sexta-feira, 9 de outubro de 2009

1852
8 de Novembro
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Juillet-Décembre
T. XXXV,
Nº. 19
Pag. 694, 695, 696, 697, 698


PHYSIQUE APPLIQUIÉE. - Troisième Memoire sur l'héliochrornie; par M. NIEPCE DE SAINT-VICTOR.
« Dans ce nouveau Mémoire, je traiterai principalement des phénomènes d'optique que j'ai observés en cherchant à fixer les couleurs à la chambre obscure.
» Après avoir obtenu par contact, c'est-à-dire en appliquant le recto d'une gravure coloriée sur une plaque sensible, et la recouvrant d'un verre pour l'exposer ensuite à la lumière, tout ce qu'il était possible d'obtenir dans l'état actuel des choses, j'ai cherché à parvenir aux mêmes résultats dans la chambre obscure. Le passage était difficile, et je m'attendais à rencontrer de grandes difficultés, que je suis parvenu, jusqu’à un certain point, à surmonter.
» J'ai reconnu que la reproduction de toutes les couleurs était possible, qu'il ne s'agissait, pour l'obtenir, que de préparer convenablement la plaque.
» J'ai commencé par reproduire à la chambre noire des gravures coloriées, puis des fleurs artificielles et naturelles; enfin la nature morte: une poupée que j'ai habillée d'étoffes de différentes couleurs, et toujours avec des galons d'or et d'argent.
» J'ai obtenu toutes les couleurs, et ce qu'il y a de plus extraordinaire et de plus curieux, c'est que l'or et l'argent se peignent avec leur éclat métallique, de même que le cristal, l'albâtre et la porcelaine se dessinent avec l'éclat qui leur est propre.
» J'ai produit des images de pierres précieuses et de vitraux, et les essais m'ont fait observer une particularité curieuse que je crois devoir consigner ici. J'avais placé devant mon objecti£ un verre vert foncé, qui m'a donné une image jaune au lieu d'une image verte, tandis qu'un verre vert clair, placé à côté du vert foncé, s'est parfaitement reproduit avec sa couleur.
» La grande dificulté, celle qui m'a le plus arrêté jusqu'à ce jour, est d'obtenir plusieurs couleurs à la fois; cela est possible cependant, puisque je l'ai souvent fait.
« Toutes les couleurs claires se reproduisaient beaueoup plus vite et beaucoup mieux que les couleurs foncées, c'est-à-dire que plus les couleurs se rapprochent du blanc, plus elles se reproduisent facilement, et que plus elles se rapprochent du noir, plus elles sont difficiles à reproduire. Cela doit être, puisque plus les couleurs sont lumineuses, plus leur action photogénique est grande. Les corps qui réfléchissent le plus de lumière blanche sont aussi ceux qui se reproduisent le mieux.
« Ainsi la lumière blanche, loin de nuire à la reproduction des conleurs, la rend, au contraire, plus facile, comme on va le voir.
» Ayant remarqué que les couleurs claires et éclatantes se reproduisent beaucoup mieux que les couleurs mates, pourvu cependant que les premières ne soient pas exposées aux rayons directs du soleil, parce que, dans ce cas, elles réfléchiraient la lumière comme un miroir, et brûleraient l'image dans certaines parties, j'ai eu l'idée d'opérer dans une chambre dont l'intérieur fit le plus éclairé possible; pour cela, j'ai d'abord employé une chambre tapissée de papier blanc. Les résultats ont été au moins égaux à ceux que me donnait la chambre noire, quant à la production des couleurs, ce qu'il était important de constater.
» J'ai ensuite garni l'intérieur d'une chambre noire avec des glaces étamées, et j'ai encore obtenu les mêmes résultats; cette circonstance, cependant, est contraire à toutes les règles de la photogénie.
