sexta-feira, 3 de abril de 2009

1873, Maio - JOURNAL DES SAVANTS

1873
Maio
JOURNAL DES SAVANTS
Pag. 277, 278, 279, 280, 281, 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288, 289, 290, 291, 292, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 299, 300
LA VÉRITÉ SUR L’INVENTION DE LA PHOTOGRAPHIE

Nicéphore Niépce. Sa vie, ses essais, ses travaux ; d’après sa correspodance et d’autres documents inédits, par Victor Fouque, correspondant du ministère de l’instruction publique pour les travaux historiques ; membre de plusieurs académies, et sociétés savantes, etc.

Sic vos non vobis ………….
…………………………….........
…………tulit alter honores
Virgile.

Paris, librairie des auteurs et de l’académie des bibliophiles, rue de la Bourse, 10. – Châlon-sur-Saône, librairie Ferran, rue Ferran, rue de l’Obélisque, 1867.

DEUXIÈME ARTICLE.1 ([i])

Lorsqu’on veut exposer des faits scientifiques dont on ne peut rattacher les causes à un système de principes propre à satisfaire un exprit rigoureux, l’ordre chronologique de leur découverte doit être préfèré à tout autre, par la raison qu’il est conforme à la vérité ; il va sans dire que. De rigueur, au point de vue de l’histoire des sciences, on ne peut lui en préférer aucun autre ; de sorte que le lecteur d’une telle œuvre n’aura rien à désirer, si, en outre, l’auteur a étudié le passé avec l’intention de rattacher à chaque découverte tout ce qui peut avoir de l’analogie avec les faits qu’elle concerne, soit qu’il veuille reveler un mérite oublié, soit qu’il s’agisse du cas contraire où les faits rappellés relèvent le mérite de l’auteur de la découverte dont on parle.

Généralités servant d’introduction.

