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terça-feira, 21 de abril de 2009

1862, 1 de Abril - Le moniteur scientifique

1862, 1 de Abril
Le moniteur scientifique
Journal des Sciences pures et appliquées spécialement consacre aux chimistes et aux manufacturiers
par le dr . Quesneville
paris
chez
M. Quesneville, rédacteur-propriétaire
55, rue de la verrerie
T. IV
127º Livraison
Pags. 216, 217, 218, 219, 220
*
REVUE PHOTOGRAPHIQUE

SOMMAIRE. – Développement et production de clichés vigoureux au moyen du sulfate de fer acétifié par M. Martin. - Éclairage des ateliers exposés au midi. - Sur le moyen de combattre les irrégularités des virages aux sels d'or alcalins.- Obtention des couleurs naturelles avec une certaine stabilité, par M. Niepce de Saint-Victor. - Progrès de la photographie allemande. - Procès photographiques en France et en Angleterre. - Distribution du prix de M. le duc de Luynes pour les épreuves positives.

C'est par une question essentiellement pratique, et dont l'importance sera certainement appréciée de tous les opérateurs, que nous commencerons cette revue. Elle n'a pas trait à quelqu'une de ces grandes découvertes qui semblent, au premier abord, destinées à révolutionner toutes les habitudes photographiques; miais qui, le plus souvent, restant dans les nuages de la théorie, n'apportent aux procédés dont nous faisons journellement usage aucune modification utile; il s'agit simplement d'un de ces tours de main si utiles, si précieux que les photographes vraiment praticiens accueillent toujours avec reconnaissance. M. Ad. Martin, dont les photographes connaissent bien le nom et qui s'est acquis déjà, par la découverte de l'obtention des positives directes un titre sérieux, vient de trouver la composition d'un bain de fer qui permet d'obtenir du premier coup, et sans renforcement, des clichés d'une coloration noire d'une admirable intensité. Tous ceux qui s'occupent de photographie, ceux surtout qui en commencent l'étude, savent bien, et même ne savent que trop, que le développement au sulfate de fer présente de grands ennuis, parmi lesquels se montre en première ligne la coloration grise et faible des images; pour donner à celles-ci de la vigueur, il faut, après le développement primordial, les renforcer ensuite, soit avec du sulfate de fer et de l'argent, soit mieux avec un mélange d'acide pyrogallique, d'acide acétique et d'azotate d'argent. M. Martin, en examinant soigneusement la manière dont l'argent se dépose dans la production des clichés au sulfate de fer, a reconnu que la transparence de l'épreuve et sa coloration grise étaient dues spécialement à l'état sous lequel l'argent se dépose; il se forme alors, en effet, en gros cristaux, parfaitement définis, mais qui ne peuvent, comme les petits cristaux accumulés par l'acide pyrogallique, opposer au passage de la lumière une résistance suffisante. II a reconnu en outre que ce mode de dépôt était dû essentiellement à la présence del'acide sulfurique dans la liqueur révélatrice de sulfate de fer. On ne saurait s'étonner que cette idée se soit présentée à l'esprit de M. Martin, lorsqu'on se rappelle qu'on obtient, au moyen du développement au sulfate de fer, des positives dont les blancs ont un éclat argentin, métallique, lorsqu'à la solution révélatrice on ajoute une certaine quantité d'acide sulfurique libre; dans les deux cas, c'est une conséquence de la même idée. Partant de 1à, M. Martin a pensé que l'on parviendrait à obvier à cet inconvénient, en faisant disparaître l'acide sulfurique libre; mais on ne saurait opérer dans une liqueur neutre, il faut toujours que la solution possède une réaction acide, et, pour réaliser cette condition, M. Martin a eu l'idée fort ingénieuse de substituer l'acide acétique à l'acide sulfurique. Cette idée a dû, d'ailleurs, se produire chez ce savant d'une manière toute naturelle, en réfléchissant aux avantages que présente l'emploi des bains révélateurs d'acétate de fer, que leur extrême instabilité a seule empêchée de pénétrer dans la pratique journalière.
Pour réaliser le but qu'il se proposait, M. Martin a imaginé d'ajouter au révélateur une certaine quantité d'acétate de plomb. Celui-ci, ajouté en quantité insuffisante pour décomposer le sulfate de fer, mais suffisante pour agir sur l'acide sulfurique libre, est décomposé par cet acide, transformé en sulfate de plomb insoluble qui se précipite, et en acide acétique libre qui reste en dissolution dans la liqueur, et lui communique l'acidilé nécessaire pour un bon dévelopement. Pour réussir dans la préparation de ce bain révélateur, M. Martin conseille d'opérer de la manière suivante: dans 500 grammes d'eau, on dissout 100 grammes de sulfate de fer, puis on ajoute à cette dissolution 25 cent. cubes d'une dissolution d'acétate de plomb dans l'eau distillée faite à la proportion de 10 pour cent. Au moment du mélange, ces deux liqueurs se troublent, un précipité blanc se forme, qui se dépose peu à peu: ce dépôt, c’est le sulfate de plomb. Lorsque la liqueur est éclaircie, on filtre ; le dépôt reste sur le filtre et l’on obtient une solution parfaitement claire de sulfate de fer ne renfermant plus que de l'acide acétique libre. Pour rendre cette solution plus facile à étendre sur la glace, et en même temps pour lui donner des réactions acides plus prononcées, M. Martin conseille de lui ajouter 25 cent. cubes d'acide acétique cristallisable et 450 cent. cubes d'eau contenant 5 cent. cubes d'éther nitrique du commerce (éther nitreux alcoolisé) et 5 cent. cubes d'éther acétique.
