sexta-feira, 17 de abril de 2009

1863, 23 de Março - Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences

1863
23 de Março
Compte Rendu des Séances de L'Académie des Sciences
Janvier-Juin
T. LVI
Nº. 12
Pag. 525, 526, 527, 528, 529
*
MEMOIRES LUS.

OROGRAPHIE. - Plans-reliefs topographiques des montagnes françaises; par M. Bardin. (Extrait.)

(Commissaires, MM. d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)

« Transporter à Paris nos montagnes françaises, les Alpes, les Pyrénées, les Vosges, le Jura, l'Auvergne, réduites à une échelle commune et rapportées au niveau moyen de la mer, afin de les rendre comparables a première vue dans leurs formes et leurs hauteurs relatives, tel est le travail, le grand œuvre, que je me suis imposé en prenant ma retraite de professeur aux Écoles d'Artillerie et à l'École Polytechnique. Il ne s'agit point ici de l'exposition d'un simple projet; je ne m'adresserais pas si haut pour si peu. Après deux ans d'efforts combinés, je puis mettre sous les yeux de l'Académie des Sciences et livrer à son appréciation des spécimens dont l'étendue et l'exécution ne laissent aucun doute sur la réalisation possible de mon entreprise.
« L'échelle de réduction de ces plans-reliefs, assez petite pour permettre d'embrasser de grandes étendues dans des modèles d'un usage commode, est cependant assez grande pour que les principaux détails du relief ne soient pas amoindris jusqu'à disparaître. Cette échelle commune, le quarante-millième, est la même pour les distances horizontales et pour les hauteurs; de sorte qu'il en résulte des plans-reliefs naturels dont la réalité est complète. En présence de ces images vraies, où les rapports des hauteurs sont conservés, où les pentes du sol sont naturelles, l'observater le plus novice ne confondrait plus entre eux des phénomènes orographiques qui n'ont de commun que leur nom générique. L'aspect chaotique des Alpes, l'arête étroite et en baïonnette des Pyrénées, les formes balIonnées des Vosges, les combes jurassiques, les pustules volcaniques de l'Auvergne le frapperaient immédiatement, lui communiqueraient des impressions ineffaçables et lui donneraient la connaissance defaits qu'il eût saisis difficilement sans le secours de ces images.
« Qu'on se figure dans le musée d'une de nos anciennes provinces, dans le musée d’Épinal par exemple, le plan-relief topographique et le plan-relief géologique de la chaîne des Vosges placés l'un à côté de l'autre et en regard de leurs cartes respectives; n'est-il pas de toute évidence qu'il sortirait de ce simple rapprocherment une foule de notions utiles ou intéressantes pour la population vosgienne ? Qui ne connaît d'ailleurs l'amour des montagnards pour leurs montagnes ?
« On conçoit l'impossibilité et, par bonheur, l'inutilité d'exécuter le plan-relief de la France entière, à cause de l'immense étendue du sujet qui forcerait prendre une échelle de réduction si petite, qu'il n'y aurait plus de relief appréciable, même pour nos plus hautes montagnes. Il est vrai qu'on pourrait recourir à l'artifice du surhaussement; mais on sait ce que valent ces représentations contre nature. M. le Président m'a permis de déposer sur le bureau de l'Académie quelques exemplaires d'un imprimé où l'usage des plans-reliefs surhaussés est combattu à outrance. Nos régions montagneuses, et non les plaines et les plateaux qui constituent la plus grande partie du sol de la France, nos montagnes seules, considérées isolément, peuvent étre traitées par des plans-reliefs. Et encore ne peuvent-elles l'être, à cause de leur étendue dans le sens horizontal, que par des fragments choisis de manière à mettre en évidence les caractères distinctifs des chaînes auxquelles ils appartiennent.
