quinta-feira, 12 de março de 2009

1899, 15 de Fevereiro - Le Magasin Pittoresque

LE MAGASIN PITTORESQUE
2e. Série
67e Année
T. XVII
Pag, 56
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LES PETITS TRUCS DU PHOTOGRAPHE

Le diaphragme, en photographie, est un écran qu'on place sur le trajet du faisceau lumineux tombant sur l'objectif. Il a pour effet de corriger certains défauts dont nous n'avons pas à nous eccuper ici et, pour ce qui nous intéresse particulièrement, d'augmenter la profondeur de foyer, c'est-à-dire qu'il permet d'avoir une image nette pour des objets assez éloignés l'un de l'autre. Voilà pour la partie technique. En pratique le diaphragme est plus utile pour le photographe paysagiste que pour celui qui se consacre au portrait. Ce dernier genre demande en effet à être traité avec assez d'ampleur, tandis que le paysage supporte plus aisément un excès de finesse, surtout lorsque le sujet représenté comporte des « fabriques », comme nous disons en langage de peintre. Donc, lorsque nous aurons à faire un portrait, notre objectif devra être diaphragmé juste ce qu'il faut pour obtenir un peu de finesse sur la tête. Pour le paysage nous aurons la faculté d'employer des ouvertures un peu plus petites afin d'avoir une netteté plus accentuée s'étendant sur une plus grande surface.
Les très petits diaphragmes ont l'inconvénient de pousser la netteté à son maximum et de donner des images d'une sécheresse désespérante, manquant d'atmosphère et n'ayant aucun cachet artistique. Toutefois ces très petites ouvertures qui mesurent à peine quelques millimètres de diamétre sont souvent trés utiles lorsqu'il s'agit de photographier un sujet immobile dans un endroit où la circulation est fort active.
Dernièrement, baguenaudant par les rues en véritable Parisien que je suis, mon attention fut attirée par l'installation d'un photographe professionnel chargé de fixer sur sa plaque sensible l'image d'un restaurant ayant quelque réputation. L’heure choisie n'était pas très propice: c'était le matin, et l'établissement en question n'est convenablement éclairé, au point de vue photographique, que vers le milieu de l'après-midi. Mais en cet endroit, la place du Havre, la circulation est tellement intense qu'il est difficile d'obtenir, même pendant quelques secondes, la tranquillité nécessaire au succès d'une opération de ce genre. Donc notre photographe perdu au milieu de la chaussée, obligé de veiller à sa propre sécurité, ne pouvait trouver l'instant propice pour déclancher son obturateur et exposer sa plaque pendant les sept à huit secondes exigées par le mauvais éclairage du sujet. II s'évertuait inutilement, secondé en par les garçons, le maître d'hotel, voire même le chasseur du restaurant, à dégager pendant quelques instants le champ embrassé par son objectif. Vains efforts, la foule, les voitures, les omnibus surgissaient de toutes parts. Heureusement un agent bienveillant vint à son aide et le fameux bâton blanc lui procura un répit de quelqnes secondes.
La petite scène qui s'est déroulée sous mes yeux vous avez pu la voir, car elle se produit fréquemment. Dans descirconstances analogues il est possible, lorsque les passants ne sont pas trop nombreux, de les tenir pour quantité négligeable. 11 suffit d'employer le plus petit diaphragme de l'objectif ou un diaphragme un peu plus grand et de procéder alors par poses successives sans déranger l'appareil. Avec les très petits diaphragmes la durée de l'exposition est considérablement augmentée, mais ceci a peu d'importance lorsqu'il s'agit de reproduire un sujet immobile; par contre le passage de plusieurs personnes dans le champ de l'objectif ne laisse aucune trace sur l'image. Nous avons toujours employé avec succés cette manière d'opérer.
Une fois, entre autres, sur les bords de l'étang de Villebon, des promeneurs en gaieté se firent un malin plaisir de venir se placer devant mon objectif au moment précis où j'ailais le découvrir. Sans avoir l'air d'éprouver la moindre contrariété, j'insérai mon plus petit diaphragme; puis, l'objectif étant découvert, je m’écartai sans paraître me soucier de mon appareil. Après avoir fait les pantins pendant quelques secondes, les promeneurs, voyant qu'ils ne pouvaient entamer mon inaltérable sérénité, prirent le parti de s'éloigner. Leur séjour, quoique assez prolongé, n'exerça aucune influence sur la netteté de l'image, car, dans les circonstances opératoires où je me trouvais, la durée de la pose n'était pas moindre de deux minutes. C'est pourquoi je dis à mes confrères photographes: N'hésitez pas à augmenter la pose et à faire usage d'un petit diaphragme quand des gêneurs viendront jeter le trouble dans votre travail.
Albert Reyner.

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