quarta-feira, 25 de março de 2009

1879, 24 de Fevereiro - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1879
24 de Fevereiro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. LXXXVIII
Nº. 8
Pag. 379, 380, 381, 382
*
PHYSIQUE. De l'action des différentes lumières colorées sur une couche de bromure d'argent imprégnéedle diverses matières colorantes organiques. Note de M. Ch. Cros, présentée, par M. Desains.

« Je m'occupe depuis longtemps de chercher des couches photographiques sensibles aux rayons de toutes couleurs, surtout aux rayons orangés, verts et violets. Pour obtenir ces différents rayons, j’ai employé des cuves transparentes pleines de solutions salines colorées, qui tamisent la lumière composée. Quant à la méthode de préparation des couches, je la communique pour la première fois à l'Académie.
« La couche est constituée par un collodion contenant 3 pour 100 de bromure de cadmium, et on la plonge dans un bain de 100 parties d'eau et de 20 de nitrate d'argent. On lave soigneusement la couche, et, pour détruire les dernières traces de nitrate d'argent, on la fait tremper dans une solution de bromure de potassium (eau, 100; bromure, 3). On lave encore, de manière à enlever tout ce dernier sel. A cet état, la couche, qui ne contient plus aucun sel soluble, peut être imprégnée des substances organiques les plus délicates, sans que, à l'abri de la lumière, il se passe de réaction perturbatrice.
» Les substances colorantes que j'ai essayées sont des teintures alcooliques ou aqueuses. Elles ont été choisies parmi les plus instables, les plus mauvais teint.
« Les teintures alcooliques sont versées sur la couche préparée comme je viens de dire. On attend quelques instants en faisant courir le liquide sur la plaque, afin de donner le temps à la matière colorante de s'attacher à la couche; puis on lave à l'eau pour enlever l'alcool. Ce résultat est atteint quand la plaque ne graisse plus.
» Les teintures aqueuses, versées de même, n'exigent pas de lavage subséquent; on met à poser sans autre opération.
« Dans les deux cas, les résultats les plus remarquables ont été obtenus avec des substances qui teignent l'espèce de feutre produit par le collodion.
» Enfin, on développe l'image par toute espèce de procédé applicable au collodion sec, ou bien on immerge la plaque impressionnée dans un bain de nitrate d'argent à 7 pour 100 et l'on développe au fer.
» Voici les substances qui ont été essayées:

« 1º La teinture alcoolique de chlorophylle (obtenue des feuilles de lierre, de fusain, de fougère, de chou, etc.);
« 2º La teinture de fruits de cassis dans l'eau-de-vie;
« 3º La teinture de mauve (fleurs) dans l'eau froide, l’eau chaude détruisant la matière colorante;
« 4º La teinture alcoolique de carthamine;
« 5º La teinture alcoolique de curcuma;
« 6º L'hémoglobine, ou teinture aqueuse de caillots de sang de boeuf.

» A travers une cuve contenant une solution orangée de chlorure de cobalt additionné de bichromate de potasse, solution qui arrête les rayons bleus et ne laisse passer que la lumière orangée, on obtient une image avec des plaques soit chlorophyllées, soit teintes au cassis, soit teintes à la mauve, soit enfin teintes au curcuma.
« Si le modèle consiste en trois bouteilles contenant des liquides jaune, rouge et bleu, l'épreuve positive ainsi obtenue donnera, pour les liquides jaune et rouge, l'apparence de l'eau pure; pour le liquide bleu, l'apparence d'un liquide noir.
» A travers une cuve contenant une dissolution verte (nitrate de nickel à saturation), la carthamine, l'hémoglobine et le curcuma ont donné des images où le liquide rouge (dans le positif) paraissait noir et les liquides jaune et bleu restaient incolores. Cet effet résulte de ce que la dissolution de nickel arrête les rayons rouges.
« A travers une cuve pleine d'une solution bleu violet de sulfate de cuivre ammoniacal, dissolution qui arrête les rayons jaunes, le curcuma a été seul essayé, et il a donné de très-belles images positives où le liquide jaune seul paraissait noir, tandis que les liquides rouge et bleu avaient l'apparence incolore.
« Toutes ces expériences ont élé faites avec des couches photographiques au bromure d'argent pur. Je dois ajouter que j'ai fait, il y a quelques années, des expériences analogues avec l'iodure d'argent, également lavé, et que ce dernier composé s'est comporté d'une manière tout à fait comparable au bromure.
» Après avoir pris connaissance des résultats précédents, M. Desains m'a engagé à étudier au point de vue spectroscopique les substances cidessus mentionnées.
« En opérant alors ensemble, nous avons reconnu que, sur des plaques sensibilisées avec la teinture de mauve ou celle de cassis, le spectre direct de la lampe Drummond est inactif dans tout le vert moyen, tandis que les extrémités rouge et violette sont très-actives. Avec la carthamine, c'est, au contraire, cette partie moyenne qui est le plus active. Avec la chlorophylle, l'action se continue dans toute l'étendue du spectre visible et même un peu au delà; mais elle présente plusieurs maxima et minima nettement appréciables
(1) ([i]). «

