1858, 1 de Março
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. XLVI
Nº. 9
Pag. 448, 449, 450, 451
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. XLVI
Nº. 9
Pag. 448, 449, 450, 451
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PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Deuxième Mémoire sur une nouvelle action de la lumière; par M. Niepce de Saint -Victor. (Extrait.)
« Il y a deux manières de mettre en évidence l’actiou exercée par la lumière sur les corps qui ont été frappés par elle, dans les circonstances que j’ai signalées récemment aux observateurs. La première, celle que j’ai décrite dans un premier Mémoire, consistait à exposer au soleil, ou même à la lumière diffuse du jour, un dessin quelconque, une gravure par exemple, qu’on appliquait ensuite sur une feuille de papier sensible, préparée au chlorure d’argent. La seconde manière que je vais décrire est plus concluante encore.
« On prend une feuille de papier restée plusieurs jours dans l’obscurité; on la couvre d’un cliché photographique sur verre ou sur papier; on l’expose aux rayons solaires pendant un temps plus ou moins long, suivant l’intensité de la lumière, on la rapporte dans l’obscurité; on enlève le cliché qui la couvre, et on la traite par une solution d’azotate d’argent: on voit alors apparaître, dans l’espace de très-peu de temps, une image qu’il suffit de bien laver dans de l’eau pure pour la fixer. Si l’on veut obtenir une image plus rapide dans son développement et plus vigoureuse, on imprégnera préalablement la feuille de papier d’une substance qui subisse dans un plus haut degré que lui l’action lumineuse dont il est question dans ce Mémoire, action d’emmagasinement, si l’on peut s’exprimer ainsi, avec persistance de l’activité lumineuse. Une substance de ce genre très-efficace est une solution aqueuse d’azotate d’urane, que l’on obtient, soit en traitant l’oxyde d’urane par l’acide azotique dilué, soit en faisant dissoudre dans l’eau des cristaux d’azotate d’urane.
« La feuille de papier doit être imprégnée de sel d’urane en assez grande quantité pour que sa teinte soit d’un jaune paille sensible; on la fait sécher et on la garde dans l’obscurité. Quand on veut expérimenter, on la recouvre d’un cliché; on l’expose au soleil environ un quart d’heure, on la rapporte dans l’obscurité; on la traite par une solution d’azotate d’argent, et l’on voit instantanément apparaître une image positive très-vigoureuse, avec la teinte marron des épreuves ordinaires. Pour la fixer, il suffit de l’immerger dans de l’eau pure, afin de dissoudre toute la portion du sel d’urane, qui, abritée par les noirs du cliché, n’a pas requ l’action de la lumière.
« Si, après avoir bien rincé l’épreuve à l’eau pure, on veut la faire virer au noir, on n’aura qu’a la traiter par une solution de chlorure d’or acide. Ou bien, pour obtenir le même résultat, on n’aura qu’à passer l’épreuve sortant de l’exposition à la lumière dans une solution de bichlorure,de mercure et l’y laisser quelques minutes seulement, selon le temps d’exposition à la lumière qui doit être trois fois plus long que dans le premier cas; la rincer à l’eau pure, et la traiter ensuite par une solution d’azotate d’argent dans laquelle on la laisse jusqu’à ce que l’image soit entièrement développée avec un beau ton noir d’ébène; on la rince après a l’eau pure pour la fixer.
» Si, après l’insolation de la feuille de papier imprégnée de sel d’urane, on substitue à la solution révélatrice d’azotate d’argent une solution de chlorure d’or acide, on verra l’image apparaître instantanément en bleu très-intense; on la fixera également par un lavage a l’eau pure.
« On peut aussi obtenir des épreuves négatives pour servir de clichés: en plaçant dans la chambre obscure une feuille de papier imprégtiée d’azotate d’uirane. Ce procédé étant très-lent, daus l’état actuel des choses, ne pourra servir qu’a prendre des vues de monuments, mais il est des plus simples et des plus faciles.
» Ces images photographiques obtenues, comme on vient de le dire, avec un sel d’urane et le concours d’un sel d’or, ou d’argent, ou de mercure, résistent à l’action énergique d’une solution bouillante de cyanure de potassium, l’eau régale seule les altère; tout fait donc espérer qu’elles seront beaucoup plus stables que les photographies faites par les procédds actuels, et que ce nouveau mode d’impression des positifs, très-simple et très-rapide, est la solution cherchée du problème si important de la fixation absolue des images photographiques.
