terça-feira, 1 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1847

25 de Janeiro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XXIV

Nº. 4

Pag. 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123

PHOTOGRAPHIE. - Procédés employés pour obtenir les épreuves de photographie sur papier; par M. Blanquart-Évrard, de Lille.

« A l’admiration que fit naître la belle découverte de M. Daguerre, se joignit bientôt un voeu: les artistes surtout firent appel à la science et lui demandèrent les moyens de fixer sur le papier les images de la chambre noire, que M. Daguerre obtenait sur plaqué d’argent. Cet appel fut entendu: grand nombre de savants firent bientôt connaître les propriétés photogéniques de beaucoup de produits chimiques; les recettes se multiplièrent a l’infini: d’où vient qu’elles restèrent sans résultat ?

« Certes, on ne pourrait l’attribuer à l’inaction des amateurs; car, outre le piquant qu’offre toujours une nouveauté, cette nouvelle branche de photographie présentait trop d’intérêt sous le double rapport de l’art et de ses applications à l’industrie, pour ne pas réclamer tous leurs efforts. Si leurs travaux sont restés stériles, c’est qu’il y avait au fond de l’opération, telle qu’elle se pratiquait, une cause permanente d’insuccès; en d’autres termes, l’absence d’un principe pour la préparation du papier.

« Dirigeant dès lors mes recherches vers ce but, j’arrivai bientôt à reconnaître que si les résultats qu’on obtenait étaient inconstants et défectueux, donnant des images sans puissance et sans finesses, sans dégradations lumineuses et sans transparence dans les clairs-obscurs, la cause était due à une préparation incomplète et trop superficielie du papier. En effet, procédant par analogie avec la préparation sur plaqué, on se contentait de déposer sur une des surfaces du papier les principes photogéniques. Cette opération chargeant inégalement la surface du papier, celle-ci était inégalement impressionnée à la lumière, lors de l’exposition à la chambre noire. Les réactions chimiques qui suivaient cette exposition accusaient toutes ces inégalites; en outre, la préparation étant trop superficielle, l’image manquait de ton dans les parties lumineuses, et de transparence dans les demi-teintes. Cette analyse me conduisit donc à reconnaître ce principe, qu’il fallait rendre la pâte du papier photogenique, en procédant à sa préparation par absorption, de manière qu’elle recélat les principes chimiques des dissolutions, et qu’elle devînt ainsi le milieu dans lequel doivent s’accomplir les réactions chimiques, qui finalement constituent l’image photographique.

« Ce principe posé, chaque praticien peut, à son gré, choisir ses substances. De même que pour le plaque d’argent, les uns préfèrent les bromures aux chlorures, de même, pour le papier, ils seront libres de leur préference: les résultats seront relatifs, mais le principe devra être observé dans la préparation.

« A fin de faciliter les premiers travaux de ceux qui voudraient se livrer a l’étude de la photographie sur papier, je vais leur indiquer ici les moyens de préparations des epreuves que j’ai produites, et dont l’emploi leur donnera un résultat propre à les encourager à de nouvelles études.

« Pour opérer promptement, il faut employer le papier mouillé: c’est là une condition qui rend l’opération trés-difficile; car, à peine le papier est-il déposé snr la planchette du châssis, qu’il se boursouffle. Pour parer a ce grave désagrément,on a conseillé l’ardoise humide; mais cela ne retarde l’inconvénient que de quelques minutes, et, par suite, ne dispense pas de procéder à ces opérations préliminaires sur les lieux mêmes où l’on veut prendre une épreuve. A la recherche d’un moyen, je commençai a me servir d’une glace sur laquelle je déposais le papier et que je garantissais par la planchette pour former mon châssis. Un jour, par distraction, je plaçai cette glace dans mon châssis, dans le sens opposé, c’est-à-dire le papier en dedans et la glace faisant face à l’objectif dans la chambre noire. J’obtins également mon épreuve. Ce fut un trait de lumière: l’image pouvant venir derrière une glace, en pressant le papier entre deux glaces, recouvrant auparavant un des côtés du papier photogénique de deux ou trois feuilles de papier bien mouillé, je pouvais entretenir l’humidité pendant un temps considérable, et mon papier, par son adhérence à la glace, conservait toujours une surface parfaite. Je pus ainsi aller au loin prendre une épreuve et venir la terminer dans mon cabinet. Ce moyen, on le voit, lève une des plus grandes difficultés de la photographie sur papier, et rendra son exécution plus facile que celle sur plaqué.

