domingo, 26 de abril de 2009

1859, 23 de Maio

1859, 23 de Maio
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
T. XLVIII
Nº. 21
Pag. 1001, 1002, 1003
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THERMOGRAPHIE. - Mémoire sur la thermographie ou les réductions calorifiques considérées comme moyen de production d'images sur papier sensible; par M. Niepce de Saint-Victor.

« Les expériences que je vais décrire sont une extension de celles de MM. Moser, Knorr et Draper; je crois avoir ajouté aux faits déjà constatés un grand nombre de faits nouveaux et intéressants, de nature à jeter quelque jour sur cette classe de phénomènes.
« Si, sur une plaque de métal chauffée au contact de l'eau bouillante, on place d'abord une gravure ou des caractères imprimés à l'encre grasse, puis une feuille de papier imprégnée préalablement d’azotate d'argent et ensuite de chlorure d'or, on obtient une image bleue-violacée des noirs de la gravure ou des lettres imprimées: Si le papier n'est imprégné que d'azota d'argent, ce sont les blancs de la gravure qui se reproduisent en couleur bistre.
« Avec le papier préparé au sel d'argent et d'or, et sur la plaque chauffée à l'eau bouillante, de gros caractères d'imprimerie se reproduisent à une distance de plusieurs millimètres; mais l'image ne se produit plus si on interpose une lame tout à fait continue, fût-elle très-mince, de mica, de métal, ou même une feuille de papier végétal.
« Les dessins formés avec de l'encre aqueuse, de la mine de plomb on du charbon de bois, ne se reproduisent pas, s'ils sont tracés sur du papier ordinaire; mais ils se reproduisent quand ils le sont sur du papier végétal.
« Des plaques et des assiettes de porcelaine vernissées portant des lettres noires ou des peintures de diverses couleurs faites à la main et passées au feu, sans être recouvertes d'émail, m'ont donné des impressions; mais les lettres et les dessins recouvertes d'émail ne se sont pas reproduits.
« Les pièces de monnaies et les camées se reproduisent très-bien, même à un millimètre de distance et malgré l'interposition d’une lame continue très-mince de mica, d'argent ou de cuivre, pourvu que la pression soit assez forte et la température assez élevée.
« Si un papier sur lequel on a tracé un dessin au noir de fumée ou même au charbon de bois, est chauffé à une température assez élevée pour roussir le papier on voit sur le verso que les portions correspondant aux noirs sont plus fortement carbonisées que les portions correspondant aux blancs. Un effet semblable a lieu pour les noirs et les blancs d’une plume bigarrée, ou d'un tissu de laine multicolore; c'est-à-dire que l'action de la chaleur altére plus les noirs que les blancs. Si, pendant que l'étoffe multicolore est chauffée, on la maintient en contact avec un papier imprégné de cyanure de potassium, les noirs impriment plus fortement que les blancs.
« Des tissus de différentes matières nuancés de noirs et de blancs ou de diverses couleurs impriment de même leur image sur le papier sensible préparé au sel d'argent et d'or, mais l'image est trés-variable; en général ce sont les noirs qui s'impriment le mieux; dans certains cas, ce sont les blancs : les variations observées dépendent sans aucun doute de la nature de la couleur et du mordant employé pour la fixer. En effet, les couleurs produites par une rnême rnatière tinctoriale appliquée tour à tour avec divers mordants s'impriment très-inégalement et très-diversement, telle que la garance par exemple.
« Sur du coton teint à l'indigo avec des parties blanches, c'est le fond bleu qui se reproduit, les blancs ne s'impriment pas; tandis que dans la teinture au bleu de Prusse, ce sont au contraire les blancs qui donnent leurs images. Si sur du papier ou de la porcelaine on étend en bandes séparées de l'indigotine et du bleu de Prusse, ce seront toujours les bandes indigo qui se reproduiront, et jamais les bandes bleu de Prusse.
» J'ai essayé d'obtenir des images au foyer d'une lentille qui devait produire une image de l'objet échauffé, mais le résultat de mes essais a été constamment négatif. J'ignore si les images formées au foyer d'un miroir concave se montreraient plus actives.
« L'action qui fait naître l'image thermographique est sans doute très complexe; les radiations calorifiques y ont une très-grande part, les vapeurs matérielles émanées de l'objet échauffé peuvent aussi intervenir. Dans le cas, du moins, des médailles et du timbre sec, l'action de la chaleur est prépondérante, et il me semble établi qu'une chaleur suffisamment élevée produit dans certaines circonstances des effets analogues à ceux que nous voyons la lumière produire chaque jour sous nos yeux, la réduction des sels d'or et d'argent, l'altération des tissus, etc., etc.
« Qu'il me soit permis en finissant de constater que les expériences décrites dans ce nonveau Mémoire datent du mois de janvier dernier; dés cette époque je montrais des images thermographiques à plusieurs Membres de l'Académie; et le 29 janvier je faisais devant M. Wheatstone des essais dont le Cosmos a parlé dans sa livraison du 11 février. A son retour à Londres, M. Wheatstone daigna raconter ce qu'il avait vu se produire sous ses yeux dans mon laboratoire du Louvre, et le rédacteur du Photographic news, M. Crookes, résumait ainsi cette expérience dans son numéro du
18 février 1859: « Ayant préparé un papier au nitrate d'argent et au chlorure d'or, M. Niepce plaça dessus un négatif, enferma le tout dans un châssis et le soumit à l'action de la chaleur : nous avons devant nous des images ainsi produites. »

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