« La solution d’azotate d’urane peut étre remplacée par une simple solution d’acide tartrique. L’image se développera encore lorsqu’on traitera le papier insolé par l’azotate d’argent, mais plus lentement, à moins qu’on ne fasse intervenir l’action d’une chaleur de 30 à 40 degrés. L’élévation de température, utile seulement quand l’agent révélateur est un sel d’argent, devient nécessaire quand on veut développer au sel d’or. La chaleur, dans ce cas, fait fonction d’agent excitateur, et elle partage cette propriété avec d’autres agents naturels, l’humidité par exemple, comme nous le dirons bientôt
« Un dessin tracé sur une feuille de carton avec une solution d’azotate d’urane, ou d’acide tartrique, exposé à la lumière ou isolé, et appliqué sur une feuille de papier-sensible préparée au chlorure d’argent, imprime son image, et une image beaucoup plus intense que lorsque le dessin était tracé, comme dans une première expérience, avec le sulfate de quinine. Je crois même pouvoir affirmer, après de nouvelles et nombreuses expériences, que si avec le sulfate de quinine j’ai obtenu des images un peu intenses, c’est que j’opérais avec du sulfate dissous dans l’acide tartrique; car si l’on opère avec une solution de sulfate de quinine dissous dans l’acide azotique ou sulfurique, les images obtenues sont faibles et superficielles.
« Si le dessin fait sur le carton avec la solution d’urane ou d’acide tartrique est tracé à gros traits, il se reproduira, à 2 ou 3 centimètres de distance du papier sensible, surtout si la température est un peu élevée.
« Les expériences suivantes montrent combien est grande l’influence de la chaleur. En recouvrant d’une plaque métallique chauffée à 50 degrés l’ensemble du carton qui porte le dessin insolé et la feuille de papier sensible préparée au chlorure d’argent, j’ai vu l’image apparaître en quelques minutes, tandis qu’il aurait fallu attendre deux ou trois heures, si la température avait été à zéro, pour voir naître une impression légère, et vingt-quatre heures au moins pour obtenir le maximum d’action.
» J’ai pris deux morceaux de papier sensible preparé au chlorure d’argent; j’ai placé un morceau sur une plaque métallique chauffée à 60 degrés environ, l’autre sur un marbre à la température de zéro, et j’ai vu dans les mêmes conditions de lumière le morceau placé sur la plaque chauffée noircir beaucoup plus vite que le morceau placé sur le marbre.
« J’ai répété avec des cartons imprégnés d’urane ou d’acide tartrique mes premières expériences sur l’emmagasinement de la lumière dans des tubes, et j’ai obtenu des résultats beaucoup plus frappants, surtout avec l’acide tartrique, qui réduit moins facilement les sels d’or et d’argent que l’urane, mais qui donne un rayonnement plus fort.
« J’expose à la lumière solaire une feuille de carton très-fortement imprégnée de deux on trois couches d’une solution d’acide tartrique ou de sel d’urane; après l’insolation je tapisse avec le carton l’intérieur d’un tube de fer-blanc assez long et d’un diamètre étroit; je ferme le tube hermétiquement, et je constate, après un trés-long laps de temps, comme le premier jour, que le carton impressionne le papier sensible préparé au chlorure d’argent. A la température de l’air ambiant, il faut vingt-quatre heures pour obtenir le maximum d’effet; mais si, après avoir projeté dans le tube quelques gouttes d’eau pour humecter légèrement la feuille de carton, on le referme, on l’expose à une température de 40 à 50 degrés, on l’ouvre et on applique son embouchure sur la feuille de papier sensible, il suffira de quelques minutes pour obtenir une image circulaire de l’embouchure aussi vigoureuse que si le papier sensible avait éte exposé au soleil. L’expérience ne réussit qu’une fois, c’est-à-dire que la lumière semble s’être échappée tout entière du carton, et que, pour obtenir une seconde image, il faudra recourir à une seconde insolation.
« Les sels d’urane sont très-fluorescents, comme on le sait, et l’azotate d’urane cristallisé est de plus très-phosphorescent par percussion; mais j’ai constaté a la lampe électrique que l’acide tartrique pur n’est nullement fluorescent, ou qu’il ne devient nullement lumineux sous l’action des rayons les plus réfrangibles du spectre obtenu avec la lumière électrique, ou sous l’action de la lumière solaire; il m’a été egalement impossible de découvrir quelque phosphorescence dans des cristaux d’acide tartrique (1) ([i]).