» Toutes les préparations que je vais décrire se feront à froid, non parce que cela est préférable, mais parce que ce mode est moins assujettissant, et qu’il devient ainsi à la portée du plus modeste préparateur, auquel un coin d’appartement, bien garanti de toute lumière, pourra servir de laboratoire. Elles seront faites a la lueur d’une bougie ou d’une lampe ordinaire.

« L’opération se divise en deux parties: la première est celle qui doit donner l’épreuve de la chambre noire; elle est négative, les parties éclairées étant représentées par les noirs, et vice versâ.

« Pour cette épreuve, on fera choix d’un papier de la force des plus beaux papiers à lettres, glacé, de la plus belle pâte possible. Je me suis trouvé trés-bien de celui de M. Marion, marqué Nº. 10 B.

« On versera dans une cuvette une dissolution de 1 partie de nitrate d’argent (1) ([i]) et 30 parties d’eau distillée (toutes les parties sont désignées au poids), sur la surface de laquelle on déposera le papier, en ayant soin de ne pas enfermer de bulles d’air entre la masse du liquide et le papier (cette re-commandation s’applique a toutes les préparations ultérieures). Après une minute sur ce bain, on retirera le papier en le faisant égoutter par un des angles, puis on le déposera à plat sur une surface imperméable, telle qu’un meuble verni, une toile cirée, etc., le laissant ainsi sécher lentement, en ayant soin d’éviter tout dépot de liquide par place, ce qui serait une cause de taches aux épreuves.

« Dans un autre vase où l’on aura versé une dissolution de 25 parties d’iodure de potassium, 1partie de bromure de potassium et 560 parties d’eau distillée, on plongera entièrement ce papier pendant une minute et demie ou deux minutes, s’il fait froid, en laissant au-dessus le côté nitraté; on le retirera de ce bain en le prenant par deux coins, et on le passera ,sans le lâcher, dans un vase plus grand rempli d’eau distillée, afin de le laver et d’enlever tout dépôt cristallin qui pourrait, sans cela, rester à la surface: puis, sur un fil qu’on aura tendu horizontalement à cet effet, on suspendra le papier en faisant une corne à l’un des coins , et on le laissera ainsi s’égoutter et sécher complétement.

« Ce papier, ainsi préparé, sera recueilli dans une boîte de carton a l’abri de la lumière, et, sans être tassé fortement, il pourra se conserver pendant des mois entiers. On peut donc, dans une seule journée, se préparer le papier nécessaire à une excursion de plusieurs mois. On recueillera les excédants des liquides dans des flacons recouverts de papier noir: ils pourront servir jusqu’à épuisement.

« Lorsqu’on voudra prendre une épreuve, on versera sur une glace bien plane et bien calée sur un support qu’elle débordera, quelques gouttes d’une dissolution de 6 parties de nitrate d’argent, 11 parties d’acide acétique cristallisable et 64 parties d’eau distillée (on ne prendra que la moitié de la quantité d’eau pour dissoudre le nitrate, on versera ensuite l’acide acétique, et aprés une heure de repos, on ajoutera la seconde partie d’eau) (1) ([ii]).

« On y déposera le papier du côté qui aura été soumis, dans la première préparation, à l’absorption du nitrate d’argent; on étendra avec la main le papier, de manière que, bien imbibé partout de la dissolution, il adhére parfaitement à la glace, sans laisser de plis ni de bulles d’air. Ceci fait, on le couvrira de plusieurs feuilles de papier bien propre, trempées à l’avance dans l’eau distillée (une seule pourrait suffire si l’on avait un papier d’une très-grande épaisseur); sur ces feuilles de papier trempées, on déposera une seconde glace, de la même dimension que la première, et l’on pressera fortement dessus, pour ne former qu’une seule masse. On déposera le tout dans un châssis de la chambre noire, qu’on aura préalablement fait disposer à cet effet, et l’on ira ensuite procéder a l’exposition, comme si le châssis renfermait une plaque daguerrienne.

