quinta-feira, 22 de outubro de 2009

1851
28 de Abril
COMPTE RENDU DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Janvier-Juin
T. XXXII
Nº. 17
Pag. 639, 640, 641, 642

PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Photographie sur papier : impression photographique;par M. BLANQUART EVRARD (de Lille).

« Pour amener la photographie sur papier à l'état industriel, nous avons dit, dans notre communication du 14 courant, qu'il fallait remplacer l'action intense de la lumière par l'action chimique, méthode qui donne tout à la fois le bon marché et l'abondance des produits.
« Deux conditions restent à remplir à ce point de vue.
« 1º. Donner à volonté aux épreuves la coloration qui leur est plus convenable, ou celle qui peut être réclamée par le consommateur;
» 2º. Amener à l'état marchand les épreuves dégagées dans des eonditions imparfaites, c'est-à-dire trop pâles ou trop foncées, afin d'éviter les non-valeurs.« On arrive à ces résultats par les moyens suivants :
« Decoloration. - Après avoir été séchées, les épreuves sorties trop noires de l'impression sont amenées a l'état de décoloration convenable, en les plongeant dans un bain d'eau ordinaire, dans lequel on a versé quelques gouttes de bromure d'iode, en quantité suffisante pour lui donner une légère couleur jaune pâle.
» Le bromure d'iode dissout l'image photographique; son action graduelle est sensible à l'oeil, principalement a la lumière du jour: on la fait cesser à volonté en passant l'épreuve dans le bain d'hyposulfite, qui s'empare en quelques secondes de l'excédant du bromure d'iode, après quoi on lave à grande eau.
» Coloration. - Pour renforcer les épreuves trop pâles, on les imbibe d'acide acétique. Sous l'influence de cet agent, le papier devient ferme comme du parchemin, et il acquiert le même degré de transparence qu'un papier huilé. « Dans cet état, il est plongé dans un bain d'acide gallique, auquel ont été ajoutées quelques gouttes de nitrate d'argent.
» On voit alors la coloration de l'image se développer rapidement. On obtient ainsi à volonté les noirs les plus intenses. On arrête l'action au degré voulu, en plongeant l'épreuve dans un bain d'hyposulfite. Il suffit ensuite de laver à grande eau, comme d'usage, pour purger le papier de cet hypossulfite.
» Les spécimens que nous joignons à cette Note montrent a quel degré d'intensité peuvent être amenées les épreuves dont la trace reste à peine marquée sur le papier, tout en conservant aux lumières leur éclat primitif.
» Nous profitons de cette occasion pour signaler la propriété particulière de l'acide acétique, qui préserve de la coloration de l'acide gallique ou du gallonitrate d'argent, les parties du papier destinées a rester blanches, en bornant l'action de ces puissants réactifs à la coloration des sels d'argent qui ont été décomposés par la lumière, qu'ils soient ou non apparents au moment de l'opération. En traitant les épreuves négatives trop faibles, comme nous venons de le décrire pour les épreuves positives, on peut les amener a la coloration la plus intense.
« Ce que nous avons dit jusqu'ici se rapporte à l'amélioration des épreuves déjà anciennement recueillies.
» On peut développer de la même maniére, quoique avec moins d'avantage, les épreuves négatives aussitôt après l'exposition, en ajoutant 5 à 10pour 100 d'acide acétique au bain d'acide gallique. D'abord l'image se présente plus uniformément, dans de meilleures conditions; les blancs se maintiennent plus transparents, et les noirs arrivent à une plus grande intensité : mais pour cela il ne faut pas abuser de l'exposition, et il est nécessaire de suivre la méthode que nous avons indiquée en 1847, savoir, plonger entièrement l'épreuve dans le bain et non la traiter à l'acide gallique par une seule surface.
« On conçoit que pouvant colorer ou décolorer à volonté les épreuves dégagées dans la première opération, celle que nous pourrions appeler l'opération mystérieuse, la photographie arrive à l'état pratique et industriel.
« Nous ne terminerons pas sans dire quelques mots sur une communication que l'Académie a reçue en même temps que la nôtre, dans sa séance du 14 courant.
« L’habile auteur de cette communication a posé un principe auquel il ne faudrait pas donner trop d'étendue, sous peine de s'égarer.
« Le problèrne ne nous paraît pas être absolument, ainsi qu'il le dit, «rendre le papier positif très-impressionnable sous l'action d'une lumiére relativement trés-faible.»
« D'abord, tous les papiers a base d'iode sont des papiers négatifs; c'est a les employer pour épreuves positives que consiste la nouvelle méthode.
» Or, ce n'est pas lorsqu'ils sont très-impressionnables, qu'ils sont propres à donner l'épreuve positive, mais au contraire lorsque leur réductibilité est paralysée par un agent qui ne la permet que sous l'influence de la lumière.
» Ainsi, plus les papiers à base d'iode sont sensibles, moins bons sont les produits en épreuves positives. Plus l'agent non réductif introduit dans la préparation dominera, plus cette préparation deviendra précieuse, puisqu'elle permettra de conserver plus longtemps les papiers disposés aux opérations.
» La préparation que nous avons expérimentée en avril 1847, devant la Commission mixte de l'Académie des Sciences et de l'Académie des Beaux-Arts, donne une épreuve à l'objectif normal de M. Daguerre en quinze a vingt secondes. Le papier, ainsi préparé, est donc quinze fois plus sensible que celui dont la préparation vient d'ête indiquée à l'Académie; et c'est précisément pour cela qu'il ne peut produire une épreuve positive satisfaisante, parce que la plus légère action de la lumière, ou le moindre retard dans l'opération, après sa préparation, amène des réductions qui font perdre au papier toute sa fraîcheur lors du traitement à l'acide gallique.
« On peut donc classer pour les résultats dont nous nous occupons, la bonté des préparations jusqu'ici employées dans l'ordre inverse de leur sensibilité, et c'est pour cela que nous estimons au-dessus de la nôtre la préparation de M. Bayard, parce qu'étant moins facilement réductible, elle est moins vite altérée.
» Toutes les préparations de papiers à l'iodure donnent une image positive à la lumière d'une lampe Carcel, et cette image est d'autant moins belle qu'elle est produite en moins de temps. Ainsi, la préparation que j'ai citée donne cette image en moins de dix minutes, et déjà le papier a subi une coloration totale par l'abondance des réductions produites à cette faible lumière et en si peu de temps.
» L'albumine, le sérum et l'acide acétique sont les agents auxquels nous avons eu recours pour arriver à l'obtention de l'épreuve positive par l'action chimique, parce que ces agents rendent moins actifs les effets de la lumiere sur les blancs du papier qui ont besoin d'être conservés afin de rendre le résultat agréable; les vapeurs de l'acide chlorhydrique sont préférables, parce qu'elles conservent plus longtemps les qualités aux papiers. C'est donc en cherchant des agents résistants, et non des agents accélérateurs, qu'on arrivera au progrès qui consiste maintenant a obtenir des préparations conservant aux papiers toutes leurs qualités, non pas seulement vingt-quatre ou trente-six heures, mais des semaines ou des mois entiers.
« Et qu'on ne craigne pas de rendre jamais le papier trop insensible, puisque, d'après les faits constatés, un papier qui demande quatre à cinq minutes d'exposition au soleil pour une épreuve négative à la chambre noire, donne l'épreuve positive en une seule seconde. »
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