quarta-feira, 4 de novembro de 2009

1850
TRAITE PRATIQUE DE PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER ET SUR VERRE
GUSTAVE LE GRAY
BAILLIERE
PARIS
1850


L'application large que j'ai été à même de faire depuis plusieurs années des procédés photographiques comme moyen de reproduction scrupuleuse de la nature sous tous ses aspects: paysages, monuments, portraits, et reproductions de tableaux et dessins, a fait ressortir à mes yeux leur immense importance pour l'art, et la nécessité d'une méthode sûre et sans restriction, qui en facilite l'emploi à l'artiste et à l'amateur. Je désire être utile à l'un et à l'autre en publiant les procédés que mes recherches et mon expérience m'ont fait reconnaître comme les plus certains et les plus pratiques. L'avenir de la photographie est tout entier dans le papier. Je ne saurais trop engager l'amateur à y diriger toute son attention et ses études. L'épreuve négative sur verre est plus fine, il est vrai ; mais je crois que c'est là une fausse route, et que le but est d'arriver au même résultat avec le négatif sur papier. Le verre est difficile à préparer, fragile, embarrassant en voyage, et moins rapide à recevoir l'image lumineuse.
Aussi, quoique ses résultats soient d'une finesse extrême, j'exprime le voeu que l'on s'efforce de perfectionner la fabrication du papier, de manière à arriver à la même finesse; ce qui n' est pas impossible, puisque j'en ai de certaines qualités qui me donnent des résultats parfaits. D'ailleurs, avec l'application d'une couche d'albumine sur le papier, on obtient des résultats qui peuvent rivaliser en netteté avec ceux que donne le verre. Il n' est personne qui ne convienne qu'il sera toujours plus agréable, plus commode pour le voyage de n'avoir à emporter avec soi que du papier au lieu de verre, qui est si pesant et si fragile. Aussi est-ce pour ce motif que je ne voudrais pas que l'on se laissât éblouir par les résultats magnifiques que l'on obtient sur verre, et que l'on se décourageât pour les épreuves sur papier. Cela doit être au contraire un sujet d'émulation et nous faire voir le but où nous devons nous efforcer d'atteindre. Les procédés que je vais décrire sont ceux à l'aide desquels j'ai fait les épreuves que l’on a pu voir à l'exposition de l'industrie dernière et à mon ancien domicile, rue Richelieu, lio. Je les donne complets, avec les perfectionnements que j'y ai apportés depuis peu. Je ne m'étendrai sur chaque article que ce qu' il sera nécessaire pour être bien compris sans surcharger la mémoire. Choix du papier négatif. Comme finesse de grain et solidité, je préfère à tous, le papier anglais Whatman légèrement glacé, dans les poids intermédiaires entre 6 et 2 kilogr la rame, format coquille. Pour le portrait le mince vut mieux et l'épais pour le paysage et les monuments. Son encollage à la gélatine plus corsé le rend un peu moins rapide que nos papiers français; mais par cela même il supporte bien plus longtemps sans se piquer l'action de l'acide gallique, et regagne ainsi ce retard apparent. Parmi nos papiers français, je me sers avec préférence de ceux des frères Canson D' Annonay, rue du mail, nº 27; et de M Lacroix d' Angoulême, rue Mazarine, nº 60. Celui de M Lacroix est le plus rapide de tous; mais il est très difficile d'arriver à en obtenir de bonne qualité sous le rapport du collage, qui n' est généralement pas assez fort. Il faut le choisir le plus serré de pâte possible. Cette rapidité provient de la présence plus abodante d'amidon. Je choisis le papier par transparence, rejetant toutes les feuilles qui sont piquées d' àjours, d' impuretés et surtout de taches de fer. On reconnaît ces taches à une teinte jaune-de-rouille ou à leur brillantmétallique. Un papier portant l' empreinte d' une trame doit être rejeté ; ainsi que celui qui serait trop glacé, de manière à êtrecomme criblé de petites piqûres. Ces piqûres deviendraient autantde petits tubes capillaires dans l'intérieur desquels lesliquides pénètreraient plus abondamment, et, formant une réactiontrop grande, donneraient lieu à un dépôt cristallin de gallate d'argent noir. Toutes les feuilles présentant un aspect bien égal,-comme celui d' un verre dépoli, -étant rassemblées, je lesébarbe, les tenant plus grandes que l'épreuve que je veuxobtenir, d' un centimètre dans tous les sens. Je leur fais alorssubir la première préparation. Première préparation du papiernégatif. Faites fondre au bain-marie dans un litre d' eau filtrée, ou mieux encore distillée, 20 grammes de colle de poisson ducommerce. Prenez de cet encollage encore chaud 365 gr ajoutez-y: iodure de potassium 13 gr bromure Id 4 gr chlorure desodium 2 gr. Laissez bien fondre le mélange, puis filtrez dansun linge fin. Mettez cette dissolution encore chaude dans ungrand plat et plongez-y complétement votre papier feuille à feuille, l' une sur l' autre, ayant bien soin dechasser les bulles d' air qui pourraient se former. Mettez ainsienviron 2 o feuilles à la fois. Retournez ensuite toute lamasse, de manière à commencer par la première feuille immergée,et pendez-les pour les sécher en les piquant par un angle avecune épingle recourbée en S que vous accrochez à un fil tendu enl' air. Approchez ensuite de l' angle où s' égoutte le liquideune bandelette de papier buvard, qui y adhère et facilite lachute des gouttes. Il faut avoir soin de ne jamais mêler ensembledu papier anglais et du français dans une même cuvette ; maisbien les préparer séparément. Le papier anglais contient un acidelibre qui fait alors immédiatement précipiter un iodure d' amidondans le papier français, et le teinte complétement en violet-foncé. Le papier étant bien sec, rognez-le à la grandeur de votrechambre noire, et le conservez en portefeuille. Ce papier étantpresque complétement insensible à la lumière, on peut faire cettepréparation au jour. Il est aussi bon après un an qu' au momentde sa préparation. Le bromure ne joue pas ici le même rôleaccélérateur que pour la plaque d' argent ; car, au lieu d'accélérer, il retarde un peu l' opération lumineuse.
