quinta-feira, 15 de outubro de 2009

1851
1 de Dezembro
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Juillet-Démbre
T. XXXIII,
Nº. 22
Pag. 623, 624, 625, 626, 627


CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE. -Sur la production des imges photographiques instantanées; par M. M.-F. TALBOT, membre de la Société royale de Londres.


« Au mois de juin dernier, j'ai eu l'honneur d'écrire à l'Académie que j'avais réussi à obtenir l'image photographique d'un disque portant des caractères imprimés et tournant avec une extrême rapidité, en l'éclairant momentanément par une décharge électrique.
» J'avais alors l'intention d'envoyer bientôt à l'Académie me description de la méthode dont je m’étais servi pour obtenir ce résultat. Mais, peu jours après, je me suis décidé à partir pour là Prusse, a fin dy observer l'éclipse totale du 28 juillet. Cette observation a été assez heureuse, et j'aurai l'honneur d'en transmettre quelques détails à l'Académie. Je la mentionne ici pour m'excuser du retard survenu dans l'envoi des détails de mon expérience photographique. Mon voyage en Allemagne a duré assez longtemps, et, depuis mon retour, j'ai été empêché par des affaires de terminer plus tôt ce petit Mémoire.
» Voici maintenant la méthode par laquelle on peut parvenir à donner aux plaques de verre la grande sensibilité qu'il faut pour réussir dans cette expérience.
« 1º. On sépare la partie la plus claire d'un blanc d'oeuf, on la mêle avec un volume égal d'eau, on en enduit la plaque de verre de la manière la plus uniforme possible, puis on la séche bien au feu. Une forte chaleur même, appliquée a cette première couche, n'est pas nuisible. La couche d'albumine séchée doit être à peine visible.
» 2º. A une solution aqueuse de nitrate d'argent, on ajoute de l'alcool dans une forte proportion; en sorte que trois grains (anglais) seulement du nitrate soient contenus dans une once du mélange alcoolique. J'ai essayé plusieurs proportions, depuis un grain jusqu'à six. Je me suis arrêté au nombre de trois; cependant, il faut y revenir, car la proportion influe beaucoup sur le résultat.
» 3º. On plonge le verre albuminé dans cette faible solution d'argent pour quelques instants; on le retire et on le laisse sécher spontanément. On voit alors sur le verre de faibles couleurs prismatiques. Il est facile de se convaincre que le nitrate d'argent se combine chimiquement avec l'albumine en la rendant beaucoup plus dure, et insoluble dans des liquides qui agissaient auparavant sur elle.
» 4º. On lave avec l'eau distillée pour ôter le superflu du nitrate d'argent; ensuite on enduit la plaque d'une seconde couche d'albumine pareille à la première; mais il faut la sécher avec moins de chaleur, sans quoi le nitrate éprouve un commencement de décomposition. J'ai essayé si l'on pouvait se passer de ce procédé; mais les résultats se sont beaucoup détériorés.
« 5º. A une solution aqueuse de protoiodure de fer, on ajoute d'abord 1 volume égal d'acide acétique, ensuite 10 volumes d'alcool. On laisse reposer deux ou trois jours. Au bout de ce temps, l'iodure a changé de couleur; de jaune, il est devenu fauve. En même temps l'odeur de l'acide acétique et celle de l'alcool ont disparu, et le liquide a acquis une odeur agréable, un peu vineuse. C'est dans cet état que je préfère de l'employer. C'est, je crois, jusqu'à présent, le seul exemple de l'emploi dans la photographie d'un liquide odorant; mais je n'oserais affirmer que cette particularité joue un rôle quelconque dans le phénomène.
» 6º. On plonge la plaque de verre dans l'iodure ainsi préparé, pour quelques instants seulement, ce qui suffit pour lui donner une teinte jaunâtre. Toutes ces opérations peuvent se faire a la lumière ordinaire du jour, en évitant cependant les rayons directs du soleil.
» 7º. On fait une solution aqueuse de nitrate d'argent, contenant environ soixante-dix grains dissous dans une once d'eau. A trois parties de cette solution on ajoute deux parties d'acide acétique. On plonge rapidement la plaque de verre une ou deux fois dans la solution d'argent. Cette opération lui donne aussitôt une sensibilité très-grande. Il ne faut pas alors trop tarder a la mettre dans la camera.
» 8º. On retire la plaque de la camera si l'on veut faire sortir l'impression qu'elle porte invisiblement. Pour cela, il faut employer une solution de potosulfate de fer. A une partie de la solution saturée du sulfate, on ajoute deux ou trois parties d'eau. On en remplit un vase, et l'on y plonge la plaque de verre qui est empreinte de l'image photographique invisible. Cette image se fait voir aussitôt.
» 9º. Ayant lavé la plaque, on y verse une solution d'hyposulfite de soude, laquelle agit rapidement sur le tableau qu'on a obtenu, enlevant une espèce de voile qui le couvrait, et fait briller l'image d'un éclat nouveau.
« 10º. On lave une autre fois avec de l'eau distillée, et l'opération est terminée. Cependant, pour bien garantir l'image des accidents, et de l'humidité qui pourrait la détruire, on peut la couvrir d'une couche de vernis ou même encore une fois d'albumine.
« Cette opération peut sembler longue, cependant on l'exécute assez vite après un peu d'expérience.
