segunda-feira, 22 de março de 2010

Compte Rendu des Séances de L’Académie des Sciences

1842

18 de Julho

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XV

Nº.

Pag. 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125

M. Regnault communique a l’Académie, des résultats très-curieux obtenus par M. Moser, de Kœnigsberg, sur la formation des images daguerriennes, et qui lui ont été adressés par M. de Humboldt.

« On sait maintenant que lorsqu’une plaque iodée est laissée pendant un temps convenable dans la chambre obscure, on obtient une image immédiatement visible, sans avoir besoin. de passer la plaque au mercure. Mais cette image est une image inverse ou négative, c’est-à-dire que les clairs y sont représentés en noir, et les ombres, au contraire, se trouvent représentées par des clairs. Dans les expériences de M. Daguerre on n’attend pas que cette image négative paraisse; quand on retire la plaque de la chambre noire, on n’y aperçoit rien; mais la couche iodée est suffisamment affectée pour que l’image paraisse lorsqu’on expose la plaque aux vapeurs mercurielles. Il faut néanmoins pour cela que la plaque soit restée exposée un temps suffisant à la radiation.

» Les expériences curieuses de M. Ed. Becquerel ont montré qu’il suffisait d’un temps extrêmêment court pour que la pellicule iodée reçût une impression notable, laquelle n’était pas à la vérité rendue immédiatement sensible par la vapeur de mercure; mais que si la plaque était placée ensuite pendant quelque temps au soleil sous un verre rouge, la pellicule continuait à s’impressionner et l’image pouvait, après cette nouvelle action, devenir sensible par la vapeur mercurielle. De là, la distinction établie par M. Becquerel, de rayons excitateurs et. de rayons continuateurs.

» M. Moser a constaté les principaux résultats de M. Becquerel et a observé de nouveaux faits.

» Il a reconnu qu’il était nécessaire qne la plaque iodée restât exposée pendant un certain temps sous l’influence des premiers rayons, dans la chambre noire, pour que l’image pût se développer ensuite sous le verre rouge; mais que si l’on prolongeait très-longtemps l’action sous le verre rouge, on voyait apparaître directement une image négative (sans emploi de mercure).

«  M. Gaudin avait déjà reconnu que les verres jaunes sont dans cette circonstance beaucoup plus actifs que les verres rouges. M. Moser a observé ce fait curieux: une plaque iodée, qui avait séjourné dans la chambre obscure à peu près le temps convenable pour donner l’image positive ordinaire (1) ([i]) à la vapeur de mercure, fut placée au soleil sous un verre jaune; elle ne montrait alors aucune image: on vit aussitôt se former très-rapidement une image négative; celle-ci disparut au bout de quelques instants, et, après 10 à 15 minutes, il apparut à sa place une image positive.

« En employant des verres rouges, M. Moser n’a jamais pu obtenir d’image positive, quel que fût le temps de l’exposition; il a reconnu, au contraire, que cette transformation avait lieu très-bien sous les verres verts.

» M. Moser se trouve conduit à distinguer de la manière suivante l’action des divers rayons du spectre: Sur la couche iodée intacte, les rayons violets et bleus sont les seuls actifs; ils produisent un commencement d’altération qui n’est pas visible directement, mais qui le devient par l’action de la vapeur mercurielle quand cette altération est arrivée à un certain point. Mais on peut distinguer deux périodes dans cette altération progressive de la couche iodée : à la fin de la première période, la couche iodée est tellement modifiée, que les rayons rouges et orangés agissent maintenant aussi bien que les rayons bleus et violets; mais les rayons jaunes n’agissent pas encore; car, si l’on retire la plaque trop tôt  de la chambre obscure, on voit que les rayons jaunes sont tout à fait inactifs. A la fin de la seconde période les rayons verts et jaunes agissent à leur tour; la plaque est alors à peu près au point où l’image devient visible sous l’influence des vapeurs mercurielles.

» Une plaque iodée a été placée dans la chambre obscure et laissée pendant plus d’une heure dirigée sur des objets éclairés par le soleil, de manière à présenter une image négative très-distincte; cette image a été mise ensuite en plein soleil; au bout de quelques minutes l’image négative avait disparu et l’on vit apparatre à sa place une image positive tout aussi nette, dans laquelle les clairs avaient une nuance verdâtre et les ombres une couleur d’un rouge-brun foncé. M. Moser attribue ce dernier effet aux rayons jaunes et verts.