Son action est de préserver, sur l' acide gallique, les blancs dupapier qui noirciraient plus rapidement si on n' employait que l'iodure seul. La proportion assez forte de bromure que j' indique,et qui pourrait encore être augmentée, permet de laisser l' imagese développer sur l' acide gallique un temps beaucoup plusconsidérable sans se tacher, et d' acquérir ainsi une épreuvetrès-puissante de modelé. Le chlorure de sodium donne plus d'intensité à l' image. Le liquide qui reste se recueille dans unflacon bouché, et sert à de nouvelles préparations, jusqu' àépuisement, en le filtrant et le faisant tiédir de nouveau. Pourabréger, j' appellerai ce papier simplement papier ioduré. J'obtiens aussi un très-bon papier en remplaçant l' eau par de l'esprit-de-vin rectifié dans la même proportion en poids ; et, enle saturant de collodion en place de colle de poisson, les selss' y dissolvent parfaitement et le papier prend beaucoup de corps. Ce dernier procédé est plus rapide d' un tiers du temps etdonne une grande finesse supérieure, je crois, à celle obtenue arl' albumine. Deuxième opération. manière de donner lasensibilité au papier ioduré. faites à l' obscurité et à lalumière d' une bougie seulement, la dissolution suivante, dans un flacon bouché à l'émeri : eau distillée I 4 ogr nitrate d' argent cristallisé I 6gr. Quand le nitrate d' argent est dissous, ajoutez : acideacétique cristallisable 35 gr. Il faut avoir soin de tenir ceflacon à l' abri de la lumière en l' entourant d' un étui depapier noir. Cette solution sert aussi jusqu' à épuisement. Aumoment de faire une épreuve, versez de cet acéto-nitrate d'argent sur un plateau en porcelaine ou une glace rebordée bienhorizontale, environ un millimètre d' épaisseur. Je me sers à ceteffet d' une pipette ou tube effilé pour puiser le liquide, afind' éviter la pellicule qui se forme à sa surface et tache l'épreuve sans qu' on puisse y remédier ensuite. Saisissez unefeuille de papier ioduré par deux angles diagonaux, et la déposez, d' un côté seulement, sur le plateau en tenant les deux anglesrapprochés l' un de l' autre, et étendant le milieu d' abord surl' acéto-nitrate d' argent; abaissez les deux anglesperpendiculairement et répétez ce mouvement deux ou trois fois,de manière à exercer une pression qui chasse les bulles d' airqui pourraient se former. Afin d' éviter de me tacher les doigts,je me sers d' un couteau à palette en corne, que je passe sous l'angle de la feuille pour la saisir entre lui et le pouce. évitezavec le plus grand soin que l' acéto-nitrate d' argent ne passe sur le dos du papier, ça produirait desinégalités de sensibilité et par conséquent des taches. Laissezle papier subir ainsi l' action de l' acéto-nitrate d' argentjusqu' à ce que la formation de la couche sensible de chloro-bromo-iodure d' argent soit bien complète. Je m'en aperçois lorsque la teinte violacée du papier qui apparaît d' abord a biendisparu au dos - il ne faudrait pas le laisser plus longtemps, parce qu' alors il perdrait de sa sensibilité. Il faut pour celad' une à cinq minutes, selon la température ou la qualité dupapier; le papier anglais demande plus de temps que le français. Appliquez alors le papier ainsi préparé tout humide sur une ardoise, sur laquelle vous avez préalablement étendu, pour y recevoir celui-ci, une feuille de papier ordinaire ou sans colle,bien imbibé d' eau d' avance. Bien entendu, le côté qui a été sur l'acéto-nitrate d' argent en dessus, de manière à recevoir laradiation lumineuse. Le papier que l' on met dessous doit êtreaussi exempt de taches de fer. Il faut avoir soin de marquer lecôté de l' ardoise qui doit se trouver en bas, dans la chambrenoire, et de toujours la tenir inclinée dans ce sens lorsqu' on yapplique les papiers. Si on négligeait cette précaution, leliquide amassé en bas, en retombant sur le papier préparé, ne manquerait pas deproduire des taches. Le papier, ainsi appliqué sur l' ardoise,peut y rester environ une heure sans s' en détacher, et se mettre, dans cet espace de temps, à la chambre noire. Lorsque je vaisau loin prendre une épreuve, je trempe la feuille de doubluredans un mucilage épais de gomme arabique; je conserve ainsi pluslongtemps l' humidité et l' adhérence. On peut aussi se servir, - dans ce cas seulement, - de deux glaces entre lesquelles on déposele papier, comme l' a indiqué M Blanquart-Évrard ; mais ilfaut prendre de grandes précautions pour que les glaces soientbien propres, et les faire repolir lorsqu' elles sont rayées. J'emploie à cet effet le papier joseph pour les nettoyer, ainsi quemes plateaux ; c' est de beaucoup supérieur au linge et çaabsorbe beaucoup mieux les liquides et les impuretés qui yadhèrent. Je ne l' épargne jamais et j'aime mieux en user unefeuille de trop que d' être incertain sur la propreté d' unplateau. Quand vous devez faire plusieurs épreuves de suite,laissez toujours le même acéto-nitrate d' argent dans le plateau; ayez seulement soin de promener à sa surface une bande depapier blanc, avant d' y préparer une nouvelle feuille, afin d'enlever la pellicule noire qui se forme presque toujours. Quand la feuille de doublure est bien adhérente, il est bon aussi de nepas la changer, mais seulement de verser de nouveau un peu d' eau dessus avant d' appliquer lafeuille de la nouvelle épreuve. Vos opérations finies, reversezl' acéto-nitrate d' argent dans le flacon pour vous en resservirune autre fois. Troisième opération. exposition à la chambrenoire. mettez scrupuleusement au point l' image sur le verredépoli, cherchant la plus grande netteté à la partieintermédiaire entre le premier et le dernier plan. Il y a unpoint où l' image paraît nette dans tout son ensemble, c' est làqu' il faut s' arrêter en tenant compte de l' épaisseur despapiers. Je ne puis préciser le temps de l' exposition à lalumière, l' expérience seule pouvant bien le démontrer. De cetemps d' exposition dépend toute la beauté de l' image : je nesaurais donc trop engager à bien s' y attacher. Pour un portraità l' ombre, avec un objectif de plaque entière, double, verres de 8 centimètres de diamètre, je fais poser entre 2 o secondes et2 minutes ; et au soleil, de 2 à 2 secondes. Pour le paysage,avec un objectif normal simple et un diaphragme de I 5 à 2 omillimètres de diamètre, l' exposition devra