segunda-feira, 16 de março de 2009

1893, 6 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Comptes Rendus des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. CXVI, Nº. 6
Pag. 232, 233, 234, 235
*
TOPOGRAPHIE. - Sur les progrès de l'art de lever les plans à l'aide de la Photographie, en Europe et en Amérique. Note de M. A. Laussedat.

« La méthode que j'ai proposée, avec une grande insistance (1) ([i]), pour lever les plans à l'aide de vues pittoresques dessinées à la chambre claire ou obtenues par la Photographie et à laquelle l'Académie a bien voulu donner son approbation, il y a trente-trois ans, vient de recevoir une nouvelle consécration dans un pays dont tous les instincts sont restés français, au Canada. Ce fait considérable me semble devoir être signalé, à la fois, aux cartographes de profession, et aux voyageurs scientifiques qui font un si fréquent usage de la Photographie pour fixer leurs souvenirs, et dont quelques-uns ont pu aussi en tirer parti dans l'intérêt de la Topographie et de la Cartographie.
« J'ai déjà eu, plusieurs fois, l'occasion de mentionner avec plus ou moins de détails, les applications de la méthode dont il s'agit, tentées, en premier lieu, en France, il y a plus de quarante ans, sous les auspices du Comité des fortifications qui a continué à s'y intéresscr jusqu'en 1870, puis en Allemagne où elle a pénétré vers 1865, grâce a la publicité qui lui avait été donnée dans le Bulletin de la Société, française de Photographie (1) ([ii]), ensuite en Italie où, depuis 1878, elle est employée très habilement à la construction de la Carte des Alpcs, à l'échelle de , enfin plus récemment encore en Autriche où, comme en Italie, on s'en sert surtout dans les reconnaissances faites en pays de montagnes.
« Sans examiner ici si la méthode doit être réservée aux contrées très accidentées, et si elle se prête mieux à la construction dos Cartes proprement dites qu'au lever des plans a grandes échelles, j'arrive a l'exposé des travaux topographiques entrepris au Canada depuis le milieu de l'anné 1888.
» Ces travaux sont exécutés sous la direction de M. E. Deville, surveyor général (2) ([iii]),par M. W. -S. Drewry pour la triangulation et par M. J.-J. Mc Arthur pour la topographie.
» La Carte entière comprendra une zone de vingt milles (32km environ) de chaque côté du chemin de fer Pacifique canadien, cédé ou Gouvernement fédéral par la province de la Colombie anglaise. Ce chemin de fer, en quittant la prairie, s'engage par la vallée de la BOW River, dans les montagnes Rocheuses, qu'il traverse dans toute leur largeur.
» La Carte gravée que je mets sous les yeux de l'Académie, exécutée à l'échelle de , comprend une partie de cette vallée et le parc fédéral dit parc des Montagnes Rocheuses du Canada. La surface du pays représenté, avec son relief qui, sur certains points, atteint 3500m d'altitude, exprimé par des sections horizontales équidistantes de 100 pieds en 100 pieds (30m,5), est de 2500kmq (250 000ha); elle a été levée en trois années, de 1888 a 1890, ce qui correspond en moyenne à 8ookmq ou 900kmq.
» On voit sur le Tableau d'assemblage joint cette Carte, et qui comprend en outre les travaux effectués en 1891 et 1892, que la vitesse atteinte par les opérateurs a beaucoup augmenté; elle est actuellement der 1300kmq; la surface totale levée en cinq ans est de 5200kmq.
» La brigade qui exécute le travail sur le terrain est composée de l'ingénieur M. MC Arthur, d'un aide topographe et de deux porteurs.

