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segunda-feira, 17 de maio de 2010

COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1840

16  de Março

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

Janvier-Juin

T. X

 Nº.

Pag. 479

M. Choisselat présente deux épreuves de dessins photographiques qu’il a fixés au moyen d’un procédé particulier, procédé qui aurait encore, suivant lui, l’avantage de faire disparaître en grande partie le miroitage du métal sur lequel l’image est formée.

domingo, 9 de maio de 2010

COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1840

30  de Março

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

Janvier-Juin

T. X

Nº.

Pag. 554

M. Choisselat adresse un paquet cacheté, concernant la fixation des images photographiques.

quinta-feira, 29 de abril de 2010

COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1840

11 de Maio

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

Janvier-Juin

T. X

 Nº. 19

Pag. 766, 767,

Chimie appliquée.- Fixation des images photogéniques. – Extrait d’une Lettre de M. Preschtl à M. Arago.

 

« Dans une des séances du mois passé (Comptes rendus, pag. 488), vous avez fait mention d’un procédé pour le fixage des images photogéniques sur métal. Comme je sais tout l’intérêt que vous portez à la belle découverte de la Daguerréotypie, j’espère que vous excuserez la liberté que je prends de vous entretenir aujourd’hui des résultats que j’ai obtenus dans des expériences qui datent déjà de quelques mois.

» On peut parvenir à fixer les images photogéniques obtenues par le procédé de M. Daguerre en les traitant avec une dissolution d’hydrosulfate d’ammoniaque. Pour cet effet, on mêle une dissolution concentrée de, ce fluide avec trois ou quatre volumes d’eau pure, qu’on verse dans  un vase plat en quantité suffisante pour que la plaque métallique puisse y être horizontalement submergée, et que le fluide surnage encore de deux ou trois lignes. Lorsque par l’action du fluide les teintes de l’image sont suffisamment chargées, ce qui arrive en moins d’une minute, on retire la plaque et on la met dans un vase plat avec de l’eau, où on la laisse quelque temps; après on la retire et on la sèche. Par ce procédé les parties polies du métal sont teintes en gris par le sulfure, et les parties amalgamées ne sont pas ou sont peu attaquées. On peut varier les teintes par la concentration du fluide ou par la durée de l’immersion, cependant une trop longue action change les lumières en jaune. Les images photogéniques traitées de cette manière peuvent supporter le frottement avec le doigt, sans rien  perdre de leurs détails »

 

Note sur le même sujet; par M. Choiselat.

 

« On peut employer avantageusement le chlorure et surtout l’iodure argentique, dissous dans l’hyposulfite sodique pour tixer les images daguerriennes. Plongées dans ces dissolutions, elles se trouvent sous l’influence électrique exercée par le cuivre sur l’argent dissous, et deviennent ainsi ineffaçables.

» Au lieu d’hyposulfite, on peut employer un mélange d’iodure, bromure, etc., potassique.

«  L’iodure d’argent le plus convenable pour cette opération, est celui qu’on obtient en traitant à chaud une plaque de ce métal, par de l’alcool ioduré précipité par l’eau, dissolvant ensuite l’iodure formé et inhérent à la plaque dans l’hyposulfite. »

domingo, 6 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

26 de Junho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XVI,

Pag. 1436, 1437,1438, 1439

PHYSIQUE. - Sur une manière d’envisager les phénomènes du daguerréotype; par MM. Choiselat  et Ratel.

 

(Commissaires, MM. Arago, Dumas, Regnault.)

« On admet généralement que, dans une image photographique, les blancs sont produits par du mercure métallique simplement déposé sur la plaque, ou bien amalgamé, et les noirs par le bruni même de l’argent; mais généralement aussi on s’abstient de détails sur la manière dont se passe le phénomène.

« Nous essayons ici de démontrer, par des considérations purement chimiques, que les blancs sont produits par des gouttelettes d’amalgame d’argent formées et déposées sur la surface du plaqué, et les noirs par le bruni même du métal et une poussière d’agent et de mercure.

« Cette théorie est fondée sur les trois faits suivants:

« 1º. L’iodure d’argent, sous l’action de la lumière, est transformé en sous-iodure ;

« 2º.Ce sous-iodure, en contact avec le protoiodure de mercure, donne naissance à de l’iodure rouge et à du mercure métallique;

« 3º. Du mercure métallique, mis en contact avec de l’iodure d’argent, se convertit en protoiodure, et de l’argent est mis en liberté.

« Pour le premier point nous ne nous écartons pas de l’opinion générale: savoir, que l’iodure d’argent se convertit par la lumière en sous-iodure; et un fait qui, entre autres, semble confirmer cette opinion, c’est que si, après avoir exposé une plaque d’argent à la vapeur de l’iode, puis à la lumière , on la lave ensuite dans de l’hyposulfite de soude, il reste sensiblement à la surface une poudre insoluble de sous-iodure d’argent.

« Le deuxième fait se déduit de phénomènes déjà connus; on sait en effet que les iodures basiques déterminent, avec le protoiodure de mercure, la formation du biodure de ce métal et un dépôt de mercure métallique.

« Le troisième fait peut se vérifier en mettant du mercure en excès au contact de l’iodure d’argent: on recueille bientôt de l’iodure vert de mercure et un amalgame d’argent.

« Ceci posé, considérons les conséquences des trois opérations principales de la photographie: l’exposition à la chambre noire, celle à la chambre á mercure, et le lavage.