» On voit par ces expériences de M. Nasser, qu’il y a deux images qui se forment successivement et directement sur la plaque. M. Moser a cherché s’il ne s’en fortnait pas encore d’autres; pour cela il a pris deux plaques dont l’une fût passée à l’iode et ba seconde au chlorure d’iode; il plaça chacune de ces plaques dans une chambre noire particuliére dont les lentilles étaient dirigées sur des maisons éloignées; les chambres noires étaient renfermées dans une pièce complétement obscure, pour éviter l’action de la lumière diffuse. La saison était très-défavorable, on était en hiver: l’expérience fut prolongée pendant treize jours; au bout de ce temps on trouva des images positives sur les deux plaques. La plaque au chlorure d’iode présentait l’image la plus vive; elle était d’un très-bel aspect par la vivacité de ses couleurs; les clairs étaient d’un bleu de ciel bien franc et les ombres d’un rouge de feu très-intense. M. Moser regarde ces images comme étant toujours la première image positive.

« La plaque au chlorure d’iode ayant été plongée dans la dissolution de l’hyposulfite de soude, les couIeurs disparurent immédiatement, et l’on vit paraître l’image négative.

« M. Moser a fait ensuite une série d’expériences avec des rayons polarisés  clans le but de rechercher si les rayons qui produisent les images, se différentiaient sous ce rapport des rayons lumineux; il n’a pu constater aucune différence.

« En plaçant au devant de la lentille de la chambre obscure un prisme de chaux carbonatée achromatisé pour une des images et dirigeant la lentille sur une statue, il obtint deux images, parfaitement distinctes et nettes, bien  qu’une seule des deux images parût achromatique à l’oeil.

« M. Moser prit également les épreuves des anneaux colorés et des figures données par la lumière polarisée dans les plaques cristallines, verres trempés, etc., etc.; dans toutes ces circonstances les images se trouvèrent semblables à celles que l’on voit à la vue directe.

« On sait depuis longtemps que si l’on écrit avec certaines substances sur une plaque de glace bien polie, qu’ensuite on efface les caractères, et qu’on nettoie complétement la surface, les caractères reparaissent toujours quand on y projette de l’humidité par le souffle de l’haleine. M. Moser a reconnu que ce phénomène se présentait pour tous les corps polis, et quelle que soit la matière avec laquelle les caratères ont été tracés. Ainsi,on l’obtient d’une manière très-marquée en soufflant l’haleine sur la plaqne de glace, et traqant immédiatement quelques caractères avec un pinceau très-propre; si l’on vient à souffler de nouveau l’haleine dessus après que la première humidité, s’est évaporée, on voit reparaître les caractères. Le même phénomène se présente, même après plusieurs jours, à la surface du mercure, pourvu qu’on laisse ce liquide parfaitement tranquille. On l’observe aussi,en placant sur une plaque polie un écran découpé, et projetant ensuite l’haleine sur l’écran. La vapeur d’eau qui se condense à l’endroit des découpures étant évaporée, on reconnaît toujours, d’après M. Moser, en soufflant de nouveau l’haleine sur la plaque, la place occupée par les caractères à la première insufflation.

«  M. Regnault pense que, dans ces dernières expériences, la petite quantité de matière grasse qui se trouve constamment à la surface des corps, ou qui peut être envoyée par l’haleine, peut jouer un grand rôle; en se déposant différemment à la surface de la plaque, elle peut modifier suffisamment la nature de cette surface, pour que la modification devienne sensible par des réflexions inégales de lumière produites sur les dépôts inégaux de la vapeur.

» M. Moser a reconnu que la vapeur d’iode et la vapeur de mercure se prêtent très bien à la manifestation des images; dans le cas où la vapeur d’iode seule ne manifestait pas l’image, on la faisait naître ordinairement en exposant ensuite la plaque aux vapeurs du mercure.

« Une plaque d’argent fut iodée comme pour les épreuves daguerriennes. On plaça sur cette plaque des objets divers, des médailles métalliques et non métalliques. L’objet étant enlevé, on reconnaissait quelquefois immédiatement sa place; mais c’est surtout en exposant la plaque aux vapeurs de mercure que l’image paraissait d’une manière assez nette, pour que l’on put reconnaître parfaitement bien des figures, des lettres, etc.

» Cette expérience réussit tout aussi bien dans une obscurité complète, pendant la nuit, que sous l’influence de la lumièré.

» Une plaque iodée traitée de la même manière, ne présentait aucune image après l’enlèvement de l’objet; mais l’image parut immédiatement, avec la plus grande netteté, quand la plaque fut exposée à la lumière diffuse ou au soleil.

« On obtient même une image sensible sur une plaque d’argent très-bien polie et n’ayant jamais servi, sans la passer préalablement à l’iode: on l’expose, après le contact de l’objet, à la vapeur de mercure. La même expérience a réussi avec des plaques d’autres métaux.

