
MANUEL OPERATOIRE
DE
PHOTOGRAPHIE
SUR
COLLODION INSTANTANÉ
INTRODUCTION
Certes, beaucoup de brochures ont déjà paru sous les auspices de noms très-recommandables, mais peu ont donné des détails satisfaisants, surtout pour celui qui ne désire se former qu'à l'aide d'un ouvrage seulement.
Presque tous ces ouvrages, bien que faisant mention des différentes opérations d'une manière remarquable, omettent cependant de rendre compte de tous les accidents qui se manifestent pendant le cours du travail, accidents d'autant plus utiles à connaître et à pouvoir éviter, qu'en quelquo sorte ils sont l'écueil de presque tous les amateurs.
Le désir de faire part des observations importantes que j'ai faites m'a seul décidé à publier cette brochure.
J'ai pensé qu'il serait de quelque utilité de joindre à la description détaillée des procédés Photographiques, quelques instructions chimiques qui permettraient aux opérateurs ou amateurs de préparer eux-mêmes leurs produits, lorsque par suite de leurs excursions lointaines ils ne seraient pas à portée de se les procurer chez nos chimistes distingués, tels que MM. Puech, Wittmann, Delahaye, Ropiquet, etc., etc.
Chacun sait que la Photographie a pour but la reproduction d'une image sur une plaque de verre destinée à servir de cliché négatif pour 1a multiplier surpapier. Pour atteindre ce résultat avec certitude, il est nécessaire d'apporter une grande précision dans les opérations manuelles suivantes :
1º Le nettoyage de la Glace ;
2º L'application du Collodion ;
3º La formation de la couche sensible ;
4º L'exposition à la Chambre noire ;
5º L'apparition de l'Image ;
6º Sa Fixation ;
7º Sa Reproduction positive sur papier.
Il n'est pas moins important de parer aux accidents qui peuvent se produirent dans le cours de ces opérations.
Sachant qu'une quantité innombrable d'amateurs et même d'opérateurs n'attachent que peu d'importance aux rognures de papier et autres résidus, je prouverai que si l'on emploie, par exemple, cent grammes de nitrate d'argent, il en passe au moins quarante grammes dans les eaux ou les vieux papiers; j'indiquerai donc le moyen d'en tirer parti.
J'ajouterai un mot pour remercier M. Boyer, pharmacien, et surtout M. Laurent, chimiste et contrôleur de garantie à Nîmes, pour les renseignements que ce dernier eût la bonté de me fournir au sujet de la partie chimique de cet ouvrage; et je ne doute pas qu'aujourd'hui que, par suite de mon séjour dans cette ville, il s'est initié à l'art Photographique, il ne lui consacre une partie de sa haute capacité et
ne lui fasse faire un pas de plus.
PREMIÈRE PARTIE
I
NETTOYAGE DE LA GLACE
La Glace est ce qui convient le mieux, car elle est plane et sans défauts, et craint moins de se casser sous la pression des ressorts du châssis à reproduction; il m'est pourtant arrivé d'employer du verre double bien plan, et même, dans des cas pressans, de couper un carreau de vitre très-ordinaire.
Du reste, j'espère avant peu soumettre au public mes travaux à l'égard de la Préparation du Collodion sur papier; les essais que j'ai faits m'ont complètement réussi, mais ils demandent encore divers perfectionnements que j'y apporterai sous peu.
Au moment de faire une épreuve, ou mieux à l'avance, si la plaque a déjà servi et qu'elle contienne une couche de Collodion, lavez-la dans une bassine à cet usage, afin de ne pas perdre le Collodion, qui contient une assez grande quantité d'iodure d'argent.
Après cette première précaution, essuyez la Glace afin de la sécher un peu et pour que l'esprit de vin agisse mieux; puis frottez-la avec un tampon de coton trempé dans de l'esprit de vin et du tripoli ou de la terre pourrie, et luissez-la sécher pour vous en servir au besoin.
Au moment de travailler, enlevez la couche de tripoli avec un linge bien sec que vous conserverez exclusivement pour ce travail, puis frottez avec un second, afin d'enlever toute trace d'humidité; et avant d'étendre le Collodion passez le blaireau sur la Glace pour faire disparaître toutes les impuretés qui pourraient y adhérer.
II.
