segunda-feira, 8 de junho de 2009

1855, 22 de Outubro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. XLI
Nº. 17
Pag. 666, 667, 668, 669
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CHIMIE APPLIQUÉE. - Note sur les causes qui amènent l’altération des épreuves photographiques positives, et sur un moyen de les révivifier; par MM. Davane et Girard

« S’il est quelque chose qui s’oppose encore au développement immense que la photographie sérieuse est appelée à prendre, c’est à coup sûr l’instabilité que présentent, généralement les épreuves positives; il en est peu, en effet, qui puissent résister à un contact de quelques années avec les agents atmosphériques : nous n’entendons parler ici que des épreuves préparées par le procédé ordinaire de l’hyposulfite, et nullement de celles à la préparation desquelles concourent les sels d’or.
» On sait que le premier de ces procédés, qui seul jusqu’ici à joui de la faveur des photographes, consiste d’abord à tremper l’épreuve, au sortir du châssisde reproduction, dans un bain d’hyposulfite de soude, pour dissoudre le chlorure d’argent non décomposé; elle sort de ce bain avec une teinté rouge-fauve, que l’on cherche à remplacer par de belles teintes noires-violacées, qu’on obtient dans des bains dits de virage. Ceux-ci sont composés d’hyposulfite de soude additionné soit d’acide acétique, soit de chlorure d’argent. Au sortir de ces bains, l’épreuve est recouverte de belles teintes, mais l’expérience a démontré depuis longtemps que celles-ci n’offraient aucune solidité.
« Jusqu’ici diverses hypothéses avaient été émises sur ce fait de destruction, sans qu’aucune étude sérieuse eût été jamais entreprise; nous avons cherché à combler cette lacune et à éclairer par l’analyse chimique cette intéressante question. En réfléchissant aux opérations précédentes, tout nous faisait présumer qu’une épreuve rouge, fixée et non virée, était formée par de l’argent métallique divisé, et non par du sous-chlorure d’argent, comme on l’admet habituellement; que cet argent, au contact des bains sus-énoncés, se transformait en sulfure que les émanations atmosphériques
modifiaient ensuite. L’expérience a démontré l’exactitude de cette hypothèse.
« Pour la vérifier analytiquement, nous avons cherché: 1º quel était l’état de l’argent sur une feuille positive fixée et non virée, cherchant incidemment s’il était resté de l’hyposulfite de soude dans la pâte du papier; 2º quel était l’état de l’argent sur une épreuve positive virée par les procédés usuels, c’est-à-dire au moyen des hyposulfites chargés de chlorure d’argent ou d’acide acétique, de ces bains que les photographes appellent hyposulfites vieux.
« Le procédé que nous avons employé pour effectuer l’analyse était très-simple: il consistait à imprégner la feuille de papier d’une solution de nitrate de potasse et de carbonate de soude, à la faire brûler et à soumettre les cendres à l’analyse; après la calcination, l’argent restait à l’état insoluble, tandis que le chlore et le soufre se trouvaient transformés en chlorures et en sulfates. Nous avons d’abord vérifié l’exactitude de ce procédé en brûlant une feuille imprégnée de chlorure d’argent, dosant, dans les cendres, l'argent par le chlore, le chlore par l’argent, et pesant les deux précipités de chlorure qui se sont trouvés identiques; nous avons également déterminé par ce moyen la composition des cendres du papier photographique, de manière à pouvoir en tenir compte dans les analyses ultérieures.
« Pour décider la première question, nous avons fait noircir complétement à la lumière une feuille imprégnée de chlorure d’argent, nous l’avons ensuite lavée à l’hyposulfite de soude neuf, puis à l’eau distillée, et nous l’avons enfin brûlée. Nous n’avons pas trouvé dans les cendres traces de sulfate; la quantité de chlore s’élevait à 0gr,002; celle de l’argent à 0gr,124. Il était donc évident d’abord que l’hyposulfite de soude neuf n’avait pas laissé trace de soufre; en outre, la proportion du chlore était si faible en présence de celle de l’argent, qu’on pouvait la considérer comme impureté du papier; la formule Ag² Cl en eût exigé dix fois plus, soit 0gr,020. Plusieurs fois répétée, cette analyse nous a constamment donné le même résultat; mais, avant d’en tirer une conclusion, nous avons voulu lui donner une forme plus palpable. Nous avons préparé une quantité relativement considérable de chlorure d’argent, nous l’avons étalée dans une capsule, agitée pendant une journée à la lumière solaire, lavée à l’hyposulfite, puis à l’eau distillée; le résidu fondu avec du carbonate de soude pur a donné un culot d’argent métallique; mais le flux ne contenait pas traces de chlore. Ajoutons, en outre, que la surface des épreuves photographiques est parfaitement soluble dans l’acide azotique, tandis qu’on considère le sous-chlorure comme insoluble.
