segunda-feira, 30 de agosto de 2010

1839, 20 de Janeiro - JOURNAL DES BEAUX ARTS

1839

20 de Janeiro

JOURNAL DES BEAUX ARTS

Année 6 / Volume 1 / nº2

Pags. 17 - 19

CHRONIQUE.

Le Daguerrotype.

Tout le monde connaît la chambre obscure, appareil qui reflète une image à travers un verre convexe sur une surface blanche, dans un lieu qui ne reçoit de lumière que par ce verre. Là, sur cette surface, se peignent les objets extérieurs; mais ils ne s'y gravent point: ce tableau fugitif disparaît entièrement au grand jour. Voici M. Daguerre, qui, lui, force la nature elle-même à donner à ces images une empreinte fixe et stable, même quand elles sont hors des rayons lumineux qui les ont produites et des objets qu'elles retracent. Ainsi, par son procédé, ce sont les rayons solaires qui ont servi de pinceau, qui ont dessiné ou plutôt calqué les objets avec toutes leurs nuances de jours, d'ombres, de demi-teintes, avec une exactitude poussée jusqu'aux plus petits détails. Et l'opération se fait aussi vite qu'exactement : fait-il un soleil d'été ? cinq minutes environ suffisent ; quelques - unes de plus sont nécessaires si l'automne ou l'hiver affaiblissent les rayons solaires. Tout le secret de l'invention réside dans un enduit dont est couvert le subjectile sur lequel se posent ces rayons lumineux. Le sulfate d'argent, par exemple, noircit au contact de la lumière, de telle sorte que l'image qu'il donne rend en noir les parties éclairées et en clair les parties ombrées; mais ce n'est pas cette matière qu'emploie M. Daguerre , car ses tableaux répètent la nature ombre pour ombre, clair pour clair, demi-teinte pour demi-teinte. D'ailleurs, sur le sulfate d'argent, la lumière n'opère qu'avec lenteur , tandis que l'appareil de M. Daguerre agit presqu'instantanément.

Ainsi donc, et la science l'ignorait , il est une substance douée d'une telle sensibilité que, non seulement elle se pénètre aussitôt de la lumière, mais qu'elle en conserve l'impulsion, qu'elle opère à la fois comme l'air et comme le nerf optique , comme l'instrument matériel de la sensation et comme la sensation même !

La nature en mouvement ne peut pas se rendre par le procédé de M. Daguerre. Dans une des vues de boulevart qu'il a produites, il est arrivé que tout ce qui marchait ou agissait n'a pas pris place dans le dessin: de deux chevaux de fiacre en station , l'un aremué la tète pendant l'opération ; cette tête manque. Les arbres se rendent très bien, mais leur couleur, à ce qu'il paraît, met obstacle à ce que les rayons solaires les reproduisent aussi vite que les maisons et autres objets d'une autre couleur. Il en résulte, malheureusement, que quand les maisons sont achevées dans le dessin, les arbres ne le sont pas, et que lorsque les arbres le sont, les maisons sont trop finies. La nature morte, l'architecture, voilà le triomphe du Daguerrotype.

Ajoutons que la ressemblance des effets obtenus par ce procédé, tient de ceux donnés par la gravure au burin et plus encore de la gravure à la manière noire. Quant à la vérité, ils sont au-dessus de tout.

M. Daguerre avoue généreusement que la première idée de son procédé lui a été fournie, il y a quinze ans, par M. Niens, de Châlons-sur-Marne, mais dans un tel état d'imperfection qu'il lui a fallu un long et opiniâtre travail pour arriver au but qu'il a atteint.

M. Daguerre doit donner des expériences publiques de sa découverte; lorsqu'elles auront lieu, nous reviendrons à ce procédé important pour les arts des dessins.

En attendant, nous rappellerons que les galeries du Louvre sont fermées à l'étude à compter du 20 janvier………..

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