en a montré les produits à tout le monde: Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes, se trouvaient journellement réunis dans son cabinet, et confondaient franchement, sans réserve, les témoignages de leur admiration. Complétement initié à tous les détails de la nouvelle méthode, M. Arago s'est assuré, en faisant une vue du boulrvard du Temple, qu'il n'est nullement nécessaire d'être peintre ou dessinateur pour réussir aussi bien que M. Daguerre lui-même. Examinée à la loupe, cette vue offrait des objets, tels que des tiges de paratonnerres très éloignés, reproduits avec une incroyable netteté, et dont l'oeil ne soupçonnait pas l'existence. Le trait par lequel la méthode Daguerre se distingue principalement de la méthode Niépce, c'est la promptitude. Les objets sont dessinés avant que les ombres aient eu le temps de se déplacer. Les demi-teintes, toutes les circonstances de la perspective aérienne se trouvent reproduites avec un degré de vérité et de finesse dont l'art du dessin ne semblait pas susceptible. M. Arago ne doute pas qu'on ne parvienne à former une image exactement nuancée de la pleine lune, si l'on adapte la plaque imprégnée de la nouvelle substance à la lunette, conduite par une horloge, d'une machine parallactique. « A la suite de la communication précédente de M. Arago, M. Biot dit qu'il a reçu de M. Talbot une lettre absolument pareille; qu'il a pensé que ce savant n'avait probablement pas une connaissance compléte des circonstances à la suite desquelles la découverte de M. Daguerre a reçu sa publicité actuelle; et qu'il a cru essentiel de les lui expliquer dans les termes suivants: « Monsieur, » Je reçois, à l'instant, la lettre que vous me faites l'honneur de m'écrire, pour me faire connaître l'intention où vous êtes d'adresser prochainement à l'Académie des Sciences, une réclamation formelle de priorité, relative à l'invention annoncée par M. Daguerre. » Vous me rendrez, sans doute, la justice de croire que je ne voudrais pas hasarder d'avance, une opinion préconçue sur un sujet aussi délicat. Mais je dois, dans l'intérêt de la vérité, vous prévenir, au cas où vous l'ignoriez, que les amis de M. Daguerre savent qu'il s'est occupé constamment de cette recherche depuis plus de quatorze ans; et je puis attester qu'il m'en a parlé il y a plusieures années. Il a même conservé, et nous a montré, une foule de résultats plus ou moins heureux, qu'il avait obtenus par divers procédés, avant d'arriver à celui qu'il emploi maintenant, et dont les effets font l'admiration de tous nos artistes par leur perfection et leur délicatesse. Il a aussi eu la bonté de me confier une multitude de faits physiques extrêmêment intéressants pour la science, que ce procédé lui a fait découvrir; et il a bien voulu, à ma prière, réaliser, par le même moyen, plusieures expériences de recherche qui me semblent avoir une grande importance théorique. Enfin, il a communiqué son secret tout entier à M. Arago, que vous savez, aussi bien que moi, avoir un esprit trop étendu et trop généreux, pour se laisser prévenir par des préjurés de nationalité. Je m'empresse, Monsieur, de vous adresser cette déclaration, pour que vous puissiez apprécier, par vous-même, les faits qu'elle referme. Je la devais autant à l'estime que m'ont inspirée vos précédents travaux sur l'optique, qu'à la confiance que vous voulez bien me témoigner. « J'ai l'honneur d'être, etc. « Paris, le 31 janvier 1839 « Au reste, ajout M. Biot, voici une autre preuve de publicité irrécusable, et qui date déjà de trois années. Le Journal des Artistes, tome II, page 203, parlant déjà des inventions et des recherches de M. Daguerre, contient le passage suivant, qui a été imprimé au mois de septembre de 1835. «Ces découvertes l’ont mené à une découverte analogue, plus étonnante encore s'il est «possible: il a trouvé, dit-on, le moyen de recueillir, sur un plateau préparé par lui, l'image «produite par la chambre noire; de manière qu'un portrait, un paysage, une vue quelconque, «projetés sur ce plateau, par la chambre noire ordinaire, y laisse son empreinte en clair et en «ombre, et présente ainsi le plus parfait de tous les dessins. Une préparation mise par-dessus «cette image, la conserve pendant un temps indéfini.» » Ce que l'article ci-dessus annonçait en 1835 de la découverte de M. Daguerre, est précis précisément ce qu'il vient de faire voir à tout Paris, à la fin de 1838.» |
