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quarta-feira, 25 de março de 2009

1880, 21 de Junho - COMPTE RENDUE DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1880
21 de Junho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. .XC
Nº. 25
Pag. 1447, 1448
OPTIQUE.- Sur les effets de renversement des images photographiques par la prolongation de l'action lumineuse. Note de M. J. Janssen.

« J'ai l'honneur de faire part à l'Académie de la découverte d'un fait auquel je viens d'être conduit, par mes études sur l'analyse de la lumière du Soleil et de ses images photographiques.
« Ce fait consiste en ce que les images photographiques peuvent s'inverser et passer du négatif au positif par l'action prolongée de la lumière qui leur a donné naissance.
« A Meudon, nos images solaires s'obtiennent en un temps d'action lumineuse qui est variable suivant l'état de l'atmosphère et la nature des phénomènes qu'on veut mettre en évidence; mais ce temps d'action est bien rarement supérieur à de seconde quand on veut obtenir les granulations photosphériques. Lorsqu'il s'agit de plaques photographiques préparées avec le gélatinobromure d'argent, ce temps, déjà si court, s'abaisse considérablement et peut descendre à de seconde et moins encore. Or, dans ces conditions, si l'une de ces plaques sèches reçoit l'impression de la lumière pendant une demie ou une seconde, c'est-à-dire pendant un temps dix mille ou vingt mille fois plus long que celui qui eût donné une bonne image négative, l'action du corps révélateur fait apparaître une image positive qui présente le disque de l'astre en blanc et les taches en noir, comme ce disque est vu dans les lunettes. Cette image positive peut acquérir toute la finesse de l'image négative qu'elle a remplacée. Il existe un temps d'action de la lumière, intermédiaire entre ceux qui donnent les images opposées, pour lequel l'image n'est ni positive ni négative et où la plaque présente une teinte sensiblement uniforme; mais, si on dépasse la période pour laquelle l'image est positive et qu'on laisse la lumière agir beaucoup plus longtemps, alors cette dernière image disparaît à son tour: le révélateur ne provoque plus de dépôt métallique sur l’image, qui apparaît uniforrnément transparente sur le fond noir du ciel. Ce fond disparaît lui-même par une action lumineuse beaucoup plus prolongée.
« Ainsi, pendant la première période de l'action lumineuse, période qui n'atteint pas ordinairement, dans nos images solaires, 1/1000 de seconde, une première image se forme, et cette. image: est négative; c'est-à-dire qu'elle présenterait, étant développée, des parties d'autant plus opaques que la lumière les aurait frappées plus vivement. L'action lumineuse continuant, cette image persiste encore dans le sens négatif, mais en perdant de sa netteté et de sa vigueur; puis il arrive bientôt un moment où l'image négative disparaît entièrement et où la plaque passe par un état neutre, c'est-à-dire où aucune image appréciable n'apparaîtrait par l'action du corps révélateur. Mais, sous l'action toujours maintenue de la lumière, une phase nouvelle s'ouvre et un phénomène inverse se produit. L'image négative de la première période d'action fait place à une image positive où la distribution des ombres et des lumières est exactement inverse; et cette image, si le temps d'action lumineuse a été bien réglé, possède tons les détails et toute la finesse de celle qu'elle a remplacée. Puis, si l'on veut encore dépasser cette période et laisser la lumiére continuer son action, un second état neutre tend à se produire, état inverse aussi du premier, en ce sens que, si celui-ci nous montrait l'image uniformément obscure, le second état neutre nous la donne uniformément claire, le corps révélateur ne provoquant plus aucun dépôt métallique.
« C'est l'inversion des images du Soleil qui se produit avec le plus de facilité, à cause de l'énorme puissance de rayonnement de cet astre. Mais cette inversion n'est pas la seule possible ou même la seule facile. En effet, j'ai déjà pu obtenir:
« 1º Des images solaires de 0m,10 de diamètre donnant l'aspect de l'astre dans les lunettes, c'est-à-dire avec disque blanc et taches noires;
« 2º Des vues en images positives, où le paysage se présente par transparence tel qu'il est vu naturellement; temps de pose, une heure à trois heures ;
« 3º Une vue du parc de Meudon, où le disque solaire se détache en blanc sur le fond obscur du ciel;
« 4º Des contre-types qui sont de même signe que le type original, c'est-à-dire positifs si le type est positif, négatifs si celui-ci est négatif.
» Dans ces photographies, ce sont les mêmes rayons spectraux qui ont donné l'image négative d'abord et sa transformation en image positive.
« Tels sont les premiers résultats obtenus, résultats dont je désirais faire part immédiatement à l'Académie.
« Dans une prochaine Communication, j'exposerai les résultats d'une manière plus complète: je donnerai une analyse des travaux, surtout d'ordre spectral, qui touchent à ce sujet et auxquels se rapportent les noms d'éminents observateurs, comme MM. Abney, Draper, Vogel, etc.; j'essayerai aussi d'aborder l'examen des conséquences que ces faits apportent à la théorie des phénomènes photographiques et, en généra1, à celle des actions de la lumière sur les corps. »

1880, 5 de Julho - COMPTE RENDUE DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE

1880
5 de Julho
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCI
Nº. 1
Pag. 12
*
ASTRONOMIE PHYSIQUE. – Sur la photographie de la chromosphère. Note de M. Janssen.

« En suivant la méthode du renversement des images par la surpose, que j’ai communiquée à l’Académie à l’avant-dernière séance, il me paraît qu’on peut arriver à obtenir la photographie de la chromosphère.
« Il faut que l’action lumineuse solaire s’exerce assez longtemps pour que l’image solaire devienne positive jusqu’aux bords, sans les dépasser. Alors la chromosphère se présente sous forme d’un cercle noir, dont l’épaisseur correspond à 8’’ ou 10’’.
« J’ai comparé des photographies solaires positives e négatives obtenues le même jpur, avec le même instrumnt : la mesure des diamètres montre que le cercle noir en question est bien en dehors du disque solaire.
« Néanmoins je ne présente ce résultat que sous réserves, des études plus approfondies me paraissant nécessaires pour le corroborer. »

1880, 26 de Julho - COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES

1880
26 de Julho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T.XCI
Nº. 4
Pag. 199
PHOTOGRAPHIE. – Note sur les transformations sucessives de l’image photographique par la prolongation de l’action lumineuse ; par M. J. Janssen.

« L’objet de cette Note est simplement de constater, devant l’Académie, l’extension des faits qui concernent le renversement de l’image photographique par la prolongation ou l’augmentation convenable d’énergie de l’action lumineuse.
« En employant la lumière solaire mise en œuvre par nos appareils de Photographie céleste, j’ai pu obtenir les transformations sucessives suivantes de l’image photographique ;
« 1º L’image négative ordinaire ;
« 2º Un premier état neutre ; la plaque devient uniformément obscure sous l’action du révélateur ;
« 3º Une image positive qui succède au premier état neutre (1) ([i]) ;
« 4º Un second état neutre, opposé au premier, et où la plaque devient uniformément claire par l’action du révélateur
« 5º Une seconde image négative, semblable à l’image négative ordinaire, mais en différant par les états intermédiaires dont elle en est séparée et par l’énorme différence d’intensité lumineuse qui est nécessaire pour l’obtenir (2) ([ii]) ;
« 6º Un troisième état neutre, où l’image négative du second ordre a disparu et se trouve remplacée par une teinte sombre uniforme.
« Ces faits ont été constatés avec des plaques sensibles préparées au gélatino-bromure, au tannin, etc. »
([i]) Ce premier renversement, dû à la prolongation de l’action de la lumière, avait été constaté en Allemagne, à notre insu, dans ces derniers temps.
([ii]) Pour obtenir cette image négative du deuxième ordre, il faut une intensité d’action lumineuse de plus de 1 000 000 de fois celle qui donne l’image négative ordinaire.

1880, 26 de Julho - COMPTE RENDUE DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1880
26 de Julho
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T..XCI
Nº. 4
Pag. 246, 247
*
AÉROSTATION. – Sur les moyens d’obtenir des épreuves photographiques en ballon libre. Note de M. P. Desmarets, présentée par M. Janssen (Extrait.)

« Les aéronautes ont toujours été frappés de la netteté avec laquelle les objets terrestres se dessinent à leurs pieds ; ils ont souvent comparé les paysages qu’ils apercevaient à des Cartes en relief. Aussi l’idée de tirer des clichés photographiques du haut de la nacelle est-elle fort ancienne.
« M. Nadar réussit, en 1868, à obtenir quelques clichés à bord de la nacelle du ballon captif de M. Henri Giffard, à l’hippodrome du bois de Boulogne. En 1878, M. Henri Giffard, ayant fait construire le ballon captif des Tuileries, autorisa M. Dragon à reprendre les expériences de M. Nadar.
« Mais il restait à résoudre le problème plus important de prendre des photographies en ballon libre. Quoique, dans le récit de son ascension dans le Volta pendant le siège de Paris, récit qu’il a adressé à l’Académie, M. Janssen ait fait très judicieusement remarquer que ces opérations délicates devaient réussir dans un grand nombre de cas, on ne saurait citer aucune tentative sérieuse…..
« Dans l’ascension que j’ai exécutée le 14 juin dernier, à 5h 45m du soir, à l’occasion des fêtes de Rouen, j’ai été assez heureux pour obtenir deux clichés, dont je mets des épreuves sous les yeux de lAcadémie.
« La chambre noire était carrée, du format ordinaire, demi-plaque à châssis doubles, à glaces 18x18.
« L’objectif, de la maison Derogy, était un aplanétique 21x27. Son foyer mesurait 0m,29 et son diaphragme 0m,035 de diamètre. Les lentilles avaient 0m,044 d’ouverture.
« L’obturateur électrophotographique a été combiné par moi, de concert avec M. de Combettes, en m’inspirant du système d’obturateur instantané que M. Janssen a organisé d’une façon si parfaite pour son Observatoire de Meudon. Il se compose d’un disque en caoutchouc durci, percé de deux ouvertures circulaires placées sur un même diamètre et égales en grandeur à celle des lentilles de l’objectif. Ce disque est mis en rotation rapide par un mouvement d’horlogerie. Les déclanchements s’opèrent au moyen d’un courant électrique, agissant sur deux électroaimants Bourbouze, et obtenu à l’aide de 2 petits éléments à renversement au bisulfate de mercure de M. Trouvé.
« J’ai employé, comme plaques sensibles, des glaces au gélatino-bromure d’une fabrication spéciale et préparées par M. Laisné. Je me suis servi du développement à l’oxalate de fer pour révéler mon image.
« Je n’ai pu encore exécuter les expériences nécessaires pour évaluer qu’elle a pu être la fraction de seconde pendant laquelle la plaque impressionnable est restée exposée à la lumière (1) ([i]) ; mais, comme les épreuves sont très nettes, il faut que le temps de pose ait été extrêmêment réduit…. »
([i]) de seconde.

terça-feira, 24 de março de 2009

1880, 2 de Novembro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1880
2 de Novembro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T..XCI,
Nº. 18
Pag. 713, 714
*
ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Sur les photographies des nébuleuses; par M. J. Janssen.