([i]) (1) Ce n’est donc pas à la phosphorescence ou à la fluorescence seule qu’on peut attribuer la propriété remarquable que possèdent les solutions d’urane et d’acide tartriquede se saturer en quelque sorte de lumière.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Deuxième Mémoire sur une nouvelle action de la lumière; par M. Niepce de Saint -Victor. (Extrait.)
« Il y a deux manières de mettre en évidence l’actiou exercée par la lumière sur les corps qui ont été frappés par elle, dans les circonstances que j’ai signalées récemment aux observateurs. La première, celle que j’ai décrite dans un premier Mémoire, consistait à exposer au soleil, ou même à la lumière diffuse du jour, un dessin quelconque, une gravure par exemple, qu’on appliquait ensuite sur une feuille de papier sensible, préparée au chlorure d’argent. La seconde manière que je vais décrire est plus concluante encore.
« On prend une feuille de papier restée plusieurs jours dans l’obscurité; on la couvre d’un cliché photographique sur verre ou sur papier; on l’expose aux rayons solaires pendant un temps plus ou moins long, suivant l’intensité de la lumière, on la rapporte dans l’obscurité; on enlève le cliché qui la couvre, et on la traite par une solution d’azotate d’argent: on voit alors apparaître, dans l’espace de très-peu de temps, une image qu’il suffit de bien laver dans de l’eau pure pour la fixer. Si l’on veut obtenir une image plus rapide dans son développement et plus vigoureuse, on imprégnera préalablement la feuille de papier d’une substance qui subisse dans un plus haut degré que lui l’action lumineuse dont il est question dans ce Mémoire, action d’emmagasinement, si l’on peut s’exprimer ainsi, avec persistance de l’activité lumineuse. Une substance de ce genre très-efficace est une solution aqueuse d’azotate d’urane, que l’on obtient, soit en traitant l’oxyde d’urane par l’acide azotique dilué, soit en faisant dissoudre dans l’eau des cristaux d’azotate d’urane.
« La feuille de papier doit être imprégnée de sel d’urane en assez grande quantité pour que sa teinte soit d’un jaune paille sensible; on la fait sécher et on la garde dans l’obscurité. Quand on veut expérimenter, on la recouvre d’un cliché; on l’expose au soleil environ un quart d’heure, on la rapporte dans l’obscurité; on la traite par une solution d’azotate d’argent, et l’on voit instantanément apparaître une image positive très-vigoureuse, avec la teinte marron des épreuves ordinaires. Pour la fixer, il suffit de l’immerger dans de l’eau pure, afin de dissoudre toute la portion du sel d’urane, qui, abritée par les noirs du cliché, n’a pas requ l’action de la lumière.
« Si, après avoir bien rincé l’épreuve à l’eau pure, on veut la faire virer au noir, on n’aura qu’a la traiter par une solution de chlorure d’or acide. Ou bien, pour obtenir le même résultat, on n’aura qu’à passer l’épreuve sortant de l’exposition à la lumière dans une solution de bichlorure,de mercure et l’y laisser quelques minutes seulement, selon le temps d’exposition à la lumière qui doit être trois fois plus long que dans le premier cas; la rincer à l’eau pure, et la traiter ensuite par une solution d’azotate d’argent dans laquelle on la laisse jusqu’à ce que l’image soit entièrement développée avec un beau ton noir d’ébène; on la rince après a l’eau pure pour la fixer.
» Si, après l’insolation de la feuille de papier imprégnée de sel d’urane, on substitue à la solution révélatrice d’azotate d’argent une solution de chlorure d’or acide, on verra l’image apparaître instantanément en bleu très-intense; on la fixera également par un lavage a l’eau pure.
« On peut aussi obtenir des épreuves négatives pour servir de clichés: en plaçant dans la chambre obscure une feuille de papier imprégtiée d’azotate d’uirane. Ce procédé étant très-lent, daus l’état actuel des choses, ne pourra servir qu’a prendre des vues de monuments, mais il est des plus simples et des plus faciles.
» Ces images photographiques obtenues, comme on vient de le dire, avec un sel d’urane et le concours d’un sel d’or, ou d’argent, ou de mercure, résistent à l’action énergique d’une solution bouillante de cyanure de potassium, l’eau régale seule les altère; tout fait donc espérer qu’elles seront beaucoup plus stables que les photographies faites par les procédds actuels, et que ce nouveau mode d’impression des positifs, très-simple et très-rapide, est la solution cherchée du problème si important de la fixation absolue des images photographiques.
