domingo, 29 de agosto de 2010

1839, 27 de Fevereiro - LA LUMIÈRE

1839

27 de Fevereiro

LA LUMIÈRE

Nº 1

9 de Fevereiro 1851

pag. 4

Lettre adresée le 27 février 1839 au rédacteur de la gazette de litterature de londres,

 

Par M. F. bauer, membre de la sociétè royale de londres

 

monsieur,

 

Je vois avec une grande satisfaction dans l’un des derniers numéros de votre précieuse publication (la Gazette littéraire) la grande attention que vous donnez à ce que vous appelez la nouvelle découverte dans les beaux-arts ; et j’espère que le peu de faits relatifs à cet intéressant sujet, que je vous communique par cette lettre, attireront encore plus attention !

Dans le mois de septembre de 1827, un Français, M. Joseph-Nicéphore Niépce de Châlon-sur-Saône, arriva à Kiew, pour rendre visite à son frère, qui avait été lontemps en Angleterre, et y était dangereusement malade. Je fis bientôt connaissance avec M. Niépce. Il m’apprit alors qu’il avait fait l’importante et intéressante découverte de fixer d’une manière permanente l’image de tout objet par l’action spontanée de la lumière. Il me montra plusieurs spécimens très-intéressants, tant d’images fixées sur des planches d’étain poli que des impressions faites sur le papier d’après ces planches préparées par son procédé chimique. M. Nièpce appelle ces spécimens les premiers résultats dees longues recherches. M. Nièpce désira que son intéressante et importante découverte fût connue dela société royale de Londres, et qu’ainsi la priorité de sa découverte fût établie. Je l’engageai en conséquence à rédiger un écrit ou un mémoire sur ce sujet, qui serait alors présenté à la Société ; il le fit ; il écivit cela à Kiew, et le data du 8 décembre 1827.

J’ai le plaisir de vous envoyer sous ce pli une traduction decet intéressant mémoire.

M. Nièpce fut bientôt présenté à quelques uns des membres les plus influents de la Société royale, auxquels il remit son mémoire et plusieurs spécimens de sa découverte ; mais, quoiqu’il ait eu plusieurs entrevues avec ces membres, qui avaient pu délibérer pendant plusieurs semaines sur son mémoire, comme M. Nièpce ne voulut pas expliquer son secret, alors le mémoire et tous les spécimens lui furent rendus, et le sujet ne fut plusjamais présentés à la Société.

m. nièpce fut obligé par de pressantes affaires de famille de retourner en France dans le commencement de février 1828 ; et environ qunze jours après son départ, son, son frère mourut à Kiew. Cet événement causa naturellement une grande interuption dans les recherches scientifiques deM. Nièpce : nous continuâmes cependant une correspondance amicale pendant quelque temps ; mais une lettre que je reçus de lui, datée du 9 janvier 1829, fut la dernière. Dans cette lettre, comme dans toutes les autres, il parle toujours du succés de ses recherches, et il exprime l’espoir fondé que dans l’été suivant il sera en état de compléter sa découverte, et il me promet de me communiquer fidèlement et promptement le résultat final de ses longues recherches. Mais depuis de ce jour (9 janvier 1829) je n’avais rien sue ni entendu d M. nièpce, ou de son héliographie, jusqu’au 12 janvier 1839, quand mon attention fut attirée par la Gazette littéraire, rapportant un article de la gazette de France, daté de Paris le 6 janvier 1839, et signé H. Gaucherant, dans lequel je trouvai, à magrande surprise, que M. Daguerre, justement céébre par son Diorama, non seulement réclame le mérite d’avoir découvert le premier cet art intéressant et important, mais veut encore lui imprimer son propre nom ! Je me rappelle bien que M. Daguerre était lié avec M. Nièpce ; mais je n’ai jamais entendu ni compris qu’il eût pris part active aux recheches de M. Nièpce autrement qu’en l’encourageant à persévérer dans ses travaux. Je sais aussi que M. Daguerre s’était occupé avec zèle de recherches et d’expériences dans lesquelles il obtenait des succès ; mais cet objet était différent à une grande distance de celui de M. Nièpce : c’est ce que M. Daguerre appelle maintenant sa décomposition de la lumière ; moyen par lequel il produit l’étonnant et admirable effet de ses représentations du Diorama, et dont les récits merveilleux remplissent les papiers publies. (Voyez le Morning-Post.). Mais sa découverte de la décomposition  de la lumière est une chose  grandement différente de la découverte de fixer d’une manière permanente les objets par l’action de la lumière.