1839, 11 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 11 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 6 Pags.207, 208 | CORRESPONDANCE PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Fixation des images de la chambre obscure M. Arago dit qu'il vient de recevoir le numéro de l'Athenoeum où se trouve en entier le Mémoire que M. Talbot a communiqué à la Société royale de Londres, le 30 janvier 1839, et il donne une analyse succincte de ce travail intéressant: M. Talbot reçoit les images de la chambre noire sur du papier imprégné d'une substance particulière; il ne dit encore ni qelle est cette substance, ni par quel procédé le papier est préparé, ni par quelle méthode, après une première exposition à la lumière, on lui enlève sa sensibilité. D'après le Mémoire du célèbre physicien anglais, on serait porté à croire que sur ses dessins, du blanc correspond aux régions éclairées, et le noir aux parties privées de lumière; mais le contraire semble résulter d'un article de la Literary Gazette du 2 février, où l'on rend compte de l'exhibition de divers dessins qui a eu lieu dans les salons de l'Institution royale. Sur ce point, encore, il faut donc attendre de plus amples renseignements. M. Talbot se sert de ses procédés pour obtenir des copies exactes, des fac simile de dessins, de gravures ou de manuscrits. La feuille dont on désire une épreuve, est pressée, les traits en dessous, sur le papier préparé. La lumière du soleil la traverse graduellement, excepté dans les lignes noires et opaques de la gravure, du bois ou de l'écriture, et dés-lors elle en trace une représentation exacte, mais où le noir correspond au blanc et réciproquement. En copiant la copie renversée, tout se trouve dans l'ordre naturel. Dans cette dernière application de l'action lumineuse, M. Talbot éprouvera encore le déplaisir d'avoir été devancé par M. Niépce. Les personnes qui ont eu des relations avec M. Charles Chevalier, opticien, peuvent se rappeler avoir vue, chez lui, sur une plaque métallique, une figure de Christ transportée d'une gravure sur le métal à l'aide des rayons solaires. La planche en question avait été donnée à M. Chevalier en 1829. Ce jeune artiste a bien voulu, depuis quelques jours, la déposer dans les mains de M. Arago. Les blancs et les ombres s'y trouvent reproduits comme dans l'original, c'est-à-dire sans inversion. M. de Laguiche avait une planche du même genre qu'il tenait aussi de M. Niépce. M. Arago, en terminant sa communication, proteste de nouveau de sa profonde estime pour M. Talbot. Il a discuté les titres de cet habile physicien et ceux de M. Daguerre, avec la ferme volonté de rester dans les limites de la plus stricte justice. Personne, et M. Arago moins encore que tout autre, n'a pu mettre en doute la parfaite sincérité de M. Talbot; mais lorsque, mal informé, ce savant ingénieux réclamait formellement la priorité d'invention, MM. Arago et Biot auraient manqué à leur devoir, s'ils n'avaient pas fait connaître des détails qu'ils tenaient de la confiance de M. Daguerre et qui démontrent, avec une entière évidance, que la priorité, au contraire, appartient sur tous les points à nos deux compatriotes. Au surplus, les procédés actuels de M. Talbot, autant qu'il est possible d'en juger, sont ceux que MM. Niépce et Daguerre ont essayés à l'origine et auxquels M. Daguerre a substitué la méthode, beaucoup plus parfaite, dont le public a admiré les résultats. (Il s'est glissé dans le précédent cahier, une erreur de date que nous nous empressons de rectifier. Page 171, à l'avant-dernière ligne, au lieu de : remontent à 1830, lisez : remeontent à 1832) |
