terça-feira, 1 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1847

25 de Outubro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XXV

Nº. 17

Pag. 579, 580, 581, 582, 583, 584, 585, 586, 587, 588, 589

MÉMOIRES PRÉSENTÉS.

CHIMIE. - Mémoire de M. Niepce de Saint-Victor, lieutenant de cavalerie dans la garde municipale, sur des propriétés particuliéres de l’iode, du phosphore, de l’acide azotique, etc. (Déposé en deux parties à l’Institut, le 22 juin 1846 et le 11 janvier 1847.) [Extrait.]

Première partie . - De l’iode et de ses effets.

« Je crois être le premier qui aie découvert dans l’iode une propriété que l’on était loin d’y soupçonner, la propriété de se porter sur les noirs d’une gravure, d’une écriture , etc., à l’exclusion des blancs. Ainsi, une gravure est soumise à la vapeur d’iode pendant cinq minutes environ’ à une température de 15 à 20 degrés; on emploie 15 grammes d’iode par décimètre carré (il faudrait plus de temps si la température était moins élevée) ; on applique ensuite cette gravure sur du papier collé à l’amidon, en ayant soin préalablement de le mouiller avec une eau acidulée à 1 degré d’acide sulfurique. C’est la seule substance qui, jusqu’à présent, donne un peu de solidité aux dessins: malgré cela, ils finissent par disparaître à l’air et à la lumière; mais en les collant sous une feuille de verre, on peut les conserver très-longtemps. Les épreuves, après avoir été pressées avec un tampon de linge, présentent un dessin d’une admirable pureté; mais, en séchant, il devient vaporeux. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que l’on peut tirer plusieurs exemplaires de la même gravure sans lui faire subir de nouvelles préparations, et les dernières épreuves sont toujours les plus nettes; car en laissant très-longtemps la gravure exposée à la vapeur d’iode, les blancs finissent par s’en imprégner, si le papier est collé à l’amidon; mais les noirs dominent toujours, quelle que soit la durée de l’exposition.

« Il est bien entendu que la gravure n’est nullementaltérée, et que l’on peut la reproduire à l’infini.

» J’ai trouvé le moyen de reproduire par le même procédé toute espèce de dessin, soit que celui-ci ait été fait à l’encre grasse ou aqueuse (pourvu que celle-ci ne contienne pas de gomme), soit qu’il l’ait été à l’encre de Chine ou à la mine de plomb; en un mot, tout ce qui a trait peut être reproduit, seulement il faut faire subir à ces dessins les préparations suivantes: On les plonge pendant quelques minutes dans une eau légèrement amoniacale, puis on les passe dans une eau acidulée avec les acides solfurique, azotique et chlorhydrique, et on les laisse sécher: c’est alors qu’on les expose à la vapeur d’iode , et qu’on répète le procédé décrit plus haut. Par ce moyen, on parvient à décalquer des dessins qui jusqu’ici n’auraient pu l’être autrement, lors même qu’ils seraient dans la pâte du papier. On peut aussi ne reproduire qu’une des deux images qui se trouvent sur le recto et le verso d’une même feuille de papier.

« J’ai indiqué la nécessité que le papier qui doit recevoir le dessin d’une gravure eût été collé avec de l’amidon, parce qu’en effet, la matière colorée du dessin est l’iodure d’amidon; d’après cela, j’ai eu l’idée d’enduire d’empois la surface de plaques de porcelaine, de verre opale, d’albâtre et d’ivoire, et d’opérer ensuite comme j’opérais sur le papier : le résultat, comme je l’avais prévu, a été d’une supériorité incontestable, relativement aux dessins produits sur simple papier collé à l’amidon.

« Lorsque le dessin résultant de cette opération est parfaitement sec, on y passe un vernis à tableau; et si on peut le mettre sous verre, il acquiert une telle fixité, que j’en ai conservé depuis plus de huit mois sans aucun changement notable.

« Lorsque je veux reproduire une gravure, je me sers de préférence de verre opale, derrière lequel je colle une feuille de papier pour le rendre moins transparent: on obtient sur cette plaque une épreuve renversée; mais en opérant sur une feuille de verre ordinaire que l’on retourne ensuite, l’épreuve se trouve alors redressée, et il suffit de placer une feuille de papier derrière, pour faire ressortir le dessin. On peut aussi le conserver comme vitrail; mais, dans ce cas, il faut placer le dessin entre deux feuilies de verre, afin de le préserver de tout contact et en assurer la solidité.