DU COLLODION
Le Collodion est une dissolution de pyroxille (coton-poudre) dans un mélange d'éther et d'alcool; l'on y ajoute un iodure afin de le rendre propre à la Photographie. Beaucoup de formules ont été données, les unes contenant de l'iodure d'argent, d'autres de potassium, d'autres enfin de ces deux produits et des substances accélératrices.
Le choix du Collodion est d'une haute importance. J'ai travaillé avec la plus grande partie de ceux qui sont vendus dans le commerce, beaucoup m'ont donné d'assez bons résultats, tout en présentant de graves inconvénients: tels que l’absence de sensibilité, ou leur détérioration au bout de quelques jours d'emploi. Je me décidai donc à le faire moi-même pour chercher à éviter ces divers défauts; j'y suis parvenu, et celui dont je me sers me donne des épreuves réellement instantanées, c'est-à-dire qu'il me suffit de découvrir l'objectif et de le boucher aussitôt. L'avantage qu'il possède en plus, c'est de ne donner jamais la plus petite apparence de voile.
Je recommande d'avoir tout son Collodion dans un seul flacon et d'en filtrer chaque matin la quantité nécessaire pour le travail de la journée; l'on évite, par ce moyen, le dépôt qui se forme toujours au fond du flacon, et l'épaississement progressif qui oblige à l'étendre soit d'ether, soit d'alcool, ce qui change sa qualité et souvent produit, dans la couche étendue, des stries profondes ayant l'aspect d’un tissu de mousseline.
III.
APPLICATION DU COLLODION
Cette opération, bien que facile, demande une grande attention.
Prenez la Glace de la main gauche et par l'angle gauche, versez sur le milieu la quantité suffisante pour la couvrir après avoir renversé un peu la Glace en arrière, afin que la couche s'étende, puis inclinez en avant; précipitez promptement l'excédant dans le flacon par l'angle droit, en faisant éprouver à la Glace, qui se trouve alors debout, plusieurs mouvements de droite à gauche.
En faisant cette opération, l’on doit regarder la Glace par transparence, afin de se rendre compte si la couche est bien uniforme; puis lorsqu'elle commence faire prise, elle doit être aussitôt mise au bain d'argent.
Il se produit souvent, pendant ce travail, des imperfections dans la couche du Collodion, tel qu'un grain de poussière, un fil de coton, une globule, enfin un rien, qui forme une résistance et fait séjourner plus de Collodion à cette place. Dans ce cas je précipite l'opération précédente, et, versant immédiatement une nouvelle couche sur la première, je fais disparaître le défaut.
Ce moyen de deux couches superposées l'une sur l'autre est encore très-bon pour obtenir un cliché très-vigoureux, ou bien encore lorsque le Collodion n'a pas assez de corps; dans ces deux cas,avant de mettre la seconde couche, il est nécessaire de laisser prendre un peu la première.
Il arrive souvent aussi que des épaisseurs se produisent, ayant l'aspect de plis de draperies; c'est d'abord l'indice que le Collodion a trop de densité, ou qu'en ayant trop versé sur la Glace, on ne lui a pas assez tôt fait éprouver le mouvement oscillatoire.
Il faut surtout éviter de laisser le Collodion revenir sur lui-même, ou de retourner la Glace pour la mettre soit dans le bain d'argent, soit dans le châssis.
FORMATION DE LA COUCHE SENSIBLE
BAIN D’ARGENT

Ce Bain doit etre mis dans une cuvette-porcelaine, renfermée dans une boîte permettant de l'ouvrir et de la fermer après chaque opération; on évite ainsi les impuretés qui pourraient y tomber ainsi que l'évaporation qui, au bout de quelque temps rend le bain trop concentré.
Votre Collodion étant étendu sur la Glace, laissez-le prendre un peu de corps afin d'éviter le dépouillement partiel qui pourrait avoir lieu si vous employez un Collodion ayant peu de densité. ( En aucun cas, le Collodion de ma fabrication ne s'est détaché de dessus la Glace, même après avoir supporté longtemps la solution d'hyposulphate. )
Puis placez votre Glace debout dans le Bain d'Argent et abaissez-la à l'aide d'un crochet d'argent ou de corne et sans temps d'arrêt; après dix ou quinze secondes, relevez-la et l'abaissez à plusieurs reprises. Aussitôt que la plaque est devenue d'un beau blanc-opale et qu'elle ne présente plus de traces huileuses, elle a acquis son maximum de sensibilité et elle est bonne alors à être portée à la Chambre Noire.