1839, 18 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 18 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº.7 Pags. 243, 244, 245, 246 | CORRESPONDANCE PHYSIQUE . – Phosphorescence du sulfate de baryte calciné ; communication de M. Arago sur quelques expériences de M. Daguerre. Dans l’innombrable série d’essais auxquels M. Daguerre s’était livré avant de découvrir le procédé qui lui sert aujourd’hui à conserver avec une si admirable précision les images de la chambre obscure, il avait un moment dirigé ses idées sur les substances phosphorescentes. D’après tout ce que cet ingénieux artiste nous a rapporté, il ne semble guère douteux que son moyen de rendre le sulfate de baryte lumineux, ne soit supérieur à ceux dont on a fait usage jusqu’ici, particulièrement à Bologne. Les physiciens nous sauront donc quelque gré de leur faire connaître le nouveau procédé. Le voici tel qu’il était textuellement consigné dans les notes de M. Daguerre. 1824 – Moyen de rendre le sulfate de baryte très phosphorescent par son exposition au soleil. « Il faut prendre un os à moelle, le choisir le plus épais possible, le dégraisser en le faisant bouillir, retirer la moelle et enfin le dessécher. On pulvérise le sulfate de baryte dans un mortier (le cuivre et la fonte ne conviennent pas, parce qu’France l’opération, des parcelles de cuivre ou de fonte adhèrent au sulfate ; le mortier de verre est le seul qu’on puisse employer à cet usage) ; on emplit de sulfate pulvérisé la partie creuse de l’os, à l’exception d’un espace laissé pour pouvoir bien luter l’ouverture. On met l’os ainsi préparé dans un bout de tuyau en tôle ou en fonte ayant un fond, et d’une auteur excédant assez celle de l’os, pour que cet os soit non-seulement entouré, mais encore garni en-dessus et en-dessous d’une terre réfractaire. » Lorsque l’appareil est ainsi disposé, on le met dans un fourneau pour le tenir rouge au moins pendant trois heures. Puis on laisse refroidir. Ensuite il faut, pour retirer l’os avec soin, renverser l’appareil, en faire tomber la terre réfractaire et saisir l’os qu’on reçoit sur une feuille de papier. L’os doit être alotrs très blanc ; s’il était noir ou seulement gris, ce serait signe qu’il n’aurait pas été assez calciné. » En sortant de l’appareil l’os étant fendu, se sépare facilement et l’on trouve au milieu le sulfate de baryte qui a pris une certaine consistance. On le sépare de l’os et on le reçoit dans une assiette ou dans une boîte de carton. Il a une petite teinte jaunâtre légèrement soufrée, et il est très phosphorescent lorsqu’il est présenté à la lumière même diffuse. Si l’on voulait l’avoir encore plus brillant, on ferait subir deux ou trois fois à ce même sulfate la calcination dans de nouveaux os et de la maniére ci-dessus décrite. Par une calcination trois fois répétée, le sulfate de baryte avait acquis une telle propriété lumineuse, qu’il éclairait la pièce : il conservait assez long-temps cette propriété phosphorescente puisque, tout en diminuant d’intensité, il était encore visible quarante- huit heures après sa présentation à la lumière. Cette propriété phosphorescente ne se perd que très lentement : au bout de trois ans elle était encore évidemment sensible à la lumière.» Après avoir exposé quelques instants à la lumière solaire une assiette remplie de la poudre phosphorescente sur laquelle reposait un petit disque de verre bleu, M. Daguerre fit une remarque singulière : la portion de poudre que le disque recouvrait, brillait notablement plus dans l’obscurité, que celle où la lumière était arrivée librement, sans affaiblissement, sans coloration aucune. Il serait important, a dit M. Arago, de répéter cette expérience en plaçant le verre bleu, non plus en contact avec la poudre, mais à une grande distance. Il serait bon aussi, pour éviter toute action calorifique, d’opérer avec la lumière diffuse atmosphérique. Si avec ces nouvelles conditions le résultat restait le même, il en faudrait conclure que parmis les divers rayons composant la lumière solaire blanche, il en est (et dans le nombre il faudrait ranger plusieurs de ceux qu’arrêtait le verre bleu en question) qui non-seulement n’excitent pas la phosphorescence quand ils sont mélés aux autres rayons, mais qui même sont un obstacle à son développement. La poudre de sulfate de baryte donna lieu à un autre phénomène qui, suivant toute probabilité, devra être rapporté, non à la phosphorescence par insolation, mais à la phosphorescence par échauffement. M. Daguerre transportant un jour sur sa main étendue et dans l’obscurité, l’assiette couverte de poudre, aperçut ses doigts comme s’ils émettaient de la lumière, et comme si l’assiette et la poudre étaient devenus transparentes. La lumière qui dessinait les doigts, qui semblait en