En appliquant cette manière de voir à l’histoire de la découverte de l’héliographie, je parlerai avant tout d’un composé que l’on connut d’abord sous le nom de lune cornée ; lune, parce que c’était le nom de l’argent, et cornée, à cause de la ressemblance apparente du composé avec la corne. Les alchimistes et les métallurgistes anciens le connaissaient sous cette dénomination. La nomenclature de Lavoisier le nomma muriate d’argent, le supposant formé d’acide muriatique et d’oxyde d’argent. Aujourd’hui il porte le nom de chlorure d’argent, parce que le chlore et l’argent en sont considérés comme les éléments.
Lorsque ce composé se produit par la réaction de l’acide chlorhydrique et lasolution aqueuse d’un sel d’argent, de l’azotate, par exemle, il appara~it sous la forme d’un précipité du blanc le plus beau, susceptibli d’éprover, sous l’influence de la lumière, unecoloration d’autant plus vive et plus rapide jusqu’au noir que la lumière sera plus vive, ou si, diffuse, l’action en sera prolongée davantage. Il y a longtemps que, dans les cours de chimie, on rendait cette propriété évidente en opérant un précipité de chlorure d’argent à l’obscuritédans un vase de verre sur lrquel on avait appliqué un papier noir découpé de manière à représenter une figure ou des caractères d’écriture. En exposant ensuite le chlorure précipité au soleil, la découpure laissant arriver la lumière à certaines parties du chlorure seulement, reproduisait en noir sur fond blanc l’image de la découpure, et l’effet frappait tous les yeux, si l’on avait enlevé le papier noir après l’insolation.
Faut-il s’étonner, d’après la connaissance de ces faits, que le physicien Charles, à la fin du XVIIIe siècle, et, au commencement de celui-ci Wedgwood d’abord et H. Davy ensuite, aient essayé de tirer parti de cette propriété du chlorure d’argent ? Mais leurs essais n’aboutirent à rien, par la raison que la conservation de l’image, une fois produite, exigeait nécessairement la séparation de la portio du hlorure qui avait été préservée de l’insolation par le papier noir dont il était couvert ; car le papier une fois enlevé, la lumière le noircissant, l’image cessait d’apparaître sur un fond blanc.
De là cette conclusion : pour obtenir l’image dessinée par la lumière dans uns chambre obscure sur une matère sensible à son action, il ne faut pas seulement une matière sensible, mais il faut encore connaître un moyen de séparer la partie insolée de cette matière, de la partie qui ne l’a pas été.
Ajoutons que, si la matière sensible était, comme le chlorure d’argent susceptible de noircir sous l’influence de la lumière, l’épreuve serait dite inverse, puisque les parties frappées alors par la lumière, dans l’image du modèle de la chambre noire oú étaient les clairs, se trouveraient, donné fussent disposés à l’image l’épreuve, reproduites en noir : en ce cas, la qualification d’inverse donnée à l’image est donc de toute justesse, puisqu’une reproduction fidèle de l’image eût exigé que les clairs et les ombres fussent disposés comme il le sont dans le modèle, pour que l’épreuve reçût la qualification de directe.
Ainsi, avant Nicéphore Niépce, on avait cherché à fixer l’image de la chambre obscure sur le chlorure d’argent, et nousavons dit pourquoi on n’avait pas réussi.
En mentionnant maintenant un second proédé, qui aurait pu être employé, si on l’eût voulu, nous aurons passé en revue tout ce qui est relatif á l’héliographie considérée avant les recherches de Nicéphore Niépce.
Dans un mémoire lu à l’Académie des sciences1 ([ii]), où j’ai examiné l’influence de la lumière sur les étoffes teintes mises dans différents gaz et le vide, je suis arrivé á la coclusion quela plupart des matières colorantes d’origine organique fixées par la teinture sur les étoffes ne sont, en général, décolorées qu’à la double condition de recevoir l’influence de la lumière dans l’air atmosphérique ou le gaz oxigène, de sorte qu’elles conservent leur couleur dans le vide éclairé par le soleil et dans l’air obscur. Une application de ce principe pour conserver les étoffes teintes, les tableaux, etc., c’est de les soustraire à la lumière du soleil au moyen de housses, si cesont des meubles, ou de rideaux, si ce sont des tableaux encadrés, de les couvrir avec des étoffes vertes, bleues foncées ou noires, et, à l’appui de cette application, j’extrais le passage suivant du mémoire précité :
« Un croisé de coton teint à l’indigo, couvert d’une bordure de la même étoffe teinte également en bleue d’indigo, mais danslaquelle un dessin blanc avait été réservé sur les deux faces, ayant reçu, pendant plusieurs années, l’action du soleil, de manière que toute laface de la bordure qui y était exposée fû entièrement passée enfauve grisâtre, a présenté le résultat suivant : lorsqu’on a eu détaché la bordure qui le recouvrait, les parties du croisé bleue correspondantes au dessin blanc de la bordure étaient décolorés par la lumière que le dessin blanc avait transmise, de manière que ce même dessin était reproduit sur le croisé, et, d’un autre côté, les parties bleues de la face de la bordure qui touchaient le croisé n’étaient pas sensiblement affaiblies.
Cette observation est donc une preuve évidente de l’influence exercée par une toile de couleur foncée, pour préserver des matières altérables par la lumière.
Je mets sous les yeux de la conférence le croisé bleue dont je viens de parler. Cette observation, faite avant le 2 janvier 1837 et plus d’un an avant la publication du procédé de Daguerre, montre qu’on aurait pu recourir á un procédé de cette catégorie comme moyen héliographique, auquel, je l’avour, je nepensais nullement alors. Si l’on alléguait maintenant que la figure de la bordure laisse beaucoup à désirer, je répondais par un second exemple, où des lettres d’une couleur orangée rabattue ont été fidèlement reproduites en rose sur une feuille de papier de cette couleur dont la matière colorante était très-altérable par les actions simultanées de l’air et dela lumière. La feuille blanche imprimée en caractères de couleur orangée rabattue recouvrait la feuille rose ; or la lumière transmise à celle-ci par la partie blanche de la première agissant avec l’oxigène de l’air, ayant détruit toute la couleur rose correspondante, tandis que la couleur rose correpondante aux lettres ne l’avait pas été, ce lettres ayant fait fonction d’écran, on voit comment les caractères orangées furent reproduites en rose sur la feuille de cette même couleur.
La conférence pourra juger de la fidélité de cette reproduction par le fait matériel que je mets sous ses yeux : je le dois à un honorable instituteur de la commune de Gentilly, qui, après l’avoir observé, m’en demanda la cause. En rapportant ces deux faits plus de quarante ans après la découverte de Nicéphore Niépce, loin d’avoir l’intention d’affaiblir en quoi que ce soit le mérite de l’illustre inventeur de l’héliographie, je veux encore le relever, en disant bien haut qu’il fut le premier à chercher par l’expérience à fixer les images de la chambre noire en recourant à des procédés de décoloration plus ou moins analogues aux deux faits que je viens de citer. Je rappelle encore avec la même intention l’esprit d’investigation qui lui suggéra l’idée, pour atteindre son but, de profiter de l’observation de Vogel relativement à la modification que subit le phosphore exposé dans le vide à la lumière ; alors le combustible se colore en rouge et perd sa solubilité dans des liquides qui le dissolvaient avant sa modification, observation que l’on a peut-être perdue de vue depuis le travail du chimiste de Vienne, M. Schrœtter. Certes, plus les les essais de Nicéphore, qui n’ont pas répondu à ses espérances, ont été nombreux, plus il a donné de preuves de son esprit d’invention, en même temps qu’il a montré à tous les savants capables d’apprécier les actes de cet esprit, combien le but qu’il a atteint était difficile à toucher ; et c’est cette réflexion qui, développée plus loin relativement au procédé de Daguerre, nous montrera l’extrême différence quil y a entre une découverte vraiment originale et un procédé qui l’a reproduite plus tard avec quelque avantage réel ; et tel est le mérite incontestable du procédé de Daguerre, quoique, dès à présent, nous fassions la remarque que ce procédé a des inconvénients, ou, en d’autres termes, n’a pas, au pint de vue pratique, tous lesavantages de l’héliographie.
En résumé, à Nicéphore Niépce revient incontestablement l’honneur d’avoir découvert l’héliographie, de laquelle dérivent la daguerréotypie et la photographie sur papier, due à Talbot.