Toutes les formules données pour le Bain d'Argent prescrivent :
1º De l'eau distillée bien pure ;
2º Du nitrate d'argent, soit cristallisé, soit fondu et neutre;
3ºDe l'alcool.
Ces recommandations sont sans doute excellentes et toujours bonnes à suivre, car elles évitent à l'amateur qui n'a pas une grande habitude de s'en prendre à ces substances; mais souvent aussi elles mettent dans l’embarras. Car si l'on manque de l’un de ces produits ayant les qualités recommandées, l'on suppose ne pas pouvoir opérer, et cela peut arriver fréquemment aux amateurs éloignés de Paris ou d'une grande ville; - et encore si l'on en trouve dans cette dernière, paie-t-on tout ce dont on a besoin au poids de l'or; par exemple l'eau distillée, que j'ai payée jusqu'à 1fr. le litre, et le nitrate 45 c. le gramme.
Mon Bain d'Argent évite tous ces désagréments et revient à meilleur compte, puisque pour peu de chose l'on se fait du nitrate et que l'on emploie la première eau venue. Mou nitrate est d'autant plus facile à faire que je laisse tout le cuivre que le métal employé peut contenir; aussi est-il noir lorsque je le mets dans l'eau; au bout de quelques secondes la liqueur devient grise par suite de la formation du chlorure d'argent provenant des sels contenus dans l'eau ordinaire. L'on ne doit pas s'effrayer de la mauvaise apparence de ce Bain, car le chlorure d'argent et l'oxide de cuivre étant insolubles dans l'eau tombent au fond du vase et restent sur le filtre.
Ce Bain une fois filtré est aussi limpide et par conséquent aussi bon que si l'on avait employé les produits tant recommandés. Il m'est arrivé, étant en pleine campagne, de faire du nitrate l'aide de deux ou trois pièces de cinq francs, et de m'en servir ensuite étant dissoutes.
Je proscris aussi l'alcool du Bain, le Collodion en laissant assez au bout de quelques opérations; car l'alcool cause de grandes difficutés: il laisse sur la Glace un corps huileux qui, lorsqu'on le précipite dans le Bain de fer, empêche ce dernier d'agir uniformément sur toute la plaque et occasionne par suite des marbrures; les parties huileuses ne se réduisent pas aussi promptement et restent moins vigoureuses.
V.
EXPOSITION A LA CHAMBRE NOIRE.
La Glace renfermée dans son châssis doit toujours être tenue à plat afin d'éviter l'écoulement de l'excès de liquide qu'elle contient; par ce moyen l'on conserve plus longtemps la sensibilité; puis, s'il se passait un laps de temps un peu trop prolongé entre la préparation et la pose, la plaque court moins le risque de se sécher, ce qui occasionnerait des marbrures faisant taches qu'il est impossible de faire disparaître.
Le temps qu'exige la pose est difficile à préciser. Il dépend soit de l'objectif que l'on emploie, soit de son format, soit du degré de lumière, soit enfin du Collodion. Il dépend aussi de l'objet que l’on veut reproduire; il faut donc bien se rendre compte de ces diverses circonstances.
Les épreuves que j'ai mises dans le commerce ont toutes été faites avec mon COLLODION et INSTANTANÉMENT; c'est à peine si j'avais le temps de découvrir l'objectif. Je n'ai pas d'obturateur mécanique, cette excellente invention de M. Berteh, mais, à son défaut, je me suis fait un tampon de coton excessivement souple et du double du diamètre de l’objectif. Je l’applique de la main droite sur l’ouverture, et de la gauche j’ouvre le châssis; je découvre et referme presque en même temps en décrivant un cercle autour de l’objectif; si je prends le temps de compter jusqu’à deux en refermant sur ce nombre, l’épreuve est généralement trop venue. Du reste, pour se rendre compte de la rapidité avec laquelle j'opère, l'on n'a qu'à remarquer toutes mes épreuves qui demandent l'instantanéité pour être obtenues, surtout mes sujets animés, intitulés Passe-temps de l’Enfance; mes sujets d'animaux, tels que des groupes de chevaux, chiens, paons, moutons, canards, etc., etc.; les Arènes de Nîmes au moment de lutte: la partie reproduite contient cinq cents personnes raconnaissables. J'obtins aussi le soir une très-bonne épreuve d'un candelabre et de ses trois bougies en six secondes, et tout cela avec un objectif français de plaque entière très-ordinaire.