« M. Draper a annonce, dans le dernier numéro des Comptes rendus, qu'il était parvenu à obtenir une photographie de la nébuleuse d'Orion, et l'éminent auteur annonce qu'il enverra prochainement des détails sur la méthode employée.
« Je ne suis nullement surpris de ce résultat, eu égard à l'habileté bien connue de M. Draper, et aussi, il faut le dire, en raison des nouvelles préparations photographiques sèches découvertes dans ces derniers temps.
« Ces nouvelles préparations, qui réunissent les avantages d'une action lumineuse aussi prolongée qu'on veut, avec une sensibilité supérieure a celle des meilleurs procédés de la voie humide, ouvrent une carrière nouvelle à la Photographie, et spécialement à la reproduction des objets célestes que leur peu de pouvoir lumineux rendaient inaccessible aux anciens procédés.
« Aujourd'hui la photographie d'une nébuleuse très brillante est relativement facile, si l'on se contente de la partie la plus lumineuse de l'objet; elle est, au contraire, extrêmêment difficile si l'on veut une image complète, comparable aux images données par nos grands instruments. Or, ce sont nécessairement ces images qu'il faut obtenir si nous voulons préparer, pour des temps qui ne soient pas trop éloignés, des documents propres à mettre en lumière ces variations de structure nébulaire dont la dicussion sera si importante pour la connaissance de la constitution de l'univers.
» Mais c'est là un sujet qu'on trouvera bien vaste si l'on considére d'une part le nombre prodigieux des nébuleuses à reproduire fidèlement, et de l'autre la rareté des circonstances de pureté atmosphérique qui sont absolument indispensables pour obtenir des images un peu complètes.
« II sera donc bien nécessaire que cette étude, capitale pour l'avenir de la science, soit faite dans le plus grand nombre possible d'observatoires où l'on s'occupe d'Astronomie physique, qu'on y consacre beaucoup de temps, de grands instruments et d'habiles observateurs.
« C'est dans la pensée de concourir une étude aussi importante que nous préparons à Meudon les éléments d'un travail de ce genre. Le télescope à très court foyer avec lequel j'ai pu obtenir, en 1871, un spectre très lumineux de la couronne et qui a révélé sa véritable nature, m'a paru un type que je compte imiter en plus grand pour cette étude. La combinaison d'un instrument extrêmêment lumineux, de plaques sèches très sensibles et d'une limpide atmosphère est la condition première du succès.
» Mais on doit accueillir avec une extrême faveur toute tentative faite dans une direction si féconde pour l'avenir de la Science. »

1881, 7 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1881
7 de Fevereiro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. .XCII
Nº. 6
Pag. 261, 262, 263, 264, 265
*
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.

ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Sur les photographies de nébuleuses; par M. J. Janssen.

« Dans l'avant-dernière séance, j'ai présenté quelques remarques au sujet de la photographie de la néhuleuse d'Orion. Je viens préciser les idées que j'émettais à l'occasion de cette Communication.
» Je tiens d'abord à dire à l’Académie que j'applaudis plus que personne au résultat très important qui a été obtenu par l'éminent M. Draper, dont les beaux travaux sont bien connus de l'Académie.
« Mais je crois que les réflexions que j'ai à présenter sont indispensables pour bien préciser les difficultés de la question et indiquer avec quelles précautions, suivant moi, on doit aborder ces études.
« La question d'obtenir des nébuleuses des images inaltérables et fidèles pour léguer à l'avenir des termes sûrs de comparaison est une des plus importantes que l'Astronomie physique ait maintenant à se proposer. Cette question, en outre, est tout actuelle, car, en raison de la puissance des instruments dont les observatoires disposent aujourd'hui et surtout avec les admirables progrès que la Photographie a réalisés tout récemment dans les procédés secs, nous sommes suffisamment armés pour aborder la solution de ce délicat problème.
« Aussi, à Meudon, ainsi que je le disais récemment à l'Académie, avons-nous déjà commencé des travaux dans cette direction et obtenu des résultats. Mais ces études, entreprises avec un petit télescope de voyage, ont surtout pour but d'étudier les méthodes, en attendant que nous puissions disposer des instruments que nous attendons et qui permettront d'obtenir des résultats plus complets, tout a fait dignes de publication.
» Néanmoins, ces études nous ont montré, comme je l'indiquais dans une précédente Communication, que, s'il est relativement facile d'obtenir une image photographique des parties les plus brillantes des nébuleuses, il est au contraire beaucoup plus difficile de réaliser de ces astres des images complètes et qui permettent de les considérer comme des termes sûrs de comparaison pour l'avenir.
« C'est qu'il y a ici une circonstarice toute particulière qui influe sur les images photographiques et ne permet de les employer qu'avec de rigoureuses précautions.
« Cette circonstance réside dans la constitution toute spéciale de la nébuleuse.
« Une nébuleuse n'est pas un objet à contours arrêtés, comme le Soleil, la Lune, les planètes et les autres objets célestes. Son image présente l'aspect de nuages plus ou moins contournés et dont les diverses parties ont un pouvoir lumineux extrêmêment variable. II en résulte que, suivant la puissance de l'instrument, le temps de pose, la sensibilité de la plaque photographique, la transparence de l'atmosphère, etc., on obtient d'une même nébuleuse des images extrêmêment différentes, souvent même des images qu'on ne soupçonnerait pas appartenir au même objet. Par exemple, si une nébuleuse présente des parties brillantes reliées à des portions plus sombres, et qu'on prenne de cette nébuleuse des images de poses très différentes, les images correspondant aux poses les plus courtes pourront ne montrer que les seules parties brillantes sans aucune trace des parties intermédiaires, figurant ainsi plusieurs nébuleuses distinctes. Les images de poses plus longues commenceront à montrer les parties moins lumineuses, et celle où le temps de l'action lumineuse aura été encore plus prolongée montrera la nébuleuse plus complète encore.
« C'est ainsi que nous avons obtenu, avec notre télescope de 0m,50 de diamétre et de 1m,60 de distance focale (1) ([i]), trois photographies de la nébuleuse d'Orion, correspondant à des temps d'action lumineuse de 5m, 10m, 15m et qui présentent des images d'aspects très différents. L'image de la nébuleuse, quand on passe de la pose la plus courte à la plus longue, tend à s'étendre et à se compléter (2) ([ii]). Mais ce qu'il faut bien remarquer ici, c'est que nos moyens photographiques actuels ne nous permettent pas d'obtenir des nébuleuses des images aussi complètes que celles qui nous sont présentées par nos grands instruments d'optique oculaire. La constitution de ces objets célestes exige donc impérieusement que les photographies qui en seront prises, si l'on veut qu'elles puissent servir plus tard de base à des comparaisons certaines, que ces photographies, dis-je, soient prises dans des conditions optiques et photographiques rigoureusement définies.
» Ces conditions sont extrêmêment difficiles à définir rigoureusement. Les plus simples sont celles qui se rapportent à la puissance optique de l'instrument et au temps de l'action lumineuse; mais les conditions qui visent le degré de sensibilité des plaques photographiques, la transparence de l'atmosphère pour les rayons actifs, sont beaucoup plus difficiles à apprécier.
« Si, par exemple, on a obtenu de la nébuleuse d'Orion une image photographique qui sera toujours plus ou moins complète et montrera certains détails de la structure de l'astre, sans en donner d'autres qui eussent demandé pour se produire, ou un instrument plus puissant, ou un degré de transparence photographique plus grand de l'atmosphère, ou des plaques plus sensibles, etc., comment pourra-t-on définir tous ces facteurs d'une manière assez rigoureuse pour permettre à l'observateur de l'avenir de se placer dans des conditions identiques, et d'avoir, en conséquence, le droit d'attribuer les différences accusées par son image à des changements véritables dans la structure de l'astre?
« Je sais qu'il est certains changements de l'image qu'on aurait toujours le droit de considérer comme correspondant à des changements réels; mais, pour ces cas particuliers eux-mêmes, il faudrait une discussion bien délicate pour les mettre en évidence, et pour le reste on manquerait de toute espèce de base.
« Je pourrais citer comme exemple remarquable de ces variations les images photographiques de la couronne qui furent prises à Siam en 1875, pendant l'éclipse totale. M. le Dr Schuster dirigeait l'expédition anglaise, et ce savant disposait d'un appareil destiné à prendre des photographies de l'éclipse. Je le priai de prendre pendant la totalité plusieurs images de la couronne, en donnant à ces photographies des temps de pose variables comme les nombres 1, 2, 4, 8.
« Le résultat fut concluant: nous constatâmes que, dans chaque image, la hauteur de la couronne était différente et que chacune d'elles donnait une hauteur inexacte au phénomène. C'est que l'atmosphère coronale est une véritable nébulosité qui entoure le globe solaire et que le pouvoir lumineux de cette atmosphère décroît rapidement de la surface de l'astre vers les espaces. Dans ces conditions, qui oserait affirmer, d'après des photographies de la couronne prises à des époques différentes, et sans qu'on eût autrement défini les conditions de l'expérience, qui oserait affirmer, dis-je, que les différences que pourraient présenter ces images correspondent à une véritable variation dans la hauteur de cette enveloppe solaire ?
» Il est donc indispensable que les photographies de nébuleuses soient accompagnées d'une sorte de témoin qui exprime la résultante des conditions dans lesquelles l'image a été obtenue. Ce témoin, je le demande aux étoiles.
« Une étoile donne sur la plaque photographique placée au foyer de l'instrument un point noir ou sombre plus ou moins régulier. Ce point, à cause de ses petites dimensions, ne peut se prêter à aucune mesure photométrique, mais il en est tout autrement si, au lieu de placer la plaque au foyer, on la place un peu en dedans. On obtient alors un cercle de très petit diamètre, de teinte sensiblement uniforme (si la lunette est bonne), et dont on peut comparer le degré d'opacité avec des cercles de même origine. Il faut avoir soin de régler l'action lumineuse de manière que la teinte du cercle ne soit pas trop foncée et corresponde aux instants où la lumière produit les plus grandes variations possibles avec l'augmentation du temps de son action.
» Les degrés d'opacité de deux cercles ainsi obtenus peuvent être comparés par des procédés photométriques, mais on doit s'attacher à n'avoir à constater que l'égalité des teintes, afin d'éviter l'emploi de tables donnant les variations d'opacité en fonction de l'intensité lumineuse.
» Le diamètre du cercle se mesure soit directement, soit mieux par la connaissance de l'angle d'ouverture de l'instrument et celle de la distance de la plaque photographique au foyer.
« Il faut bien remarquer que, comme le degré d'opacité de ces cercles stellaires est influencé non seulement par le temps de l'action de la lumière, mais par toutes les circonstances de sensibilité des plaques, de transparence photographique de l'atmosphère, etc., ils peuvent être considérés comme une résultante de tous ces facteurs et constituent le témoin que nous cherchons. Si une photographie de nébuleuse est accompagnée de cinq ou six de ces cercles stellaires obtenus d'ailleurs dans les mêmes conditions qu'elle, ils permettront aux observateurs de l'avenir de se placer dans des conditions non pas semblables pour chacune d'elles, mais équivalentes dans leur résultat final, ce qui est le but cherché. Dans cette méthode, l'observateur qui voudrait obtenir une photographie d'un objet céleste susceptible de donner des images différentes avec les conditions de l'observation commencerait d'abord par chercher à déterminer le temps convenable pour obtenir les témoins dont nous parlons; ce temps déterminé, qui pourra être d'ailleurs fort différent de celui qui a été employé pour obtenir la photographie à laquelle il s'agit de se comparer, sera néanmoins celui qui sera nécessaire pour se placer dans les conditions où l'image soit comparable.
« Il est clair d'ailleurs que, si les images de la nébuleuse qui doivent être comparées ne sont pas prises à la même échelle, il sera nécessaire que les mêmes rapports de grandeurs soient maintenus entre les cercles stellaires.
« Je n'ai voulu pour aujourd'hui qu'appeler l'attention des astronomes physiciens sur l'emploi de ces cercles stellaires. Ils ont dans ma pensée un rôle beaucoup plus étendu.
« D'après les études auxquelles je me suis livré, ils me paraissent constituer un moyen nouveau et très simple pour aborder l'étude du pouvoir photographique des étoiles et qui permettra de les classer en grandeurs à ce point de vue, comme elles l'ont été au point de vue oculaire.
« J'aurai l'honneur, dans une autre Communication, d'entretenir l'Académie des efforts que je fais pour asseoir les bases de cette étude. »
([i]) (1) J'ai construit, en 1870, un télescope de très court foyer, comme celui dont il est question ici, et qui m'a servi, pendant l'éclipse de 1871, à mettre en évidence la véritable nature de la couronne. Ce genre de télescope permet de résoudre certaines questions spéciales qui ne pourraient pas être abordées par les télescopes ordinaires.
([ii]) (2) Ces images sont placées sous les yeux de l'Académie.