« De ces expériences, nous croyons pouvoir conclure que l’image photographique positive est formée par de l’argent métallique, et non pas par du sous-chlorure d’argent, comme on l’avait dit jusqu’ici.
« Pour déterminer ensuite quel était l’état de l’argent sur les épreuve virées, nous en avons analysé un certain nombre, sur lesquelles nous avions produit les teintes noires voulues, au moyen des bains ordinaires de virage (hyposulfite de soude mélangé d‘acide acétique ou de sel d’argent), et nous y avons toujours trouvé, non-seulement de l’argent, mais aussi du soufre, ces deux corps s’y rencontrant à peu prés en quantités atomiques, telles que les exige la formule AgS. Ce résultat s’est reproduit d’une façon constante, et nous en avons conclu que, dans les bains de virage précités, l’argent dont est recouverte la feuille se transforme en sulfure; réaction facile à comprendre quand on se rappelle que les hyposulfites sont immédiatement décomposés par l’acide acétique, et quand on sait, comme l’expérience nous l’a montré, que ces sels mélangés avec une solution d’azotate d’argent transforment presque instantanément celui-ci en sulfure.
« Passant ensuite a l’étude des épreuves altérées, nous avons soumis à l’analyse des épreuées préparées, il y a plusieures années, et dont les teintes noires s’étaient transformées en teintes jauunes; des épreuves que uous avons fait passer nous-mêmes en les abandonnant plusieurs jours dans l’eau après le virage; d’autres enfin que nous avions directement sulfurées comme nous le dirons tout à l’heure: dans toutes, nous avons retrouvé du soufre et de l’argenl, et, chose curieuse, les proportions étaient sensiblement les mêmes que dans les épreuves noires sortant des bains de virage.
« II était donc établi que dans les épreuves fixées l’analyse ne décelait que de l’argent, tandis que dans celles qui avaient été virées, qu’elles fussent noires ou jaunes, il y avait du soufre et de l’argent, et ces deux corps seulement. Restait à savoir si cette sulfuration était réellement la cause de la destruction des images. Pour nous en assurer, nous avons sulfuré des épreuves bien fixées, soit par les procédés photographiques, soit dans des bains sulfhydriques, soit dans un courant d’hydrogène sulfuré, et toutes les fois que ces épreuves sulfurées se sont trouvées d’une manière quelconque en présence de l’humidité, leurs teintes noires ont rapidement disparu pour faire place aux teintes jaunes, tandis que les épreuves simplement fixées ne subissaient aucune altération. Nous ne relaterons pas tous les essais que nous avons entrepris, deux suffiront: dans le premier, une feuille a été abandonnée pendant longtemps au sein d’une solution d’acide sulfbydrique, elle a parcouru rapidement toutes les teintes ordinaires, pour garder finalement, au sein mème du bain, la teinte jaune des épreuves passées; dans le second, une épreuve préalablement séchée à l’étuve, puis maintenue vingt-quatre heures dans un courant d’hydrogène sulfuré parfaitement sec, a gardé ses teintes noires, mais a jauni rapidement, lorsque ensuite nous l’avons Mise en contact avec l’eau.
« Raisonnant par analogie, nous croyons pouvoir dire que, dans les procédés photographiques ordinaires, la sulfuration cause le virage, et en présence de l’humidité améne la destruction. L’emploi des sels d’or, donnant naissance à des réactions d’un tout autre ordre, n’a point ces inconvénients.
» Il resterait à chercher pourquoi ce sulfure d’argent noir devient jaune en présence de l’humidité. Comme il n’y a dans les deux cas aucun changement dans la proportion des éléments constituants, on est forcé d’admettre soit une hydratation du composé, soit une modification isomérique analogue à celles des sulfures de mercure rouge et noir.
» En terminant, nous dirons qu’il est facile, lorsqu’une épreuve ainsi préparée a été détruite par le temps, de la ramener à des tons noirs dont on peut à volonté augmenter ou diminuer l’intensité: il suffit pour cela de l’immerger, pendant quelques heures et dans l’obscurité, dans un bain contenant par litre 2 à 3 grammes de chlorure d’or; une double décomposition s’opére, et l’or se dépose à la place de l’argent; on enlève ensuite, au moyen d’une solution légère d’hyposulfite de soude, le chlorured’argent formé, on lave, et l’épreuve se trouve ainsi parfaitement révivifiée. «

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