« Une plaque, ayant sa surface recouverte d’iodure d’argent, est soumise à la lumière de la chambre noire; aussitôt l’action commence, mais avec une différence essentielle dans la manière dont elle est impressionnée; en effet, au lieu d’une lumière uniformément répandue, elle reçoit ici une distribution inégalement, répartie de rayons lumineux. Dès lors l’iodure d’argent se modifie en raison directe des intensités. La où la lumière est plus vive, il y a production abondante de sous-iodure d’argent et émission diode repris par la plaque; là où doit apparaitre une demi-teinte, la formation du sous-iodure est ralentie dans le même rapport que la diminution de la lumière elle-même; enfin, dans les ombres les plus noires, l’iodure n’est que très-faiblement attaqué, car l’absence de radiations ne saurait être telle qu’il ne puisse y avoir aucune altération de l’iodure d’argent.

« Que se passe-t-il maintenant quand une plaque ainsi influencée est exposée à la vapeur du mercure?

« Ce métal commence par réagir sur tout l’iodure d’argent qu’il rencontre sur la plaque. Nous venons de voir que cet iodure a été parfaitement conservé dans les noirs, mais les blancs en présentent aussi une certaine quantité,quoique beaucoup moindre; il est en effet dans les conditions d’une bonne épreuve, qu’il n’y ait pas été entièrement décomposé. Dans les premières il se forme donc abondamment, et dans les secondes faiblement, du protoiodure de mercure et de l’argent métallique. L’action s’arrête là pour les noirs, mais il n’en est pas de même pour les blancs, car le protoiodure de mercure, s’y trouvant en contact avec du sous-iodure d’argent, doit donner lieu à une double décomposition; le sous-iodure est réduit et le protoiodure de mercure se divise: une partie passe à l’état de biiodure, tandis que l’autre, également

réduite, devient alors la véritable source du mercure qui s’unissant sans doute avec l’argent devenu libre, se dépose sur la plaque, mais sans s’y amalgamer. C’est donc par les parties les plus claires que l’image se révèle d’abord; elles absorbent d’autant plus de mercure, qu’ayant été exposées à une lumière plus vive, elles sont plus riches en sous-iodure. Les ombres les plus intenses, au contraire, n’offrant que de l’iodure d’argent à la réaction du mercure, celui-ci ne peut jamais produire qu’un voile plus ou moins profond d’iodure vert mêlé à de l’argent métallique, que son état de division extrême fait paraître noir; ce dernier restera donc en réserve pour former plus tard les noirs du tableau. Mais entre ces deux points extrêmes, entre ces ombres les plus fortes et les blancs les plus purs, il doit s’établir une demi-teinte admirablement fidèle; puisqu’elle est le résultat nécessaire du travail plus ou moins complet de la lumière, elle s’éclaircit ou se traduit en noir suivant la richesse .

ou la pauvreté de la couche en sous-iodure d’argent.

« Aussi voit-on la plaque, au sortir de cette opération, s’offrir à l’oeil avec une apparence noire ou verdâtre dans les ombres, là où le protoiodure de mercure n’a point été décomposé, tandis qu’elle est rosée et même souvent rouge vif dans les blancs les plus intenses qui n’ont plus qu’un amalgame d’argent en goutelettes imperceptibles, recouvert d’une couche de biiodure de mercure.

«  Si l’on vient ensuite à laver cette plaque dans une dissolution d’hyposulfite de soude, l’iodure rouge de mercure se dissout; quant à l’iodure vert, il doit encore subir ici une décomposition: il se convertit en biiodure qui disparaît, et en mercure métallique qui reste sur la plaque.

« Ainsi donc, en résumé, les blancs sont produits par une poussière d’une grande ténuité d’amalgame d’argent simplement déposé sur la plaque; ces blancs sont. d’un ton d’autant plus vif, que cette poussière est plus abondante et plus riche en argent; quant aux noirs, ils sont le résultat du dépôt d’un argent extrêmêment divisé, mêlé mécaniquement à une très-faible quantité de mercure provenant du lavage.

» Nous espérons que cet exposé, quoique fort abrégé, satisfera à beaucoup de questions qui n’ont pas encore été parfaitement résolues, et offrira une infinité de ressources pour la production de belles épreuves; car s’il paraît constant que de la répartition convenable du sous-iodure et de l’iodure d’argent dépend la beauté du résultat, on pourra, d’après la simple inspection d’une épreuve non lavée, modifier en conséquence son mode d’opérer. Quand la plaque, au sortir de la chambre à mercure, a un aspect terne ou verdâtre, c’est une preuve qu’il y a du protoiodure de mercure sur les clairs, que par conséquent la formation du biiodure indispensable a échoué pour quelque motif, en un mot, que l’épreuve est pauvre en mercure, et par conséquent manquée.

«  Or, de toutes les causes qui mettent obstacle à la formation du dessin photographique, la plus générale et en même temps la plus funeste, est, ce nous semble, la présence d’une trop grande quantité d’iode libre sur la plaque. On conçoit en effet, qu’exposée à l’émanation de l’iode, la surface métallique ne l’absorbe pas entièrement, mais que l’iodure formé en retient emprisonnée une partie à l’état de liberté.