» Cette derniére application sera très-avantageuse pour la fantasmagorie.

« On peut obtenir des dessins de plusieurs couleurs, telles que du bleu, du violet et du rouge, suivant que l’amidon est plus ou moins cuit; dans le premier cas, il porte au rouge.

« On obtient du bistre plus ou moins foncé en soumettant une épreuve à la vapeur d’ammoniaque; mais elle reprendrait sa.couleur primitive, si on la vernissait après cette opération. Conséquemment , on ne peut donc vernir une épreuve ainsi modifiée par l’ammoniaque.

« Je parlerai maiatenaat des épreuves que l’on peut obtenir sur différents métaux. Ainsi, en exposant une gravure à la vapeur d’iode (pendant quelques minutes seulement, afin d’éviter que les blancs s’en imprègnent); l’appliquant ensuite (sans la mouiller) sur une plaque d’argent, la mettant sous presse, on a, au bout de cinq à six minutes, une reproduction des plus fidèles de la gravure; en exposant ensuite cette plaque à la vapeur du mercure, on obtient une image semblable à l’épreuve daguerrienne.

« Sur le cuivre, on opère comme il vient d’être dit pour l’argent, et l’on soumet ensuite cette plaque à la vapeur, de l’ammoniaque liquide, que l’on chauffe un peu afin que le dégagement soit plus fort; mais il faut avoir l’attentiou de n’exposer la plaque de cuivre que lorsque les premières vapeurs se sont échappées de la boîte: car, pour cette opération, il en faut une dans le genre de celle dont on se sert pour le mercure. On nettoie ensuite cette même plaque avec de l’eau pure et un peu de tripoli. Aprés cette opération, l’image apparaît en noir comme la précédente; et, de plus, la modification produite par le contact de l’ammoniaque s’étend à une telle profondeur dans la plaque, qu’elle ne peut disparaître qu’en usant sensiblement le métal même.

« Ce dernier procédé pourra faciliter le travail de la gravure au burin.

« On peut aussi reproduire sur du fer, du plomb, de l’étain et du laiton; mais je ne connais pas de moyen d’y fixer l’image.

« Des nombreuses et nouvelles expériences que j’ai faites sur l’iode, je ne citerai ici que celles dont les résultats sont certains. Ainsi, j’ai huilé une gravure à l’encre grasse, et lorsqu’elle a été sèche, je l’ai exposée à la vapeur d’iode. Les épreuves ont été analogues aux précédentes, sauf que le dessin était moins apparent. J’ai ensuite crayonné des dessins sur une feuille de papier blanc (collé à l’amidon) avec du fusain, de l’encre aqueuse (sans gomme) et du plomb: eh bien, tous se sont reproduits et se reproduisent encore plus nettement lorsqu’ils ont été tracés sur papier préparé pour la peinture à l’huile. J’ai pris ensnite un tableau à l’huile (non verni) et je l’ai reproduit également, à l’exception de certaines couleurs composées de substances qui ne prennent pas l’iode. Il en est de même des gravures coloriées. On comprendra cela quand je dirai qu’une gravure soumise à la vapeur de mercure ou du soufre ne prend plus l’iode; il en est de même si on la trempe dans du nitrate de mercure étendu d’eau, dans du nitrate d’argent, dans des sulfates de cuivre, de zinc, etc.; l’oxyde de cuivre, le minium , l’outremer, le cinabre , l’orpin, la céruse, la gélatine, l’albumine et la gomme produisent le même effet. Cependant des dessins faits avec ces matiéres peuvent se reproduire en leur faisant subir, avec quelques modifications, la préparation indiquée plus haut; aussi, puis-je dire que je n’ai pas trouvé de dessins que je n’aie pu reproduire, à l’exception de ceux qui sont faits avec l’iodure d’amidon.

« Je parlerai maintenant d’une seconde propriété que j’ai reconnue à l’iode, et qui est tout à fait indépendante de la première: c’est celle dont elle jouit de se porter sur les dessins en relief et sur tous les corps qui offrent des tranches, quelles qu’en soient la couleur et la composition.

« Ainsi, tous les timbres secs sur papier blanc se reproduisent parfaitement.