1881, 7 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1881
7 de Março
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. .XCII
Nº. 10
Pag. 496
*
PHOTOGRAPHIE. - Note sur la photographie de la lumière cendrée de la Lune; par M. J. Janssen.

« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une photographie lunaire qui montre la partie de notre satellite éclairée par la lumière de la Terre.
« C'est avec le télescope de 0m, 50 de diamètre, à très court foyer, dont j'ai déjà entretenu l'Académie dans la Note sur les nébuleuses, que cette photographie a été obtenue. Une exposition de soixante secondes a suffi pour obtenir l'image en question. La Lune était alors âgée de trois jours.
« Bien que cette image soit faible, on peut néanmoins reconnaître, dans la partie de la Lune brillant seulement par la lumière cendrée, la configuration générale des continents lunaires.
» L'intérêt scientifique de cette application de la Photographie sera de permettre de prendre des mesures photométriques plus précises sur la lumière cendrée et d'étudier les phénomènes lumineux si intéressants qui se produisent dans la double réflexion de la lumière solaire sur les deux astres, suivant les diverses circonstances atmosphériques ou géographiques que la Terre peut présenter. »

1881,4 de Abril - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1881
4 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. .XCII
Nº. 14
Pag. 821, 822, 823, 824, 825 825
*
ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Sur la photométrie photographique et son application à l'étude des pouvoirs rayonnants comparés du Soleil et des étoiles; par M. J. Janssen.

« Les applications scientifiques de la Photographie ont pris une telle importance, spécialement en Astronomie, qu'il y a actuellement un intérêt capital à introduire dans cet art les méthodes rigoureuses de la Science, afin de le rendre capable, non plus seulement d'enregistrer les phénomènes lumineux, mais d'en donner la mesure précise, en un mot de créer une Photographie photométrique.
» C'est le but que je me suis proposé, et que je poursuis depuis plusieurs années.
» L'intervention de la Photographie dans les mesures photométriques présente un très grand intérêt.
» D'une part, cette méthode permet aujourd'hui non seulement l'enregistrement de tous les rayons visibles, mais elle atteint encore ces radiations ultra-violettes qui nous donnent des notions si précieuses sur la température des corps.
« Mais l'avantage le plus précieux de la Photographie consiste dans la permanence des résultats obtenus. Tandis que les comparaisons photométriques entre deux sources lumineuses sont essentiellement fugitives et exigent la présence simultanée de ces sources, la Photographie fournira des termes permanents de comparaison qui pourront être comparés quand on voudra et qu'on pourra même léguer à l'avenir. En outre, par l'admirable propriété de la plaque sensible, de permettre l'accumulation presque indéfinie des actions lumineuses, la nouvelle méthode permettra la comparaisonet l'étude de radiations d'une faiblesse extrème, inaccessibles à nos moyens actuels.
« Le phénomène photographique final, provoqué par l'action des radiations actives, consiste, pour les procédés actuels, dans un dépôt métallique sur la plaque. On ne pourrait songer à peser ce dépôt: les quantités de matière en jeu sont trop faibles. Il est plus simple et plus naturel de demander l'élément de mesure au degré d'opacité plus ou moins grand de ce dépôt rnétallique, puisque c'est par lui que sont constituées les images engendrées par la lumière.
« C'est ce que nous avons fait.
« Nous avons ensuite cherché un instrument qui pût donner les bases des rapports qui existent entre l'intensité d'une radiation et le degré d'opacité du dépôt qu'elle provoque.
» Après diverses recherches, nous avons été conduit aux dispositions trés simples de l'instrument dont nous donnons la disposition essentielle, et que nous nommons le photomètre photographique.
« Cet instrument consiste essentiellement en un châssis pouvant recevoir une plaque sensible devant laquelle un mécanisme fait passer, d'un mouvement uniforme et mesuré, un obturateur percé d'une fenêtre, qui régle l'action lumineuse sur la plaque, et dont la forme est variable avec les effets qu'on veut obtenir.
« Le mouvement de l'obturateur est rendu uniforme, soit par un mouvement d'horlogerie pour les mouvements lents, soit par des ressorts, agissant dans des conditions spéciales, pour les mouvements rapides. Dans ce dernier cas, la vitesse est mesurée par un diapason.
« Si l'on place dans le châssis une plaque sensible, et qu'on fasse passer devant elle la fenêtre de l'obturateur, on obtient une teinte uniforme sur toute la surface de la plaque quand la fenêtre a la forme d'un rectangle; mais, si la forme de cette fenêtre est celle d'un triangle, la teinte de la plaque décroîtra du bord qui correspond à la base du triangle vers le bord opposé, et, de plus, la loi du décroissement d'intensité de ces teintes exprimera celle qui les lie aux décroissements de l'intensité de la source, décroissements qui sont donnés par la forme même de la fenêtre.
« En donnant à la fenêtre des ouvertures triangulaires de divers angles, on obtiendra les séries de teintes qui correspondent des intensités variées et liées entre elles de la lumière.
« L'instrument permet de constater immédiatement que l'opacité du dépôt photographique ne reste pas proportionnelle à l'intensité lumineuse dès que cette intensité s'accroît notablement, car, si l'on superpose en sens opposés deux plaques semblables obtenues avec la même ouverture triangulaire, on constate qu'elles ne présentent pas une teinte uniforme, mais, au contraire, qu'elles montrent une augmentation d'opacité vers le milieu, ce qui démontre que le dépôt photographique n'augmente pas aussi rapidement que l'intensité lumineuse.
« Pour mesurer les rapports de sensibilité de deux plaques photographiques d'origines différentes, il suffit de les mettre l'une à la suite de l'autre dans le châssis du photomètre et de donner la pose par la fenêtre triangulaire. Les points où les plaques présenteront la même opacité seront rapportés aux points de la fenêtre qui leur correspondent, et le rapport des ouvertures en ces points exprimera le rapport des sensibilités. On trouve ainsi que les nouvelles plaques au gélatino-bromure d'argent qu'on prépare actuellement peuvent être jusqu'à vingt fois plus sensibles que les plaques collodionnées au procédé humide.
» On peut, aussi facilement, chercher les rapports des intensités photogéniques de deux sources différentes. Il suffira de les faire agir successivement sur deux plaques semblables. Les points d'égale teinte dans ces plaques conduiront, comme tout à l'heure, à l'expression du rapport cherché.
» Enfin l'on pourra aussi simplement vérifier, par la Photographie, les principales lois de la Photométrie.
» Mais il y a ici un élément nouveau et fort important de mesure: c'est celui de la durée des actions. Quand deux sources d'inégale intensité ont accompli sur la rnême plaque un travail photographique égal, leurs intensités sont dans le rapport inverse des temps qu'elles ont respectivement employés.
» II est évident, en effet, que, pour accomplir un même travail dans des conditions identiques, il faut la même somme d'énergie radiante.
» On vérifie le principe au photomètre, en prenant une fenêtre divisée en deux parties rectangulaires dans le sens de sa hauteur, celle du haut ayant, par exemple, quatre fois l'ouverture de celle du bas. On fait agir sur l'ouverture quadruple une source d'intensité Ι et sur l'ouverture Ι une source d'intensité 4. On constate alors que les teintes sont égales.
» Telle est la disposition générale de l'instrument. Il porte des dispositions spéciales pour les différentes applications qu'on peut lui demander, et notamment lorsqu'il s'agit d'affaiblir ou d'augmenter par des lentilles de quartz l'intensité de la source radiante. Dans ce résumé, je ne puis entrer dans les détails, qui seront donnés dans le Mémoire.
« Je viens maintenant à l'une des applications qui ont été faites des principes posés ci-dessus.
» Application à l'étude des radiations comparées du Soleil et des étoiles. - II est superflu d'insister sur l'importance de cette application. On sait que de tout temps, mais surtout depuis les grands progrès des sciences physiques, les astronomes les plus célèbres ont cherché à obtenir des mesures de la puissance rayonnante des corps célestes.
« La Photographie, qui, aujourd'hui, peut enrégistrer des radiations d'une échelle d'ondulations beaucoup plus étendue que l'échelle oculaire, apportera des éléments nouveaux et de la plus haute importance dans la question.
« Dans ce travail, je me suis attaché d'abord aux étoiles dont on connaît la parallaxe; Sirius, la Chèvre, Arcturus, etc., ont été l'objet des premières études.
« La comparaison de la puissance du rayonnement photographique d'une étoile et du Soleil peut être obtenue directement, sans intermédiaire.
« Il faut déterminer d'abord quelle est la durée d'action du Soleil qui correspond à la variation la plus rapide dans le degré d'opacité des dépôts photographiques. Cette donnée est fournie par le photomètre.
« Si l'on se sert de plaques au gélatino-bromure d'argent, on trouve que pour remplir cette condition il faut réduire l'action lumineuse de 1/20000 à 1/40000 de seconde pour l'action directe.
» Pour obtenir sur la plaque sensible une teinte se dégradant unifomiément d'un bord à l'autre et formant une échelle bien régulière, on est obligé de donner aux côtés de la fenêtre la forme d'une courbe qui corrige le défaut de proportionnalité entre la grandeur de l'action photogénique et l'opacité du dépôt produit.
« Nous nommerons échelles solaires ces plaques photographiques présentant des échelles de teintes, obtenues dans des conditions rigoureusement déterminées pour la nature de la couche sensible, le temps de l'action solaire, la hauteur de l'astre, etc.
« Il s'agit maintenant d'obtenir des termes analogues pour les étoiles.
« Ainsi que je le disais à l'Académie dans une autre séance, les images photographiques données par les étoiles ne peuvent fournir des éléments précis de mesure photométrique, à cause de la petitesse et de l'irrégularité de ces images. On en peut tirer des indications générales déjà précieuses sur la puissance de rayonnement de ces astres, mais ces résultats échappent à toute mesure.
« Il faut obtenir avec l'étoile une image assez grande et de teinte mesurable, c'est-à-dire qui puisse être comparée à celles que nous avons obtenues du Soleil.
« Pour obtenir ce résultat, on place le châssis qui contient la plaque photographique à une certaine distance du foyer, comme je le disais dans une précédente séance. Le faisceau conique donné par la lumière de l'étoile est coupé par un plan perpendiculaire à son axe et donne un cercle. Si la lunette ou le télescope est très bon, ce cercle est uniformément éclairé dans toute sa surface, et l'image photographique présente une teinte uniforme qui se prête très bien aux comparaisons photométriques.
« Sur la même plaque, nous obtenons ainsi de l'étoile une douzaine d'images correspondant à des temps régulièrement croissants. On élimine ainsi les erreurs accidentelles et on obtient plusieurs termes de comparaison avec les échelles solaires
« Le mouvement de l'instrument, du reste, doit être rigoureusement réglé sur le temps sidéral, pour se prêter à des poses un peu prolongées quand cela est nécessaire.
« Ici, comme pour le soleil, toutes les circonstances qui modifient l'intensité du rayonnement de l'étoile sont notées et appréciées.
« On voit que dans ces expériences la puissance rayonnante de l'étoile est augmentée dans le rapport du carré du diamètre du miroir télescopique à celui du cercle stellaire. Il y a, bien entendu, à tenir compte des pertes par réflexion.
« J'ai également une disposition qui permet d'obtenir avec le télescope lui-même, pour le Soleil, des cercles analogues aux cercles stellaires.
« La série des cercles d'une étoile est alors comparée aux échelles fournies par le Soleil, et chaque cercle pour lequel on trouve une teinte égale dans les échelles fournit les éléments du rapport des intensités photographiques des deux astres.
« Dans une Communication ultérierire, j'aurai l'honneur de faire connaître les résultats obtenus. Pour Sirius, les conditions étaient dernièrement assez défavorables; cependant on peut déjà prévoir, d'après les premières comparaisons, que ce corps doit avoir un volume considérable, même en admettant un pouvoir radiant, par unité de surface, beaucoup plus élevé que pour notre Soleil. »