Cette solution révélatrice est employée sur les glaces, au sortir de la chambre noire, de la manière ordinaire; elle fournit, lorsque la pose a été convenable, des tons d'un brun noir, très-riches, très-opaques, analogues à ceux que produit l'acide pyrogallique. Elle permet donc d'obtenir, du premier coup, des clichés suffisamment vigoureux pour n'avoir besoin d'ancun renforcement, et pour servir à l'obtention d'excellents positifs.
- Une autre question, également pratique, doit fixer notre attention: il s'agit de l'éclairage des ateliers photographiques. C'est toujours une grande difficulté que le choix des emplacements destinés à la construction des ateliers , car ceux-ci, pour être placés dans de bonnes conditions, doivent être directement opposés au soleil, de telle sorte que les rayons de cet astre n'en puissent jamais venir traverser les vitrages, et que le modèle qui s'y trouve ne puisse recevoir que la lumière, très-éclatante, mais cependant diffuse, des portions de la voûte céleste opposées au soleil. On réalise cette condition en disposant les ateliers de telle sorte que leur façade vitrée soit orientée face au nord, et qu'un mur plein formant le côté opposé, vienne intercepter les rayons solaires. Lorsque l'atelier doit être construit à la campagne, il est facile de se conformer à cette règle; mais, lorsqu'il s'agit d'en établir un dans une grande ville comme Londres, Paris et Bruxelles, la chose est loin d'être aussi facile. La photographie fait chaque jour tant de progrès, le nombre des opérateurs se multiplie de telle façon, que les emplacements convenables situés au nord sont devenus introuvables, et qu'il faut aujourd'hui, loin de choisir, se contenter de ce que l'on rencontre. Deux photographes parisiens, M. Maze d'un côté, M. Voytot de l'autre, ont trouvé un moyen bien simple et bien commode cependant, pour combattre la lumière directe du soleil, tout en admettant dans l'atelier une quantité de lumière suffisante pour bien éclairer le modèle. L'atelier est construit suivant une orientation quelconque, et, pour le placer dans les conditions les plus défavorables, nous supposerons qu'il regarde directement le midi, et que le soleil, par suite, le pénètre en plein. Pour transformer les rayons directs de cet astre en une lumière diffuse et abondante, on dresse le long du vitrage d'avant des écrans formés de feuilles de paravent et occupant toute la hauteur; ces écrans sont inclinés de façon à refléter la lumière du côté du modèle; ils doivent être distancés de manière qu'ils se recouvrent l'un l'autre de 5 à 6 centimètres de leur largeur, qui peut être de 25 à 30 centimètres. De cette manière 1a lumière ne pénètre dans l'atelier qu'après avoir été successivement reflétée par les deux surfaces opposées de deux écrans consécutifs. Elle est donc diffusée, et le modèle se trouve aussi bien éclairé que si l'atelier recevait directement la lumière de nuages brillamment éclairés par le soleil. Les écrans doivent être recouverts d'un papier gris-bleu très-clair. Grâce à cet artifice, non-seulement on donne aux ateliers situés en plein midi tons les avantages que possèdent ceux qui sont situés au nord, mais encore on leur en communique de supérieurs; en effet, dans un atelier disposé comme nous venons de le dire, l'opérateur ayant toujours à sa disposition un moyen de faire varier la lumière, pouvant même, au cas où le soleil se cache, opérer sans aucune espèce d'écran, il lui devient facile d'obtenir de bons résultats par quelque temps que ce soit, fût-ce même par la pluie.
- La pratique du virage des épreuves positives s'est considérablement modifiée depuis deux ans; en France, mais en Angleterre surtout, l'ancienne méthode, consistant à soumettre l'épreuve au bain d'hyposulfite d'or et de soude, a été mise de côté par la plupart des opérateurs, qui lui ont substitué les diverses méthodes de virage aux sels d'or alcalins, méthodes sur lesquelles nous avons fourni souvent des indications dans nos Revues de photographie, et dont nous avons notamment indiqué les formules dans le nº du 1er janvier 1861, liv. 97, p. 15. Nous avons trop souvent rappelé les avantages nombreux et importants de ces méthodes, pour qu'il soit nécessaire d'y revenir aujourd'hui; mais elles présentent un inconvénient que la science a appris à éviter aussitôt que la pratique en a révélé l'existence, et sur lequel nous devons insister d'autant plus, que la théorie de sa production, aussi bien que celle des moyens employés pour le combattre, ont donné lieu, depuis deux ou trois mois, à une discussion intéressante et a un très grand nombre de travaux.
Les épreuves tirées aux sels d'or alcalins se revêtent souvent de taches nombreuses, placées côte à côte, d'une coloration tantôt grise, tantôt brune, qui en détruisent tout l'effet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets délicats comme ceux destinés au stéréoscope. La feuille prend alors un aspect piqueté, farineux pour ainsi dire, et l'on peut considérer l'épreuve comme à peu près perdue. M. Samuel Fry a trouvé, en Angleterre, un moyen bien simple de combattre ce défaut, et ce moyen réussit admirablement; les avis, à ce sujet, sont unanimes. Cet habile opérateur a démontré qu'après avoir lavé l'épreuve à l'eau, au sortir du châssis, pour lui enlever le nitrate d'argent libre, il suffisait de la passer dans un bain d'acétate de soude 10 à 15 pour cent, où on la laisse séjourner pendant quelques minutes. Au sortir de cette solution, l'épreuve portée dans le bain de virage alcalin ordinaire s'y comporte parfaitement, et parcourt, sans accident aucun, toute l'échelle des tons qui doit l'amener a la coloration désirée.
