terça-feira, 6 de outubro de 2009

1853
6 de Junho
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
T. XXXVI
Nº. 23
Pag. 991, 992, 993, 994

RAPPORTS.
ZOOLOGIE. - Rapport sur un ouvrage inédit, intitulé: Photographie zoologique; par MM. ROUSSEAU et DEVERIA.
(Commissaires, MM. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Regnault, Valenciennes etMilne Edwards rapporteur.)
« L’Académie nous a chargés de lui rendre compte des essais de photographieappliquée à la représentation des objets d’Histoire naturelle que MM. L. Rousseau, aide-naturaliste au Muséum, et Dévéria, artiste attaché à la Bibliothèque impériale, ont soumis à son jugement dans la séance du 25 avril dernier.
« Les procédés photographiques mis en usage par les auteurs ne présentent rien de particulier: ce sont ceux employés dans les ateliers de M. Lemercier, par MM. Bisson, pour diverses publications artistiques dont il a été déjà question ici, et, par conséquent, il ne nous semble pas nécessaire de nousy arrêter; mais les résuhats obtenus par les auteurs sont de nature à intéresser si vivement les zoologistes, que nous croyons devoir y appeler l’attention de l’Académie. En effet, ces essais, bien qu’incomplets encore, réalisent en partie les avantages que nous espérions obtenir de l’application de la photographie aux études zoologiques, et suffisent pour montrer que, dans certains cas, cet art nouveau est susceptible de rendre aux sciences naturelles des services plus grands que ne sauraient le faire ni le dessin ni la gravure.
» Ainsi, les corps que le zoologiste a besoin de représenter offrent souvent une multitude de détails qui échappent à l’oeil nu et qui sont cependant nécessaires à montrer. Pour les mettre en évidence, le dessinateur est obligé de les grossir comme si c’était à travers une loupe qu’il les voyait, et les figures amplifiées ainsi obtenues ont rarement l’aspect de ces objets tels qu’ils se présentent d’ordinaire, dans la nature. Pour en donner une idée exacte et suffisante, le zoologiste a donc presque toujours besoin de deux sortes d’images: de figures d’ensemble non grossies et de figures de certaines parties caractéristiques plus ou moins amplifiées.
« Dans des planches photographiques bien faites, telles que les planches de l’Euryale, de l’Agaricie et ,des Fongies, présentées à l’Académie par MM. Rousseau et Dévéria, on n’aperçoit, pas plus que dans la nature, les détails de structure lorsqu’on les regarde à la vue simple, et les objets représentés conservent alors leur aspect ordinaire; mais lorsqu’on vient à examiner ces planches à l’aide d’une loupe, on y voit tous les détails que cet instrument ferait voir dans l’objet lui-même, et, par conséquent, ici une seule et même image peut tenir lieu des deux sortes de figures dont nous , venons de parler comme étant généralement nécessaires dans les ouvrages exécutés au pinceau ou au burin. Par exemple, dans les figures de Fongies données par MM. Rousseau et Dévéria, ces Polypiers sont moins grands que dans la nature, et cependant en les examinant à la loupe, on peut nou seulement compter toutes les lames dont chacun de ces corps se compose, mais distinguer les dénticulations et les autres caractères de structure que chacune des lames elle-même présente. Le dessinateur le plus habile n’aurait ni la patience ni la légèreté de main nécessaires pour reproduire fidèlement tous ces détails; or, non-seulement la photographie nous les donne, mais elle nous les donne à bas prix.»
Ces avantages de la photographie sur la gravure ne laissent pas que d’être considérables, lorsqu’il s’agit de la représentation de corps d’une structure très-complexe, comme les Polypiers et les Échinodermes; dans beaucoup de cas, il faut tenir compte aussi d’un autre fait qui, à mon avis, est plus important, et qui est une conséquence de la nature même de l’opération photographique.
« Quand le zoologiste fait un dessin, il ne représente que ce qu’il remarque dans son modèle, et, par conséquent, l’image tracée par son crayon ne traduit que l’idée plus ou moins complète qu’il s’est formée de la chose à reproduire, et il est bien rare que la figure ainsi obtenue montre nettement des caractères dont l’auteur n’aura pas tenu compte. Aussi, lorsque, par les progrès de la science, un de ses successeurs fait intervenir, dans la solution des questions zoologiques, des caractères dont le premier iconographe n’aurait pas fait usage, il est bien rare qu’il les trouve fidélement représentés dans les dessins de celui-ci; pour constater la présence ou l’absence de ces particularités de structure, il ne peut donc se contenter de l’examen des figures déjà publiées, et il est obligé d’observer à nouveau les objets en nature.
« Mais avec la photagraphie il pourrait en être autrement, car une image photographique bien faite donne, non-seulement ce que l’auteur a lui-même vu et voulu représenter, mais tout ce qui est réellement visible dans l’objet ainsi reproduit. Un autre naturaliste pourra donc y saisir des faits que le premier n’aura pas aperçus, et faire réellement des découvertes à l’aide de l’image, comme il en aurait fait en observant l’objet en nature.
« Ces considérations, et quelques autres raisons qu’il serait trop long d’exposer ici, nous ont fait vivement désirer que la photographie pût devenir d’un emploi usuel pour les zoologistes, et c’est avec satisfaction que nous avons vu un naturaliste zélé et un artiste distingué réunir leurs efforts pour arriver à ce résultat. MM. Rousseau et Dévéria sont loin d’avoir surmonté toutes les difficultés que présente l’application de cet art nouveau a l’iconographie zoologique, et peut-être reste-t-il encore quelque chose à faire pour donner à leurs épreuves toute la stabilité désirable. Mais ils nous paraissent en bonne voie, et s’ils avaient à leur disposition les instruments convenables et les moyens d’expérimentation nécessaires, nous pensons qu’ils arriveraient promptement à des résultats très-utiles pour la science.
« Ainsi, avec les instruments dont les photographes se sont servis jusqu’à présent, on ne peut guère obtenir l’image que de corps suffisamment rigides pour rester immobiles dans une position verticale, et, par conséquent, les préparations anatomiqnes des parties molles des animaux ne peuvent être convenablement disposées pour l’obtention de bonnes figures photographiques; mais, pour lever cette difficulté, il suffirait d’installer l’instrument dans une position verticale, ou d’y adapter un prisme pour recueillir le faisceau lumineux envoyé par la pièce anatomique posée à plat et. à une distance convenable au-dessous de la lentille. Il y aurait aussi beaucoup d’expériences à faire relativement au mode d’éclairage des objets, et aux moyens à l’aide desquels on pourrait peut-être corriger l’inégalité d’action de certaines couleurs sur le papier sensible. La Commission a engagé MM. Rousseau et Dévéria à s’en occuper, et comme ces essais, dont la zoologie pourrait tirer un grand profit, occasionneraient des dépenses considérables, elle a pensé que l’Académie ne refuserait pas de leur venir en aide, et elle a l’honneur de vous proposer, non-seulement d’encourager les auteurs à poursuivre leurs travaux, mais de mettre à leur disposition les instruments nouveaux que vos Commissaires considèrent comme étant nécessaires pour leurs expériences, et que la Commission administrative jugerait opportun de leur confier.
»Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.

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