segunda-feira, 21 de junho de 2010

1839, 11 de Setembro - JOURNAL DES BEAUX ARTS

1839

11 de Setembro

JOURNAL DES BEAUX ARTS

Année 5 / Volume 1 / nº7

Pags.97 - 100

EXPERIENCE DU DAGUERRÉOTYPE ET PERFECTIONNEMENT.

 

Comme nous l'avons déjà dit, l'emploi du Daguerréotype présente quelques difficultés de manipulation pour les hommes étrangers à la science chimique. À cet égard, et puisque le gouvernement a indemnisé MM. Daguerre et Niepce, pour que leur invention devînt une propriété publique, il était nécessaire qu'une explication plus détaillée, une démonstration plus complète en eût lieu; qu'un cours public fût fait, que des leçons pratiques fussent données, soit par M. Daguerre, soit par quelques-uns de ceux que cet artiste a intimêment initiés à son secret. Les personnes qui veulent se servir du Daguerréotype sont assez embarrassées, et d'autant plus que M. Daguerre s'est beaucoup plus adressé aux savans qu'aux artistes; que l'Académie des Beaux-Arts, qui aurait dû être consultée, appelée à examiner, a été entièrement oubliée, et qu'il semblait enfin que l'inventeur a été plus jaloux d'être utile aux sciences qu'aux arts du dessin.

C'est ce que l'esprit judicieux de M. Daguerre a bien senti. Aussi s'est-il empressé d'annoncer des expériences faites par lui-même au palais du quai d'Orsay. L'une a déjà eu lieu le 7 septembre; deux autres suivront les 11 et 14 de ce mois; à midi. A ces séances on n'est admis que par billets; mais nous espérons que d'autres, entièrement publiques, auront lieu plus tard. Enfin, M. Daguerre vient de faire paraître une brochure qui se vend chez Delloye, place de la Bourse, n° 13, et où il donne les détails descriptifs de son procédé. Nous reviendrons sur cette brochure ; en attendant, voici le résultat de l'expérience faite le 7 septembre, au palais du quai d'Orsay.

M. Daguerre a préparé une plaque, en indiquant comment il faut s'y prendre pour qu'elle réunisse toutes les conditions nécessaires. Tout se trouve apprêté dans la boîte : la plaque de cuivre recouverte d'une feuille d'argent, l'huile d'olives et le coton cardé pour le polissage. La plaque étant polie, on la dégraisse avec un tampon du même coton, sec d'abord, puis légèrement imbibé d'acide nitrique, une partie d'acide sur 16 parties d'eau distillée. Quand l'acide a été également étendu, une nimbe légère couvre la surface du métal, sur laquelle on promène de nouveau la poudre de ponce fine, pour la frotter ensuite avec une ouate de coton qui n'ait pas servi. Alors, un trépied à branches mobiles se dresse pour recevoir la plaque que l'on échauffe à la flamme de l'esprit de vin, jusqu'à ce que l'argent se voile d'une couche blanchâtre. Ceci fait, on la refroidit brusquement en la déposant sur le marbre, et le polissage recommence avec la ponce et le coton. On frotte de nouveau la plaque avec de l'acide étendu d'eau, et l'on répète trois fois l'opération du brunissage comme du lavage à l'acide.

Il faut ensuite exposer la plaque à la vapeur de l'iode. Une nouvelle boîte fournit à cette préparation. L'iode, placé au fond, dans une capsule, élève les émanations jusqu'à la plaque qui s'adapte à l'orifice de la boîte, assujettie sur une petite planchette avec quatre bandes de métal, et on a soin de l'enlever aussitôt que l'argent se couvre d'une belle teinte d'or. L'opération se fait dans l'obscurité; seulement on ménage un jour dans l'appartement pour s'assurer de la coloration suffisante. La planchette, alors toujours tenue à l'ombre, s'emboîte dans un nouveau châssis qui s'adapte à la chambre noire, pour passer après quelques minutés (14 minutes ce jour-là) dans l'appareil qui contient le mercure. Là également tout se trouve préparé, sans qu'il soit besoin d'autres calculs. La planchette se repose sur un cadre qui lui donne l'inclinaison voulue de 45 degrés; une lampe à esprit de vin échauffe la capsule du mercure, et un thermomètre visible à l'extérieur, qui plonge dans la capsule, indique le moment où la chaleur atteint 60 degrés centigrades. Dès-lors l'expérience est terminée. On éteint l'esprit de vin, et peu à peu l'image devient distincte à l'oeil.

La chambre obscure avait été placée sur un balcon de l'hôtel du quai d'Orsay ; elle était tournée du côté des Tuileries, longeant le Louvre jusqu'à la hauteur du Pont-Neuf. Comme le temps était souvent nuageux, il a fallu laisser pendant 14 minutes la plaqué exposée à l'action de la lumière. Les Tuileries, le Louvre, le Pont-Royal, la rivière, se sont trouvés reproduits avec une vigueur extraordinaire et une très grande netteté. Les accidens, les petits détails, tout était reproduit avec la fidélité d'un miroir.

Les dessins obtenus par le procédé de M. Daguerre ont l'inconvénient de se détériorer par le frottement, ce qui exige qu'ils soient mis sous verre. M. Dumas a cherché à les rendre inaltérable au moyen d'une couche de vernis qu'il coule à chaud sur la plaque où est le dessin. Ce vernis se compose d'une partie de dextrine (substance provenant de l'amidon) et de 5 parties d'eau. La modification qu'en éprouve le dessin est très légère ; on la compare à celle d'une gravure après la lettre comparée à celle avant la lettre. Ce procédé permet aux graveurs de calquer le dessin de la lumière.

De plus, M. Dumas substitue à la planche de plaqué, une planche plus mince de cuivre argenté, ce qui est suffisant, puisque la lumière n'agit que sur la couche d'argent. Peut-être d'autres matières argentées, telles que du carton, du papier, pourraient réussir également.

Le Daguerréotype recevra certainement de nouvelles améliorations. Nous nous empresserons de les faire connaître.

Sem comentários:

Enviar um comentário