« Cette préparation exige une durée d’exposition qui pourra être calculée par les daguerréotypeurs , au quart de celle nécessaire pour les plaques préparées au chlorure diode. Ils tiendront compte, toutefois, de la température, et remarqueront qu’elle est une cause d’accélération non moins puissante que l’intensité luminense.

« L’exposition terminée, on déposera l’épreuve sur un plateau de verre ou de porcelaine, qu’on aura légèrement mouillé, afin que le papier y adhére plus facilement. On versera dessus une dissolution saturée d’acide gallique; à l’instant, l’image apparaîtra. On laissera agir l’acide gallique, afin que la combinaison soit plus profonde dans le papier, et que tous les détails arrivent dans les parties des clairs-obscurs; mais on arrêtera, toutefois, l’action de l’acide gallique, avant que les blancs qui doivent former les noirs de l’épreuve positive n’éprouvent de l’altération. A cet effet, on lavera l’épreuve en versant de l’eau dessus, pour la débarrasser de l’acide gallique; puis, la déposant de nouveau sur le support, on y versera une couche d’une dissolution de 1 partie de bromure de potassium et de 40 parties d’eau distillée, qu’on laissera dessus pendant un quart d’heure, en ayant bien soin qu’elle en soit toujours couverte: aprés quoi, on lavera l’épreuve à grande eau, et on la séchera entre plusieurs feuilles de papier buvard. Elle sera alors achevée, et pourra donner un nombre considérable d’épreuves positives, après que, pour la rendre plus transparente, on l’aura imbibée de cire, en en râpant une petite quantité sur le papier et la faisant fondre avec un fer à repasser, à travers plusieurs feuilles de papier a lettre, qu’on renouvellera suffisamment, afin d’enlever tout dépôt de cire a la surface de l’épreuve.

« Préparation du papier de l’épreuve positive. - On fera choix, pour cette épreuve, du papier de la plus belle pâte, le plus épais possible et parfaitement glacé.

« Dans un vase ou l’on aura versé une solution de 3 parties d’eau saturée de sel marin, dans 10 parties d’eau distillée, on déposera la feuille de papier sur une seule surface et on l’y laissera jusqu’à ce qu’elle s’aplatisse parfaitement sur l’eau (2 ou 3 minutes). Ou le séchera sur du papier buvard, en passant fortement et à reprises répétées, dans tous les sens, la main sur le dos du papier, renouvelant le papier buvard jusqu’à ce qu’il n’accuse plus aucune humidité fournie par le papier salé; il sera alors déposé snr un autre bain composé d’une solution de 1 partie de nitrate d’argent et de 5 parties d’eau distillée; on l’y laissera tout le temps qu’exigera l‘assèchement, comme il vient d’être dit, d’une seconde feuille de papier, qui aura remplacé la premiére sur le bain salé; alors, ôtant celle du bain d’argent, on l’égouttera avec soin par un de ses angles, et on la déposera sur une surface imperméable, comme pour la première préparation du papier négatif. On voit qu’en passant ainsi le papier du bain salé au bain d’argent, le préparateur ne perd pas une minute, et qu’il peut, en quelques heures, préparer une assez grande quantité de papier.

« Parfaitement sec, on l’enfermera dans une boîte ou carton sans le tasser. Il sera bon de n’en pas préparer pour plus de huit à quinze jours à l’avance, car au bout de ce temps, il se teinte, et, quoique propre encore à la reproduction des images, il n’accuse plus les blancs avec le même éclat que lorsqu’il est nouvellement préparé.