PREMIÈRE SECTION

de l’héliographie, de la daguerréotypie et de la photographie
§1. – De l’héliographie

C’est nicéphore Niepce qui a rempli le premier les deux conditions nécessaires à fixer l’image de la chambre obscure, à savoir : 1º l’emploi d’une matière sensible à l’action de la lumière, laquelle, après avoir été appliquée sur une surface solide, est exposée au foyer de la chambre obscure, là où se peint l’image ; 2º l’emploi d’u liquide capable de dissoudre toute la matière sensible qui n’a point été modifiée par la lumière à l’exclusion de celle qui l’a été.
nicéphore Niépce, après plusieurs années d’essais, donna la préférence, comme matière sensible, au bitume de Judée, qu’il appliqua sur une plaque métallique en le pénétrant d’abord d’huile volatile de lavande, puis le faisant dissoudre dans un mélange d’une partie en volume d’huile de lavande et de neuf parties d’huile de pétrole. La plaque enduite de la solution de bitume, après l’évaporation du dissolvant, était exposée au foyer de la chambre noire ; il arrivait alors que toutes les parties du bitume que frappait la lumière perdaient leur solubilité dans l’huile de lavande et de pétrole, et que dès lors, en plongeant la plaque, à sa sortiede la chambre obscure, dans le liquide huileux, tout le bitume non insolé se dissolvait, tandis que celui qui échappait à l’action du dissolvant était la portion de bitume qui, ayant été frappée par la lumière, conservait les traits de l’image ; et la modification étant proportionnée à l’énergie de la lumière, on avait des clairs et des ombres de différents tons, qui produisaient le relief de l’image.
On conçoit que la matière du dessin était le bétume modifié qui restait fixé sur la partie de la plaque où la solution avait été appliquée.
Telle est la manière dont nicéphore Niépce a réalisé la fixation de l’image, mais là n’est pas toute la découverte.
Il s’est dit : si le bitume qui recouvre le métal représente l’image de la chambre obscure, n’arrivera-t-il pas qu’en faisant mordre par un acide le métal mis à nu après l’apparition de l’image, j’aurai ainsi une plaache gravée de telle sorte qu’en enlevant le bitume modifié qui a protégé le métal contre l’action érosive de l’acide, l’image apparaîtra, les reliefs du métal en seront les clairs et les parties creuses en seront les ombres ou les traits correspondants.
Eh bien, l’expérience a justifié la conjecture de nicéphore Niépce, et je rappelle la reproduction du portrait gravé de Georges, cardinal d’Amboise, exécuté en 1824 sur plaque d’étain, en faisant remarquer que cette épreuve est une des premières obtenues par le procédé que je viens de décrire.
On ne peut donc pas refuser à nicéphore Niépce l’invention de l’héliographie, ni celle de la gravure héliographique.
Et, quoi qu’en ait dit Arago dans la citation que nous avons faite d’un passage de son rapport, le procédé de nicéphore Niépce mérite parfaitement la qualification de méthode, car il est de toute évidence que la daguerréotypie et la photographie sur papier, de Talbot, ne font que répéter la découverte mère avec des matères sensibles différentes sur des subjectifs dont la nature peut varier.
Après avoir donné les raisons pour lesquelles nicéphore Niépce doit être considéré comme inventeur de l’héliographie, je vais examiner son œuvre au point de vue des difficultés qui naissent des matières qu’il employées, acte de justice pour reconnaître les véritables perfectionnements apportés à l’œuvre origina, sans atténuer la gloire de l’inventeur, puisqu’elle doit être considérée comme indispensable, parles raisons que nous avons données1([iii]).
La durée de de huit heures qu’exigeait l’exposition du bitume à la lumière, pour que l’image de la chambre obscure fût satisfaisante, était un inconvénient à cause des changements de la répartition des clairs et des ombres dans la reproduction del’image. Mais cet inconvénient n’était point inhérent à la méthode, comme le démontra, en 1853, le petit-cousin de nicéphore, Niépce Saint-Victor, en donnant au bitume de Judée plus de sensibilité à la lumière. Si, en outre, on tient compte de la position de nicéphore, habitant à la campagne, loin des ressources d’une grande ville comme Paris, et à une époque où la facilité des communications était si différente de ce qu’elle est aujourd’hui, de sorte que, pour réparer un accident de la chambre obscure, nicéphore n’avait que l’opticien Scotti, de Châlon et le baguier de son fils Isidore1([iv]), on a une idée vraie des difficultés contre lesquelles il alutté sanssuccomber !
Ajoutons encore que la passion de Claude pour construire des machines propres à démontrer, croyait-il, le mouvement perpétuel, mit trop souvent à l’épreuve le désintérescement de nicéphore ; si la générosité fraternelle allai trop loin, l’excellent père de famille, pénétré de ses devoirs, se croyait obligé à faire peser l’économie sur la dépense même qu’entraînaient incessamment ses propres recherches, et n’oublions pas que, commencées dès 1814, la mort seule y mit un terme le 3 de juillet 1833.
Parlons maintenant de la daguerréotypie et de la phographie.

