quinta-feira, 17 de junho de 2010

L’ARTISTE

1839
L’ARTISTE
2e Série
 Tome III,
11e Livraison
Pag. 181, 182
M. DAGUERRE.
 
La Chambre des Députés a voté avec le plus grand empressement la pension accordée enfin à M. Daguerre. La Chambre a été unanime, il faut le dire à sa gloire, à décerner cette récompense si bien méritée. Le rapport de M. Arago a été écouté avec une faveur marquée. C'est un beau et grand travail que nous aurions donné à nos lecteurs, si déjà nous n'avions pas expliqué des premiers, dans un article qui a eu la sanction de l'auteur lui-même, cette grande et admirable découverte. Mais ce qui a produit beaucoup plus d'effet que le rapport de M. Arago lui-même, ce sont les belles planches du Daguérotype, exposées dans la grande salle d'attente. Là, messieurs les Députés, même les plus étrangers aux beaux-arts, et malheureuserncnt le, nombre en est grand, ont pu admirer tout à leur aise ces fines gravures, précieux produits de la lumière. Ce n'est pas une gravure, c'est un miroir. Dans ce miroir magique, la nature se reflète dans toute sa vérité naïve et un peu triste; tous les grands monuments, tous les grands aspects, tous les beaux sites, tous les heureux paysages seront donc reproduits désormais avec une vérité sans égale. Voilà un présent inestimable que fait la France à l'Europe; voilà comment une nation doit prouver qu'elle est une grande nation. Que fait donc à l'avenir une bataille perdue, une ville gagnée? La bataille perdue se regagne, la ville gagnée se reperd, mais l'invention utile est immortelle; tous les peuples en profitent et tous les siècles. Elle est la gloire du présent, elle est l'honneur de l'avenir. Toujours faut-il avouer que la France a été généreuse à peu de frais: 6,000 francs de rente viagère pour une pareille découverte, ce n'est guére. Le ministère, qui connaît nos représentants et qui n'a pas osé leur demander davantage, aura appris cette fois à être plus hardi et à se montrer plus confiant, sinon dans le bon goût, du moins dans le bon sens de la Chambre des Députés.
Trois boules noires s'étaient glissées par accident dans ce scrutin d'une entière blancheur. A la vue de ces trois boules noires, un mouvement de réprobation et d'horreur s'est manifesté, comme s'il eût été question de recevoir membre de la Chambre des Députés, M. Danton ou M. de Robespierre. Il parait, du reste, que même ces trois boules noires étaient là sans intention mauvaise et qu'elles s'étaient trompées.
Maintenant que le beau secret de M. Daguerre va etre rendu public, maintenant qu'il appartient à l'Europe entière, nous en attendons les résultats avec toute confiance. Les dessinateurs, les peintres, les voyageurs surtout, et nous en connaissons plus d'un qui a retardé son voyage dans les pays lointains, attendent avec impatience la démonstration du Daguérotype. Nos lecteurs peuvent être assurés que nous ne manquerons pas une des leçons de Daguerre. Nous les écouterons avec toute l'attention que méritent ces révolutions illustres. Après quoi, nous les raconterons, s'il le faut, mot pour mot, non pas en sténographe, mais bien en artiste et en écrivain.

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