«  Mais comment agit cet iode libre? Évidemment il s’oppose doublement à la formation de l’image: dans la chambre noire, en convertissant en iodure d’argent tout ce que la lumière transforme en sous-iodure (ce dernier ne pouvant exister au contact de l’iode); dans la chambre à mercure, en se combinant avec ce métal, et formant ainsi un voile d’iodure vert, s’opposant par la souverainement à la réaction des vapeurs mercurielles sur les couches inférieures. On peut aussi le considérer comme un obstacle éminent à la rapidité de la production de l’épreuve, puisqu’il tend à détruire constamment le travail de la lumière. Pour éviter tous ces inconvénients, il suffit d’ioder dans un endroit convenablement lumineux; on voit, en effet, qu’il se forme dans ce cas un sous-iodure d’argent, qui retire à la plaque l’excès diode libre pour repasser à l’état d’iodure; les réactions futures n’étant plus contrariées, la réussite devient, pour ainsi dire, assurée.

«  On conçoit maintenant pourquoi il est si nécessaire de couvrir les bords du châssis de bandelettes de plaqué, a.fin de le protéger contre les vapeurs de l’iode: l’émanation qui en résulterait ensuite serait nuisible à l’épreuve, car, d’après une déduction toute naturelle, on voit que cet iode détruirait le sous-iodure au fur et à mesure de sa formation, et s’opposerait aussi plus tard à l’action des vapeurs mercurielles, en produisant un protoiodure inutile.

« Ainsi se trouve encore expliquée l’utilité de passer une plaque au mercure peu de temps après sa sortie de la chambre noire, l’iode qui peut encore s’y trouver à l’état libre devant nécessairement altérer l’impression produite par la lumière. »

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

24 de Julho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XVII

Nº. 4

Pag. 173, 174, 175, 176, 177

Physique.- De l'action des substances accélératrices dans les opérations du daguerréotype; par MM. Ch. Choiselat et  St. Ratel

 

(Commission précédente nommée) ([i])

 

« Le chlorure et le bromure d'argent étant plus impressionables à la lumière que l'iodure de ce métal, on en a conclu, dès l'origine, que c'était à leur formation que l'on devait attribuer l'accélération des images photographiques; néanmoins, différentes considérations nous font envisager cette question sous un tout autre point de vue; nous allons les exposer aussi brèvement que possible.

«  La quantité singulièrement faible de substances accélératrices condensées par la plaque, comparativement à l’iodure d’argent déjà formé, ne peut suffire à rendre compte de la différence énorme de rapidité qui en est le résultat.

«  Le brome ou le chlore ne peuvent être absorbés par la surface métallique abritée sous une couche relativement fort épaisse d’iodure d’argent; on ne voit pas non plus comment ils pourraient décomposer l’iodure, et, dans tous les cas, l’altération de l’iodure d’argent, n’étant pas en harmonie avec celle des bromures, etc., devrait nécessairement apporter un trouble grave dans l’opération. De plus, il ne serait pas possible d’expliquer les réactions de la chambre à mercure et ceci, en venant corroborer les idées que nous avons déjà émises précédemment, démontre, parfaitement pourquoi l’on n’a jamais réussi à obtenir des vues sans iodure d’argent, c’est-à-dire avec le chlore ou  le brome seuls. Considérées sous ce point de vue, ces substan,ces sont même tellement nuisibles, que si l’on, dépasse de une ou deux secondes seulement le temps fixé pour l’exposition à leurs vapeurs, il y a. absence complète d’images; car alors, ayant le temps de pénétrer jusqu’à l’argent, elles forment un bromure ou chlorure qui ne sont pas aptes à déterminer le dépôt des gouttelettes d’amalgame.

« Nous n’émettons, d’ailleurs, ces réflexions, que nous pourrions, encore étayer de nombreuses observations, qu’avec la plus grande reserve, et dans le seul désir de fixer l’attention des expérimentateurs.

« Réfléchissant à l’excessive minceur de la couche sensible, appréciée par M. Dumas à un millionième de millimètre, nous l’avons considérée comme étant diaphane, et par conséquent pénétrable .aux rayons solaires dans toute son épaisseur; remarquant, en outre, qu’il est important que tout l’iodure d’argent ne soit pas converti en sous-iodure pour obtenir le meilleur résultat possible, nous sommes arrivés à conclure que la puissance photogénique des radiations lumineues s’exerce dans un espace de temps pour ainsi dire insaisissable, peut-être même fort rapproché de l’instantaneité. L’image est donc dessinée sur la plaque dès les premiers moments de son exposition à la chambre noire, et si, à cet instant, rien ne se manifeste au mercure, cela ne peut tenir qu’à des causes particulières. En effet, il résulte de la théorie exposée dans une Note précédente, que les diverses réactions peuvent être représentées par les formules suivantes, savoir :

« Pour la réaction de la lumière sur l’iodure d’argent (AGI étant la formule hypothétique, du sous-iodure),

 

5AGI²=2AGI + 3AGI² + 2I ;

 

pour celle du mercure sur l’iodure d’argent,

 

3AGI² + 6HG =HG6I6 + 3AG;

 

pour celle du protoiodure de mercure sur le sous-iodure d’argent,

 

2AGI + 6HGI = HG4I8 + 2HG + 2AG.