Par ce qui précède je puis presque préciser le temps de la pose, c'est-à-dire depuis l'instantanéité jusqu'à quatre secondes pour les épreuves en plein air ou les vues. Pour les portraits, l’on peut les obtenir dans le même laps de temps si l'on a une terrasse bien exposée.
Puisque je parle de portraits et de pose, je crois utile de mentionner ici une remarque que j'ai faite depuis longtemps et dont je tiens toujours rigoureusement compte.
Le système d'imitation est inné chez l'homme; c'est ainsi que souvent en voyant bâiller l’on bâille, en voyant rire l'on rit ou l'on en a envie.
La ressemblance du portrait gît surtout dans l'expression; et chacun, avant tout, avant même la bonté de l'épreuve, veut avoir une physionomie agréable; je crois donc qu'il faut, pour obtenir ce résultat, que l'opérateur ait lui-même cette physionomie, car le modèle avec lequel l'on doit, autant que possible, être seul pour opérer, est en quelque sorte sous votre influence et prend malgré lui cette physionomie tant désirée.
J'ai remarqué, non pas une fois mais cinquante, que lorsque j'étais mal disposé ou de mauvaise humeur, le rembrunit de mes traits se reproduisait sur le visage de mon modèle; j'avais alors une bonne épreuve, il est vrai, mais un portrait détestable.
Il ne faut pas non plus trop impressionner son modéle par la recommandation d'immobilité; il faut causer avec lui souvent de toute autre chose que de la pose, et lorsque l’on veut opérer l'engager à ne plus causer et à rester immobile, mais sans gêne dans le mouvement de la paupière ni de la respiration. Il ne faut pourtant pas encore découvrir l'objectif; car presque généralement le modèle prend de la raideur, il pose, en un mot: il faut donc attendre quelques secondes afin de laisser à ses traits le temps de reprendre leur naturel et, s'il se peut, l'expression que vous pourrez lui communiquer.
Pour les enfants, l'on doit surtout éviter de les prévenir à l'avance qu'il ne faudra pas qu'ils bougent; ils demandent à être reproduits sans qu'ils s'en doutent.
La mise au point est d'une haute importance, et j'engage fortement à vérifier si les châssis sont en rapport avec la Glace dépolie. Le Collodion rend aux opérateurs un grand service, car l'on peut se passer des verres allemands qui presque généralement ont un repère qui nuit la netteté de l'épreuve, puisqu'il change selon le degré de lumière, et que ,bien que l'on ait reperé son objectif, il arrive souvent que l'épreuve n'est pas en rapport avec le foyer apparent.
Pour le portrait comme pour les vues j'engage fortement les amateurs à se pourvoir d'une chambre à châssis à bascule, non-seulement du haut mais aussi du bas; je fus un des premiers qui s'en servirent et j'affirme qu'il n'est pas possible de mettre parfaitement au point, dans certaines circonstances, sans ce genre de châssis; car lorsqu'on a deux plans différents, bien que l'on soit muni d'un excellent objectif, il y a toujours une grande difficulté à les obtenir nets tous deux.
VI.
DES BAINS CONTINUATEURS
ET
DES MOYENS DE FAIRE APPARAITRE L’IMAGE
*
ACIDE GALLIQUE
ACIDE PYRO-GALLIQUE.
PHOTO-SULFATE DE FER.
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Acide Gallique
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L'Acide gallique, généralement employé pour faire sortir l'épreuve négative sur papier, l'est beaucoup moins pour la faire apparaître sur Collodion; son action est trop lente, et il faut que le temps d'exposition soit prolongé et la lumière beaucoup plus vive pour obtenir des vigueurs; je ne me sers donc jamais de ce produit pour cet usage.
