quinta-feira, 8 de outubro de 2009

1853
2 de Maio
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Janvier-Juin
T. XXXVI
Nº. 18
Pgs.780, 781, 782, 783, 784, 785

PHOTOGRAPHIE. – Gravure photographique sur l’acier ; par M. H.-T. TALBOT, Membre de la Société royale de Londres.
« Le problème interessant de produire des gravures sur les plaques métalliques, par la seule influence des rayons solaires combinée avec des procédés chimiques, a déjà exercée l’esprit de plusieurs physiciens distingués. Le premier qui a essayé d’en donner une solution, fut le Dr Donné, de Paris; il a été suivi par le Dr Berres, de Vienue, et, ptus tard, par M. Fizeau, de Paris.
« Toutes ces recherches ingénieuses ont pris pour point de départ, je le crois du moins, une plaque de cuivre argentée impressionnée d’une image photographique, par le procédé de M. Daguerre.
« Il paraît qu’on a obtenu quelquefois des resulats tres-heureux, mais que, malgré cela, ces méthodes n’ont pas beaucoup été suivies, à cause des difficultés et des incertitudes qu’on rencontrait toujours dans la pratique. II faut même ajouter que les gravures obtenues étant peu profondes, ont dû s’effacer bientôt, en ne donnant qu’un petit nombre de belles impressions.
» Pour ces raisons, en reprenant cette recherche l’année passée, j’ai cru devoir abandonner cette première idée qu’on a eue de graver les plaques daguerriennes, et chercher ailleurs les vrais moyens d’obtenir des gravures photographiques. Dans cette recherche, j’ai rencontré des difficultés nombreuses, comme je m’y attendais, mais j’espère avoir trouvé, enfn, une méthode sûre et bonne, qui n’exige pas trop de peine, et qui réussit toujours, si on la pratique avec soin.
» Mes recherches ont eu surtout pour objet, de trouver un moyen de graver l’acier, parce que je croyais que si l’on pouvait réussir à graver, même faiblement, une plaque d’acier, elle fournirait assurément, à cause de sa dureté, autant d’impressions qu’on en voudrait avoir.
» Les épreuves que j’ai l’honneur de soumettre aujourd’hui à l’Académie ont été tirées de plaques d’acier gravées par ma méthode. Je dois ajouter que la gravure est toute photographique, car je n’ai pas voulu les faire retoucher en aucune manière par le burin. Je prie l’Académie de vouloir bien excuser les imperfections qu’on remarque dans ces premiers essais d’une nouvelle méthode, qu’il sera facile d’améliorer par la suite. Je n’ai pas voulu en retarder la communication pour pouvoir envoyer de meilleures épreuves, parce que celles-ci suffiront, du moins, pour donner une idée du procédé que j’ai suivi.
« Voici, maintenant, une description de la manière de faire ces gravures :
« Je prends la plaque d’acier que je veux graver, et je commence par laplonger dans le vinaigre, acidulé avec un peu d’acide sulfurique; sans cela, la couche photographique ne tiendrait pas bien sur la surface trop unie de la plaque, mais s’en détacherait bientôt. La substance dont je me sers, pour produire sur la surface de la plaque une couche impressionnable par la lumiére, est un mélange de gélatine avec le bichromate de potasse. Ayant seché et légèrement chauffé la plaque, j’en enduis toute la surface d’une manière uniforme avec cette gélatine; ensuite je mets la plaque sur un support bien horizontal, et je la chauffe doucement au moyen d’une lampe tenue dessous, jusqu’a ce qu’elle soit entièremeut séchée. Alors la surface de la plaque doit paraitre d’une belle couleur jaune et très-uniforme. Si l’on y remarque des espaces nuageux produits par une espèce de cristallisation microscopique, c’est un signe que la proportion du bichromate est trop forte, et l’on recommence en corrigeant cette erreur.
« Ayant ainsi obtenu une couche uniforme de gélatine sèche, on prend l’objet, que je supposerai d’abord être d’une forme aplatie, comme, par exemple, un morceau de dentelle, ou la feuille d’une plante. On le met sur la plaque, et on l’expose au grand soleil pendant une ou deux minutes; alors on retire la plaque, on ôte l’objet, et l’on examine l’image obtenue pour voir si elle est parfaite. Dans le cas où l’objet n’est pas de nature à être placé directement sur la plaque, il faut en prendre d’abord une image négative par les moyens photographiques ordinaires, puis tirer de là une image positive sur papier ou sur verre, puis mettre cette dernière image sur la plaque d’acier pour l’impressionner au soleil. Je suppose donc qu’on vienne d’obtenir une image correcte de l’objet. Elle sera. d’une couleur jaune sur un fond brun, puisque l’effet des rayons solaires est de rembrunir la couche de gélatine. On prend alors la plaque impressionnée, et on la met dans une cuvette d’eau froide, pendant une ou deux minutes. On voit, aussitôt que l’eau blanchit l’image; on la retire de l’eau, et on la met pour quelques instants dans l’alcool; on l’en retire, et on laisse découler l’alcool. Après cela, on laisse sécher la plaque spontanément par une chaleur modérée. L’image pbotograpbique sur la plaque est maintenant terminée.