sortir, surpassait en intensité celle dont la poudre brilla, quand l’assiette fut déposée sur la plaque échauffée d’un poèle. Après cette communication de M. Arago, M. Biot ajouta ce qui suit : « M. Daguerre m’a remis un morceau du même verre bleu avec lequel il a observé le singulier effet que vient de raconter M. Arago. Comme tout autre verre coloré, la teinte qu’il transmet n’est pas simple. Ce n’est q’une résultante formée par la somme des rayons simples que le verre transmet, parmi tous ceux qui composent la lumière blanche incidente. Pour connaître les éléments de cette somme, avec une approximation suffisante au but que je me proposais, j’ai réfracté très obliquemment la flamme d’une bougie par un prisme de flint-glass très dispersif, ayant un angle de 60º ; et j’ai interposé le verre bleu de M. Daguerre dans le trajet du spéctre, qui arrivait à mon œil. Étudiant alors la portion transmise, j’y ai remarqué d’abord deux images rouges de la bougie, nettement distinctes, que séparait un intervalle noir. Les deux extrémités du rouge étaient donc transmises et le rouge moyen absorbé. En outre, l’image rouge la plus réfrangible paraissait aussi complétement distincte et détachée du jaune qui la suivait, quoiqu’elle n’en fût pas séparée par un intervalle sensible. De sorte que l’orangé, qui occupe un très petit espace, pouvait être absorbé totalement, et même aussi une très petite portion du jaune le moins réfrangible. Toutes les autres couleurs, à partir de ce jaune, passaient très abondamment, et le reste du jaune était fort considérable ainsi que le vert. J’ai confirmé cette abondante transmission du jaune, en réfractant par le même prisme, la flamme donnée par un petit tas de sel ordinaire légèrement humecté d’alcool ; car M. Talbot a découvert que la lumière de cette flamme, quand l’alcool y est bien ménagé, est presque d’un jaune simple, auquel se joignent toutefois aussi du vert, du bleu et du violet, mais en proportions beaucoup plus faibles. Or la lumière totale de cette flamme étant vue à travers le verre bleu de M. Daguerre, soit directement, soit après sa dispersion par le prisme, s’y transmettait fort abondamment. Enfin, j’ai encore vérifié ces résultats sur la lumière blanche des nuées, admise par une fente étroite dans une chambre obscure, après l’avoir dispersée par le même prisme réfringent ; mais la mauvaise saison rendait cette épreuve moins commode que les précédentes qui d’ailleurs suffisaient pour une évaluation approchée. » Alors, pour apprécier numériquement la teinte résultante transmise par ce verre, j’ai supposé que cette teinte devait contenir tous les éléments de la lumière blanche, privés de 1/3 du rouge, de tout l’orangé et de 1/5 du jaune ; puis j’ai calculé la teinte que les éléments transmis devaient donner, en me servant des formules établies pour cela dans mon Traité de Physique, tome III, p. 451, et dans les Mémoires de l’Académie, tome II pag. 67 ; tome XIII, pag. 59. La règle expérimentale donnée par Newton, sur laquelle ces formules sont fondées, est liée aux propriétés les plus intimes de la lumière ; et la justesse de son application est aujourd’hui attestée par des épreuves si multipliées, comme si délicates, qu’on ne saurait, je crois, la révoquer en doute. Or ici les valeurs des variables U et ∆ , qui s’en déduisent, et qui expriment les caractères de la teinte résultante sensible, se sont trouvées être U = 257º 52’ 32’’ ; ∆= 0,292783 ; r - ∆= 0,707017. La valeur de U indique pour la teinte résultante, un bleu approchant de la limite du bleu et de l’indigo purs. La valeur de ∆ indique que cette teinte équivaut, pour l’œil, à celle que l’on formerait directement en mêlant 29 parties de ce bleu pur, pris dans la lumière du spectre, avec 71 parties de blanc, ce qui doit composer en effet une très belle teinte bleue, comme est aussi celle que l’œil perçoit quand il regarde à travers le verre de la lumière blanche des nuées. De sorte que la perception de ce bleu n’est qu’un effect résultant, produit dans l’œil par la somme totale des rayons que le verre lui transmet, et parmi lesquels les bleus purs sont associés à beaucoup d’autres.» |
domingo, 29 de agosto de 2010