« Les tranches d’une bande de verre ou de marbre se reprodnisent également; les mêmes effets ont lieu avec d’autres fluides élastiques, gaz ou vapeurs, tels que la fumée du phosphore exposé à l’air et la vapeur de l’acide azotique. Mais l’iode n’en a pas moins la propriété dont j’ai parlé au commencement, puisque j’ai obtenu les résultats suivants, J’ai réuni un morceau de bois blanc et un morceau d’ébène; après les avoir collés, je les ai rabotés ensemble, ce qui m’a donné une tablette blanche et noire parfaitement plane; je l’ai ensuite soumise à la vapeur d’iode, puis appliquée sur une plaque de cuivre: la bande noire seule s’est reproduite. J’ai fait de pareils assemblages avec de la craie et une pierre noire, avec de la soie blanche et de la noire, et j’ai toujours obtenu les mêmes résultats.

« Tous ces phénomènes se manifestent dans l’obscurité la plus grande que l’on puisse obtenir, aussi bien que dans le vide.

« Je répéterai ici que, si on laisse trop longtemps les objets exposés à la vapeur d’iode, les blancs finissent par s’en imprégner, mais les noirs se distingueront toujours sur la plaque du métal d’une manière frappante.

« J’ai fait également des expériences avec le chlore et le brome: le premier m’a donné les mêmes résultats que l’iode; mais le dessin reproduit est si faible, qu’il faut souffler sur le métal pour l’apercevoir, ou bien soumettre la plaque de cuivre à la vapeur d’ammoniaque, et la plaque d’argent à la vapeur du mercure, pour qu’il apparaisse visiblement.

« Je n’ai rien obtenu avec le brome: toutes mes expériences ont été faites sur des plaques d’argent ou de cuivre.

« Il est une expérience que je crois devoir citer dans l’intérêt de la théorie: c’est qu’ayant appliqué une couche d’empois sur du plaqué d’argent propre au daguerréotype et sur du cuivre, le dessin d’une gravure que je comptais reproduire sur la couche d’empois s’est fixe sur le métal sans laisser de trace sensible sur la couche d’empois: il est donc clair que l’iode a passé au métal, en faveur d’une affinité supérieure à celle qu’il a pour l’amidon.

Deuxième partie . – Du phosphore.

« J’ai trouvé au produit de la combustion lente du phosphore exposé à l’air libre la même propriété qu’à l’iode, de se porter sur les noirs d’une gravure et de toute espèce de dessins, quelle que soit la nature chimique du noir.

« Ainsi, en soumettant une gravure à la vapeur du phosphore brûlant lentement dans l’air, et l’appliquant ensuite sur une plaque de cuivre, la mettant sous presse pendant quelques minutes, la soumettant à la vapeur de l’ammoniaque liquide, on a un dessin parfaitement net et très-bien fixé (voir l’épreuve déposée le 22 juin); le dessin n’apparaît nullement lorsqu’on sépare le dessin de la plaque de cuivre, et il faut absolument recourir à l’ammoniaque pour le rendre visible, de même que, si on veut l’avoir sur une plaque d’argent, il faut soumettre celle-ci à la vapeur du mercure.

« J’ai tracé des raies noires et blanches avec des couleurs à l’huile sur de la toile à tableaux; je les ai soumises à cette même vapeur, et les bandes noires seulement se sont reproduites sur la plaque de métal; c’est-à-dire que les noires s’étant imprégnées de vapeur, et qu’ayant été mises en contact avec du cuivre, la matière de la vapeur a agi sur le métal, et les bandes blanches qui n’en contenaient pas ont laissé le cuivre à nu. Cette plaque ayant été soumise à la vapeur d’ammoniaque, l’image est devenue très-visible.

« Quelle que soit la durée de l’exposition d’une gravure à la vapeur du phosphore, les noirs seuls s’en imprégnent; mais dans le cas où elle resterait longtemps, le dessin appapaît un peu sur la plaque, comme si l’on y avait tracé des caractères avec un morceau de phosphore; et en la soumettant à la vapeur d’ammoniaque, le dessin apparaît comme en relief.

« Une plaque d’argent ou de cuivre, soumise à cette même vapeur, reproduit par contact tonte espèce de dessins, et donne une épreuve positive. II est entendu que, pour faire paraître les dessins, il faut les exposer au mercure ou à l’ammoniaque.

