quinta-feira, 3 de dezembro de 2009

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1844

9 de Setembro

Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

T. XIX

Nº. 11

Pag. 119, 120, 121

PHOTOGRAPHIE. - Note sur un procédé de gravure photographique; par M. H. Fizeau

 

« J’ai eu l’honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, dans sa séance du 13 février 1843, des dessins photographiques sur papier, obtenus par l’application des procédés de l’impression en taille-douce à une planche daguerrierme, gravée par des agents chimiques sans le concours d’aucun travail d’artiste.

« Dès le mois de juillet I 842, j’avais montré à plusieurs personnes, et déposé dans quelques collections, des épreuves résultant de mes premiers essais.

« Depuis cette époque, j’ai continué à m’occuper de ce sujet avec persévérance, en m’appliquant à compléter, et surtout à régulariser les délicates manipulations du procédé.

« Je soumets aujourd’hui à l’Académie de nouveaux résultats obtenus sur une plus grande échelle, et qui me semblent devoir donner une idee de l’importance et des applications du nouvel art.

« L’image daguerrienne, dont la perfection est évidemment nécessaire à la réussite de la gravure, avait été obtenue chez M. Lerebours; la transformation de cette planche daguerrienne en planche gravée a été effectuée sans aucun travail ni retouche d’artiste, mais par l’application seule du procedé dont je vais décrire les principes en peu de mots; j’espère en soumettre prochainement à l’Académie une description détaillée.

« Le problème consistait, comme on le sait, à traiter les images daguerriennes par un agent qui creusât les parties noires sans altérer les parties blanches du dessin; en d’autres termes, qui attaquât l’argent en présence du mercure sans altérer ce dernier.

« Un acide mixte, composé avec les acides nitrique, nitreux et chlorhydrique (ces deux derniers pouvant être remplacés par du nitrite de potasse et du sel marin), jouit précisément de cette propriété, laquelle appartient également à une dissolution de bichlorure de cuivre, mais d’une manière moins parfaite.

« Lorsqu’on soumet une image daguerrienne, dont la surface est bien pure, à l’action de cet acide, surtout à chaud, les parties blanches ne sont pas altérées, tandis que les parties noires sont attaquées avec formation de chlorure d’argent adhérent, dont la couche insoluble arrête bientôt l’action de l’acide.

« Une dissolution d’ammoniaque, employée alors, entraîne cette couche de chlorure d’argent et permet de soumettre de nouveau la planche à l’action du même acide, qui, agissant encore de la même manière, augmente la profondeur des parties noires.

« En opérant ainsi en plusieurs fois, on parvient à transformer la planche daguerrienne en une planche gravée d’une grande perfection, mais généralement de peu de profondeur; de sorte que les épreuves imprimées sur papier n’ont pas la vigueur convenable.

« A cette première opération il a donc été nécessaire d’en ajouter une seconde qui permît de creuser plus profondément les parties noires de l’image.

« Cette seconde opération consiste à dorer les parties saillantes, ou les blancs de la planche gravée, et à laisser l’argent à nu dans les creux, ce qui permet d’en augmenter la profondeur par l’action d’un simple dissolvant de l’argent.

« Pour obtenir ce résultat, la planche gravée peu profonde dont je viens de parler, est graissée avec une huile siccative, de l’huile de lin, puis essuyée à la manière des imprimeurs en taille-douce; de cette manière, l’huile reste dans les creux seulement, et y forme un vernis qui ne tarde pas à sécher.

« Dorant alors la planche par les procédés électro-chimiques , on voit l’or se deposer sur toute la surface de la planche, excepté dans les parties creuses protegées par le vernis d’huile de lin. Après ce dorage, l’huile de lin est enlevée par de la potasse caustique.

« Il résulte de là que la planche gravée a toutes ses parties saillantes protégées par une couche d’or; ses parties creuses, au contraire, présentant l’argent; à nu.

« Il est dès lors facile, en traitant la planche par l’acide nitrique, d’attaquer ces parties creuses seulement, et d’en augmenter ainsi à volonté la profondeur.

« Avant ce traitement par l’acide nitrique, la planche dorée est couverte par ce que les graveurs appellent un grain de résine, ce qui produit, dans le métal attaqué, ces nombreuses inégalités que l’on appelle grain de la gravure.

« Il résulte de ces deux opérations principales que la planche daguerrienne est transformée en une planche gravée tout à fait semblable aux planches gravées à l’aquatinte, et dès lors pouvant, comme elles, fournir par l’impression un nombre considérable d’épreuves.

« Cependant, l’argent étant un métal peu dur, le nombre des épreuves serait encore assez limité si un moyen très-simple net permettait de soustraire la planche photographique à l’usure déterminée par le travail de l’impression.

« En effet, pour atteindre ce but, il suffit, avant de livrer la planche à l’imprimeur, de cuivrer sa surface par les procédés électro-chimiques; de cette manière, il est évident que la couche de cuivre supporte seule l’usure  produite par le travail de l’ouvrier. Lorsque cette couche est altérée d’une manière notable, il est facile, à l’aide d’un acide faible, de la dissoudre en  totalité sans altérer l’argent sur lequel elle repose; dès lors la planche peut être cuivrée de nouveau, et se trouve ainsi dans le même état que si elle n’avait pas supporté le travail de l’imprimeur. « 

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