1839, 18 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 18 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº.7 Pags. 246, 247, 248, 249 | CORESPONDANCE PHYSIQUE CHIMIQUE. – Note de M. Biot sur un papier sensible préparé par M. Daguerre. « M. Daguerre ayant appris par moi, le grand service qu’il pourrait rendre aux physiciens, en leur indiquant pour leurs expériences, une préparation qui fût plus promptement sensible à l’action de la lumière que ne le sont celles qui ont été jusqu’ici publiées, il a bien voulu m’en faire connaître une qu’il avait obtenue dès 1826, et qui a éminemment cet avantage. Comme, d’ailleurs, celle qu’il emploie aujourd’hui pour ses tableaux est encore bien plus prompte, qu’elle reproduit les clairs et les ombres avec leurs caractères propres, et qu’enfin elle est fondée sur des principes tout-à-fait différents de celle dont il m’a parlé, il m’a auctorisé à présenter celle-ci de sa part à l’Académie ; et je me suis chargé de cette mission d’autant plus volontiers, que j’ai plus récemment regretté de n’avoir pas á ma disposition un pareil instrument de recherche : peu importe en effet, pour de simples expériences de physique, que les clairs et les ombres des objets soient ou ne soient pas invertis, pourvu que l’effet de la radiation soit manifesté presque instantanément. » Voici la recette indiquée par M. Daguerre, recette dont il a réalisé en quelques instants l’exécution devant moi, à la faible lumière diffuse que donnait hier l’atmosphère, à travers les vitres d’une fenêtre à quatre heures et demi du soir. » Prenez du papier sans colle, ou collé légèrement, comme du papier d’impression ; trempez-le dans l’éther muriatique, faiblement acidifié par l’effet de la décomposition lente qu’il éprouve avec le temps ; ou bien encore, appliquez ce liquide avec un pinceau-brosse assez doux ; laissez sécher à l’air, ou faites sécher à une douce chaleur. Mais, de manière ou d’autre, attendez que la dessiccation soit tout-à-fait complète : cela est très essenciel. » Prenez alors une dissolution de nitrate d’argent dans l’eau distillée, dissolution qu’ilconvient de tenir habituellement à l’abri de la lumière, dans un flacon parfaitement bouché à l’émeri ; et trempez-y le papier séché qui a été imprégné d’éther muriatique. Vous pourriez aussi étendre cette dissolution avec un pinceau très doux ; mais, comme on est alors obligé de l’étendre par raies sucessives et contiguës, M. Daguerre trouve que les par lesquels ces raies se touchent, étant, d’après la nécessité de leur sucession même, accolés l’un à l’autre dans des conditions physiques différentes, ils prennent des états électriques dissemblables, dans la ligne de contact ; ce qui fait qu’ensuite cette ligne est peu sensible à la lumière et se dessine en raie blanchâtre sur le fond. On évite cet inconvénient en trempant le papier dans le nitrate, ou en versant ce liquide sur une seule des ses faces avec égalité. Au reste, cette particularité, qui serait d’une grande conséquence pour des dessins, est sans inconvénient pour des expériences de physique, à moins que l’on n’eût à faire des comparaisons d’une complète rigueur. » Faites alors sécher ce papier dans l’obscurité ; et, si vous voulez accélérer la dessiccation par la chaleur, ne l’employez qu’excessivement faible. Car, lorsque cette préparation est encore humide, la radiation calorifique, même émanée des corps non lumineux, agit sur elle, dans le même sens que la lumière, pour la colorer. Si vous ne devez pas opérer de suite, avec le papier ainsi préparé, il faut le serrer, et le presser, dans un livre ou dans un portefeuille, pour que, non-seulement la lumière, mais l’air, ne puisse pas circuler autour. » Ce papier étant exposé à la lumière solaire, ou à la lumière diffuse, soit directe, soit transmise à travers un écran de verre diaphane, se colore avec une promptitude extrême, surtout s’il est encore humide ; et il marque déjà des teintes très sensibles avant que le nitrate montre les moindres traces d’altération. La différence de rapidité se soutient dans toutes les phases de coloration par lesquelles le papier passe ; et elle se manifeste à une époque quelconque par l’excès actuel de coloration de la proportion préalablement imprégnée d’éther muriatique. On peut la fixer définitivement à tel degré voulu, et arrêter tout progrès ultérieur, en enlevant le nitrate