« Pour faire venir une épreuve positive, ou placera l’épreuve négative du côté imprimé sur la surface préparée du papier positif; on pressera les deux papiers réunis entre deux glaces qu’on déposera sur un châssis (planche rebordée) couvert d’un drap noir. On aura soin que la glace du dessus soit assez forte et assez lourde pour que son poids fasse pression sur l’épreuve négative, de manière qu’elle soit parfaitement adhérente au papier positif. Ceci fait, on exposera à la grande lumière, au soleil autant que possible, en cherchant à faire tomber ses rayons à angle droit sur la glace. Pour avoir de belles épreuves, il faut pousser cette exposition à son degré extrême; elle devra être arrêtée avant que les vives lumières de l’image puissent être altérées. Il suffira d’une seule expérience pour déterminer approximativement le temps d’exposition qui sera, terme moyen, de vingt minutes au soleil selon la vigueur de l’épreuve négative.

« Aprés cette exposition, on rentrera l’épreuve dans le cabinet noir et quelle qu’elle soit, on la laissera tremper un quart d’heure dans un bain d’eau douce, puis dans un autre d’hyposulfite de soude, de 1 partie d’hyposulfite de soude et de 8 parties d’eau distillée. A partir de ce moment, on pourra la regarder au jour et suivre l’action de l’hyposulfite; on verra alors les blancs de l’épreuve prendre de plus en plus d’éclat, les clairs-obscurs se fouilleront, la nuance de l’épreuve, d’abord d’un vilain ton roux et uniforme, passera à une belle nuance brune, puis au bistre, puis enfin au noir des gravures de l’aqua-tinta. L’opérateur arrêtera donc son épreuve au ton et a l’effet qui lui conviendront. Elle sera parfaitement fixée; mais, afin de la dégorger de l’hyposulfite dont l’action se prolongerait, on la lavera à grande eau, après quoi on la laissera dans un grand vase rempli d’eau, pendant tout un jour ou au moins cinq à six heures : ou séchera ensuite entre plusieurs feuilles de papier buvard.

« Ce bain, comme celui de l’hyposulfite, peut recevoir en même temps autant d’épreuves que l’on voudra.

« Les épreuves qui ne pourraient supporter l’action de l’hyposulfite au moins pendant deux heures, devront être rejetées. Ce serait une preuve qu’elles n’auraient point eté exposées assez longtemps à la lumiére, et elles ne seraient pas suffisamment fixées.

« Quelque compliquées que puissent paraitre les préparations ci-dessus décrites, on les reconnaîtra excessivement faciles lorsqu’on seraà l’œuvre, si on les compare aux préparations des plaques, on sera étonne de leur simplicité.

« L’avantage de pouvoir préparer à l’avance le papier des épreuves négatives facilitera singulièrement les excursions daguerriennes, en dispensant l’amateur d’un bagage toujours fort embarrassant, et en lui économisant le temps et le travail qu’exige le polissage des plaques qui ne peut être fait à l’avance. La facilité de ne faire venir les epreuves positives qu’au retour d’un voyage, et de les multiplier à l’infini, ne contribuera pas peu au développement de cette branche de photographie, qui réclame aussi la sympathie des artistes, puisque les résultats ne sont point, comme sur le plaqué, en dehors de leur action, et qu’ils peuvent, au contraire, les modifier au gré de leur imagination.

« Ainsi la facilité d’exécution, la certitude de l’opération, l’abondante reproduction des épreuves, voilà trois éléments qui doivent, dans un temps prochain, faire prendre à cette branche de photographie une place importante dans l’industrie; car, si elle est appelée à donner à l’homme du monde des souvenirs vivants de ses pérégrinations, des images fidèles des objets de ses affections, elle procurera aux savants des dessins exacts de mécanique, d’anatomie, d’histoire naturelle; aux historiens, aux archéologues, aux artistes enfin, des vues pittoresques, des études d’ensemble et de détail, des grandes oeuvres de l’art antique et du moyen âge, dont les rares dessins ne sont le partage que du petit nombre. »




([i]) (1) Toutes les préparations de nitrate seront conservées dans des flacons à l’abri de toute lumiére.

([ii]) (1) Cette préparation sera conservée dans un flacon bouché à l’émeri. Si, après un repos de quelque temps, il se formait un dépôt à la surface, il faudrait s’en débarrasser à chaque opération, en versant le liquide à travers un linge bien fin, ou pa tout autre moyen.

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