» La vapeur du sulfure d’arsenic jaune (orpiment) chauffé dans l’air donne à la gravure qu’on y expose pendant cinq minutes environ la propriété d’imprimer sa propre image à une plaque de cuivre ou d’argent poli, sur laquelle on la presse sans aucune autre préparation. Cest une opération très-facile à faire, et qui, par cela même, pourra ,être très-utile au graveur au burin.

troisième partie . – De l’acide azotique

« Avec l’acide azotique, j’ai obtenu les résultats suivants :

» En soumettant une gravure (quelle que soit la composition du noir) à la vapeur qui se dégage de l’acide azotique pur, l’appliquant ensuite sur une plaque d’argent ou de cuivre, l’y laissant pendant quelques minutes, on obtient une épreuve négative très-visible. Les blancs sont chargés d’une vapeur blanche, et les noirs sont le cuivre pur.

« Une gravure huilée, et des caractères tracés avec du fusain sur du papier blanc, m’ont donné les mêmes résultats. J”ai ensuite soumis à la même vapeur une tablette composée de bois blanc et d’ébène, et la bande blanche seule s’est reproduite.

« Je préviens que si on laisse longtemps une gravure exposée à la vapeur de cet acide, les noirs finissent par s’imprégner comme les blancs, et que la plaque de métal sur laquelle on a appliqué la gravure se trouve alors recouverte d’une couche uniforme qui n’offre plus aucune trace de dessin.

« Une gravure ne peut servir qu’à faire une- on deux épreuves au plus: il faut, après cela, la laisser à l’air vingt-quatre heures avant de pouvoir opérer de nouveau, et souvent elle ne reproduit plus son image. On voit par là que l’effet n’est pas caracterisé, comme il l’est avec l’iode et le phosphore.

« Cette vapeur se porte également sur les reliefs et sur les tranches: ainsi un tableau à l’huile et des timbres secs se reproduisent très-bien par ce moyen.

» Les mêmes effets ont lieu avec le chlorure de chaux sec; seulement il faut le chauffer un peu avant d’exposer la gravure à la vapeur qui se dégage de cette substance, et qui donne, comme l’acide azotique, une épreuve négative.

Annexe au Mémoire précédent, présenté à l’Académie le 25 octobre 1847.

(Extrait.)

« Ayant pris des plumes d’oiseaux présentant du noir et du blanc ( comme celles des ailes de la pie ou de la queue du vanneau), les ayant soumises à la vapeur d'iode , les noirs se sont distingués des blancs d’une manière sensible; et j’ai fait avec la même plume huit à dix épreuves sur cuivre, qui toutes m’ont donné une ligne d.e démarcation très-prononcée entre le noir et le blanc.

« J’ai ensuite plongé une gravure dans de la teinture d’iode, et j’ai fini, après plusieurs épreuves successives sur papier collé à l’amidon, par avoir une épreuve positive parfaitement nette, comme si j’avais opéré avec la vapeur d’iode; il en est de même si l’on trempe la gravure dans de l’eau d’iode.

« Je dois prévenir que, dans la reproduction d’une gravure, tous les points noirs ou colorés qui se trouvent presque toujours dans la pâte du papier se reproduisent commé les traits de la gravure; il faut, dans ce cas, les faire disparaître de l’épreuve en les touchant avec de l’ammoniaque, ou par tout autre moyen.

« Avant de quitter les épreuves positives pour passer aux négatives, je dirai que j’ai obtenu avec la pyrite de fer ce que j’avais obtenu avec le sulfure d’arsenic; cependant ce dernier est préférable sous le rapport de la facilité de l’exécution du procédé, et parce qu’il ne laisse aucune trace sur la gravure. Ces dessins résistent à l’eau forte.

« J’ai également obtenu une épreuve positive avec le deutochlorure de mercure (sublimé corrosif); si l’on passe le dessin sur cuivre à la vapeur d’ammoniaque, il apparait beaucoup mieux et se trouve très-bien fixé.