qui n’est pas encore entré en combinaison. Pour cela il suffit de baigner le papier dans une quantité d’eau suffisante pour le bien laver ; alors quand il est bien séché, mais sans chaleur, il n’est plus impressionable à la lumière. Si l’on ne tient pas à conserver ce papier dans un état fixe et immuable de coloration, il suffit de le tenir enfermé à l’ombre dans un portefeuille, et de ne le regarder qu’à la lumière artificielle, surtout pendant les premiers jours qui suivent sa préparation. Car, à mesure que l’on s’éloigne de cette époque, sa sensibilité s’affaiblit, et il finit par n’être plus que très lentement excitable. M. Daguerre a remarqué que le lavage n’est pas également efficace sur toutes les pâtes de papier ; mais n’ayant pas trouvé dans cette préparation les qualités qu’il y désirait sous le rapport de l’art, il n’a pas cru devoir s’en occuper plus long-temps. » Les effets qu’on obtient par ce procédé, reproduisent nécessairement l’intensité de la lumière par une intensité de coloration ; conséquemment, si on l’employait comme préparation du tableau de la chambre noire, les objets clairs, le ciel par exemple serait représenté en noir, et les objets noirs, comme les arbres, resteraient totalement blancs. Le procédé actuellement employé par M. Daguerre est exempt de cet inconvénient capital pour la reproduction de la nature en général ; et l’un de ses principaux avantages est au contraire de distinguer, par un ménagement d’une extrême délicatesse, la dégradation des tons donnés par la perspective aérienne, telle que l’état momentané, et actuel, de l’atmosphère l’exie au moment où le tableau est fait. » Tout liquide quelconque étant appliqué sur le papier, au lieu de l’éther muriatique acidifié, et avant le nitrate, détermine une teinte d’un ton différent et plus ou moins facilement impressionnable. La qualité même de la pâte dont le papier est fait, qu’il soit collé ou non collé, détermine aussi des différences de nuances. Mais, dans tous les cas, on peut toujours arrêter la progression de la coloration, à une époque quelconque, en renfermant, et pressant le papier, dans un livre, où il soit à l’abri de la lumière et de l’air. » M. Daguerre a remarqué que l’intensité de la coloration, ainsi que son progrès, varient avec la nature des écrans diaphanes, colorés ou incolores, que l’on interpose dans le trajet de la lumière solaire, soit directe, soit diffuse, qui agit sur le papier ainsi préparé. Mais il a surtout varié et suivi ces effets des écrans, dans leur application à la substance infiniment sensible dont il compose aujourd’hui ses tableaux, ou plutôt qui les dessine elle-même sous l’influence de la radiation qui la modifie. Et, non-seulement les conséquences pratiques qu’il en a tirées lui ont servi pour donner à sa découverte de nouveaux et importants usages qu’il n’a pas rendus publics encore, mais le seul énoncé des résultats qu’il a ainsi observés, et qu’il a su saisir avec une sagacité rare, suffisent déjà presque, à ce qu’il me semble, pour ainsi indiquer avec une probabilité très grande, sinon pour définir complétement les caractères physiques de la radiation qui produit de si étonnants effets. Car il ne faut plus que joindre, aux observations déjà faites par M. Daguerre, les résultats que l’on obtiendra par l’emploi des écrans diaphanes mixtes, comme on va voir que nous l’avons fait, M. Becquerel et moi, pour analyser la portion de la radiation émanée de l’étincelle électrique qui produit la phosphorescence à distance (1)([i]) 1)(1). M. Daguerre a déà bien voulu faire pour moi, par ce procédé, diverses expériences sur ce que j’appellerais volontiers les sensations de la précieuse substance qu’il possède. Mais, en attendant qu’elle nous soit connue, rien n’empêchera d’analyser ainsi la manière dont la radiation solaire, soit directe, soit diffuse, affecte le papier sensible qu’il vient de nous donner ; et j’espère pouvoir communiquer très prochainement à l’Académie les résultats de cette recherche : car il ne faut que disposer commodément l’appareil à écrans mixtes, pour faire les expériences dans l’obscurité. » A la suite de cette communication, M. Biot présente à l’Académie de nombreux échantillons de papiers ainsi préparés par M. Daguerre, en choisissant des liquides très divers pour précéder l’application du nitrate. Il en fait remarquer les caractères et les accidents, conformes à la description qui vient d’être donnée. Il ajoute que plusieurs de ces échantillons ont été préparés en sa présence, et qu’il a vu lui-même la promptitude des changements qu’ils ont éprouvés sous l’influence de la faible radiation que l’atmosphère transmettait à travers les vitres d’une fenêtre, à quatre heures et demi du soir, par un temps couvert. » |
