domingo, 26 de abril de 2009

1859, 26 de Junho

1859, 26 de Junho
L’AMI DES SCIENCES
T. V
5eme AnnÉe
nº 26
Pag. 410, 411
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GRAVURE DES ÉPREUVES PHOTOGRAPHIQUES, PROCÉDÉ DE M. BERCHTOLD.

L'héliographie, inventée par Nicéphore Niepce depuis plus de trente ans, a été le point de départ de toutes ces belles découvertes qui ont amené la photographie à un degré de perfection qu'on n'aurait pas osé espérer il y a seulement quinze ans. Cependant Niepce avait, dès cette époque, tenté de graver les images héliographiques, et ce but, qu'il avait déjà atteint en partie en 1829, ne l'est pas encore complétement aujourd'hui.
Les résultats auxquels était arrivé Niepce étaient pourtant admirables au point de vue de la photographie surtout, et les procédés au moyen desquels il reproduisait soit un dessin, soit une gravure, soit même une vue dans la chambre noire, étaient déjà si parfaits, qu'il semble surprenant qu'ils aient été abandonnés si longtemps.
Les épreuves qu'on obtient, en employant les procédés de Nicéphore Niepce, sont très-belles, surtout si, au lieu de dessins ordinaires ou de gravures, on se sert de positifs ou de négatifs photographiques; mais il existe une grande différence entre ces épreuves et l'image photographique proprement dite.
Cette différence est importante à constater pour apprécier la théorie de la gravure héliographique.
L'épreuve photographique est formée par la coloration de la substance employée sous l'influence de la lumière, dont la différente intensité donne plus ou moins de valeur aux tons de l'image, et conséquemment lui donne le modelé et l'effet.
Dans les images héliographiques obtenues au moyen du bitume de Judée il n'en est pas ainsi, et le dessin n'est plus formé par la coloration de la substance, mais l'action lumineuse modifie le vernis de telle façon (peut-être par une sorte de dessiccation ou en changeant sa constitution moléculaire), qu'il devient plus ou moins insoluble selon l'intensité ou la durée de cette action; au moyen d'un lavage ultérieur avec un dissolvant convenable, les parties de ce vernis que la lumière n'a pas atteintes sont complétement dissoutes, tandis que dans celles qu'elle a impressionnées, il agit proportionnellement.
La dégradation de teinte, qui est très-parfaite aussi dans ces images, est donc due à une plus ou moins grande quantité ou épaisseur de vernis, et non pas à sa coloration, qui est sensiblement la même après l'exposition à la lumière.
Dans les nombreux essais de gravure qui ont été faits depuis Niepce jusqu'à ce jour, le métal mis à nu dans les parties noires du dessin a été attaqué et creusé par un acide ou au moyen de la pile; et afin de donner à la planche le grain nécessaire pour qu'elle puisse retenir l'encre, on a recours à un procédé employé par les graveurs, qui consiste à saupoudrer la planche d'une fine poussière de résine qui s'attache au métal en le chauffant, et le protége contre l'ation de l'acide.
En réfléchissant à ce procédé, et en se rendant compte de la manière dont sont formées les demi-teintes dans l'image héliographique, il n'est pas difficile de comprendre que cette poudre de résine qui se répand également sur toute la surface de la planche doit avoir un singulier effet sur ces demiteintes qui sont déjà recouvertes d'une certaine épaisseur de vernis: aussi les résultats n'ont-ils jamais été satisfaisants (1)([i]).
Préoccupé de cet inconvénient, je cherchai à produire un grain (lequel est complétement indispensable, puisque ce n'est qu'à la condition d'offrir une surface rugueuse et non pas lisse que le métal retient l'encre d'imprimerie), je cherchai, dis-je, à produire ce grain directement sur la photographie, et, après différents essais, je réussis à le faire sur l'épreuve positive en la perçant à jour au moyen d'un outil (la roulette des graveurs). Ce procédé, qui donne un grain admirable de finesse et de régularité, me fournit d'assez bons résultats.
J'ai l'honneur de communiquer à la Société plusieurs épreuves photographiques ainsi préparées pour être gravées, et les gravures que j'en ai obtenues.
Ce procédé offre plusieurs avantages importants: d'abord il simplifie les opérations héliographiques, puisque l'exposition à la lumière donne immédiatement l'image complète, telle que l'acide la formera plus tard en creusant le métal; puis il permet l'emploi du caoutchouc pour consolider le vernis, tandis qu'il ne peut être employé lorsqu'il faut avoir recours à la chaleur pour former le grain de résine, le caoutchouc se désorganisant à la température nécessaire.
