quarta-feira, 3 de junho de 2009

1856, 10 de Novembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Juillet-Décembre
T. .XLIII
Nº. 19
Pag. 912, 913, 914, 915
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PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Mémoire sur la gravure héliographique sur rnarbre et sur pierre lithographique; par M. Niepce de Saint-Victor. (Fin)

§ II - Impression litographique sur pierre gravée.

« J’ai à parler maintenant d’une seconde application de ce nouveau genre de gravure sur pierre, qui consiste à imprimer lithographiquement un dessin gravé, soit en creux, soit en relief, et les essais que j’ai fait faire chez M. Lemercier ne laissent aucun doute à cet égard; on peut en juger par les spécimens que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie.
» La difficulté était d’encrer cette gravure sur une pierre polie et d’un grain aussi fin que celle que j’emploie, parce que, pour obtenir des finesses et de la pureté dans le dessin, il ne faut pas employer certaines pierres que les lithographes emploient ordinairement; mais on peut obtenir de bons résultats en choisissant celles qui sont du grain le plus fin et en les faisant parfaitement polir.
« On opère sur les pierres commé je l’ai dit pour graver une épreuve photographique sur marbre, en ayant bien soin de ne pas pousser la morsure trop loin, afin de conserver toutes les demi-teintes de l’image: il suffit d’un léger creux pour imprimer.
» Voici maintenant comment il faut traiter la pierre gravée. Après avoir enlevé le vernis, je nettoie parfaitement la gravure avec de l’alcool et un linge doux, j’y passe de l’eau ammoniacale, puis je remplis les creux d’encre lithographique grasse, j’essuie et nettoie de nouveau la pierre afin de ne laisser d’encre que dans les creux de la gravure (1) ([i]). Dans cet état, je la porte chez M. Lemercier, qui alors passe un blaireau imprégné d’eau acidulée sur toute la surface de la pierre, dans le but de dépolir les surfaces lisses, pour y passer ensuite une éponge imprégnée d’eau gommée, laquelle vient se fixer sur le dépoli de la pierre.
« Les tailles de la gravure ont toujours été préservées par l’encre grasse qu’elles contiennent, de sorte que si l’on passe le rouleau imprégné d’encre lithographique propre à l’impression, les tailles seules de la gravure s’encreront et l’on pourra imprimer.
» Pour encrer la gravure en relief, on procède ainsi: Après avoir fait mordre la pierre, on enlève le vernis et on nettoie la pierre avec de l’alcool, puis on passe l’eau gommée, qui vient se fixer sur le fond dépoli de la pierre, ensuite on essuie les reliefs avec un linge imprégné d’alcool, et alors on peut encrer les reliefs au moyen dn rouleau (1) ([ii]).
« Le résultat de ces impressions est d’avoir des épreuves supérieures à celles que l’on obtient sans que la pierre soit gravée.
« Je ne doute nullement que l’habileté de M. Lemercier ne tire un excellent parti de ce nouveau procédé, que je m’empresse de livrer comme les autres à la publicité.

§ III – Damasquinure héliographique.

« Il y a deux moyens de faire de la damasquinure héliographique sur toute surface plane d’acier.
« Le premier consiste à cuivrer au moyen de la pile une plaque d’acier poli, sur laquelle on étend une couche de vernis héliographique pour reproduire soit par contact, soit dans la chambre obscure, un dessin direct quelconque, mais principalement un dessin d’ornement.
« L’action de la lumière une fois accomplie, on enlève au moyen de la benzine et de naphte mélangées, le vernis qui n’a pas été modifié par la lumière.
» La partie de cuivre qui a été mise à nu est dissoute par l’acide chromique; alors on dore le cuivre par immersion, et l’on a pour résultat un dessin acier sur fond d’or.
» On peut faire l’inverse en reproduisant par contact un dessin blanc sur fond noir, c’est-à-dire en opérant par contact avec un dessin inverse.
« L’enlevage an moyen de l’acide chromique du cuivre appliqué sur l’acier a déjà été exécuté par M. Dufrêne, qui a pris un brevet pour se réserver ce procédé de damasquinure.
» Le second moyen de faire de la damasquinure héliographique consiste à appliquer le vernis sensible directement sur l’acier poli non cuivré.
« On opère par contact ou dans la chambre obscure, puis on dore par la pile toutes les parties de l’acier qui étaient couvertes par la portion du vernis qui n’a pas été modifiée par la lumière.
» On peut également opérer sur une plaque d’argent pour faire des dessins or et argent, de même que l’on peut cuivrer du zinc.
» Lé résultat de ces opérations est. d’avoir du damasquinage sans le secours d’un artiste.
» Toutes les fois que l’on voudra reproduire par contact un dessin d’ornement à teintes plates, on emploiera un vernis composé de bitume le plus sensible, parce qu’il offrira plus de résistance à l’action de la pile. »