1881, 27 de Junho - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1881
27 de Junho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. .XCII,
Nº. 26
Pag. 1483
M. Janssen présente à l’Académie une photographie de la comète actuellement visible, qui a été obtenue à l’Observatoire de Meudon dans la nuit du 26 au 27 juin.
Les détails de cette observation seront données dans le prochain numéro des Comptes rendus.

1882, 13 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1882
13 de Março

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCIV
Nº. 11
Pag. 683, 684, 685
*
PHYSIOLOGIE. - Sur la reproduction, par la photographie, des diverses phases du vol des oiseaux. Lettre de M. Marey à M. le Secrétaire perpétuel.

« Naples, 9 mars 1882.
« J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que je viens d'obtenir, au moyen de la photographie instantanée, l'analyse complète des différentes formes de la locomotion, y compris le vol des oiseaux.
» Il y a deux ans environ que M. Muybridge, de San-Francisco, a publié d'admirables épreuves de chevaux lancés aux allures les plus rapides et surpris par la photographie en 1/500 de seconde; le célèbre Américain a même, sur mes instances, braqué son objectif sur un groupe de pigeons au vol: on voit sur le cliché certaines images assez nettes pour que la position des ailes y soit facile à déterminer.
« Mais, dans les expériences de M. Muybridge sur le vol, il n'était recueilli qu'une seule image de l'oiseau, tandis que l'analyse des mouvements du vol exige une série d'attitudes avec la connaisence de l’instant précis où chacune d'elles s'est produite.
« Une méthode que notre confrère M. Janssen a imaginée lors du passage de Vénus sur le Soleil, pour suivre les phases du mouvement relatif des deux astres, m'a semblé remplir, en principe, les conditions voulues. Mais j'ai trouvé bien des difficultés d'exécution, à cause de la rapidité extrême avec laquelle doivent se mouvoir les pièces du revolver photographique dont j'avais besoin.
« J'ai réussi enfin à construire, dans le format d'un fusil de chasse, un instrument qui donne aisément douze images successives par seconde, chaque image n'employant pour se produire que de seconde.
» Avec des plaques au gélatinobromure d'argent, cette durée est suffisante même pour un temps couvert. On peut, par un beau soleil, réduire la pose à de seconde (ces durées ont été contrôlées au chronographe).
« En disposant une série de ces images dans un phénakistiscope de Plateau, on reproduit l'aspect de l'oiseau qui vole, dans des conditions qui rendent facile l'analyse du mouvement.
« Mes expériences nouvelles confirment les résultats que m'avaient donnés, il y a quelques années, l'analyse graphique du mouvement de l'oiseau, mais elles y ajoutent beaucoup de notions importants.
» Dans quinze jours, j'aurai l'honneur de présenter a l'Académie mon appareil et mes épreuves photographiques. »

M. J. Janssen fait, au sujet de cette Communication, les remarques suivantes :

« Je dois dire combien je suis heureux que, notre éminent confrère, M. Marey, ait réussi à saisir par la photographie les attitudes du vol dans les oiseaux.
» La question de l’enregistrement photographique des attitudes des animaux dans le vol, la marche, et en général dans la locomotion, m'a plus particulièrement intéressé depuis que je me suis occupé de la construction d'un appareil propre à saisir les diverses phases du contact de la planète, Vénus dans ses passages sur le Soleil.
» Dans une Communication, déjà ancienne, à la Société française de Photographie, j'ai montré que l'intérêt du nouvel appareil consistait surtout dans ces applications biologiques.
» Dernièrement notre confrère a bien voulu m'écrire pour me demander des détails sur les dispositions du revolver photographique, et je me suis empressé de lui répondre.
» Je ne sais pas encore dans quelle mesure ces dispositions du revolver ont pu être utilisées par M. Marey, mais il n'est pas douteux que le principe de cet instrument, qui permet de reproduire avec tant de facilité et de simplicité des phases extrêmêment rapprochées de tout phénomène variable, ne puisse donner de bonnes solutions de ces questions. »

1882, 13 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1882
13 de Março

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCIV
Nº. 11
Pag. 683, 684, 685
*
PHYSIOLOGIE. - Sur la reproduction, par la photographie, des diverses phases du vol des oiseaux. Lettre de M. Marey à M. le Secrétaire perpétuel.

« Naples, 9 mars 1882.
« J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que je viens d'obtenir, au moyen de la photographie instantanée, l'analyse complète des différentes formes de la locomotion, y compris le vol des oiseaux.
» Il y a deux ans environ que M. Muybridge, de San-Francisco, a publié d'admirables épreuves de chevaux lancés aux allures les plus rapides et surpris par la photographie en de seconde; le célèbre Américain a même, sur mes instances, braqué son objectif sur un groupe de pigeons au vol: on voit sur le cliché certaines images assez nettes pour que la position des ailes y soit facile à déterminer.
« Mais, dans les expériences de M. Muybridge sur le vol, il n'était recueilli qu'une seule image de l'oiseau, tandis que l'analyse des mouvements du vol exige une série d'attitudes avec la connaisence de l’instant précis où chacune d'elles s'est produite.
« Une méthode que notre confrère M. Janssen a imaginée lors du passage de Vénus sur le Soleil, pour suivre les phases du mouvement relatif des deux astres, m'a semblé remplir, en principe, les conditions voulues. Mais j'ai trouvé bien des difficultés d'exécution, à cause de la rapidité extrême avec laquelle doivent se mouvoir les pièces du revolver photographique dont j'avais besoin.
« J'ai réussi enfin à construire, dans le format d'un fusil de chasse, un instrument qui donne aisément douze images successives par seconde, chaque image n'employant pour se produire que de seconde.
» Avec des plaques au gélatinobromure d'argent, cette durée est suffisante même pour un temps couvert. On peut, par un beau soleil, réduire la pose à de seconde (ces durées ont été contrôlées au chronographe).
« En disposant une série de ces images dans un phénakistiscope de Plateau, on reproduit l'aspect de l'oiseau qui vole, dans des conditions qui rendent facile l'analyse du mouvement.
« Mes expériences nouvelles confirment les résultats que m'avaient donnés, il y a quelques années, l'analyse graphique du mouvement de l'oiseau, mais elles y ajoutent beaucoup de notions importants.
» Dans quinze jours, j'aurai l'honneur de présenter a l'Académie mon appareil et mes épreuves photographiques. »

M. J. Janssen fait, au sujet de cette Communication, les remarques suivantes :

« Je dois dire combien je suis heureux que, notre éminent confrère, M. Marey, ait réussi à saisir par la photographie les attitudes du vol dans les oiseaux.
» La question de l’enregistrement photographique des attitudes des animaux dans le vol, la marche, et en général dans la locomotion, m'a plus particulièrement intéressé depuis que je me suis occupé de la construction d'un appareil propre à saisir les diverses phases du contact de la planète, Vénus dans ses passages sur le Soleil.
» Dans une Communication, déjà ancienne, à la Société française de Photographie, j'ai montré que l'intérêt du nouvel appareil consistait surtout dans ces applications biologiques.
» Dernièrement notre confrère a bien voulu m'écrire pour me demander des détails sur les dispositions du revolver photographique, et je me suis empressé de lui répondre.
» Je ne sais pas encore dans quelle mesure ces dispositions du revolver ont pu être utilisées par M. Marey, mais il n'est pas douteux que le principe de cet instrument, qui permet de reproduire avec tant de facilité et de simplicité des phases extrêmêment rapprochées de tout phénomène variable, ne puisse donner de bonnes solutions de ces questions. »

1882, 3 de Abril - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1882
3 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XCIV
Nº. 14
Pag. 909, 910, 911
*
PHOTOGRAPHIE. - Note sur le principe d'un nouvenu revolver photographique; par M. J . Janssen.