_
La Glace sortie du châssis, vous la placez horizontalement sur un pied-à-caler, puis vous versez dessus, le plus promptement possible, en commençant par l'angle du but et sans temps d'arrêt, la solution suivante:

En y ajoutant, au moment de la verser sur la Glace, quelques gouttes d'une solution de nitrate d'argent 25 0/0.
Vous suivez l'opération; au bout de quelques secondes il se forme un petit précipité noir de gallate d'argent qu'il faut se garder de laisser séjourner sur l’épreuve, car il la marbrerait. Il faut donc souffler légèrement pour le déplacer. Vous voyez alors l'image se former progressivement, et lorsque vous la jugez assez venue vous la rincez parfaitement à l'eau de fontaine.
Avec ce procédé l'on n'a pas besoin de renforcer une épreuve, car on peut la faire venir aussi vigoureuse qu'on le désire en laissant séjourner plus longtemps la solution d'acide pyro-gallique; seulement, dans ce cas, il serait nécessaire de la renouveler, car, comme il se serait formé dans la première une trop grande quantité de gallate d'agent, elle n'aurait plus d'action et pourrait maculer l'image. Toutefois il ne faut employer ce moyen que lorsqu’on ne peut faire mieux, car on risque de voiler l'épreuve.
La plupart des formules données jusqu'ici pour ce Bain prescrivent une dose trop forte et cela contribue beaucoup à exagérer le défaut que je signale.
On prétend que le temps de la pose doit être plus long que pour le sulfate de protoxide de fer; cette différence est bien petite, et si ce Bain donnait des résultats supérieurs ceux fournis par le sulfate, on ne devrait pas s'arrêter à cette considération. Mais, quoi qu'en disent quelques opérateurs habiles, cette supériorité est loin d'être constatée. Son défaut n'est pas là: il existe bien plutôt dans l'inharmonie de l'épreuve. Le plus souvent l'on a avec l'acide pyro-gallique des tons trop heurtés, surtout lorsque la lumière est trop vive ou que, le temps de pose ayant été trop court, l'on veut employer le moyen que j'ai décrit plus haut, c'est-à-dire forcer les noirs à prendre la vigueur nécessaire.
Ainsi il y a impossibilité presque absolue d'obtenir en plein soleil une épreuve qui présente les demi-teintes indispensables à la correction d'un dessin, et ce défaut est d'autant plus prononcé que le Collodion dont en a fait usage est sensible.
Je recommanderai surtout de bien se rendre compte des substances que l’on emploiera; car sans cela on pourrait, comme moi, rester quinze jours sans pouvoir rien obtenir de bon, et cela par suite d'un mauvais produit que je ne soupçonnais pas, me fiant sur ce que je l'avais tiré d'une maison fort estimée. Je veux parler de l'acide acétique qui souvent contient de l'acétate de soude ou de chaux.
Proto-Sulfate de Fer.
─
FORMULE :

Mélangez le tout ensemble et l'exposez à l'air dans une terrine pendant deux ou trois jours au moins; le Bain, de vert qu'il était préalablement, prend une teinte jaune-rouge qui brunit à force de s'en servir. Au bout de deux jours il est nécessaire de le filtrer afin de le débarrasser de la limaille de fer. Plus l'on s'en sert, mieux il vaut.
Ce Bain est sans contredit le meilleur et celui qui présente le plus d'avantages. Sa préparation est facile et d'un prix peu élevé.
Quelques opérateurs l'ont décrié sous prétexte qu'il ne donnait pas de vigueur aux épreuves et forçait la durée à la Chambre noire, ce qui produisait des épreuves complètement voilées. Je n'ai pas eu à constater ces divers défauts, et j'ai lieu de supposer que les insuccès proviennent uniquement de la préparation du Bain de fer, ou, ce qui arrive le plus souvent, de la qualité du Collodion qui n'a pas la sensibilité désirable.
Au moment de se servir de ce Bain, il faut le filtrer et le mettre dans un grand plat ou cuvette; si la solution était trop prompte on pourrait l'étendre d'eau, même en assez grande quantité, sans que l'image cessât de sortir; l'action est seulement plus lente, ce qui, du reste, pour les personnes peu exercées, présente plus de chances de réussite, car les marbrures sont moins sujettes à se produire.