Quoique cette dernière découverte soit en grande petie également rapportée dans le journal français (voyez la Gazette de France du 6 janvier 1839 ), dans lequel on parle pour la ptemière fois du daguerréotype comme il suit : » C’est avec un grand plaisir que nous annonçons l’importante découverte faite par M. Daguerre, le célèbre peintre du Diorama, etc., » et ensuite . » M. Daguerre a découvert une méthide de fixer les images qui sont représentées au foyer d’une chambre noire , etc. ; et une seconde fois : «  MM. Arago, Biot et de Humboldt se sont assutés de la réalité de cette découverte, qui mérite leur admiration, et : Arago, dans peu de jours, la fera connaître à l’Académie des Sciences ; » vers la fin de l’article, l’auteur nous donne l’important avis suivant : « M. Daguerre avoue généreusement que la première idée de ce procédé lui fut donné, il y a quinze ans, par M. Nièpce, de Châlon-sur-Saône, mais dans un tel état d’imperfection, qu’il lui a fallu un travail long et persévérant pour atteindre la bout. »

Maintenant, je ne pense pas que M. Nièpce ait pu donne quelque idée imparfaite il y a quinze ans, car les spécimens apportés par M. Nièpce, et exposés en Angleterre en 1827 (et dont quelques-uns sont encore entre mes mains), étaient tout aussi parfaits que les produits de M. Daguerre décrits dans les papiers français de 1839, et cependant c’est la première fois que le nom de Nièpce est mentionné !… Dans un journal subséquent est un article daté de Paris, le 9 janvier 1839, dans lequel, après plusieurs éloges, ceci est établi : « M. Arago a fait, le 7 de ce mois, une communication verbale à l’Académie des Sciences sur la belle découverte de M. Daguerre ; «  et dans l’article suivant : « Considérant la grande utilité de cette découverte pour le public, et l’extrême simplicité du procédé, qui est telle, que tout le monde peut s’en servir, M. Arago pense qu’il serait impossible, au moyen d’un brevet ni autrement, d’assurer à l’inventeur les avantages qu’il doit retirer de sa découverte, et il croit que le meilleur moyen por le gouvernement serait d’en faire l’acquisition, et de la livrer au public. » Mais le nom de M. Nièpce n’est pas mentionné dans ce rapport, ce qui est, je l’avoue, incompréhensible : Pour moi, qui ai l’honneur de connaître particulièrement M. le baron de Humboldt et M. Arago, et qui professe l’opinion qu’il n’y a pas d’hommes plus savants et plus honorables ! je crois que tout lecteur impartial, en réunissant la déclaration formelle de M. Nièpce et le généreux aveu de M. Daguerre, sera convaincu, comme moi, que M. Nièpce est l’inventeur de cet art intéressant. Quoique, pendant la longue période de dix ans et l’interruption et l’intière cessation de notre correspondance en 1829, M. Daguerre ait pu faire beaucoup de progrès ; quoique, surtout, s’il a acheté loyalement le secret de M Nièpce, je pense qu’il doive retirer le plus grand profit possible de la vente de ce secret, le mérite de l’invention de l’héliographie n’en restera pas moins à mon estimable ami, Nicéphore Nièpce !

Je n’ai vu aucun dessin photogénique de M. Talbot ; mais d’après ce que je vois dans les journaux, je conjecture qu’il prétend avoir fait des expériencestrès-intéressantes dans les quatre ou cinq années qui viennent de s’écouler : mais il me semble que son procédé est basé sur le même principe que la découvete de M. Nièpce, et si M. Talbot réussi à fixer d’une manière permanente l’image de la nature sur le papier, il aura certainement fait le plus important, car il aura fait le plus utile !

Avantde quitter l’Angleterre, M Nièpce me présenta plusieurs intéressants spécimens de son art nouvellement découvert. L’un d’eux est sa première expérience heureuse pour fixer l’image de la nature ; une autre planche préparée avec ce qu’il appelle le procédé chimique pour agir sur une planche de cuivre, comme une gravure à l’eau forte, et pour prendre des impressions de cette même planche.

Si vous, monsieur, ou quelqu’un s’occupant d’art ou de sciences, attachait quelque intérêt à ce sujet, et désirait voir les spécimens que j’ai en ma possession, il peut passer à ma maison, et je serais heureux de les lui montrer et de lui donner toutes les explications qu’il désirera.

Cette communication, monsieur, est entièrement à votre service, et vous pouvez en faire l’usage que vous jugerez convenable ; en accusant la réception de cette communication dans votre prochaine publication, je saurai qu’elle vous est parvenue, et vous obligerez beaucoup, monsieur, votre très-humble serviteur,

 

Francis Bauer, F. R. S.

Eglantine Cottage, Kew green, 27 février 1839

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