quarta-feira, 27 de maio de 2009

1857, 15 de Novembro
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. XLV
Nº. 20
Pag. 811, 812, 813, 814, 815
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Photographie- Mémoire sur une nouvelle action de la lumière ; par M. Niepce de Saint-Victor.

« Un corps, après avoir été frappé par la lumiére, ou soumis a l’insolation, conserve-t-il dans l’obscurité quelque impression de cette lumière? Tel est le problème que j’ai cherché à resoudre par la photographie. La phosphorescence et la fluorescence des corps sont connues: mais on n’a jamais fait, que je sache, avant moi les expériences que je vais décrire.
« On expose aux rayons directs du soleil, pendant un quart d’heure au moins, une gravure qui a été tenue plusieurs jours dans l’obscurité, et dont une moitié a été recouverte d’un écran opaque. On applique ensuite cette gravure sur un papier photographique très-sensible, et après vingt-quatre heures de contact dans l’obscurité on obtient en noir une reproduction des blancs de la partie de la gravure qui, dans l’acte de l’insolation, n’a pas été abritée par l’écran.
» Lorsque la gravure est restée plusieurs jours dans l’obscurité la plus profonde, et qu’on l’applique sur le papier sensible sans l’exposer à la lumière, elle ne se reproduit pas.
« Certaines gravures, après avoir été exposées à la lumiere, se reproduisent mieux que d’autres, selon la nature du papier; mais tous les papiers, même le papier à filtrer de Berzelius, et les papiers de soie, se reproduisent plus ou moins après une exposition préalable à la lumière.
» Le bois, l’ivoire, la baudruche, le parchemin et même la peau vivante, frappés par la lumière, donhent une image négative; mais les métaux, le verre, les émaux, ne se reproduisent.
« En laissant très-longtemps une gravure exposée aux rayons solaires, elle se saturera de lumière, si je puis m’exprimer ainsi. Dans ce cas, elle produira le maximum d’effet, pourvu qu’en outre on la laisse deux ou trois jours en contact avec le papier sensible. J’ai obtenu ainsi des intensités d’impressions qui me font espérer que peut-être on arrivera, en opérant sur des papiers très-sensibles, comme sur le papier préparé à l’iodure d’argent, par exemple, ou sur une couche de collodion sec ou d’albumine, et en développant l’image avec l’acide gallique oil pyrogallique, à obtenir des épreuves assez vigoureuses pour pouvoir en former un cliché; ce serait un nouveau moyen de reproduction des gravures.
» Je reprends la série de mes expériences. Si on interpose une lame de verre entre la gravure et le papier sensible, les blancs de la gravure n’impressionnent plus le papier sensible. Il en est de même si on interpose une lame de mica, ou une lame de cristal de roche, ou une lame de verre jaune coloré à l’oxyde d’urane. On verra plus loin que l’interposition de ces mêmes substances arrête également l’impression des lumières phosphorescentes placées directement en face du papier sensible.
« Une gravure enduite d’une conche de collodion ou de gélatine se reproduit; mais une gravure enduite d’une couche de vernis à tableaux ou de gomme ne sa reproduit pas.
« Une gravure placée à trois millimètres de distance du papier sensible se reproduit trés-bien, et si c’est un dessin à gros traits, il se reproduira encore à un centimètre de distance. L’impression n’est donc pas le résultat d’une action de contact.
« Une gravure colorée de plusieurs couleurs se reproduit trés-inégalement, c’est-à-dire que les couleurs impriment leur image avec des intensités différentes, variables avec leur nature chimique. Quelques-unes laissent une impression très-visible, tandis que d’autres ne colorent pas ou presque pas le papier sensible.
« Il en est de même des caractères imprimés avec diverses encres: l’encre grasse d’impression en relief ou en taille-douce, l’encre ordinaire formée d’une solution de noix de galle et de sulfate de fer, ne donnent pas d’images: tandis que certaines encres anglaises en donnent d’assez nettes.
« Des caractères vitrifiés, tracés sur une plaque de porcelaine vernissée ou recouverte d’émail, s’impriment sur le papier sensible, sans que la parcelaine elle-même laisse aucune trace de sa présence; mais une porcelaine non recouverte de vernis ou d’émail, telle que le biscuit ou la pâte de kaolin, produit une impression légère.
« Si, après avoir exposé une gravure à la lumiére pendant une heure, on l’applique sur un carton blanc qui est resté dans l’obscurité pendant quelques jours; si après avoir laissé la gravure en contact avec le carton pendant vingt-quatre heures au moins, on met le carton à son tour en contact avec une feuille de papier sensible, on aura, après vingt-quatre heures de ce nouveau contact, une reproduction de la gravure un peu moins visible, il est vrai, que si la gravure eût été appliquée directement sur le papier sensible, mais encore distincte.
» Lorsqu’une tablette de marbre noir, parsemée de taches blanches et exposée à la lumière, est appliquée ensuite sur papier sensible, les parties blanches du marbre s’impriment seules sur le papier. Dans les mêmes conditions, une tablette de craie blanche laisse aussi une impression sensible, tandis qu’une tablette de charbon de bois ne produit aucun effet.
» Lorsqu’une plume noire et blanche a été exposée au soleil et appliquée dans l’obscurité sur papier sensible, ce sont encore les blancs qui seuls impriment leur image.
