sexta-feira, 13 de março de 2009

1898, 7 de Novembro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

Compte Rendu des Séances de L’Académie des Sciences
T. CXXVU
Nº. 19
Pag. 731, 732, 733
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PHOTOGRAPHIE. - L'instantané dans la Photographie sous-marine. Note de M. Louis Boutan, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.

« Dans un Mémoire publié en 1893 (1) ([i]), j’ai donné la reproduction des premières photographies sous-marines que j'avais obtenues au laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer. Je n'avais à ma disposition qu'un appareil très rudimentaire, que j'allais placer au fond de la mer à l'aide du scaphandre. Une pose d'une demi-heure environ était nécessaire pour obtenir les clichés. Dans ces conditions, les photographies, malgré la curiosité qu'elles excitaient, étaient loin de me satisfaire. Le fond de l'eau est toujoursplus ou moins en mouvement et, à la suite d'une pose de plusieurs minutes, les images sont nécessairement peu nettes. Ce n'était la qu'un premier pas vers le but à atteindre. Pour que la Photographie sous-marine pût entrer dans une voie pratique, il fallait diminuer le temps de pose et arriver à l'instantané. J'ai donc été amené à chercher un dispositif qui permît d'opérer dans les conditions de rapidité voulue.
« Les nouveaux appareils ont été construits de toutes pièces au laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer. J'ai trouvé dans le mécanicien de la station, David, un collaborateur dévoué auquel je dois, en grande partie, le succès final de mes expériences (2) ([ii]).
« Voici les principaux résultats obtenus :
« Dans plusieurs clichés, dont je mets les épreuves non retouchées sous les yeux de l'Acadérnie, on aperçoit très nettement des bandes de poissons qui ont été photographiés en pleine liberté à 1m,50 à 2m de l'objectif, sous une épaisseur d'eau de 3m, sans autre lumière que celle fournie par le soleil.
« Pour mieux les detacher du fond, j'ai immergé un écran peint en blanc, devant lequel on jetait des amorces destinées à attirer les animaux dans le champ de l'objectif. Cette précaution n'est d'ailleurs pas indispensable puisque, dans certains clichés, on distingue nettement les poissons se projetant sur un fond de sable. Pour obtenir de bonnes épreuves, il suffit que les animaux soient bien au point. Cette condition remplie, la netteté de l'image est suffisante pour qu'on puisse compter, à la loupe, les écailles sur le cliché.
» J'ai également photographié, à titre de curiosité le scaphandrier placé sur un fond d'algues à 3m de profondeur et à une distance de 4m de l'objectif. L'image obtenue est presque aussi nette que celle qu'on pourrait avoir à la surface du sol.
« Enfin, pour prouver avec quelle rapidité on peut opérer, je me suis fait photographier par l’habile mécanicien du laboratoire, à une profondeur de 3m, au moment où je plongeais pour venir me placer devant l'objectif.

« Pour obtenir ces instantanés, j'avais pensé d'abord qu'il me serait indispensable de réfléchir les rayons solaires de manière les faire pénétrer normalement dans l'eau. J'avais donc installé, à bord du bateau du laboratoire, un système encombrant de glaces, destiné à cet usage.
» Pour faciliter la pénétration normale des rayons, je faisais également filer, pendant le cours des expériences, une certaine quantité d'huile, destinée à empêcher le mouvement des vagues. Je n'ai pas tardé à reconnaître que ces précautions étaient inutiles et que, par une belle journée de septembre, lorsque le soleil était assez haut sur l'horizon, la pénétration de la lumière solaire était suffisante pour opérer sans dispositifs spéciaux.

« A la suite des expériences dont je viens d'exposer le résultat, on peut prévoir que la Photographie sous-marine va entrer dans une phase nouvelle.
» S'il est possible, en effet, de prendre des instantanés à l'aide de la lumiére solaire, alors que les rayons ont traversé une épaisseur d'eau de plusieurs mètres (l) ([iii]) avant de frapper l'objet et de revenir à l'objectif, il est incontestable que d'aussi bons résultats pourront être obtenus en plaçant une source lumineuse puissante au niveau de l'appareil lui-même, pour éclairer le champ photographique.
» Partant de ces données, le nouvel appareil pourra étre immergé à une profondeur quelconque. Malheureusement ce dispositif nouvcau exige la construction de lampes spéciales, l'emploi d'une source électrique puissante et l'achat d'accumulateurs de grande surfacc.
» Sera-t-il possible de faire, dans la station fondée par M. de Lacaze-Duthiers, une nouvelle dépensc aussi considérable? Dois-je oser l'espérer?
» Cependant, il y aurait un grand intérêt pratique a réaliser un appareil pouvant étre immergé à une profondeur qui ne serait plus limitée que par la résistance de l'appareil à la pression extérieure de l'eau. Cela ne paraît plus être qu'une question de construction, puisque la photographie du scaphandre dont j'ai parlé plus haut a été faite à l'aide de l'appareil immergé, mais manœuvré hors de l'eau. »
([i]) (1) L. BOUTAN, Mémoire sur la Photographie sous-marine (Archives de Zoologie expérimentale et générale, t. 1, 3e série, 1893).
([ii]) (2) L'appareil que j'ai utilisé pendant le mois de septembre est un appareil pour plaque 18 x 24 muni d'un objectif anastigmat symétrique de la maison Darlot et d'un châssis à six plaques imaginé par David, le mécanicien du laboratoire. Je me réserve de donner une description complète de cet appareil, dans un Mémoire plus étendu. Je dois aussi des remercîments à M. Marcel Gorse, qui est venu spécialement s'établir à Banyuls-sur-Mer pour m'aider à développer les clichés.
([iii]) (1) J’estime quon peuprendre de bons instantanés jusqu’à 7m ou 8m de profondeur, lorsque le temps est favrable.

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