segunda-feira, 8 de junho de 2009

1855, 3 de Setembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. XLI
Nº. 10
Pag. 383, 384, 385, 386
*
Photographie. - Compte rendu à l’Académie, par M. Chevreul, de deux Procédés photographiques de M. Taupenot, docteur ès sciences et professeur au Prytanée impérial militaire de la Flèche.

« M. Chevreul, auquel l’Académie avait renvoyé l’examen d’une communication que lui fit M. Taupenot, le 20 d’avril dernier, dit que cette communication comprend deux procédés :
« Le premier est un moyen de donner au cliché d’une épreuve négative sur verre collodionné une solidité qu’il ne pourrait acquérir qu’à l’aide d’un vernis; or celui-ci ayant des inconvénients, M. Taupenot propose de le remplacer.
« Le second procédé concerne la préparation d’un cliché sur collodion albuminé sec. Ce cliché à l’état sec, conservant sa sensibilité pendant plusieurs jours, est précieux dans les voyages d’exploration et dans tous les cas où l’on veut saisir les images les plus fugitives.
« M. Taupenot, par un désintéressement qui l’honore, rend ses procédés publics et les décrit de la maniére suivante.
» Premier procédé. - Les clichés de collodion ont besoin d’être vernis pour résister au tirage des épreuves positives. Les différents vernis employés jusqu’ici ont l’inconvénient d’être plus ou moins dispendieux, de demander dans leur emploi une certaine adresse et des précautions; enfin d’altérer, ou comme disent les photographes, de faire descendre les clichés sur lesquels on les applique. M. Taupenot a eu l’idée de les remplacer par une substance d’une valeur très-minime, d’un emploi facile, qu’on a toujours sous la main, et qui donne aux clichés une grande solidité sans altérer aucunement leur transparence ni la pureté des lignes. Cette substance est l’albumine.
« On peut l’employer fraîche ou fermentée avec un peu de miel. Dans ce dernier état elle se conserve presque indéfiniment et filtre aussi facilement que l’eau, de sorte qu’on peut toujours l’avoir parfaitement exempte de poussière au moment de s’en servir. Qu’elle soit fraîche ou ancienne, on emploie cette albumine de la maniére suivante. Sur le cliché de collodion terminé et lavé on verse une petite quantité d’albumine contenant 1 pour 100 d’iodure de potassium; on laisse égoutter et sécher en placant la plaque obliquement contre un appui quelconque. On plonge ensuite cette plaque dans le bain ordinaire d’acéto-nitrate d’argent, on la lave immédiatement et on la plonge dans le bain d’hyposulfite qui sert à fixer les négatifs. On la lave une dernière fois, et l’opération est terminée.
» On pourrait employer l’albumine pure et coaguler simplement par de l’acide acétique, mais il y a alors moins d’adhérence; il peut se former des cloches, et l’opération n’est d’ailleurs pas plus simple que celle décrite précédemment.
» Des clichés ainsi vernis, qui avaient été tachés dans le tirage, ont pu être ramenés complétement par un bain prolongé dans de l’hyposuifite concentré qui a dissous les taches sans altérer le cliché protégé par la mince pellicule d’albumine superposée.
« Deuxième procédé. - L’idée du vernis à l’albumine a conduit M. Taupenot à un procédé nouveau de photographie sur collodion albuminé sec qui a un grand avantage sur tous les procédés connus, celui de donner des plaques qui conservent leur sensibilité pendant un jour et plus, de manière qu’on peut en préparer le soir pour le lendemain, aller opérer au loin sans s’embarrasser d’une tente, de cuvettes, de flacons, etc.
« Les mauipalations de ce procédé sont d’ailleurs peu compliquées; les plaques se préparent beaucoup plus vite et plus facilement que celles à l'albumine seule et que les papiers secs.
« On opère de la manière suivante:
» Sur la plaque collodionnée, passée au bain d’argent et lavée à l’eau distillée, on verse un peu d’albumine, contenant 1 pour 100 d’iodure de potassium, et on laisse égoutter et sécher dans l’obscurité. On prépare, ainsi de suite, autant de plaques que l’on veut. Elles se conservent bonnes quatre a cinq jours au moins. Pour les employer on les passe au bain d’acéto-nitrate ordinaire, contenant 10 pour 100 d’acide acétique, et 10 pour 100 de nitrate d’argent. On les laisse 10 à 20 secondes dans ce bain, on les lave à l’eau distillée et on les emploie, soit humides immédiatement, soit sèches, dans la journée de leur préparation, ou même le lendemain; leur sensibilité est la même (1) ([i]) . Quand elles ont été impressionnées, on peut attendre un jour, si cela est nécessaire, avant de faire apparaître l’image; On peut employer, soit l’acide gallique, soit l’acide pyrogallique; le premier (2) ([ii]) développe l’image lentement, lui donne un peu plus d’opposition et tache moins. L’acide pyrogallique peut être employé à différentes doses, additionné ou non de nitrate d’argent à 3 pour100. Si on l’emploie mêlé de nitrate d’argent, quelques minutes suffisent pour développer l’image; mais on doit craindre les taches, et il faut avoir eu soin de filtrer, au moment
de s’en servir, le bain d’acéto-nitrate, qui donne aux plaques leur derniére sensibilité.
» Toutes les épreuves du Prytanée impérial militaire ont été faites ainsi, avec des plaques sèches, quelques-unes préparées depuis deux jours, et cependant la pause n’a jamais été de plus d’une minute, et même, pour les groupes, par exemple, de la Procession, du Gymnase, des Joueurs de boules, de la Revue d’honneur, de quelques secondes seulement, avec un objectif français, muni d’un diaphragme de 25 millimètres.
« Conclusions. –1º. L’albumine peut remplacer avec beaucoup d’avantages les vernis, pour donner aux clichés de collodion la solidité dont ils ont besoin pour résister au tirage d’épreuves positives.
» 2º. Superposée à un collodion quelconque, l’albumine lui fait conserver sa sensibilité pendant un jour et plus, ce qui constitue un nouveau procédé de photographie sur collodion albuminé sec, capable de rendre des services dans un voyage d’exploration, où l’on pourra toujours avoir des plaques prêtes à saisir au vol un site, une coupe de terrain, une plante, un costume, un trait de moeurs. La facilité d’avoir des plaques sensibles en nombre quelconque, et d’en faire impressionner cinquante au besoin en une heure, permettra de reproduire toutes les péripéties des grandes manœuvres militaires, d’une bataille même, ce qui serait une remarquable application de la photographie donnant des résultats utiles comme documents historiques, et que l’on ne pourrait obtenir par les procédés connus jusqu’ici.
» M. Chevreul propose a l’Académie de remercier M. Taupenot de sa communication. Il dépose sur le bureau les épreuves précitées, à fin de mettre les Membres de l’Académie à portée de les juger. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.

([i]) (1) Dans toutes ses expériences, M. Taupenot a toujours trouvé cette sensibilité, rnême pour des plaques préparées la veille, égale à celle do collodion qui avait servi à préparer la plaque, quand il l’employait seule à la manière ordinaire.
([ii]) (2) Saturé et additionné d’une goutte ou deux d’acéto-nitrate neuf.

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