« Une plume de perruche, rouge, verte, bleue et noire, a donné une impression presque nulle, comme si toute la plume avait été noire. Certaines couleurs cependant avaient laissé des traces d’une action très-faible.
« J’ai fait quelques expériences avec des étoffes de différentes natures et de diverses couleurs, et j’énoncerai rapidement les résultats qu’elles m’ont donnés :
« Coton blanc, impressionne le papier sensible;
« Coton brun, par la garance et l’alumine, n’a rien donné;
« Coton violet, par la garance et le sel de fer, presque rien ;
« Coton rouge, par la cochenille, rien;
« Coton rouge turc, par la garance et l’alun, rien ;
« Coton bleu de Prusse, sur fond blanc, c’est le bleu qui a plus impressionné;
« Coton bleu, par la cuve d’indigo, rien;
« Coton chamois, par peroxyde de fer, a impressionné.
« Des étoffes de fil, de soie et de laine donnent également des impressions différentes, selon la nature chimique de la couleur.
« J’appelle d’une manière toute particulière l’attention sur l’expérience suivante, qui me paraît curieuse et importante :
« On prend un tube de métal, de fer-blanc par exemple,. ou de toute autre substance opaque, fermé à une de ses extrémités et tapissé à l’intérieur de papier ou de carton blanc; on l’expose, l’ouverture en avant, aux rayons solaires directs pendant une heure environ; aprés l’insolation, on applique cette même ouverture contre une feuille de papier sensible, et l’on constate, après vingt-quatre heures, que la circonférence du tube a dessiné son image. Il y a plus: une gravure sur papier de Chine, interposée entre le tube et le papier sensible, se trouvera elle-même reproduite.
« Si l’on ferme le tube hermétiquement aussitôt qu’on a cessé de l’exposer à la lumière, il conservera pendant un temps indéfini la faculté de radiation que l’insolation lui a communiquée, et l’on verra cette faculté s’exercer ou se manifester par impression lorsqu’on appliquera ce tube sur le papier sensible, après en avoir enlevé le couvercle qui le fermait.
« J’ai répété sur les images lumineuses formées dans la chambre obscure les expériences que j’avais d’abord faites à la lumière directe. On tire un carton blanc de l’obscurité pour le placer, pendant trois heures environ, dans la chambre obscure, où se projette une image vivement éclairée par le soleil; on applique ensuite le carton sur une feuille de papier sensible et l’on obtient, après vingt-quatre heures de contact, une reproduction assez visible de l’image primitive de la chambre obscure.
« Il faut une longue exposition pour obtenir un résultat appréciable; et voila sans doute pourquoi je n’ai rien obtenu en recevant seulement pendant une heure et demie l’image d’un spectre solaire sur une feuille de carton blanc. Je n’en suis pas moins persuadé qu’une exposition de plusieurs heures sur une feuille de papier ou de carton très-absorbant donnerait une impression du spectre, et l’on peut regarder comme acquis à la science ce fait qui n’est pas sans portée.
» Il ne m’a pas encore été donné d’expérimenter avec la lumière, soit de la lampe électrique, soit de l’œuf électrique; mais je me propose de le faire aussitôt que je le pourrai.
« Dans quelques essais, encore peu nombreux, j’ai cru remarquer que l’activité que donne la lumière, absorbée et conservée à certains corps dans un vase, exercait également une action sur les plantes, entre autres sur les fleurs qui s’ouvrent de jour et se ferment la nuit.
« Il me reste à parler des expériences que j’ai faites avec des corps fluorescents et phosphorescents.
» Un dessin tracé sur une feuille de papier blanc, avec une solution de sulfate de quinine, un des corps les plus fluorescents connus, exposé au soleil et appliqué sur papier sensible, se reproduit en noir beaucoup plus intense que le papier blanc qui forme le fond du dessin. Une lame de verre interposée entre le dessin et le papier sensible empêche toute impression; une lame de verre jaune colorée à l’oxyde d’urane produit le même effet.
« Si le dessin au sulfate de quinine n’a pas été exposé à la lumière, il ne produit rien sur le papier sensible.
» Un dessin lumineux tracé avec du phosphore sur une feuille de papier blanc, sans exposition préalable à la lumière, impressionnera très-rapidement le papier sensible; mais si l’on interpose une lame de verre, il n’y a plus aucune action.
« Les mêmes effets ont lieu avec le fluate de chaux rendu phosphorescent par la chaleur.
» Tels sont les principaux faits que j’ai observés. L’espace me manque pour énumérer toutes les expériences que j’ai faites; il en reste encore beaucoup plus à faire, et voilà pourquoi je m’empresse de publier cette Note, sans attendre qu’elle soit compléte. Il m’est permis, je crois, d’espérer que ma nouvelle maniére de mettre en évidence des propriétés de la lumière a peine soupçonnées, ou imparfaitement constatées jusqu’ici, excitera l’attention des physiciens et amènera d’importantes recherches. »

M. Chevreul, en communiquant les faits précédents à l’Académie, au nom de l’auteur M. Niepce de Saint-Victor, prie le Bureau d’ouvrir le paquet renfermant ces résultats, que M. Niepce avait déposé à l’Académie le 31 août dernier ([i]). M. Chevreul ajoute que l’auteur, avant cette époque, l’avait rendu temoin des faits principaux consignés dans son Mémoire.
([i]) Não encontrei nenhuma referência no Compte Rendu nº 9, T. XLV, de 31 de Agosto de 1857 (pag. de entrada 281)

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