quarta-feira, 27 de maio de 2009

1858, 1 de Fevereiro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. XLVI
Nº. 5
Pag. 199, 200, 201
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ASTRONOMIE. - Images photographiques de La Lune.

Profitant du retour a Paris de M. de Verneuil, le P. Secchi envoie à l’Académie les extraits de quelques publications faites dans l’année 1857.

« Pendant les belles soirées du mois passé (décembre 1857), avec l’assistance de deux amateurs de photographie, j’ai pris plusieurs phases lunaires dans le double but de recueillir les matériaux pour une sélénographie, et d’examiner plusieurs questions relatives à l’action chimique propre des différents corps célestes. Par rapport à la sélénographie, ces photographies partielles ne peuvent donner avec netteté qu’une lisière assez étroite près de la limite d’illumination, car le reste étant sans ombre marquée ne présente que le contour des taches principales, comme on le voit à la pleine lune. Ces images isolées ne peuvent servir à tous indistinctement, mais sont précieuses pour l’astronome, car, en superposant successivement les diverses phases, on obtiendra la lune entière. Cette superposition cepéndant est difficile à bien réussir, à cause de la libration, qui déplace sensiblement les taches relativement aux bords. Mais, même avec ce secours, les nombreux détails de notre satellite ne pourront, dans l’état actuel de l’art photographique, être représentés avec les détails que l’oeil decouvre; cependant on obtiendra ainsi un canevas précieux et exact. Les nombreuses épreuves que j’ai recueillies seraient déjà suffisantes pour la sélénographie entière, et il ne reste qu’un ouvrage de patience et de temps, plus approprié a un artiste qu’à un astronome.
« Mais l’étude principale à laquelle ces expériences étaient destinées, était la connaissance du pouvoir chimique de la lumière lunaire dans ses différentes phases, et comparativement aux autres corps célestes. Pour cela, nous avons renoncé à prendre des positives directes sur collodion, ce qui pouvait se faire avec une exposition d’un très-petit nombre de secondes, mais avec une incertitude trop grande pour la mesure de la force, et nous avons préferé les négatives sur collodion ordinaire. La question du temps était, du reste, tout à fait secondaire avec un instrument comme notre équatorial, qu’on peut tenir absolument fixe sur un même point plusieurs minutes sans difficulté, et avec un peu d’adresse on peut très-bien régler son mouvement, même pour suivre la lune en déclinaison aussi longtemps qu’on veut.
» Les résultats obtenus sont les suivants: Quand la lune est pleine, six secondes suffisaient pour avoir une trace de l’impression des parties plus claires en négative. Avec deux minutes d’exposition, on obtenait une épreuve vigoureuse qui paraissait au premier contact du liquide révélateur, et avait. tous les détails nécessaires à faire un fond général de carte lunaire. Dans la phase du premier quartier, cinq ou six minutes sont nécessaires pour obtenir la même force d’impression, même pour la partie la plus éclairée de la phase; les parties qui sont faiblement illuminées près des bords intérieurs de la phase, sont à peine arrivées à une teinte suffisante. Il est bien entendu qu’on employait toujours des préparations identiques et qu’on répétait au moins trois fois l’expérience chaque soir, la lune étant a peu prés à une hauteur, sinon égale, du moins pas trop différente. Pendant la phase du sixième jour, le temps est monté à six minutes et demie et pour celle du cinquième, même avec sept minutes et demie, on eut une impression assez faible. Le quatrième, la lune était trop basse pour servir de règle. On voit donc qu’il y a une grande différence de force dans ces époques, et il est remarquable que les nombres qui exprimeraient la force de radiation pour les phases différentes sont encore ici plus petits que ceux déduits, par Lambert, des considérations théoriques de phototmétrie. Selon cet auteur, le rapport de la lumière entre la lune pleine et le premier quartier serait : : 66 : 42, ou approximativement : : 3 : 2, et noous trouvons l’action chimique : : 3 : 1 environ. Dans une autre communication, j’ai déjà remarqué que la théorie de Lambert est en défaut, même en cela qu’il trouve le centre plus lumineux que le bord, ce qui n’a pas lieu dans la lune pleine.
» Mais la chose la plus singulière et la plus intéressante est la cornparaison de la lumiére de la lune avec celle de Jupiter. La lune étant à son premier quartier, et pas trés-éloignée de Jupiter, nous photographiâmes tous les deux successivement, et nous trouvâmes que Jupiter donnait en un moindre temps (quatre minutes) une impression au moins aussi vigoureuse que la partie la plus claire de la lune: ses bandes étaient très-marquées et il y eut trace encore de quelqu’un des satellites. Cependant de cette seule observation on ne pourrait conclure absolument rien en faveur de la puissance de la lumière de Jupiter, car la position des deux astres était alors assez différente relativement au soleil; il fallait nécessairement attendre une position à peu prés semblable en élongation. Ayant donc répété les expériences le jour avant la pleine lune, ontrouva le temps pour Jupiter environ deux fois plus long que pour la lune. Ainsi quoique la lumière absolue de Jupiter soit moindre que celle de la lune, cependant réfléchissant sur sa distance au soleil (cinq fois environ plus grande que celle de la lune) et la diminution de la lumière en raison du carré des distances, on ne peut échapper à la conséquence que proportionnellement, la force de la lumière de Jupiter est plus grande que celle de la lune. On est donc conduit à admettre, pour le premier astre, une atmosphère plus réfléchissante que le sol sombre et volcanique de notre satellite, ce qui, du reste, s’accorde bien avec la facilité relative avec laquelle on peut appliquer de forts grossissements à Jupiter en le regardant avec la lunette, pendant qu’en proportion la lumière de la lune devient alors très-faible. Dans une matière aussi vague que l’évaluation des forces chimiques, il serait difficile d’avoir des nombres plus exacts, mais même ces aperçus ne seront pas sans intérêt; et on voit d’après ceux-ci qu’il n’est pas absurde de croire qu’un jour peut-être des réactifs chimiques convenablement choisis pourront nous révéler la qualité des matériaux dont sont formés les corps célestes.
« Je finirai par une question: On sait combien le peuple et surtout les agriculteurs attribuent d’influente à la lune: parmi les cultivateurs des environs de Rome, il est admis en principe que certains légumes ne doivent pas se semer à lune obscure (nouvelle ou près de la conjonction), car alors ils se développent trop vite, et au contraire ils se développent moins s’ils sont semées a lune pleine. Je ne connais pas d’expériences soignées a ce sujet; mais en supposant cela exact, on pourrait en trouver la raison dans la force stimulante des rayons lunaires, car les plantes tendres semées à la lune obscure se trouveraient sortir de la terre à peu près à la pleine lune, et il est très-probable que la force des rayons lunaires est alors suffisante dans les pays où I’atmosphère est très-pure pour accélérer la végétation, bien plus qu’il n’arriverait si les plantes étaient déjà dans un âge plus avancé. Au contraire étant semées à lune pleine, elles se trouveront sortir de la terre à lune obscure, et elles passeront la période de leur plus grande sensibilité à l’abri de cette lumiére nocturne. Quoi qu’il en soit, l’influence de la lune ne doit pas être nulle sur la végétation si elle est sensible sur les réactifs ordinaires. »

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