 

« Or, d’après ces formules, on voit que dans les clairs le sous-iodure devant être à l’iodure dans le rapport de 2 : 3, il n’est pas déraisonnable de soupçonner que cette proportion est très-rapidement établie, et que la cause véritable de ralentissement se trouve dans l’iode mis en liberté par la lumière, car celui-ci devient un double obstacle à la rapidité par sa tendance à reformer l’iodure, soit aux dépens du sous-iodure, soit aux dépens de la plaque; et c’est précisément là que se trouve le principe de la promptitude de l’opération, car si l’on considére le temps nécessaire à la production d’une épreuve comme formé essentiellement de deux éléments, l’un regardant la décomposition de l’iodure, l’autre l’absorption de l’iode; si l’on fait le premier nul, à cause de sa faible valeur, le deuxième représentera évidemment le temps exigé pour la formation de l’image (1) ([ii]).

« Pour activer le travail de la lumière, il s’agit donc de rendre le plus court possible le temps nécessaire à l’absorption de l’iode; or, tel est le rôle que nous semblent jouer les substances accélératrices, dont la puissance est due à trois causes : leur mélange intime avec l’iodure, leur affinité pour l’iode, enfin l’état naissant dans lequel. se présente ce dernier.

« Mais comment le brome adhère-t-il à la plaque, et à quel état s’y trouve-t-il? Nous avons vu qu’on peut regarder une plaque iodurée comme retenant toujours de l’iode libre; des lors on comprend facilement ce qui doit se passer; ce même iode libre, en effet, est très-propre à retenir le chlore ou le brome, il se sature donc de leurs vapeurs, qui peuvent ainsi demeurer sur la plaque, se mêler intimêment à l’iodure, et devenir d’autant plus efficaces qu’elles constitueront un composé plus riche en brome ou en chlore.

« Or, une conséquence à tirer de cet exposé, c’est que moins il y a d’iode libre sur une plaque, moins il y a de brome absorbé; l’expérience vient confirmer cette conjecture. Telle plaque qui dans l’état normal peut être exposée aux vapeurs du brome pendant dix-huit secondes, s’en trouve saturée, même après trois secondes, quand on la prive, autant qu’il est possible, de son iode libre.

« Une autre conséquence à déduire de ce qui précède, conséquence trés-importante, puisqu’elle a son côté pratique, c’est qu’il n’est pas nécessaire qu’une substance puisse former avec l’argent un composé impressionnable pour contribuer à l’accélération de l’effet photographique; bien au contraire, il est utile, il est mieux que cette substance n’ait aucune, affinité pour ce métal. On voit donc que le champ de recherche s’élargit considérablement, et que l’on n’est plus tenu à rester dans le cercle étroit du brome ou du chlore, pour aviser aux moyens de rendre l’opération plus rapide.

« Néanmoins le brome remplit très-bien ce but, mais on conçoit de suite que la combinaison formée n’est pas tellement stable, que les deux corps qui la composent ne puissent encore tendre à s’unir,à l’argent, ce qui doit nécessairement apporter un certain retard à la manifestation de l’image: nous avons donc pensé que la vitesse s’accroîtrait si l’on pouvait donner a ce composé une plus grande fixité, et fournir a la plaque, d’une manière indirecte, une plus forte dose de brome ou de chlore.

« Les moyens dont nous nous servons consistent à faire arriver sur la plaque certaines substances que nous allons désigner; seules, elles n’agissent pour la plupart que faiblement, elles n’atteignent le maximum de puissance que lorsqu’elles sont mélangées au brome ou au chlore; et ceci se conçoit, car nous avons vu qu’il faut un corps déjà préexistant sur la plaque pour retenir les substances accélératrices; or les composés que nous employons, n’ayant pas assez d’affinité pour l’iode, ne peuvent s’y unir directement; il faut donc se servir du brome ou du chlore comme de véhicules: ils se trouvent, dès lors, entraînés avec eux, et restent sur la plaque, où ils agiront plus tard, comme nous l’avons dit, et sans doute encore par voie de double décomposition.

« Les substances qui nous ont paru offrir le plus d’accroissement de rapidité sont l’hydrogène, le phosphore, et particulièrement le carbone.

« L’action de l’hydrogène peut se vérifier au moyen d’un simple mélange de brome et d’acide bromhydrique; celle du carbone en ajoutant par portions à IO grammes de brome, environ 39 grammes de bromure d’hydrogène bicarboné, ou d’éther bromhydrique: il est évident que ces deux corps peuvent être remplacés par une nombreuse série de substances organiques; tous les carbures d’hydrogène remplissent le même but: les résines, la plupart des huiles essentielles, l’eupion et presque tous les produits de la distillation des matières végétales, l’huile de naphte, etc., peuvent être ajoutés au brome avec le plus grand avantage; mais on voit que, dans ce cas, il y a formation d’acide,bromhydrique qui n’est pas nuisible à la vérité, mais dont les vapeurs blanches très-abondantes peuvent être désagréables. On peut éviter cet inconvénient en se servant de bromure de carbone pur ajouté au brome, ou simplement en projetant, dans 5 grammes de brome 2 grammes d’iodoforme; il se forme du bromure de carbone et du perbromure d’iode en proportions convenables. Un autre moyen consiste dans l’emploi du brome dissous dans du bromal; sans chercher a se procurer du bromal pur, on atteint le même résultat en versant dans 5 grammes de brome quelques gouttes d’alcool anhydre: il y a formation de bromal et d’huile bromalcoolique, avec un excès de brome nécessaire. L’alcool peut encore ici être remplacé par nombre des substances qu’il est inutile d’énumérer; nous citerons seulement les huiles grasses et siccatives, la plupart des graisses, l’esprit de bois et sans doute les nombreuses combinaisons du méthylène, l’esprit pyroacétique et pyroligneux, etc. Enfin le cyanogène donne quelque accroissement de vitesse.

