1835 | L’ARTISTE Vol. X 1ª. Serie 11e Livraison Pag. 110, 111 | DIORAMA. LA VALLÉE DE GOLDAU. M. Daguerre vient d'ajouter une magnifique toile à toutes celles qu'il nous a déjà fait admirer. Il est impossible de mettre dans une entreprise d'art plus d'activité, d'intelligence et de dévoûment que M. Daguerre en a porté dans la sienne. Avec les seules ressources de son talent, il est parvenu à créer et à faire prospérer un des établissemens les plus curieux et les plus utiles de la capitale. D'abord peu compris du public, peu soutenu, n'ayant rencontré aucun secours dans le gouvernement, M. Daguerre a surmonté tous les obstacles, a réussi à obtenir la vogue du public; et, sans s'arrêter à ces succès si bien mérités, il a toujours cherché à perfectionner son art. Aujourd'hui, la peinture du Diorama est arrivée au plus haut degré possible d'illusion, grace surtont aux effets de jour et de nuit, produits sur la même toile par la décomposition de la lumière, à l'aide du nouveau procédé inventé par M. Daguerre. Le Bassin de Gand et la Messe de minuit à Saint-Étienne-du-Mont nous ont déjà montré toute la surprise et les miraculeux effets de ce procédé; M. Daguerre vient de l'appliquer encore à la peinture de la vallée de Goldau, en Suisse. On peut voir maintenant sur ces trois belles toiles, différentes par le sujet, la scène, l'aspect pittoresque, toute la magie de cette ingénieuse invention. Dans le Bassin de Gand, les eaux, le ciel, les monumens se transforment avec toutes les dégradations de la lumière et vous présentent tous les accidens variés, toutes les teintes successives de la nuit et du jour. Dans Saint-Étienne-du-Mont, vous n'avez pas seulement le changement de lumière qui modifie le vaisseau, sa couleur, son aspect, mais sur une, toile immobile la mobilité d'un drame, l'apparition soudaine et la disparition de personnages, toute l'action solennelle, recueillie d'une messe de minuit. Cette découverte de M. Daguerre est d'autant plus précieuse, que ce qui nuisait essentiellement à la peinture du Diorama, c'était l'absence de vie, de modification, de mouvement, l'absence de la figure humaine, qui anime et complète tout paysage, tout monument. Le nouveau tableau de M. Daguerre réunit tous ces avantages; il représente un éboulement arrivé dans la vallée de Goldau, le 2 septembre 1806. Dans l'effet du jour, vous voyez la vallée telle qu'elle était avant l'éboulement; cette vallée était alors une des plus belles de la Suisse. Vers le centre du tableau, on aperçoit le village de Goldau; plus loin se dessine, sur le lac de Zoug, le grand village de Art. A droite, est la montagne de Rouffiberg, qui en partie a écroulé; à gauche, le mont Righi, dont la hauteur est de 5,676 pieds, Cet effet est admirablement exécuté pour la transparence de l'air et du ciel, la solidité et la vérité de la couleur, l'immensité de la perspective. Je voudrais cependant un peu moins de crudité dans le ton des arbres du premier plan. La vapeur des lacs joue autour des rochers et les enveloppe au sommet comme d'un voile de gaze. L'aspect enchanteur de ce paysage est tout à coup modifié par des éclairs merveilleusement rendus dans le lointain; la nuit s'avance, les habitans du village sortent des maisons, une catastrophe se prépare; ils sont agenouillés et implorent le Ciel; dans cet effet de nuit on aperçoit, à la clarté de la lune, la vallée, telle qu'elle était immédiatement après l'éboulement. Le 1 et le 2 septembre, il avait plu en abondance; déjà dans la matinée les personnes qui demeuraient dans le voisinage du Gnypenspitz entendirent du bruit et un craquement dans la montagne: on aperçut aussi ailleurs, en divers endroits, d'autres phénomènes singuliers. Enfin, à cinq heures du soir, les couches de Breche, qui s'étendaient entre le Spitzbuel et la Steinbergerfloue, se détachèrent de la montagne et se précipitèrent avec fracas dans la vallée, d'où leurs débris remontèrent le long de la base du Righi. La largeur de ces couches était de 1,000 pieds, leur hauteur de 100 pieds, et leur longueur de près d'une lieue: en cinq minutes ces contrées si charmantes et si fertiles furent changées en un désert affreux. On compte 449 individus écrasés sous les décombres. Tel est le spectacle que nous présente le tableau de M. Daguerre dans l'effet de nuit. Quand on songe qu'une transformation aussi complète est produite sur la même toile, sans changer aucune de ses parties, par la seule modification de la lumière, il faut admirer et la simplicité de ce procédé, et la grande intelligence de son art qu'il suppose dans l'auteur, et toutes les ressources que présentent l'association de la peinture, de l'optique et de la mécanique, employées par un talent aussi elevé, aussi habile et aussi consciencieux que celui de M. Daguerre. Il serait à désirer que cet ingénieux artiste pût obtenir un local plus vaste qui lui permît de conserver plusieurs de ses toiles. Le Diorama pourroit devenir un Musée d'architecture et un voyage. Le public a compris toute l'importance et l'attrait de ce bel établissement; le gouvernement ne devrait-il donc pas aussi venir en aide à M. Daguerre et lui donner un appui qui serait tout à la fois et une récompense de ses beaux travaux, et un moyen de les développer ? |
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quarta-feira, 1 de setembro de 2010
1835 - L’ARTISTE
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Daguerre (Louis Jacques Mandé) 1787-1851,
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