§2. – De la Daguerréotypie

Après avoir mis hors de doute, dans l’article précédente, la découverte de l’héliographie par nicéphore Niépce, j’ai montré que Daguerre, en s’associant avec lui pour exploiter les avantages de la découverte, n’avait apporté à la société que son talent personnel et les connaissances pratiques de peintre mises en évidence par les Tableaux du Diorama ; car les perfectionnements de la chambre obscure, tout à fait étrangère à l’invention de l’héliographie, et dont cependant l’acte faisait mention, remontant à 18122([v]), et avaient pour auteur Wollaston, et quant à l’achromatisme des verres, opéré plus tard, on le devait à l’artiste Charles Chevalier.
N’oublions pas que nicéphore, en 1827 et 1828, ne vit jamais aucun essai héliographique de Daguerre, et qu’en 1835 son fils Isidore, venu à Paris pour une révision de l’acte passé avec nicéphore, que la mort avait frappé en 1833, comme nous l’avons dit, n’en vit pas davantage, et cependant alors il était de l’intérêt de Daguerre de prouver qu’il avait trouvé un procédé en réalité supérieur à celui de nicéphore, puisque dans le nouveau traité, le nom de Daguerre devait précéder celui de nicéphore Niépce. Mais ce ne fut que de 1835 à 1837 qu’après beaucoup de travaux Daguerre fut en droit de se dire auteur du procédé qui porte son nom.
Quelles conclusions tirai-je de ces faits, en m’abstenant de toute réflexion relative à la conduite de Daguerre, à l’égard des changements au traité primitif qu’il imposa au fils de l’inventeur de l’héliographie ?
La première, c’est que Daguerre jusqu’à la mort de nicéphore, n’avait fait aucune recherche qui eût trait à l’héliographie.
La seconde, c’est qu’il mit beaucoup de temps à découvrir le procédé qui porta son nom, procédé qui lui appartient incontestablement.
La troisième, c’est quincontestablement, à mon sens, il n’aurait point imaginé ce procédé, s’il eût ignoré les recherches originales de nicéphore Niépce, qui avait démontré par le fait la possibilité de fixer l’image produite par la lumière dans la chambre obscure, au moyen d’une matière sensible, de laquelle on séparait ensuite la portion de cette matière sur laquelle la lumière n’avait point agi.
Je ne puis donc admettre, d’après la manière dont je me représente l’esprit humain lorsqu’il fait des découvertes vraiment originales, que le procédé de Daguerre, quelque admirable qu’en paraisse le résultat, soit une découverte originale susceptible d'amoindrir en quoi que ce soit la découverte vraiment mére de l’héliographie.
À suivre
([i]) 1 Voir, pour le premier article, le Journal des Savants, cahier de février, p. 65.
([ii]) 1 Le 2 de janvier 1837.
([iii]) 1 Dans le premier article, février 1873, p. 81 et 82.
([iv]) 1 Premier aricle, p.76.
([v]) 2 11 de juin.

Sem comentários:

Enviar um comentário