segunda-feira, 30 de agosto de 2010

1839, 4 de Fevereiro - COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1839

4 de Fevereiro

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

T. VIII

Nº. 5

Janvier-Juin 1839

Pags.170,171,172,173,

174.

PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Procédé de M. DAGUERRE

 

M. Arago annonce que M. Talbot, physicien anglais de beaucoup de mérite, lui a écrit au sujet du procédé de M. Daguerre.

M. Arago s'est trouvé d'abord quelque peu embarassé sur la question de savoir si M. Talbot désirait que sa lettre fût communiquée à l'Académie; mais il n'a plus conservé de doute dés qu'il a vu qu'une seconde expédition de la même lettre avait été adressée à M. Biot. Voici textuellement ce que M. Talbot mande aux deux académiciens:

 

                                                                                                                                          « Londres, le 29 janvier 1839.

    «  Messieurs ,

 

«  Dans peu de jours j'aurai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, une réclamation "formelle de priorité, de l'invention annoncée par M. Daguerre dans ses deux points principaux:

« (I.) La fixation des images de la camera obscura;

« (2.) La conservation subséquente de ces images, de sorte qu'elles peuvent soutenir le plein "soleil.

« Très occupé, en ce moment, d'un Mémoire sur ce sujet, dont la lecture sera faite à la "Société royale après-demain, je me borne à vous prier d'agréer l'expression de toute ma "considération.

 

 «   H. F. Talbot ,

"Membre de la Société royale de Londres."

 

M. Talbot, dit M. Arago, est un esprit trop éminent, un trop bon logicien, pour vouloir, dans une question de priorité, tirer parti du Mémoire dont il était très occupé à la date du 29 janvier 1839, contre une communication académique de M. Daguerre qui remonte à plus d'un mois. M. Talbot doit incontestablement posséder d'autres titres. Voici quelques détails qu'il sera appelé à discuter:

La première idée de fixer les images de la chambre obscure ou du microscope solaire sur certaines substances chimiques, n'appartient ni  à M. Daguerre ni à M. Talbot. Nous aurons à rechercer plus tard, si M. Charles, de l'Académie des Sciences, qui faisait des silhouettes dans ses cours publics, a précédé ou suivi M. Wedgewood.

Les premiers essais de M. Niépce, de Châlons-sur-Saône, pour perfectionner le procédé de M. Charles ou de M. Wedgewood, sont de 1814.

Nous avons des preuves authentiques, des preuves légales, qu'en 1826, M. Niépce savait engendrer des images qui, après une certaine opération que nous ferons connaître en temps et lieu, résistaient à l'action ultérieure des rayons solaires.

Nous produirons des desseins, exécutés sur divers substances, par la méthode de M. Niépce, avec des perfectionnements de M. Daguerre, qui remontent à 1830.

Nous publierons l'acte d'association du 14 Décembre 1829, ENREGISTRÉ suivant les prescriptions de la loi, à la date du 13 mars 1830, et par lequel MM. Niépce et Daguerre s'étaient associés pour exploiter le procédé à l'invention duquel ils avaient concouru l'un et l'autre.

Nous prouverons enfin, par la correspondance de M. Niépce, mort le 5 juillet 1833, que M. Daguerre était déjà, du vivant de son ami, en pleine possession du procédé, entièrement neuf, dont il se sert aujourd'hui, et que plusieurs des dessins que le public a tant admirés, existaient à cette époque.

Depuis cinq à six ans la méthode de M. Daguerre n'a guère reçu que des légères améliorations dont un artiste éminent pouvait seul sentir la nécessité.

M. Talbot a dû être bien mal informé de l'état des choses, puisqu'il ne parle pas dans sa lettre que d'une invention annoncée. M. Daguerre a fait infiniment plus qu'annoncer sa découverte; il en a montré les produits à tout le monde: Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes, se trouvaient journellement réunis dans son cabinet, et confondaient franchement, sans réserve, les témoignages de leur admiration.