être de 4 osecondes à 5 minutes au soleil suivant son intensité. Lachaleur est aussi une grande cause d' accélération : ainsi, enchauffant légèrement l' ardoise qui porte le papier préparé, on opère beaucoup plus vite, mais ilfaut qu' alors l' objectif soit aussi chauffé à la mêmetempérature, sinon il se couvrirait de vapeurs qui empêcheraientla formation de l' image. Lorsque l' on opère au soleil, cettecouche de vapeur se forme très-souvent, il faut donc toujourslaisser d' abord un peu s' échauffer l' objectif et avoir soin del' inspecter pour l' essuyer au besoin. L' exposition à laradiation lumineuse terminée, l' image est peu apparente et estdéveloppée par l' opération suivante, qui peut être faite unedemi-heure ou une heure après. Quatrième opération. développement de l' image. faites d' abord un grand flacon d'eau distillée, saturée d' acide gallique, avec excès d' acide.Décantez ensuite de cette eau saturée dans un autre flacon pluspetit dont vous vous servez journellement : vous avez ainsi ladissolution limpide. Versez-en sur un plateau bien horizontalenviron I millimètre d' épaisseur. Vous étendez le liquide à l'aide d' une bandelette de papier blanc. Appliquez alors l' imagedessus comme sur l' acétonitrate d' argent, évitant toujours quele liquide ne passe au dos de l' épreuve. Suivez sondéveloppement, qui s' aperçoit facilement à travers l' épaisseurdu papier. Il faut la laisser ainsi tant que le dos de l' image ne commence pas à se tacher. Quandelle est bien vigoureuse, retirez-la promptement et mettez-la surun autre plateau pour la laver à plusieurs eaux, en frottantlégèrement le dos avec un doigt pour enlever les dépôtscristallins qui peuvent le tacher. Le ton que l' image prend surl' acide gallique vous fera juger si le temps de l' exposition àla lumière a été convenable. Si elle devient immédiatement noir-gris partout, elle a été exposée trop longtemps à la lumière. Siles grandes lumières, qui doivent être les plus grands noirs dunégatif, ne deviennent pas plus foncées que les demi-teintes, l'exposition a encore été trop longue. Si le temps d' exposition aété trop court au contraire, les lumières seules se marquentfaiblement en noir et l' image finit par ne plus se modifier ets' égalise partout. Si ce temps a été convenable, on obtient uneépreuve superbe, qui doit présenter des contrastes du noir aublanc bien arrêtés et bien transparents. Une première épreuvepeut donc servir à régler le temps de l' exposition à la chambrenoire. Une bonne épreuve doit, en général, pouvoir supporter l'action de l' acide gallique de 10 minutes à (..). J'accélère singulièrement cette opération en chauffant l'acide gallique. J' ai pour cela un petit appareil bien simple: il se compose d' une bassine en cuivre carrée, pleine d' eau,qu' une lampe à esprit-de-vin tient entre 60 à 70 degrés detempérature ; dessus repose mon plateau à acide gallique. J'obtiens ainsi une température bien égale partout. L' image ainsiobtenue ne serait pas permanente, il faut la fixer promptementpar l'opération suivante. Cinquième opération. fixage de l'épreuve. faites dans un flacon la solution suivante : eau filtrée 800gr hyposulfite de soude 100gr. Mettez-en un demi-centimètre d' épaisseur dans une bassine et y plongezcomplétement votre épreuve négative, en faisant bien attentionqu' il n'y ait pas de bulles d' air. L'hyposulfite s' empare dubromo-chloro-iodure d' argent de l' épreuve resté libre et n'attaque pas au contraire le gallate d' argent qui forme les noirs. Ne mettez jamais qu' une épreuve à la fois dans ce bain ; vouspouvez vous en servir pour plusieurs épreuves l' une après l'autre. On recueille dans un second flacon l' hyposulfite qui adéjà servi et on le laisse reposer quelque temps ; il s'y forme des flocons de gallate et de sulfure d' argent : on le filtre alors, et il devient excellent pour fixer lesépreuves faibles. Si on examine l' épreuve par transparencequelque temps après son séjour dans le bain d' hyposulfite, onpourrait être tenté de croire qu' elle est perdue, parce que l'iodure d' argent, étant enlevé complétement par places et restantà d' autres, forme des taches qui annihilent en apparence l'image. Mais si on attend que tout l' iodure d' argent soitcomplétement enlevé, -ce que l' on reconnaît lorsque la teintejaune de l' épreuve est tout à fait disparue, -on est étonné dela blancheur et de la transparence du papier, ainsi que de labeauté des noirs de l' image. Il faut à peu près pour cela unedemi-heure à trois quarts d' heure. On la lave alors à plusieurseaux et on la laisse se dégorger de son hyposulfite dans unegrande bassine d' eau pendant une demi-heure environ. On lalaisse alors sécher en la suspendant par un angle. L' épreuveainsi fixée est complétement inaltérable à la lumière, puisqu' ilne reste plus dans le papier que le gallate d' argent noir. J' aides négatifs ainsi préparés qui m' ont déjà fourni 2 ooà 3 ooépreuves et qui sont aussi beaux qu' à la première. Le fixage aubromure n' a pas au contraire cette permanence, parce qu' il n'enlève aucunement les préparations du papier, et puisque lui-mêmeseul avec le nitrate d' argent donne une épreuve très-bonne à la chambrenoire ; il est seulement moins sensible. Il peut être cependantd' une grande utilité dans le voyage et lorsque l' on doit faireplusieurs épreuves les unes après les autres, parce qu' il évitede toucher à l' hyposulfite en même temps qu' on prépare lepapier négatif, qui est taché à son moindre contact partiel. Onpeut donc déposer d' abord toutes ses épreuves ensemble dans lebain de bromure suivant, et les fixer ensuite immédiatement à l'hyposulfite quand on a fini toutes ses épreuves ; ou bien lesfaire sécher et les fixer seulement au retour du voyage, ce quiréussit parfaitement. Il faut seulement ne pas les cirer pour entirer des contre-épreuves avant le dernier fixage à l'hyposulfite de soude. Eau I litre bromure de potassium 24grammes. Au sortir de ce bain, on lave l' image à plusieurs eauxet on sèche. Il faut laisser dans ce bain au moins un quart d'heure ; mais on les y laisserait deux ou trois heures, que celane nuirait en rien. Sixième opération. cirage de l' épreuvenégative. lorsque l' épreuve négative est faible et le papierbien transparent, faites-en ainsi des contre-épreuves sans la cirer.