« Je parlerai maintenant des épreuves négatives que j’ai obtenues avec des substances douées de la propriété de se porter sur les blancs d’une gravure de préférence aux noirs, telles que l’acide azotique. Voici ce que j’ai obtenu de nouveau avec cette substance: J’ai trempé des caractères d’impression dans de l’acide azotique pur (ayant eu l’atention de les retirer tout de suite); je les ai appliqués sur une plaque de cuivre, et les ayant enlevés après un certain temps, j’ai trouvé des caractères en relief ressemblant à une planche typographique

« Si l’on’trempe une gravure dans de l’eau acidulée d’acide azotique; qu’on la laisse sécher jusqu’à ce qu’elle n’ait plus qu’un peu d’humidité, et qu’on l’applique ensuite sur une plaque de métal, on a une épreuve négative habituellement très-lisible; mais, dans le cas où elle ne le serait pas, il suffit de souffler sur la plaque pour faire paraître le dessin. Une plume noire et blanche, traitée de la même manière, m’a donné également une épreuve où le blanc seul s’est reproduit: résultat inverse de celui qu’on obtient en imprimant sur le métal la plume qui a eté exposée à la vapeur d’iode.

« L’acide chlorhydrique produit à peu prés le même effet que l’acide azotique; mais ce dernier est, bien préférable.

« J’ai dit que le chlorure de chaux (hypochlorite de chaux) donnait une épreuve négative lorsqu’on soumet une gravure à la vapeur qui s’en dégage, résultat opposé à celui que produit le chlore, L’épreuve est encore négative si l’on plonge une gravure dans du chlorure de chaux liquide, tandis que l’épreuve est positive si, on la trempe dans du chlore pur.

« Lorsqu’une gravure est exposée au contact du chlorure de, chaux dissons dans l’eau ou à la vapeur qu’il exhale par sa chaleur, il arrive qu’en l’appliquant ensuite sur un papier de tournesol bleu, les blançs dela gravure sont reproduits en blanc; tandis que, si la gravure est exposée au contact de l’eau de chlore ou à la vapeur qu’elle exhale, les noirs sont reproduits, en rouge. Mais pour obtenir ces résultyats il faut surtout, pour le de chaux, élever la température à 40 degrés environ. Les mêmes effets ont lieu sur argent et sur cuivre.

De la photographie sur verre.

« Quoique ce travail ne soit qu’ébauché, je le publie tel qu’il est, ne doutant pas des rapides progrés qu’il fera dans des mains plus exercées que les miennes, et par des personnes qui opéreront dans de meilleures conditions qu’il ne m’a été permis de le faire.

« Je vais indiquer les moyens que j’ai employés, et qui m‘ont donné des résultats satisfaisants, sans être parfaits; comme tout dépend de la préparation de la plaque, je crois devoir donner la meilleur manière de préparer l’empois.

« Je prends 5 grammes d’amidon, que je délaye avec 5 grammes d’eau, puis j’y en ajoute encore 95 grammes, après quoi j’y mêle 35 centigrammes d’iodure de potassium, étendu dans 5 grammes d’eau. Je mets sur le feu: lorsque l’amidon est cuit, je le laisse refroidir, puis je le passe dans un linge, et c’est alors que je le coule sur les plaques de verre, ayant l’attention d’en couvrir toute la surface le plus également possibie. Après les avoir essuyées en dessous, je les pose sur un plan parfaitement horizontal, afin de les sécher assez rapidement au soleil ou à l’étuve, pour obtenir un enduit qui ne soit pas fendillé, c’est-à-dire pour que le verre ne se couvre pas de cercles où l’enduit est moins épais qu’ailleurs (effet produit, selon moi, par l’iodure de potassium). Je préviens que l’amidon doit toujours être préparé dans un vase de porcelaine, et que la quantité de 5 grammes que je viens d’indiquer est suffisante pour enduire une dizaine de plaques, dites d’un quart. On voit par là qu’il est facile de préparer une grande quantité de plaques à la fois. Il importe encore de ne pas y laisser de bulles d’air, qui feraient autant de petits trous dans les épreuves.

« La plaque étant préparée de cette manière, il suffira, lorsqu’on voudra opérer, d’y appliquer de l’acétonitrate, au moyen d’un papier trempé à plusieurs reprises dans cette composition; on prendra ensuite un second papier imprégné d’eau distillée, que l’on passera sur la plaque. Un second moyen consiste à imprégner préalablement la couche d’empois d’eau distillée, avant de mettre l’acétonitrate; dans ce dernier cas, l’image est bien plus noire, mais l’exposition à la lumière doit être un peu plus longue que par le premier moyen que j’ai indiqué.