On a beaucoup discuté, en Angleterre, sur la cause probable de cet accident, et sur le rôle du remède que M. Fry lui opposait; mais toutes ces discussions n'ont pas conduit à grand chose. Un grand nombre des opinions émises ne reposaient sur aucun fondement; une simple hypothèse leur avait donné le jour; telles sont celles dont les auteurs disaient: Le bain est trop faible, ou le bain est trop fort; le papier est trop épais, ou le papier est trop mince, etc.; la véritable cause parait avoir été indiquée par le savant rédacteur du Photographie news; M. Wharton Simpson. Il pense que le dépôt d'or ne s'effectue pas de la même manière en présence ou en l'absence de l'hyposulfite. En présence de ce corps, les différents composés que supporte la feuille ne possèdent aucune tendance spéciale au virage; mais dans le cas des virages d'or alcalins, l'albuminate d'argent et le chlorure d'argent manifestent des affinités différentes pour l'or, et ces affinités se résument en ceci que l'un vire plus vite que l'autre; de telle sorte que les portions recouvertes par l'un sont déjà arrivées au noir, lorsque celles que recouvre l'autre n'en sont encore qu'au ton rouge. Lorsque surtout l'on opère sur un papier poreux, cet accident se manifeste aisément à cause des épaisseurs inégales d'albubinate et de chlorure. Le rôle de l'acétate de soude, son action spéciale et curative consistent alors a transformer le tout en acétate d'argent qui, dans le bain d'or alcalin, vire alors avec une parfaite égalité.
- Tous nos lecteurs connaissent sans doute les beaux travaux de M. Edmond Becquerel sur la fixation, fugitive il est vrai, mais réelle cependant, des couleurs naturelles sur une plaque d'argent chlorurée. Ils savent aussi que M. Niepce de Saint-Victor, continuant ces travaux, a pu fixer sur la plaque daguerrienne chlorurée les couleurs brillantes des objets naturels, et les y conserver d'une manière presque indéfinie, quand cette plaque était maintenue dans l’obscurité,et pendant quelques minutes, quand on l'exposait a la lumière diffuse. M. Niepce de Saint-Victor vient de faire faire à la question un pas nouveau et important. Grâce à l'emploi d'un vernis protecteur spécial, il a pu produire des colorations naturelles, extrêmêment vives, et susceptibles de se conserver pendant douze heures à la lumière. Voici comment opère M. Niepce de Saint-Victor: il prend une plaque daguerrienne de plaqué d'argent, et la chlorure en la trempant quelque temps dans une solution d'hypochlorite de potasse (1)([i]). Après l'avoir lavée, il la recouvre d'un vernis formé d'une solution de chlorure de plomb saturée, à laquelle on a ajouté une quantité de dextrine suffisante pour lui donner une consistance épaisse. La plaque séchée à la lampe à alcool est exposée ensuite à la lumière; les couleurs s'y manifestent alors avec un éclat plus grand que dans le cas où l'on opérait sans le vernis au chlorure de plomb; elles se détachent sur un fond blanc et, chose remarquable, si, après l'esposition à la lumière, on vient à chauffer la plaque, elles acquièrent une intensité plus grande encore, en même temps qu'elles acquièrent cette fixité remarquable dont nous parlions en commençant. Tels sont les remarquables résultats acquis par les derniéres expériences de M. Niepce de Saint-Victor; ils ne peuvent manquer de frapper nos lecteurs, et ceux-ci réfléchissant que M. Niepce est déjà parvenu à conserver pendant douze heures, sans altération sous l'action lumineuse, ces couleurs qui se produisent d'une manière si admirable, ne pourront s'empêcher de dire comme l'auteur: si le problème de la fixation n'est pas encore résolu, ou peut, du moins, espérer une solution.
- La France, l'Angleterre et la Belgique ne sont pas les seules contrées où la photographie fasse chaque jour de nouveaux progrès; l'Italie, l'Espagne, la Russie même voient cet art intéressant se populariser chaque jour davantage; mais c'est en Allemagne surtout, en Prusse, en Autriche, etc., que se manifestent les plus beaux résultats Ceux-ci cependant sont pen connus, la dernière exposition du Palais de l'industrie en a partiellement révélé l'existence, celle de Cromwell-Road à Londres les rendra palpables à tous les yeux; en attendant qu'il nous soit donné d'en avoir la brillante démonstration, nous sommes heureux de faire connaître les principaux d'entre eux, en communiquant à nos lecteurs les extraits suivants d'une lettre fort intéressante qu'a bien voulu nous adresser M. Jacques Courrier, de Berlin
« On sait peu à Paris comment se conduit la photographie outre-Rhin, et je vous assure que c'est grand dommage, car elle fait ici des merveilles comme elle en fait partout!