Précipitez donc la plaque dans le Bain avec le plus de rapidité possible et à plat, l'image en dessus, afin que la nappe du liquide la couvre instantanément. Si le Bain est un peu concentré l'image apparaît immédiatement et très-vigoureuse; cet effet se produit en deux ou trois secondes au plus, mais il faut la laisser trois à quatre secondes encore; car cette vigueur apparente que prend l'épreuve n'est que sur la superficie et se montre au moment où l'argent, se trouvant en contact avec le proto-sulfate, se réduit. Après ces trois ou quatre secondes retirez-la promptement et lavez-la à grande eau.
Lorsque l'on s'est servi d’un Bain plusieurs fois, il se forme à sa surface une pellicule grise qui n'est autre chose que de l'argent réduit, provenant de l'excès des Glaces; il est nécessaire de filtrer de nouveau, sans cela il arrive souvent que cette espèce de crasse s'attache à l'épreuve, soit en la plongeant, soit en la retirant, et s'y attache si fortement qu'il est impossible de l'enlever.
C'est dans ce Bain que l'on pourra se rendre compte de ce que l'absence totale ou presque totale d'alcool a d'important.
VII.
FIXATION DE L’ÉPREUVE NÉGATIVE
─
Après avoir parfaitement lavé votre épreuve, vous la placez sur un pied-calé, et versez dessus la solution suivante:

Après quelques instants, toutes les parties qui n'ont pas été attaquées par la lumière se dissolvent et l'image devient transparente. Lorsque vous ne voyez plus sur la plaque de trace d'iodure d'argent ayant un aspect blanc-jaunatre, l'épreuve est fixée.
Pour que l'épreuve soit venue au point convenable, il faut, lorsqu'on la fixe, qu'elle apparaisse en positive un peu voilée; si la positive était bien apparente, ce serait un indice que la pose a été trop courte, et dans ce cas l'on n'aurait que peu de détails dans les noirs. Ceci est frappant surtout pour le portrait. - Si l'épreuve était entièrement engloutie sous une nappe grise et uniforme, ce serait la preuve qu'elle est trop venue; dans ce cas l'on pourrait avoir une bonne positive, mais il faudrait laisser le cliché bien plus longtemps exposé à la lumière.
II ne faut pas non plus laisser la solution d'hyposulfite trop longtemps sur la Glace, car elle pourrait détruire quelques détails; je dirai pourtant qu'il m'est arrivé de laisser la solution trois et quatre heures sur l'épreuve sans qu'elle en ait souffert.
Ces diverse opérations terminées, l'épreuve a besoin d'être parfaitement lavée; car s'il restait sur la Glace une parcelle d'hyposulfite, en séchant elle formerait des cristallisations sous forme de plantes marines qui perdraient entièrement l’épreuve.
VIII.
MOYEN DE RENFORCER UN NÉGATIF.
─
Si, le fixage fait, l'épreuve demandait à être renforcée, il serait nécessaire, après avoir jeté l’hyposulfite, de la laver à plusieurs eaux renouvelées, puis de la passer dans le Bain de fer et de la laver de nouveau.
Comme il n'est pas toujours facile de juger un cliché à la seule inspection par transparence, le mieux est de tirer une positive pour s'assurer de la bonté du négatif.
Quelques praticiens ont indiqué le moyen de renforcer un négatif en le soumettant à la solution d'acide gallique aussitôt après la sortie du Bain de fer; je proscrits entièrement ce mode d'opérer, car il`ne rend pas ce que l'on en attend: en effet, si le cliché est trop faible, il l'est généralement; aussi, en le renforçant, l'on obtient simplement les mêmes effets, seulement plus prononcés, c'est-à-dire que le cliché devient plus vigoureux, mais cela dans toutes ses parties, dans les noirs comme dans les blancs. Il arrive le plus souvent que l'épreuve se voile et il n'est plus possible d'obtenir une bonne positive.
Quel effet se serait-il produit si l'on avait laissé son cliché tel qu'il était? comme il se trouvait faible, l’on eût obtenu la positive en trente secondes par exemple, au soleil seulement; elle eût été partout d'un aspect gris et uniforme, les blancs et les noirs sans vigueur. En le renforçant comme on l'indique, le cliché étant généralement plus opaque, l'on n'obtient plus la positive qu'en cent ou cent-vingt secondes et cela avec la même uniformité; ce n'était pas là ce qu'on attendait.