« Le jour où j'ai appris que les minutes au quarante-millième des officiers d'état-major étaient terminées, j'ai formé le projet de construire à cette échelle les plans-reliefs des montagnes françaises. C'est avec l'agrément de M. le Maréchal Ministre de la Guerre, avec la bienveillante et large assistance de M. le général Blondel, directeur du Dépôt de la Guerre, et sous l'impulsion de M. Élie de Beaumont, que j'ai entrepris ce travail sur l'orographie française; travail énorme, dont les détails d'exécution, quoique indispensables pour justifier cette épithète, ne sauraient trouver place ici. En résumé, il est sorti des précieuses minutes du Dépôt de la Guerre une suite de plans-reliefs qui sont le complément naturel, on pourrait dire nécessaire, de l'œuvre monumentale de la Carte de France.
« Voici les objets qui sont exposés dans la salle d'attente de l'Académie :
« 1º Un Fragment des Alpes, le col du mont Cenis. Ce plan-relief et la carte dont il dérive ont été exécutés, par exception, avec les levers-nivelés de la brigade topographique du génie militaire. Je dois la communication de ces matériaux à la bienveillance de M. le Maréchal Vaillant, alors qu'il était général de division et président du Comité du génie. Le même sujet, on le verra, est traité comparativement par le dessin et suivant toutes les méthodes. Il n'y manque que la géologie, qui m'a été souvent promise et que j'attends encore, ne pouvant aller la chercher.
» Deux vues, l'une qui montre le couvent du mont Cenis et les montagnes neigeuses sur lesquelles il se projette, l'autre prise du lac Noir, et montrant le sommet du glacier de Bar, donnent sur la physionomie de cette haute région des renseignements qu'on ne peut que soupçonner sur la carte et même sur le plan-relief.
« 2º Fragment des monts Dômes de l'Auvergne, la chaine des Puys. Grâce à la carte géologique de M. Lecoq, ce plan-relief et sa carte seront traités topographiquement et géologiquement. J'ai été assez heureux pour rencontrer dans M. Édouard Vimont, jeune géologue de Clermont, non point un aide, mais un véritable collaborateur, de sorte que c'est en notre nom commun que je présente ce travail, moins avancé que les autres par suite de retards imprévus.
« Le paysage s'allie si bien à la topographie, en la complétant, que le Dépôt de la Guerre compte dans le personnel de ses employés deux habiles paysagistes qui, chaque année, enrichissent ses archives de vues empruntées aux diverses régions montagneuses de la France. L'année dernière, ils ont été envoyés dans l'Auvergne. Nous sera-t-il permis de tirer quelque chose de cette source au profit de notre description? Encore une région oubliée des photographes qu'attirent sans cesse la Suisse et ses glaciers! N'est-ce donc rien que cette imposante chaîne de cinquante volcans surgissant sur une étendue de quelques lieues, au centre de la France?
« 3º Un Fragment de la chaîne des Vosges, les hautes Vosges. Ce plan relief carré, de 1m,60 de côté, a été traité compléternent au point de vue topographique, c'est-à-dire qu'on a dessiné à quatre crayons sur sa surface les principaux détails topographiques qu'elle porte : les eaux en bleu, la végétation en vert, les lieux habités en rouge, les écritures et les courbes de niveau centésimales à la mine de plomb. Ce spécimen montre, à part l'exécution qui pourrait être encore plus soignée, ce qu'on peut faire de plus complet en ce genre de travail.
« La carte, élément indispensable de la construction du plan relief, ne manquera pas d'attirer, par son caractére purement orographique, l'attention des ingénieurs chargés des grands travaux publics.
» On a pu remarquer, à l'Exposition de 1855, les belles vues des Vosges, peintes par les paysagistes du Dépôt de la Guerre.
