quarta-feira, 3 de junho de 2009

1856, 3 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T..XLIII
Nº. 18
Pag. 850, 851, 852
*
Mémoires lus

M. Porro lit un Mémoire portant pour titre: « Éclipse de lune du 13 octobre 1856, photographiée par M. Bertsch avec la grande lunette de l’Institut technomatique, et observée par M. Bulard à l’équatorial de 25 centimètres ».
« A cause de l’indétermination des limites des ombres, une éclipse de lune, dit M. Porro, est loin de présenter en astronomie de précision une importance aussi grande qu’une éclipse de soleil; mais au point de vne physique, l’eclipse dont il s’agit méritait d’être observée avec les grands instruments que possède la Société technomatique. II était important de constater jusqu’à quel point les parties de la lune non éclipsées, celles envahies par la pénombre, et même par l’ombre réelle, pourraient affecter les substances si sensibles dont M. Bertsch a doté la photographie. (J’ai l’honneur de déposer sur le bureau la Note dans laquelle cet habile photographe rend compte des expériences qu’il a faites à cette occasion, de concert avec M. Arnaud.) Le mécanisme destiné à faire suivre à la lunette le mouvement de l’astre n’était que provisoire: on n’avait pas eu le temps d’installer une machine fonctionnant avec la régularité nécessaire. Je doutais d’ailleurs qu’avec un foyer de 15 métres sur une surface de 15 centimètres on pût en quelques secondes obtenir une impression suffisante, puisque le P. Secchi, à Rome, avec un foyer du tiers et une ouverture du dix-septième de la distance focale, n’avait pu obtenir une image qu’en dix minutes, c’est-à-dire en 40 ou 50 fois plus de temps que nous ne pouvions en mettre avec une ouverture qui n’est pour nous que le trente-troisième du foyer. Le mouvement de notre appareil tout provisoire n’avait pas, je le répète, toute la régularité nécessaire, le mouvement n’est pas parallèle ni de même vi-tesse, d’où il résulte que les épreuves manquent de netteté. On compte dans l’une jusqu’à six images de la lune superposées en échelons à trés-petite distance l’une de l’autre, ce qui, du reste, prouve que nous pouvons opérer en beaucoup moins de temps. Le premier des clichés que je mets sous les yeux de l’Académie a été obtenu en dix secondes et le dernier en vingt-cinq. Le second, entraîné en dehors du plan du mouvement, n’adonné qu’une image tout à fait confuse. Néanmoins, au point de vue de la photographie, ces épreuves ont toutes trois complétement réussi, et prouvent qu’on peut, avec une installation régulière, espérer de bons négatifs de la lune en quelques secondes avec les procédés rapides. «
Les épreuves en question sont mises sous les yeux de l’Académie de même que de très-beaux dessins coloriés, exécutés par M. Bulard, et qui représentent la lune à différents moments de l’éclipse, dessins qui représentent certaines circonstances de coloration qu’une description ne rendrait pas d’une manière suffisante.
« Ce n’est pas ici le lieu, dit M. Porro, de discuter ces apparences et notamment cette coloration rosée, verdâtre, bleuâtre que montrent les beaux dessins de M. Bulard, et qui y est rendue avec une fidélité qu’apprécieront tous ceux qui ont suivi attentivement la marche de l’éclipse. Ces dessins accompagnent la Note sur les observations faites à l’équatorial, Note que j’ai également l’honneur de déposer sur le bureau.
« Qu’il me soit permis, dit en terminant M. Porro, d’appeler l’attention de 1’Académie sur un grand objectif que j’ai l’honneur de mettre sous ses yeux, objectif au moyen duquel ont été obtenues les images photographiqnes que je viens de présenter.
« Le flint de cet objectif provient d’une ancienne fonte de Guinand le père, et le crown a été fondu tout exprès par MM. Maës, de Clichy. Les indices de réfraction et de dispersion ont été déterminés au polyoptomètre, instrument bien conun de l’Académie, et on sait que cet instrument donne le véritable tempérament de l’achromatisme le plus parfait, et permet de rallier avec certitude, au même foyer que les plus lumineux, les rayons les plus photogéniques. Les courbures ont été calculées d’après la méthode de Littrow, et ont été taillées sans bassins métalliques à l’aide d’une machine qui n’est pas seulement impulsive, comme les machines d’Hersche1 et de lord Ross, c’est au contraire une machine qui engendre durant le travail la courbure, demandée avec toute la précision que l’on peut désirer.
» Taillé de premier jet, cet objectif a résisté aux plus délicates épreuves quant à son achromatisme, et la longueur focale n’a pas différé de celle calculée; mais la quatrième surface, qui avait été légèrement altérée par un accident survenu durant le polissage, a été retravaillée plus tard. Toutefois nous ne présentons aujourd’hui cet objectif à l’Académie que comme une ébauche dont le polissage doit recevoir une dernière main, mais comme une heureuse ébauche (1) ([i]) qui a permis, presque de premier jet, de pénétrer dans les profondeurs célestes, au moins aussi loin que la célèbre lunette de Poulkova, ainsi que le prouvent les observations qui seront publiées plus tard. On ne peut pas encore dire quels grossissements ce grand réfracteur permettra d’employer utilement dans le climat de Paris, ou dans celui du
pays quel qu’il soit qui en fera l’acquisition, mais il est déjà certain qu’il dépassera sous ce rapport tous les réfracteurs connus. »
Le Mémoire de M. Porro, les deux Notes qui l’accompagnent, ainsi que les dessins et photographies dont il vient d’être question, sont renvoyés à l’examen d’une Commission composée de MM. Babinet, Faye et de Senarmont.

([i]) (1) Ceux qui savent par combien d’incertitudes, de tâtonnements et de déceptions il fallait passer avant nous pour arriver à faire un simple objectif de 1 à 2 décimètres, admettront avec nous que l’invention du polyoptomètre et celle de notre machine à tailler les verres
permettent à la France de distancer aujourd’hui considérablement les nations les plus avancées dans cet art.

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