quarta-feira, 25 de março de 2009

1879, 20 de Janeiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1879
20 de Janeiro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. LXXXVIII
Nº. 3
Pag. 119, 120, 121, 122
*
OPTIQUE. - Sur la classification des couleurs et sur les moyens de reproduire les apparences colorées par trois clichés photographiques. Note de M . Ch. Cros (1) ([i]).

« Je distingue deux catégories comprises sous le mot de couleurs: les lumières et les pigments.
« Les lumières élémentaires qui, par leurs mélanges, produisent toutes espèces de teintes proposées, sont la lumière verte, la violette et l'orangée.
» Les pigments élémentaires qui, par leurs mélanges, produisent toutes les teintes proposées, sont le rouge, le jaune, le bleu.
« Pour obtenir immédiatenient les teintes elémentaires des lumières et des pigments, il suffit de regarder à travers un prisme une barre blanche sur fond noir et une barre noire sur fond blanc. Dans le premier cas, on voit un spectre orangé, vert, violet; dans le second cas, un spectre bleu, rouge et jaune.
» Je dis que, dans le premier cas, l'orangé, le vert, le violet sont des lumières élémentaires, et que, dans le second cas, le bleu, le rouge, le jaune sont des lumières combinées deux à deux.
» La discussion de la marche des rayons des deux images d'une barre blanche sur fond noir, et d'une barre noire sur fond blanc, démontrerait cette proposition; mais je préfère, dans cette courte Note, la démontrer par l'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie sous le nom de chromométre.
« Dans une caisse noircie à l'intérieur, je dispose, parallèlement entre elles, trois glaces sans tain, formant des angles de 45 degrés avec la paroi. Trois ouvertures, dont les images virtuelles dans les trois glaces viennent se placer en un même lieu apparent, sont munies d'écrans colorés liquides. Ces écrans sont des cuves plates en glaces, remplies des solutions suivantes: solution rouge de chlorure de cobalt, additionné d'un peu de sulfocyanure de potassium; solution jaune de chromate neutre de potasse; solution bleue de nitrate de cuivre. Je fais deux cuves de chaque couleur.
« Ces solutions, qui ne sont pas peut-être les meilleures, devront être exactement dosées, et les épaisseurs des cuves être mesurées. Soient les trois ouvertures A,B,C. Je place devant A deux cuves rouges, devant B deux cuves jaunes, devant C deux cuves bleues. Je regarde devant les glaces sans tain et je vois les trois reflets qui, en se combinant, donnent du blanc (si l'éclairage est égal pour chaque ouverture).
» Si je masque A au moyeu d'un écran opaque, je n'ai plus que deux reflets qui se combinent, celui du bleu et celui du jaune. L'apparence obtenue est celle d'un blanc moins éclairé; donc la lumière jaune et la lumière bleue additionnées ne font pas de vert. Le fait a été déjà annoncé par M. Helmholtz, dans des conditions analogues.
« Si je masque B, les deux reflets rouge et bleu se combinent seuls, et la teinte est encore du blanc faiblement violacé. Enfin, en masquant C, on obtient toujours du blanc teinté d'orangé.
« Alors je combine les cuves deux à deux, jaune et bleu, bleu et rouge, rouge et jaune, de manière que les écrans doubles ne laissent passer respectivement que du vert, du violet, de l'orangé. Les trois reflets combinés donnent du blanc, comme précédemment.
« Mais, si l'on masque successivement A, B et C, les apparences changent complétement. Quand on supprime le vert, le fond se colore en rouge carmin pur, tel qu'on le voit dans le spectre trichrome de la barre noire sur fond blanc; quand on supprime le violet, le fond devient jaune pur, tel qu'on le voit dans le même spectre; quand on supprime l'orangé, le fond devient bleu pur (1) ([ii]).
» J'ai nommé cet appareil chromomètre, parce qu'il peut servir à distinguer les couleurs les unes des autres par des données numériques. En effet, pour faire varier à l'infini la teinte résultante du champ visible, il suffit de faire varier l'éclairage de chaque ouverture. Tous les procédés photométriques sont bons pour cela; je me propose d'employer la méthode d'Arago, par la lumière polarisée. Mais je n'ai pu me permettre la construction coûteuse d'un tel appareil, et je me borne, dans l'instrument réalisé, a faire varier les éclairages en interposant des doubles plus ou moins nombreux de papier translucide.
« Deux verres recoivent des épaisseurs de papier variant régulièrement d'un bout à l'autre, et on les place devant le violet et l'orangé, les épaisseurs en sens inverse; enfin, un troisième verre reçoit les épaisseurs maximum au milieu et les épaisseurs minimum à ses deux bouts; il est placé devant le verre vert. Le champ visible présente alors l'aspect du spectre de la barre noir sur le fond blanc; si l'on veut obtenir l'apparence du spectre de la barre blanche sur fond noir, il faut substituer un troisiéme verre, un verre qui soit à ce premier ce qu'un positif photographique est a son négatif, c'est-à-dire avec les épaisseurs maximum aux deux bouts et l'épaisseur minimum au milieu.
» Une des applications les plus curieuses du chromomètre est la suivante:
» J'obtiens trois clichés d'après un tableau coloré quelconque, le premier cliché à travers un écran vert, le second à travers un écran violet, le troisième à travers un écran orangé. Ces écrans sont encore des cuves plates en glaces, contenant des solutions colorées titrées. Je remarque, en passant, que l'inégalité d'actinisme de ces différentes lumières est complètement compensée par diverses substances colorantes organiques, dont j'imprègne les plaques sensibles,
« Les clichés obtenus sont formés a'argent réduit, comme les clichés ordinaires. J'obtiens les positifs noirs sur verre de ces clichés, et je place chacun de ces positifs, dans le chromomètre, devant l'écran de même couleur que celui qui a servi à tamiser les rayons dans l'obtention du cliché correspondant.
» Je fais coïncider les trois reflets, et l'apparence résultante est celle du tableau modèle, si l'on règle convenablement les trois éclairages.
« J'ajoute quelques mots sur les pigments. Ce qu'on appelle la couleur rouge matérielle est une substance qui supprime le vert de la lumière blanche; il ne reste donc, des trois lumières é1émentaires, que le violet et l'orangé, dont la somme est du rouge. De même, le pigment jaune est celui qui supprime la lumière violette, le pigment bleu supprime la lumière orangée.
» J'en ai conclu que, en réalisant sur une même surface blanche les trois positifs en rouge, en jaune et en bleu, on obtiendrait sur cette surface l'image du modèle coloré, L'expérience, réalisée soit par la taille-douce, soit par le procédé sur gélatine de M. Poitevin, a confirmé mes prévisions. J'ai eu l'honneur de montrer quelques spécimens de ces tirages à l'Académie (l) ([iii]) . »
([i]) (1) Cette Note avait été presentée à l’Académie dans la séance du 23 décembre 1878.
([ii]) (1) Pour la commodité de la présentation à l'Académie, j'ai remplacé ces systèmes de cuves par des verres respectivement colorés en violet, vert et orangé, au moyen de collodions aux couleurs d'aniline.
([iii]) (1) J’ai pu faire cet ensemble de recherches pratiques, grâce à l’aide éclairée de M. le duc de Chaulnes, à qui je témoigne ici ma reconnaissance.

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