« Des résultats satisfaisants sont aussi obtenus par le mélange de plusieurs de ces substances, et la présence de l’oxygène dans la composition de quelques-unes d’entre elles paraît favoriser la réaction, plutôt que la ralentir. Plusieurs personnes semblent avoir remarqué parfois des variations irrégulières dans l’emploi du brome: ne pourrait-on pas expliquer ceci par la production accidentelle d’acide bromhydrique ou de bromal?

« On arrive, par ces moyens, à prendre une vue en moins de deux secondes; toutefois, il faut remarquer que cette rapidité est calculée d’après un appareil pour grande plaque et à long foyer, de M. Charles Chevalier: il va sans dire qu’elle serait tout autre si l’on faisait usage d’appareils à court foyer ou d’ouverture de diaphragme exagérée.

« Quant au mode d’emploi de ces composés, il paraît probable qu’ils peuvent être mis en usage par les moyens ordinaires, c’est-à-dire en les prenant a l’état de dissolution dans l’eau ou l’alcool; nous ne l’avons pas essayé. Mais nous donnons ici la manière suivant laquelle nous avons toujours employé le brome, et que nous avons préférée, à cause des avantages qu’elle offre sous le rapport de la célérité et de l’extrême simplicité; elle consiste à prendre les substances accélératrices à l’état gazeux. Pour cela, il suffit d’avoir à sa disposition une petite pompe graduée de la capacité de 0l,01, terminée par un tube capillaire, et un flacon de 0l,2 dans lequel on a introduit, une fois pour toutes, 20 à 25 grammes de la substance dont on a fait choix. Quand on veut prendre une vue, il suffit d’introduire dans le flacon le tube capillaire de la pipette, et de pomper environ un demi-centilitre de la vapeur répandue dans le flacon, puis d’injecter cette vapeur dans la boîte à brome, au moyen dune petite ouverture qu’on ferme ensuite. La boîte que M. Foucault a imaginée pour l’emploi de l’eau bromée convient parfaitement pour cet usage. Le temps d’ioder la plaque est ensuite suffisant pour opérer complétement le mélange du gaz avec l’atmosphère de la boîte, et l’on compte ensuite à la manière ordinaire. Cette disposition évite ainsi un attirail embarrassant, et la liqueur contenue dans le flacon peut servir indéfiniment. »



([i]) Commissaires, MM. Rayer, Velpeau.

([ii]) (1) S’il était constant que l’image fût formée presque instantanément dans la chambre noire, l’action des verres continuateurs ne serait-elle pas plutôt, dans le cas qui nous occupe, une action protectrice, en déterminant I’élimination de l’iode, soit par l’évaporation, soit par un tout autre mode d’action analogue à cette explication?

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

25 de Setembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XVII

Nº. 13

Pag. 605, 606, 607, 608

PHOTOGRAPHIE. - Sur la Note de MM. Belfied-Lefèvre et Foucault insérée dans le Compte rendu de la séance du 7 août dernier, relativement à la préparation de la couche sensible qui doit recevoir l’image de la chamhre noire. - Lettre de M. Choiselat à M. Arago.

 

« Absent en ce moment de Paris, et encouragé par la bienveillance avec laquelle vous nous avez toujours accueillis, j’ai l’honneur de vous adresser quelques réflexions en mon nom et en celui de M. Ratel, au sujet d’une récente communication de MM. Belfield et Foucault. Si la question nous était seulement personnelle, nous garderions le silence; mais elle est de nature, selon nous, a compromettre gravement les progrès du daguerréotype, et cette considération a sur nous quelque puissance. Au surplus, permettez-nous de le dire ingénument, monsieur, notre confiance en vous étant complète, nous abandonnons à votre juste appréciation, et la valeur de notre discussion, et le d.egré de publicité que vous pourriez trouver convenable de lui donner.

« MM. Belfield et Foucault travaillant sur la théorie publiée récemment par M. Ratel, conjointement avec moi, s’efforcent d’y apporter une modification qui tendrait à faire considérer comme essentielle l’existence d’une couche de carbure d’hydrogène ioduré, superposée à celle de l’iodure d’argent; ces messieurs recommandent même d’en favoriser la formation. Nous ne saurions nous associer à des idées qui ne sont qu’énoncées, sans être appuyées sur aucun motif, et que nul phénomène connu ne peut faire présumer. D’ailleurs, tout le monde sait que, pour arriver à un résultat, la nature choisit toujours le moyen le plus simple: or cette couche organique étant superflue, on doit conclure son absence; mais en admettant pour un moment les idées de ces messieurs, on se demande d’où vient la supériorité incontestable d’une plaque dépouillée de tout corps étranger, autant que nos moyens actuels peuvent le permettre; dans ce cas-là, s’il reste encore quelque substance à la surface du plaqué, la quantité en est tellement minime, comparée à l’épaisseur relative de l’iodure, qu’on ne peut considérer son inflence que comme purement accidentelle et non pas comme essentielle.

« L’hypothèse de ces messieurs exige d’ailleurs que cette couche se trouve à la surface, et l’on cherche alors quelle est la puissance qui transrporte ainsi à la superficie, sans la briser, une couche qui naturellement est inférieure, et dont la moindre rupture devrait dès lors apporter un trouble grave dans les résultats; tout au plus ces matières peuvent-elles se trouver à l’état de mélange avec l’iodure, ce qui renverse complétement l’explication de ces messieurs; car si dans ce cas il y avait action, ce ne pourrait être que suivant la manière que nous avons déjà développée dans un autre Mémoire, et après tout, il resterait encore à définir d’après quelle loi aurait lieu l’absorption de l’oxygène.

