segunda-feira, 17 de maio de 2010

COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

1840

16 de Março

COMPTES RENDUS  DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

Janvier-Juin

T. X

Nº. 11

Pag. 469, 470, 471

CHIMIE APPLIQUEE. - Note sur un papier impressionnable à la lumière, destiné à reproduire les dessins et les gravures; par M. Ed. Becquerel.

 

« Peu après la découverte de MM. Niépce et Daguerre, on a recherché différents papiers impressionnables à la lumière; à ma connaissance il n’y en a que deux ou trois qui donnent des dessins dans le même sens que la nature, c’est-à-dire qui représentent les ombres par les ombres et les clairs par des clairs. M. Bayard est parvenu à former un de ces papiers, et dans une des dernières séances de l’Académie, il a exposé le procédé à l’aide duquel il reproduisait depuis quelque temps les dessins de la chambre obscure. La préparation de ce papier exige l’emploi du nitrate d’argent.

» Il y a plusieurs mois, M. Ponton fit connaître un papier sensible; sa préparation consiste à plonger une feuille de papier dans une solution de bichromate de potasse, de faire sécher le papier et de l’exposer ainsi à la lumière; alors l’action de l’acide chromique sur le papier est telle, que les parties exposées au rayonnement se colorent peu à peu en prenant successivement les couleurs jaune foncé, puis bois foncé; ensuite, si l’on plonge le papier dans l’eau, tout le bichromate qui n’a pas été exposé à l’action solaire est dissous, et l’on n’a d’imprimées sur le papier que les parties qui ont été exposées à la lumière. A l’aide de ce papier, M. Ponton a copié des gravures avec avantage. On. obtient ainsi une représentation faible des objets, les ombres étant représentées par des clairs, et vice versa, comme avec des papiers de chlorure ou de bromure d’argent. En étudiant l’action de l’acide chromique sur les matières organiques sous l’influence de la lumière, action sur laquelle je travaille en ce moment, j’ai été conduit à continuer le procédé de M. Ponton et je suis parvenu à produire un nouveau papier de manière à représenter dans le dessin produit par l’action du rayonnement solaire, les ombres par des ombres et les clairs par des clairs, et à donner non-seulement une autre teinte au dessin, mais encore plus de vigueur. Il suffit de plonger un papier préparé à la manière de M. Ponton et sur lequel il existe une représentation faible d’un dessin ; dans une dissolution alcoolique d’iode, de laver ce papier dans l’eau puis de le faire sécher ; alors les parties qui étaient blanches deviennent bleues et celles qui étaient jaunes restent plus ou moins claires.

« Voici le détail et l’explication de ce procédé; ayant employé djfférentes sortes de papiers enduits de bichromate, je reconnus qu’ils n’étaient pas tous aptes à produire rapidement les dessins; que le mode de collage influait sur leur coloration à la lumière, et qu’avec du papier non collé cette coloration ne s’effectuait qu’à la longue; dés-lors je m’apercus que la principale réaction avait lieu de l’acide chromique contenu dans le bicbromate sur l’amidon qui entrait dans la colle du papier; alors comme l’amidon a la propriété de former avec l’iode une combinaison d’un très beau bleu, je pensai que sur les_parties du papier qui n’avaient pas été exposées à l’action des rayons solaires, l’ramidon ne s’étant pas combiné avec l‘acide chromique, l’iode devait former l’iodure bleu et représenter ainsi les ombres par des ombres.

» Quand on vent, à l’aide de ce procédé, copier une gravure, on doit adopter la marche que j’ai suivie; on s’assure d’abord que le papier est bien collé et que l’amidon est répandu uniformément à sa surface; pour cela on le trempe dans une légère dissolution alcoolique d’iode, puis on le lave à grande eau: par cette seconde immersion, il doit prendre une belle teinte teinte bleue que la première immersion ne lui donnait bas. Si cette teinte est uniforme, on juge le papier convenable à l’expérience; dans le cas contraire on pourrait le coller soi-même à l’amidon. Le papier à la mécanique convient mieux que les autres pour cet objet.

» On le trempe ensuite, comme l’a indiqué M. Ponton, dans une solution concentée de bichromate de potasse; puis pour que le papier soit teint d’une manière uniforme, aprés quelques instants d’immersion, on le comprime fortement entre des feuilles de papier brouillard, puis on le fait sécher, soit en le laissant dans du papier brouillard à l’obscurité, soit en l’approchant du feu. Ce papier, pour être bien impressionnable,doit être très sec. Quand il est ainsi enduit de bichromate, on l en verre e place sur une planche,puis on le couvre de la gravure que l’on veut copier, en ayant soin que le coté du dessin soit appliqué sur le papier sensible, et avec une plaque en verre munie de vis de pression, on presse ces deux papiers l’un contre l’autre, et on les expose ainsi aux rayons solaires. Après un temps qui varie de 30 secondes à 15 minutes, suivant l’épaisseur du papier de la gravure, le dessin est assez marqué (à la lumière diffuse ce temps serait plus long). On enlève la gravure, on lave le papier, puis ou le fait sécher. Quand il est sec, on le trempe dans une légère dissolution alcoolique d’iode, et ensuite, lorsqu’il y a séjourné quelque temps, on le lave dans l’eau et on le fait sécher avec soin dans du papier brouillard, mais pas au feu, car à un peu avant 100º l’iodure d’amidon se décolore. Si l’on juge que le dessin n’est pas assez marqué, on répète plusieurs fois cette immersion; on peut par ce moyen obtenir l’intensité de ton que l’on veut donner au dessin, intensité que l’on ne pourrait pas changer à volonté en employant une dissolution d’iode plus concentrée.

« Quand le papier est humide, les ombres sont d’un très beau bleu, mais quand il est sec, la couleur devient violet foncé. J’ai reconnu que lorsqu’il est encore humide, si on le recouvre d’une couche de gomme arabique, la couleur du dessin se conserve en grande partie et est plus belle quand il est sec. Quand un papier est ainsi préparé, dans les premiers instants il perd un peu de son ton, mais ensuite il conserve sa teinte violacée.

«  Au moyen de ce procédé, on copie avec fidélité des gravures et des dessins, et cela à un très bas prix, car la préparation est très peu dispendieuse et d’une facile exécution. Toutefois la vigueur du dessin produit n’est pas aussi grande que celle de la gravure, mais il n’en a pas la sécheresse. Les demi-teintes sont fidèlement reproduites, et cette copie se rapproche d’un dessin à l’estompe.

» L’Académie pourra juger de l’exactitude des faits d’après les épreuves que j’ai l’honneur de mettre sous ses yeux, et qui ne sont que des premières productions d’un procédé qui pourra être perfectionné.

» Les essais que j’ai tentés pour reproduire les images de la chambre obscure au moyen de ce papier impressionnable, n’ayant pas encore donné de résultats satisfaisants, je n’en entretiendrai pas l’Académie.

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