J' ai soin de mettre, dans ce cas, une feuille de papier bientransparent et cirée, ou une feuille de papier glacé entre l'épreuve négative et la feuille de papier positif, cela ne nuit enrien à la netteté de l' épreuve et préserve le négatif du contactdu nitrate d' argent qui le tacherait. Lorsque le négatif, que j'appellerai maintenant cliché, est vigoureux et beau, il faut l'imbiber de cire vierge, qui double la transparence et la force dupapier, le préservant en même temps de l' influence du nitrate d'argent qui peut rester libre à la surface du papier positif.Voici comment il faut s' y prendre pour cette opération : ayezune grande plaque de doublé d' argent comme pour une épreuvedaguerrienne, placez-la sur un trépied horizontalement ; puischauffez-la en promenant dessous une lampe à esprit-de-vin et enmême temps avec l' autre main frottez dessus un morceau de cirevierge qui se fond. Quand vous avez une belle couche de cirefondue, déposez l' envers de votre cliché dessus et facilitez-enl' adhérence parfaite à l' aide d' une carte. Lorsqu' il est bienégalement imbibé, retirez-le et le placez entre plusieursfeuilles de papier blanc ordinaire sur lesquelles vous passez unfer modérément chaud pour enlever l' excès de cire. Le degré dechaleur du fer est suffisant lorsqu' une bulle de salive envoyéedessus frémit sans s' en détacher. Plus chaud il piquerait l'épreuve de points que l' on aurait beaucoup de peine à enlever même en cirant denouveau. Septième opération. préparation du papier positif. faites d' abord un flacon d' eau saturée de chlorure de sodium ousel commun. Prenez 3 parties en volume de cette solution, 3 petits verres, par exemple, et ajoutez-y 1o parties d' eaufiltrée. Mettez 4 à 5 millimètres d' épaisseur de cettesolution dans un plateau. Faites ensuite un autre flaconcontenant : eau distillée Ioogram nitrate d' argent cristallisé25 gram. Vous en versez dans un autre plateau la même épaisseur.Ayez du papier un peu épais, I 5 kilogr la rame, que vous avezpréalablement coupé de grandeur convenable et choisi exempt detaches de fer et d' impuretés. Choisissez-en l' envers et lemarquez d' une croix. On le reconnaît facilement ; c' est le côtéqui porte sur la toile métallique servant à sa fabrication etdont la trame reste imprimée dessus. Cette trame se voit enregardant le papier à un jour frisant. Le meilleur papier pourcette opération est celui des frères Canson. -le papier anglaisest moins bon et ne doit être employé que lorsqu' on veut obtenir des tonsrouges. Placez d' abord le papier sur le bain de chlorure desodium avec la même méthode que j' ai enseignée à la deuxièmeopération et l' y laissez 2 à 4 minutes. Puis vous l' asséchezentre plusieurs feuilles de papier buvard rose en frictionnantavec la main. Préparez ainsi trois feuilles avant de commencer àles mettre sur le bain de nitrate d' argent, afin que toute traced' humidité soit bien enlevée. Vous prenez alors la premièrefeuille préparée et, avec un gros blaireau un peu dur, vousfrottez le côté salé pour enlever toutes les impuretés quipourraient y adhérer. Je préfère le papier buvard rose au blanc,parce qu' il me permet de voir les parties qui s' en sontdétachées et de les enlever. Mettez alors cette feuille sur lenitrate du côté salé seulement, et l' y laissez le temps depréparer une autre feuille sur le sel. En laissant peu de tempssur le nitrate d' argent, on obtient des tons rouges ; enprolongeant, au contraire, son action, on a des tons plus noirs.On égoutte ensuite le papier et on le fait sécher en le pendantpar un angle. Cette préparation doit être faite dans l' obscurité, à la lumière d' une bougie seulement. Il faut avoir soin que lepapier positif soit bien sec avant de mettre un cliché dessus, ce qui le perdrait en letachant de nitrate d' argent. Il vaut donc mieux préparer cepapier le soir pour s' en servir le lendemain ; si on le prépareau moment, il faut le bien sécher avec une lampe à esprit-de-vin.Il ne faut pas non plus en préparer pour plus de huit jours à l'avance, le temps le faisant noircir même dans l' obscurité. Huitième opération. tirage de l' épreuve positive. prenezvotre cliché négatif et mettez-le sur une des glaces du châssis àreproduction, posez dessus une feuille du papier positif préparépar l' opération précédente, le côté de la préparation sur l'endroit du cliché ; puis placez par-dessus une feuille de papiernoir et la seconde glace du châssis. Vous fermez ensuite lecouvercle du châssis, qui exerce une légère pression sur lesglaces pour bien assurer le contact. J' ai toujours soin de laisser déborder à côté du cliché un des côtés du papier positifpour pouvoir juger de l' action de la lumière. Exposez le châssisà la lumière solaire ou diffuse de manière que les rayonslumineux tombent perpendiculairement sur l' épreuve.
Suivez la marche de l' épreuve avec le ton que prend le côté dupapier qui déborde. Voici les différentes teintes successives qu'il prend : gris-bleu, -teinte neutre, -violet-bleu, -noir-bleu, -noir, -noir-bistré, -bistre, -sépia-colorée, -sépia-jaunâtre, -jaune feuille-morte, -gris-verdâtre, -toujours de plus en pluseffacé. Il faut s' arrêter à un de ces tons selon la plus oumoins grande vigueur du cliché et l' intensité de l' épreuve quel' on veut avoir. Une fois une épreuve obtenue avec un cliché, onpeut être sûr, en s' arrêtant à la même teinte de la partie quidéborde, d' obtenir le même résultat. Pour avoir une épreuve deteinte noire, par exemple, après le fixage à l' hyposulfite, ilfaut que les parties foncées soient au ton sépia et les partiesqui doivent former les blancs au gris-bleu en les retirant dedessous le châssis, afin de réparer la perte de ton que donne l'hyposulfite. On voit par cela que je ne puis pas fixer le tempsprécis de l' exposition à la lumière, parce qu' elle estsubordonnée à l' intensité et du cliché et de l' épreuve que l'on veut obtenir.