» Si cela intéresse vos lecteurs, je veux tant bien que mal les mener dans quelques-uns de nos ateliers. La tâche est rude: d'abord, n'a-t-on pas à craindre, tel impartial que l'on soit et ne parlant que dans l'intérêt de la science, d'avoir l'air de faire de la réclame en prononçant un nom? Puis, comment avec une plume (inhabile surtout) remplacer les yeux du lecteur?
» Dernièrement, tout Berlin ne parlait que des conférences de M. le Dr Petschner sur son ascension du Mont-Blanc; le roi et la reine l'ont honoré de leur présence, et c'était une honte de ne pas y assister; le docteur s'aidait dans ses descriptions des photographies des frères Borgmann; combien je pensais alors à notre compatriote M. Bisson ! On admire bien ses vues du Mont-Blanc sous les tilleuls, dans les montres des boutiques, et pourtant pas un Berlinois ne semblait se douter que ses courageux efforts nous ont donné ces curieux spécimens; tout l'honneur était pour le docteur Petschner; ce que c'est que de faire du bruit! Mais ceci ne retire rien au mérite de ce dernier.
» Allant du grand au petit, de l'immense dos de chameau alpestre aux imperceptibles infusoires, la photographie nous offre ici de magnifiques épreuves de ces infiniments petits. Il y a dix ans nous voyions l'infatigable professeur Ehrenberg dessiner au microscope avec tant de peines; maintenant, grâce à la photographie, il épargne son temps et ses yeux, la science y gagne et l'exactitude aussi: la photographie n'a pas de faux coups de crayon.
» Je ne sais pas de sciences auxquelles ce bel art ne prête son bienfaisant concours? Voici encore de superbes planches anatomiques exécutées par M. Albert, de Munich: c'est la nature de l'amphithéâtre, moins le sang, moins l'odeur; chaque imperceptible nerf y est bien commodément chez lui; 1'étudiant peut y lire ce grand livre si petit et qui contient tant! le corps humain. Après s'être fait admirer par tous les artistes, heureux de pouvoir posséder pour une faible somme les inestimables cartons de Kaulbach, signés de sa main (et c'est là un grand résultat!), M. Albert, ne voulant pas se reposer sur ses frais lauriers, vient nous donner le spectacle si agréable d'un chercheur infatigable, d'un sage ne se laissant pas étourdir par le succès.
« Mais en voilà assez, on pourrait croire que je le connais, et je n'ai pas ce plaisir.
» On fait de bien jolis portraits-cartes à Paris, n'est-ce pas? eh bien ! si vous voyiez ceux que j'ai sous les yeux, vous en seriez enchanté, tout Parisien que vous êtes! C'est que ces messieurs à Paris, une fois qu'ils ont un nom, ne se donnent plus la peine de copier; vous êtes tout étonné de voir sortir de derrière le même négatif deux positifs de qualités différentes, et on ne saurait être trop sévère contre cet abus; quand on a eu le mérite de se faire un nom. il faut savoir le garder, et je connais bien des gens, à Paris, qui rougiraient, rentreraient en eux-mêmes et sentiraient l'aiguillon de la saine concurrence en voyant les petits bijoux que j'ai là; mais patience, vous verrez cela à Londres, et je signale seulement quelques noms à votre attention: MM. Haase et Graff, de Berlin, L. Angerer, de Vienne .... Mais j'y renonce, les habiles pullulent et je ne veux pas faire de jaloux, je n'aurais qu'à en oublier et des meilleurs ! »
- Le monde photographique vient d'être grandement préoccupé, dans ces derniers jours, par une question de la plus haute importance, au point de vue de la propriété photographique, et, par une similitude extraordinaire, par un hasard singulier, la même question s'est trouvée simultanément en litige à Londres et à Paris, et tandis que les juges français disaient blanc, les juges anglais disaient noir. Il ne nous appartient pas d'apprécier ces deux manières différentes de juger un même point; nous nous contenterons de signaler les deus faits. A Paris, M. X*** a été attaqué par MM. Mayer et Pierson, comme ayant reproduit et vendu dans le commerce des portraits-cartes dont MM. Mayer et Pierson étaient les auteurs, et dont, par suite, ils se considéraient comme les propriétaires. A la grande surprise de tous ceux qu'intéressait ce sujet, le tribunal a donné tort à MM. Mayer et Pierson; ceux-ci ont interjeté appel du jugement, et la question sera bientòt jugée à nouveau. En Angleterre, au contraire, M. Mayall attaquait M. Hidgby pour avoir reproduit et vendu dans le commerce des portraits-cartes dont il était l'auteur, et dont il se considérait comme propriétaire, et, à la grande satisfaction de ceux qu'intéressait le sujet, le tribunal a donné raison à M. Mayall.
- Le prix fondé par M. le duc de Luynes pour la production des épreuves inaltérables vient d'être décerné, par la Société photographique de Paris, à M. Poitevin. Ce prix est de 2,000 francs; un encouragement de 600 francs a été accordé à M. Fargier, qui, par des modifications remarquables, a perfectionné le procédé primitif dont M. Poitevin faisait usage.
Th. bemfield
([i]) (1) La proportion de reactifs et les temps n'ont pas été indiqués par M. Niepce de Saint-Victor.