« Cette image est blanche et se dessine sur un fond d’un brun jaunâtre ; elle est souvent d’une beauté remarquable, ce qui vient surtout de ce qu’elle paraît ressortir un peu de la surface de la plaque. Par exemple, l’image d’une dentelle noire, a l’apparence d’une véritablé dentelle blanche collée sur la surface de la plaque, d’une couleur brunâtre. La blancheur de l’image vient de ce que l’eau a dissous tout le sel de chrome, et aussi beaucoup de la gélatine qui le contenait. C’est pendant cette solution que l’eau a Soulevé les parties sur lesquelles elle agissait, effet qui reste encore aprés qu’elles ont été séchées; de sorte que l’image n’est plus au niveau général de la surface; ce qui produit l’effet agréable dont j’ai parlé. Il s’agit maintenant de trouver un liquide qui puisse graver l’image que nous venons d’obtenir. D’après l’observation que nous venons de faire, c’est-à-dire que l’eau peut agir sur les images photographiques produites sur la gélatine, en enlevant le sel de chrome avec une grande partie de la gélatine elle-même, on entrevoit bien la possibilité d’une pareilIe gravure. Car, en versant sur la plaque un liquide corrosif, il doit d’abord pénétrer par là où il éprouve la moindre résistance, c’est-à-dire aux endroits où l’épaisseur de la couche de gélatine a été réduite par l’action dissolvante dë l’eau. C’est aussi ce qui a lieu dans les premiers instants, si l’on verse sur la plaque un peu d’acide nitrique mêlé à l’eau; mais aussitôt après, l’acide pénetre la couche de gélatine partout, et détruit ainsi le résultat, en attaquant toutes les parties de la plaque.
« Les autres liquides qui ont la propriété de graver l’acier, ont, pour la plupart, une certaine analogie avec l’acide nitrique, à cause de leur pouvoir corrosif. Si on les essaye, on trouve leur effet assez semblable à celui de l’acide nitrique, et l’on ne peut guère les employer.
» Pour réussir dans l’expérience dont je parle, il faut trouver un liquide qui, bien qu’étant assez corrosif pour pouvoir graver l’acier, soit pourtant sans action chimique sur la gélatine, et n’ait qu’un faible pouvoir pénétrant. Heureusement, j’ai trouvé un liquide qui remplit ces conditions: c’est le bichlorure de platine. Néanmoins, pour qu’il réussisse bien, il faut le mèler avec une proportion d’eau assez exactement mesurée. Le meilleur moyen est de faire d’abord une solution très-saturée du bichlorure, y ajouter ensuite de l’eau, en proportion égale au quart de son volume, puis corriger cette proportion encore, s’il le faut, par des expériences d’essai, jusqu’à ce que l’on trouve qu’elle réussit bien. En supposant donc qu’on a bien préparé le mélange du bichlorure avec l’eau que je viens d’indiquer, voici comment on parvient enfin à graver l’image photographique qu’on a obtenue sur la plaque d’acier. On met la plaque sur une table horizontale; et, sans qu’il soit nécessaire de l’entourer de cire, comme on le pratique ordinairement, on y verse un peu du liquide. Si l’on en mettait davantage, son opacité empêcherait de distinguer l’effet qu’il produit sur la plaque.
» La solution de platine ne cause aucun dégagement de gaz sur la plaque; mais, au bout d’une ou deux minutes, on voit l’image blanche photographique se noircir, signe que la solution a commencé à attaquer l’acier. On attend encore une ou deux minutes; puis, en inclinant la plaque, on verse le superflu de la solution dans une bouteilIe disposée pour la recevoir. On sèche alors la plaque avec du papier brouillard; ensuite on la lave avec de l’eau contenant beaucoup de sel marin; puis, en frottant la plaque, un peu fortement avec une éponge humide, on parvient, en peu de temps, à détacher et enlever la couche de gélatine qui la couvrait, et l’on peut voir alors la gravure qu’on a obtenue.