Neuvième et dernière opération. fixage de l' épreuve positive.l' épreuve positive ainsi obtenue ne serait pas permanente, ilfaut la fixer promptement par l' opération suivante : vous faitesdissoudre dans un flacon : hyposulfite de soude Ioogr eaufiltrée 8 oogr. Dans un autre flacon, vous faites aussidissoudre 5 grammes de nitrate d' argent dans un verre ou deuxd' eau ; quand il est bien fondu, vous ajoutez une solutionsaturée de chlorure de sodium jusqu' à ce qu' il ne se forme plusde précipité blanc. Vous laissez reposer un instant pour que leprécipité tombe au fond du vase, puis vous décantez le liquide etrecueillez le précipité de chlorure d' argent qui s' est formé,pour le mettre dans la solution d' hyposulfite qui précède, où ilse dissout. Par ce moyen, vous obtenez de suite les tons noirsavec l' hyposulfite neuf. Plus cet hyposulfite est vieux,meilleur il est. Quand il commence à se troubler, il fautseulement ajouter une solution fraîche sans remettre de chlorured' argent, le vieux en contenant un excès qu' il a enlevé auxépreuves qui y ont dégorgé. Il faut bien se garder aussi de lefiltrer pour enlever le dépôt noir qui se forme ; mais seulementle laisser reposer dans un grand flacon et décanter la liqueurclaire pour s' en servir, afin de ne pas perdre le dépôt noir etde le redissoudre par de l' hyposulfite neuf. à l' aide d' unséjour plus ou moins prolongé dans ce bain, on peut obtenirpresque tous les tons, depuis le rouge jusqu' au noir et au jaune-clair. Avec un peu d' habitude, on peut être certain d' avoir lateinte que l' on désire. On ne peut pas laisser une épreuve moinsd' une heure dans le bain pour qu' elle soit suffisamment fixée,et elle peut y demeurer jusqu' à trois ou quatre jours pour avoirdes tons sépia et jaunes. En chauffant l' hyposulfite, j'accélère la marche de l' opération ; mais il ne faut pasabandonner l' épreuve un instant à elle-même, parce que larapidité d' action est grande et qu' elle pourrait êtrecomplétement effacée. En ajoutant à la solution précédente d'hyposulfite 25 grammes d' ammoniaque, j' obtiens de très-jolistons bistrés avec des blancs très-purs. Le papier anglais convient très-bien pour ces sortes de tons. J' obtiens aussi defort jolis tons veloutés en mettant, au sortir de l' hyposulfite,l' épreuve sur un bain de sel d' or Igr sel d' or dans unlitre d' eau. J' ai des tons jaunes très-fins en mettant uneépreuve trop vigoureuse d' abord dans l' hyposulfite, puis dansun bain composé d' un litre d' eau et de 5 o grammes d' acide chlorydrique, et en faisant ensuite parfaitementdégorger dans l' eau. L' ammoniaque liquide employé à la mêmedose donne aussi des tons remarquables. Quand l' épreuve est auton que vous désirez, lavez-la à plusieurs eaux et l' y laissez2 ou 3 heures dans une bassine, ne l' en retirant que quand l'épreuve n' a plus sur la langue aucun goût sucré qui caractérisel' hyposulfite d' argent. Vous la faites ensuite sécher en lapendant par un angle, et elle est terminée. Le bain d'hyposulfite peut contenir à la fois autant d' épreuves que l' onveut. Des préparations à l' albumine. épreuves négatives surverre. Ces préparations sont basées sur la propriété qu' a l'albumine de devenir complétement insoluble par la chaleur. C' està M Niepce De Saint-Victor neveu qu' est due la découvertede l' application de ce corps à la photographie sur verre. C'est lui qui le premier, continuant dans une autre voie les essais surverre faits par son oncle, est arrivé à des résultatssatisfaisants ; c' est grâce à ses efforts incessants et à lafranchise avec laquelle il a publié ses découvertes que nous devons les belles épreuvesobtenues aujourd' hui. L'épreuve négative sur verre donne unefinesse qui approche de celle obtenue sur les plaques métalliques. Pour les reproductions de gravures, de tableaux, de sculptureet de paysage, le résultat est complet. Il laisse à désirer pourle portrait, la célérité n' étant pas assez grande. Il estcependant à espérer qu' avec le concours réuni des savants et desamateurs qui s' en occupent actuellement, on parviendra àdiminuer de beaucoup le temps de l' exposition à la lumière. Ilserait à désirer que chacun publiât franchement le fruit de sesdécouvertes, il en résulterait évidemment un progrès et uneimpulsion immense. Préparation du verre à l' albumine. Prenez desblancs d' oeufs bien frais et en pesez I 83 gr. Vous y faitesdissoudre : iodure de potassium 7 gr bromure de potassium 2gr chlorure de sodium Igr. Battez ce mélange dans un grand plat,avec une fourchette de buis, jusqu' à ce qu' il soit réduit en mousseblanche bien épaisse. Laissez-le alors reposer une nuit, lelendemain décantez le liquide visqueux qui s' est déposé, et vousen servez pour préparer vos verres. à cet effet, prenez de laglace mince ou mieux encore de la glace dépolie, sur laquelle l'adhérence est plus complète. Vous la faites couper à la grandeurde vos châssis et roder sur les bords. La réussite de l' épreuveest due, en grande partie, à l' égalité de la couche d' albumine. Pour l' obtenir, posez une de vos glaces bien horizontalement, le côté dépoli en dessus si vous adoptez cette espèce, préférableje crois, et vous versez dessus une quantité d' albuminesurabondante. Puis, avec une règle en cristal bien droite, quevous entourez au deux bouts de deux bandelettes de papier passéesà la cire vierge et que l' on retient avec les doigts de manièrequ' elles arrivent appuyer sur une largeur d' un demi-centimètreaux bords de la glace, vous raclez cette couche d' un seul coup,de manière à enlever l' excédant d' albumine. En mettant lesbandelettes plus ou moins épaisses, vous variez ainsi l'épaisseur de la couche sensible. On peut aussi arriver au mêmerésultat en collant deux bandes de papier très-étroites des deuxcôtés de la glace à préparer, et passer simplement la règle decristal en appuyant dessus. Je préfère le premier moyen, parcequ' avec le second on salit presque toujours sa glace en collant les bandes dessus.Il ne faut jamais revenir une seconde fois avec la règle, ondonnerait ainsi lieu à la formtion de bulles mousseuses. On laisse ensuite sécher les glaces d'elles-mêmes dans la positionhorizontale, en les tenant à l' abri de la poussière. Quand lacouche est bien sèche, vous soumettez vos glaces à unetempérature de 7 oà 9 o degrés ; ce que vous faites soit devantun feu très-ardent, soit en les renfermant dans une bassine decuivre étamée, munie d' un couvercle, que vous mettez au-dessusde la bassine d' eau bouillante que j' ai décrite à la quatrièmeopération du papier négatif. L' action de la chaleur faitfendiller la couche