» Le plan-relief géologique des Vosges se fera avec les cartes géologiques de MM . Levallois (Meurthe), de Billy (Vosges), Daubrée (Bas-Rhin), Dufresnoy et Élie de Beaumont (Haut-Rhin, de la Description géologique de la France). En attendant, M. Édouard Collomb a bien voulu ébaucher la carte géologique de la chaîne entière, sur la réduction au trois-cent-vingtmillième de la carte de l'état-major, c'est-à-dire faire le travail ingrat d'assembler des cartes établies à des échelles différentes et teintées d'après des classifications de terrains différentes.
« Un plan-relief et sa carte, si exacts et bien exécutés qu'on les suppose, si explicites et si expressifs qu'ils soient, ne disent pas tout et ne peuvent pas tout dire. De là la nécessité de Mémoires descriptifs ou de légendes explicatives qui les accompagnent et les complètent. Pour les Vosges, je puiserai à pleines mains dans le premier volume de la Description géologique de la France.
« Une collection de roches, choisies parmi celles qui jouent un rôle important et bien constaté sur le relief du sol, a sa place maiquée à côté de chaque plan-relief. Ces collections sont commencées.
« 4º Un Fragment d'un pays de collines, les environs de Metz. Bien que ce sujet soit d'une étendue encore moindre que celle du mont Cenis, faible elle-même comparativement au plan-relief de l'Auvergne et à celui des Vosges surtout, j'ai cru devoir le comprendre dans cette exposition topographique. C'est un terme de comparaison de plus. Une vue prise de l'esplanade de Metz développe en hauteur les pentes douces et les contours de ces charmantes collines que le plan-relief et la carte accusent d’ailleurs assez bien.
« Il serait certainement d'un grand intérêt d'étendre le plan-relief du col du mont Cenis jusqu'au, mont Thabor, où l'on est en train de percer le fameux souterrain de 12 500 mètres, si improprement appelé tunnel du mont Cenis. En passant sous le col du mont Cenis, au lieu de percer l'arête relativement étroite du mont Thabor, le chemin de fer, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Turin, aurait eu un tunnel de 20 000 mètres environ, Il conviendrait aussi d'étendre le plan-relief des hautes, Vosges à l'est, un peu au delà d'Épinal, pour y faire entrer les formesorographiques du grés bigarré et du muschelkalk, et au sud jusqu'à Béfort, pour atteindre les dernières pentes des Vosges méridionales et englober les collines tertiaires d'entre Mulhouse, Altkirclh et Béfort. Je le reconnais; toutefois je m'en tiendrai aux fragments que j'expose aujourd'hui, bien résolu à ne les étendre que si ces essais de stéréotomie topographique sont goûtés et encouragés. S'ils l'étaient, j'entreprendrais bientôt un fragment du Jura français, emprunté probablement a la feuille de Saint-Claude de la carte de l'état-major, puis une des magnifiques vallées des Pyrénées, dont le choix n'est pas encore fixé.
» J'ai l'espoir qu'arrivé là les minutes des officiers d'état-major chargés de la carte des départements de la Savoie seront terminées, et que je pourrai, avec ces matériaux et les belles photographies panoramiques de MM. A. Civiale, Bisson frères et autres artistes, reproduire dignement le mont Blanc, ce géant des montagnes de l'Europe, et clore par lui ma carriere de vulgarisateur. »

« Après la lecture du Mémoire de M. Bardin, M. Élie de Beaumont fait remarquer que le hasard seul a été cause que les photographies de M. A. Civiale et les plans-reliefs de M. Bardin ont été présentés à 1'Académie le même jour, mais que cette rencontre fortuite peut servir mettre en plus grande évidence les avantages signalés par M. Bardin dans la proportionnalité conservée par lui entre les hauteurs et les distances horizontales. En effet, cette proportionnalité existe nécessairement dans les photographies, et lorsqu'on regarde les plans-reliefs de M. Bardin horizontalement et dans la direction convenable, on voit reparaître les silhouettes données par la photographie; tandis qu'on n'en retrouverait plus que la caricature s'il avait exagéré l'échelle des hauteurs. »

Sem comentários:

Enviar um comentário