J'ai l'honneur de faire remarquer à la Société que ces épreuves sont absolument sans retouche, et que la morsure obtenue par l'acide azotique étendu d'eau a été opérée en une seule fois, c'est-à-dire que je n'ai pas employé un moyen qui peut sans doute réussir entre les mains d'un artistc habile, mais ne saurait constituer un procédé de gravure héliographique.
Ce moyen consiste à recouvrir de vernis avec un pinceau, après une première morsure, les parties jugées suffisamment noires, à faire mordre de nouveau celles qui doivent être plus noires; et recommencer ainsi plusieurs fois afin d'arriver à modeler une épreuve primitivement plate.
Cette méthode, je le répète, peut donner de bons résultats selon le talent du graveur, mais elle ne constitue plus un procédé, elle exige le talent d'un artiste; c'est un dos moyens ordinaires de la gravure, et chacun sait ce qu'ils donnent entre les mains des hommes de talent. Je pense donc qu'il ne peut s'appliquer à l'héliographie que comme expédient: c'est pourquoi je n'en ai pas voulu faire usage.
J'ai cru devoir communiquer ces travaux à la Société française, parce qu'ils m'ont donné des résultats qui peuvent déjà peut-être offrir un certain intérêt, quoique j'aie acquis la conviction, après de nombreux essais, que ce procédé, tout en étant préférable à l'emploi du grain de résine, est pourtant encore tout à fait incomplet, et ne permet pas d'espérer la reproduction exacte de la photographie avec toutes les dégradations de teinte qui forment le modelé, et sans lesquelles une image artistique ne saurait exister.
Après de nombreuses expériences, je suis donc arrivé à reconnaître que ces différents moyens étaient incomplets, défectueux, je dirais presque impossibles, et à conclure que la gravure héliographique, soit en taille-douce, soit typographique, par l'emploi des résines ou du bichromate de potasse soit même sur plaqué d'argent pour les images daguerriennes, ne pourrait donner de bons résultats qu'à la condition que, par un procédé quelconque, on parviendrait à modifier l'image photographique (qui est très-parfaite par ces différents moyens) de telle sorte, que chaque valeur de ton de cette image soit représentée par un travail différent (que ce travail soit un grain ou des tailles).
Il est évident, en effet, que, puisque le but final est l'impression au moyen d'encre, il faut que les parties les plus noires du dessin puissent en retenir plus que les autres, et toute espèce de planche gravée est effectivement dans ces conditions, le plus ou moins de noir s'obtient (la simple vue d'une gravure le démontre) par des tailles plus ou moins larges, ou plus ou moins rapprochées les unes des autres. ou par un grain plus ou moins gros espacé.
La formation de l'image héliographique étant très-bonne, le problème à résoudre m'a donc paru être celui-ci:
Ajouter à cette image un travail de gravure qui soit approprié aux différentes valeurs du dessin, qui soit différent selon ces valeurs, de manière à conserver leurs relations mais que le talent et la volonté de l'artiste ne soient pour rien dans la disposition de ce travail, et que l'action lumineuse seule soit chargée de le produire; en un mot, que la lumière seule augmente ou réduise le nombre des tailles, les élargisse ou les rétrécisse selon les nécessités du modelé.
Je suis arrivé aujourd'hui à exécuter ce travail, différent selon la valeur du ton, se modifiant par la seule action de la lumière, et devenant plus ou moins serré, les tailles devenant plus ou moins nombreuses selon l'intensité des différents tons du dessin.
([i]) (1) Note de Daguerre à ce sujet. – « Bien que M. Niepce parle ici d'iode pour noircir et d'acide pour graver, ces deux opérations n'auraient donné aucune degradation de teintes En effet, l'image étant obtenue par le plus ou moins d'épaisseur du vernis selon qu'il est plus ou moins attaqué par la lumière il est impossible que l'acide agisse sur le métal dans le même rapport. Aussi M. Niepec n'a-t-il jamais fait une gravure d'une épreuve obtenue dans la chambre noire. » (Historique et description des procédés du daguerréotype, par Daguerre, 1839.)

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