« Les circonstances atmosphériques dans un pays montagneux et si pcu fréquenté, situé entre le 51e et le 52e degré de latitude nord, sont des plus défavorables. On ne peut se rendre sur le terrain que vers le milieu de juin et il faut le quitter avec le mois d'octobre.
« Les opérateurs ont, en outrc, même pendant ces trois ou quatre mois, à compter avec le brouillard, la pluie, les tcmpêtes de ncige et avec un phénoméne local des plus gênants, la fumée des feux des forêts, aussi dense que le brouillard le plus épais. Il en résulte que le nombre des jours où l'on peut travailler est extrêmêment limité et que, par les procédés ordinaires, on ne parviendrait que bien lentement à dresser une Carte qui resterait nécessairement très imparfaite.
« La supériorité de la méthode photopraphique est donc incontestable dans de semblables circonstanccs, qui se présentent d'ailleurs à peu prés partout en pays de montagnes. L'expérience de cinq années consécutives a prouvé, en effet, que les documents recueillis pendant le petit nombre de jours favorables étaient suffisants pour occuper l'ingénieur et son aide pendant les huit autres mois de l'année.
« M. le surveyor général E. Deville, à qui je dois les renseignements qui précédent, y a joint un relevé détaillé de la dépense faite annuellement pour l'obtention des photographies et la construction de la minute de la Carte. Cette dépense s'élève à moins de 3 dollars, $2,84, ou 14fr,25 environ par kilomètre carré, soit ofr,15 par hcctare.
« Je pense que l'Académie me permettra, en terminant cet exposé, de citer textuellement la dernière phrase de la lettre de M. E. Deville qui accompagnait l'envoi qu'il m'a fait de la première livraison de la Carte de la zone du chemin de fer Pacifique canadien:

« Ainsi que vous le voyez, je n'ai rien changé d'essentiel aux procédés que vous avez été le premier a indiquer; je n'ai fait que les adapter à nos besoins. Nos instruments diffèrent peu des vôtres et sont, je crois, beaucoup plus pratiques que les nombreuses inventions de ces derniéres années. »

« Je n'ai rien à ajouter à cette déclaration toute spontanée de la personne qui, jusqu'a ce jour, a fait l'expérience la plus étendue et la plus concluante de la méthode photographique ou photogrammétrique, pour employer l'expression adoptée par les autcurs allemands.
« J'avais, depuis quelque temps, le dessein de soumettre à l'Académie un dernier modèle de photothéodolite, executé avec beaucoup de soin par MM. Ducretet et Lejeune. Cet instrument identique, quant à son principe, avec celui que j'avais fait construire, dès 1859, par Brunner, comprend un champ plus étendu, grâce aux progrès de l'Optique topographique ([iv]), et cependant il est plus portatif, d'abord parcc que j'ai réduit la distance focale de l'objectif et aussi parce que j'ai pu employer l'aluminium pour une bonne partie des organes.
« J'ai saisi l'occasion que me fournissait le témoignage si loyal de l'honorable M. E. Deville, pour rapprocher cet instrument de l'œuvre remarquable que nos travaux ont inspirée, comme ils ont inspiré d'ailleurs, on ne pourrait en douter, les diverses tentatives des autres savants et opérateurs étrangers venus après nous et dont le nombre va, chaque jour, en augmentant (1) ([v]). »
([i]) (l) Mémorial de l'officier du Génie, nos 16 et 17, 1854 et 1864; Comptes rendus, t. XLIX, 1859; t. L, 1860; t. LIX, 1864, et t. CXIII, 1890; Magasin pittoresque, année 1861; Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, 2e série, t. II, III et IV; Paris-Photographe, passim ; Association française pour l'avancement des Sciences, session de Pau, 1892.
([ii]) (1) Cette Société me décernait, cette même année, l'une de ses médailles pour mes levés photographiques.
([iii]) (2) Auteur d'un excellent Ouvrage ayant pour titre : Photographic Surveying, Ottawa; 1889.
([iv])
1893
13 de Fevereiro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. CXVI
Nº. 7
Pag. 339
ERRATA
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(Séance du 6 février1893)

Note de M. A. Laussedat, Sur les progrés de l’art de lever les plans à l’aide de la Photographie :

Page 234, deuxième ligne en remontant, au lieu de topographique, lisez Photographique.

([v]) (1) Pour ne laisser aucun doute à ce sujet, j’ai fait placer, à côté de la belle Carte qui nous vient du Canada, le lever des environs de Saint-Marie-aux-Mines, exécuté en 1867 par les mêmes procédés, par M. le capitaine aujourd’hui commandant Javary, dont la collaboration m’a été si précieuse et qui avait, dès cette époque, amené le nouvel art à un degré de perfection qui n’a pas été dépassé.

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