«  Pour nous, nous n’hésitons pas à regarder comme nuisible l’existence préalable d’une couche organique sur la plaque, car au contact de l’iode elle doit être détruite; l’acide hydriodique et les combinaisons du carbone qui résultent de cette décomposition, s’opposant quelque peu à la combinaison de l’iode et de l’argent, augmentent ainsi la quantité d’iode libre que nous avons vu produire des résultats si fâcheux. Ainsi, d’après nous, des empreintes peuvent être obtenues indépendamment de l’existence préalable de matières organiques; mais ces empreintes seront toujours d’autant plus imparfaites, qu’elles auront été plus contrariées dans leur formation par le mélange de substances étrangères. Nous attribuons même à la présence de quelqu’une de ces substances ces apparences anormales qui se présentent parfois quand les parties noires du tableau grisonnent trop facilement dans la chambre à mercure, car l’absorption chimique de ce métal éprouvant alors quelques difficultés, il se dépose mécaniquement. M. Daguerre, dont l’esprit d’exactitude ne s’arrête devant aucune difficulté, a parfaitement compris la valeur réelle qu’il donnerait à l’opération, en termiuant le polissage de la plaque par l’ébullition d’une eau convenablement ménagée. Le succès est venu corroborer cette ingéniense idée, qu’il est si regrettable de ne pouvoir mettre facilement en pratique.

« Ces messieurs attribuent à l’absorption de l’iode par le brome la rapidité de la formation de l’image; ils pensent aussi que la réduction de l’iodure en sous-iodure est presque intantanée. Ici nous ne pouvons que partager complétement des idées qui ne sont que la reproduction de celles émises par nous-mêmes tout récemment. Il est bien entendu que nous ne comprenons pas dans cette réclamation les modifications apportées, suivant ces mes-sieurs, par la substance organique.

« L’objection contre la présence d’iode libre dans une plaque iodurée ne  nous parait pas non plus fondée. On peut en effet soumettre la couche sensible à l’émanation du brome, avant d’en avoir terminé l’ioduration; mais dans ce cas il y a moins de brome absorbé.

« Ces messieurs, tout en adoptant les réactions de la chambre à mercure dans les clairs, ne les admettent pas pour la formation des noirs. Nous n’hésiterions pas à nous ranger du côté de toute explication raisonnée, mais ces messieurs gardent le silence sur la formation et la nature de la poudre des noirs; faute de mieux, nous sommes obligés de nous en tenir à notre première idée. Quant au dépôt du deutoiodure de mercure, il ne peut avoir lieu que par double décomposition; autrement sa présence serait tout à fait indépendante de la beauté du résultat. D’ailleurs l’iode libre ne peut produire que de l’iodure vert de mercure, puisque ce métal est constamment en excès.

« Quant aux moyens d’obtenir de la transparence et des détails dans les ombres sans avoir à craindre de solariser les parties les plus éclairées, il faut enfin le dire sans réticence, afin de faire disparaître ces nombreuses images sans vigueur, qui ne donnent qu’une bien fausse idée de la belle découverte de M. Daguerre. Il suffit pour cela d’ioder plus fortement qu’on en a généralement l’habitude, et d’arriver ainsi jusqu’à la couleur rose et même au delà. En effet, pour atteindre le plus beau résultat possible, nous avons vu que la lumière doit transformer en sous-iodure 2 équivalents sur 5 d’iodure; si donc l’on offre à la radiation lumineuse une surface assez riche en iodure, pour qu’on puisse en sacrifier quelque peu, sans risquer de perdre trop de ce corps, nécessaire à la décomposition subséquente du sous-iodure à la chambre à mercure, on peut sans inconvénient prolonger l’intensité lumineuse jusqu’au point où les ombres commencent à s’éclaircir; au contraire, si la plaque est pauvre en iodure, les points les plus éclairés deviennent bleus, car le mercure, n’étant plus absorbé par la formation de l’iodure vert  se dépose mécaniquement; d’où l’on voit que pour obtenir les plus beaux noirs et les plus beaux blancs, il faut augmenter, autant que possible, la quantité de l’iodure, puisque, à la chambre à mercure, c’est ce corps seul qui, par sa décomposition, sert à garantir et à former les noirs, comme aussi à produire les blancs avec l’auxiliaire du sous-iodure.

« Qn peut toujours arriver à la teinte foncée recommandée plus haut, sans craindre de voiler l’image, quand on a le soin d’éviter l’accumulation de l’iode libre, au moyen d’un nettoyage le plus parfait possible, en ne se servant que d’iode pur, et en observant ce qne nous avons dit dans deux Mémoires précédents. Alors la plaque, au sortir du mercure, sera d’une couleur rouge intense, et c’est le seul cas où elle mérite d’être terminée par le lavage. Elle offrira alors ces admirables dégradations de teintes et ces nuances colorées qui donnent au tableau comme une illusion atmosphérique. Si au contraire la plaque est jaune après le mercure, c’est qu’il y a eu combinaison entre l’iodure vert et le peu d’iodure rouge formé; par suite, perte de mercure: la vue n’a donc pas son maximum d’effet; enfin, si elle est verte, on doit regarder l’opération comme absolument manquée. On peut favoriser le travail de la lumière en se servant d’un iode contenant un peu de brome. Ce dernier corps peut agir de la sorte: il decompose le peu d’iodure de carbone qui pourrait se rencontrer dans l’iode, par suite de son contact avec la gomme ou autres corps étrangers, et, le transformant en bromoforme, il agit comme nous l’avons déjà publié; il rend l’iode plus volatil, et lui permet d’arriver à la plaque avant les émanations étrangères; enfin, donnant à la couche plus de sensibilité à la lumière diffuse, il lui enlève par la un excès fâcheux d’iode libre. « 

quinta-feira, 3 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1843

6 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T.