1839, 26 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
1839 26 de Fevereiro | COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES T. VIII Nº. 8 Pags. 302, 303, 304, 305 | CORRESPONDANCE Communication de deux lettres de M. Talbot à M. Biot, contenant l’exposition de son procédé pour faire le sensitive paper. «Dans une lettre que j’avais écrite à M. Talbot, le 13 de ce mois, dit M. Biot, je lui avais témoigné le regret de ce que l’extrait de son Mémoire inséré dans le Nº. 589 de l’Athenæum ne contînt aucune indication spéciale sur le procédé qu’il employait pour la préparation de son sensitive paper, et je lui exprimais combien il serait désirable qu’il voulût le rendre public dans l’intérêt des expérimentateurs. Dimanche, 17, M. Daguerre m’ayant communiqué le moyen qu’il avait trouvé depuis plusieurs années, pour produire un effet analogue, et m’ayant autorisé à en faire part à l’Académie, je me fis un devoir d’informer M. Talbot de cette circonstance, par une lettre écrite le lendemain 18, mais sans l’instruire d’ailleurs de la préparation que M. Daguerre employait. Je reçus alors de M. Talbot les deux lettres suivantes, qui me parvinrent ensemble le samedi 23. Présumant qu’elles pouvaient contenir des communications sur sa découverte, et voulant conserver tous ses droits intacts, je portai ces deux lettres non décachetées, le soir même, à la Société Philomatique, où elles furent ouvertes et paraphées par le président, M. Milne-Edwards. Comme M.Talbot avait bien voulu les mettre à ma libre disposition, je m’empresse de les communiquer textuellement à l’Académie, persuadé quelle ne peut que les accueillir avec le plus grand intérêt. Les voici, telles qu’elles ont été écrites en français, par M. Talbot lui-même. Londres, 20 et 21 février 1839 « Monsieur, » Je m’empresse de répondre à vos deux lettres du 13 et 18 de ce mois, dans la dernière desquelles vous me faites l’honneur de m’informer que M. Daguerre a découvert de son côté un procédé pour faire du papier sensitif. » Comme il n’y a pas un seul mot dans votre lettre sur la fixation ou conservation subséquente des images ainsi obtenus sur le papier, je dois conclure de là, ou que M. Daguerre ne fait pas usage d’un tel procédé, ou que du moins il n’a pas jugé à propos de le communiquer. » Je ne sais si M. Daguerre aura mis sous les yeux de l’Académie, dans sa séance de lundi dernier, une série aussi nombreuse et variée de desseins photogéniques exécutés sur papier, que celle que j’ai montrée de mon côté à la Société royale et à l’Institution royale, et aussi long-temps et fraîchement conservée ; mais, quoi qu’il en soit, et quelle que soit d’ailleurs la perfection des procédés, une fois qu’il est reconnu que mes recherches ont été parfaitement indépendantes, je ne me mettrai pas trop en peine qu’on soit arrivé ailleurs à de semblables résultats. » Pour vous montrer, Monsieur, combien je suis sensible aux sentiments que vous avez bien voulu me témoigner, dictés par l’amour sincère et véritable de la science, je répondrai aux questions que vous m’avez faites, et je vous décrirai nettement ma manière de faire les tableaux photogéniques ; en vous épargnant les détails minutieux que la pratique fait découvrir, et qui ajoutent quelque chose à la perfection du travail, ainsi qu’à la certitude du succés, sans rien changer au principe essentiel. » Pour faire ce qu’on peut appeler du papier photogénique ordinaire, je choisis d’abord un papier ferme et de bonne qualité ; je le plonge dans une solution faible de sel ordinaire, et je l’essuie avec un linge pour que le sel soit distribué dans le papier aussi uniformément que possible ; ensuite j’étends sur un côté du papier un solution de nitrate d’argent mêlée de beaucoup d’eau ; je le sèche au feu, et l’on peut s’en servir de