« On expose ensuite la plaque dans la chambre obscure, et on l’y tient un peu plus de temps peut-être que s’il s’agissait d’un papier préparé par le procédé Blanquart. Cependant j’ai oblenu des épreuves très-noires en 20 ou 25 secondes, au soleil, et en 1 minute à l’ombre (1) ([i]). L’opération est conduite ensuite comme s’il s’agissait de papier, c’est-à-dire que l’on se sert de l’acide gallique pour faire paraître le dessin, et du bromure de potassium pour le fixer.

« Tel est le premier procédé dont je me suis servi; mais ayant eu l’idée d’employer l’albumine (blanc d’œuf), j’ ai obtenu une supériorité remarquable sous tous les rapports, et je croisque c’est à cette dernière substance qu’il faudra donner la préférence.

» Voici la manière dont j’ai préparé mes plaques : J’ai pris dans le blanc d’œuf (1) ([ii]) la partie la plus claire (cette espèce d’eau albumineuse), dans laquelle j’ai mis de l’iodure de potassium, puis, après l’avoir coulée sur les plaques, je l’ai laissée séchér à la température ordinaire (si elle était trop élevée, la couche d’albumine se gercerait). Lorsque l’on veut opérer, on applique l’acétonitrate en le versant sur la plaque, de manière à en couvrir toute la surface à la fois, mais il serait préférable de la plonger, dans cette composition pour obtenir un enduit bien uni.

« L’acétonitrate rend l’albumine insoluble dans l’eau et lui donne une grande adhérence au verre. Avec l’albumine, il faut exposer un peu plus longtemps à l’action de la lumière que quand on opère avec l’amidon; l’action de l’acide gallique est également plus longue; mais en compensation on obtient une pureté et une finésse de traits remarquables, et qui, je crois, pourront un jour atteindre à la perfection d’une image sur la plaque d’argent.

« J’ai essayé les gélatines: elles donnent aussi des dessins d’une grande pureté (surtout si l’on a la précaution de les filtrer, ce qu’il est essentiel de faire pour toutes les substances), mais elles se dissolvent trop facilement dans l’eau. Si l’on veut employer l’amidon, il faudra choisir le plus fin; pour moi, qui n’ai employé que ceux du commerce, le meilleur que j’ai trouvé est celui de la maison Groult.

» C’est en employant les moyens que je viens d’indiquer que j’ai obtenu des épreuves négatives. Quant aux épreuves positives, n’en ayant pas faites, je n’en parlerai pas; mais je présume que l’on peut opérer comme pour le papier, ou bien en mettant les substances dans l’amidon, mais non dans l’albumine, qu’il ne faudra même pas passer dans la solution de sel marin. Il faudra, pour cette dernière substance, plonger la plaque dans le bain d’argent.

« Si l’on préfère continuer à se servir de papier, j’engagerai à l’enduire d’une ou deux couches d’empois ou d’albumine, et l’on aura alors la même pureté de dessin que pour les épreuvés que j’ai faites avec l’iode; mais je crois que, pour la photographie, cela ne vaudra jamais un corps dur et poli, recouvert d’une couche sensible.

« J’ajouterai que l’on pourra obtenir de très-jolies épreuves positives sur verre opale.

« Ne peut-on pas espérer que, par ce moyen, on parvienne à tirer des épreuves de la pierre lithographique, ne serait-ce qu’en crayonnant le dessin reproduit, si l’on ne peut pas l’encrer autrement ? J’ai obtenu de très belles épreuves sur un schiste (pierre à rasoir) enduit d’une couche d’albumine. A l’aide de ce moyen, les graveurs sur cuivre et sur bois pourront obtenir des images qu’il leur sera très-facile de reproduire. «

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Après que le bureau de l’Académie a eu ouvert les paquets cachetés déposés par M. Niepce de Saint-Victor, et constaté l’existence de gravures reproduites sur papier collé en cuve, sur enduit d’amidon et sur des plaques métalliques, M. Chevreul a lu des considérations sur la reproduction, par les procèdés de M. Niepce de Saint-Victor, des images gravées, dessinées ou imprimées. Ces considérations ont pour but de définir le mérite des expériences de M. Niepce au point de vue théorique, en les rapportant aux actions dépendantes de l’AFFINITÉ que M. Chevreul appelle CAPILLAIRE.

(L’ensemble du travail est renvoyé à l’examen d’une Commission composée de MM. Biot, Arago, Thenard, Chevreul et Reguault.)

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([i]) (1) En chauffant un peu la plaque, on peut opérer en moins de temps.

([ii]) (1) Plus le blanc est frais, plus il a de viscosité.

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