d' albumine, et elle est devenue alorsparfaitement insoluble et prête à recevoir l' action de l' acéto-nitrate. Les glaces ainsi préparées peuvent se conserverindéfiniment. Je prépare aussi cette première couche en saturantle mélange précédent d' acide gallique, ce qui donne plus decorps à l' épreuve et plus de sensibilité. Au moment de faire uneépreuve, si on opère par la voie humide, vous plongez la glaceainsi préparée dans le bain d' acéto-nitrate d' argent, décrit àla deuxième opération du papier négatif. Cette opération est très-délicate, parce que le moindre temps d' arrêt occasionne dessolutions de continuité dans la couche sensible, et des fils, que rien ne peut plusréparer. Pour obtenir cette immersion instantanée et régulière,je me sers du petit appareil suivant : il est composé de deuxglaces entre les bords desquelles sont collées à la gomme laquedeux bandes de glaces de deux centimètres de largeur et une,entre ces deux, d' un centimètre et demi disposées de manière àménager au milieu une rainure, dans laquelle viennent glisseraisément les glaces à préparer. Cet appareil a absolument laforme d' une boîte à plaque daguerrienne qui n' aurait qu' unerainure. Vous versez dans cette boîte les deux tiers d'acétonitrate d' argent et vous laissez tomber d' un seul coup laglace albuminée dans la rainure, en ayant bien soin qu' il n' yait pas de temps d' arrêt. Après avoir laissé la glace tremperquatre à cinq minutes dans le bain, vous la retirez et la lavezparfaitement à l' eau distillée. Vous l' exposez ensuite à lachambre noire, tout humide, un temps qui varie entre deux ettrente minutes, et le double environ si la glace est sèche.Lorsque l' on doit opérer à sec, il est bon que la préparationcontienne déjà l' acide gallique dans l' iodure ou, ce qui estmieux encore, en lui faisant subir un bain d' acide gallique d'un quart d' heure après celui d' acéto-nitrate d' argent, puis enlavant à l' eau distillée et faisant sécher. Vous faitesdévelopper l' image au sortir de la chambre noire, comme les négatifs sur papier, en la mettant dansun bain chaud d' acide gallique saturé. Quand elle est bienressortie, vous la fixez par les mêmes procédés indiquésprécédemment pour le papier. Pour en obtenir une épreuve positive, il suffit d' appliquer sur l' épreuve une feuille de papierpositif ordinaire ou mieux encore une feuille positive albuminéecomme je l' indique plus loin. On introduit le tout dans unchâssis à feuillure où reposent les bords de l' épreuve ; on metpar-dessus un drap noir très-fin qui est collé sur un des côtésd' une glace épaisse, puis on ferme le couvercle du châssis, quiexerce une pression très-légère, pour ne pas s' exposer à briserl' épreuve. On expose ensuite à la lumière ; pour pouvoir suivreson action, ayez soin d' enlever la préparation à l' un des coinsde la glace, afin de pouvoir juger des tons que prend l' image.Quand vous la jugez bonne, vous l' enlevez du châssis et la fixezcomme les autres.
Des papiers à l' albumine. épreuve négative. Cette mêmepréparation d' albumine au même dosage s' applique aussiparfaitement sur le papier ; mais elle demande de grandesprécutions pour l' avoir égale. L' épreuve qu' elle fournit ainsiest remarquable par la vigueur de ses noirs et la transparencedes clairs. Presque tous les papiers, quand ils ne sont pas troptachés de points noirs, peuvent servir par cette méthode etdonnent des résultats supérieurs. J' obtiens ainsi une finesse d'exécution qui est presque aussi arrêtée que sur l' épreuve surverre, et qui est incontestablement plus artistique. Vous versezla solution albumineuse dans un plateau bien horizontal, ayantsoin qu' il n' y ait pas de mousse. Vous prenez le papier choisiet commencez à le baigner-d' un côté seulement, -commençant l'immersion par le bord de la cuvette qui est vers vous et du côtéle plus large de la feuille, la posant à angle droit sur leliquide et la recourbant vers vous, vous chassez en avant demanière à exercer une forte pression qui repousse les bulles d'air. Vous avez placé devant vous une lumière, afin de suivre àtravers le papier la marche des bulles et de les chasser si elless' arrêtaient dessous.
Laissez la feuille s' imbiber une minute au plus sans la toucher; puis enlevez-la d' un seul coup et doucement par un mouvementbien régulier et la mettez sécher en pendant par un angle. Vouspréparez ainsi autant de feuilles que vous désirez dans le mêmebain, en ayant soin qu' il y en ait toujours environ un demi-centimètre d' épaisseur. Placez ensuite toutes vos feuillessèches et préparées les unes sur les autres, entre deux feuillesde papier blanc et passez dessus, à plusieurs reprises, un fertrès-chaud en retirant une feuille à chaque fois ; vous rendezainsi l' albumine insoluble. Le fer doit être aussi chaud qu' ilpeut l' être sans roussir le papier. Je me sers ensuite de cepapier négatif absolument comme du premier indiqué ; seulement ilfaut faire bien attention que l' immersion sur l' acéto-nitratesoit instantanée et que les bulles d' air soient immédiatementchassées, chaque temps d' arrêt faisant des taches comme sur l'épreuve sur verre. Il est aussi nécessaire de chauffer modérémentl' acide gallique. Papier positif albuminé. Un des meilleursservices que rende l' albumine à la photographie est sanscontredit son application à la préparation du papier positif,auquel elle donne un éclat et une vigueur que l' on peutdifficilement obtenir autrement. Prenez des blancs d' oeufs etvous y ajoutez un cinquième en volume d' eau salée saturée / chlorure de sodium /.Vous les battez en mousse comme précédemment, et décantez leliquide après une nuit de repos. Vous versez ce liquide dans unebassine et y préparez, d' un côté seulement, le papier positifavec la même méthode que pour le précédent papier négatif albuminé. Vous le faites sécher et y passez le fer chaud de lamême manière. Il peut se conserver ainsi quelque temps avant d'être terminé sur le nitrate d' argent. Ensuite vous mettez cecôté albuminé sur un bain de nitrate d' argent, -une partie denitrate en poids contre quatre parties d' eau distillée, -et l' y laissez s' imbiber environ quatre à cinq minutes. Vous le faitessécher en le suspendant par un angle, et vous vous en servezcomme du premier papier positif précédemment décrit. Ce papierdonne beaucoup de profondeur aux noirs et un grand éclat auxblancs. En le laissant peu de temps sur le nitrate, -une minuteenviron-et se servant de papier Whatman anglais, on obtient destons rouge-pourpré très-harmonieux. Le papier Canson et engénéral tous ceux qui contiennent beaucoup d' amidon donnent destons noirs.