« Les applications que vient de recevoir le revolver photographique entre les mains de notre éminent confrère, M. Marey, sont un motif pour faire connaître le principe d'un nouveau revolver qui permettra de saisir les phases successives d'un phénomène s'accomplissant avec une rapidité considérable, comme, par exemple, le mouvement des ailes dans l'acte du vol chez les insectes.
» On sait que le principe du revolver photographique consiste dans le mouvement rotatif d'une plaque sensible sur laquelle viennent se produire successivement, et par l'effet d'un mécanisme, les images des phases diverses d'un phénomène variable.
» Mais, dans cet insirument, la plaque sensible est arrêtée chaque fois qu'une image va être prise, et elle ne se meut que pour permettre a la région voisine, non impressionnée, de recevoir une image nouvelle. Telle était la disposition du premier revolver qui a été conçu et exécuté à l'occasion du passage de Vénus en 1874.
» En satisfaisant à cette condition de l'arrèt de la plaque photographique pendant la prise de l'image, on peut encore obtenir un certain nombre de photographies par seconde, et c'est le cas qui a été réalisé par M. Marey dans l'étude qu'il vient de présenter sur le vol des oiseaux; mais il est aisé de comprendre que cette condition impose une limite bientôt atteinte dès qu'on veut dépasser une dizaine d'images par seconde. C'est qu'il est extrêmêment difficile d'arrêter subitement, et pour un temps très court, un corps animé d'un mouvement rapide.
« Par exemple, l'étude du vol chez les insectes exige qu'on prenne des images se succédant à des intervalles d'une petitesse extrême, probablement fort au-dessous de de seconde. Or, il serait impraticable d'imprimer à une plaque des mouvements et des arrêts se succédant avec une telle rapidité.
» Les applicalions du revolver qui sont peut-être les plus intéressantes et les plus riches en faits nouveaux seraient demeurées inabordables si cette condition des arrêts successifs était absolument inéluctable.
» Mais, depuis longtemps déjà que je songe à utiliser cet instrument pour l'étude de la mécanique animale (1) ([i]), j'ai pensé qu'il serait possible de prendre des images photographiques sur une plaque en mouvement.
« Si l'on analyse la question, on trouve qu'il existe un rapport, suivant la délicatesse des éléments de l'image, entre le mouvement qu'on peut donner à la plaque et le temps de l'action lumineuse.
» La Communication de notre confrère M. Marey ayant appelé de nouveau mon attention sur ces études, je me suis proposé de donner une démonstration expérimentale du principe dont nous parlons, et j'ai choisi pour sujet les images solaires.
« On sait que la granulation de la surface solaire est un des objets les plus difficiles à voir dans les lunettes, et que sa reproduction par la photographie n'a été obtenue que tout récemment. Or, pour donner du principe en question une démonstration tout à fait probante, je me suis proposé d'obtenir cette granulation sur une plaque animée d'un mouvement de 0m,15 à 0m,20 par seconde.
» Le résultat a pleinement répondu à ma prévision. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des Membres de l'Académie une plaque sur laquelle on voit reproduites deux portions identiques de la surface solaire.
» L'une de ces portions a été prise sur la plaque pendant qu'elle était au repos, et l'autre pendant que la plaque était animée d'un mouvement d'environ 0m,15 par seconde. La comparaison de ces deux images montre que le mouvement n'a empêché en rien la manifestation de la granulation, c'est-à-dire d'un des phénomènes les plus délicats de la photographie astronomique.
» Je n'insiste pas davantage aujourd'hui, voulant seulement démontrer le principe.
» On comprend que, la constatation de ce fait nous affranchissant de l'obligation des arrêts successifs, rien en quelque sorte ne limite le nombre des images que le revolver pourra fournir dans un temps donné. Il y a seulement à établir un juste rapport entre la délicatesse des détails de l'image, la vitesse de la plaque sensible et le temps de l'action lumineuse.
» Dans la nouvelle disposition, le plateau portant la plaque sensible, l'obturateur portant les fentes sont chacun animés d'un mouvement rotatoire continu, et c'est la grandeur de ces mouvements et leur rapport qui déterminent la rapidité dans la succession des images et les conditions de leur formation.
» D'après quelques supputations très simples, je me suis convaincu, depuis longtemps déjà, qu'il sera facile d'obtenir, d'un phénomène, des images se succédant à des intervalles de 1/100 de seconde, et d'aller beaucoup au delà. »
([i]) (1) Extrait du Bulletin de la Société française de Photographie, avril 1876.
« La propriété du revolver, de pouvoir donner automatiquement une série d'images nombreuses, et aussi rapprochées qu'on veut, d'un phénomène à variations rapides, permettra d'aborder des questions intéressantes de Mécanique physiologique se rapportant à la marche, au vol, aux divers mouvements des animaux. Une série de photographies qui embrasserait un cycle entier des mouvements relatifs à une fonction déterminée fournirait de précieuses données pour en éclairer le mécanisme.
« On comprend, par exemple, tout l'intérêt qu'il y aurait, pour la question encore si obscure du mécanisme du vol, à obtenir une série de photographies reproduisant les divers aspects de l'aile durant cette action. La principale difficulté viendrait actuellement de l'inertie de nos substances sensibles, eu égard aux durées si courtes d'impression que ces images exigent; mais la Science lèvera certainement ces difficultés.
« A un autre point de vue, on peut dire aussi que le revolver résout le problème inverse du phénakisticope. Le phénakisticope de M. Plateau est destiné à produire l'illusion d'un mouvement ou d'une action au moyen de la série des aspects dont ce mouvement ou cette action se compose. Le revolver photographique donne au contraire l'analyse d'un phénomène en reproduisant la série de ses aspects élémentaires.

segunda-feira, 23 de março de 2009

1882, 20 de Abril - NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX de A. POITEVIN

1882
20 de Abril

NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX de A. POITEVIN
par M. A. DAVANNE
Gauthier-Villars
Paris
1882
*
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX A. POITEVIN PAR M. A. DAVANNE
Vice-Président de la Société Française de Photographie


Après l'éloge de ces savants illustres, Bussy, Dubrunfaut, H. Saint-Claire Deville, fait par celui qui fut le digne collaborateur des grands travaux de Sainte-Claire Deville (1) ([i]) et dont le nom a sa place si haut marquée dans la Science, je vous demande d'accorder encore quelques moments à un simple membre de notre Association, qui vient vous entretenir de la vie et des travaux d'un savant dont les œuvres,moins éclatantes, sont certainement ignorées d'un grand nombre des personnes qui veulent bien me prêter leur attention.
Ces travaux, cependant, ont eu une importance capitale sur le développement de l'une de nos grandes découvertes modernes, qu'ils ont pour ainsi dire transformée. Tout le monde connaît la Photographie; chacun apprécie les réultats qu'elle produit; partout, dans le cabinet du savant, dans l'atelier de l'artiste, dans celui de l'industriel, dans nos salons comme dans les plus modestes logis, et mêmee dans les lointains pays qui ne sont qu’à l'aurore de la civilisation, partout, maintenant, on retrouve ces épreuves photographiques auxquelles les uns demandent la constatation de la vérité et le plus grand nombre les doux souvenirs de l'amitié et de la famille.Mais qu'ils sont peu nombreux ceux qui connaissent le nom des hommes qui leur ont procuré cette douce jouissance, qui ont mis à la portée de l'artiste les belles lignes tracées par les maîtres, et qui ont permis aux pauvres ce grand luxe des riches: la galerie des êtres aimés!
Le nom de DAGUERRE a survécu, alors même que se sont évanouies las oeuvres que ses procédés ont pu produire; celui de NICÉPHORE NIÉPCE son prédécesseur et son associé, celui de Fox Talbot sont peu connus du public, et ceiui d’ALPHONSE POITEVIN, dont les travaux ont permis de transformer par de nombreux procédés une image éphémère en une épreuve durable et de multiplier à l’infini les tirageg trop restreints que donnaient les premières méthodes, le nom de Poitevin est resté dans l'ombre de la Science, dépassant à peine le milieu special qui seul appréciait ses utiles travaux, alors que tous en recevaient ou en recevront les bienfaits.
POITEVIN, pourtant, a consacré sa vie entière aux recherches qui ont amené ces résultats; dès son adolescence, qui s'est passée dans son pays natal, à Contlans, dana la Sarthe,il montrait un goût particulier pour l’étude des sciences, et en 1840, à l'âge de vingt et un ans, il entrait brillamment à l'École Centrale, d’où trois ans plus tard, il sortirait, troisième de sa promotion, avec le diplôme d'ingénieur chimiste.
Dès lors sa vocation était tracée. Frappé par les remarquables résultats obtenus par la récente découvette de Daguerre, il en avait cependant vite aperçu les points faibles: le procédé sur plaque d'argent ne donnait qu'une seule image d'un prix relativementélevé, il fallait la multiplier économiquement.
Déjà les rares loisirs que lui laissaient ses études à L’École Centrale avaient été consacrés à des recherches pour reproduire l'image de la plaque daguerrienne par la galvanoplastie, recherches qu'il espérait alors pouvoir continuer; mais, dès sa sortie de l'École, nous voyons commencer l'antagonisme entre la vocation et la lutte pour la vie : chimiste attaché aux salines de l'Est, apportant successivement dans les salines de Dieuze, de Montmorot, d 'Arc, de Gouhenans les améliorations suggérées par les connaissances acquises, il dut abandonner pendant plusieurs années, pour les travaux industriels, les recherches qui le charmaient.
Cependant, de 1847 à 1855, sans quitter la position conquise par son travail, il reprend son idée première, et s'efforce, par l'emploi des procéd6és galvanoplastiques, d'obtenir la gravure de l'image daguerrienne ou d'en faire une contre-épreuve qui, enlevée au moyen d'une couche de gélatine, donnait une sorte de négatif que l'on pouvait imprimer en image positive sur papier au chlorure d'argent.
Vers cette époque, il se fit en photographie une première transformation; la plaque de Daguerre fut abandonnée pour faire place à ces procédés dérivés de l'invention de Talbot, qui produisaient à la chambre noire une image négative, servant ensuite à imprimer un nombre quelconque d'images positives.
Mais voici que je me sers de mots inconnus pour beaucoup de personnes; je parle d'épreuves négatives, d'épreuves positives; ces expressions reviennent continuellement, dès que l'on dit qualques mots sur la Photographie; et, avant d'aller plus loin, il me semble indispensable de vous les expliquer.
Dans les conditions les plus générales, l'image photographique résulte de l'action de la lumière sur les sels d'argent; parmi ces sels, ceux que nous employons sont blancs ou peu colorés, tels que le chlorure, le bromure, l'iodure d'argent; la lumière, en agissant sur eux, les rend noirs ou aptes à noircir; de là cette conséquence que le résultat de

Fig. 1

l'action lumineuse est juste l'inverse de ce que nous cherchons. Un portrait de femme blanche avec une robe noire nous donnera donc une femme noire avec une robe blanche. Le ciel lumineux d'un paysage et les arbres sombres sont représentés par un ciel noir et des arbres blancs. C'est l'épreuve renversée (fig. 1), c'est 1'épreuve négative. Mais, recommençons l'opération, en prenant comme modèle cette épreuve négative; les effets sont de nouveau renversés, nous obtenons l'image conforme à la nature (fig. 2), et le modèle négatif n´étant nullement altéré, nous pouvons en tirer un nombre indéfini d'épreuves positives.Voici donc les opérations photographiques divisées en deux grandes classes: la production des négatifs et l'impression des positifs; c'est surtout de ces derniers que s'est préoccupé Poitevin.Fig.2

