segunda-feira, 6 de abril de 2009

1865, 12 de Junho - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1865
12 de Junho
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. LX
Nº. 24
Pag. 1239, 1240, 1241, 1242
*
CHIMIE APPLIQUEE. - Sur les photographies vitrifiées. Note de MM. Maréchal et Tessié du Motay, présentée par M. Regnault.

(Commissaires : MM. Chevreul, Regnault.)

« Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences quelques spécimens de photographies vitrifiées, obtenues par une méthode que nous sommes désireux de pouvoir soumettre à son jugement.
« Cette méthode est applicable à la production d'images photographiques de toute nature, sur cristal, sur verre, sur émail, sur lave, sur porcelaine, sur faience, etc.
» Elle comprend une série de dix opérations, que nous allons décrire sommairement selon leur ordre.
« 1º Dans 100 parties de benzine nous dissolvons 4 parties de caoutchouc. A cette solution nous ajoutons 1 partie de collodion normal dissous dans de l'éther. Ce composé est versé sur l'une quelconque des matières sur laquelle nous voulons directement produire ou reporter une image photographique vitrifiable; nous le faisons ensuite sécher, soit à l'air libre, soit dans une étuve, jusqu'à ce qu'il forme une couche pelliculaire très-adhérente.
» 2º Sur cette première couche ainsi desséchée, nous versons du collodion ioduré. Cette seconde couche s'unit intimêment a la première et acquiert par le fait une résistance au moins égale à celle d'une feuille de caoutchouc de semblable épaisseur, résistance qu'aucun collodion ne possède.
» 3º Après avoir immergé la double couche ainsi préparée dans le bain de nitrate d'argent, nous générons l'image, soit dans la chambre noire, soit par superposition.
« 4º L'image latente étant produite, nous la faisons apparaître et nous la développons par l'un quelconque des agents révélateurs aujourd'hui en usage.
« 5º Nous fixons l'image révélée par l'action successive de deux bains contenant en dissolution, l'un des iodocyanures, et l'autre des cyanures alcalins.
« 6º Nous trempons l'image ainsi fixée pendant quelques minutes dans une solution de sulfate de protoxyde de fer, d'acide pyrogallique ou de tout autre acide réducteur des sels d'argent.
« 7º Nous renforçons l'image par la réaction de l'acide pyrogallique, de l'acide gallique, de l'acide formique ou du sulfate de protoxyde de fer sur une solution de nitrate argentique acide. Ce renforcement exige en moyenne l'emploi de quatre à six bains renforçateurs pour les images destinées à être vues par réflexion, et de douze à quinze bains pour les images destinées à être vues par transparence. Pendant cette opération du renforcement, les images sont en outre lavées à trois ou quatre reprises, dans des bains alternés, contenant en dissolution des iodocyanures et des cyanures alcalins; puis tout aussitôt dans des solutions de sulfate de protoxyde de fer, d'acide pyrogallique, ou de tous autres acides réducteurs des sels d'argent.
« L'emploi consécutif des bains d'iodocyanures et de cyanures alcalins a pour effet la dissolution complète des poudres argentiques non adhérentes précipitées sur la surface totale de l'image par chaque bain renforçateur, et ce sans détruire le modelé primitif qui seu1 ainsi se renforce. Les lavages aux bains réducteurs, en rendant de nouveau neutre ou acide la surface de la couche métallisée, augrnentent puissamment l'action ultérieure des bains de renforcement.
« 8º L'image photographique étant révélée, fixée et renforcée, nous la trempons pendant une ou plusieurs heures, soit dans des bains de chlorure ou de nitrate de platine, soit dans des bains alternés de chlorure d'or et de nitrate de platine, soit encore dans des bains de chlorure d'or. Pendant ce trempage l'argent de l'image est en partie remplacé, soit par du platine, soit par un mélange de platine et d'or, soit par de 1'or seul. Ces divers bains substitutifs de la couche d'argent ont pour but de faire varier, ou la couleur, ou la nature de l'image, après que celle-ci est vitrifiée. En effet, lorsque nous nous proposons d'obtenir au feu de moufle, par la réaction des fondants siliciques ou boraciques, des images de couleur noire-verte, nous immergeons au préalable ces images dans un bain de chlorure ou de nitrate de platine; lorsque nous voulons, au contraire, obtenir des images de couleur noire, nous les trempons consécutivement dans des bains de chlorure d'or et de nitrate de platine. Lorsqu'enfin nous désirons produire des images dorées, nous les substituons dans des bains contenant exclusivement des sels d’or.
« 9º L'image, au sortir du bain de platine ou d'or, est lavée dans un bain de cyanure alcalin ou d'eau ammoniacale au maximum de concentration; elle est ensuite recouverte d'un vernis de caoutchouc d'essence grasse ou de gutta-percha et soumise à l'action d'un feu de moufle qui brûle les matières organiques et met les métaux à nu.
« 10º Enfin, l'image ainsi débarrassée du collodion et des autres matières organiques est couverte d'un fondant silicique ou boracique et soumise au rouge orangé à l'action du feu qui la vitrifie.
» Telle est dans ses modes opératoires notre méthode de production d'images photographiques vitrifiées.
» Cette méthode a pour but et aura, croyons-nous, pour effet la conservation indéfiniment prolongée des images photographiques. Elle est le développement des principes qui servent de base a la photographie aux sels d'argent sur collodion et sur papier. Par là elle diffère essentiellement des procédés d'émaillage par les chromates et les persels de fer, procédés récemment inventés par MM. Poitevin et Lafon de Camarsac.
» Pratiquement, elle est d'une application facile, grâce à l'emploi de la pellicule combinée de caoutchouc et de collodion, qui seule permet de soumettre l'image, sans qu'elle se déplace ou se déchire, à un grand nombre de renforcements et de lavages.
« Artistiquement, elle se recommande d'une facon générale par ses applications
multiples à la décoration de toutes les matières siliceuses, et d'une façon spéciale par son application sur le cristal et sur le verre; car par elle on obtient sur ces deux substances des images vitrifiées, visibles soit par réflexion, soit par transparence, qui jusqu'ici n'ont pu être produites par aucune méthode photographique connue.
» Scientifiquement enfin, elle fait connaître la propriété qu'ont les bains alternés de cyanures et d'iodocyanures alcalins de dissoudre en entier: 1º l'argent pulvérulent ou non complétement réduit qui reste constamment uni à l'argent métallique après la révélation et la fixation de l'image et qui résiste à l'action dissolvante des hyposulfites, de l'ammoniaque et même des bains de cyanure alcalin employés seuls; 2º de dissoudre également en entier les precipités argentiuies non adhérents aux images photographiques elles-mêmes, en laissant intact le métal qui forme l'image et qui dès lors se renforce seul; elle permet aussi de constater que l'argent pulvérulent ou non complétement réduit qui résiste à l'action dissolvante des hyposulfites, de l'ammoniaque et des cyanures, ainsi que les précipités métalliques non adhérents engendrés par la précipitation de l'argent des bains renforçateurs, restent partiellement indifférents à l'action substitutrice des bains de platine et d'or. »

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