« Je ne puis néanmoins assurer d'une manière positive qu'il y ait réellement avantage à se servir de préférence de ces deux chambres, soit pour la puissance de l'effet, soit pour sa rapidité, parce que les moyens dont je dispose ne m'ont pas permis, jusqu'à ce jour, de faire des expériences comparatives suffisamment concluantes.
» Par cela même que les couleurs claires se reproduisent plus facilement et surtout plus promptement que les couleurs foncées, il est très-important que les nuances du modèle soient des nuances du même ton, si l'on veut les reproduire toutes à la fois, sans cela les nuances claires seraient passées avant que les secondes se fussent produites.
« On peut cependant fixer des couleurs de tons différents, en ayant soin de prendre des couleurs claires mates, et des couleurs foncées brilliantes ou glacées, ce que j'ai fait avec succès.« La couleur la plus difficile à obtenir avec toutes les autres, est le vert foncé des feuillages, parce que les rayons verts ont peu d'action photogénique, et sont presque aussi inertes que le noir; le vert clair cependaut se reproduit très-bien, surtout s'il est brillant comme dans le papier vert glacé.
« Pour ohteuir des verts foncés, il faut à peine chauffer la plaque avant de l'exposer à la lumière, tandis que, pour obtenir la plupart des autres couleurs, et surtont de beaux blancs, il faut, comme je l'ai dit ailleurs, que la couche sensible soit amenée par la chaleur à la teinte rouge-cerise. Cette teinte rouge a de graves inconvénients, les noirs et les ombres restent presque rouges; quelquefois cependant il arrive que les noirs sont bien indiqués, surtout quand on opère par contact.« J'ai essayé, par tous les moyens en mon pouvoir aujourd'hui, de supprimer cette préparation par l'élévation de la température, mais cela ne m'a pas encore été possible.« Les expériences suivantes m'ont mis sur la voie qui me conduira, je l'espère, à une solution complète du problème de l'héliochromie.
« Si au sortir du bain on ne fait que sécher la plaque sans élever la temnérature au point de lui faire changer de couleur, et qu'on l'expose ainsi à la lumière, recouverte d'une gravure coloriée, on obtient réellement, après trés-peu de temps d'exposition, une reproduction de cette gravure avec toutes ses couleurs; mais les couleurs, le plus souvent, ne sont pas visibles, quelques-unes seulement apparaissent lorsque l'exposition à la lumière a été assez prolongée: ce sont les rerts, les rouges et quelquefois les bleus. Les autres coleurs, et fréquemment toutes les couleurs, quoique certainement produites, sont restées à l'état latent; en voici la preuve. Si l'on prend un tampon de coton imprégné d'ammoniaque, ayant déjà servi à nettoyer une plaque, et que l'on frotte doucement sur la plaque, on voit apparaître peu à peu l'image avec toutes ses coleurs. II a fallu, pour cela, enlever la couche superficielle du chlorure d'argent pour arriver à la couche inférieure plus profonde, à celle qui adhère immédiatement à la plaque d'argent, et sur laquelle s'est formée l'image. On voit par là qu'il ne s'agirait que de trouver une substance qui développât l'image, et peut-être qu'en même temps elle fixerait les couleurs ; le problème alors serait résolu tout entier.
» Dans les nombreuses recherches faites dans cette direction, voici ce que j'ai remarqué. Si l'on emploie la vapeur du mercure, on développe très-bien l'image, mais elle est d'un ton gris uniforme sans aucune trace de couleur; son apparence différe de celle de l'image daguerrienne, quoique, comme celle-ci, elle se montre sous deux aspects divers, c'est-à-dire image positive dans un sens, et négative dans l'autre.
» Si l'on emploie une faible dissolution d'acide gallique, additionnée de quelques gouttes d'ammoniaque, on fait également apparaître l'image, surtout si l'on chauffe un peu, et qu'on sèche ensuite la plaque sans la laver. L'image qui apparaît alors est assez semblable à celle produite par le niercure; et si l'on ajoute à l'acide gallique quelques gouttes d'acéto-azotate d'argent, elle devient presque noire.
