domingo, 29 de março de 2009

1874, 5 de Junho - Buletin de la Société française de Photographie

1874
5 de Junho
Buletin de la Société française de Photographie
T. 20
Nº. 6
Pag. 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154
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M. Davanne, au nom de M. Rodrigues, de Lisbonne, fait la Communication suivante:
M. Rodrigues, directeur de l'atelier photographique du gouvernement de Portugal, Direction du service géographique et géodésique, demande l'ouverture du pli cacheté qu'il a remis à la Société le 12 décembre 1873.
Ce pli renferme la descriplion d'un procédé de Photographie à l'encre grasse, basé sur l'emploi de feuilles d'étain très-minces; dans une lettre particulière, M. Rodrigues donne des renseignements plus étendus sur son invention et sur les avantages que présente l'emploi des feuilles métalliques.
Une des premières questions dont s'occupa l'inventeur, aussitôt après l'installation par ses soins de l'atelier photographique dont il a la direction, fut de résoudre d'une manière aussi parfaite qu'il lui serait possible la question des reports lithophotographiques. En effet, une grande partie des travaux qui lui étaient confiés pouvaient être exécutés par ce procédé.
Le report que l'on fait ordinairement an moyen de feuilles de papier préparées présente des imperfections provenant des dilatations et des contractions inégales de la feuille de papier sons l'influence de l'humidité et de la sécheresse; du grain du papier qui ressort toujours sous l'action de l'eau, quelquefois d'un manque de contact parfait entre le cliché et la feuille de papier, surtout pour les grandes dimensions, et de l'écrasement du trait sous la pression nécessaire au report.
M. Rodrigues pensa que l'emploi de feuilles de métal minces et bien polies permettrait d'obvier aux deux premiers inconvénients, et il fit une Communication à la Société de Photographie sur la substitution de feuilles de zinc de très-faible epaisseur au papier de report ordinairement employé. Mais, s'il put se garantir ainsi du grain et des déformations, il restait encore le manque de contact et l'écrasement du trait; ce fut alors qu'il essaya des feuilles d'étain aussi minces que peuvent le permettre les manipulations, et, tout en conservant les premiers avantages, il eut ainsi une feuille qui se juxtapose au cliché d'une manière rigoureuse; au moment du report, ce métal très-mince vient se mouler autour de 1'épaisseur presque inappréciable des traits produits par l'encreb de report: il les encaisse pour ainsi dire et les protége contre l'écrasement.
Après ces appréciations générales, M. Rodrigues décrit le mode d'opérer de la manière suivante:
» L'étain que nous employons n'est pas plus épais qu'une mince feuille de papier; le plus mince est le meilleur, pourvu que, par suite du laminage, il ne soit pas trop percé de points à jour et que la manipulation ne devienne pas trop difficile. Les raisons données plus haut expliquent la nécessité de feuilles très-minces et très-souples pour obtenir la finesse et la netteté des reports.
» La feuille d'étain à préparer est d'abord satinée sous une faible pression sur une pierre lithographique non polie, mais très-finement grainée et peu poncée; une trop forte pression rend le métal moins souple et augmente sa tendance à se déchirer; l'emploi d'une pierre trop polie empêcherait la mixture sensible d'adhérer parfaitement au métal, tandis qu'un grain trop prononcé altérerait la finesse du dessin et faciliterait la formation des taches sous le rouleau d'encre grasse.
» La feuille satinée doit être ensuite nettoyée et, pour faciliter cette opération, il est nécessaire de la mettre sur un support. On prend à cet effet une plaque de zinc bien plane et bien polie, telles qu'on les prépare pour la gravure; on mouille la surface avec un peu d'eau, on y applique la feuille d'étain comme on couche une feuille de papier positif sur le bain d'argent, en ayant soin de ne pas produire de pli, de relever la feuille et de l'appliquer de nouveau s'il s'en produit quelques-uns, et, si l'on ne peut les éviter, on les réduit le mieux possible en les comprimant sur la feuille de zinc, et l'on complète la superposition des deux faces métalliques en pesant légèrement sur la surface avec un tampon de coton entouré d'un linge fin et imbibé d'eau.