Pag. 1070, 1071, 1072,

PHOTOGRAPHIE. - Des qualités essentielles que doit avoir la couche sensible dans l’opération du daguerréotype; par MM. Choiselat et Ratel.

 

«  L’iodure d’argent étant la couche impressionnable sur laquelle toutes les réactions doivent successivement se produire, c’est à sa formation régulière que l’on doit surtout s’appliquer: de là dépend toute la suite de l’opération; les qualités de cette couche peuvent se résumer dans trois conditions essentielles: richesse, sensibilité, limpidité.

« Certaines difficultés s’opposent à la réunion de ces trois conditions, et c’est ordinairement à leur absence qu’il faut attribuer les résultats incertains et défectueux d’un grand nombre d’expériences, résultat dont on accuse souvent à tort, soit la substance accélératrice, soit toute autre çause illusoire. Aussi a-t-on vu se répandre, par suite de ces incertitudes, l’usage de ces nombreux moyens indirects, de ces liqueurs dites allemandes, qui, par leur composition, ont pu donner peut-être un résultat plus assuré, mais au détriment de la sensibilité et de la vigueur du dessin.

« Déjà nous avons dit comment la richesse est obtenue en iodant fortement, et la sensibilité par l’addition du bromoforme, etc.; nous pensons aussi qu’on ne doit pas moins s’attacher à sa limpidité. Son défaut de transparence produit ce fâcheux effet, que la lumière, ne pouvant pénétrer simultanément dans toute son épaisseur, n’agit plus que partiellement ou successivement: de là un trouble grave dans le travail de la chambre noire, et ces trois conséquences malheureuses pour l’épreuve.

« Le sous-iodure d’argent n’est plus mélangé intimêment avec l’iodure selon qu’il est nécessaire, ces deux corps se trouvant, pour ainsi dire, superposés en deux couches; par suite, point de vigueur dans les clairs et les noirs de l’image.

«  Les réactions mercurielles n’ayant lieu que dans les couches supérieures, le dépôt de mercure ne se trouve plus dans une juxtaposition parfaite avec la surface du plaqué: de là point de régularité dans la création du tableau, peu d’adhérence entre le mercure et la plaque, et absence de coloris dans le dessin.

« Enfin la lumière, n’agissant plus que progressivement, a toujours achevé le travail des clairs avant d’avoir complété celui des ombres: ainsi point d’harmonie entre les blancs et les noirs, point de détails dans les ombres.

« L’oubli de ces trois conditions importantes détermine, dans les épreuves, ces ombres si tranchées là où la nature ne nous offre que des demi-teintes; c’est également par suite de cet oubli, que l’on regarde à tort comme à peu près impossible de faire venir simultanément un objet d’un blanc pur, et un autre très-noir; dans ce cas, l’un des deux objets ne viendra, dit-on, qu’au détriment de l’autre; et cependant, si la limpidité de la couche sensible eût permis à chaque radiation de pénétrer également dans l’iodure d’argent, chaque objet eût apparu rigoureusement selon l’intensité de ces mêmes radiations, car on doit exiger du daguerréotype l’image exacte qui est peinte dans la chambre noire, tous les points de cette image agissant à la fois sur l’iodure, mais avec une énergie différente.

» Nous avons déjà signalé la funeste influence qu’exerce sur les épreuves une trop grande accumulation d’iode libre; or c’est encore son excès que nous devons ici redouter, car, outre qu’il enlève à la plaque cette limpidité indispensable, il étouffe aussi l’action des substances acc6lératrices, et s’oppose à l’absorption du bromoforme.

« En effet, nous avons cherché à démontrer que le bromoforme, bromal, etc., ne peuvent demeurer sur la plaque qu’avec l’auxiliaire du brome; ce dernier corps, formant avec l’iode libre un perbromure d’iode, retient avec lui le bromoforme, et tous deux peuvent agir ensuite à la chambre noire. Or, qu’arrive-t-il quand la couche d’iodure a été mal préparée: l’iode libre étant en plus grande quantité qu’il ne doit être, au lieu d’un perbromure on n’a plus qu’un protobromure; si donc la plaque est mise en cet état à la chambre noire, sa sensibilité sera moindre que dans le premier cas, car nous savons que l’absorption par le brome de l’iode libéré est en raison inverse de Ia quantité d’iode qu’il tient déjà en combinaison; mais, si au lieu d’une simple émanation de brome, on a recours à l’atmosphère mixte de brome et de bromoforme, la plaque n’absorbe plus alors que le brome, et laisse le bromoforme, ce dernier ne pouvant rester dissous dans le brome que si sa tendance à s’unir à lui n’est pas détruite, ou du moins considérablement diminuée par la combinaison de celui-ci avec un grand excés d’iode. Telle est sans doute la cause de l’inégalité d’action qu’offrent les substances accélératrices entre les mains des divers opérateurs, cette singulière anomalie étant la conséquence du plus ou moins de limpidité obtenue par suite de quelque négligence, ou d’une appréciation vicieuse dans la préparation de la couche sensible.