» Le temps d'exposition nécessaire la production des couleurs varie considérablement, selon la préparation de la plaque; je l'ai déjà beaucoup abrégé, car j'ai fait des épreuves au soleil avec un objectif allemand pour demi-plaque dans moins d'un quart d'heure, et en moins d'une heure à la lumière diffuse. Plus la plaque est sensible, plus les couleurs passent vite, et, jusqu'à présent, je n'ai réussi qu'a fixer les couleurs momentanément: la question de la fixation permanente est encore à résoudre, elle se lie peutêtre, comme je l'ai indiqué plus haut, à la découverte d'une substance qui ferait passer l'image de l'état latent à l'état sensible.
« Malgré ce qui reste à faire, je crois avoir déjà obtenu des résultats extraordinaires, qui ont surpris toutes les personnes auxquelles j'ai montré des épreuves de ma poupée où les galons d'or et d'argent étaient reproduits avec leur éclat métallique, où le modelé de la figure et toutes les couleurs des vêtements se dessinaient avec une assez grande netteté.
« Mes meilleures épreuves réalisent déjà, en partie, les espérances enthousiastes de mon oncle, qui disait à l'un de ses amis, M. le marquis de Jouffroy, qu'un jour il reproduirait son image telle qu'il la voyait dans une glace. Cet immense progrès n'est malheureusement pas encore atteint, mais on peut espérer d'y arriver un jour; et quoique les difficultés à vaincre soient encore nombreuses et graves, j'ai mis, il me semble, hors de doute la possibilité d'une réussite complète.
« Tels sont les faits que j'ai cru devoir porter, dès aujourd'hui, à la connaissance de l'Académie, me réservant de révéler plus tard le mode de préparation des plaques qui m'a conduit aux résultats que je viens d'annoncer, et dont on peut juger par les épreuves que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau (1).
»Observations de M. BECQUEREL sur la communication de M. Niepce de Saint-Victor.
« M. Becquerel fait remarquer à l'Académie que le fait de la préparation d'une surface impressionnable, capable de recevoir à la fois les impressions colorées de tous les rayons lumineux, n'est pas nouveau, puisqu'il y a près de cinq ans (7 février 1848), M. Edmond Becquerel fit connaître, pour la première fois à l'Académie, la manière de préparer des lames d'argent de façon à obtenir non-seulement des impressions colorées du spectre solaire, mais encore des peintures par décalcage ou à la chambre obscure; ainsi la lumière blanche colore en blanc ces mêmes lames ; du reste, le 12 février 1849, une Commission, composée de MM. Biot, Chevreul et Regnault, fit un Rapport favorable sur ce sujet.
« Sur l'observation de M. le Secrétaire perpétuel, que M. Herschel avait avant lui obtenu des couleurs, M. Becquerel répond que les conditions ne sont pas les mêmes, M. Herschel n'ayant observé que quelques teintes légères sur des papiers sensibles; il ajoute que ce célèbre physicien, dans une Lettre qu'il lui a adressée à cette occasion, s'exprime ainsi :
« Mes impressions ne sont que peu de chose en comparaison de celles obtenues par monsieur votre fils.
» M. Edmond Becquerel a donc trouvé la méthode de préparation des lames d'argent pouvant recevoir et conserver les impressions colorées de tous les rayons lumineux, méthode qui a été employée par les différentes personnes qui se sont occupées depuis de cette question; en un mot, il a annoncé et démontré le premier que l'on pouvait peindre avec la lumière.
»M. le Secrétaire dit que la priorité de M. Edmond Hecquerel n'est contestée par personne; elle a été reconnue par M. Niepce lui même dans un Mémoire qui a été inséré aux Comptes rendus.
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(1) Les deux épreuves auxquelles il est fait ici allusion ont été mises sous les yeux de l'Académie; mais, déjà à demi effacées par une exposition assez prolongée à la lumière du matin, elles ne peuvent donner une idée des résultats obtenus par l'auteur.
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