» Si la surface de l'étain paraît bien propre, on se contente d'y passer un tampon fin imbibé d'une solution de potasse ou de soude à 10 pour 100; s'il est nécessaire d'employer un mode de nettoyage plus énergique, on ajoute un peu de craie bien lévigée la lessive de potasse ou de soude; on lave ensuite avec soin pour enlever toute trace de craie et de lessive alcaline, et au moyen d'un pinceau très-doux on étend sur l'étain la solution de gélatine bichromatée.
« Cette solution est composée de: gélatine de belle qualité, 40 grammes; eau, 500 centimètres cubes; on laisse gonfler, puis on achève la dissolution au bain-marie. On prend d'autre part 20 grammes de bichromate d'ammoniaque qu'on fait dissoudre dans une même quantité d'eau (500 centimètres cubes); quand les deux solutions sont tiédes, on les mélange et on les filtre soit sur une petite éponge, soit sur un double de flanelle serrée.
» La meilleure gélatine est celle qui, dans ces conditions, se prend encore en gelée à une temperature de 20 à 25 degrés, sans être cependant trop difficilement soluble.
» Cette mixture, étendue avec le pinceau, doit donner une couche parfaitement homogène: on l'égalise avec an blaireau; la surface métallique doit présenter alors une couleur ambrée très-régulière, sans stries, et, lorsqu'on la relève, la solution ne doit pas quitter le métal par places, ce qui indiquerait un mauvais nettoyage. Il faut éviter avec soin les bulles d'air, qui formeraient autant de points blancs, et les poussiéres, dont chaque grain absorberait autour de lui, par capillarité, la mixture encore liquide, en laissant, après dessiccation, un cercle très-affaibli de préparation.
« Tant que la gélatine bichromatée est à l'état liquide, elle n'a aucune sensibilité, par conséquent les préparations qui précèdent peuvent être faites à la lumière du jour; mais, aussitôt que la glatine fait prise, la sensibilité commence et le reste des opérations doit se continuer dans le laboratoire éclairé par des verres jaune-orange.
» II est nécessaire que la dessiccation de la couche sensible soit rapidement faite, pour empécher la cristallisation du sel de chrome et les différences d'égalité qui pourraient s'établir dans l'épaisseur; pour sécher vivement, on chauffe la plaque de zinc, soit au gaz, soit à l'étuve, en prenant la précaution de la maintenir bien horizontale. Quand la surface de l'étain est suffisamment séche, on sépare la feuille de son support, on la retourne sur un bristol fort, et l'on chauffe de nouveau pour vaporiser l'eau qui établissait le contact. La feuille est alors prête pour l'exposition.
« Bien que la surface sensible puisse se conserver pendant deux ou trois jours, le mieux est de l'employer le jour même de la préparation.
» On se sert pour l'exposition d'un châssis positif ordinaire, on étend la feuille d'étain sur le négatif, on assure un contact parfait en passant légèrement, à plusieurs reprises, un rouleau garni de flanelle, on maintient le contact comme pour les épreuves positives ordinaires, avec un peu plus de pression, et l'on expose.
« Il est préférable d'exposer directement et perpendiculairement aux rayons du soleil; la pose varie alors de cinq à douze minutes; il faut au moins trois fois plus de temps à la lumière diffuse. Lorsque le cliché a des fonds suffisamment opaques, on peut exagérer la pose sans inconvénient; mais c'est le contraire si les fonds sont transparents ou si le cliché est voilé: dans ce cas la réussite est plus difficile, il faut opérer de préférence avec une faible lumière.
» L'encrage de l'épreuve exposée peut être retardé jusqu'au lendemain, mais il sera toujours préférable de faire ce développement dans un court délai.
» Pour encrer l'épreuve, ce qui équivaut au développement, on commence par immerger la feuille d'étain dans un bain abondant d'eau froide, le dessin en dessus, et on l'applique toute mouillée sur une pierre lithographique bien dressée et destinée à servir de support pour l'encrage. On a soin, dans cette application, qu'il ne se produise aucun pli, et le dessin doit être en dessus. On passe alors le rouleau de flanelle pour bien égaliser la surface et chasser les épaisseurs d'eau interposées; quelquefois on applique un buvard bien mouillé, afin que l'absorption de l'eau se fasse régulièrement; puis on passe et repasse, sur la surface gélatinée, un rouleau d'imprimeur chargé bien également d'un mélange de trois parties d'encre de report pour une partie d'encre d'impression. Cette manipulation demande une main exercée, elle est délicate et réussira d'autant mieux qu'elle sera confiée à un ouvrier plus habile; le rouleau doit etre très-bien fait: il faut le charger de peu d'encre à la fois et la renouveler fréquemment, et l'on ne doit employer 1a gomme que comme exception.