Quelques observations relatives à la prise des points de vue. Lorsque l' on veut prendre une vue, il faut avoir bien soin de nepas vouloir faire l' image trop grande, de manière à sortir d'aplomb les lignes qui doivent être perpendiculaires. La distancede l' objet à copier doit être de quatre fois son plus grand côté, pour n' obtenir aucune déformation . Lorsque le recul nécessaire manque avec un objectif normal pour avoir l' ensembled' un site, il vaut mieux alors employer celui de demi-plaque. Ilfaut aussi bien se pénétrer que plus on est près de l' objet àcopier, plus il faut de temps pour l' exposition à la chambrenoire. La végétation et tous les objets verts en généraldemandent aussi un temps plus considérable. Il faut aussi faireattention que le soleil ne frappe pas sur la lentille de votreobjectif lorsque vous prenez une vue, cela nuirait à la nettetéde l' image. Lorsque l' on va en campagne il vaut mieux n'emporter avec soi que ce qui est absolument nécessaire pourpouvoir opérer dans tous les endroits où l' on se trouve. Voicide quoi se compose mon bagage dans cette occasion: une chambre noire avec objectif normal pouvant servir aussi pourobjectif de demi. Dans l' intérieur de la chambre noire estrenfermée une petite pharmacie composée de cinq flacons carrésqui tiennent moins de place : un flacon d' acéto-nitrate d'argent ; un flacon d' acide gallique saturé ; un flacon d' eaudistillée ; un flacon de solution de bromure de potassium pourfixer provisoirement les épreuves ; un flacon d' hyposulfite desoude, une pipette ; trois entonnoirs entrant les uns dans lesautres. J' ai ensuite trois cuvettes en porcelaine très-basses,renfermées dans des boîtes en noyer dont le fond est garni deplusieurs ressorts qui chassent les cuvettes sur le couvercle dela boîte, lequel est recouvert à l' intérieur d' une glacedépolie rodée sur les cuvettes, de manière à les fermerhermétiquement. Une de ces cuvettes me sert à tenir du papier dedoublure toujours humide pour le besoin. Dans l' autre je metstoutes mes épreuves négatives dans la solution de bromure. Dans la troisième j' ai de l' eau pour déposer mes épreuves, quand jeles juge assez fixées, et je les y laisse jusqu' à mon retour aulogis, où je finis de les fixer à l' hyposulfite de soude. Ilfaut avoir soin de ne mettre dans les cuvettes que la quantité deliquide nécessaire pour que les feuilles de papier adhèrent aufond, et pas plus, parce qu' il pourrait alors s' échapper dans le ballottement dela marche. J' ai encore deux plateaux, un pour l' acéto-nitrated' argent, l' autre pour l' acide gallique. On trouve dans lecommerce des palettes à aquarelle carrées et rebordées, en demi-porcelaine de Creil, qui sont très-légères et très-commodes pourcela. Un trépied pour mettre les cuvettes de niveau. Unportefeuille contenant du papier préparé. Deux ou trois mains depapier de soie pour nettoyer les plateaux. Un pied brisé poursoutenir la chambre noire, dont la hauteur doit être assez grandepour que l' objectif arrive à peu près à la hauteur de l' oeil.Un drap noir en grosse cotonnade assez grand pour pouvoirrecouvrir complétement le pied et la machine montée dessus, demanière à former une petite tente sous laquelle je fais toutesmes préparations. J' ai ménagé dans un des côtés du drap uneouverture d' un pied carré où j' ai fait coudre un morceau d'étoffe jaune-orange ; le jour qui pénètre ainsi ne nuit en rien àl' opération, qui m' a toujours bien réussi. Le tour du drap noirest muni d' anneaux qui servent à le fixer au sol avec despiquets en cas de vent. La boîte qui contient tout l' appareil mesert de table. Pour les voyages de long cours, j' ai une secondecaisse, qui renferme 2 o flacons carrés de 25 ogr chacun, où je mets les produits chimiques nécessaires. Une boîteen chêne bien assemblée contenant 8 ouiokilogr d' hyposulfitede soude. Trois ou quatre cuvettes de dimension assez grande pourfaire les bains d' hyposulfite. Une petite balance et ses poids.Une éprouvette graduée pour peser les liquides. Et un châssis àfaire les reproductions : ce châssis se compose de deux glacesépaisses maintenues par un châssis à feuillure recouvert d' uncouvercle à charnière en bois, à l' aide duquel on exerce unelégère pression sur les glaces au moyen d' un carré de papierplié que l' on met entre lui et les glaces. Liste des produitschimiques nécessaires. Iodure de potassium 1000gr, bromure depotassium 4 oogr, chlorure de sodium 5 oogr, nitrate d'argent cristallisé Ioogr, acide acétique cristallisable 2 oogr, acide gallique cristallisé 25 gr, hyposulfite de soudeIkilogr, ammoniaque liquide Ioogr, acide chlorydrique Ioogr,collodion Ioogr, esprit-de-vin 5 oogr, eau distillée I litre,cyanure de potassium 2 ogr.
Nota. Le cyanure est un poison très-actif, il faut l' employeravec la plus grande précaution ; il sert à enlever les tachesformées sur les mains par le nitrate d' argent. -on en met environ 1 gramme sur 10 d' eau. -si on avait des coupures ougerçures, il faudrait bien se garder de s' en servir. Je prendstous mes produits chimiques chez Mm Véron et Fontaine,chimistes, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, N 8. De l'objectif. Le choix de l'objectif est des plus importants pour laréussite de belles épreuves. Pour les monuments, le paysage etles reproductions, l' objectif simple, normal, est ce qu' il y ade supérieur. Je trouve indispensable qu' il ait un long foyer.Pour les portraits, un objectif à doubles verres combinés estnécessaire. Les lentilles, doubles, allemandes plaque normaledonnent de très-bons résultats, mais centralisent un peu trop lalumière ; elles opèrent plus vite que les nôtres par cette raison. Dans le choix de ce genre d' objectif, il faut rechercher ceuxqui donnent l' image nette sur la plus grande étendue possible,et ne pas s' attacher trop à la grande rapidité. Une image estbien plus belle lorsqu' elle présente un aspect bien net dans tout son ensemble que lorsqu' elle estcentralisée. Il faut aussi bien s' assurer que le foyer chimiquede l' objectif coïncide parfaitement avec le foyer apparent,remarque très-importante qui est due à M Claudet. Je me trouve parfaitement bien de nos objectifs français, système allemand ouà double verres, et je ne me sers pas d' autres pour mesportraits. Le foyer en est un peu plus long que dans ceux deVoiglander et l' image plus également nette. La maisonLerebours et Secretan et M Queslin m' en ont fourni d'excellents. Ceux de demi-plaque de M Lerebours sontremarquables aussi par leur grande netteté et leur rapidité, etje les recommande à l' amateur qui ne veut pas faire la dépensed' un grand objectif de 8 centimètres de diamètre. Ils m' ontdonné des portraits très-remarquables. Avec un objectif simple, normal, pour les monuments et paysages et un demi, double, pourle portrait, l' amateur a tout ce qui lui est nécessaire. On peut cependant, à la rigueur, faire aussi le paysage avec la demi-plaque double, en y mettant un diaphragme. Voici maintenant unecombinaison dont je me sers tous les jours avec le plus grand succès.