Le type négatif peut être obtenu trés rapidement, grâce à la découverte faite par Daguerre de l'image latente, qu’avait découvert Niépce en 1814 ([i]).
Cette image latente résulte d'une action invisible et encore inexpliquée que la lumière fait subir à certains sels d'argent; elle frappe le composé sensible, et celui-ci peut être instantanément modifié dans sa nature sans que l'on aperçoive trace de la modification; les parties touchées par la lumière ne different on rien des autres lorsqu'on les examine, mais elles noirciront sous l'influence do certains réactifs réducteurs; la réduction sera proportionnelle à l'intensité lumineuse qui a agi, et l'image se développera graduellement.
L'expérience est exécutée devant vous en projection: une glace a été impressionnée dans la journée, on la plonge ici dans une petito cuve contenant le réactif approprié (acide pyrogallique et carbonate d'ammoniaque), le tout est agencé dans la lanterne à projections en séparant la cuve de la trop vive lumière au moyen d'un verre jaune, qui arrête les rayons chimiques, et l’épreuve se dessine peu à peu sur l'écran. Toutefois, en raison de la vive lumière transmise même à travers le verre jaune orangé, l'expérience ne peut durer que quelques secondes, et le tous se fond dans une teinte grise uniforme.
Je vous parlais de la rapidité de l'impression; de récents progrès l'ont tellement augmentée, que c’est à peine si j'oserai vous dire comment elle est calculée actuellement. Nicéphore Nièpce demandait des heures pour avoir me image à peine accusée; avec le procédé primitif de Daguerre, trois ou quatre minutes suffisaient; bientôt l'emploi du bromure d'argent, puis du collodion, réduisit ces minutes en secondes; mais voici que, dans ces dernières années, au lieu d'albumine, de collodion, on reprend la gélatine, que, dès 1850, Poitevin avait indiquée comme un millieu éminemment apte à favoriser les réactions photographiques; M. Balard fit à ce sujet une communication, au nom de Poitevin, à l’Académie des Sciences.
Seulement, comme tant d'inventeurs, Poitevin arrivait vingt-cinq ans trop tôt, posant un jalon et traçant ïa route qui fut parcourne plus tard. En 1872 et 1873, M. Stas étudiant les diverses modifications que subit le bromure d'argent, nota l'extrême sensibilitée de décomposition par la lumière que prend ce produit sous l'influence d'une
ébullition prolongée; puis, par la réunion des deux conditions, on put obtenir, avec la gélatine et le bromure d'argent, ces plaques dites au géltino-bromure, d'une sensibilité telle qu'on arrive à fixer une image par la lumière réfléchie en , et même de seconde, et dans des conditions exceptionnelles en et même en de seconde comme l'a fait M. Janssen en photographiant directement le Soleil. Tout porte à croire qu'on ne s'arrêtera pas là.
C'est la vie, c'est le mouvement pris sur le fait; ce sont de nouvelles méthodes de vérification, des documents de toute nature offerts aux savants et aux artistes.
On peut saisir les attitudes réelles des animaux, suivre leurs divers mouvements pendant la marche comme le prouvent les épreuves faites par M. Chardon, par M. Rolland; on peut reproduire, ainsi que l'a fait M. Muybridge, les diveses allures d'un cheval, les exercices de l'homme, ou fixer, avec M. Marey, le mouvement rapide des ailes de l'oiseau qui vole.
On prend instantanément des scénes pittoresques comme celles reproduites par MM. Audra, Braum (Fernand), Hieckel; c'est ainsi que M. Janssen a pu inscrire divers phénomènes célestes, et par la photomicrographie on examine avec plus de facilité la structure des infiniment petits, comme le montrent les belles épreuves de diatomées et de parasites faites par M.Ravet. On peut encore fixer, pour des constatations indiscutables, comme l'a fait M. le capitaine Joly, le point d'éclat de l'obus dans le ciel, ou tracer le mouvement variable du recul des canons suivant les divers angles du tir.
C'est un champ nouveau à exploiter; j'aurais voulu m'arrêter avec vous sur l'importance de ce nouveau procédé photographique, qui touche par un point à l'une des plus anciennes recherches faites par Poitevin, mais j’ai dû me borner à vous montrer quelques spécimens (1) ([ii]).
Lorsque les clichés sont obtenus, nous avons dit qu'ils doivent doivent imprimés en épreuves positives, soit en répétant l'opération comme on le fait pour les épreuves destinées aux projections, soit en produisant les images papier; le pocédé généralement employé au dbbut, et maintenant encore, est l'impmssion sur papier albuminé préparé au chlorure d'argent et, devant les résultats obtenus, on put croire un instant que les recherches de gravure héliographique, d’impression par les encres grasses ne devaient plus avoir d'intérêt ; mais bientôt on s'aperçoit que les épreuves dites à l'argent, qui ont le défaut d’être couteuses et irregulières, en ont un bien plus grave encore : elles ne sont pas solides, elles s'altèrent, elles sont toutes destinèes à disparaître dans un temps très rapproché, quelle que soit leur valeur; et aux regrets que pouvait causer dans la famille la disparition d'un portrait cher, vint s'ajouter le cri d'alarme des savants et des artistes qui voyaient s'effacer entre leurs mains des documenta réunis le plus souvent à grand'- peine et à grands frais.
Alors un homme dont le nom est resté considérable dans les sciences et dans les arts, le duc Albert de Luynes, donna une énergique impulsion aux recherches commencées pour détourner ce mal. En 1856, il mit au concours deux prix de grande valeur, l'un de 2000fr pour l'obtention de l'image photographique avec me matière aussi inerte que le carbone; l'autre, de 8000fr, pour le meilleur procédé d'impression photographique au moyen des encres grasses.
Poitevin qui, à cette époque, avait continué d'étudier avec soin l'action, encore peu connue, de la lumière sur les mélanges de matièes organiqnes et de bichromates alcalins, résolut le double problème par l'omploi raisonné de ces substances, et il remporta en 1802, puis on 1867, les deux prix proposés, après élimination successive de ses nombreux concurrents, dont le plus important pour le prix de 8000fr fut Ch. Nègre, qui avait présenté au concours de grandes planches hé1iographiques sur acier, d'une exécution très remarqunble.
Aujourd'hui celui qui fut chargé du rapport sur le dernier concours est devant vous, et après quinze année, après avoir vu se fermer récemment les deux tombes de Nègre et de Poitevin, tous deux si dignes d’intérêt, il peut vous faire part de scrupules, maintenant disparus, mais qui n'ont pas été sans troubler quelquefois sa conscience.
Des deux concurrents l'un était un artiste habile, jaloux de son œuvre, s'isolant dans son travail, faisant à peine connaître quelques détails de son procédé, mais présentant de très beaux résultats.
L'autre, Poitevin, était un chimiste, cherchant et trouvant des réactions nouvelles, mais les utilisant avec moins de succès, basant sur ses recherches des séries de methodes d'une application juste, mais n'apportant à l'appui que des images dont toute la valeur résidait dans le contrôle exact de la réaction indiquée. J'étais alors hésitant devant la decision qui m'était tracéec par un grand savant, Regnault; mis il fait cesser mes doutes, en me rappelant que dans l'ordre scientifique comme dans l'ordre moral les principes priment le succès; ce dernier n'est souvent qu'éphémère, tandis que les principes justes poussent des racines fécondes et les bienfaits qu'ils produisent sont infinis.
Aujourd'hui, l'œuvre de Ch. Nègre est restée, mais isolée, prseque oubliée, tandis que les recherches et les études de Poitevin ont fructifié, elles ont donné naissance à une foule d'applications diverses dont il est le premier inventeur, d'autres en ont récolté les fruits.
Nous retrouvons les preuves de ses constantes études dans les nombreuses communications faites en son nom à l'Académie des Sciences par M. Balard, par M. Edm. Becquerel, et insérés dans les Comptes rendus; d'autre ont été adressées à la Société d'Encouragement et primées par elle; d'autres, à la Société Française de Photographie. Ces études portent d'abord, nous l'avons dit, sur des essais de gravure de l'image daguerrienne, sur l'obtention de clichés négatifs, sur des méthodes diverses pour employer la gélatine comme milieu favorable aux réactions photagraphiques; et en 1855 Poitevin présente tonte une série de procédés nouveaux, basés sur les modifications que la lumière fait éprouver à un mélange de bichromate alcalin et de substances organiques, telles que la gélatine, l'albumine, la gomme aradique ou autres matières analogues.
De ces modifications découlent: les impressions aux matières colorantes inertes, vulgairement appelées photographies au charbon, celles faites avec des papiers qui portent actuellement différents noms dans le commerce, des modes faciles de reports lithographiques, des procédés directs de lithophotographies, des méthodes de moulages dites hélioplastie, des applications céramiques avec couverte teinte dégradée; dans leaquelles se trouve le germe de la photoglyptic et les lithophanies photographiques.
Nous touchons également, avec Poitevin, à divers procédés de gravure ; il est aussi l’inventeur premier de toutes ces méthodes d’impression à l’encre sur surfaces plane, analogues à la lithographie, faites sur glace, sur cuivre, sur ainc, sur pierre et même sur papier, et qui, sorties de France entre les années 1867 et 1870, ne tardèrent pas à y rentrer, voilées sous des noms étrangers et sous des formules d'emprunt qu'il était facile de démasquer. Il suffisail, ou effet, de lire ces quelques lignes imprimées longtemps avant, en 1862, par Poitevin :
« La possibilité une fois reconnue de faire adhérer l'encre grasse et tous corps gras aux seules parties modifiées par la lumière d'une surface quelconque recouverte du mélange précité (bichromate et matières gommeuses et gélatineuses), j'étais arrivé à la possibilité de la photolithographie. «
Cette phrase, bien qu'elle ne fût publiée qu'en 1862 s'applique aux travaux faits en 1855.
Plein de confiance en ses découvertes, saisfait de ses premiers essais, Poitevin entrevoit dans leur exploitation un avenir et la liberté de se livrer à ses études favorites; il quitte les attaches qui absorbent son temps; il se fait apprenti, ouvrier, puis patron, et il crée un atelier de photolithographie; mais il avait oublié que, moins que tous autres, les inventeurs, les savants, ne peuvont s'attarder aux applications mercantiles; leur génie, comme celui de l'artiste, plane dans des régions plus alevées ; sans cesse poursuivis par la fièvre du mieux et l’idée nouvelle,ils leur sacrifient le temps, les soins, les calculs sévères que demande l'exploitation industrielle. A peine deux ans s'étaient-ils écoulés dans les soucis et les déboires, que Poitevin cédait, à un prix à peine compensateu des dépenses faites, ces brevets sur lesquels il avait fondé de si belles espérances.
Voyons ce que ces procédés sont devenus aujourd'hui, et posons d'abord le principe général des études de Poitevin.
Les matières gélatineuses, albumineuses, gommeuses et analogues, mélangées de bichromate aicalin, deviennent plus ou moins profondément insolubles ou imperméables, résistent plus ou moins à l'action de l'eau, lorsque la lumière les a frappées; cette action est proportionnelle à la somme, à l'intensité lumineuse.
Ce principe établi, il devient facile de comprendre les diverses applications qui en derivent.
Sur un papier, on a étendu une couche d'albumine mélangée d'une matièro colorante (encre de Chine ou toute autre couleur inerte) ; cette préparation devient sensible à la lumière si on couche le dos de la feuille sur un bain de bichromate de potasse ; le liquide pénètre à travers la feuille de papier et se mélange ainsi à l’albumine sans la dissoudre. Après dessiccation, ce papier est exposé au jour sous un cliché de traits, puis inmergé dans l'eau froide; l'aibumine non touchée par la lumière se dissout entraînant la matière colorante; mais, dans les parties qui ont reçu l'action lumineuse, l'albumine devenue insoluble reste sur le papier imprisonnant la substance colorée et formant le dessin, comme vous le voyez pour les épreuves que M. Roger nous a préparées à l'avance : ainsi peuvent s'obtenir avec grande facilité des reproductions de cartes, de plans, etc. Mais je puis aussi bien opérer avec l'albumine bichromatée non colorée et après exposition à la lumière, au moyen d'un rouleau d'imprimeur chargé d'encre grasse, je fais tableau noir en couvrant uniformément toute la surface albuminée; lorsque je mets ensuite cette feuille dans l'eau, l’encre grasse est entraînée partout ou l'albumine est dissoute, elle reste là ou la lumière a rendu 1'albumine insoluble; je puis donc faire ainsi rapidement une épreuve l'encre noire d'imprimerie; au lieu d'encre ordimaire, j'ai pu prendre l'encre dite de report, et l'épreuve qui en résulte, bien nettoyée, est mise soit sur pierre, soit sur zinc par les procédés connus du report, et l'on peut tirer, par les procédés industriels courants, un nombre indéfini d'exemplaires.
Au lieu d’albumine, si l'on prend une solution de gélatine que l'on mélange en quantité convenable avec une matière colorante inerte quelconque, on obtient en l'étendant sur papier une surface de couleur trés foncée. Ce papier est sensibilisé en le plongeant dans un bain de bichromatede potasse à 3 pour 100 d’eau; puis, après dessiccation, on l'expose sous un cliché. La lumière vient alors, suivant les transparences plus ou moins grandes de ce cliché, sculpter l'image dans 1'épaisseur de cette couche colorée, et cela avec une perfection, une délicatesse merveilleuses. Quand on retire 1'épreuve du châssis, l'image n'est pas visible, elle est empâtée d’ans l'excès de gélatine et de couleur; il faut, pour l'obtenir, enlever tout ce que la lumière n'a pas modifié, à peu près comme le praticien enlève d'un bloc de marbre tout ce qui n'est pas sa statue ; mais ici le praticien inconscient et sûr sera l'eau tiède, éliminant par dissolution de la gélatine toute la matière colorante inutile, et l'épreuve, comme vous le montre M. Chardon (1) ([iii]), sort compléte avec telle coloration que l'on a choisie. Un tour de main trés heureux, indiqué par M. l'abbé Laborde et aussi par M. Fargier, consiste à toujours développer 1'épreuve par le côté opposé à celui qui a reçu l'impression, ce qui permet d’obtenir les teintes les plus déicates insolubilisées par la lumière.
C'est par ce procédé modifié de différentes façons, que sont faites toutes les photographies dites au charbon. MN. Braun et Cie, très experts dans ce mode de tirage, exécutent ainsi toutes leurs épreuves d'après les grands maîtres, et ils ont bien voulu en envoyer ici un assez grand nombre pour que vous puissiez apprécier le côté réellement pratique de ce mode d'opérer.
Au lieu de reporter l’épreuve sur papier, je puis la mettre sur verre douci et produire ainsi de charmantes images transparentes semblables à celles qui m'ont été confiées par M. Carlos Relvas, très habile amateur photographe de Portugal.
En mettant une couche excessivement mince d'albumine bichromatée sur pierre lithographique et en exposant cet enduit au soleil sous un cliché, Poitevin obtint des dessins qu'il lui suffisait de traiter par les procédés ordinaires de la lithographie pour en faire le tirage; il reconnut en outre que si l'exposition à été convenable, la surface continue de gélatine bichromatée prend l'encre où la lumière la rendue suffisamment imperméable à l'eau, tandis qu'elle simbibe d'eau´etrepoussel'encre dans les parties préservées de l'action lumineuse, et il put dire qu'une impression analogue à la lithographie pouvait être obtenue sur une surface quelconque recouvertee du mélange précité. Actuellement, en effet, ce mode d'impression peut être exécuté sur glace, sur cuivre et sur beaucoup d'autres surfaces planes, pourvu que la couche gélatineuse soit suffisamment adhérente. Les tirages exécutes devant vous, et les glaces qui m'ont été confiées par M. Berthaud fils vous montrent avec quelle perfection s'exécute cette pseudo-lithographie. J'insiste sur cepoint que, dans ces expériences, c'est la gélatine adhérente et continue qui fait fonction de surface lithographique, quel que soit son support. Les résultats qui sont sous vos yeux ont été obtenus par MM. Chardon, Berthaud, Quinsac, Roche, Carlos Relas, etc.; en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Angleterre, on fait un fréquent usage de ce procédé ainsi qu'en France et plus qu'en France sous les noms si variés d'Albertype, Collotypie, Licht-Druck, Phototypie, etc.; mais le principe roste le même, il appartient entièrement à Poitevin, et l'on est en droit de se demander, alors que l'on cherche de nouveaux gisements de pierres lithographiques, s'il n'a pas résolu la question de la manière la plus simple, en les supprimant.
Lorsque la gélatine bichromatée est mise dans l'eau froide après son insolation sous un cliehé, elle absorbe l'eau dans une proportion inverse de l'action lumineuse, nous le savons, mais alors elle se gonfle plus ou moins et produit une sorte de modelage dont les reliefs et les creux sont renversés suivant que l'on a employé un négatif ou un positif, ou plus simplement suivant que l'on a f ait moule et un contre-moule, avec cette remarque toutefois que ces reliefs reproduisent non pas des proportions sculpturales, mais des proportions lumineuses, ainsi que cela existe dans les plaques translucides de porcelaine que l'on nomme des lithophanies.
Poitevin a indiqué sous le nom général d'hélioplastie toute une série d'applications de cette réaction de la lumière sur la gélatine bichromatée; ces moulages, convenablement étudiés et reproduits, peuvent donner des planches en relief ou en creux, utilisables pour la typographie [fig. 3 (2)] ([iv]), ou la gravure en taille-douce, ou servir à la fabrication des lithophanies; lorsque l'épreuvo est obtenue en creux sur une matière céramique, on peut remplir les creux plus ou moins profonds avec un émail coloré et transparent. Après la cuisson, l'image se montre avec des teintes qui sont dégradées suivant l'épisseur plus ou moins grande de la couche d'émail, et si nous suivons dans ses consséquences le développement de ce principe, de cette idée première, nous voyous ce moulage en matière céramique se transformer et devenir la photoglyptie. Par des moyens un peu différents de ceux de Poitevin, M. Woodbury a
Fig.3