segunda-feira, 20 de abril de 2009

1862, 15 de Junho - Le moniteur scientifique, REVUE PHOTOGRAPHIQUE

1862, 15 de Junho
Le moniteur scientifique
Journal des Sciences pures et appliquées spécialement consacre aux chimistes et aux manufacturiers
par le
dr . Quesneville
paris
chez
m. Quesneville, rédacteur-propriétaire
55, rue de la verrerie
T. IV
132º Livraison
Pags. 377, 378, 379, 380, 381
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REVUE PHOTOGRAPHIQUE

SOMMAIRE. – La photographie à l’Exposition de Londres. – Prix du duc de Luynes. – Prix fondé par l’Association photographique allemande. – Prix fondé par la Société de Marseille. – Procédé au tanin rendu rapide. – Dessins stéréoscopiques de Chimenti. – Épreuves stéréoscopiques du soleil. – Grandissements sans chambre spéciale. – Collodion sans éther, par M. Sutton. – L’amateur photographe, par Charles Bride.

Ce serait manquer à tous nos devoirs de chroniqueur que de ne pas dire au moins quelques mots de l'Exposition universelle ouverte à Londres en ce moment, et de laisser passer, sans nous arrêter un instant, ce troisième et brillant concours de tous les peuples. Non pas que notre intention soit de raconter les merveilles que renferme le palais de Kensington, nous n'avons pas mission pour parler de ces magnifiques porcelaines, de ces tissus splendides, de ces admirables pièces d'orfévrerie qui brillent de tous côtés au milieu des galeries; notre but est moins haut, et nous voulons seulement dire quelques mots de la partie qui incombe à notre spécialité, c'est-à-dire de la section photographique.
D'ailleurs ce que nous avons a dire ne peut avoir rien de blessant pour des oreilles françaises; et le résultat de l'exposition actuelle ne saurait être pour nos lecteurs qu'une occasion de satisfaction. II faut le reconnaître, en effet, la partie française de l'exposition (au point de vue photographique bien entendu) l'emporte de beaucoup sur la partie anglaise. Tout d'abord, la disposition est dans celle-là beaucoup plus avantageuse que dans celle-ci. Les épreuves anglaises sont exposées dans une pièce unique carrée, où elles se perdent et se nuisent les unes les autres; les épreuves françaises, au contraire, sont réparties dans une galerie longitudinale bien éclairée, coupée perpendiculairement par une vingtaine de cloisons ou panneaux sur lesquels sont suspendus les cadres des photographes; il en résulte une sorte de division de cette section en une série d'expositions séparées, plus petites, mais dont il est par suite plus aisé de reconnaître la valeur. L'effet est moins grandiose peut-être que pour l'exposition anglaise, mais l'ensemble est, en somme, beaucoup plus satisfaisant.
Si l'on fait abstraction de cette impression générale, et si l'on entre dans les détails, on voit la même supériorité se maintenir chez les Français, à l'exception cependant du genre paysage, qui, chez les Anglais, reste traite d'une façon tout à fait supérieure. Dans la section anglaise, en effet, on ne retrouve rien de saillant, rien de neuf; c'est une collection de bonnes épreuves, mais toutes obtenues par les procédés ordinaires, et toutes présentant ce caractère de finesse, de délicatesse exquise auquel nous sommes habitués. Il faut cependant signaler la vulgarisation, en Angleterre, des procédés à sec: dans les expositions précédentes, et nous avons déjà eu occasion de le dire à cette place, toutes les épreuves anglaises étaient obtenues sur collodion humide; les paysages même se trouvaient dans ce cas, et paraissaient dus a l'emploi de lentes et de laboratoires de voyage; à l'exposilion actuelle, les choses sont changées, le collodion humide est encore le procédé le plus généralement répandu, mais les procédés à sec, le collodion albuminé de Taupenot, le collodion gélatiné du docteur Hill Norris, et surtout le procédé au tannin, du major Russell, comptent des représentants nombreux et très-satisfaisants. Parmi toutes ces belles épreuves il en est quelques-unes qui fixent d'une manière toute particulière l'attention du public et surtout celles des photographes, ce sont les épreuves obtenues par M. Breese, exposées déjà par lui à Birmingham et qu'il déclare dues à l'éclairage lunaire seul. Nons avons parlé ici même de ces épreuves et indiqué ce qu'elles présentent de curieux, en déclarant qu'à notre avis M. Breese était entièrement de bonne foi, et que ces épreuves étaient réellement dues aux rayons de la lune. Les avis sont extrêmêment partagés; des paris nombreux ont été ouverts au sujet du procédé par lequel M. Breese a pu les obtenir, et l'on attend avec impatience les décisions du jury international à cet égard: nous aurons soin de les faire connaître.
Dans la section française, au contraire, on rencontre nouveauté sur nouveauté; ce sont d'abord les agrandissements, qui possèdent ici une importance inattendue; les Anglais en ont bien aussi exposé un certain nombre, mais ces épreuves sont réellement inférieures aux épreuves similaires françaises; elles sont moins nettes, les contours sont plus débordés, et l'on ne doit pas s'étonner de ce fait, lorsqu'on sait qu'en Angleterre tous les photographes qui grandissent les petits clichés tirent directement d'après ceux ci leurs positifs agrandis, au lieu de faire d'abord un cliché agrandi, ce qui, au lieu d'une pose de trois quarts d'heure au moins, pendant lesquels le soleil se déplace, n'exige qu'une exposition de quelques minutes. Les épreuves au charbon, les vitrifications, les émaux photographiques sont représentés par les spécimens les plus brillants; les portraits sont fort beaux, les monuments bien réussis, et l'on s'arrête avec admiration devant les grands panoramas de montagnes de MM. Bisson. Chez les Français, contrairement aux habitudes anglaises, presque tous les paysages sont dus aux procédés à sec; le collodion albuminé de Taupenot, est parmi ceux-ci, le plus employé ; cependant le procédé au tannin paraît devoir être employé concurremment avec le premier, si l'on en juge par quelques belles épreuves de M. Antony Thouret. Le maître de tous les paysagistes photographes se rencontre dans l'exposition française, mais ce maître est un Anglais: nous avons nommé M. Maxwell Lyte. II est impossible de voir quelque chose de plus doux, de plus harmonieux, de plus finement délicat que ses vues des Pyrénées; les meilleurs paysagistes français sont loin d'obtenir de semblables résultats.