« Pendant cette opération, il peut se présenter differents accidents: l'encrage se fait d'abord lentement; si cependant il se faisait avec trop de difficulté, c'est qu'il y aurait excès d'eau ou insuffisance de pose; on peut remédier à ce défaut par l'emploi d'une encre plus grasse et plus liquide, mais le mieux est de recommencer.
» Si la surface d'étain se salit dans les fonds, on la recouvre avec un peu de colle d'amidon diluée ou avec une solution très-faible de gomme arabique, ou bien on frotte les taches avec une éponge imbibée de cette même solution de gomme: on atténue ainsi l'affinité de la surface pour l'encre; mais il peut arriver alors que l'image ne prenne plus une vigueur suffisante.
« Si l'exposition a été trop prolongée et que la surface prenne l'encre d'une manière trop générale, on enlève cette encre avec de l'essence de térebenthine, on passe à la gomme arabique et, avec un peu de soin, on peut ramener l'épreuve. Une couche de gélatine bichromatée trop épaisse se déchire sous le rouleau; trop mince, elle se recouvre d'un voile noir général.
« Après ce premier encrage on abandonne l'épreuve pendant deux heures environ, et l'on fait un second encrage, puis on lave parfaitement la surface avec une éponge et de l'eau très pure, on essuie légèrement, et, détachant la feuille d'étain de la pierre lithographique, on la suspend pour la laisser sécher complétement.
« Lorsqu'elle est sèche, on procède au report d’après les procédés usuels: cette opération demande des soins spéciaux et rentre dans le domaine du lithographe.
Je me propose néanmoins de donner prochainement quelques explications à cet égard. »
Dans une autre Communication adressée à la Société le 19 mai dernier, avant qu'il ait pu prendre connaissance du dernier Bulletin, M. Rodrigues avait appelé l'attention sur les avantages que peut présenter, dans un grand nombre de circonstances, l'emploi des dessins faits directement sur glaces sans le secours de la chambre noire.
Les procédés à employer sont basés sur les mêmes principes que ceux dont il a été parlé dans la séance de mai. Cependant, la formule présentant de notables différences, nous avons cru devoir publier la Note de M. Rodrigues.
Sur une glace bien nettoyée on étend avec un pinceau et à une douce chaleur un mélange de gélatine, 8 à 10 grammes; eau ordinaire, 100 centimètres cubes, et la quantité de blanc de céruse en poudre impalpable, nécessaire pour donner une couche suffisamment opaque.
Il faut que cette couche soit mince et présente une surface parfaitement unie, d'une opacité régulière, si on l'examine par transparence.
Sur cette surface blanche et bien séche on dessine, avec une pointe de métal ou d'ivoire, en enlevant la céruse jusqu'à la glace, et si l'on a pris la précaution de mettre cette glace sur une feuille de papier noir, chaque trait semble fait avec un crayon sur une feuille de papier. Le dessinateur peut, s'il le veut, faire précéder sa gravure d'un décalque ou d'une première esquisse faite avec un crayon tendre. Les retouches sont faciles en employant un pinceau trempé dans la mixtion légèrement tiède.
Lorsque le dessin est fini, on époussète la surface pour enlever toute trace des poussières détachées par la pointe, et on met la glace dans un bain d'acide sulfhydrique; le carbonate blanc est transformé en sulfure de plomb noir très-opaque, tandis que le dessin reste parfaitement transparent, sans altération, car la gélatine n'est pas dissoute par l’eau froide; cette propriété fait qu'on ne peut lui substituer ni l'amidon, ni la dextrine, ni la gomme arabique.
Après séchage, on vernit la surface, on fait les retouches s'il y a lieu et l’on procède sans dificulté aux diverses opérations de photographie sur gélatine bichromatée, en employant le cliché qui se trouve ainsi tout naturellement dans le sens nécessaire.
Si Son veut employer divers clichés portant des dessins géométriques linéaires faits à la main ou à la machine, on peut les faire agir successivement sur une même surface sensible et obtenir ainsi des combinaisons de figures très-différentes, variables à volonté et qui, vu la difficulté de reproduction, pourraient être appliquées à la fabrication des papiers de crédit et autres.

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