« L'image ainsi obtenue sur le verre présente des particularités qui méritent d'être observées. Et d'abord, quoiqu'elle soit négative en la regardant par la lumière transmise, elle est cependant positive en y regardant obliquement la lumière réfléchie des cieux. Elle a cela de commun avec une image daguerrienne, de paraître tour à tour positive ou négative selon le jour sous lequel on la regarde. A l'époque où je découvris ce phénomène, je l'ai cru nouveau, et assez remarquable pour qu'il fût permis de lui donner un nom distinctif. J'ai donc proposé pour ces images le nom d'amphitypes, pour exprimer qu'elles ont une nature double, positive et négative à la fois.
» Depuis ce temps, un nouveau procédé photographique s'est fait connaître, qui produit de semblables images au moyen du collodion. Ce procédé et le mien, peuvent se classer ensemble dans le même groupe des procédés photographiques. Mais maintenant, je dois remarquer une particularité qui distingue mes tableaux amphitypes, s'il m'est permis de les appeler ainsi. C'est que la couche impressionnée par la lumière est si dure, et le tableau est si fortement imprimé, que dans le dernier lavage, nº 10, on peut frotter l'image avec du coton et de l'eau, et même assez fortement, ce qui ajoute à son éclat en enlevant toute poussière et autre impureté ; tandis que si 1'on essaye de frotter ainsi l'image obtenue par le collodion, elle disparaît aussitôt, comme cela a lieu aussi pour celles qu'on obtient par la plupart des procédés photographiques connus, lesquelles n’acquièrent quelque solidité qu'après avoir été bien séchées et recouvertes de quelque couche protectrice.
« Prenons maintenant un tableau amphitype. En regardant tour à tour son image positive et celle qui est négative, la première chose qui frappe, c'est que la première est au moins dix fois plus visible que la seconde. On peut même porter plus loin cette différence, car il n'est pas rare d'avoir des plaques où l'on ne voit presque rien par la lumiére transmise, et où cependant on voit un tableau bien clairement dessiné, brillant et plein de détails par la lumière réfléche.
» L'objet de la couche réitérée d'albumine, que j'ai conseillée au nº 4, est principalement d'obtenir cette image positive réfléchie. Car c'est une chose vraiment extraordinaire, qu'en changeant les proportions des substances chimiques, employées, on peut obtenir, à volonté, que l'image définitive soit ou entièrement négative ou presque entièrement positive. C'est cette dernière méthode qu'on doit choisir en faisant l'expérience avec le disque tournant, l'image transmise n'étant pas assez visilde dans cette expérience, à moins d'une très-forte décharge électrique. Je passe maintenant à une autre particularité qu'on voit dans ces images. Jusqu'ici, j'avais toujours cru qu'une image photographique devait étre ou positive ou négative,et qu'il n'y avait pas de milieu. Mais une troisième espèce d'image nouvelle et inattendue se fait voir parmi ces images amphitypes, et achève, je l’espère du moins, de justifier le nom que je leur ai donné. Pour l'expliqer, je dois rappeler qu'en général l'image paraît négative par la lumière transmise, et positive par la lumière réfléchie. Toutefois, en faisant, varier l'inclinaison, on parvient facilement à trouver une position où l'image est positive et même bien lumineuse, quoique produite par la lumière transmise. C'est déjà une chose qui mérite d'être expliquée. Mais ce qui est bien singulier, c'est que, dans cette nouvelle image, que je nomme image positive par transmission, les objets les plu éclairés (c'est-à-dire qui le sont réellement, et qui le paraissent dans l'image positive par reflexion), manquent tout à fait. Le tableau paraît comme s’i1 était troué, et l'on voit à travers ces trous les objets qui sont placés par derrière. Si cette apparence singulière avait lieu dans toutes les positions où l'image se forme positivement, j'en chercherais la cause dans l'action d'une trop forte lumière qui aurait diminué ou annulé l'effet photographique d'abord produit par elle même. Mais puisque l'effet se produit seulement dans l'image positive transmise, et nullement dans l'image également positive qui est réfléchie, j'avoue ne pas pouvoir imaginer la raison d'un effet optique aussi bizarre. Des expériences nombreuses et soigneusement faites peuvent seules éclairer cette partie de la science dépendante de la physique moléculaire.
« J'ai omis de dire qu'en faisant ces expériences en hiver, il faut légèrement chauffer les plaques avant de les introduire dans la chambre obscure.
» L'expérience délicate du disque tournant ne réussit qu'avec l'iodure de fer dans un état chimique déterminé. Cette substance présente des variations et des anomalies qui influent beaucoup sur le résultat; c'est donc sur elle que ceux qui voudront répéter mon expérience doivent porter leur attention principale.» En suivant ces expériences, je me suis étonné du vaste champ qui s'ouvre de tous côtés à l'optique physique. En traitant les plaques de verre albuminé, avec diverses solutions métalliques et autres, on obtient les plus magnifiques couleurs « des lames minces » ou newtoniennes. Il arrive souvent aussi que les tableaux qu'on retire de la chambre obscure sont coloriés, mais ces couleurs ne sont pas celles des objets naturels, et sont par cela inutiles.
» Il y a cependant une exception, c'est la couleur du ciel, qui s'est reproduite plusieurs fois dans mes expériences d'un azur très-naturel.«
Londres, le 24 novembre 1851. «
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