« M. Edm. Becquerel fait retnarquer, à l'occasion de la Note de M. Cros, que l'on a déjà reconnu que, en incorporant au collodion bromuré ou ioduré différentes matières colorantes, l'étendue de la zone impressionnée dans le spectre lumineux est changée, et que la surface sensible peut devenir immédiatement impressionnable à l'action des rayons rouges, jauncs ou verts, suivant la nature de la matière colorante. Je citerai, dit-il, à cet égard, les expériences entreprises par M. Vogel (2) ([ii]) avec la coralline, le vert d'aniline, etc., et mes propres recherches faites avec la chlorophylle (3) ([iii]).
« Cette dernière substance, incorporée au collodion bromuré et même ioduré, m'a donné une impression photographique de la partie la moins réfrangible du spectre solaire depuis l'extrémité A du rouge, avec cette particularité remarquable, indiquée dans le Mémoire présenté il y a quatre ans à l'Académie, d'avoir quatre maxima d'action dans le rouge, l'orangé et le vert, correspondant aux quatre bandes d'absorption qu'une dissolution de chlorophylle fait apparaître quand on l'interpose sur la route d'un faisceau de rayons solaires analysé a l'aide d'un spectroscope.
» Je me suis attaché particulièrement, il y a plusieurs années, à l'étude des effets donnés par la chlorophylle en présence du bromure d'argent, car cette coïncidence exacte des bandes actives du spectre sur la substance impressionnable colorée par la chlorophylle et des bandes d'absorption que produit celle-ci semble montrer que la matière colorante adhérant au composé sensible, bien qu'en couche très-mince, l'enveloppe fait pour ainsi dire corps avec lui et lui transmet l'action spéciale qu'elle exerce sur la lumière; le composé sensible semble donc acquérir les propriétés absorbantes de la matière colorante fixée sur lui, fait importaat dont j'ai montré les conséquences dans différentes circonstances.
« D'un autre côté, ces effets permettent d'obtenir des images du spectre solaire avec ses raies les plus fines, depuis le rouge jusqu'au delà du violet, mais on ne dépasse guère l'extrémité du rouge visible. J'ai fait voir (1) ([iv]) comment, en se servant de diverses surfaces impressionnables, on pouvait dépasser un peu cette limite; mais les effets de phosphorescence (2) ([v]) donnent les moyens de s'étendre plus loin dans la partie infra-rouge et de fixer la position de plusieurs raies et bandes dans cette région. »
([i]) (l) Touchant l'action de la chlorophylle, voir le Mémoire de M. Edm. Becquerel (Comptes rendus, t. LXXIX, p. 185).
([ii]) (2) Bulletin de la Société française de Photographie, t . XX, p. 42. – Bulletin de la Société chimique de Berlin, 7e année, p. 344.
([iii]) (3) Comptes rendus des séances de 1'Académie des Sciences, t .LXXIX, p.185; 1874. - Bulletin de la Société française de Photographie, t. XX, p. 233.
([iv]) (1) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 304; 1873. – E. Becquerel, La Lumière, t. II, p. 88.
([v]) (2) Comptes rendus, t. LXXXIII, p. 249; 1876

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