J'ai un objectif double, français, pour plaque normale, composéde deux objectifs de 8 centimètres, qui me sert pour les grandsportraits ; puis un normal simple pour les monuments. En ajoutantà la suite du premier l' objectif normal simple, la partie convexe en regard de la lentille qui se trouve dans l' intérieurde la chambre noire, j' obtiens une image de demi à tiers deplaque excessivement lumineuse et à très-court foyer qui me donneune rapidité extraordinaire. J' obtiens ainsi un portrait en dixsecondes à l' ombre. Il faut pour cela un tube de douzecentimètres de longueur qui glisse à frottement sur l' objectifdouble, et à l' extrémité duquel il y a un pas de vis pouradapter l' objectif simple. -on choisit la distance suivant ladimension que l' on veut obtenir. Avec ces deux objectifs on atout ce qu' il faut pour opérer dans toutes les conditionsvoulues. Observations pour la bonne exécution des portraits et lareproduction des plaques daguerriennes et des tableaux à l' huile. L' effet est une des conditions absolues pour qu' un portraitsoit agréable. On ne doit donc rien négliger pour y arriver. Lemodèle doit toujours être à l' ombre et un côté de la figure unpeu plus éclairé que l' autre. Il ne faut jamais que la tête soitdans la même direction que les épaules, cela manque d' élégance : si la tête est de face, il faut mettre le corps de trois quarts et réciproquement. Lalumière que l' on obtient près d' une grande fenêtre est très-bonne pour l' exécution du portrait, mais il faut avoir soin demettre en face de la fenêtre une tenture blanche qui vienne projeter des reflets dans la partie qui est dans l' ombre. On obtiendrait sans cela un passage trop brusque du clair au noir,qui ne serait pas harmonieux. Une glace disposée de manière àrenvoyer les rayons lumineux sur la partie de la figure dans l'ombre donne aussi de très-beaux effets. On pose le modèle entreles rayons direct de la fenêtre et ceux réfléchis par la tentureblanche ou la glace. La lumière diffuse extérieure est très-bonneaussi et agit bien plus rapidement ; mais dans ce cas il faut aucontraire mettre près d' un des côtés de son modèle une tenturetrès-foncée afin de ménager des ombres. Sans ces précautions, onmanquerait presque toujours d' effet. Il faut avoir soin que latête soit l' objet le plus saillant et le plus net de l' image ets' attacher à mettre par conséquent plus scrupuleusement au pointsur elle. Lorsque je fais un portrait assis, les genoux et lesmains arrivent toujours beaucoup trop en avant pour pouvoir lesavoir bien nets. J' y arrive cependant en me servant d' uneardoise courbée en sifflet vers le haut seulement de la chambre noire.Pour obtenir cette courbe, je fais placer une personne sur unechaise, les mains sur les genoux dans la position la plushabituelle. Je calcule sur le verre dépoli la différence qu' il ya entre la longueur du foyer sur le visage et celui sur les mains; cette différence établie me sert à faire la courbure de l'ardoise à la place correspondante de l'image. La place qu'occupe la tête doit être scrupuleusement au même point que leverre dépoli de la chambre noire ; on met exactement au pointdessus sans s' inquiéter des mains, qui se trouvent dans l'épreuve venir parfaitement nettes par l' effet du rallongement defoyer produit par la courbe de l' ardoise. Je ménage aussi devantmon modèle une draperie obscure où il puisse reposer les yeuxsans les fatiguer. Je mets un pain à cacheter à l' endroit qu' ildoit regarder, et lui recommande de battre la paupière comme d'habitude. Il faut bien se garder de recommander une fixité deregard complète, au bout d' un instant l' oeil se remplirait delarmes et tout le portrait grimacerait par l'effet de lacontraction nerveuse et gênante que ça produirait. Je fais avecbeaucoup de succès la copie des plaques sur papier ; pour cela,je me sers de l' objectif simple normal que j' adapte à unechambre noire de 5 o centimètres à 1 mètre de foyer.
Je recouvre tout le devant de la chambre noire et l' objectif d'un linge noir, où est seulement ménagée une ouverture de lagrandeur du diaphragme. Par ce moyen j' obtiens une intensitéremarquable dans les noirs de l' épreuve, et j'évite les refletsdans la plaque. Le jour doit arriver sur la plaque par rayonsobliques, de manière qu' il n' y ait jamais de rayons réfléchis àangle droit dans l'objectif. J' obtiens ainsi une image depuisla grandeur égale jusqu' au double et au triple. Les mêmesprécautions doivent être prises pour la copie des tableaux à l'huile. Il faut généralement prolonger l' exposition à la chambrenoire pour une copie de plaque à grandeur égale pendant un quartd' heure ou une demi-heure, et plus si l' on fait plus grand. Je me suis efforcé dans ce petit traité de donner tous lesrenseignements que je crois utiles à l' amateur pour bien réussir. Je l' engage à ne pas se laisser rebuter par un premierinsuccès ; en suivant exactement ces indications, il ne peutmanquer de réussir. Tous les jours je mets ces procédés enpratique dans mon grand atelier de photographie, chemin de rondede la barrière Clichy,7; j' engage donc les personnes quipourraient être arrêtées par quelques difficultés à m' y venirvisiter, je me ferai un plaisir de leur donner les renseignementsqui pourraient leur manquer, et de leur faire voir mes collections d' épreuvesfaites par ces procédés. Appendice. Je travaille dans ce momentun procédé sur verre par l'éther méthylfluorhydrique, lefluorure de potassium et de soude, dissous dans l'alcool à (..) mêlé à l' éther sulfurique et saturé ensuite de collodion. Je fais ensuite réagir l' acéto-nitrate d' argent, et j' obtiens uneépeuve à la chambre noire en vingt secondes à l' ombre. Je développe l' image par une dissolution très-étendue de sulfate defer et fixe par l'hyposulfite. J'espère arriver par ce procédéà une très-grande rapidité. L' ammoniaque, le bromure depotassium me donnent de grandes variations de promptitude.Aussitôt que mes expériences seront complétées j'en publierai lerésultat par un appendice. L'application sur le verre en est très-facile. Les mêmes réactifs employés avec l'albumine et la dextrine donnent aussi un excellent résultat très-prompt. J'expérimente aussi sur un mucilage produit par un fucus, sorte devarech, qui me paraît devoir être d' un grand avenir. J'ai l'espoir d' arriver à faire ainsi un portrait en 3 ou 4 secondes.
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