On s'étonnera peut- être que nous n'ayons pas encore parlé des épreuves envoyées par les autres nations; la chose est excusable, car, dans le palais de Kensington, les photographes demeurent bien loin les uns des autres, et leurs œuvres se trouvent disséminées en plus de vingt-cinq localités différentes; ce serait cependant être injuste que de ne pas signaler, dès à présent, les beaux portraits envoyés par les Allemands et notamment ceux de M. Angerer, de Vienne.
Telles sont les premières impressions que laisse la vue de l'exposition photographique; nous ne les donnons pas comme définitives, et nous nous proposons de revenir en temps et lieu sur toutes les particularités intéressantes que pourra nous y faire reconnaître un examen approfondi. Du reste, plus d'un parmi nos lecteurs aura peut-être la curiosité d'aller juger par lui même, et nous le conseillons franchement. Le bâtiment (c'est à tort que nous avons dit le palais), le bâtiment qui renferme l'exposition est bien laid, mais ce qu'il contient est vraiment splendide, et il est si facile de se rendre aujourd'hui à Londres, grâce aux trains de plaisir que viennent d'organiser diverses compagnies, que peu de personnes voudront se refuser cette satisfaction.
La photographie figure à l'exposition non-seulement comme un art producteur, mais encore comme agent précieux et d'un usage journalier; un grand nombre d'industriels ont besoin d'obtenir l'image de leurs appareils, de leurs produits, etc ; les Revues leur demandent ces reproductions pour les faire graver, ou bien elles servent à des prospectus, etc. Il n'est pas permis à tout le monde d'exécuter ces reproductions photographiques dans l'enceinte de l'exposition; le droit en a été mis en adjudication et acquis par la Compagnie stéréoscopique de Londres, moyennant 1,500 guinées (environ 40,000 francs). Le cahier des charges portait des clauses extrêmêment dures, la compagnie a obtenu la résiliation d'un assez grand nombre d'entre elles, mais il lui reste encore, en dehors de son prix d'achat, à satisfaire à certaines conditions d'intérêts qui élèvent ce prix a près du double. Cependant, même dans ces conditions exorbitantes, l'affaire paraît encore bonne, car nous avons entendu assurer que MM. Day et Son, de Londres, s'ils avaient prévu que la Compagnie de l'Exposition adoucirait quelques unes de ses conditions, auraient élevé les enchères jusqu'à 5,000 guinées (125,000 fr. environ).
- Quittons maintenant l'exposition et disons quelques mots des prix photographiques décernés ou à décerner. Le prix de 2,000 francs fondé par M. le duc de Luynes pour un procédé permettant d'obtenir des épreuves au charbon a été donné par la Société photographique de Paris à M. Poitevin; mais, considérant la valeur du perfectionnement apporté à ce procédé par M. Fargier, la Société a cru devoir lui accorder un encouragement de 600 francs. Cette décision a provoqué, paraît-il, à la séance même de cette honorable Société, une scène sans précédent et regrettable à tous les titres M. Charavet qui n'est pas inventeur, mais qui a acquir (moyennant une grosse somme, dit-on) le procédé Fargier, s'est cru lésé dans ses droits pas ce fait que le prix ne lui était pas personnellement accordé. Comme il est membre de la Société, il a pu se lever, obtenir la parole et entreprendre un vigoureux plaidoyer en sa propre faveur. C'est en vain que M. Paul Perier d'abord, M. Regnault ensuite ont cherché à faire comprendre à M. Charavet combien sa manière d'agir était insolite et déplacée. M. Charavet n'a pas compris la portée des paroles qui lui étaient adressées; il a redoublé ses attaques contre la Société, l'accusant en propres termes d'injustice, et a dignement couronné son entreprise par une sortie furieuse. On assure même que, dès le lendemain, M. Charavet attaquait M. Poitevin en nullité de brevet, prévenant ainsi par cette démarche le procès que peut-être celui-ci lui aurait intenté quelque jour. Voilà donc encore un nouveau procés photographique sur l'eau; ce n'est pas le premier à coup sûr, mais nous gagerions bien que ce n'est pas le dernier.
On ne saurait s'empêcher de regretter de semblables dissentiments à propos de la distribution de prix fondés par des amateurs généreux. Aussi croyons-nous qu'il faut être très sobre et très-réservé en ces sortes de questions; en Angleterre, lorsqu'un prix de ce genre est fondé, on laisse en général au donateur le soin de le décerner lui-même. Il serait bien extraordinaire que, dans ces circonstances, il se trouvât un concurrent d'assez mauvais goût pour aller accuser le donateur lui-même. A l'exposition actuelle, les commissaires royaux semblent avoir eu peur d'être taxés d'injustice en répartissant entre les exposants des médailles de diverses valeurs; aussi (et en général les désapprouve-t-on), ont-ils décidé qu'il ne serait distribué que des médailles de bronze. On prétend même que la moitié des exposants se trouvera ainsi récompensée. Ce serait, avouons-le, enlever à la récompense toute sa valeur.