Complétement initié à tous les détails de la nouvelle méthode, M. Arago s'est assuré, en faisant une vue du boulrvard du Temple, qu'il n'est nullement nécessaire d'être peintre ou dessinateur pour réussir aussi bien que M. Daguerre lui-même. Examinée à la loupe, cette vue offrait des objets, tels que des tiges de paratonnerres très éloignés, reproduits avec une incroyable netteté, et dont l'oeil ne soupçonnait pas l'existence.

Le trait par lequel la méthode Daguerre se distingue principalement de la méthode Niépce, c'est la promptitude. Les objets sont dessinés avant que les ombres aient eu le temps de se déplacer. Les demi-teintes, toutes les circonstances de la perspective aérienne se trouvent reproduites avec un degré de vérité et de finesse dont l'art du  dessin  ne semblait pas susceptible. M. Arago ne doute pas qu'on ne parvienne à former une image exactement nuancée de la pleine lune, si l'on adapte la plaque imprégnée de la nouvelle substance à la lunette, conduite par une horloge, d'une machine parallactique.

 

« A la suite de la communication précédente de M. Arago, M. Biot dit qu'il a reçu de M. Talbot une lettre absolument pareille; qu'il a pensé que ce savant n'avait probablement pas une connaissance compléte des circonstances à la suite desquelles la découverte de M. Daguerre a reçu sa publicité actuelle; et qu'il a cru essentiel de les lui expliquer dans les termes suivants:

 

     « Monsieur,

 

» Je reçois, à l'instant, la lettre que vous me faites l'honneur de m'écrire, pour me faire connaître l'intention où vous êtes d'adresser prochainement à l'Académie des Sciences, une réclamation formelle de priorité, relative à l'invention annoncée par M. Daguerre.

» Vous me rendrez, sans doute, la justice de croire que je ne voudrais pas hasarder d'avance, une opinion préconçue sur un sujet aussi délicat. Mais je dois, dans l'intérêt de la vérité, vous prévenir, au cas où vous l'ignoriez, que les amis de M. Daguerre savent qu'il s'est occupé constamment de cette recherche depuis plus de quatorze ans; et je puis attester qu'il m'en a parlé il y a plusieures années. Il a même conservé, et nous a montré, une foule de résultats plus ou moins heureux, qu'il avait obtenus par divers procédés, avant d'arriver à celui qu'il emploi maintenant, et dont les effets font l'admiration de tous nos artistes par leur perfection et leur délicatesse. Il a aussi eu la bonté de me confier une multitude de faits physiques extrêmêment intéressants pour la science, que ce procédé lui a fait découvrir; et il a bien voulu, à ma prière, réaliser, par le même  moyen, plusieures expériences de recherche qui me semblent avoir une grande importance théorique. Enfin, il a communiqué son secret tout entier à M. Arago, que vous savez, aussi bien que moi, avoir un esprit trop étendu et trop généreux, pour se laisser prévenir par des préjurés de nationalité. Je m'empresse, Monsieur, de vous adresser cette déclaration, pour que vous puissiez apprécier, par vous-même, les faits qu'elle referme. Je la devais autant à l'estime que m'ont inspirée vos précédents travaux sur l'optique, qu'à la confiance que vous voulez bien me témoigner.

 

« J'ai l'honneur d'être, etc.

 

                                                                                       « Paris, le 31 janvier 1839

 

 

« Au reste, ajout M. Biot, voici une autre preuve de publicité irrécusable, et qui date déjà de trois années. Le Journal des Artistes, tome II, page 203, parlant déjà des inventions et des recherches de M. Daguerre, contient le passage suivant, qui a été imprimé au mois de septembre de 1835.

«Ces découvertes l’ont mené à une découverte analogue, plus étonnante encore s'il est «possible: il a trouvé, dit-on, le moyen de recueillir, sur un plateau préparé par lui, l'image «produite par la chambre noire; de manière qu'un portrait, un paysage, une vue quelconque, «projetés sur ce plateau, par la chambre noire ordinaire, y laisse son empreinte en clair et en «ombre, et présente ainsi le plus parfait de tous les dessins. Une préparation mise par-dessus «cette image, la conserve pendant un temps indéfini.»

» Ce que l'article ci-dessus annonçait en 1835 de la découverte de M. Daguerre, est précis précisément ce qu'il vient de faire voir à tout Paris, à la fin de 1838.»

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