«  M. Moser conclut de ces expériences que, lorsqu’une surface a été touchée dans certaines parties par un corps, elle a acquis la propriété de condenser les vapeurs des substances qui ont pour elle une certaine force d’adhésion, d’une autre manière dans les parties touchées que dans celles  qui n’ont pas été au contact. De sorte que le contact aurait produit ici une modification analogue à celle de l’action de la lumière.

«  Parmi les expériences faites par M. Moser, je citerai la suivante: Une plaque d’argent fut iodée pendant la nuit et dans une obscurité complète; on plaça ensuite sur la plaque une médaille taillée en agate, une plaque métallique gravée, un anneau en corne, etc. La plaque fut ensuite soumise aux vapeurs mercurielles; on vit apparaître les images parfaitement nettes des figures gravées sur l’agate, des lettres gravées sur la plaque métallique de l’anneau, etc.

» Des plaques traitées de la même manière furent exposées, après le contact, à la lumière diffuse ou à la lumière solaire, et l’on vit apparaître directement des images tout aussi nettes. Enfin les expériences furent faites en  exposant la plaque impressionnée, sous des verres colorés aux radiations solaires : on n’obtint que des traces d’images sous les verres rouges et jaunes; les images furent, au contraire, très-nettes sous les verres violets.

« Une plaque d’argent, qui n’avait pas encore servi, fut polie avec le plus grand soin, puis placée sous un écran noir dans lequel on avait découpé des caractères; l’écran ne touchait pas la plaque. L’appareil fut placé pendant plusieurs jours à la lumière solaire. La plaque ayant été ensuite exposée aux vapeurs mercurielles, l’image des découpures parut d’une manière parfaitement nette.

« La même expérience réussit très-bien avec une plaque de cuivre, en l’exposant ensuite à la vapeur d’iode.

« Enfin on obtint le même résultat sur une plaque de glace en projetant dessus l’haleine, après le contact.

» Les expériences précédentes montrent qu’au contact il se forme à la surface des corps polis des modifications analogues à celles que ces corps éprouvent sous l’influence de la lumière. Mais voici un résultat bien plus extraordinaire de M. Moser: c’est que le même phénomène se produit dans l’obscurité la plus complète, par les corps placés à distance. M. Moser énonce ce fait de la manière suivante: Lorsque deux corps sont suffisamment rapprochés, ils impriment leur image I’un sur l’autre.

« Les expériences ont été faites dans une obscurité complète, la nuit; les plaques et les corps produisant image, étaient placés dans une boîte fermée, située elle-même dans une chambre complétement obscure. Les images paraissaient quelquefois au bout de dix minutes d’action.

» M. Moser a cherchdé si la phosphorescence jouait un rôle dans ce phénomène; il n’a pu observer aucune différence entre l’action d’un corps laissé depuis plusieurs jours dans une obscurité complète et celui qui venait d’être exposé à l’action des rayons solaires. Ce résultat fut très-net pour une plaque d’agate qui fut exposée au soleil, la moitié de sa surface étant garantie des rayons solaires. Il fut impossible de distinguer sur l’image obtenue au moyen de cette agate sur une plaque d’argenr polie, la partie soumise à l’insolation, de la partie qui était restée couverte.

«  Les vapeurs ne sont pas essentielles pour manifester ces phénomènes. Ainsi, une plaque d’argent iodée étant soumise, dans l’obscurité complète, à l’action d’un corps placé à petite distance, pendant un temps suffisant, on voit paraître l’image; les parties qui ont été le plus influencées sont noircies , d’une manière très-sensible.

» La seule maniére d’expliquer la formation d’images distinctes dans ces circonstances, si on l’attribue à des radiations, consiste évidemment à admettre que ces radiations diminuent extrêmêment rapidement d’intensité avec l’obliquité, C’est, en effet, ce qu’admet M. Moser.

«  M. de Humboldt annonce, dans sa Lettre, que les expériences de M. Moser sur la formation des images dans l’obscurité, au contact et à petite distance, ont été répétées avec plein succès à Berlin par M. Aschersohn, en sa présence et en celle de l’astronome M. Encke.

«  Une vignette gravée en creux dans une plaque d’alliage métallique a été placée sur une plaque d’argent parfaitement polie et non iodée, et laissée pendant 20 minutes : l’image était peu marquée, mais elle est devenue plus nette en iodant la plaque et la passant ensuite au mercure. Dans une autre expérience, on a placé sur la plaque d’argent polie un camée en cornaline portant une inscription; les lettres étaient parfaitement lisibles sur l’image.

clip_image001» M. Aschershon a obtenu des traces d’images trés-distinctes en plaçant la plaque d’alliage gravée, à une distance d’environ un tiers be ligne de la plaque d’argent. »



([i]) (1) On donne le nom d’image positive ou directe à celle dans laquelle les clairs sont représentés par des clairs et les ombres par des noirs, comme dans nos dessins ordinaires.

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