L'association des photographes allemands, à Iena, vient de fonder un prix de 65 thalers (250 fr. environ), pour l'auteur du meilleur procédé de tirage des positifs sans sels d'argent; le concours sera clos le 1er octobre 1862. C'est ici le cas d'appeler, plus que jamais, l'attention sur l'emploi des sels de fer.
La Société photographique de Marseille a fondé un prix de 500 francs pour l'auteur d'un procédé permettant d'obtenir sur plaque entière des clichés instantanés, comparables aux vues des rues de Paris, exécutées par MM. Ferrier père et fils. Cette question a déjà préoccupé un très-grand nombre de photographes; quelques-uns ont assez bien réussi, et en somme le procédé à trouver n'est pas si difficile qu'il le paraît au premier abord; l'expérience démontre, en effet, que, dans bien des cas, les composés les plus ordinaires peuvent fournir des instantanéités; tout dépend de l'état dans lequel se trouvent ces composés; ainsi, contrairement à l'opinion de M. Sutton, et nous basant sur les expériences récentes de M. England, nous croyons qu'il est possible de réussir en employant un collodion très-brômé, le sensibilisant au moyen d'un bain de nitrate parfaitement neutre et récemment préparé, dévelopant avec un révélateur au sulfate de fer concentré et d'une préparation très-récente et surtout en faisant usage d'un excellent objectif, à court foyer, et d'une lumière très-brillante. En dehors de ces conditions d'objectif et d'éclairage, aucun procédé ne peut fournir de bons résultats; nous engageons fortement les photographes qui veulent bien nous lire à chercher dans cetta voie.
- On s'occupa beaucoup en Amérique, sinon d'obtenir une instantanéité absolue, du moins de diminuer considérablement le temps de pose qu'exigent les procédés à sec; c'est surtout à propos du procédé au tannin qu'ont lieu ces expériences. M. Draper, qui a déjà rendu de grands sevices à la photographie, conseille de développer les glaces préparées au moyen de la solution de tannin en opérant à chaud. C'est l'application au tannin de la méthode de développement conseillée il y a quelques mois par plusieurs opérateurs et notamment par M. Roman, de Wesserling; nous ne l'avons pas encore expérimentée et nous ne saurions nous prononcer à ce sujet. Elle mérite cependant d'être décrite des à présent, car elle diffère en un point important des autres méthodes de développenment à chaud qui l'ont précédée. Dans celle-ci, en effet, l'opérateur fait chauffer a l'avance le révélateur et le verse ensuite sur les glaces; dans la méthode de M. Draper, au contraire, le révélateur reste froid et c'est la glace que l'on chauffe. Le développement est conduit de la manière suivante: La glace est préparée d'après les indications du major Russell; mais au lieu d'y maintenir la couche de collodion au moyen d'une couche préalable de gélatine, ce qui nécessite des manipulations trop longues, on se contente de passer sur les bords du collodion nitraté, lavé et tanné, un pinceau mouillé avec une solution d'albumine concentrée. Celle-ci en séchant forme une bande de vernis qui maintient le collodion très solidement et l'empêche de se détacher pendant le développement. Après l'exposition, on prend la glace et l'on place dans une cuvette en porcelaine de l'eau bouillante; on expose la glace quelques instants à la vapeur, de manière à en élever la température, puis on la plonge dans l'eau elle-même qui bouillante d'ahord, s'est refroidie environ à 90º ou 95º centigrades. Lorque la glace est bien échauffée à cette température, on l'enlève, on la place sur une ventouse ou mieux sur un pied à caler, puis on verse à sa surface le révélateur qui, lui, n'a pas besoin d'avoir été chauffé. Le développement marche très bien; si l'épreuve ne sort pas, et si la glace se refroidit, on la plonge de nouveau dans l'eau bouillante, puis on continue le développement. Cette modification du procédé ordinaire de développement fournit, assure-t-on, des résultats tels qu'avec un bon objectif on peut, en une seconde, obtenir sur glace sèche une épreuve parfaitement réussie.
M. England assure être arrivé aussi à des résultats très-rapides en mélangeant à la solution préservatrice de la couche sensibilisée une quantité de miel précisément égale à celle du tannin que l'on introduit dans la solution. On peut ainsi, d'après cet auteur, préparer des glaces qui se conservent six mois, et qui n'exigent pas plus de pose que des glaces préparées au collodion humide.
Du reste, ainsi que nous l'avons dit plus haut, le procédé au tannin fait chaque jour des progrès et se popularise de plus en plus. Nous en trouvons une preuve nouvelle dans une intéressante brochure que vient de nous adresser M. Mallet-Bachelier, éditeur, et dans laquelle M. Aimé Gérard a reproduit par une traduction exacte, et avec des notes inédites, le pamphlet publié, il y a quelques mois, par M. C. Russell, sous le titre si connu en Angleterre: The tannin process.
