domingo, 29 de março de 2009

1874, 9 de Novembro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1874
9 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. LXXIX
Nº. 19
Pag. 1078, 1079, 1080, 1081
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CHIMIE APPLIQUÉE. – Lampe à sulfure de carbone et bioxyde d’azote ; son application à la photographie. Note de MM. B. Delachanal et A. Mermet.

« Nous avons l'honneur de présenter à l’Académie une lampe à sulfure de carbone et bioxyde d'azote, dont la flamme nous a paru spécialement propre aux opérations photographiques. Ne nous en fiant pas à nos propres essais, nous avons eu recours à M. Franck de Villecholle, habile photographe, à qui elle a permis d'obtenir des clichés et de faire des reproductions considérablement agrandies.
« Quand, dans un flacon, on enflamme du bioxyde d'azote contenant de la vapeur de sulfure de carbone, il se produit une lueur éblouissante; la flamme fugitive ainsi obtenue peut faire détoner instantanément le mélange de chlore et d'hydrogène; la teinte bleu violacé de la lueur faisait prévoir sa richesse en rayons chimiques, et cette expérience classique a confirmé cette prévision.
» La lampe à sulfure de carbone, qui permet d'obtenir cette flamme d'une facon continue, se compose simplement d'un flacon à deux tubulures de 500 centimètres cubes de capacité; ce flacon est rempli soit de fragments d'éponges, de coke ou mieux de pierre-ponce desséchée, qu'on imbibe de sulfure de carbone. Dans la tubulure centrale passe un tube qui s'arrête à un demi-centimètre du fond; dans l'autre bouchon est fixé un autre tube de gros diamètre, long d'environ 20 centimètres : il est en verre ou en métal et contient de la paille de fer fortement tassée; celle-ci joue le rôle des toiles métalliques de sûreté, empêche le retour de la flamme vers le réservoir et prévient les explosions. On fait passer dans le flacon du bioxyde d'azote, et le mélange gazeux est conduit par un tube de caoutchouc dans une sorte de bec Bunsen, qu'on a privé de sa prise d'air et du petit ajutage conique qui règle l'arrivée du gaz; ce bec est également rempli de paille de fer.
» Le bioxyde d'azote est produit à froid dans un grand appareil de M. H. Sainte-Claire Deville; il provient, non pas de la décomposition de l'acide azotique par le cuivre, ce qui serait trop coûteux, mais de l'action du fer sur un mélange, en proportions convenables, d'acides azotique et sulfurique. L'un des flacons contient une couche de tessons de porcelaine, sur laquelle on place des fragments de fer en barre; l'autre est rempli avec le mélange d'acides; la communication s'établit par un gros tube en caoutchouc, lié sur les tubulures inférieures; enfin un robinet, passant dans le bouchon du vase qui contient le fer, permet de régler la sortie du gaz. Avec un appareil de dimensions convenables, on peut obtenir une flamme éblouissante, qui ne mesure pas moins de 25 centimètres de hauteur; c'est cette flamme qui nous a permis, à M. Franck et à nous, d'obtenir des clichés photographiques.
« Dans une expérience spéciale, du chlorure d'argent précipité, puis étendu sur un carton, a été disposé dans une petite chambre noire, éclairée par notre lampe; au bout de peu de temps, il a pris une teinte noir violacé indice d'une réduction énergique; cette énergie photogénique serait, suivant M. Franck, de beaucoup supérieure a celle des lumières artificielles utilisées par les photographes.
» Les essais qui suivent ont été exécutés dans le laboratoire de M. Franck.

« Expérience nº 1. - La flamme étant produite dans une cage en tôle, supportant une lentille sur une de ses parois, l'image d'un positif sur verre fut projetée sur une plaque sensibilisée; en dix secondes, nous avons obtenu un cliché grandi au quart de nature (épreuve nº 1).
« Expérience nº 2. - La même opération, exécutée avec la lampe au magnésium brûlant deux rubans, est moins bien venue; d'ailleurs l'éclairage est plus difficile à régler.
« Expérience nº 3. - La lampe éclairant la chambre noire fut placée à 2 mètres d'une gravure, et, sans l'intermédiaire de lentilles ni l'aide de réflecteurs, en cinq secondes le négatif fut obtenu (épreuve nº 3).
« Expérience nº 4. - Notre co!laborateur, M. Franck, s'étant placé à la même distance (2 mètres) de la flamme et dans les mêmes conditions, son portrait fut obtenu en quatorze secondes (épreuve nº 4).

« Dans ces diverses expériences, les gaz sulfureux, carbonique, etc., provenant de la combustion, sont reçus dans une cheminée, car ils pourraient gêner l'observateur, sans toutefois avoir d'action très-prononcée sur les plaques sensibilisées.
» M. Franck estime que la puissance photogénique de notre lampe est supérieure à celle du magnésium; qu'elle est deux fois plus grande que celle de la lumière oxyhydrique, et trois fois plus grande que celle de la lumière électrique. Cette lampe donne une flamme qui n'est pas intermittente comme celle de la lumière électrique, et elle n'offre pas, comme dans 1'ernploi du magnésium, l'inconvénient d'extinctions spontanées; son étendue permet d'éclairer de grandes surfaces, les yeux peuvent supporter son éclat sans en être affectés, enfin son prix de revient est moindre que celui des autres lumières. Ces avantages réunis nous font espérer une application sérieuse de la lampe à sulfure de carbone, soit aux agrandissements et reproductions photographiques, soit à la reproduction des objets microscopiques ou autres relatifs aux sciences naturelles.
« En décomposant cette lumière dans le spectroscope disposé avec quatre prismes, nous avous obtenu un spectre strié par une série de raies brillantes très-rapprochées; avec un seul prisme, l'observation devient plus difficile; mais, si la fente de l'instrument est étroite, on voit des zones brillantes dans les différentes parties du spectre. M. Lockyer, devant qui cette expérience a été faite, trouve de grandes analogies entre ce spectre et celui du soufre.
» Nous instituons en ce moment une série d'expériences, dans le but deconstater si la flamme de la lampe à sulfnre de carbone jouit, comme la lumière électrique et celle du maguésium, de la propriété de faire développer la matière colorante verte des plantes.
» Ces études ont été faites au laboratoire de M. Dumas, à l'École Centrale. »

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