domingo, 12 de abril de 2009

1863, 13 de Abril - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1863
13 de Abril
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. LVI
Nº. 15
Pag. 681, 682, 683
*
Rapports
PHYSIQUE APPLIQUÉE. - Rapport sur un appareil photogrophique présenté par M. E. de Poilly
(Rapporteur, M. Fizeau.)

« M. de Poilly, de Boulogne-sur-Mer, a soumis à l'Académie, dans sa séance du 3 novembre dernier, la figure et la description d'un appareil imaginé par lui, dans le but de rendre plus faciles et plus sûres, en les simplifiant, quelques-unes des opérations les plus délicates de la photographie.
» L'Académie m'ayant chargé d'examiner ce travail et de lui en rendre compte, je vais indiquer d'abord la nature du sujet traité par l'auteur, et je rapporterai ensuite les moyens qu'il a imaginés pour résoudre la question qu'il s'était proposée.
« On sait avec quelle rapidité la lumière modifie certaines couches impressionnables employées dans la photographie; la promptitude de cette action est généralement avantageuse en ce qu'elle permet d'obtenir des dessins en ne soumettant la plaque sensible à l'influence de l'image lumineuse de la chambre noire, que pendant un intervalle de temps très-court; mais à côté de cet avantage se manifestent des inconvénients qui, dans certaines circonstances, peuvent, augmenter beaucoup les difficultés des opérations. En effet, plus la couche est impressionnable, plus on a à redouter l'altération accidentelle de toute sa surface, sous l'influence de la ,lumière diffuse, pendant les manipulations que la plaque doit subir, depuis le moment où elle a acquis toute sa sensibilité jusqu'à celui où le dessin, ayant pris naissance, a pu être définitivement fixé. On sait, de plus, qu'avec les substances les plus impressionnables, les préparations ne peuvent être faites longtemps à l'avance sans nuire au succès des opérations. II est donc nécessaire de soustraire la plaque sensihle à l'action de la lumière diffuse pendant une certaine période des opérations, et de plus de ne la préparer qu'au moment d'obtenir l'image; double condition d'autant plus indispensable à remplir, que la sensibilité de la couche impressionnable est plus grande. On comprend qu'il doive, en général, résulter de là des difficultés particulières dans les opérations photographiques, alors même que ces opérations sont exécutbées soit dans les villes, soit dans la campagne, près des endroits habités, où l'opérateur peut toujours trouver un abri suffisamment clos et obscur pour préparer ses plaques sensibles au moment convenable et hors de l'influence de la lumière diffuse.
» Mais les difficultés deviennent bien plus grandes lorsqu'il s'agit d'exécuter ces opérations soit dans la campagne loin des habitations, soit dans les solitudes des montagnes ou des forêts, et surtout dans les régions lointaines explorées par les voyageurs. Dans ces diverses circonstances, en effet, toutes les opérations doivent être exécutées sur le lieu même où l'on veut obtenir les images; et bien que, depuis longtemps, on ait imaginé
divers appareils, tels que tentes, manchons ou vases en connexion avec la chambre noire, dans le but de faciliter ces opérations en mettant la couche sensible à l'abri de la lumière extérieure, la question ne paraît pas avoir reçu jusqu'ici de solution pratique qui ait eu l'assentiment général.
« Tel est le problème qui a attiré l'attention de M. de Poilly et dont il propose une solution nouvelle dans le travail dont je rends cotnpte à 1'Académie.
« L'auteur y décrit un ensemble de dispositions mécaniques trés-simples, destinées à permettre d'exécuter les dessins photographiques en rase campagne, sous les rayons du soleil le plus ardent, sans que l'opérateur ait besoin d'aucun abri, tente ou appareil analogue, dont les inconvénients ont été souvent signalés par les voyageurs.
« Après avoir pris connaissance du Mémoire et des dessins présentés par M. de Poilly, j'ai prié l'auteur de me rendre témoin de l'application de sa méthode; en conséquence M. de Poilly s'est transporté avec son appareil dans une localité choisie à dessein tout à fait découverte (c'était au milieu du Jardin des Plantes), et là, sans abri d'aucune espéce, il a pu obtenir sur verre, par le procédé bien connu de M. Legray, c'est-à-dire au collodion, plusieurs clichés qui ne m'ont paru différer en rien de ceux que l'on obtient d'ordinaire, lorsqu'on fait une partie des opérations sous un abri clos et obscur.
» Le principe qui a permis à M. de Poilly d'arriver à ce résultat intéressant consiste a faire passer la plaque de verre qui doit recevoir l'image dans plusieurs bassines et châssis hermétiquement clos et obscurs, le passage d'une enceinte à l'autre s'effectuant par la seule action de la pesanteur sur la plaque entièrement libre, et sans que la main de l'opérateur intervienne pour ces déplacements, si ce n'est en faisant exécuter à ces appareils des mouvements de bascule qui déterminent la chute de la plaque dans l’enceinte qui doit la recevoir. Pendant ces mouvements divers, les réactifs chimiques auxquels la plaque est soumise ne passent pas avec celle-ci d'une enceinte dans l'autre, mais sont retenus dans le vase qui les contient par des cloisons ingénieusement distribuées.
« Les différentes parties qui composent l'appareil de M. de Poilly sont exécutées en gutta-percha et dans des conditions qui m'ont paru très-favorables à la facilité et à la promptitude des manipulations, ainsi qu'à une réduction très-notable dans le bagage nécessaire aux opérations photographiques. Ces avantages paraîtront surtout précieux pour les voyageurs qui s'empresseront, sans doute, de mettre à l'épreuve le nouvel appareil ; et si, comme tout le fait espérer, une expérience prolongée, au milieu de circonstances variées, ne vient pas y révéler quelque inconvénient inaperçu jusqu'içi, M. de Poilly aura réalisé, par son ingénieuse invention, un progrès important dans l'art de la photographie.
« En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'adresser des remerciments à M. de Poilly a l'occasion de son intéressante comrnunication.»
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.

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