« La solution d’azotate d’urane peut étre remplacée par une simple solution d’acide tartrique. L’image se développera encore lorsqu’on traitera le papier insolé par l’azotate d’argent, mais plus lentement, à moins qu’on ne fasse intervenir l’action d’une chaleur de 30 à 40 degrés. L’élévation de température, utile seulement quand l’agent révélateur est un sel d’argent, devient nécessaire quand on veut développer au sel d’or. La chaleur, dans ce cas, fait fonction d’agent excitateur, et elle partage cette propriété avec d’autres agents naturels, l’humidité par exemple, comme nous le dirons bientôt
« Un dessin tracé sur une feuille de carton avec une solution d’azotate d’urane, ou d’acide tartrique, exposé à la lumière ou isolé, et appliqué sur une feuille de papier-sensible préparée au chlorure d’argent, imprime son image, et une image beaucoup plus intense que lorsque le dessin était tracé, comme dans une première expérience, avec le sulfate de quinine. Je crois même pouvoir affirmer, après de nouvelles et nombreuses expériences, que si avec le sulfate de quinine j’ai obtenu des images un peu intenses, c’est que j’opérais avec du sulfate dissous dans l’acide tartrique; car si l’on opère avec une solution de sulfate de quinine dissous dans l’acide azotique ou sulfurique, les images obtenues sont faibles et superficielles.
« Si le dessin fait sur le carton avec la solution d’urane ou d’acide tartrique est tracé à gros traits, il se reproduira, à 2 ou 3 centimètres de distance du papier sensible, surtout si la température est un peu élevée.
« Les expériences suivantes montrent combien est grande l’influence de la chaleur. En recouvrant d’une plaque métallique chauffée à 50 degrés l’ensemble du carton qui porte le dessin insolé et la feuille de papier sensible préparée au chlorure d’argent, j’ai vu l’image apparaître en quelques minutes, tandis qu’il aurait fallu attendre deux ou trois heures, si la température avait été à zéro, pour voir naître une impression légère, et vingt-quatre heures au moins pour obtenir le maximum d’action.
» J’ai pris deux morceaux de papier sensible preparé au chlorure d’argent; j’ai placé un morceau sur une plaque métallique chauffée à 60 degrés environ, l’autre sur un marbre à la température de zéro, et j’ai vu dans les mêmes conditions de lumière le morceau placé sur la plaque chauffée noircir beaucoup plus vite que le morceau placé sur le marbre.
« J’ai répété avec des cartons imprégnés d’urane ou d’acide tartrique mes premières expériences sur l’emmagasinement de la lumière dans des tubes, et j’ai obtenu des résultats beaucoup plus frappants, surtout avec l’acide tartrique, qui réduit moins facilement les sels d’or et d’argent que l’urane, mais qui donne un rayonnement plus fort.
« J’expose à la lumière solaire une feuille de carton très-fortement imprégnée de deux on trois couches d’une solution d’acide tartrique ou de sel d’urane; après l’insolation je tapisse avec le carton l’intérieur d’un tube de fer-blanc assez long et d’un diamètre étroit; je ferme le tube hermétiquement, et je constate, après un trés-long laps de temps, comme le premier jour, que le carton impressionne le papier sensible préparé au chlorure d’argent. A la température de l’air ambiant, il faut vingt-quatre heures pour obtenir le maximum d’effet; mais si, après avoir projeté dans le tube quelques gouttes d’eau pour humecter légèrement la feuille de carton, on le referme, on l’expose à une température de 40 à 50 degrés, on l’ouvre et on applique son embouchure sur la feuille de papier sensible, il suffira de quelques minutes pour obtenir une image circulaire de l’embouchure aussi vigoureuse que si le papier sensible avait éte exposé au soleil. L’expérience ne réussit qu’une fois, c’est-à-dire que la lumière semble s’être échappée tout entière du carton, et que, pour obtenir une seconde image, il faudra recourir à une seconde insolation.
« Les sels d’urane sont très-fluorescents, comme on le sait, et l’azotate d’urane cristallisé est de plus très-phosphorescent par percussion; mais j’ai constaté a la lampe électrique que l’acide tartrique pur n’est nullement fluorescent, ou qu’il ne devient nullement lumineux sous l’action des rayons les plus réfrangibles du spectre obtenu avec la lumière électrique, ou sous l’action de la lumière solaire; il m’a été egalement impossible de découvrir quelque phosphorescence dans des cristaux d’acide tartrique (1) ([i]).
([i]) (1) Ce n’est donc pas à la phosphorescence ou à la fluorescence seule qu’on peut attribuer la propriété remarquable que possèdent les solutions d’urane et d’acide tartriquede se saturer en quelque sorte de lumière.
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