Remarque de M. Chevreul à l’occasion de cette communication.

Lorsque M. Chevreul eut présenté à l’Académie le Mémoire qu'on vient de lire, un de ses honorables collègues lui adressa quelques questions relatives à la valeur scientifique des distinctions du bitume de Judée en diverses sortes faites par M. Niepce de Saint-Victor.
M. Chevreul fit la réponse suivante à ces questions :
« Au point de vue de l’application, et c’est le seul où se place M. Niepce, les distinctions de bitumes sont ce qu’elles doivent être; quoique empiriques, elles ne manquent pas de précision à ce point de vue et seront certainement utiles aux personnes qui recourront à l’emploi da bitume de Judée pour l’héliographie.
« Au point de vue scientifique, elles manquent de précision sans doute, mais ce n’est point la faute de M. Niepce; il y a plus: les observations qu’il publie seront utiles aux chimistes, dont les bitumes de Judée seraient un sujet de recherches d’analyse immédiate.
« Les personnes peu familiarisées avec la chimie auraient des idées plus exactes de l’état de cette science, si la plupart des auteurs de Traités élémentaires n’avaient pas confondu dans la coordination de leurs matériaux des espèces chimiques parfaitement définies, telles que les sucres, les acides tartrique, citrique, oxalique, acétique,... la morphine,... avec des matières complexes dont les principes immédiats, s’ils ne sont pas simplement mélangés, forment des combinaisons indéfinies, telles sont les résines, les gommes-résines, les huiles, les es substcances tannantes, etc., etc. En confondant l’étude des unes avec les autres, les personnes qui consultent ces Traités élémentaires, soit pour étudier, soit pour appliquer la chimie à des sujets quelconques, sont exposées à commettre des erreurs auxquelles elles échapperaient si le maître leur eût fait sentir la différence existante entre l’espèce, qui est toujours définie, et la matière complexe qui, ne l’étant pas, se trouve par là même incapable de recevoir un caractère scientifique, dont la condition essentielle est la précision. C’esf parce que M. Cheureul a cette cette conviction, et qu’il l’a signalée dès 1814 dans un opuscule, que M. Mirbel a imprimé dans ses Éléments de Physiologie végétale et de Botanique qu’il ne conçoit pas comment des minéralogistes font des espéces de la houille, du bitume, du lignite, du terreau! Évidemment des classifications comme des nomenclatures que l’on qualifie de rationnelles ne peuvent s’appliquer en chimie et en minéralogie qu’à des espèces. Et sans sortir des questions qui ont conduit M. Chevreul à faire ces réflexions, il ajoute avoir reconnu depuis un trés-long temps la nature complexe des bitumes, et entre autres celle des bitumes dits de Judée. Il les a réduits en plusieurs principes immédiats; mais n’ayant pas obtenu ces principes à l’état de pureté, il s’est abstenu de publier ses résultats. Cependant il peut assurer que des échantillons de bitume de Judée lui ont présenté des principes immédiats dont le soufre était un des éléments. «

([i]) (1) Afin d’obtenir une plus grande quantité d’encre dans les creux, on peut laisser sécher la première couche pendant quelques jours et en remettre ensuite une seconde qui donnera des noirs plus intenses, et offriront alors plus de résistance à l’eau acidulée.
([ii]) (1) Il est bien entendu que pour la gravure en relief on doit employer une épreuve photographique négative.

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