« Or, les raisons qui s’opposent à une préparation convenable étant très-multipliées, et exigeant ainsi des soins très-étendus, nous avons cherché à rendre ce travail plus facile, et nous croyons que le triple but que nous nous proposons, la célérité, la certitude de l’opération et la beauté singulière de l’image, sera atteint par l’usage d’un iode contenant, outre le brome, les substances accélératrices que nous avons publiées. On peut arriver à ceci directement ou indirectement, en versant de l’alcool absolu sur l’iode; si, après que celui-ci a repris quelque consistance, on promène au-dessus un flacon débouché et incliné contenant du brome, on voit qu’il y a formation de bromal, d’acide bromhydrique, et aussi d’un peu d’huile bromalcoolique, qui agissait comme il convient, c’est-à-dire en se mêlant plus intimêment et plus abondamment à l’iodure, en contribuant par eux-mêmes à l’absorption du brome, et peut-être aussi en remplacant l’iode libre en partie.

» Si l’on se sert ensuite de bromoforme, on remarquera l’extrême sensibilité que nous avons annoncée; le mélange auquel nous donnons la préférence est composé de 8 a 10 grammes de brome contre 20 grammes de bromoforme.

« Une plaque ainsi préparée doit présenter les caractères suivants: après l’ioduration, être rouge dans l’angle de réflexion d’un papier blanc, et vert olive translucide, vue de face, sans aucun signe d’opacité ou de couleur différente; après l’exposition aux vapeurs mercurielles, être rouge vif dans les clairs, ou, ce qui vaut mieux encore, d’une couleur bleuâtre tirant sur un violet très-clair. Nous ajoutons qu’il est préferable d’avoir une boîte disposée de telle sorte que la planchette portant la plaque soit isolée de ses parois, afin que la vapeur puisse circuler sans aucun obstacle; comme aussi d’ioder directement, tamisant seulement la vapeur à travers une étoffe de verre, s’il était possible: les dispositions primitives de M. Daguerre sont ainsi à peu près conservées.

« Si parfois certaines boîtes d’iode ont paru meilleures que d’autres, et si des traces d’humidité s’y sont manifestées, on peut, sans doute, l’attribuer à la présence de l’acide hydriodique provenant de la decomposition de matières organiques, condensant l’humidité de l’atmosphère; il faut obvier à cet inconvénient en exposant la boîte au grand air, ou en ajoutant de l’iode. «

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1844

5 de Agosto

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XIX

Nº. 6

Pag. 338, 339

CHIMIE APPLIQUÉE. - Sur l’emploi de certains réactifs dans la gravure des planches photographiques; Lettre de MM. Choiselat et  Ratez à M. Arago.

 

«  Dans la séance du 8 juillet 1844, VOUS avez donné communication d'un procédé de gravure des images photographiques signalé par M. Fizeau.

«  Nous nous sommes occupés nous-mêmes de cette question depuis le mois de février 1840, et, dès le mois de décembre 1842, nous avions fait, dans cette voie, des progrès assez importants pour que la Société d’encouragement, statuant sur le concours fermé à cette époque, ait bien voulu nous juger dignes d’une récompense de 1000 francs.

« Ayant connu, par suite du brevet pris par M. Fizeau en septembre de 1843, que son procédé, basé sur l’action des acides, n’était nullement le nôtre, nous avions cru devoir travailler en silence à conduire celui-ci à toute la perfection dont il est susceptible. Mais dans sa dernière communication, M. Fizeau nomme incidemment une nouvelle substance dont l’emploi ne paraît pas lui être familier, et qui se trouve comprise parmi celles dont l’usage nous est acquis depuis longtemps; nous voulons parler du bichlorure de cuivre. M. Fizeau semble n’en faire que peu de cas, ce qui ne nous surprend nullement, cette substance n’étant apte à donner son effet que suivant certaines lois et dans certaines circonstances que nous ferons connaître plus tard. Aujourd’hui, nous tenons seulement à constater que l’emploi de cette substance, et la découverte de son action dans la gravure des planches daguerriennes, nous appartiennent de droit, en ayant consigné les effets dans un Mémoire adressé à la Société d’encouragement en décembre 1842. M. le baron Séguier et M. Gaultier de Claubry, nommés Commissaires, ayant assisté à nos qpérations, ont été particulièrement témoins de son heureuse influence, et ces messieurs ont pu voir, en outre, que connaissant la cause de l’irrégularité d’attaque dont se plaignent ceux qui ont travaillé à ce genre de recherches, nous avons su nous en préserver, et graver dès lors, avec une grande perfection, une plaque daguerrienne quelle que soit sa grandeur.

« Dans la seconde partie de sa Note, M. Fizeau indique des moyens fort ingénieux destinés, soit à augmenter la profondeur des noirs, soit à leur donner un certain piqué propre à retenir l’encre. Des moyens analogues ont été abandonnés par nous dès nos premiers tâtonnements; ces moyens nous ayant paru purement mécaniques et nullement chimiques comme ils devaient l’être, pour que la main de l’homme n’ait, en réalité, rien mis du sien dans une opération destinée à reproduire, dans la même harmonie, toute la perfection et l’exactitude de l’image photographique. »