» Les expériences nombreuses que j’ai tentées, en substituant la gomme ou l’albumine à la gélatine, ou en les mêlant ensemble en diverses proportions, m’ont conduit à conclure, que la gélatine employée seule est ce qui réussit le mieux. On peut modifier de diverses manières le pocédé que je viens de décrire, et changer ainsi l’effet de la gravure qui en résulte. Une des plus importantes de ces modifications consiste à prendre une plaque d’acier portant une couche de gélatine sensible à la lumière, la couvrir d’abord d’un voile de crêpe ou de gaze noire, puis l’exposer au grand soleil. En retirant la plaque, on la trouve empreinte d’un grand nombre de lignes produites par le crêpe. Alors on substitue au crêpe un objet quelconque, par exemple la feuille opaque d’une plante, et on remet la plaque au soleil pendant quelques minutes. En la retirant pour la deuxièmr fois, on trouve que le soleil a rembruni toute la surface de la plaque extérieure à la feuille, en détruisant tout à fait les lignes produites par le crêpe, mais que ces lignes subsistent toujours sur l’image de la feuille, qui les a protégées. Si l’on continue alors à graver la plaque par les moyens que j’ai indiqués, on parvient finalement à une gravure qui représente une feuille couverte de lignes intérieures. Ces lignes se terminent aux bords de la feuille, et manquent absolument sur tout le reste de la plaque. En tirant une impression de cette gravure, on voit, si on la regarde à une distance un peu éloignée, l’apparence d’une feuille uniformément ombrée.
« Or, on s’aperçoit facilement que, si, au lieu de prendre un voile de crêpe ordinaire, on en prenait un d’une fabrique extrêmêment délicate, et si l’on en prenait l’image photographique en la doublant cinq ou six fois sur la plaque, on obtiendrait un résultat de lignes s’entre-croisant, si fines et si nombreuses, qu’elles produiraient l’effet d’une ombre uniforme sur la gravure, même en regardant d’assez près. Il y aura l’avantage, je crois, à se servir de cette méthode, à cause que les lignes étroites et délicates gravées sur l’acier retiennent l’encre fortement.
»M. Arago, à cette occasion, dit qu’il est à sa connaissance que M. Niepce de Saint-Victor est déjà arrivé, relativement à la gravure photographique, à des résultats assez satisfaisants, qu’il présentera prochainement à l’Académie.
Sur la demande de M. CHEVREUL, M. le Secrétaire perpétuel lit un fragment d’une publication, périodique, la Lumière, dans laquelle il est question, à l’occasion des recherches de M. Talbot, des succès obtenus par M. Niepce.
« Nous ferons remarquer à nos lecteurs, dit l’auteur de l’article, que M. Talbot ne donne aucun de ses procédés. vous avons acquis la certitude, en outre, que M. Niepce de Saint-Victor, qui n’a jamais cessé d’appliquer ses laborieux travaux à l’étude des précieuses découvertes de son oncle, s’est depuis longtemps mis en rapport avec M. Lemaître, l’habile graveur, l’ami et le correspondant intime du célèbre inventeur de l’héliographie; que ces messieurs; sont sur le point de mettre à exécution les moyeus arrêtés par eux pour la reproduction des épreuves photographiques sur planche d’acier; une de ces planches, préparée à cet effet et prête a recevoir l’empreinte, est dans les mains de M. Lemaître.
» Un illustre Membre de l’Académie, auquel M. Niepce a fait connaître, dés le 18 avril, les détails de son procédé, lui en a témoigné toute sa satisfaction, et l’a encouragé à persévérer dans cette voie.
» M. Lemaître, de son côté, avait présenté, il y a deux mois, au Comité des inventeurs et artistes industriels, deux épreuves de plaques d’étain, gravées en 1827 par Nicéphore Niepce. (Le procédé de l’inventeur est décrit, page 39 et suivantes, dans la brochure de Daguerre, publiée en 1839.) M. Lemaître annoncait en même temps au Comité qu’il s’étudiait, conjointement avec M. Niepce de Saint-Victor, à appliquer les procédés de Nicéphore, mais modifiés par eux, à la reproduction des épreuves photographiques sur planches d’acier.
« « M. CHEVREUL atteste l’exactitude de l’article qu’on vient de lire. Il atteste que M. Niepce lui a communiqué des résultats très-intéressants relativement à l’action de différents liquides sur des matières sensibles qu’ou a étendues sur des plaques d’acier, dans l’intention de pouvoir faire servir ensuite celle-ci à la gravure.
« M. POUILLET présente, au nom de M. B. Delessert, la deuxième livraison des reproductions photographiques de gravures des maîtres. (Voir au Bulletin bibliographique.)
A l’occasion de cette communication, M. Milne Edwards place sous les yeux de l’Académie quelques épreuves de lithographies obtenues à l’aide de la photographie, par M. Lemercier.

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