remplacé le moulage au plâtre par le moulage dans le métal sous une presse hydraulique puissante. Alors ce n'est plus le gonflement plus ou moins prononcé de la gélatine qui est utilise pour produire l'épreuve, ce sont les parties solides qui restent après élimination par l'eau chaude des parties solubles.
Lorsque la dessiccation a rendu cette image an gélatine complètement dure, on la place
Fig. 4


sur une plaque de plomb et on la comprime entre deux plans sous la presse hydpaulique
(fig. 4). Il est curieux de voir cette délicate épreuve formée par l'action des rayons lumineux avec leur infinie dégradation de teintes, subir une pression brutale pour laquelle le levier de la presse mue par la main de l’homme ne donnant pas une force suffisante, il faut emprunter l'aide d'une machine à vapeur. La plaque de métal sur

Fig. 5

laquelle repose la gélatine photographique s'écrase, celle-ci y pénètre en reproduisant en creux les rnoindres différences de ses reliefs et elle en sort intacte prête à subir une seconde pression et à donner un second moule.Les moules sont placés chacun, horizontalement, dans de petites presses (fig. 5) analogues à celles employées pour les copies de lettres, mais plus précises ; on les dispose sur une table tournante, de maniére que chacune vienne se présenter tour à tour sous la main de l'ouvrier (fig. 6). Il sulfit alors de verser dans le moule une encre chaude gélatineuse visqueuse que l'on recouvre d'un papier imperméable, et de fermer la presse; l'excès d'encre déborde; pendant que la table fait un tour, ce qui reste dans les Fig. 6