- II existe à Lille (France), dans le musée Wicar, deux dessins de Chimenti, peintre italien qui vivait en 1640, et qui, depuis tantôt trois ans, font grand bruit dans le monde photographique. Ce sont deux dessins qui, au premier abord, paraissent absolument semblables, et reproduisent tous deux un jeune enfant le compas à la main, un genou en terre, et prêt à exécuter quelque figure de géométrie. Par leurs dispositions, ces dessins semblent avoir été faits précisément pour entrer dans un stéréoscope. Cette dernière opinion a été émise par divers savants et notamment par M. Brewster, qui la défend avec énergie. Mais l'expérience semble s'être prononcée contre celle-ci. En effet, M. Wheastone, qui revendique, avec raison croyons-nous, l'honneur d'avoir decouvert le stéréoscope, s'est procuré des reproductions exactes de ces dessins, et, après les avoir introduites dans le stéréoscope, il a reconnu qu'elles ne possedaient aucune espèce de relief. M. Brewster ne s'est pas tenu pour battu; il soutient que ces deux dessins ont bien été exécutés par Chimenti pour être vus au stéréoscope, mais que l'artiste chargé de les rapetisser ayant exagéré les défauts qu'ils possédaient primitivement, il en est résulté une impossibilité de superposition des deux images; il est convaincu que Galen connaissait il y a quinze cents ans le principe de la vision binoculaire, et que Chimenti a très-probablement fait ses dessins en s'inspirant du traité publié sur ce sujet par Porta, en 1593. Si M. Brewster avait raison, ne serait-ce pas le cas de répéter plus que jamais: Nil sub sole novum?
- Puisque nous avons prononcé le nom du stéréoscope, ne négligeons pas d'annoncer les prodigieuses épreuves stéréoscopiques que vient d'obtenir M. Warren de la Rue. Déjà cet astronome photographe avait reproduit stéréoscopiquement, et en prenant épreuve à des moments un peu différents: la Lune, Mars, Saturne, etc. Cette fois il s'est adressé au Soleil; et le reproduisant sous deux angles différents, c'est-à-dire à deux instants différents de la rotation de la Terre, il a obtenu deux petits clichés stéréoscopiques qu'il a grandis ensuite au diamétre de 90 centimètres, sans que la capacité de produire le relief ait abandonné les épreuves. De telle sorte que, grâce à ces derniers travaux, on peut examiner dans un stéréoscope colossal un soleil en relief présentant près de 1 mètre de diamètre !
- M. Vernon Heath vient d'appeler l'attention des photographes sur le procédé bien simple qu'il emploie pour grandir les épreuves sans faire usage d'ancune chambre spéciale, de reflecteurs de grands prix, etc. Voici ce procédé; il est à la disposition de chacun: on prend deux chambres noires ordinaires, on tourne vers le ciel, ou simplement vers une fenêtre le côté du châssis de l'une, et l'on y place le cliché à reproduire; l'autre chambre est disposée en sens précisément inverse; elle porte un objectif et celui-ci pénètre dans la première chambre par le trou de la planchette où devrait se trouver son objectif. De telle sorte qu'en réalité l'appareil optique de la deuxiènie chambre regarde le cliché à reproduire comme il regarderait
une vue ordinaire, et que pourvu que celle-ci ait un tirage suffisant, l'image agrandie de ce cliché viendra se peindre sur la glace dépolie qui la termine. On peut très-bien ainsi, et nous en avons fait l'essai, comme bien d'autres photographes avant M. Vernon Heath, grandir dans la proportion de 1 à 4 une épreuve quelconque sur verre.
- M. Sutton, le chercheur infatigable qui semble vouloir succéder au regrettable M. Hardwich lequel a abandonné la photographie pour le ministère religieux, vient de faire paraître un nouveau travail qui a pour but la préparation d'un collodion sans éther et auquel il donne le nom d'alcolène. Pour préparer ce collodion, il suffit d'employer une pyroxiline spéciale; on obtient celle-ci en trempant du coton de l'espèce la plus fine dans un mélange de trois parties un quart d'acide azotique d'une densité égale à 1.400, et de quatre parties d'acide sulfurique d'une densité égale à 1.830. Le mélange doit être porté préalablement à la température de 80º, et on y maintient le coton pendant cinq minutes; cette pyroxiline se dissout aisément dans l'alcool absolu, sans éther. Le collodion qu'il fournit est épais, coule bien cependant sur les glaces, mais est assez long à sécher. Il serait intéressant de soumettre ce collodion à des expériences suivies; il est bien possible, en effet, que l'absence d'éther lui communique une stabilité supérieure à celle des collodions ordinaires.
- Terminons cette revue, que plus d'un lecteur trouvera trop longue sans doute, en disant quelques mots d'un excellent petit livre sous couverture saumon que vient de nous adresser M. Charles Bride. Ce livre a pour titre : l'Amateur Photographe; guide pratique de photographie, suivi d'un Vocabulaire de Chimie Photographique. Nous avons lu avec soin cet ouvrage, dont l'étendue ne dépasse pas 233 pages, et nous l'avons trouvé très-complet; il renferme un grand nombre de gravures, permettant à chacun de se bien rendre compte des opérations de la pratique, et nous semble en somme parfaitement répondre au but que l'auteur dit lui-même s'être proposé: décrire la photographie avec assez de soin, assez de détails minutieux pour que la personne la plus étrangère aux sciences puisse d'elle-même et sans maître disposer son atelier photographique et obtenir au bout de quelques temps d'essais des épreuves satisfaisantes.
Th. Bemfield.