suite. En répétant cette expérience de diverses manières, on trouvera qu’il y a une certaine proportion entre la quantité du sel et celle de la solution d’argent, que l’on doit employer de préférence. si l’on augmente la quantité du sel au-delà de ce point, l’effet diminue, et en certains cas, peut même devenir presque nul. Ce papier, si on l’a bien fait, peut servir à grand nombre d’usages photogéniques ordinaires. Rien de plus parfait, par exemple, que les images des feuilles et des fleurs qu’on peut en obtenir avec le soleil de juillet ; la lumière pénétrant à travers les feuilles, en dessine chaque nervure. » Maintenant, que l’on prenne une feuille de papier ainsi préparé et que l’on étende dessus une solution saturée de sel marin, et qu’on le laisse sécher au feu ; on trouvera alors ordinairement la sensibilité du papier très diminuée, quelquefois même réduite à fort peu de chose ; surtout si on l’a gardé quelques semaines avant d’en faire l’expérience : Mais si l’on y met encore une fois de la solution d’argent, le papier redevient sensible à la lumière et même plus qu’il n’était la première fois. C’est ainsi, en mettant alternativement sur le papier des couches de sel et d’argent, que je parviens à le rendre assez sensible pour pouvoir fixer avec une certaine rapidité les images données par la camera obscura. « Mais il y a une observation qu’il ne faut pas négliger. Comme on arriverait de cette manière à des résultats tantôt plus tantôt moins satisfaisants, par suite des petites variations accidentelles, on trouve, si l’on répète souvent l’expérience, que parfois le chlorure d’argent ainsi obtenu est disposé à se noircir peu à peu sans être exposé à la lumière. C’est aller trop loin ; mais aussi c’est le but dont il faut s’approcher autant que possible sans l’atteindre tout-à-fait. Ainsi, après avoir préparé un certain nombre de feuilles de papier, avec des proportions chimiques un peu différentes pour chacune, j’en expose des échantillons marqués et numérotés, en même lieu, à une lumière diffuse très faible, pendant un quart d’heure ou une demi-heure. S’il y a entre ces échantillons un quelconque qui montre avoir un avantage marqué sur les autres, comme cela arrive, je choisis le papier avec le numéro correspondant, et je ne manque pas de m’en servir aussitôt que possible après l’avoir préparé. » Il me reste à vous décrire, Monsieur, les moyens dont je me sers pour fixer les images ainsi obtenues. Après plusieures tentatives infructueuses, le premier moyen qui m’a réussi c’est de laver le dessin avec de l’iodure de potasse mêlé de beaucoup d’eau. Il se forme alors un iodure d’argent qui est tout-à-fait inattaquable par le soleil. Ce procédé, toutefois, exige des précautions, car si l’on fait usage d’une solution trop forte, cela pourrait enlever les parties noires du tableau qu’il faut laisser intactes. Mais on réussira bien en prenant une solution d’une médiocre faiblesse. En faisant usage de ce procédé, j’ai des dessins parfaitement consrvés depuis près de cinq ans, quoique pendant cet intervalle, souvent exposés en plein soleil. » Mais un moyen plus simple, et duquel je me suis très souvent servi, consiste à plonger les dessins dans une forte solution de sel marin ordinaire, les essuyer légèrement et les sécher. Plus le soleil a été brillant dont on s’est servi pour faire le tableau, plus ce moyen de conservation est efficace ; car alors les parties noires du tableau ne souffrent aucune altération par suite de l’action du sel. Maintenant, si l’on expose le tableau au soleil, les parties blanches prennent assez souvent une teinte lilas clair, puis deviennent insensibles. En porsuivant et répétant ces expériences j’ai trouvé que cette coloration en lilas n’est pas uniforme, et qu’il existe des proportions avec lesquelles elle ne se produit pas ; on obtient alors, si l’on veut des lumières absolument blanches (1) ([i]) . » Mon excellent ami, sir J. Herschel, m’a communiqué ces jours derniers une méthode très belle de son invention pour la coservation des tableaux photogéniques. Cependant je ne dois point la décrire sans lui en avoir demandé la permission. Je dirai seulement que j’ai répété son expérience avec un plein succès. » Recevez, etc. Signé, H. Fox Talbot, membre de la Société royale |