creux du moule se, fige par refroidissement, adhère au papier et quitte le moule, en donnant ainsi la facilité d'une multiplication indéfinie.
Ce procédé photoglyptique est une conquête réelle; c'est un mode nouveau d'impression, demandant son outillage et son installation spéciale; il faut compter maintenant par centaines de mille le nombre des épreuves ainsi obtenues et répandues dans la circulation, elles ressemblent, à s'y méprendre, aux plus belles images photographiques positives, avec cette différence qu'au lieu d'être produites par les réactions infiniment délicates de la lumière, elles sont le résultat des engins les plus puissants; elles ont, en outre, la solidité des matières colorantes choisies pour teinter la gélatine qui les forme. On peut reporter cette impression gélatineuse sur une feuille de verre au lieu qune feuille de papier, et faire des sujets d'ornementation, ou produire, à des prix réduits, ces épreuves transparentes pour projections, qui sont si utiles pour l’enseigement par les yeux.
En apportant à ce procédé quelques modifications nécessaires, M. Rousselon a reproduit ce moulage par la galvanoplastie ; il a obtenu ainsi un mode de gravure en taille-douce du cliché photographique donnant ces belles planches de photogravure éditées par la maison Goupil et dont vous voyez quelques spécimens.
Rattachons encore à cette initiative de Poitevin l’action des vapeurs hummides sur des surfaces hygroscopiques fournies pax un mélange d’albumine et de matières sucrées, telles que le sucre, le miel, la glycose, additionnées de bichromate d’ammoniaque. Les recherches sur ce sujet furent faites par MM. Salmon et Garnier Nous mentionnons seulement leur parenté avec celles de Poitevin; mais nous reconnaissons qu’il faut laisser aux auteurs qui les ont appliquées le mérite de leurs travaux.
Lorsque le mélange ci-dessus est étendu en couches minces et séchées sur une surface, il suffit d'y appliquer une épreuve photographique positive et de faire agir la lumière; celle-ci rend les parties qu’elle frappe moins hygroscopiques, les dessèche même tout à fait; aussi, la préparation, rentrée dans un milieu légérement humide, absorbe la vapeur d’eau ambiante en raison inverse de l’action lumineuse, les poudres que l’on promène à la surface y adhèrent plus ou moins en dessinant une image excessivement fine: c’est ainsi que se font actuellement presque tous les émaux photographiques; l’image obtenue avec une poudre vitrifiable est reportée par des tours de main très ingénieux sur un fond d’émail blanc, puis passée à la moufie d’émailleur, et donne une épreuve vitrifiée comme celles que vous voyez, qui m’ont été confiées par M. Mathieu Deroche.
Je suis loin d'avoir épuisé ce sujet si fécond des applications fondées sur les réactions des bichromates solubles, mélangés de matières organiques; j'ai mentionné seulement les principales, vous pouvez juger de leur importance.
Et pourtant Poitevin, déçu dans ses espérances, se voit forcer d'utiliser d'une manière plus positive pour l'existence ses connaissances scientifiques. Dans l'espace de dix années, il dirige successivement, à Lyon, l'usine de produits chimigues de M. Pereire; à Ahun les mines, puis à Folembay, des manufactures de verreries; dans ces diverses positions, il n'abandonnait pas ses études favorites sur l’action chimique de la lumière, et il fit connaître des recherches sur les mélanges d'alloxantine et de bichromate de potasse, des méthodes variées pour faire des épreuves positives, soit directement avec les sels d'argent, soît par les réactions des sels de fer et de l’acide gallique; il publia des formules pour obtenir sur papier la reproduction des couleurs. Ces méhodes, qui pourront être reprises dans la suite, n'ont pas encore été utilisées pratiquement; nous nous arrêterons seulement à une réaction étudiée par lui, celle que produit la lumière sur un mé1ange de perchlorure de fer et d'acide tartrique, qui, plus tard, eut d'heureuses applications.
Lorsqu'un semblable mélange est étendu en couche mince sur une glace doucie, puis séchée, et qu'il est ensuite exposé à la lumière, il se fait une réduction : le perchlorure est ramené à l’état de protochlorure; cette action est rapide. Nous avons donc là les éléments d'une image photographique; un peu d'humidité ambiante, une poudre quelconque promenée à la surface de la préparation, sufisent pour faire apparaître l’image, car le protochlorure de fer, plus hygrométrique que le perchlorure, retient la matière colorante. J’aurais voulu vous montrer cette expérience si simple, mois elle eût échoué; la vapeur humide nécasaaire est ici en trop grand excès. M. Gobert, ataché à la Banque de France, a bien voulu me prêter des spécimens qui prouvent la valeur du procédé; l'image que l'on produit sur la glace est transportée sur papier par des tours de main habiles. On peut faire apparaître l'épreuve par des poudres vitrifiables, la transporter sur plaque d'émail, la passer au feu de moufle, et l'on a une image indélébile.
La différence produite par la lumière dans l'état des deux sels de fer peut être accusée par de nombreuses réactions, qui sont autant de causes d'apparition de l'image photographique; en outre, les matières organiques, comme le papier ou substances analogues, prennent, par l'action lumineuse, un certain état d'imperméabilité que Poitevin a signalé dans son travail, et ces actions diverses, modifiées, étudiées au point de vue pratique, ont reçu leur consécration industrielle et rendu des services sur lesquels j'arrête un instant votre attention. On prépare actuellement des milliers de mètres courants de papier couvert d'un mélange de perchlorure de fer, additionné d'un acide organique et d'un mucilage. C'est le papier Pellet ou cyanofer. Soumis à la lumière sous de simples calques, puis passé dans un bain de cyanoferrure de potassium concentré, suivi de lavagesacidulés, ce papier donne la reproduction exacte du calque en traits bleu foncé sur fond blanc, ce qui permet l'addition des couleurs conventionnelles et les corrections nécessaires.
Je désire que vous vous rendiez compte do l’importance économique de ces procédés : dans une haute administration dont le réseau s'étend sur toute le France, il a eté établi une soixantaine de bureaux spécialement consacrés à la reproduction rapide des dessins par les procédés photogéniques. Chacun d'eux remplaçant plusieurs dessinateurs, et n'occupant qu'une partie du temps d'un seul employé, ils équivalent en fait à un véritable accroissement de personnel et réalisent pour l'ensemble des services une économie qu'on peut chiffrer à plusieurs centaines de milliers de francs.
Quant à Poitevin, qui est le promoteur ou l'inventeur de ces applications, il n'a plus voulu renouveler ses tentatives industrielles; il a quitté celles qu'on lui avait confiées; il a renoncé en 1869 à ces luttes sans profit et s'est retiré au pays natal où, avec des ressources modiques, il s'est consacré à sa famille et a continué pendant quelques années les recherches favorites qui lui ont du moins rapporté quelques éclairs de gloire; mais la famille s'est augmentée, les besoins sont devenus plus considérables, et bientôt, douleur profonde! il comprend que les réactifs qu'il achète, ses instruments de travail, sont pris sur le nécessaire de la maison ; il cesse donc de travailler, il cesse de vivre, car la torpeur envahit ce cerveau fatigué, et le lauréat du prix de Luynes, chevalier de la Légion d'honneur en 1862, le candidat adopté en 1878 par le jury de l'Exposition universelle, cormme collaborateur de tous les progrès photographiques de trois grandes nations, la France, l'Autriche, la Russie, proposé vainement pour une allocation rémunératrice exceptionnelle, le lauréat du grand prix du marquis d'Argenteuil, donné par la Société d'Encouragement, le père de tous les progrès photographiques récents, meurt le 4 mars dernier, laissant aux administrations les profits des larges économies que leur procurent ses découvertes; aux industriels, des éléments de richesse; à sa veuve et à ses quatre enfants, l'honneur de son nom.
La place d'inspecteur des manufacturess, qui servait à élever et à instruire ses enfants, disparaît avec lui, et ni l'ainé, qui a dix-neuf ans, a besoin d'être aidé et soutenu
pour arriver à conquérir le titre d'ingénieur que son père ambitionnait pour lui, la plus jeune, âgée de vingt mois, pèsera longtemps encore sur les bras de sa mère.
Ne sommes-nous pas là devant cette situation si vivement ressentie par l'illustre Thenard quand il fonda la grande Association des Amis des Sciences : quand, heureux de la voir augmenter en influence et en richesses, il pouvait dire aux savante :

Que vos préoccupations poignantes sur le sort de ceux qui doivent vous survivre s'adoucissent; notre Société, dans la mesure de ses moyens, veillera sur vos veuves, adoptera vos orphelins.

Aussi nous remettons les intérêts de la famille Poitevin entre les mains du grand et digne successeur de Thenard.
Les moyens dont dispose la Société, nous le savons, sont encore insuffisants en présence de toutes les souffrances à soulager. Récemment, son illustre président a fait un chaleureux appel en faveur de tant d'infortunes, permettez à un membre obscur de l’Association do le répéter tout bas, en disant: Venez à nous, donnez, donnez encore, donnez toujours pour ces martyrs de la Science; jamais vos largesees ne compenseront ni les maux qu’ils ont soufferts, ni le bien qu’ils vous ont fait.
A. Davanne

([i]) (1) M. Debnay, membre de l’Institut.
([i]) qu’avait découvert Niépce en 1814 escrito à mão no exemplar do livro consultado.
([ii]) (1) Nous adressons tous nos remerciements à M. Molteni pour le soin qu'il a apporté si toutes les projections faites pendant le cours de cette Conférence.
([iii]) (1) Je prie mon excellent ami M. Chardon de recevoir tous les remerciements dus à l’habilité et audésentéressement avec lesquels il m’a prété son concour pour toutes les préparations et les manipulations exécutées devant l’auditoire.
([iv]) (1) Ce spécimen est un des premiers essais faits par Poitevin

quarta-feira, 18 de março de 2009

1885, Junho - Le Magasin Pittoresque

LE MAGASIN PITTORESQUE
2e. Série
53e Année
T. III
Pag. 175, 176
*
ASTRONOMIE PHYSIQUE.

Extraits d'un discours de M. Janssen.
Suite et fin. -Voy. p. 162.

IV. – La photographie appiquée à l’étude du ciel.
La première applicaion faite de la photographie à la science du ciel le fut en France. La première image d'un astre fixée sur la plaque daguerrienne fut celle du Soleil, et c'est aux auteurs des admirables procédés pour mesurer sur terre la vitesse de la lumière qu'elle est due, à MM. Fizeau et Foucault (l) ([i]).
Peu après, on obtenait aux États-Uinis des images de la Lune. Après ces premiers essais vinrent des travaux suivis, dont le Soleil et la Lune surtout furent les objets.
Plus récemmentt, on obtenait, à New-York et à Meudon, des photographies de la nébuleuse d'Orion.
Tous ces travaux sont fort importants; ils se rapportent à un premier objet de la photographie astronornique: obtenir des astres et des phénomènes qui s'y produisent des images durables et fidèles qui se prêtent à des études et à des mesures ultérieures. Jusqu'ici, les observateurs n'avaient, pour conserver le souvenir d'un phénomène, que la mémoire, la description écrite ou le dessin. La photographie y substitue l'image matérialisée du phénoméne lui-même. Mais les derniers travaux dont la photographie a été l'objet, spécialement en ce qui concerne le Soleil, ont montré que cette méthode peut être employée comme moyen de découvertes en astronomie.
Les grandes images solaires qui ont été obtenues dans ces dernières années à Meudon, ont révélé des phénomènes de la surface du Soleil que ne peuvent montrer nos plus grands instruments d'observatoire, et qui ouvrent un champ tout nouveau à ces études.
L’année 1881 à vu la première photographie de comète obtenue avec une portion trés considérable de la queue de l'astre. Cette photographie a révélé de curieux détails de structure et a permis diverses mesures photométriques, notamment celle qui montre que l'appendice caudal, malgré l'éclat dont it il semble briller, est, à quelques degrés seulement du noyau, deux à trois cent mille fois moins lumineux que la Lune.
Des essais non moins intéressants ont été tentés à l’égard des nébuleuses. Ces astres ont une grande importance au point de vue de la théorie de la formation des systèmes des stellaires et de la genèse des mondes.
La rétine photographique, quand elle a reçu les derniers perfectionnements de l'art, peut donner des images dans des limites de durée qui confondent l'esprit. On obtient aujourd'hui du Soleil des impressions photographiques en 1/100000 seconde, et on ignore la limite qu'on pourrait atteindre dans cette direction.
D’un autre côté, les images de la comète et celles de la nébuleuse d'Orion ont exigé des temps de pose qui ont varié d'une demi-heure à deux et trois heures. On trouve ainsi que, dans le second cas, les actions lumineuses ont été jusqu'à un milliard de fois plus longues que dans le premier. Quels phénomènes, par la diversité de leur éclat, pourraient échapper à une si admirable élasticité?
Quels avantages précieux pour les expéciences ! La conservation des images, l'étendue de la sensibililé, la faculté d'embrasser les phénomènes lumineux les plus opposés par leur faiblesse ou leur puissance.
([i]) (1) Dette image est insérée dans l’Astronomie d’Arago, t. II, p. 176; elle est du 2 avril 1845. Il paraît que la m^ême année, on obtenait aux Etats-Unis des impressions photographiques de α Lyre et de Castor; mais le point noirâtre donné par une étoile n’est point l’image de cet astre