Je crois avoir trouvé un meilleur moyen de corriger un cliché défectueux, soit parce qu'il est peu venu, soit parce qu'il l'est trop et qu'alors l'épreuve est trop uniforme: je fixe le négatif comme je l'indique dans le chapitre précédent, et l'épreuve étant débarrassée de tout l'iodure d'argent non attaque par la lumière, je la lave à grande eau et l'immerge ensuite dans le Bain de fer, où je la laisse trente secondes environ; cette immersion a pour but d'enlever les dernières traces d'hyposulfite que les lavages n'ont pas toujours fait disparaître.
Si l'on omettait cette opération on courrait le risque de détériorer entièrement le cliché en le soumettant à l'action de la solution d'acide gallique suivante; car les parties claires formant les noirs de la positive, sans perdre leur transparence, acquièreraient une teinte jaune-rouge qui formerait voile:

Faire dissoudre dans un ballon, puis mettre dans une capsule la quantité nécessaire pour couvrir la plaque, en y ajoutant quelques gouttes de nitrate d'argent à 25 p. 0/0.
Placez alors votre négative sur un pied à vis calantes et versez le mélange. Suivez-en les progrès en soufflant légèrement sur la surface du liquide pour vous opposer au dépôt brun de gallate d'argent qui se forme et qui, s'attachant à l'épreuve, la maculerait en partie. Quand vous avez obtenu la valeur que vous désirez, lavez l'épreuve grande eau.
Que s'est-il produit par cette opération? Le fixage de l'épreuve a débarrassé les parties blanches de tout l'iodure d'argent non attaqué par la lumière; les blancs devant former les noirs de la positive doivent donc être très-transparents; les noirs au contraire devant former les blancs, s'ils sont trop faibles, donnent un résultat gris et sans vigueur; et si l'on voulait avoir ces parties blanches, les parties devant être noires ne seraient plus alors assez vigoureuses, car elles se rongeraient presque entièrement dans le Bain d'hyposulphite. L'épreuve serait donc mauvaise.
Par le moyen que je viens d'indiquer les noirs seuls du négatif se renforcent, puisque l'acide gallique n'a d'action que sur les parties attaquées par la lumière; les blancs devant former les noirs positifs conservent la même valeur qu'avant le renforçage. L'on comprend donc qu'alors il est possible de laisser la positive prendre plus do vigueur, puisque les noirs, tout en devenant très-énergiques, n'empêchent pas les parties blanches de se conserver dans toute leur pureté.
J'emploie aussi quelquefois le moyen suivant:
Quand l'épreuve est parfaitement venue dans toutes ses parties, et que je désire qu'elle acquière un peu plus de corps, au sortir du Bain de fer je la lave parfaitement à l'eau ordinaire, puis à l'eau distillée; je la mets ensuite dans un Bain d'argent à 10 p. 0/0, et la laisse environ soixante secondes; je la retire et la plonge immédiatement dans le Bain de fer. J'obtiens ainsi beaucoup plus de vigueur.
Le tout étant dans un flacon, le remuer quelque temps, le filtrer ensuite. Il est nécessaire, chaque fois que l'on veut vernir un cliché, de remuer le flacon pour que le mélange soit parfait; car sans cela il se formerait des marbrures sur le cliché, et certaines places ayant un aspect mat ne seraient pas vernies. Pour l'étendre j'emploie le même moyen que pour le Collodion.
La solution étant destinée à former un chlorure, il est inutile d'employer l'eau distillée; il est seulement nécessaire de la filtrer avant de la mettre dans la cuvette.Papier Albuminé
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Que les feuilles soient albuminées ou non, faites un Bain composé comme suit:
Si vous avez employé du nitrate contenant du cuivre, comme je le dis plus haut, filtrez votre Bain, et, quoique le Bain soit fait à l’aide d'eau ordinaire, vous obtiendrez une solution aussi bonne et aussi limpide que possible.
J'y ajoute environ dix grammes de chlorure d'argent que j'ai fait noircir à la lumière, afin d'obtenir des noirs plus intenses et que le Bain dévore moins énergiquement. ─
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Il ne faudrait pas cependant ajouter assez d'acide pour que le dégagement d'hydrogène fût très-sensible, attendu qu'il s'y dissoudrait en pure perte une grande quantité de zing.
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